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NATURE Le défi des éléphants en captivité Mode inspirée de l’Asie, pour le plaisir de l’ailleurs LE MAGAZINE STYLE | LE MATIN DIMANCHE VOYAGE REPORTAGE Le Ladakh, ou l’aventure sans backpack MAI 2019 MONTRES Infinie fascination pour la Lune

ENC XXX XXX XXX 20190526 001 E - Encore · 5 SOMMAIRE E N C O R E! | V O Y A G E 2 0 1 9 UNE Totallook, Chloé. Montre Rendez-Vous Night&Day, automatique36mm, boîtierorrose, braceletsatin,

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NATURELe défi deséléphants

en captivité

Mode inspiréede l’Asie,pour leplaisirde l’ailleurs

LE MAGAZ INE STYLE | LE MAT IN D IMANCHE

VOYAGE

REPORTAGELe Ladakh,

ou l’aventuresans backpack

MAI 2019

MONTRESInfiniefascinationpour la Lune

LILY-ROSE DEPP

CHANEL.C

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LA NOUVELLE J12UNE HISTOIRE DE SECONDES

NOUVEAU MOUVEMENT AUTOMATIQUE MANUFACTUREMONTRE EN CÉRAMIQUE HAUTE RÉSISTANCE. FABRIQUÉE EN SUISSE. GARANTIE 5 ANS.

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SOMMAIRE

ENCORE!|

VOYAGE

2019

UNETotal look,Chloé.MontreRendez-VousNight & Day,automatique 36 mm,boîtier or rose,bracelet satin,Jaeger-LeCoultre.Naomi YangSonia Bédère

Voyage|Mai2019

Si près, si loin... C’est dans la tête

Broderie exotique fastueuse, chry-santhèmes en imprimé... ou alors unfil rouge offert par un lama après laprière, noué autour du poignet enrappel de ce moment passé dans untemple lointain, dans les dorures etles effluves obsédants de l’encens.

Sans doute a-t-on tous besoin de porter sur soi un peud’esprit d’ailleurs, ne serait-ce que pour se sentir vrai-ment exister, ici et maintenant. Ce numéro d’encore!vous emmène sur les routes dumonde, en Thaïlande,au Ladakh, en Chine (nous reconnaissons une forteattraction pour l’Asie...), mais aussi vers des ailleursplus proches, comme certains de ces hôtels (lire enp. 24) qui accueillent leurs hôtes en leur proposant

des rituels de beauté liés à un ancrage identitaire.Il est doux de se laisser masser, en Tchéquie, avec desonguents à la camomille, une fleur récoltée dans leschamps voisins. Ou de boire un célèbre apéritif rougeà Milan, là où il a été inventé (lire l’histoire de cetteboisson iconique en p. 8). Dans la prise de conscienceactuelle, où nous nous mettons tous à calculer lesémissions de CO2 en prenant l’avion, le renoncementau voyage sur un coup de tête est douloureux. Mais ilne faudrait surtout pas cesser de se déplacer et d’allervoir ce qui se passe ailleurs.Nous risquons vraiment labêtise autocentrée, à croire que le monde se découvresur l’écran d’un smartphone. Si le voyage au loin se faitplus rare, sachons le rendre d’autant plus précieux enle laissant longtemps bercer nos rêves.

9 BeautéDes produits qui protègent la peau et... les océans

24 Evasion10 hôtels autour du monde qui soignent leur ligne cosmétique

27 AutosNouvelles décapotables pour le plaisir chic de rouler décoiffé

30 Ses goûtsA Saint-Tropez, le chef Arnaud Donckele valorise le terroir

6 Merveilles: horlogerie, expo, accessoires,cosmétiques, des nouveautés qui réveillent

la saison 8 Icône: le Campari,indémodable boisson milanaise

29 Elle & lui: la vague très habillée du nude

SUJETS

RUBRIQUES

Les éléphants d’Asie, menacésde surpopulation P. 10

Le Ladakh, en confortet sans backpack P. 20

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Renata Libal,rédactrice en chef

Mode Far EastP. 14Chemise blanchecoton, Gauchère.Pantalon enpopeline desoie, KentaMatsushige.

encore! est un supplément duMatinDimanche et de la SonntagsZeitung. Il ne peut être vendu séparément.Adresses: Tamedia Publications romandes, encore!, Avenuede laGare39, casepostale 615, 1001Lausanne, TamediaAG, encore!,Werdstrasse21, Postfach, 8021ZurichEditeur: Tamedia Publicationsromandes SA, 33, av. de la Gare, 1001 Lausanne Directeur Division Tamedia Publications romandes: Serge Reymond Rédaction en chef: Renata Libal (responsable) Edition: Loyse PahudMise en pages: Géraldine Dura (directrice artistique) Image: Lucie VoisardOnt participé à ce numéro: Textes: SilviaAeschbach, Mathilde Binetruy, Hanspeter Eggenberger, Isabel Hemmel, Claudia Schmid, Pierre Thomas (www.thomasvino.ch) Photos: Philippe Biancotto, Naomi Yang Stylisme: Sonia Bédère, Léonore Noz Illustrations: André Gottschalk Traductions: Loyse Pahud, Sylvie Ulmann Conception graphique: Ariel CepedaProduction alémanique: Paulina Szczesniak Secrétariat: Alessandra Ducret Photolithographie: Photomedia Impression: Swissprinters AG, ZofingueMarketing: Florence Ruffetta Responsable commercial: Karim Mahjoub Publicité: Publicité Print Suisse romande, Tamedia SA, Tamedia Advertising, av.de la Gare 33, 1001 Lausanne, tél. +41 21 349 50 50, [email protected]; Publicité Print Suisse alémanique, Tamedia AG, Tamedia Advertising, Werdstrasse 21, 8021 Zurich, tél. +41 44 248 42 30, [email protected], advertising.tamedia.ch Indication des participations importantes selonarticle 322 CPS: Actua Immobilier SA, CIL Centre d’Impression Lausanne SA, Homegate AG, ImmoStreet.ch S.A., LC Lausanne-cités SA, Société de Publications Nouvelles SPN SA. Tous droits réservés. En vertu des dispositions légales relatives aux droits d’auteur ainsi qu’à la loi contre la concurrence déloyale et sous réserve del’approbation écrite de l’éditeur, sont notamment interdites toute réimpression, reproduction, copie de texte rédactionnel ou d’annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques, électroniques ou tout autre support, qu’elles soient totales ou partielles, combinées ou non avec d’autresœuvres ou prestations. L’exploitationintégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés, notamment sur des services en ligne, est expressément interdite.

Anniversaire: la Luneet l’Omega P. 28

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E2019

MERVEILLES

Bain d’extravagance

AUTO

EXPO

Scandale! Chaque fois qu’Helmut Newtonmontrait ses photos, ses contemporainshurlaient à la pornographie et au sexisme.Le photographe né Helmut Neustädterà Berlin en 1920, émigré en Australie,encore adolescent, pour fuir le nazisme, atoujours aimé jouer avec le feu. Bienvenuedans un univers où les cuisses sont écar-tées, les corps luxueusement entravés.Reste que l’artiste a développé une tonalitévisuelle unique, dosage explosif d’humour,de classe et d’extravagance. Ses nus, sesimages de mode pour Vogue, ses portraitsde célébrités: autant de pièces cultes.Ceux qui étaient passés devant sa lentilleracontaient que, d’une part, il savait exac-

tement ce qu’il voulait, mais que d’autrepart, il était toujours prêt à improviser. Unmot revenait toujours: génie... En 1999, leséditions Taschen ont publié le gigantesquealbum Sumo de sonœuvre, monument de460 pages et 35 kilos. Une centaine d’exem-plaires ont été signés d’une des personna-lités photographiées, et le premier de cescollectors est parti, un an après la sortie,au prix de 317000 euros – le livre le pluscher du XXe siècle. Aujourd’hui, une expo-sition présente les 400 tirages originaux.Une contributionmassive à l’histoire de laphotographie. Paulina Szczesniak

ElectrovintageC’est unmonument! Le T1 de Volkswagen, le légendaire bus VWouCombi VW (Bulli chez les Allemands), amarqué la deuxième partiedu XXe siècle: entre 1950 et 1967, 1,8million d’exemplaires sontsortis des usines deWolfsburg, équipés diversement pour trans-porter marchandises, personnes, campeurs, hippies. Ah la jolieépoque de la culture pop! Mais le voilà qui s’apprête à revenir, enversion contemporaine électrique, après plus d’une décennie detravail. L’ID Buzz (pour Iconic Design et bus qui bourdonne – bzzz),déjà présenté dans les salons autos, sera produit en série dès 2022.On note la réinterprétation de la forme en V de l’avant, la longueurde seulement 4m60 qui le rend très compact, la présence d’unmoteur électrique devant et derrière, un prix autour des 50 000 fr.L’avenir dira si une nouvelle génération de hippies l’adoptera. H.E.

Une diva dans la piscine:Liz Taylor photographiéepour Vanity Fair, L.A. 1989.

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BONNE BOUCHE

La face cachéedu Mont-Rose

PARPIERRETHOMAS

Tout bon Suisse (ouqui veut le devenir…) nesaurait l’ignorer: le plushaut sommet de nos Alpesest la pointe Dufour, à

4634 mètres. Ce pic discret fait partie duMont-Rose, versant zermattois.Mais quisait que cemassif au relief himalayen pro-tège, sur son versant italien, un vignoble enpleine renaissance, grâce au réchauffementclimatique? La vigne couvrait ce piémont,d’Ivrea àDomodossola, sur 40000 hectaresavant le phylloxéra et l’industrialisation.Il en reste un petitmillier… Il y a exacte-ment cinquante ans, les «denominazioned’origine controllata» (DOC) ont sauvéce qui pouvait l’être. Des deux côtés de larivière Sesia, née duMont-Rose et qui sejette dans le Pô, les DOCGattinara (moinsde 100 ha) etGhemme (50 ha), entre lemagique lac d’Orta et l’industrielleNovare,ont été promuesDOCG (DOC«garantita»),au sommet de la hiérarchie des vins italiens.On y cultive d’abord le nebbiolo, connu nonseulement dans cet Alto Piemonte,maisdans l’«autre» Piémont, celui du barolo etdu barbaresco. Des jeunes sont revenus à lavigne, et desmoins jeunes commeGiovanniBrugo, rencontré au château deGhemmeoùil a sa cave, voûtée, à côté de l’œnothèquerégionale. J’ai dégusté son 2012 (90%nebbiolo, 10% vespolina, une variété locale),sapide, élégant et bien élevé, sans savoir quec’était son premiermillésime. A 60 ans, cechirurgien-orthopédiste a repris 2 hectaresde vignes, pour faire du vin comme sesgrands-parents. Cette Riserva 2012 est pas-sée cinq ans d’abord en barriques françaises

neuves, puis en grands fûts dechêne de Slavonie. Le 2013 seraembouteillé cet été. Pas de 2014,année pluvieuse difficile, et trèspeu de 2015... LeDr Brugo reçoitsur place, dans un caveau enbriques du vieux village fortifié,et n’exporte pas une bouteille. Etcomme leMont-Rose, il est bina-tional: d’ancêtres tessinois, lesRossi, il a conservé le passeport àcroix blanche.

L’étiquetteGhemmeRiserva 2012Le prix 24 eurosL’adresse [email protected] (et sur Facebook)Helmut Newton: «Sumo», 6 juin-17 novembre,

Fondation Helmut Newton, Berlin.

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VOYAGE

2019

Inspiration furoshikiQuand on offre un cadeau au pays du Soleillevant, on le fait souvent dans les formes del’art, dans un foulard noué. C’est cette tra-dition du furoshiki qui donne aujourd’huinaissance à la nouvelle collection Katachide sacs de lamaison française Longchamp.En avril, àMilan, lors du Salon dumeuble,la vitrine de lamarque était tout entièresuspendue de variations pliées, aux cou-leurs douces de ces sacs qui semétamor-phosent à l’envi. Les amateurs de designétaient nombreux à s’essayer aux pliagessavants, langue entre les dents, d’autant quele créateur de cette ligne n’est autre que lefameuxOki Sato, celui qui a fondé, en 2001,le studioNendo à Tokyo.

Reprenons: le sac original de lamaison – lefameux Pliage, qui date de 1993 – était déjàinspiré de l’origami, puisque toute l’idéeétait d’en transporter une version com-pacte, dépliable en cabas en cas de besoin.La version actuelle pousse cette démarcheencore plus loin, avec trois variantes: lecube, qui peut servir de boîte décorative;le cône qui peut se porter à l’épaule ous’accrocher à un autre sac; le rond, qui sedrape autour des possessions à emporter.Pratique? Pas forcément... Mais résolumentpoétique et parfait au salon pour ranger,bien en vue, ses 1001 trésors. Renata Libal

Doublé testostéroné

ACCESSOIRE

COSMÉTIQUES

MONTRE

Ce nouveaumodèle Tudor cumuleles codes de la plongée vintage(étanchéité à 200m, aiguilles

flocons) et des circuitsautomobiles (affichage en panda).La double identité virile se reflèteen bicolore: or jaune et aluminiumnoir, association puissante! R.L.

Pliage Longchamp X Nendo, 3 formes, 6 coloris,2 ou 3 tailles. Dispo à partir du 13 juin, dès 60 fr.

Tudor Black Bay Chrono S&G (Steel & Gold), calibremanufacture, 70 h de réserve de marche, 41 mm, 6500 fr.

Le sac conique à poignée de cuirse veut aussi utilitaire que décoratif.

Le sac plat circulaire se drapeautour de l’objet à transporter.

Partir, ce n’est pas seulementmourir unpeu, c’est exposer sa peau, son visage et sesmains à tous les airs: conditionné, venteux,poussiéreux, pollué... Saluons, donc, ce kitde voyage de soinsmini, Departure, d’Aesop(Arrival existe aussi), promettant d’adoucirl’effet de ces agressions, et conforme auxprescriptions pour les vols.Mais celui-ci necontient pas que des cosmétiques: voici unbain de bouche au clou de girofle, anis etmenthe, pour rafraîchir son haleine (com-mode quand on se retrouve coincé contreson voisin). Les ingrédients des produits delamarque australienne déclinent des nomsde fleurs, d’herbes aromatiques, de fruits; unvrai jardin capté dans des flacons évoquantles pharmacies d’antan. En se frictionnantlesmains avec le gel à base demandarine,romarin et cèdre ou en se sprayant le visageavec une eau parfumée de rose, bergamoteet camomille, on sent presque l’odeur de lamaison... Unmode apaisant de voyager. L.P.

Fraîcheur nomade

Departure, coffret de 7 soins (masque visage,crème lèvres, baume aromatique mains,dentifrice, gel mains, bain de bouche, sprayvisage hydratation), Aesop, 55 fr.

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ICÔNE

L’indémodabledeMilanLÉGÈREMENT AMER AU PALAIS ET VERMILLON À L’ŒIL, LE CAMPARI TRÔNE DANS TOUS LES BARS

DE LA PLANÈTE. UN SUCCÈS DÛ, ENTRE AUTRES, À LA FIBRE ARTISTIQUE DU FILS DE SON INVENTEUR.TEXTE CLAUDIA SCHMID

P our boire un Campari,Milan est le meilleurendroit du monde. Dansles bars de la capitalelombarde, dès 11 heuresdumatin, jeunes et vieuxdégustent cette boisson

rouge, un brin amère, qui ouvre l’appétit.C’est à Milan, en effet, que l’entrepriseCampari a vu le jour, il y a 150 ans. GaspareCampari (1828-1882) y avait ouvert unepetite boutique de spiritueux et c’est à luique nous devons l’invention de la célèbreboisson. Le bar à son nom qu’il inaugureun peu plus tard, en face du Dôme dans lesgaleries Victor-Emmanuel, existe toujours.Il s’appelle dés-ormais Caffè Camparino(photo ci-dessus) et passe pour l’un des plusjolis estaminets de la ville, avec samosaïqueau perroquet de style Art déco et ses ser-veurs tout de blanc vêtus.

Si Gaspare Campari et son fils Davide(1867-1936) – qui a rendu l’entreprise mon-dialement célèbre – vivaient aujourd’hui, ilsseraient certainement des hipsters... A leurépoque, ils ont su en tout cas flairer la ten-dance au rayon boissons. Sur celle-ci s’estensuite greffé, en 1919, le comte CamilloNegroni (1868-1934), un dandy qui avaitbeaucoupvoyagéet exercé sonpalais. En fai-sant ajouter du gin et duMartini rouge à sonCampari dans son bar habituel à Florence,l’aristocrate invente le cocktail qui prendrason nom. Légèrement amer, le Negroni,dont on peut comparer la notoriété à celle

du Cosmopolitan à la fin des années 1990,répond à un désir d’arôme un peu herbacé,aujourd’hui à nouveau d’actualité.

Sans Campari, pas de Negroni, ni deCampari Orange, ni de Campari Soda. N°1des boissons gazeuses dans le monde, cedernier se venddepuis les années 1930 dansla même jolie petite bouteille iconique,dessinée par l’artiste futuriste FortunatoDepero. Sa surface rugueuse rappelle la tex-ture d’une écorce d’orange, ce qui ne doitrien au hasard: ces agrumes sont le complé-ment indispensable de toute boisson à basede Campari.

Poèmes à la gloire du CampariUndesigndeproduit bienpenséet intempo-rel, un marketing intelligent et des collabo-rations précoces avec des artistes ont rendula marque célèbre, surtout dans la premièremoitié du siècle dernier. Davide Campari apar exemple eu l’idée de publier des poèmesdans lequotidienCorriere della Sera, intitulésles «Cantastorie di Campari». Ces histo-riettes à savourer au quotidien, à la gloire dela boisson amère, étaient illustrées par degrands artistes commeBrunoMunari. Parusdès la fin des années 1920, ils font l’objet derecueils très convoités.

Les archives de Campari, qui pro-duit aujourd’hui entre autres Aperol etCinzano, ont d’ailleurs de quoi faire dé-faillir les fans de design: cendriers vin-tage arborant le fameux logo de la mai-son, verres, montres, affiches, capsules...

L’entreprise a fabriqué d’innombrablesobjets d’usage quotidien qui sont exposésà la Galerie Campari, au siège principal del’entreprise, dans le faubourg milanais deSesto San Giovanni où l’usine se trouvaitjadis. Il y a dix ans, l’architecte suisseMarioBotta a transformé l’ancien bâtiment in-dustriel en centre administratif. On peut yadmirer les multiples affiches Campari, de-venuesdesclassiquesdugraphismedusiècledernier. Surpresque toutes, lamascottede lamarque–unpersonnageclownesquebaptiséSpiritello (le petit esprit) – sautille à l’inté-rieur d’un ruban de pelure d’orange (photoci-dessus). Commesouvent, le produit à pro-mouvoir joueunrôle secondaire...Onnoteraaussi les publicités pour la télévision qui,dans les années 1960, émaillaient la célèbreémission italienne Carosello.

Plus récemment, en 1998, Campari s’estlancédans le sillage glamour tracéparPirelli,en éditant son calendrier, offert à un clubde personnalités triées sur le volet. UmaThurman, Kate Hudson ou Penelope Cruz,vêtues de robes rouge sang, y traversent lesmois.Depuisdeuxanscependant, les imagesglacées se sont muées en courts-métrages,lesRedDiaries, qui racontent lamagie entou-rant la marque et ses cocktails. En collabo-rant avec des cinéastes renommés, Camparise montre fidèle à la fois à l’esprit du tempset à son ADN; le réalisateur romain MatteoGarrone(Gomorrha) vient ainsidemettreenscène un spot publicitaire façon court-mé-trage. Il se déroule, bien entendu, àMilan. PH

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UN EMPIRELe groupe Campari,qui exporte dans190 pays, possède50 spiritueux, dontAverna, Cynar, Aperol.

En 1904, DavideCampari, fils dufondateur, ouvrait lapremière usine Camparià Sesto San Giovanni,aux portes de Milan.C’est là que se trouvele siège principal,dessiné par Mario Botta.

Le Negroni, l’un desplus célèbres cocktails àbase de Campari, fêtecette année ses 100 ans.Un anniversaire célébréen juin à Florence, où l'aimaginé son auteur, lecomte Negroni.

La Galleria Camparirassemble plus de3000 produits, articlespublicitaires et œuvresd’art provenant desarchives de la maison.

MULTIPLE: S I SON DESIGN RESTE IMMUABLE,CAMPARI S’ INVENTE DES VARIANTES PÉTILLANTES OU ORANGÉES.

ARTISTIQUE: LA RÉUSSITE DE CAMPARI EST PORTÉE PAR LES ILLUSTRATEURS, POÈTES, DESIGNERS, CINÉASTES.

MYTHIQUE: DAVIDE CAMPARI (FILS DE) STARISE LE CAMPARI, ET LE COMTE NEGRONI L’ADOPTE DANS SON COCKTAIL .

L orsquelesplongeursdes-cendentau fonddesocéansadmirer le ballet des ané-mones de mer et regarderles murènes dans les yeux,ils ont pour consigne de nerien toucher et de s’abste-

nir de tout produit solaire. Et sur le bateaud’accès, on met chemise, chapeau, lunettes,et c’est tout! Les coraux sont des milieuxfragiles et il n’y apasque lapêche industriellequi les menace. La température des eaux,à la hausse, bouleverse les équilibres, tan-dis que la pollution par produits chimiquesinduit une décoloration de ce qui était unefaune subaquatique bariolée (les coraux, àl’instar des étoiles de mer, sont des animauxde l’embranchement des cnidaires, pas desvégétaux). Bref: inutile d’en rajouter en leurinfligeant une couche de lotion SPF 50.

C’estquenousautres,vacanciers, introdui-sons touteunevariétédeproduits chimiquesdans l’eau.Nous y lavonsdes éthers de glycoletdesparabènes, sanscompter lessubstancescontroversées, commelebutylhydroxyanisol,l’octyl méthoxycinnamate, le 4-méthylben-zylidène camphre, l’oxybenzone, le 3-ben-zylidène camphre, l’octocrylène… Pauvrespoissons, n’en jetez plus! On pourrait se direque les quantités sont infimes, mais tous cessprays et crèmes du monde finissent par sedonner lamainet leurseffetss’avèrentdésas-treux. Dans les régions les plus exposées, lesmesures sont en train de se mettre en place.A Hawaï – Mecque des sports aquatiques –la vente de produits solaires contenant lessubstances incriminées a été interdite en2012 déjà. Sur certaines plagesmexicaines, ladouche est obligatoire avant de plonger dansles vagues – c’est un peu l’attitude «mettezce que vous voulez sur votre peau, mais gar-dez-le pour vous». Sur l’archipel des Palaos,500 îles dans l’ouest du Pacifique, les visi-teurs doivent prêter serment et s’engager àne rien faire qui puisse nuire à l’environne-ment. Les autorités ont annoncé l’interdic-tion, dès 2020, de crèmes solaires contenantde l’oxybenzone, de l’octocrylène ou desparabènes, ce qui, de fait, met au ban lesgrandes marques actives dans le domaine.Si les îles ne comptent que 20000 habi-tants, elles reçoivent chaque année plus de100000visiteurs, quepersonnene veut voirenduits de chimie.

Reste que les composants des écransanti-UV ne sont pas les seuls à poser pro-blème. Les nanoparticules aussi ont étéidentifiées comme dangereuses pour lafaune aquatique. Dans nos lacs et rivières,il n’y a certes pas de corail à décolorer,mais les poissons ressentent les apportsmalvenus de produits chimiques et des par-

Pourl’amourdelamer

S’IL CONVIENT DE PROTÉGER SONÉPIDERME À LA PLAGE, IL NE FAUT

PAS QUE CE SOIT AU DÉTRIMENT DESPOISSONS…UNE NOUVELLE GÉNÉRATION

DE PRODUITS GARANTIT L’INNOCUITÉPOUR LES FONDS MARINS.

TEXTE SILVIA AESCHBACH PHOTO PHILIPPE BIANCOTTO

Oloribusdam quaturam, soluptatent adisape pelitem quod utmolecest alit, ut quamexpe modis dolestalignis elicaborem voloommoluptatin etaborepudam reptas

Crème solaire visageEdelweiss, flitres UVminéraux sans nano,SPF 30,Weleda,18 fr. 50 les 50 ml.

Spray Solaire Lacté,protection anti-âge,hydratation, SPF 30,corps et visage,Caudalie, env.29 fr. les 150 ml.

Compact SolaireMinéral, visage, UVA/UVB 30, enrichi auxantioxydants, beigenaturel, Clarins,env. 45 fr. les 115 ml.

Soins Soleil, nettoyantpour le corps et lescheveux, Aveda,29 fr. les 250 ml.

Anthélios Shaka Fluide,SPF 50+, invisible,ultrarésistant,La Roche-Posay,31 fr. 90 les 50 ml.

Brume solaire invisibleWaterlover, SPF 30,visage et corps,Biotherm,47 fr. 90 les 200 ml.

ticules de plastique, qui influencent leursystème hormonal et, à terme, leur repro-duction. Cependant, de plus en plus demarques de cosmétique ont perçu l’urgenceet commencent à proposer des produitssolaires à base de filtres non chimiques,sans oxybenzone et sans nanoparticules.En priorité, les marques dites naturelles,commeWeleda, recourent ainsi à des filtresminéraux. Bernhard Irrgang, responsabledudépartement Recherche et développementdes cosmétiques bios et naturels de lamarque suisse, explique leur fonctionne-ment: «Les filtres minéraux réfléchissentles rayons de soleil comme d’innombrablesminuscules miroirs et protègent ainsi lapeau des brûlures.»

Le corail en logoD’autresmarquesse lancentdanscecréneau,comme Clarins et sa nouvelle ligne solairearborant une petite branche de corail enlogo, afin de signifier que le produit est inof-fensif pour cebiotope.Pourquoi le corail, quireprésente à peine 0,2% des fonds marins?C’est que ce milieu accueille près d’un tiersdes espèces vivantes dans les eaux salées.Surtout, le corail est un emblème fort del’importance des mers et de leur extrêmevulnérabilité. Pour son engagement dans cesens, la marque Clarins – basée, dès sa fon-dation en 1954, sur les richesses végétales,avec force huiles essentielles – a été distin-guée par le princeAlbert II. Olivier Courtin-Clarins a reçu la croix de l’Ordre de Saint-Charles, l’an dernier, pour les recherchessur le corail effectuées par son groupe, en

partenariat avec le Centre scientifique deMonaco. Biotherm aussi se lance dans cettequête du propre au naturel. Pour CarolineNègre, directrice scientifique de la marque,tantdecontraintesrelèventdudéfi.Lesfiltreschimiques polluants sont «sensoriellementtrès agréables» sur la peau et protègent descoups de soleil. A l’inverse, les filtres miné-raux se révèlent plus laborieux à appliquer etdeprotectionplus aléatoire. Il a donc fallu denombreuses années de développement pouraboutir à la ligne Waterlover à «effet aussilimité que possible sur la biodiversité deseaux». Caudalie, basée sur les antioxydantsissus du raisin, lance cette année aussi unesérie de cinq produits sans filtre chimique.«Je ne voulais aucun compromis entre laprotection de la peau et la nature, déclareMathilde Thomas, fondatrice et propriétairede la marque française. Nous avons travaillépour mettre au point une formule à la foisagréableà l’application,efficaceet inoffensivepour l’environnement.» De France toujours,on voit arriver la marque végane UVBIO,disponible depuis peu en Suisse. Les pro-duits, aux baies de goji et huile de karanja,entendentrespecter tant lecorpshumainquela nature… dont les récifs coralliens.

Si le monde scientifique planche sur leseffets de nos produits de consommation surles eaux, tous lesdétails sont loind’être iden-tifiés.Enattendantd’avoir les idéeset leseauxaussi claires les unes que les autres (on peutrêver…), autantcommencerparungeste,unecrème,quine faitdemalàpersonne.Aterme,celapermettrapeut-êtred’éviterque leseauxnaturelles soient interdites à la baignade.

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DÉFICOLOSSALIL FAUT RENDRE LES ÉLÉPHANTS HEUREUX...L’ENVIRONNEMENTALISTE JOHN E. ROBERTS

RACONTE SON COMBAT QUOTIDIEN EN THAÏLANDE.

Commentrepère-t-onunéléphantheu-reux? L’Européen sensibilisé à la pro-tection des espèces imagine une scènedigne de Walt Disney, avec parade depachydermes se tenant queue à trompedansune jungle verdoyante, pasunbra-connier en vue. Le hic, c’est qu’en Asie,il n’y a pas assez d’étendues sauvagespour que cette idylle soit une option; etd’ailleursprèsde lamoitiédeséléphants

du continent vit en captivité. Et à quoi ressemble un environnemen-taliste heureux? A quelqu’un qui tente de faire au mieux avec unesituation complexe et qui sait qu’une avancée à petits pas vautmieuxqu’unstatuquo…Depuis2003, JohnEdwardRobertsest l’undesraresmanagers aumonde à s’enorgueillir du substantif «éléphants» sur sacarte de visite. C’est que le passionné de nature est aussi employédu groupe hôtelier thaïlandaisMinor, chargé des projets liés à l’envi-ronnement. A ce titre, il supervise la réserve de l’hôtel de grand luxeAnantaraGoldenTriangle, à ChiangRai, au nord de la Thaïlande: 160hectares de verdure, où s’ébattent 25 éléphants, recueillis aprèsmau-vais traitements. Au fil des ans, ce centre (près de 40 professionnels,vétérinaires, biologistes, etc.) est devenu une référence et un lieu depédagogie, récompensé denombreuxprix. L’Anglais a développéunerelation intime avec les pachydermes, à force de se creuser la têtepour résoudre le dilemme de leur prise en charge, à force de côtoyerces mahouts qui respirent à l’unisson avec leur protégé. Quand il selève lematin, auprès de son épouse thaïlandaise et de leur fils blond,JohnE.Robertsplonge le regarddans les frondaisonsmoussues, et lesbarrissements remplacent le réveil-matin. Il rêved’un jouroù tous leséléphants domestiques de la région seront contents de leur sort. Carla vie en captivité peut être joyeuse, affirme-t-il.

Comment votre chemin a-t-il croisé celui des éléphants?J’ai vu mon premier éléphant en 1999, sur la pelouse d’un lodge au

Népal, leTigerTopsLodge,dans la réservedeChitwan.Puis j’enai vuunautre, sauvagecette fois, troismoisplus tard.A l’époque, j’avaisfinimes études d’ingénieur, à Bath,mais je neme voyais pas travailler enentreprise. Je suis parti comme bénévole dans les grands parcs, auTexas, puis en Australie, et finalement en Asie. Je cherchais à gagnerdu temps avant deme ranger, mais la rencontre avec les éléphants atout changé: j’ai été fasciné par leur intelligence, par la culture desmahouts, par cette incroyable proximité entre l’homme et l’animal.Etmevoilàheureuxd’avoirputransformermapassionenprofession!

La problématique est très différente en Afrique et en Asie…Effectivement! La plupart des 45 000 éléphants d’Afrique vivent enliberté, car les espaces y sont immenses. A part dans l’époque ro-maine, les éléphants yont trèspeuétédomestiqués.Alorsqu’enAsie,les éléphants vivent en grande proximité avec les humains depuisaumoins 3500 ans, comme en attestent des peintures rupestres. Lapuissancedes royaumessemesurait à leurarméeetcelle-ci a toujoursété dépendante du nombre d’éléphants de combat. Plus récemment,dès l’époque coloniale, les éléphants étaient dressés pour les travauxlourds,notamment l’exploitation forestière.Leurdémarcheagile– ilsavancentendouceur, commeleschats–permetd’accéderàdestroncsprécis, sans avoir à saccager la forêt avec une route ou un tracteur.

Or l’interdiction d’exportation des bois précieuxa condamné des milliers d’éléphants au chômage!Etpersonnenesaitque faired’eux!LeMyanmarse retrouveavecprèsde6000éléphantsdésœuvrés,depuis l’entréeenvigueurde la loi, il yadeux ans. EnThaïlande, le phénomène remonte à 1989, et nous avons3500 éléphants en liberté, pour 3700 captifs. Or, même un éléphantqui ne travaille pas – et donc ne rapporte pas d’argent à son cornac –doitmanger ses 300kilos d’aliments par jour. Il coûte une fortune. Etil s’ennuie.C’est ainsique l’onse retrouveavecdeséléphantsaffaiblis,que leur cornac pousse à mendier. Je vous laisse imaginer l’effet dubitume brûlant des villes sur les coussinets sensibles de leurs pattes.

TEXTE RENATA LIBAL

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INTERVIEW

Et les relâcher dans la forêt vierge?J’adorerais, naturellement, que tous les éléphants du monde soientdes éléphants sauvages!Mais en Asie, les territoires sont trop exigus,ce qui engendre des conflits avec les villageois etmême un retour dubraconnage, qui était pourtant sous contrôle. Et il ne faut pas croireque tous leséléphants sontcapablesde réapprendreàvivreen liberté.Vous n’imaginez pas à quel point la personnalité varie d’un éléphantà l’autre. Comme les humains, vraiment! Renvoyez un timide dans lanature et il va se retrouver terrorisé, tel un souffre-douleur à la récré.Celadit, unsanctuaireduLaosa relâché, enmars,un troupeaudehuitéléphants.C’est lapremière foisqu’une telle expérienceestmenéedemanière aussi scientifique, avecune sélectiondes tempéraments. Lesenvironnementalistes la suivent avec beaucoup d’espoir.

Les éléphants captifs en sont quittes à amuser les touristes.Le tourisme représente actuellement la meilleure option. Mais pasdansn’importe quelles conditions.Nous travaillons à établir des stan-dards, où les éléphants sont sollicités–et ils aimentcela, ils ontbesoind’être stimulés – sansêtremaltraités.Dans l’ElephantCampde l’hôtelAnantara, nous organisons des marches en forêt avec les visiteurs etnos géants se réjouissent de l’aubaine.

Le débat fait rage sur les réseauxsociaux: faut-il boycotter les activitésoù un humain monte sur le dos d’unéléphant?Il y a eu beaucoup d’indignation – totale-ment méritée – face à des cas ostensiblesd’éléphantsmaltraités.Mais ce n’est pas tantl’activitéqu’il convientdecondamner: plutôtla manière dont elle est menée. Il faut ensei-gner auxmahouts desméthodesd’éducationdouce,et interdire l’usaged’outilsdedressageblessants. Et respecter chaque éléphant: cer-tains adorent être montés. L’enjeu est d’éta-blir un nouvel état d’esprit dans la collabora-tion entre l’humain et l’éléphant.

Le tourisme peut-il jouer un rôle positif?Je suis terrifié à l’idée que le public européen, plus éduqué, plussensible aux enjeux de développement respectueux, puisse boycot-ter les lieux qui travaillent avec des éléphants. Ces animaux sont làet l’industrie du tourisme est actuellement leur seul débouché. Larégion a cruellement besoin de visiteurs informés, prêts à vivre desexpériences… et à payer un tarif juste. Si ces visiteurs-là ne viennentplus, la situation va empirer dramatiquement, avec des éléphantssoumis à n’importe quel caprice d’un public demasse peu regardant.Le tourismeexigeantpeut etdoit exercerunepressionvers la qualité.

En attendant, beaucoup d’éléphants grossissent etse mettent à souffrir – c’est un comble! – de diabète.L’effet du manque d’activité et de la méconnaissance des besoins del’animal!Desétudesdémontrentquelessujetsensurpoidssontstressés.Làencore:sionpouvaitéviterd’amuserlestouristesenleslaissantoffrirdes cargaisonsd’ananas aux éléphants, on aurait fait unpas en avant.

La Thaïlande ne sait plus quoi faire de ses éléphants… Orl’opinion publique croit qu’ils sont en voie de disparition!Il faut le savoir: d’ici une dizaine d’années, la Thaïlande va souffrird’une surpopulation d’éléphants. Leur nombre augmente d’environ5 à 10% chaque année. Je suis d’avis que nous devrions absolumentfreiner–sinoncomplètementstopper– la reproductionde l’espèceencaptivité. C’est d’ailleurs la politique dans notre camp. Nous n’avonseuqu’unbébé,Meechok, il y adeuxans, et c’étaitunaccident, lié àunefemelle recueillie déjà portante.Mais attention:mon opinion est trèslargementminoritaire. Personneneveut entendreun tel avis enAsie!

Pourquoi le thème est-il si sensible?L’éléphant enAsie duSud-Est est davantage qu’une espèce animale.Il incarne une culture, une spiritualité, presque une religion. Lemahout entre en résonance avec son protégé, dans un rapport decodépendance. Ce lien se transmet de père enfils, il est inscrit dansle sang, dans l’identité. Alors pensez: parler de limiter la reproduc-tion d'un tel symbole!

Pourtant, les mahouts maltraitent l’éléphant parfois...Ils sontacculés, careuxaussiontperdu leur revenu.Lesmahoutssontaujourd’hui complètement désorientés par le monde moderne et sesentent blessés par l’indignation face à leurs méthodes à l’ancienne.C’estpourquoi il faut les aider à se formeret à retrouverunefierté, unrôlesocial.Quantauxbébéséléphants, ilsontunsuccès fouauprèsdestouristes. C’est de l’argent facilement gagné. Mais un éléphant peutvivre près de huitante ans…

L’éducation d’un bébé éléphant, pour qu’il puisse cohabiteravec les humains, est-elle forcément cruelle?Cela dépend de la définition du mot… Ce qui est certain, c’est quecette éducation est indispensable. Il faut absolument qu’un éléphant

obéisse,qu’onpuisse l’approchersanscrainte,neserait-cequepour lesoigner.Commepourlesenfants,nousprônonsuneéducationpré-coce, par renforcement positif, en offrantdesrécompensesplutôtqu’endistribuantdescoups.Denouvellesméthodessontélaboréesactuellement sur des bases scientifiques etdémontrent que l’on peut éviter de tortu-rer les animaux. Mais évidemment, je men-tirais si je vous disais que tous les mahoutsles appliquent déjà. Il y faut une patienceexceptionnelle.

Et cet énorme Elephant Projectqui démarre en Birmanie, avecl’ambition d’un sanctuaire pour3000 éléphants?

Vous parlez duprojet de l’AméricainDaneWaters. Sonmodèle éco-nomique, qui consiste à lier un tourismed’exception à la protectionde la région, est vraiment intéressant. Mais j’ai quelques doutessur l’idée de déplacer là-bas des éléphants de toute la région. Je neconnais aucune expérience positive avec ce type de délocalisation.

Que faudrait-il faire?Protéger les éléphants sauvages là où ils sont, plutôt que de lesrassembler. Il y a cinq ans, le groupeMinor (pour lequel je travaille)a sécurisé un territoire de 180 km dans le parc national de BotumSakor, au Cambodge, grâce à un ambitieux travail de terrain avecles communautés locales. L’an dernier, nous y avons installé uncampement exclusif, le Cardamom Tented Camp, avec un servicede premier ordre. L’idée est de ne pas y faire de profit,mais de créerdes postes de travail et de reverser les bénéfices aux rangers et auxprojets locaux. Je mets beaucoup d’espoir dans cette approche.

En près de vingt ans de cohabitation quotidienneavec les éléphants, quelle est votre plus grande sourced’étonnement?Sur un plan purement pratique, je suis tombé des nues en prenantconscience de ce problème de diabète: nous avons dû mettre noséléphants au régime… comme quoi, on apprend chaque jour! Pluslargement, je suis émerveillé par le projet auquel nous participonsà Lampang, sur la confrontation entre des éléphants et des enfantsautistes ou atteints du syndromedeDown. Il se passe là des instantsde magie pure. Et je vous jure que les éléphants prennent énormé-ment de plaisir à ces rencontres.

Dansdixans,laThaïlandevasouffrird’une

surpopulationd’éléphants

PARRAINAGEL’entretien d’un éléphantdans le camp lié à l’hôtelAnantara coûte environ18000 dollars. Unsystème de parrainageest possible: on choisitl’éléphant que l’on désiresoutenir en fonction desa personnalité, telle quedécrite sur le site… oudécouverte sur place.helpingelephants.org

Au chômage depuis que la Thaïlanden’exporte plus de bois précieux,les éléphants et les mahoutssont souvent réduits à la mendicité.

Les sanctuaires protègent,mais doivent aussi occuperles éléphants, avides demouvements et de stimulation..

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A celebration of time

BRODERIES, FLEURSET FLUIDITÉ: UNE ASIEONIRIQUE ANIMELES GARDE-ROBES.AMBIANCE CINÉMA.PHOTOGRAPHE NAOMI YANGSTYLISME SONIA BÉDÈRE

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P Robe imprimé fleurset dentelle, Versace.Sac, Fendi.Sandales, Blumarine.S PRobe strass et soie,Balenciaga.Boucles d’oreilles en métaldoré, Ciro by Buma.Montre Rendez-Vous Night& Day, automatique, boîtieror blanc 36 mm, braceletsatin, Jaeger-LeCoultre.

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P Total look en popelinede coton, Altuzarra.Montre Rendez-VousMoon, automatique,boîtier acier 34 mm,bracelet cuir,Jaeger-LeCoultre.S PRobe dentelle etbroderies, Elie Saab. 17

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Robe transparenteen dentelle avecbroderies, Fendi.

Assistant photoAlexandre Sallé de ChouMaquillage Tiina Roivainen@Airport AgencyCoiffure Jean luc Amarin @WSMMannequin Julie Ordon @MarylinProduction Lucie VoisardDirection artistique Géraldine Dura

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Attendant dans leur boîte le moment derevenir à la vie, et donc d’être restaurées,quelque 20 000 à 30 000 bobines de filmsdorment en Chine. En effet, si le mondeoccidental s’est attelé à la tâche dès lesannées 1980, la nécessité ne s’est imposée enChine qu’au début du siècle, avec la générali-

sation des écrans à très haute définition. Plus personne n’a envie devisionner des reprises qui sautillent. «Il est essentiel d’attirer la nou-vellegénérationdespectateurs, lui faireredécouvrir lesfilmsanciens»,relève-t-onauprèsdu laboratoireL’ImmagineRitrovata àHongKong,filiale d’une société de Bologne, spécialement destinée au cinémachinois. S’il faut compter entre 4 et 6mois de travailméticuleux pourretrouver la fluidité du rythme et les couleurs d’origine, certains pro-jets s’avèrent beaucoup plus laborieux. PourOutside theWindow, uneromance tournéeàTaiwanen1971, parexemple, il a falluplusde 1000heures de restauration digitale, avant même la recolorisation, car lesbobines étaient si imprégnées d’humidité qu’elles ne se déroulaientplus. Le film rajeuni a finalement pu être projeté, en grande pompe,auFestival international dufilmde Shanghai, en 2017. Grâce aussi ausoutien financier de l’horloger Jaeger-LeCoultre. C’est que lamaisonbasée auSentier, au cœurde la vallée de Joux, entretient des rapportsétroits, tant avec le cinéma qu’avec la Chine. Son partenariat avec leFIFS date de 2011 et la contribution financière qui l’accompagne ali-mente généreusement le fond destiné à la restauration, qui a permisà des dizaines de films classiques de reprendre le chemin des écrans.

Dans le palmarès des festivals de cinéma les plus cotés aumonde,le néophyte ne pense pas forcément à celui de Shanghai. Pourtant,la manifestation lancée en 1993 ne cesse de gagner en ampleur eten ambition, avec moult stars mondiales dans le jury au fil desans, comme Tom Hooper ou Carole Bouquet. Le mois prochain, la22e édition verra le cinéaste et photographe turc Nuri Bilge Ceylanen président du jury. Pour une marque comme Jaeger-LeCoultre,présente aussi à la Mostra de Venise depuis 2007, un tel festivalreprésente un écrin idéal. «Nous sommes très sensibles à l’universdu cinéma, explique Isabelle Gervais, directrice de la communica-tion, car nous partageons deux valeurs fondamentales: l’expertisetechnique et l’expression du style, de l’élégance, de l’art.» Shanghaicomme Venise sont en outre deux villes spectaculaires, qui per-mettent de recevoir les clients du monde entier et de faire brillerles collections joaillières sur les tapis rouges, aux poignets des stars.Place à la flamboyance! A Shanghai, le cinéma est célébré durant dixjours, avec des projections dispersées dans les diverses salles de laville et largement ouvertes au grand public. Ces séances informellessont encadrées par deux cérémonies: la soirée d’ouverture, ses robeslongues, ses diamants; la soirée de clôture et ses autres robes longues

Letemps restauréTEXTE LA RÉDACTION

LE CINÉMA CHINOIS EST À L’HONNEUR DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE SHANGHAI, EN JUIN.L’HORLOGER SUISSE JAEGER-LECOULTRE CONTRIBUE À EN FAIRE RESTAURER LES PLUS BELLES PAGES.

et diamants. A l’instar de la Mostra de Venise, Jaeger-LeCoultre aattribué son prixGlory to the Filmmaker, qui salue l’innovation dansle cinéma, à Shanghai l’an dernier, pour la première fois. C’est lacomédienne devenue réalisatrice Joan Chen (le public européen l’adécouvertedansLeDernierEmpereurdeBertolucci)qui s’estvudistin-guer... et offrir en souvenir unemontre Reverso spécialement gravée.

Mais le grand engagement de la marque touche vraiment le sec-teur de la restauration de films, une priorité culturelle pour la Chine,que le Festival s’efforce de mettre en lumière. Pour lever les fondsnécessaires, une montre d’exception est vendue aux enchères lorsde la soirée de gala. L’an dernier, il s’est agi d’un exemplaire uniquedu modèle Rendez-Vous, une de ces montres virtuoses qui unit lessavoir-faire horloger et joaillier. La pièce a été adjugée à unmillion derenminbi, soit quelque 140000 francs.Cette sommeest entièrementpartie renflouer les fonds pour la restauration.

Retrouver les «Fleurs de Shanghai»C’est ainsi que, lemois prochain, les spectateurs chinois reverrontundesfilmsclésde leurpatrimoine:LesFleursdeShanghai, du réalisateurtaiwanaisHouHsiao-Hsien.Cedrameraconte laShanghaidesannées1920, entre opium et mah jong, alors qu’un haut fonctionnaire desaffaires étrangères laisse son cœur balancer entre deux courtisanes,Rubis et Jasmin (deux des «fleurs»). Les amoureux du cinéma s’ensouviennent peut-être, puisque le film est sorti sur les écrans dumonde en... 1998. «Certains pourraient avoir l’impression erronéeque la restauration est réservée aux seuls films qui datent d’il y a cin-quante ans et plus, explique Bede Cheng, du laboratoire L’ImmagineRitrovata.Mais lesfilms sont très sensibles à l’environnement, quandils ne sont pas entreposés de la bonne manière.» Cela relève doncde la bonne idée que de restaurer des films relativement récents, demanière à obtenir une copie numérique de grande qualité, avant quen’apparaissentd’éventuels dommages et qu’il nedeviennehasardeuxde retrouver la sensation d’origine, cette «intrusion minimale» dansl’œuvre que les artisans de la rénovation recherchent. Dans cet étatd’esprit, le film sorti des limbes l’an dernier date lui aussi des années1990:PaintedSoul, dontquelques imagessontvisiblesenfonddenotresérie mode, sur les pages précédentes. La merveilleuse Gong Li ydonnevie àunepeintre chinoisedudébutduXXesiècle, enprise avecles tabous liés à la nudité et à la prostitution. Il s’agit là du dernierfilm tourné, en 1994, par Huang Shuqin et la pellicule accusait déjàdesdéformations et sautsd’images.C’est lefils du réalisateur, ZhengDasheng, lui-mêmecélèbre cinéaste etmetteur enscène, qui a super-visé le travail de rénovation, améliorant la netteté, les contrastes etles textures sonores. Comme unemontre transmise de père en fils,de mère à fille, les films sont des trésors jaillis du temps grâce à lavirtuosité des artisans.

FAgni re, te ra dit quodiatemsit labo. Nam quamusam etex exceperum iscium radolum aceptatum fugiae pro

RENDEZ-VOUSPRÉCIEUXPour faire briller lestapis rouges du Festivalde Shanghai, Jaeger-LeCoultre présenteraun nouveau modèleRendez-Vous: MoonSerenity. Dans unboîtier (36 mm) en orrose, encadré d’unelunette sertie dediamants, une étoilemobile rappelle l’heured’un rendez-vous àvenir… Au clair de lune? 19

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BACKSTAGE

Festival à shangaiLa 22e édition du Festivalinternational du film deShanghai (FIFS) aura lieudu 15 au 24 juin 2019.Les projections se déroulentdansmoult salles au cœurde la ville et sont acces-sibles au grand public.

Scène du film restauré PanYuliang artiste peintre (PaintingSoul) de Huang Shuqin, dontcertaines images projetéeshabillent nos photos de modedes pages précédentes.

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LE LADAKHSANSBACKPACKADULÉE PAR LES ALPINISTES ET LES RANDONNEURSAGUERRIS, CETTE RÉGION HIMALAYENNE S’OUVRE

AUJOURD’HUI À DES VISITEURS ENCLINSÀ DAVANTAGE DE DOUCEUR. INVITATION

À UN NOMADISME CULTUREL ET DÉLICIEUX.

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D ans la limpidité du petit matin,lemonastèredeDiskit sedécoupesur la falaise, éparpillement demaisonnettesblanchesauxcadresde fenêtres rouges qu’une puis-sance surnaturelle aurait hisséesenaltitude.Presquerienn’abougédepuis la fondation du Gompa –commeonappelle lesmonastèresau Ladakh – au XIVe siècle. Le

même tableau se duplique, à l’envers et en contrebas, sur la sur-face lissed’unétang,commeunemétaphorepaisiblede la fragilitédes choses et de l’éphémère des apparences. Il suffirait qu’un airvienne rider l’eau et que resterait-il de la somptueuse symétrie?Nulbesoindes’êtreconverti aubouddhismepouréprouver làdesenviesméditatives: la vallée de la Nubra décline ses sommets de6000mètres à perte de vue, colorés de nuances d’ocre, de vert etdepourpre. Le souffle lancinantdes trompettes traverse soudainle paysage, l’épaissit de ce rappel sonore de la profonde traditionspirituelle du Ladakh. La région n’a pas usurpé son surnom de«Petit Tibet». De loin, on ne voit pas lesmoines au bonnet jaunequiappellentainsià laprière,mais lesonfige leshabitantscommeles voyageurs de passage, dans unmême instant de pause.

La petite ville de Diskit, à 3000mètres d’altitude, fonctionneavec lenteur et nonchalance. Jadis étape prospère sur la routede la soie transhimalayenne, la bourgade a vu passer bien des

caravanes chargées de tissages, de fourrures, d’opium ou d’épices. Decette époque, il ne reste qu’une troupe incongrue de chameaux, aban-donnés là dans les années 1950 quand la Chine a fermé ses frontières.Coincée aux confins de l’Inde, tout près aussi du Pakistan, la région alongtemps été déclarée géopolitiquement sensible et ne s’ouvre auxvisiteurs que depuis quelques saisons. Il y faut d’ailleurs toujours unpermis et la présence de l’armée indienne reste très visible.

Pour arriver au cœur de cette escale himalayenne, le voyageureuropéendoitd’abordvolersurDelhi,puisLeh,capitalede la régionduLadakh, elle-même part de l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire. Lepetit avion qui atterrit dans ce désert de haute altitude (3500mètres)transporte surtout des montagnards équipés d’imposants sacs à doset chaussés de bottes de randonnée high-tech. C’est à Leh, sorte deKatmandouminiature peuplé de routards en imprimés batik, hérisséd’auberges, de cafés bios et de stands de souvenirs, que s’organisentles expéditions enmontagne, les ascensions du Stok Kangri – le som-met à 6123 mètres que l’on perçoit au loin – et les trekkings dans lachaîne du Zanskar. Ce parfum d’aventure et de camping attire depuislongtemps un tourisme sportif, qui parcourt les cimes à pied avec desguides locaux. Mais la région s’ouvre de plus en plus à des voyageursmoins forcenés,enquêted’éblouissementsculturels;depaysages,biensûr, mais sur un mode plus doux; de rencontres inspirantes, de répitméditatif. Après une journée de repos forcé pour s’acclimater à l’alti-tude, ce sont souvent ces derniers qui prendront la route, en voiture,pour la vallée de laNubra. Il s’agit de 150 kilomètres seulement…maisquels 150 kilomètres! Le conducteur aguerri met plus de cinq heures

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à franchir, par une route taillée àmême le rocher, l’un des plus hautscols carrossables du monde, le Khardung La et ses 5570 mètres. Lavoiture s’arrête sur l’arête et même les Suisses habitués aux vertigesavancent lentement, un pied après l’autre, à ces altitudes qui fonttourner la tête. La station de premier secours n’est jamais loin, maisc’est bien la splendeur aridedupaysagequi donne la forcede grimpersur quelques rochers encore, dans l’enchevêtrementdes drapeauxdeprière, pour la sensation de vraiment se dresser sur le toit dumonde.En redescendant de l’autre côté, la montagne s’adoucit à peine

avec quelques plants de lavande sauvage à la senteur boucanée queviennentbrouter leschèvrescachemire.Enété, lesaubépinesenfleursponctuent lapierredetachesroses,et lesstupas,cesmonumentsblan-chisà lachauxcontenant les reliquesdessaints, semblentavoirpoussédans lepaysage.Aufondde lavalléegronde laShyok, largerivièregrise,que l’on suit à travers des déserts de sel, parfois même des dunes desable, jusqu’à – ouf, enfin… – la bourgade deDiskit.Alors, seul au monde? Loin de tout? On s’y croirait. Or, l’illusion

repose sur un savoir-faire hôtelier précieux et discret, qui transportele luxe jusqu’à ces contrées souvent isolées par la neige ou les éboule-ments.Alorsque le jourcaresse lepitonrocheuxduDiskitGomba,queleBouddhadoré (32mètresdehaut, toutdemême…)s’allumeau loin,le thé matinal est servi. Le voyageur à peine éveillé fait trois pas horsde sa tente et déjà son valet personnel a apporté le breuvage avec desbiscuits: installez-vous sur la terrassede la tente, sur un fauteuil plianten cuir, et savourez cesmoments où le jour hésite à se lever.

Diskit compte bien quelques auberges, mais la version grandconfortd’unvoyageauLadakhpassedepuispeupar le«glamping»,unnéologisme qui désigne le campement haut de gamme. Dans ce typede tente, voyageurs stylés, nul inconfort ne vous incite à quitter votrelit à baldaquin. Les espaces sont généreux, la salle de bains rutile derobinetteriecuivrée, ladécorations’inspiredustyleexplorateurgrandsiècle – beaucoup de bois, de cuir, d’artisanat local. Une tente? Plutôtunpalaceàtoitdecanevas.C’estquel’entreprise indienneTUTC–TheUltimate Travelling Camp, le nec plus ultra du campement chic – sepropose d’amener les voyageurs exigeants sur des sites remarquables,en grand style. Pour ce faire, plutôt que de bétonner et de bâtir desimmeubles, elle érige depuis 2013 des campements saisonniers, quise posent, comme des papillons, au cœur du paysage. Un peu selonle principe des camps de safari, en Afrique, avec lemême apparat, leschandeliers, lasalleàmangeravecserviceenbelleporcelaine, lesdrapsenpercale de qualité.Quatre camps existent ainsi en Inde, dont deuxauLadakh,depuis2016: leChampaCampdeDiskit,dans lavalléede laNubra,etceluideThiksey,prèsdeLeh.«Leconceptvisetroisobjectifs,explique Dhun Cordo, cofondatrice de TUTC: combler une lacunedans levoyagede luxebasésur l’expérience, soutenir labranchetouris-tique en Indeet introduire le tourismedurable et responsable surdessites exceptionnels et difficiles d’accès.» La démarche a d’ailleurs étésaluéeenseptembredernierparuntrophéeauxWorldTravelAwards,manifestation qui se laisse comparer aux Oscars du tourisme. Et audébut de l’année dernière, l’entreprise a érigé – premièremondiale –un tel campéphémèreàAllahabad, enmargeduplusgrand festival dereligieux d’Inde, le KumbhMela.

Des liens étroits avec le paysC’est que, outre la magnificence des logements et de l’accueil, lescampsTUTCproposent aussi – surtout? –une expérience immersivedans lepays,avecdescircuits individuelsquiprivilégient ladécouverteculturelle. A Thiksey, les tentes et le jardin potager (bio, forcément,en terre bouddhiste) sont installés sur un terrain appartenant aumonastère du même nom, en surplomb. Les liens étroits tissés avecles quelque 80moines résidant là permettent un accès privilégié à laprièredumatin,parexemple,quand leshôtesétrangerssontaccueillisavec le sourire, les chants des moinillons et un de ces bols de thé aubeurre,qu’il vautmieux imaginerenbouillonpourpouvoir l’avaler.Ledukhang, lagrandesalled’assembléerecouvertede fresquesetsaturéed’encens, vibredecette énergieque leplus athéedesvisiteursnepeutignorer. Le rimpoche, le lama reconnu comme la réincarnation d’ungrand maître du bouddhisme, considère les visiteurs d’un regard àla fois aimable et amusé, quand il lève les yeux des prières qu’il psal-modie… souvent affichées sur l’écran de son téléphonemobile. Pourêtre traditionnel, leLadakhn’enestpasmoinsun territoire connecté.Le guide du séjour s’appelle Dorje Namagyale. Ce jeune homme

érudit et férud’histoire a étudié àDelhi, avantde revenir aupayspourexpliquer sans relâche, aux curieux du monde entier, les détails despeintures sur les murs des monastères. «Longtemps, le Ladakh était

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Entrée dumonastère Matho, dansla vallée de l’Indus. Drapeauxde prière au sommetdu col Khardung La.

Deux prêtres dansune rue de Leh,capitale du Ladakh.

A découvrir: Le Chamba CampThiksey est opérationnel du 15 maiau 10 octobre; celui de Diskit fermele 30 septembre. L’offre commenceà 4 nuits, mais le nec plus ultra restele circuit privé The Land of the La-mas (7 nuits), qui permet de rayon-ner à partir des deux camps (dès4080 fr., tout inclus: guide, escapa-des et repas hors alcool). Les ama-teurs de marche demanderont un

programme spécial ou prolongerontleur séjour par un trek en montagne.A réserver, en Suisse, auprès duspécialiste des voyages sur mesureen Asie: www.tourasia.chA lire sur place, la série de polarscontemporains autour de l’inspec-teur Shan. L’auteur américain, EliotPattison, est un ancien avocat inter-national, spécialiste du bouddhismeet des minorités de l’Himalaya.

Pour y arriver

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vu comme l’ultime frontière de la civilisation, avec seulement dessoldats pour garder la frontière, commedans la sérieGameofThrones,rit-il.Maisceuxquisontvenusrécemmentetontvisité les templesontchangéd’avis.»C’est à unmondede raffinementqueDorjeNamigyal,de lamaison de Beechung, à Thiskey (il y a décidément des parallèlesavec GoT!), initie les visiteurs. Là, il déploie un Thanka de plus de400 ans d’âge, une de ces peintures colorées en rouleau. Ailleurs, ilfrappe à la porte d’un oracle et sollicite ses conseils sur les plantes delapharmacopéeAmchi, lamédecinetibétaine.Onlesuitd’unmondeàl’autre…Etcommeilconnaîtchaqueartisanquitravaillesur lesœuvresd’art bouddhiques, il mène ses protégés à travers le chantier du futurmusée prévu auMonastère deMatho, rarement visité par les randon-neurs pressés. Là, sous la houlette d’une passionnée française, NellyRieuf-Bista, lesdessins fatiguéspar le temps reprennentvie.C’est celal’approche personnalisée du voyage: l’invitation à l’envers du décor.

Mais lemêmeDorjene se limitepas àdécoder lesmystères immé-moriaux. IlorganiseavecplaisirunerencontreavecWangyalKalon,unagriculteur avant-gardiste dans la vallée de laNubra, qui expérimentel’hydroponie sur ses 8 hectares de terrain, afin de prolonger la saisonfertile et de limiter les besoins en produits importés. La journalistesuissese retrouvedansunvergeràmangerd’exquisbeignetsnommésmomos, toutendissertantsur le tempsdeséchagedesabricots locaux,minusculesmais véritables concentrésde saveurs. «J’aimerais arriverà deux récoltes par an, grâce aussi à l’énergie solaire, explique l’entre-prenant producteur. Toute la région pourra adopter nosméthodes.»

Autre jour, autredécor: le séjour sedéroule enexcursionsenétoileautourducamp,commeunkaléidoscopeémotionnel.Cematin-là,unchemin pour chèvres dans une vallée pierreuse mène vers quelquesbranches de bois, jetées, en guise de pont, au-dessus d’un torrent. Levisiteurhésite…Il aurait tort de reculer. Lepontde fortunemèneversunpaysage surréaliste, où ledésert âpre separe soudainde tapis vertssemésdefleurs odorantes.Unpeuplus loin, deux jeunes veaux récla-ment des câlins et une vieille paysanne, vêtue de jupes superposées,propose de la bière maison, servie dans une bouteille fermée d’untorchon (la soussignée y a survécu!).

Le Ladakh est une région peuplée demoins de 300 000 habitantspour90000km2–3,1pourchaquekm2–et levoyageurqui sortàpeinedes sentiers battus croise peu demonde. C’est ainsi qu’il est possiblede faire le tour – sans voir âmequi vive – du lac cachéYarabTso, dontles eaux sacrées reflètent les drapeaux de prière. Et quand la routemène jusqu’aupluséloignédesvillages,Turtuk,deconfessionmusul-mane, à la frontière du Pakistan, c’est le roi sans trône du Baltistan,MohdKhanYabgoKacho lui-même,quidonneaudienceauxvisiteursdans sonpalais auxboiseriespeintes.On frappeà laporte, presqueenvoisins, et voilà que l’altier sexagénaire raconte comment sa famille avudisparaîtresonroyaumeaufildesmodificationsdefrontières.Danssonpetitmuséepersonnel, il commente lesphotosde la gloirepasséede la dynastie Yabgo, montre les turbans à plume de paon, les sabrescachésdansdescannesdemarche.Laséancesurréaliste (oùestpassélemanueld’histoirequipermettraitdevérifier toutcela?)finitparune

photo enmajesté, devant un tapis tissé d’unmotif de panthère.On sepince. L’immersion en terre inconnue est riche en surprises.

D’un séjour relativement court – huit jours –mais incroyablementintense, on retiendra surtout deux images. L’une délirante: le repasdélicat dressé en plein pâturage sur le flanc du col Wari La, à 4600mètres d’altitude, avec une table nappée pour un tête-à-tête, vue surlemonastèreHemis.Lesdeuxcuisiniers, en toque,préparent sur levifune salade de pastèque au fromage de chèvre et noix; un potage auxgrainesetherbes locales….C’estun repas surprise enguisededéfiauxidées reçues: qui a dit que la montagne devait forcément se vivre à ladure? La seconde image qui reste en tête est l’exact inverse. C’est unpetit fil rouge encore noué à mon poignet, béni par le rimpoche, quirelie en pensée à unmonde totalement dépaysant, où ni le temps, niles distances, ni les valeurs ne se comptent de lamêmemanière qu’enEurope cossue.Unpetit fil, un rappel, unemanière de pressermenta-lement, desmois plus tard encore, sur la touche «pause».

10HÔTELS QUEL’ON A DANSLA PEAU

TEXTE CLAUDIA SCHMID, ISABEL HEMMEL, RENATA LIBAL

NOUVELLE IDÉE DOUCEUR:DES LIGNES COSMÉTIQUESQUI PORTENT L’ESPRITD’UN LIEU. NOS FAVORIS.

Au Como Shambhala Estate,ressourcement garanti par la plongéedans une nature péthorique.

ÉVASION

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RUBRIQUE

ENCORE!|VOYAGE

2019

4. EnchantéChâteau McelyRépublique tchèqueLe lieu Voilà un château du XVIIe siècle, perdu dansune forêt enchantée, sans doute peuplée de fées,comme le veulent maints contes tchèques. Ce char-mant boutique-hôtel à une heure de Prague respectel’histoire aristocratique du lieu, avec baldaquins, piano àqueue au restaurant et longues balades sylvestres. Desbottes en caoutchouc sont à disposition des hôtes.L’esprit beauté Le très joli spa réinvente les rituelsherboristes locaux, avec des bains en cuve de bois,comme jadis. Une légende dite des Neuf Fleurs incitaità cueillir neuf plantes aromatiques sur neuf talusdiversement orientés, au solstice d’été. Les alchimistesd’antan en tiraient des potions magiques aux vertusrégénérantes. Inéz Cusumano, propriétaire de l’hôtel,a voulu une ligne de soins, bio et réalisée dans leslaboratoires du château, qui revalorise cet héritage.La ligne Mcely Bouquet propose des baumes, huiles

et autres masques et sérums, à base dethym sauvage, cynorhodon, camomille...cultivés en République tchèque. (R.L.)Château Mcely, à Mcely, Rép. tchèque,chambre dès 130 fr. www.chateaumcely.cz

6. AlpestreAdler DolomitiVal Gardena (I)Le lieu Dans ce paradis habillé d’un bois clair traité demanière biologique, on ajoute plaisirs d’eau de sourceaux activités physiques, randonnées, mountain-bike,ski. En prime, la vue sur les Dolomites, ainsi qu’unenourriture aussi bio que l’air. Le bien-être global est aucœur du concept développé par le groupe italien AdlerSpa Resorts auquel appartient l’établissement.L’esprit beauté Spa, consultation médicale, cosmé-tique active, wellness: le programme santé-beautéd’Adler repose sur quatre piliers. Avec son immensepiscine intérieure et extérieure, le secteur wellness seprésente comme une oasis de 9000m2. L’ensembledes produits de soin a été élaboré en collaborationavec une pharmacologue et une homéopathe.Les lignes Entre les produits équilibrants, nettoyants,pour hommes, aromathérapeuthiques, etc., on compte17 gammes! Les composants viennent des régions des

divers resorts du groupe comme les rai-sins de Toscane, les fleurs et plantes duHaut-Adige, l’eau des Dolomites... (C.S.)Adler Spa Resort Dolomiti, Val Gardena, dès380 fr., adler-resorts.com; adler-shop.com

1. TropicalComo ShambhalaEstate BaliLe lieu Les 14 resorts et hôtels du groupe Como sontcélèbres pour leur Shambhala Spa. Mais dans la junglebalinaise, au cœur d’un paysage à la puissanceluxurieusement volcanique, le ComoShambhala Estatereste le lieu le plus extraordinaire pour se ressourcer.L’esprit beauté Lamaison offre une série de curesciblées, détoxifiantes, relaxantes, ayurvédiques, holis-tiques, etc., combinant nourriture, activités et soins (ahlemassage qui allie peeling et bain de fleurs!). Commel’hôtel, la ligne de soins s’inspire du royaumemythiquede Shambhala, lieu sacré du bonheur paisible.La ligne A son arrivée, le client respire les notes

d’eucalyptus, menthe et lavande, de la gammeInvigorate. Purify diffuse des arômes depamplemousse, fenouil et citron vert, Harmonyd’ylang ylang et bois de cèdre. Trois autresgammes complètent l’offre, végane et viergede silicone, de ComoShambhala, à base dematières naturelles et d’huiles essentielles (I.H.)Como Shambhala Estate, Ubud, Bali, dès 540 fr.,comohotels.com; comoshambhala.com/shop

3. CaribéenLe SerenoSaint-BarthélemyLe lieu Plage privée, restaurant sous les cocotiers… leresort Le Sereno, sur la plage du Grand Cul de Sac, nefait qu’un avec lamer des Caraïbes. Certaines des39 suites disposent de leur piscine, comme les villas.Trèsmalmené par l’ouragan Irma en 2017, l’hôtel a étérebâti plus beau qu’avant et vient de rouvrir. Pour ledesign, le Français Christian Liaigre a privilégié le boisexotique durable, la pierre et unmobilier rénové.L’esprit beauté Dans cet environnementmaritime,activités sportives – snorkeling, kite-surf – le disputentaux soins wellness. Le spa comprend trois espaces,dont un pavillon lumineux, tout au bord de lamer.La ligne Outre les produits de lamarque Valmont, Le

Sereno propose ceux de sa gammeBlackAmber, concoctés par la parfumerie pari-sienne Ex Voto. L’ambre aux notes de bois etrésine s’associe à la vanille et aumusc,gingembre, bois de santal et sauge. (C.S.)Le Sereno, Grand Cul de Sac, Saint-Barthé-lemy, dès 1300 fr., exvotoparis.com;serenohotels.com/property/le-sereno

2. ZenAmanemuJaponLe lieu Inspiré des traditionnelles ryokan, l’Amanemuétale ses pavillons dans le parc national d’Ise Shima,riche en eaux thermales et en sentiers de pèlerins... Lachaîne Aman (paix en sanscrit) est connue pour sesétablissements huppés et spacieux mais petits enmatière de capacité. Les 24 suites de l’Amanemudonnent sur la splendide baie d’Ago.L’esprit beauté Le spa de plus de 2000m2 com-prend deux piscines watsu d’eau thermale naturelle-ment chaude, lovées dans un jardin, et diverses sallesde soins où se cultive la philosophie Aman.La ligne Trente crèmes, lotions, sérums, masques,

huiles apaisantes composent la nouvelleligne créée pour les 30 ans du groupe Aman,en 2018. Le parfum du bois de santalimprègne l’ensemble des produits. Très zen,le design des flacons est signé de l’archi-tecte japonais Kendo Kuma, inspiré par laporcelaine japonaise. (C.S.)Amanemu, Shima-shi, dès 1400 fr. la nuit,aman.com/resorts/amanemu; shop.aman.com

5. AlchimiqueCastel FragsburgMerano (I)Le lieu Avec ses 20 suites, Castel Fragsburg est leplus petit cinq-étoiles du Haut-Adige. Trônant sur leshauteurs de Merano, immergé dans les collines, cepavillon de chasse du XVIIe siècle est en outre entouréde 10 000m2 de jardin où se niche une jolie piscine.Le nec plus ultra: les cours de yoga sur la terrasseplongeant dans les arbres, donnés par la châtelaine duCastel. Les intérieurs sont à la hauteur du paysage,boisés, baldaquinés, habités de tradition.L’esprit beauté Castel Fragsburg héberge sans doutel’unique spa alchimiste du monde. Au milieu de cetteforte nature, pourquoi s’en étonner? Dans le spa,massages, bains, soins respirent le luxe du naturel.La ligne Elaborés par l’herboriste alchimiste Renate DeMario Gamper, les sérums, eaux, huiles et élixirs de la

ligne CastellumNatura Alchemistic Beauty sontissus des plantes du coin cueillies à lamain, depoussière de pierres précieuses et d’eau delune, eau puisée les nuits de pleine lune,chargée d’énergie cosmique… (I.H.)Castel Fragsburg, Merano, Haut-Adige, dès 208 fr.la nuit, fragsburg.comPH

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7. UrbainSoho HouseNew YorkLe lieu Il n’y manque rien: bars, restaurant, bibliothè-que, salle de projection, spa, piscine. On peutmêmepartir en balade sur la High Line, ce parc suspendu quis’étire là tout près… Les chambres aménagées enboudoir et meublées de pièces disparates donnentl’impression d’être à lamaison – unemaison très new-yorkaise, avec des briques et de hauts plafonds...L’esprit beauté Le spa (Cowshed-Spa) est à l’imagede l'hôtel: accueillant (ouvert aux non-résidents) etcool. Parois de bois sombre et sièges en cuir soulignentl’originalité design du groupe Soho House. L’offrecomprend des traitements pour femmes enceintes.La ligne Les produits à base de plantes sauvages etd’huiles naturelles sont fabriqués en Angleterre, déve-

loppés, il y a vingt ans, pour un spa aménagédans une ancienne étable du Somerset (d’où lenom de Cowshed (étable)-spa)! LamarqueCowshed figure parmi les premiers labels quiont misé sur le bio et le fair trade. (C.S.)Soho House, Manhatten, dès 575 fr. la nuit,www.sohohouseny.com

9. OcéaniqueLe Grand Hôtel desThermes Saint-Malo (F)Le lieu On ne saurait être plus proche des richessesocéaniques. Monument de style Belle Epoque (1881), le5 étoiles de Saint-Malo se dresse face à l’Atlantique, lespieds dans la grande plage du Sillon. Avec 174 cham-bres, trois restaurants et un bar-salon de thé, il offrel’ambiance d’un palace tandis que le spa aligne les bas-sins (5000m2 d’eau demer) et les cabines (hydrothé-rapie, physiothérapie, soins). Immersion aquatiquegarantie… surtout quand il y a les grandesmarées.L’esprit beauté L’hôtel fait figure de leader de lathalassothérapie. De fait 27000 clients fréquentent lecentre chaque année. Les enveloppements d’algues, lesthérapies à base d’eau demer ou de limon s’imposent.La ligne Lamer constitue la base des cosmétiques desThermes. L’un des ingrédients anti-âge est l’extrait denaissain d’huîtres (larves). Les produits contiennent

tous des actifs d’originemarine etvégétale. (C.S.)Le Grand Hôtel des Thermes, Saint-Malo,dès 180 fr., le-grand-hotel-des-thermes.fr; cosmetique-thermesmarins.com

8. AyurvédiqueGiardino AsconaTessinLe lieu Flanqué d’un vaste jardin avec piscine, au borddu lacMajeur, le Giardino Ascona fait jouer le vert, lebleu, la lumière du Sud, l'air du Nord... Outre un secteurwellness, le cinq-étoiles offre depuis peu ses curesayurvédiques. Et une excellente table, le restaurantEcco, avec le chef Rolf Fliegauf (2 étoiles auMichelin).L’esprit beauté CEO avec sonmari de la petite chaîneGiardino, Daniela Frutiger est aussi assistante en phar-macie et thérapeute en beauté et wellness. En lançantson concept d’hôtel spa, elle y a associé Dipiu (de di più,plus en italien), samarque beauté fondée en 2006.La ligne Les cosmétiques Dipiu exhalent un discretparfum de raisin: c'est du merlot, et c'est le fruit d’une

collaboration avec le vigneron Meinrad C.Perler du domaine Tenimento dell’Ör. Parmiles autres composants: huiles d’olive etd’amande, miel de châtaignier... La lignes’est enrichie depuis peu d’une crème solaireet de produits pour enfants. (C.S.)Giardino Ascona, dès 480 fr. la nuit,giardino-ascona.ch; dipiu-cosmetics.ch

Des produits uniques en souvenir très spécial

Une gamme de soins exclusive ne peut querenforcer l’image d’un hôtel,dumoinsquand elle exprime l’âme de lamaison

10. NatureHotel Post BezauVorarlberg (Aut)Le lieu Il vient d’être distingué par le guide Condé Nastcomme The Best Naturaly Healthy Hideway, (lemeilleurhavre santé-nature) dans la catégorie desmeilleursspas dumonde 2019... Tout de bois, cuir, feutre, laina-ges tissésmain, l’hôtel de 58 chambres au cœur duVorarlberg (2 heures de Zurich) est dirigé par SusanneKaufmann, surnommée la «dame des plantes» dans lemilieu de la cosmétique. L’entrepreneuse, formée àl’Ecole hôtelière deGlion, a repris l’hôtel de famille en1994, et en a fait un refuge de bien-être et d’art de vivre.L’esprit beauté L’espace bien-être s’étend sur troisétages lumineux. Outre les saunas et les bassins, leshôtes ont accès à des traitements anti-âge, deméde-cine chinoise, de régénération. Les produits sont faits

maison, issus d’herbes et de plantes naturelles.La ligne Du peeling aux graines de pavot aumasque cheveux à l’huile de graines de brocoliet extrait de figue en passant par l’huile decorps au gingembre et la cure d’ampoules pourle visage, la palette est infinie. (I.H.)Hotel Post Bezau & Susanne Kaufmann Spa,dès 330 fr. la nuit, susannekaufmann.com PH

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Dans les laboratoiresdu château Mcely, enRépublique tchèque,on cultive l’héritagedes alchimistes d’antan.

L’industrie du luxe n’a qu’unmot à la bouche: l’expérience.Chaque vêtement acheté, chaquenuitée passée, relève d’uneexpérience émotionnelle uniqueque le client n’oubliera jamais. Parvocation, l’hôtellerie est un art del’éphémère. Pourtant, les maisonshaut de gamme cherchent toujoursdavantage à prolonger la relationavec leurs hôtes. Et la lignecosmétique reste un moyenprivilégié de maintenir le lien. Achaque fois qu’une lotion estouverte, les narines retrouventl’ambiance de là-bas, comme un

rappel de la signature olfactivede l’établissement.Tout l’enjeu réside dans lechoix des ingrédients. Loin desmarques de renom, maints établis-sements misent sur leur spécificité.Herboristerie locale en Républiquetchèque, algues en Bretagne... Maisl’effort de la mise en place d’unevraie collection cosmétique envaut d’autant plus la peine quandil s’agit d’une chaîne à fortepersonnalité. C’est ainsi que lesétablissements Aman viennentde se lancer sur ce créneau: «Unegamme de soins exclusive ne peut

que renforcer l’image d’un hôtel.Dumoins quand elle exprime l’âmede la maison», explique Sabine vanOmmen, responsable de commu-nication. Implantés autour dumonde, les 34 resorts sont tousdifférents, mais exhalent unmêmeesprit de paix et d’harmonie. Lescomposants, naturels voire sauva-ges, rappellent le plus précieux dechaque région: huile d’argousierdu Bhoutan, rose d’Inde, tubéreusede Bali... Le simple mortel qui neséjourne ni se ressource dans cesparadis pourra s’approvisionner enligne, sur le site.

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C royons-en le vieuxdicton, décliné sousdifférentes versions:«Toutcequi fait plaisirest soit interdit, soitimmoral, soit haute-ment calorique!» Une

chose est sûre: rouler en cabrio décapoténe fait pas grossir. Et n’est pas interdit nonplus.Dumoins pas encore.Même si, parlantd’automobile et deplaisir de conduire, onnepuisse pas garantir que cela dure. Reste laquestion de la moralité. Et là, évidemment,les avis sont partagés. Parce que ceux quiroulent en cabrio par beau temps le fontessentiellement pour leur plaisir. Et onpeutne pas aimer l’idée de se balader comme ça,en dispersant joyeusement du CO2 dans lanature et en perturbant le silence.

Mais il faut parfois savoir s’amuser unpeu. Et chacun doit juger en son âme etconsciencede ce qu’il faut faire pour préser-ver la planète et l’environnement.Uncabriosportif n’est pas aussi dommageable pourl’environnement que les gros SUV que laplupart des gensutilisent désormais pour sedéplacer. Il occasionnera surtout des dégâtsà… votre brushing.

On a cependant le sentiment que lenombre de cabrios sur nos routes diminuechaque été.Un coupd’œil à la liste des nou-veautés proposées par les constructeursvient confirmer cette impression: l’offredes cabriolets fond à vue d’œil. Peut-êtreque beaucoup se sentent exposés à desréactions agressives en roulant ainsi sanstoit et en duo, et préfèrent la haute sécuritéd’un SUV aux airs de tank. Il reste pour-

tant quelques épicuriennes et épicuriensprêts à braver les oiseaux de malheur ensillonnant la campagne cheveux au ventdurant les beaux jours. Et pour ceux-ci, laplupart aisés, et dont le cabrio est souventla seconde si ce n’est la troisième voiture,il reste malgré tout une offre de nouveauxmodèles. Cette année, les marques chicsproposent de magnifiques jouets; commeces engins ne sont pas censés servir de«voiture de tous les jours», on a pudévelop-per leur pur côté roadster, c’est-à-dire sanstoit dur et pourvues d’une simple capoteen toile. Ces dernières années, plusieursmarques ont songé à retirer le toit d’un cou-pé existant ou à le transformer en versionpliable pour faire de leur engin un cabriolet.Les toits pliants en métal ont ceci de pra-tique qu’ils conviennent à tous les tempsmais, malheureusement, ils occupentcopieusement le coffre une fois rabattus.

Rapidité et coolnessLa Porsche 911 Carrera S fait partie desplus beaux cabriolets. Avec 450 chevaux,elle accélère de 0 à 100 km/h en moins de4 secondes et sa vitesse de pointe culmine àplus de 300 km/h. Ses prix aussi culminent(dès 175 000 francs). Pour moins de lamoitié, vous pouvez acquérir le cabrio-let Porsche 718 Boxster de 300 chevauxqui, lui aussi, se laisse volontiers regar-der. La concurrence des belles sportives deStuttgart-ZUffenhausen vient de quelqueskilomètres de là: d’Affalterbach, petit villagesouabe où se trouve le siège du préparateurde Mercedes, AMG. Au salon de Genèvecette année, il a présenté le Roadster

DÉRAISONNABLES, LES CABRIOS? C’EST CERTAIN. MAIS QUEL BONHEUR! COUP D’ŒIL SUR QUELQUESSPÉCIALITÉS DÉCOIFFANTES DE CETTE NOUVELLE SAISON DE «J’ENLÈVE LE HAUT».

La Bentley ContinentalGT Convertible a unecapote escamotable

en 19 secondes et unlarge choix de coloris.

Il fautsavoirse faire plaisirTEXTE HANSPETER EGGENBERGER

Mercedes-AMGGTR qui, avec ses 585 che-vaux, son accélération de 0 à 100 km/hen 3,6 secondes et sa vitesse de pointe de317 km/hnedonne à voir auxPorsche, pour-tant rapides, que ses pots d’échappement.Il n’en sera fabriqué que 750 exemplaires,mais il existe encore trois autres versionsd’AMG GT. Avec son puissant moteur 12cylindres, la nouvelle Bentley ContinentalGT Convertible peut prétendre à des per-formances comparables. Et le «supercabrio-let» britannique offre deuxplaces arrière enprime. La nouvelle BMW Z4, un roadsterclassique, fait elle aussi bonne figure. Elleexiste en différentes motorisations et estdisponible dès 60 000 fr. environ. Et BMWlorgne aussi la catégorie supérieure avecson cabrio de Serie.

L’an prochain, de nombreuses nouveau-tés décapotables – SUV compact de VWbaptisé T-Roc Breeze, Honda NSX, LexusLC, ainsi qu’un nouveau roadster de Teslaet la Maserati Alfieri Spyder – viendrontrécompenser la patience de ceux qui aurontété d’accord d’attendre encore un peu.

Des études l’ont montré: les conduc-teurs de cabriolet sont souvent plus extra-vertis et communicatifs que l’automobilistemoyen. Celui qui roule ouvert est cool... Entout cas quand il fait beau et chaud! Où lescabriolets sont-ils le plus populaires? Aunord, là où on apprécie le moindre rayon.Ainsi Auke Schrieber peut-il écrire dansl’hebdomadaire allemand Auto Bild, qu’àHambourg, dans le nord de l’Allemagne, «lasaison des cabriolets commence dès que lethermomètre passe au-dessus de zéro etque la pluie se transforme en bruine.»

VOITURE

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DANSLE VENTEn haut: la petiteet fine BMW Z4.En bas: la rapideet racée Mercedes-AMGT GTR.

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MONTRES

Capsur la LuneCET ÉTÉ CÉLÉBRERA LE CINQUANTENAIRE DU PREMIER PAS DE L’HOMME SUR LA LUNE.

DANS SON SILLAGE, UNE MONTRE: L’OMEGA SPEEDMASTER.

Revenonsàce21 juillet del’année 1969 où l’hommemarche pour la premièrefoissur laLune.L’hommeenquestions’appelleNeilArmstrong.IlestmembredelamissionApollo11,en

compagniedeMichaelCollinsetBuzzAldrin.Un compteur électronique tombe en pannedans lemodule lunaireetNeilArmstrongdoitutiliser sa montre pour le remplacer. C’estdonc Buzz Aldrin, le second homme à poserle pied sur la Lune, qui étrennera la fameuseOmega Speedmaster Professional sur l’astre.

Ce jour-là, le monde le passe vissé devantles images en noir et blanc du petit écran– combien de ménages n’ont-ils pas achetéleur premier téléviseur pour l’occasion? – etdécouvreaccessoirementqu’unemontrepeutrésister dans l’espace, remplacer un appareildéfectueux et accompagner un petit trot surlamer de la Tranquillité. Quel choc! Quel ex-ploit! L’aventure couronne plus de dix ans derecherches horlogères, débutées en 1957 avecle lancement de la première Speedmaster.D’abord montre des aviateurs et des pilotesde l’armée américaine, la référence devienttrèsvitecelledesastronautes.En1963,WalterSchirra porte sapropreSpeedmasterCK2998lorsde lamissionMercury-Atlas8.Unanplustard, la NASA lance un appel d’offres invitantdiverses manufactures horlogères à envoyerleurs meilleurs chronographes-bracelets.Omega remporte l’épreuve. Températuresextrêmes,chocs,vibrations,gravité... laSpeed-master Professional passe tous les tests avecbrio. Dès lors, Omega devient le fournisseurofficiel du programme spatial de la NASA.Tous ceux qui ont rêvé, en lisant Tintin(Objectif LuneetOnamarché sur laLuneparusen 1953 et 1954), tombent amoureux du mo-dèle. Pourquoi? Parce qu’ils revivent ce jourmythique de juillet 1969, en portant la piècecommeun trophée de l’aventure spatiale.

Aujourd’hui, cinquante ans plus tard,Omega s’applique à célébrer cet héritage.La marque fête l’anniversaire des pre-miers pas de l’homme sur la Lune avec uneSpeedmaster limitée à 1014 pièces, dont le

design est inspiré de celui de la SpeedmasterBA145.022. Un pur collector en devenir.

Montre de secoursMais Omega est-elle la seule à avoir réussison alunissage? Pour des raisons patrio-tiques, lamarque américaineBulova est éga-lement parvenue à envoyer ses montres surla Lune,mais demanière détournée: la tracedu mouvement Accutron se retrouve dansdes instruments du vaisseau de la missionApollo 11. Buzz Aldrin et Neil Armstrongdéposèrent aussi un chrono Bulova sur lafacevisiblede l’astre, dans lebutdecontrôlerles transmissions vers la Terre. David Scott,quant à lui, admet avoir utilisé une montrede poche pour la mission Apollo 15 (1971)ainsi que leBulovaMoonPilotChronograph,lors de la dernièremission lunaire, Apollo 17(1972).Cechronographeélectroniqueservaitde plande secours en cas depannedes chro-nométreurs de bord pour la rentrée critiquedans l’atmosphère terrestre. C’est la seulemontre qui a «roulé» sur la Lune, puisquel’astronaute laportait auvolantde sonLunarRover. Lors d’une vente aux enchères en2015, elle a été adjugée à 1,62 million de dol-lars... Eh oui, s’offrir la Lune n’a pas de prix!

D’autresmarquesont jouéun rôledans laconquêtede laLune, sanspourautantyposer

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une aiguille. Le 24mai 1962, ScottCarpentera effectué trois orbites autour de la Terre àbordde lacapsuleAurora7, avecuneBreitlingNavitimer, devenue la célèbre Cosmonaute.Le 11 avril 1970, l’astronaute Jack Swigert, dela mission Apollo 13, porte deux montres:l’OmegaSpeedmaster fourniepar laNASAetsaRolexGMT-Master. Lamission est la troi-sième tentative d’atterrissage lunaire, maiselle sera annulée pour cause de rupture d’unréservoir d’oxygène dans le module de ser-vice du vaisseau. C’est le fameux: «Houston,on a un problème...» La GMT-Master aurapassé cinq jours et vingt-trois heures dansl’espace. Dans le livre The Best of Time. RolexWristwatches: An Unauthorized History, il estaffirmé qu’elle aurait servi d’instrument debordauxastronautespourparvenir à revenirsur Terre en toute sécurité.

Et demain? Le cosmos sera-t-il le terrainde jeux des horlogers? La génération qui agrandi avecGravity (2013), Interstellar (2015)et Seul sur Mars (2015) rêve de fouler lesol d’une planète lointaine. D’ici à trenteans, l’homme aura marché sur la planèterouge. Une étude canadienne évalue parailleurs le nombre de planètes habitables à200 milliards dans la galaxie. La montre dela conquête spatiale reste donc à inventer...quelque part sur la Terre.

L’Omega Speedmaster 2019 (éd.limitée à 1014 pièces) est un chronographe (42 mm) réalisé dans un al-liage inédit d’or 18K (Or Moonshine™avec le nouveau calibre Master Chronometer 3861 à remontage manuelLe Bulova Special Edition LunarPilot Chronograph fait revivre l’esthétique de la montre Apollo 15 qui a «rolé» sur la Lune. Elle est équipée d’unboîtier en acier inoxydable (45mm).

50 ans plus tard

SOUVENIRPublicité de 1963vantant la BreitlingNavitimer qui, un anplus tôt, a tournéautour de la Terre aupoignet de ScottCarpenter - 6e hommeallé dans l’espace.

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Le 21 juillet 1969, NeilArmstrong met le piedsur la Lune. L’Omega

Speedmaster faitsa sortie le même jour,

au poignet de BuzzAldrin, le 2ehomme.

TEXTE MATHILDE BINETRUY

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LE GRAND CHEF DE SAINT-TROPEZ,ÉLU MEILLEUR CUISINIER

DU MONDE CETTE ANNÉE, PARTAGESA PASSION DU TERROIR DU VAR.

Année de bouleversementpour l’un des chefs les plusétoilés de France et du...monde. Arnaud Donckele,42 ans, a été nommé N° 1

mondial pour 2019 par le magazine profes-sionnel Le Chef. La distinction impressionned’autant plus qu’elle est attribuée par votede tous les deux et trois-étoiles du GuideMichelin: la reconnaissance des pairs… Parailleurs, le restaurant La Vague d’Or, à Saint-Tropez, où le natif de Rouen officie depuisquinze ans, vient de changer de proriétaire.Il s’intègre depuis ce mois à la petite chaîneluxueuse Maison Cheval Blanc (3), auxmains du groupe de luxe LVMH.

Qu’est-ce que la nouvelle appartenanceà Cheval Blanc change pour vous?Leur philosophie d’excellence m’est trèschère. A mon sens, le luxe de demain, c’estla transmission de la joie, la sincérité d’unepassion. Cela m’a permis d’aller beaucoupplus loindans la cohérencedemadémarche:l’architecte Jean-MichelWilmottenousamis

en contact avec les meilleurs artisans. Nousavons pumettre toutes nos idées enœuvre.

Et dans l’assiette?Là, pas grand-chose! Ma cuisine repose surle travail étroitavec lesmeilleursproducteursà 100 km à la ronde: les rencontrer, valoriserleursproduitsestmonquotidienetmonplai-sir! Je pense par exemple aux vinaigres duClos Saint-Antoine à Callas (7), vieillis enfût de bois à l’extérieur, où ils sont en priseavec la pluie, le vent, le soleil…

Un plat qui résume la région?Sans hésiter: le jardin de légumes (5). Onpense toujours auxpoissons, enborddemer,mais leVar est un terroir extraordinairementriche. Rien que dans notre potager, il pousse650 variétés de légumes. Et il y a de plus enplusdeproducteurspassionnés,unpeumagi-ciens, qui proposent des produits sidérants.

Par exemple?Eh bien, il y a toujours davantage de mono-produits, commecesasperges issuesdeterres

à la juste température, chauffées naturelle-ment. Et de nouveaux élevages de lapins (2)ouvrent, avec une approche respectueuse.Le lapin, pourtant une spécialité locale, avaitpratiquement disparu.

S’il n’y avait qu’un légume?L’artichaut (1)! Je le cueille minuscule, pluspetit encoreque la versionpoivrade. Je le faissauté, avec un peu d’huile d’olive, citron etherbes. Ou rôti et un peu brûlé, caramélisé.

Un outil indispensable en cuisine?J’ai toujours besoin d’une râpe à agrumes(4), car j’adore les zestes. Et de la radio! Jeveux que toute l’équipe travaille enmusique,dans la vivacité. Du classique à l’electro, lemélange donne une approche bienveillante.

Aimez-vous Saint-Tropez, le mythe…mais aussi l’appât à jet-set?Certainement! La ville a fait d’énormes pro-grèsenmatièrederespectdesvisiteurs.Sur leport (6), onmange trèsbiendanschacundesrestaurants, avecdesproduits fraispartout.

TEXTE RENATA LIBAL

ArnaudDonckele

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