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Entre Elles 122 - Septembre 2012

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La première revue lesbienne au Québec.

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MAINTENANT EN VENTE

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Sommaire

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30 © Sanita Fejzic

18

© laradanielle

© Coey Kerr

© Angel Ceballos© Rachel Vanier

Éditorial …6

Sorties …8

Les marches des lesbiennes …10

Élections provinciales …14

Bicycle Film Festival de Montréal …16

Peaches …18

Yamantaka // Sonic Titan …22

Dossier violence conjugale ...30

Les Stay at Homo Mamas ...36

Critiques musique …38

Galerie Obispo …40

Coq Asian et café Dispatch …42

Recette …44

Vin …46

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Rédactrice en chef : Jacinthe [email protected]

Directeur Artistique :César [email protected]

Collaboratrices :Sophie Delorme, Monique Désy Proulx, Sanita Fejzic, Lise Gervais, Shawn Thompson [email protected]

Ventes :Maude Desjardins (Québec, Centre et Est du Québec)(581) 983.1083

Couverture

Photo : Coey KerrDirection artistique : Shawn ThompsonDirection de production : Jacinthe DupuisCoiffure : Sophie HaigStylisme : Alfredo Prado CaroVêtements : Alsaka : Manteau-byThomas, chapeau et chemisier-Bou-tique Lost & Found Ruby : Manteau-byThomas, chapeau et chemisier-Boutique Lost & Found

Adresse postaleC.P. 915, Succursale CMontréal, QC H2L 4V2

Entre Ellesest une division d’Elles MédiaTél. : (514) 903.5537Toute reproduction en tout ou en partie de cette publication est strictement interdite sans l’autorisation de l’auteur de l’article ou du photographe. ISSN 1709-4755

ÉDitoRiAl

Par Jacinthe Dupuis

tERRitoiRE iDEntitAiRELa présence de deux dyke marches dans la métropole a certainement généré un peu d’émotion dans la « communauté » lesbienne ces dernières semaines. Après y avoir vu une forme de compétition entre les deux organisations, j’ai fini par réaliser que cette question faisait écran à des constats beaucoup plus importants.

Lors de notre rencontre, Mylène St-Pierre se demandait pourquoi on chialait, alors « Qu’il mouille des gouines à Montréal en ce moment ». Elle a raison, il faut célébrer ce que les marches ont généré, c’est-à-dire une mobilisation, une visibilisation et une repolitisation de l’identité lesbienne, qui passe souvent inaperçue.

Il faut également célébrer, dans cette situation, le fait que les deux marches deviennent le miroir de questionnements à l’intérieur même de la communauté. Outre le choix, en soi légitime, de la Marche des lesbiennes de s’organiser de façon indépendante pour s’opposer au financement privé dont bénéfice Fierté Montréal, ce qui distingue les deux marches se trouve dans la décision d’être mixte ou non-mixte.

Comme l’explique Barbara Legault dans notre article (page 16 à 18), la non-mixité reste encore utile dans la lutte des droits de certains groupes. C’est une tactique d’organisation politique. Cette pratique est excellente, de manière ponctuelle, pour donner une visibilité momentanée dans un espace qui ne nous appartient pas. Cependant, une fois la manifestation terminée, les tacticiennes retournent « dans l’ombre », jusqu’au prochain événement.

Le succès de la Marche prouve indéniablement que cette tactique a été efficace. Mais elle a aussi fait des exclu-e-s dans la communauté et je me

demande si se marginaliser représente la véritable solution pour gagner en force politique. Je ne peux m’empêcher de penser aux manifestations étudiantes, qui ont décuplé en ampleur quand les alliés ont rejoint les manifestants dans la rue. Le mouvement est passé de ponctuel à territorial. Tout le Québec s’en est trouvé concerné parce que toutes les personnes touchées de près ou de loin ont uni leur voix à celles des étudiants. C’est devenu notre lutte à tous.

En entrevue, l’artiste Coral Short, qui a participé à la marche des femmes LGBT avec son armée de trous (Hole-Y Army), m’a expliqué l’importance de la mixité d’une dyke march. Elle y voit une façon de déstructurer la notion d’identité sexuelle et sexuée et celle du désir, qui deviennent elles aussi de plus en plus diversifiées. C’est à partir de cette idée qu’elle a créé son armée de trous, afin que tous, quelle que soit leur identité ou leurs désirs se sentent bienvenus. « C’est notre place à tous », disait-elle.

Pour ma part, je salue l’initiative des deux organisations d’avoir organisé de tels événements. Il était temps. Leur succès témoigne de leur importance tant pour le Québec que pour les lesbiennes. Je suis surtout ravie que ces deux marches aient ouvert la porte à des réflexions sur l’identité lesbienne et sur le sens du mot communauté, une notion que l’on utilise beaucoup et que l’on questionne peu.

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22 septembre 21h

La voix profonde et quasi-incantatoire de la chanteuse Katie Stelmanis fera vibrer les murs du Cercle, alors que le trio torontois visitera la vieille Capitale pour une soirée d’électro-pop sombre et intense, qui vous donnera soit envie de danser, soit de vous livrer à quelques rituels de sorcellerie. Depuis la sortie de leur premier album, Feel it Break, en 2011, et du EP Sparkle ce groupe de filles ne cesse de séduire les foules et les critiques à travers le monde et a même été nominé pour le prix Polaris en 2011 (finalement remporté par Arcade Fire). La ville de Québec sera le seul arrêt dans la province du groupe et de la blonde chanteuse, formée en chant d’opéra.

30 Septembre 21h

La formation américaine est présentement en tournée suite au lancement de son dernier opus, A Joyful Noise, un album beaucoup plus pop que les précédents. Beth Ditto et Gossip sera donc de passage à Montréal pour enflammer les planches de L’Olympia avec leur musique accrocheuse aux sonorités disco-punk et une présence scénique qui à elle seule vaut le déplacement. Excentrique, fière et décomplexée, la chanteuse, qui a annoncé son mariage avec Kristin Otega, dit être à la recherche de la robe de mariée convenant à sa taille voluptueuse. L’icône lesbienne a également déclaré récemment au magazine allemand Ticket qu’elle commence à accepter de fait d’être un modèle pour les jeunes LGBT et dit maintenant prendre ce rôle de plus en plus au sérieux.

30 septembre 9h

Venez marcher avec la fondation Farha, qui célèbre son vingtième anniversaire cette année, et avec Sida bénévoles de Montréal, qui soulignent quant à eux 25 ans de services et de collectivité. Pour l’édition 2012, l’organisme souhaite amasser 25 000$ et vous invite donc à vous joindre à la marche, de façon individuelle ou collective. Vous pouvez également d’organiser une collecte de fond et faire don des recettes à Sida bénévoles de Montréal. Votre garde-robe déborde de vêtements que vous ne portez plus? Organisez une vente de garage! Vous faites les meilleurs brownies au nord du plateau Mont-Royal? Vendez-les au bureau! C’est le moment d’être créatif tout en donnant à une cause. Vous voulez faire plus? Contactez Erika Jahn à [email protected].

Austra @ le Cercle (Québec) Gossip @ l’olympiaÇa marche @ Sida bénévoles de Montréal

{ }SoRtiES

© NormanWong

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MARChES lESbiEnnES

PolitiQuE

{ }

DEux MARChESMAiS PAS DEux SolituDES

Cet été, Montréal a vécu un événement sans précédent, en voyant en une même semaine non pas un, mais deux cortèges de les-biennes manifester dans ses rues. Le collectif derrière la Marche des lesbiennes et l’organisatrice de la Marche des femmes LGBT (organisée par Fierté Montréal) ont souhaité envahir les rues avec des valeurs différentes, mais animées d’un même désir, celui de rendre visibles les lesbiennes et de repolitiser leur identité.

« Ce qui m’énerve, c’est qu’il y a une économie de politique qui se produit. On se plaint du fait qu’il y a deux marches, mais il pleut des lesbiennes en ce moment à Montréal, on mobilise plein de monde, il y a une grande visibilité », dit Mylène St-Pierre d’un ton franc, lorsqu’on aborde les questionnements qui ont fait suite à l’annonce presque simultanée des deux marches lesbiennes dans la métropole.

Si le collectif de la Marche des lesbiennes a des réserves quant à Fierté Montréal et ses valeurs, il ne peut nier lui non plus l’importance de ce genre de démonstration. « On se réjouit de toutes celles qui

vont participer à l’une ou l’autre des marches. On trouve que, comme lesbiennes, c’est extrêmement positif de prendre la rue et de se donner de la visi-bilité. Peu importe le contexte, ça fait avancer les choses » explique Barbara, porte-parole du collectif.

Entre nous ou avec nos alliés ?Ainsi, alors que la marche de la Fierté s’est annon-

cée inclusive « pour rejoindre le plus de gens pos-sible », on a imposé une règle de non-mixité du côté du collectif de la marche radicale, ce qui était primor-dial pour embrasser les visées politiques de l’événe-ment. « Les lesbiennes sont dans toutes les sphères

de la vie, mais elles restent pratiquement invisibles. Pour la première fois dans l’histoire du Québec, on voulait prendre ce moment pour rendre visibles les lesbiennes », dit Barbara, en précisant que leur définition de « lesbienne » est très large et qu’elle comprend toutes les personnes qui se reconnaissent comme telles.

« La non-mixité a été utile à certains groupes. Il y a des lieux non mixtes qui se créent pour de bonnes raisons et on croit que si l’on veut rendre visibles les lesbiennes, on doit organiser un événement par et pour elles », renchérit Barbara.

Par Jacinthe Dupuis

Le collectif à l’origine de la Marche des lesbiennes © Rachel Vanier

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Avec la marche radicale, le politique prime et s’inscrit dans la lignée d’un mouvement lesbien his-torique américain. « On fait la marche dans l’esprit des Lesbian Avengers, pour se réapproprier un lieu, se donner une visibilité et une identité, pour créer un événement à notre image et nous montrer dans toutes nos facettes », enchaîne Barbara.

Ces différentes facettes de la communauté les-bienne, Mylène les voit aussi, mais sous un autre jour. Elle s’est même informée dans les différentes Dyke Marches au Canada anglais et aux États-Unis afin de questionner les organisatrices, soulignant que l’importance de l’inclusion est ressortie plu-sieurs fois.

L’inclusion était également très importante pour Coral Short, une artiste queer qui a participé à la marche LGBT avec son armée de trous (Hole-Y Army), un projet artistique participatif constitué de plus de cent trous, qui seront portés par les par-ticipants et participantes. « À New York, certaines personnes ont cessé d’aller à la Dyke March parce qu’elles ne se sentaient pas bienvenues (en raison de leur identité ou leur apparence). Alors, une amie de Brooklyn et moi-même, nous avons commencé ce projet pour que tout le monde se sente accueilli. Pour nous, c’est essentiel d’agir ainsi. Faire la police des genres, c’est mélangeant. Si tu crois avoir une raison d’être ici, c’est suffisant », dit-elle.

La Fierté, une grosse machineLe collectif de la marche des lesbiennes, qui est

antihiérarchique et surtout bénévole, souhaitait non seulement se distinguer de la marche organisée sous la bannière de Fierté Montréal, il souhaitait aussi s’en détacher, afin de montrer son opposition à la structure même de l’organisme responsable de la fête arc-en-ciel. Le collectif s’insurge notamment contre le financement privé dont bénéficie Fierté Montréal.

« Pourquoi TD et Pfizer s’intéressent à la commu-nauté gaie ? Parce qu’il y a beaucoup d’argent chez

les gais. Tant mieux, mais pourquoi les gars gais sont-ils beaucoup plus riches que les femmes les-biennes ? Parce qu’on vit dans une société patriar-cale et qu’il y a une répartition inégale des richesses entre les hommes et les femmes », explique vindi-cativement Barbara. « On est très critique envers Fierté Montréal, qui travaille avec ce genre de com-pagnie et accepte de l’argent sale, bourré de mau-vaises intentions ».

En tant qu’employée de Fierté Montréal, Mylène St-Pierre ne partage évidemment pas cette vision, mais elle n’est pas naïve non plus. Elle reconnaît qu’elle travaille dans une organisation dirigée par deux hommes gais et blancs. « On ne va pas se le cacher, il y a une structure hiérarchique, mais si on dépasse la théorie de base, j’ai quand même beaucoup de pouvoir à l’intérieur de la Fierté », explique celle à qui l’on a donné carte blanche pour son événement. Elle précise également qu’elle est

animée d’un désir de donner une bonne place aux lesbiennes au sein des événements de la Fierté.

Et même si sa marche revêt un aspect très com-munautaire (les commanditaires de Fierté Montréal ne participaient pas à l’événement) et moins radical, elle voit un côté politique à son existence au sein de la Fierté. « C’est une marche de femmes dans un monde d’hommes. Il ne faut pas le minimiser. C’est comme si on avait décidé ce jour-là d’infiltrer une boîte mâle. Cet événement-là va être médiatisé et va donner une voix à certaines personnes qui n’en avaient pas nécessairement une auparavant dans la Fierté ».

Il ne reste qu’à souhaiter que ce grand vacarme de voix, émergeant de deux mouvements qui se rassemblent dans un désir de politiser l’identité les-bienne, résonne encore dans la tête des gens, une fois les marcheuses rentrées chez elles.

Les trous (Hole-Y Army) ont défilé à Montréal le 18 août dernier.

MARChES lESbiEnnES

PolitiQuE

Debout pour reconnaître la diversité

serge roydans taschereau

alain tremblay, agent officiel De Québec soliDaire / photo : charlie nguyen

danielbreton.org

2000, rue Amherst (angle Ontario)Montréal (Québec) H2L 3L9Tél. : 514 461-2049

LOCAL ÉLECTORAL :

Soutien �nancier réel et adéquat au plan national de lutte à l’homophobietel qu’identi�é par les organismes concernés

Plan de relance de la prévention des ITSS et du VIH/Sida et soutien �nancier aux organismes prenant en charge les personnes atteintes

Abolition de la hausse des frais de scolarité et abrogation de la loi 12 (projet de loi 78)

Plus d’aide pour contrer l’itinérance, faciliter la réinsertion sociale et économique des plus précarisés de nos citoyens et développer plus de logements sociaux et communautaires

Un plan de transport actif et collectif digne du 21e siècle

Un Québec écologique, plus innovateur et énergétiquement indépendant via le projet Maîtres chez nous - phase 2

Un milieu de vie plus vert (accès au �euve) et plus sécuritaire

Faire du Québec un pays!

Le mardi 4 septembre, je choisis

dans Sainte-Marie-Saint-JacquesDaniel Breton

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Capsules vidéos sur

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ÉlÉCtionS

ChAntAl lonGPRÉ (Coalition avenir Québec)

Où ? Repentigny – Nouvelle circonscriptionQui ? Chantal Longpré possède une grande expérience

dans le domaine de l’éducation. Première femme nommée à la présidence de la Fédération québé-coise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) de juillet 2008 à juin 2012, elle est devenue l’an passé vice-présidente de la Fondation Jasmin Roy, organisme qui lutte contre l’intimidation (notamment l’homophobie) dans les établissements scolaires.

Contexte ? On la disait proche de la CAQ, elle l’a confirmé en se lançant, à 47 ans, dans l’arène politique québécoise. Chantal Longpré aura fort à faire dans une nouvelle circonscription où se présente également Scott McKay (PQ), député de L’Assomption. Sa volonté d’en finir avec les commissions scolaires pour « redonner le pou-voir » aux écoles et aux parents ne plaît pas à tout le monde. Son engagement contre toute sorte de discrimination et de harcèlement à l’école ne fait en revanche aucun doute.

VÉRoniQuE hiVon (Parti Québécois)

Où? JolietteQui? Véronique Hivon est élue à l’Assemblée natio-

nale depuis 2008 et est porte-parole de l’oppo-sition officielle en matière de justice depuis 2009. Celle qu’on a décrite comme une étoile montante détient un bac en droit et une maîtrise à la London School of Economics et a été atta-chée politique et directrice adjointe du ministre de la Justice de même qu’avocat-conseil en droit constitutionnel, en relations intergouvernemen-tales et en administration de la justice.

Contexte? On la dit discrète, mais la députée a pourtant fait une intervention fort remarquée (et publié sur YouTube) dans le débat sur le projet de la loi 78, où elle a attaqué une par une les dispositions du projet. La députée n’hé-site pas à monter au front pour défendre les droits et libertés et elle est également à l’ori-gine de la commission parlementaire Mourir dans la dignité.

AnGèS MAltAiS (Parti Québécois)

Où? TaschereauQui? Agnès Maltais est députée de Taschereau de-

puis 1998. Première femme à être ouvertement lesbienne à l’Assemblée nationale, elle est pré-sidente du caucus officiel et porte-parole du PQ pour la région de la Capitale nationale depuis 2003, de même que porte-parole de l’opposi-tion officielle en matière de santé depuis 2010.

Contexte? L’élection n’est pas gagnée pour la dé-putée qui se présente dans une circonscription fraîchement redécoupée. De plus, la politicienne de 56 ans devra affronter Clément Gignac, ac-tuellement ministre des Ressources naturelles et de la Faune. En 2011, Agnès Maltais a marrainé le projet de loi 204, visant à protéger l’entente entre la Ville de Québec et Quebecor sur la ges-tion du futur amphithéâtre de Québec. Ce projet avait créé une énorme dissension dans le parti et avait entraîné la démission de quatre députés importants.

{ }lES fEMMES Aux ÉlECtionS

Dans le cadre des Élections 2012, Entre Elles vous présente six candidates de partout au Québec qui touchent de près ou de loin dans leur programme des enjeux chers aux communautés LGBTQ. Votez pour qui vous voulez, mais, de grâce, votez!

Par la rédaction

MAnon MASSÉ (Québec Solidaire)

Où ? Sainte-Marie-Saint-Jacques.Qui ? Son parcours de 30 ans dans le milieu

communautaire est notamment marqué par la marche « Du Pain et des Roses » en 1995, la marche mondiale des femmes contre la pauvreté en 2000 et la participation à la Flottille pour la Liberté II, pour contrer le blocus de Gaza… et protester contre les vio-lations des droits des femmes commises par le Hamas.

Contexte ? Cofondatrice de son parti, cette féministe lesbienne représente pour la qua-trième fois consécutive cette circonscription qui inclut le Village, et elle entend porter les thèmes des conditions des LGBTQ, du loge-ment social et du renforcement du système de santé publique. Même si sa figure est main-tenant reconnue par ses électeurs, la bataille s’annonce difficile dans ce fief péquiste, où le militant écologiste Daniel Breton tentera de succéder à Martin Lemay.

DjEMilA bEnhAbib (Parti québécois)

Où ? Trois-RivièresQui ? Née en Ukraine d’un père algérien et

d’une mère chypriote grecque, Djemila Ben-habib est une citoyenne du monde. Après une enfance en Algérie (Oran), elle et sa famille s’exilent en France. À la fin des années 90, la jeune femme arrive au Québec comme réfugiée politique. Elle se spécialise dans la physique puis les sciences politiques, travaille au Parlement canadien. Elle se fait surtout connaître grâce à son premier livre, Ma vie à contre Coran.

Contexte? Alliée évidente des militants LGBTQ pour son engagement contre le conservatisme religieux, on pouvait s’attendre à ce que les débuts sur la scène politique de l’intellectuelle de 40 ans ne soient pas de tout repos. Confir-mation avec la polémique autour du crucifix à l’Assemblée nationale et les attaques du maire de Saguenay. Sa possible victoire promet des débats enflammés autour de la laïcité.

MARGuERitE blAiS (Parti libéral québécois)

Où ? Saint-Henri–Saint-AnneQui ? Députée depuis 2007, Marguerite Blais est

une figure à part au sein du PLQ. Ancienne jour-naliste et animatrice à la télévision, la ministre responsable des Aînés a longtemps travaillé dans le milieu social, s’intéressant notamment aux sourds. En tant que membre du gouverne-ment, elle a su apparaître comme homosympa en finançant l’initiative « Pour que vieillir soit gai », projet de la Fondation Émergence pour améliorer le sort des lesbiennes et des gais dans les maisons de retraite.

Contexte ? Celle qui a été décrite comme l’une rares « colombes » du gouvernement Charest au moment de la grève étudiante et du vote de la Loi 78 est loin d’avoir gagné la partie dans sa circonscription. Selon les derniers sondages, elle devance de quelques dixièmes seulement la péquiste (et ancienne actrice) Sophie Stanké. Sa défaite serait symbolique sur un territoire libéral depuis plusieurs décennies.

© Parti QuébecoisDocument remis Document remis Document remis © Bérenger Zyla© Parti Québecois

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{ }

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SilEnCE, on RoulE!

filMS Et VÉlo

Plusieurs connaissent Marissa Plamondon-Lu comme copropriétaire de Bikurious, la boutique de vélo queer et alternative de la rue Amherst. Pourtant, elle est également, —depuis trois ans, — l’organisatrice du Bicycle Film Festival (BFF) de Montréal, événement présenté les 31 août et 1er septembre, un festival de film où l’art et le vélo roulent en tandem.

« C’est un événement cycliste uniquement axé sur le plaisir, on n’y lutte pas pour les droits. Ce n’est pas revendicateur, c’est un mélange de choses que j’adore : la photographie, le cinéma, la mode, et tout ça passe par un regard cycliste », dit Marissa, qui se consacre à ce projet en dehors de ses heures de travail.

Étalé sur deux jours, le festival projette tant des films d’animation et des films artisanaux ainsi que des productions à gros budget (le réalisateur Spike Jonze y a présenté deux films). Ce ne sont pas non plus des films de sport, mais plutôt des courts métrages artistiques où le vélo est présent. « Il y a autant de styles de films qu’il y a de sortes de bicy-clettes ! », précise Marissa. « C’est vraiment une

représentation de la diversité du monde du vélo et la qualité des productions est excellente ».

Pour la jeune entrepreneure, le vélo est une « merveille de la mécanique », mais il est beau-coup plus que ça. Elle accorde à l’engin à deux roues une valeur poétique très puissante, reliée au sentiment d’autonomie et de liberté que l’on éprouve en montant en selle. « C’est pour moi l’essence du cyclisme et la raison pour laquelle je crois que tant de personnes aiment le vélo. On peut se dire “je fais ça toute seule et je n’ai besoin de personne”. Alors que dans la vie, on n’a pas toujours l’occasion de s’affirmer autant », explique celle qui est véritablement tombée amoureuse du vélo il y a cinq ans.

Le BFF, qui célèbre toutes ses facettes du cy-clisme, est aussi une occasion de découvrir les liens forts qui unissent une communauté passionnée et rassembleuse, dont les membres se rejoignent dans leur intérêt commun et dans le plaisir qu’ils retirent à avancer, un coup de pédale à la fois.

Infiltrer un monde masculinCette communauté — dont parle Marissa avec

tant d’affection — a également la particularité d’être très queer, contrairement au milieu com-mercial du cyclisme, qui est plutôt masculin. « Il y a dans le monde environ 11 boutiques de vélo qui sont tenues exclusivement par des femmes », explique-t-elle. « À Montréal, je crois que nous sommes la seule ».

Par Jacinthe Dupuis

Malgré tout, et sans vouloir féminiser le fes-tival, l’organisatrice porte une attention par-ticulière aux films faits par des femmes, parce qu’elle y voit un intérêt grandissant. « L’an dernier, 30 % des films étaient produits ou réalisés par des femmes ». Il n’y en aura pas autant cette année (puisque cela dépend aussi des soumissions), mais les spectatrices pourront entre autres découvrir un film sur des femmes en BMX, de même qu’un film sur Georgena Terry, cette ingénieure qui a créé le premier modèle de cadres de vélos spécifiquement conçus pour des femmes.

« Selon la bande-annonce, la première fois qu’elle a proposé son idée, les gens lui ont dit qu’une femme ne dépenserait jamais 500 $ pour un vélo… et c’est un préjugé qui per-siste », explique Marissa. Ainsi, la propriétaire de Bikurious reçoit souvent parfois des clients qui veulent acheter un vélo à cadre bas pour leur copine. « Or, si les femmes ne portent pas de robe, c’est inutile. Et puis, les filles aussi veulent être performantes sur deux roues », dit-elle avant d’ajouter qu’elle aimerait faire un film sur les femmes mécaniciennes ou propriétaires de boutiques.

Le fait que Marissa soit à la tête du festival est un avantage pour Montréal, parce que la foule est inévitablement plus féminine qu’ailleurs. « J’invite mes amies, qui invitent les leurs, donc il y a beau-coup de filles, mais ça reste un monde assez mas-culin. Il faut faire avec. Pourtant, il y a manifeste-ment un intérêt grandissant pour le vélo chez les femmes ».

Pour Marissa, au-delà de la division des sexes, c’est le caractère universel du vélo surtout dans son rapport à l’être humain que l’on découvre à travers ces films. « Les gens racontent leur histoire en par-lant de leur vélo et de la connexion qu’ils ont avec cet appareil. Même si on n’est pas cycliste, on peut tous être touchés par l’histoire de quelqu’un qui a un lien très fort avec quelque chose », conclut-elle en souriant, visiblement satisfaite de sa dernière réflexion.

fEStiVAl

© Bicycle Film Festival

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PoP MontRÉAl

fEStiVAl

{ }Du touPEt DEPuiS DouzE AnS

Véritable icône internationale, la chanteuse, musicienne, DJ, artiste performative, réalisatrice, actrice et maintenant chanteuse d’opéra, Peaches, sera de passage à Montréal pour la première fois en trois ans. Elle vient présenter son spectacle Peaches DJ Extravaganza aux côtés de Venus X, une DJ à la tête de soirées queer très en vogue à New York, dans le cadre de POP Montréal, le 20 septembre prochain.

Peaches a été la figure de proue canadienne du mouvement musical (de très courte durée) du début des années 2000 de l’électroclash - ou « électro-crap » comme elle l’a satirisé elle-même. Merrill Beth Nisker de son vrai nom, Torontoise résidant à Berlin depuis maintenant 12 ans, fait des vagues depuis, eh bien, 12 ans. Sa signature? Ses tenues comprenant le plus souvent du rose, des brillants, une variation sur le thème du mohawk, ainsi que ses chansons sexuel-lement chargées qui n’ont jamais tenu compte des normes traditionnelles des genres.

Peaches, dans une autre vie enseignait à des enfants. Aujourd’hui, ses textes sont au programme d’études féministes et études des genres en Amé-rique du Nord et en Allemagne.

Entre Elles l’a rejointe à son domicile berlinois.

Entre Elles. Vous avez débuté votre carrière en tant que Peaches alors que vous étiez déjà dans la trentaine. Aujourd’hui, on dirait que les chanteurs commencent de plus en plus jeunes. Est-ce moi ou est-ce que l’industrie musicale a des tendances un peu pédophiles?

Peaches. Ça n’a pas toujours été ainsi ? Peut-être que je suis juste vieille, mais pensez aux débuts de Britney Spears ou d’Avril Lavigne…

Entre Elles. Oui, mais Bruce Springsteen peut être vieux et continuer de tourner, alors que Madonna ne peut être sur une scène sans que quelqu’un lui suggère de prendre sa retraite. P. Je sais, c’est ridicule. Il faut donc qu’il y ait davan-tage de femmes plus âgées et je crois que c’est ce qui se passe en ce moment. On doit continuer à faire ce que l’on fait et ne pas se retirer. Plus nous le rendons habituel, plus difficile se sera pour les gens de signaler ça comme quelque chose de mal et de différent.

Entre Elles. Une philosophie que vous semblez appliquer à votre propre vie. Après toutes ses années à faire ce que vous voulez bien faire, sentez-vous que les gens sont plus facilement ou plus difficilement eux-mêmes?P. Rires. Je ne connais pas tout le monde, mais les gens devraient prendre le temps pour connaître qui ils sont ou qui ils ont vraiment besoin de devenir,

à l’intérieur. De cette façon, ils éviteraient beau-coup de problèmes. Je crois que c’est pour cela que toutes ces atrocités horribles surviennent, comme les groupes religieux. Je n’ai rien contre les gens religieux, mais les groupes organisés — ou les nations, les préférences sexuelles —, qui dictent des choses à obéir, c’est de la merde. C’est tout simplement basé sur de la peur, alors nous devons vraiment savoir qui nous sommes. Ce n’est pas de l’agressivité envers ces groupes, c’est seulement qu’il y aurait moins d’agressions, justement, si les gens se connaissaient eux-mêmes.

Entre Elles. À propos de la religion, vous avez été élevé dans le judaïsme, vous avez appris l’Hébreu à l’école… Est-ce que le judaïsme est encore pertinent dans votre vie aujourd’hui?P. C’est pertinent dans la mesure où ça m’a tout de suite mise dans une position de minorité. J’aurais été athée et ça aurait été la même chose, mais ça te donne un peu de perspective, de la même manière que les Canadiens en ont sur les Américains. Je dirais même que les Canadiens francophones ont encore plus de perspective étant francophones en Amérique du Nord.

Par Shawn Thompson

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PoP MontRÉAl

fEStiVAl

Entre Elles. Et avez-vous eu des réactions bizarres en ayant des origines juives par rap-port à votre choix de vous établir à Berlin?P. Ma famille est venue ici et a ensuite réalisé que Berlin est un endroit magique. Bien que je ne m’intéresse pas vraiment au reste de l’Allemagne, Berlin est une ville très intéressante. D’ailleurs, les Allemands de ma génération connaissent tous des chansons en Hébreu parce qu’ils les ont appris à l’école, mais aujourd’hui, c’est le conflit Israélo-Pa-lestinien… Il a toujours été compliqué d’être qui que ce soit. Rires.

Entre Elles. Ironiquement, vous êtes égale-

ment dans une relation hétérosexuelle de longue date et la réaction des communautés gaies n’a pas toujours été très… ouverte en l’apprenant.P. Oh, je de m’en formalise pas. S’ils sont déçus, j’en suis désolée. C’est dommage parce que j’ai trouvé quelqu’un avec qui je peux être celle que je veux et celle que j’ai besoin d’être et c’est réci-proque. C’est dommage et je m’en fous mainte-nant.

Entre Elles. Le matériel de vos chansons a toujours été très sexualisé, très queer dans sa représentation des différents genres, et les

communautés gaies se sont fortement identi-fiées à votre travail. Quelle est votre relation à cette communauté?P. Cette communauté a habituellement une longueur d’avance parce que ses individus ont dû se remettre en question très tôt. Cette sexualité les a mis dans une position de différence – comme les canadiens, les juifs ou n’importe – et ils ont dû remettre en ques-tion l’autorité et tout le reste. C’est ce questionne-ment qui te donne une longueur d’avance.

Entre Elles. Et finalement porterez-vous votre robe de seins à Montréal?P. Oh oui, j’amène mes seins ! Rires.

© Angel Ceballos

ALAIN TREMBLAY, AGENT OFFICIEL DE QUÉBEC SOLIDAIRE

MANON MASSÉCandidate dans Sainte-Marie-Saint-Jacques

DEBOUT POURNOTRE COMMUNAUTÉ

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{ }SonDER lE RituEl

MoDE + MuSiQuE

Par Shawn Thompson

Photos : Coey KerrDirection artistique : Shawn thompson

Direction de production : jacinthe DupuisCoiffure : Sophie haig

Stylisme : Alfredo Prado Caro

Alaska : Manteau et chemisier-byThomas, bijoux-fournis par le stylisteRuby : Manteau et chemisier-by Thomas, collier-Aries & Leander

Yamantaka//Sonic Titan a le vent dans les voiles. Le premier album studio de ce collectif artistique musical fondée en 2007 avec un pied à Toronto et l’autre à Montréal, a été acclamé par la critique (cote Pitchfork de 8,2 sur 10) et le groupe est en liste pour le Polaris, un prestigieux prix canadien de musique, aux côtés notamment de Grimes et Feist.

Dirigée par deux les Canadiennes Alaska B, d’ori-gine irlandaise chinoise et Ruby Kato Attwood, d’origine japonaise écossaise, le groupe sera à POP Montréal le 21 septembre prochain, pour présenter leur opéra « 33 » dans le décor rococo-baroque du théâtre Rialto.

Entre Elles leur a proposé aux deux musiciennes, qui se démarquent par leurs costumes de scène

et leurs maquillages, de jouer les mannequins le temps d’une séance de photo mode (avec les vête-ments de la designer montréalaise byThomas), que vous pouvez voir dans ces pages.

Opéra rock et dragDivisé en trois actes de 11 minutes chacun et

suivi d’un spectacle de musique de la formation, l’opéra « 33 » raconte l’histoire de deux drag

queens ; une vedette vieillissante et une autre, plus jeune et jalouse de la première, le tout se déroulant dans un bar gai appelé le « Club 33 », situé sur une planète aux confins de l’univers Yamantaka //Sonic Titan.

Le tout se déroule en trois temps, soit à 27, à 30 et à 33 ans, des chiffres importants dans une perspective symboliste, qu’elle soit numérologique,

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24

Ruby : Haut-byTomas

bouddhique ou chrétienne. Cet « opéra drag » met aussi en scène des danseurs, des performeurs, du lip synch et bien sûr YT//ST (Alaska à la batterie et Ruby à la voix).

Musicalement, Alaska et Ruby écrivent des « opéras rock » où l’on entend un peu de progres-sif, un peu de métal, du punk, de l’opéra, du pop et du country. Défiant les genres, YT//ST a créé sa propre étiquette : le « noh-wave », qui honore les racines asiatiques des artistes (le théâtre nô) et le mouvement expérimental (no wave), pour critiquer les étiquetages qui divisent les genres musicaux.

« Yamantaka, c’est comme une blonde que nous fréquentons tous, qui est très capricieuse et qui a besoin de beaucoup pour être heureuse », dit Ruby. « Oui, c’est une bitch », enchaîne Alaska en riant.

Avoir l’œil Seuls le noir et blanc, le rouge et les couleurs

métalliques prennent part à l’esthétique de YT//ST, et l’opéra « 33 » n’y échappe pas.

« C’est pour maîtriser l’aspect visuel, pour en faire un monde. C’est aussi à propos de la polarisa-tion des idées, on simplifie les choses jusqu’à cette formule absurde », explique Ruby. « Et pour nous, le fait de revenir au noir et blanc, ça donne la sensa-tion d’un texte sur une page ; ça rend le fantastique réel et le réel fantastique », renchérit Alaska.

Pas étonnant que les deux membres fondatrices se soient rencontrées à l’université Concordia dans un programme d’art visuel. C’est là qu’elles ont dé-veloppé cette esthétique bien à elles, avec diverses installations et prestations musicales. « Les profes-seurs nous disaient : ce n’est pas de l’art visuel ça, c’est de la musique ! », se rappelle Ruby.

Aujourd’hui, leurs décors, leurs projections visuelles, leurs costumes de scène et leurs masques en peinture complètent les fresques musicales.

« À l’origine, nous écrivions de nouvelles chan-sons pour chaque spectacle, mais avec ces nou-velles installations artistiques complètement folles, c’était trop épuisant. Plus récemment, dans notre travail, on a allié le son au visuel de façon inextri-cable. Bref, nous sommes un collectif d’art qui sait comment être un groupe rock, alors nous jouons le groupe rock pour la performance en tant que groupe rock », ajoute Alaska en riant.

Les deux filles voient leurs prestations comme une sorte de rituel qui inclut une notion de spiri-tualité. L’histoire de la musique et l’histoire de l’art peuvent témoigner en leur faveur. Ruby explique que le fait d’aller voir un spectacle de musique, dans nos sociétés, est en réalité un grand rituel culturel régi par des lois précises et internalisées, qui dictent le comportement de la foule (applaudir, huer, demander un rappel), ainsi que l’espace sacré des exécutants (la scène).

« C’est comme ce gars qui m’a demandé ré-cemment mes préférences pour les autres groupes qui portent aussi du maquillage sur scène. Je lui ai répondu que je ne savais pas ! En fait, tout le monde que je connais étend au moins une couche de quelque chose sur son visage, que ce soit pour la scène ou pour aller faire l’épicerie. Ce qui im-porte, c’est que s’il n’y avait rien de captivant, les gens resteraient chez eux à écouter leur iPod », dit Ruby.

Perspective bouddhisteEmbrassant toutes deux le bouddhisme, Ruby et

Alaska ne peuvent pas créer en dehors de cette fa-

çon de voir la vie. Est-ce que cela rend leur musique différente ?

« Oui et non, répond Alaska. Herbie Hancock était bouddhiste, Tina Turner aussi, et ils faisaient des mantras avec leurs collègues avant de monter sur scène. Tout ce que ça fait, c’est de te rendre conscient du fait que tu es dans une salle avec plein d’autres gens ».

« Mais quand tu réalises que tu es en train de jouer d’un instrument et que tu te dis : “Oh mon dieu, je joue du piano !”, eh bien, c’est là que tout fout le camp parce que tu veux bien le faire. C’est ça, le moment le plus important. Ce n’est pas quand tu joues sans le réaliser, c’est quand tu en prends conscience. C’est un peu comme ça que devrait être la vie tout entière », ajoute-t-elle.

« Oui, la vie c’est cette oscillation entre conscience et inconscience de soi, et on doit tou-jours revenir de l’oubli », dit Ruby.

Plusieurs spectateurs ont dit à YT//ST qu’ils avaient vécu des expériences spirituelles pendant certaines de leurs chansons, mais les deux filles ne s’attendent à rien quant à cette réaction. Pour elles, il est tout à fait normal que ce ne soit pas tout le monde qui souhaite se rattacher à cette facette de leur musique.

« Et il y a aussi plein de gens qui regardent leurs téléphones durant nos spectacles ! », s’exclame Ruby.

« Et d’autres qui font des trucs de yoga bizarres. Et d’autres encore qui nous crient : “Ching Chong”, ajoute Alaska. Mais au fond, je suis plus une punk du bouddhisme qu’une punk bouddhiste. »

Amen, ma sœur !

MoDE + MuSiQuE

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Alaska : Manteau-byThomas, chapeau et chemisier-Boutique Lost & Found Ruby : Manteau- Isabel Prado Caro, robe-H&M, bijoux- Aries & Leander

MoDE + MuSiQuE

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Alaska : Manteau-Thani Phatal, Shorts et chaussures-Boutique Lost & FoundRuby : Manteau- Isabel Prado Caro, robe-H&M, bijoux- Aries & Leander

MoDE + MuSiQuE

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{ }Tu fais à déjeuner à ta blonde. Elle trouve les œufs trop salés. La fois suivante, ils sont trop poivrés. Tu t’habilles bien et vous sortez, enfin, mais elle te trouve ridicule, et toi tu as honte. Tu veux voir tes amis, elle veut que tu restes à la maison. « Tes parents ne sont pas gentils » « Tu n’as pas ramassé la vaisselle » « Où vas-tu ? » « Regarde dans quel état tu me mets ? » « À qui parles-tu ? »…

Par Shawn Thompson

Karol O’Brien, intervenante et cofondatrice du Centre de solidarité lesbienne, rappelle que la vio-lence augmente toujours de façon inversement pro-portionnelle à l’estime. « Et s’il n’y a plus d’estime, il n’y a plus de confiance non plus. Après des mois et des années, la moindre petite chose t’anéantit complètement. Tu penses : “C’est vrai ce qu’elle dit”. Tu finis par croire qu’effectivement, tu ne sais pas conduire, tu n’es pas une bonne mère, tu n’es bonne à rien », explique-t-elle.

Basé à Montréal, le CSL est le seul organisme autonome au pays à travailler spécifiquement sur la violence conjugale chez les lesbiennes. Offrant des groupes de soutien pour les victimes comme pour les agresseures, les intervenantes voient de près les ravages causés par les relations violentes. Le plus grand défi de la communauté, selon O’Brien ? En parler.

Problème socialOn estime que près du quart des couples de

lesbiennes vivent de la violence conjugale, soit un pourcentage qui équivaut à la violence conju-gale vécue par les femmes hétérosexuelles. Les lesbiennes seraient donc aussi violentes que les hommes ? Pas nécessairement. Il faut comprendre qu’en fait, il est impossible de déterminer de façon précise le nombre de cas de violence chez les les-biennes pour la simple et bonne raison qu’on ne sait même pas combien il y a de lesbiennes au Québec.

Françoise Guay est étudiante au doctorat et chargée de cours en sociologie à l’Université de Montréal. Elle axe son travail sur la violence des femmes, lesbiennes incluses. Pour elle, la violence conjugale chez les lesbiennes est devenue un véri-table problème social au cours des années 80. Le mouvement des femmes s’essoufflait. Mené par de nombreuses lesbiennes, il présentait des enjeux qui étaient ceux de la communauté gaie, pourtant déci-mée par le virus du sida.

Ironiquement, comme l’explique la sociologue, la violence chez les lesbiennes a rapidement été acceptée et reconnue par la population générale,

puisqu’il subsistait dans l’inconscient collectif une vieille représentation des lesbiennes datant des années 50, celle de femmes issues de milieux po-pulaires, très garçonnes et batailleuses. De l’autre côté, la communauté hésitait alors entre dénoncer ce qui paraissait inacceptable et se dévoiler comme étant « pas mieux que les hétéros ».

Une grande famille, pas beaucoup de membres Aujourd’hui, pour vraiment comprendre le pro-

blème, il faut se pencher sur les particularités de la communauté lesbienne. Bref, connaître nos pro-blèmes bien à nous…

« On dit qu’on est à six degrés du pape ? Eh bien, on est toujours au plus à six degrés de l’ex de sa blonde et vice versa (peut-être même moins !). Tout le monde se connaît. Ça veut dire que ton agresseure sort peut-être maintenant avec l’ex de ton ex. Est-ce qu’on dit quelque chose ou on ne dit rien ? », demande O’Brien.

À cette situation s’arrime l’invisibilité lesbienne, non seulement dans la violence conjugale, mais aussi dans la société en général, comme l’explique O’Brien. Les lesbiennes sont invisibles dans le sys-tème, dans les services, dans tout. La conséquence de ça : tu ne sais jamais comment tu vas être reçue si tu vas chercher de l’aide. Est-ce que tu le dis ou pas, que tu es lesbienne ?

Inégales égalités Être dans un couple lesbien, ça veut aussi dire

qu’il n’y a pas d’homme, et s’il n’y a pas d’homme, c’est qu’il n’y a pas de violence puisque ce sont eux qui sont violents… Cette équation mentale est très répandue dans la population et, surtout, elle se fait inconsciemment.

« Chez les lesbiennes, il n’y a pas de hiérarchie de départ, mais dans les couples où la violence règne, il se crée une dynamique de pouvoir, ou alors ce sont les deux qui se battent. D’habitude, c’est

© laradanielle

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ViolEnCE ConjuGAlE

DoSSiER4126, rue St-Denis, Bureau 301Montréal, QC H2W 2M5T. [email protected]

www.solidaritelesbienne.qc.ca

plutôt une des deux qui installe cette dynamique-là. L’autre y réagit, agressivement ou non », dit Françoise Guay.

Plus combatives, les lesbiennes ? « Oui, répond O’Brien, elles se défendent plus que les femmes hétéros. C’est probablement une question de gran-deur et de poids, tout simplement. Ce sont souvent des gestes d’autodéfense. Lorsque des policiers voient deux femmes blessées et l’agresseure af-firme que c’est l’autre qui l’a attaquée, ils ne savent pas quoi faire et ils embarquent tout le monde. Il y a des plaintes croisées et la victime est affolée, parce qu’elle se retrouve alors accusée de voie de fait ».

Quand le noyau devient nœud « - Qu’est que ça fait, une lesbienne sur une

deuxième date ?

- Ça loue un U-Haul ! »

Voilà le fameux cliché des lesbiennes qui, dès qu’elles sont en couple, emménagent ensemble, s’achètent un animal de compagnie, parlent au « nous » et disparaissent de la carte… jusqu’à la très dramatique séparation qui les attend. Pourquoi la blague fait-elle encore rire ? Tout simplement parce que ce n’est pas si loin de la réalité…

« Ça se peut que la dynamique fusionnelle soit propre aux lesbiennes. Les femmes hétéros ont leur mari, mais en plus, elles ont toutes leurs chums de filles. C’est important parce qu’on se comprend, et le gars aussi a ses chums de gars. Les deux ont cha-cun leur monde à eux. Quand c’est trop fusionnel, ça m’inquiète », dit Françoise Guay.

Selon O’Brien, les lesbiennes restent souvent plus longtemps dans une relation de violence parce que le couple est au centre de leur vie, surtout si leurs relations familiales ont été tendues.

L’empathie, un trait féminin ? Un autre aspect qui pourrait enliser ou faire durer

une relation violente est cette bonne vieille empa-thie, un trait qui a souvent été relégué comme étant l’affaire des femmes.

« Parmi les filles que j’ai rencontrées, certaines avaient de la pitié pour la fille qui les avait agres-sées. Elles essayaient de la comprendre, de voir ce qui n’allait pas chez elle. Et ça ne les aidait pas. Le fait d’essayer de comprendre l’autre faisait en sorte que l’autre continuait. D’ailleurs, il y a probable-ment une dynamique semblable dans les couples hétéros », dit Françoise Guay.

Pistes de solution Comment s’en sortir, comme personne et comme

communauté ? Chose certaine, aujourd’hui il est beaucoup plus facile qu’auparavant de se rensei-gner sur la violence conjugale chez les lesbiennes, notamment avec Internet et grâce à la (trop mince) documentation qu’on trouve sur le sujet.

Il est aussi important de comprendre qu’il existe plusieurs types de violence, et ça ne passe pas tou-jours par les coups de poing. Cela prend le plus

souvent la forme d’une violence verbale, sexuelle, financière et psychologique.

Depuis près de 20 ans, la sociologue Irene Zeilinger anime des formations en autodéfense féministe. Elle a créé Garance, un organisme basé en Belgique et qui vise à rendre les femmes moins vulnérables à la violence et à la prévenir en travail-lant l’estime de soi.

Avec l’autodéfense féministe, on enseigne sur-tout aux femmes à connaître leurs limites et à savoir quand elles ne sont pas respectées. Cette approche leur permet de se défendre non seulement en si-tuation de violence physique, mais aussi dans les formes plus pernicieuses de la violence psycholo-gique. La preuve ? « Statistiquement, les partici-pantes en autodéfense vivent moins d’agressions », écrit la chercheure dans une entrevue électronique.

Évidemment, l’autodéfense n’est pas le seul moyen de s’en sortir, mais le consensus est sans équivoque : il faut parler de la violence pour agir sur elle.

© European Parliament

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1erchoix

MARiE MARtinE bÉDARD « Pas besoin d’avoir 17 ans pour tomber dans le panneau. J’en suis la

preuve. Ce n’est pas ma première relation lesbienne, mais c’est ma pre-mière relation de violence ».

« Il n’y a pas eu beaucoup de violence physique, mais beaucoup d’intimidation, de harcèlement, de violence verbale, de jalousie extrême et de domination. Quand la violence physique est arrivée, c’était devant mes enfants. Je lui ai dit que si elle ne faisait rien pour corriger le tir, je partais. Elle a entrepris des démarches, mais ça n’a rien changé ».

« Les cycles de violence raccourcissaient. Cc’était d’abord la lune de miel, puis la montée de tension et, enfin, l’explosion. C’étaient des cycles d’un mois environ qui sont devenus des cycles de 24 heures ».

« C’était extrêmement violent de recevoir sa jalousie excessive et les histoires inventées dans sa tête. Tu ne peux pas te défendre, tu ne peux rien dire. Recevoir un coup, ce n’est pas drôle, mais c’est clair. Tout le reste fait que tu doutes toi-même de ton propre jugement ».

« Je suis en train d’en sortir. Je vais au CSL. Ce n’est pas évident. Ça a l’air con, mais j’ai déjà eu des expériences de drogues fortes, et tout ça me paraît un peu semblable. Ce que je vis avec mon couple, c’est comme un sevrage. Il y a des matins où je me suis réveillée et je tremblais, juste parce que je n’étais plus sur le cortisol et l’adrénaline. Ce n’est pas la violence qu’on va chercher, c’est plutôt la personne. Et comme on est habituées de vivre en état de crise, le corps crée un conflit s’il n’y en a pas, parce qu’onil est en manque. Ainsi, jJe devrais être contente quand je ne suis pas en sa présence, et pourtant, elle me manque. Il y a toujours une partie de moi qui croit à ses excuses, à ses compliments, à ses promesses ».

{ }Témoignages

SiMonE*« C’était la première fois que je me rendais là, la première relation où ça arrivait.

Celle d’avant, nous nous chicanions à peine. La jalousie n’avait aucun sens pour moi, parce que dans ma tête, ça devait être : “Je t’aime, donc je tiens à toi” ».

« Ça a commencé par de la violence verbale, et lentement, c’est devenu pire, jusqu’à notre dernière bataille qui a été très violente et dans laquelle j’ai pris part. J’en prends toute la responsabilité et je n’en suis pas fière, mais avant, c’était plus moi la victime. C’est étrange, parce que je ne me vois pas comme une victime. Et qui veut se voir ainsi ? J’ai été dans le déni longtemps et j’excusais tout ce qu’elle faisait ».

« Il y a pourtant eu dès le début des signes précurseurs, mais je n’ai rien fait ».

« Je suis devenue dysfonctionnelle, tout en a été affecté et ça m’a mise dans un état de dépression. Au roller derby, j’étais une leader, mais je ne pouvais plus assurer mon rôle. J’aurais aimé que les gens le reconnaissent, le comprennent et le prennent au sérieux. »

« Peu importe qui frappe, homme ou femme, c’est le même sentiment de honte et de haine de soi qui survient. Je pensais que la violence chez les lesbiennes, c’était une blague. Et maintenant, je sais que c’est vrai et je sais comment ça se passe ».

« C’est un cercle vicieux ; plus ton estime de soi diminue, plus il est difficile de mettre ses limites et plus tu acceptes des formes de violence que tu n’acceptes nulle part ailleurs dans ta vie ».

de continuer, sans se perdre soi-même, de la l’autreIci, l« Avec ce qui s’est passé, c’est difficile permettre à cette partie de toi qui veut prendre soin de quelqu’un de continuer d’exister, sans qu’on se perde soi-même. L’équilibre est vraiment le mot clé ».

* Le nom a été changé à la demande de la personne qui a témoigné.

© European Parliament© Joseba Barrenetxea Altuna

ViolEnCE ConjuGAlE

DoSSiER

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{ }un GRouPE PAS CoMME lES AutRES

Lancé sur Facebook comme un collectif informel de mères lesbiennes, le groupe des Stay at Homos Mamas réunit maintenant des amies qui se rencontrent chaque semaine, poupons au bras.

« Je pense que c’est Holly qui a créé un groupe Facebook pour les familles LGBTQ d’Ottawa », dit Dawn Moore, maman du petit Cowen. « Au départ, il y avait aussi des personnes qui voulaient devenir parents et qui avaient besoin d’info. À l’époque, j’étais à la maison avec mon fils, qui avait deux mois. J’ai écrit un message pour voir s’il y avait d’autres personnes dans ma situation qui voulaient socialiser. »

Phil et quelques autres mamans ont répondu à l’appel et ont décidé de se donner rendez-vous dans un café. « Nos bébés ont presque le même âge », explique Moore. « C’est parti de là. Les bébés ont grandi et on a commencé à faire d’autres activités, car les cafés ne re-présentaient pas un lieu assez convivial pour nous. »

Cette semaine, elles se rencontrent chez Philana Dollin, dans la Petite Italie. S’il pleut, comme au-jourd’hui, elles restent à l’intérieur et discutent. La maison est parée de tous les dispositifs de sécurité possibles et leur salon s’est transformé en terrain de jeu pour bambins : balles, doudous, xylophones et délicieux livres aux pages cartonnées, pour ceux et celles qui font leurs dents.

Les mère parlent, les enfants jouent« De belles amitiés et un bon soutien commu-

nautaire sont nés de ce groupe », ajoute Moore. « En gros, on parle d’allaitement et de caca. Main-tenant, c’est la marche à quatre pattes, la poussée des dents, la garderie et nos belles-mères ».

À ces mots, le groupe de maman se met à rire tandis que les bébés s’occupent avec leurs jouets. Aujourd’hui, c’est la première fois que Beth Thompson, sa partenaire Kari English et leur fils Brock participent à une réunion des Stay at Homos.

La réalité des mères lesbiennes« C’est super, dit Beth, on a la possibilité de dis-

cuter avec d’autres mamans. » Pour elle, le fait que ce soit un groupe homo fut le point d’attraction. « Je ne pense pas qu’on aurait été aussi à l’aise avec un groupe hétéro », ajoute-t-elle.

« Depuis que les enfants ont commencé à bou-ger, on ne pouvait pas rester dans les cafés, donc on vient chez moi ou chez Dawn » dit Philana Dollin, maman de la mignonne Neta Lively. « Sinon, on va au parc ou à la piscine. »

Dawn a une grande propriété en dehors de la ville et les femmes aiment se retrouver dans la

nature (les lesbiennes n’échappent pas à la culture d’Ottawa !).

Elle raconte : « Les bébés gazouillent pendant que les femmes discutent. Elles parlent de la garde-rie et d’un deuxième enfant. Étant moi-même mère d’un petit garçon de 18 mois, j’ai admis en vouloir un deuxième un jour, mais n’étant pas celle qui a porté le premier, ce sera à mon tour la prochaine fois. J’ai exprimé mon anxiété à ce sujet et presque aussitôt, une vague de sympathie a émergé dans le groupe. »

Le soutien et l’esprit bon vivant du groupe m’ont séduite et je suis restée jusqu’à la fin. Mon fils n’était même pas là. Je me suis donc mise à jouer avec la petite Neta et à rêver d’avoir une fille.

Cela m’a donné envie de revenir et de pas-ser du temps avec ma famille devant un café pour discuter en bonne compagnie. Et lorsque la conversation tournera (comme aujourd’hui) aux joies de l’accouchement, je me boucherai les oreilles.

Pour rencontrer les Stay at Homos ou pour en savoir plus, voici le groupe Facebook où tout a com-mencé : Ottawa LGBTQ Families.

Par Sanita Fejzic

lES StAy At hoMoS D’ottAwA :

Dawn Moore et Cowen © SanitaFejzic

SoCiÉtÉ

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To Lie With(Indépendant)

Diplômée en musique Jazz à l’université Concordia, Hogan, originaire de l’île de Vancouver, n’a pas perdu de temps pour sortir son premier album studio. Réalisé par Tyler Fitzmaurice, les dix titres surprennent tout d’abord par leur impeccable production. La basse de Shaun Ryan et la batterie de Evan Tighe s’accordent parfaitement avec les mélodies R&B, néo-soul et jazzé de la chanteuse et de son Wurlitzer. Par contre, plutôt que de visi-ter autant d’octaves, Hogan pourrait mettre plus à profit les registres où sa voix s’exprime avec toutes les nuances dont elle est capable. Somme toute, c’est un début impressionnant. En parallèle, l’artiste travaille aussi sur un projet solo d’électronique et de hip-hop expérimental sous le nom de Hua Li. Le premier mix tape est prévu pour cet automne.

PEGGy hoGAnliAnnE lA hAVAS lAEtitiA SADiER

Is Your Love Big Enough?(Nonesuch Records)

Voici une jeune Anglaise dont vous n’avez pas fini d’entendre parler. Après avoir signé avec le géant Warner en 2010, la multi-instrumentiste est restée dans l’ombre pour perfectionner son art avant la parution de quelques EP, qui lui vaudront une nomi-nation au BBC Sound of 2012 et des tournées avec Paloma Faith et Bon Iver. La musicienne d’à peine 23 ans est désormais mûre pour son premier album stu-dio, co-écrit et réalisé par Matt Hales (de la formation Aqualung), qui mélange magnifiquement bien le folk, la soul et le jazz sur de touchantes mélodies. Avec un pied dans le monde plus adulte du jazz et l’autre dans celui des remix branchés (comme celui très bon des producteurs américains Soul Clap), elle saura séduire toutes les tranches d’âge. Ne la manquez pas au Belmont le 13 septembre prochain à Montréal.

Silencio(Drag City)

L’ex-chanteuse et musicienne de l’influente for-mation post-rock anglaise Stereolab nous revient avec le deuxième album de sa carrière solo. Connue pour ses textes à teneur politique (de gauche), avec Silencio, Sadier nous offre de la musique intelligente et critique de la société, sur fond de guitares, tam-bours et sons électroniques. Ses pièces, chantées en anglais et en français (sa langue maternelle), écorchent tantôt le système monétaire, tantôt la classe dirigeante, en vue de faire taire le bourdon-nement incessant de la folie capitaliste, qu’elle voit comme une entrave à notre interconnectivité. Bref, une trame sonore parfaite en ces temps de crise so-ciale. Sadier sera à POP Montréal, le 19 septembre prochain avec Cate Le Bon en première partie, à la Fédération Ukrainienne.

Shawn Thompson

CRitiQuES CD

MuSiQuE{ }

facebook.com/boutiqueserotiqueromance

Tickets and V.I.P Passesare available in all

Romance boutiques.

SIDEWALK SALESROMANCE MONT-ROYAL

AUGUST 31st TO SEPTEMBER 2nd, 2012

picture: Robert Gilbert model: Rosalie Lemay

August 30th to September 3rd, 2012

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14, Pont Viau StreetLaval (Quebec) 450-669-6169 (Metro Cartier)

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obiSPo

DÉCo

La boutique est ouverte depuis le début février, même si la vitrine n’est pas encore tout à fait placée. L’ambiance n’en reste pas moins conviviale, douce et axée sur l’amour de l’art. Les amateurs trouveront certainement un tableau à fixer à leurs murs.

Obispo est né de la passion de Christine Sénécal et Vitor Camara pour les peintures. Ces deux ama-teurs ont fait de leur rêve d’ouvrir une boutique une réalité.

Psychothérapeute de profession, Christine Séné-cal a souvent vu sa passion se heurter à des bar-rières pécuniaires lorsqu’elle voulait trouver un tableau à exposer sur un des murs de son apparte-ment. Déterminée à trouver une œuvre abordable, ses recherches lui ont finalement fait découvrir des artistes moins connus, mais tout aussi brillants. C’est de cette expérience qu’a germé l’idée du concept de sa nouvelle boutique.

Les artistes locaux mis en avant« Nous voulons promouvoir des artistes de la

rue, des personnes bourrées de talent qui sont, malheureusement, moins connues, confirme-t-elle. En même temps, nous souhaitons tout autant offrir des tableaux à un prix abordable, accessible à tous les amoureux de l’art, peu importe leur budget ».

La plupart des tableaux présents à la boutique de la rue Amherst (plus précisément entre Maisonneuve et Ontario) sont issus d’un coup de foudre qu’ont eu les fondateurs d’Obispo alors qu’ils étaient en voyage. « Parmi eux, certains proviennent de la République do-minicaine, d’Hawaii et de Cuba. On trouve également des œuvres d’artistes québécois qui désirent être ex-posés. Il faut en tout cas que j’aime ce qu’ils font, c’est très important pour moi », affirme Christine Sénécal.

Obispo devrait accueillir bientôt en son sein une petite galerie exposant spécifiquement des œuvres

d’artistes locaux. Bref, la rue Amherst, avec ses nombreuses boutiques de meubles vintage, pos-sède dorénavant un nouvel atout.

Obispo1667 rue Amherst (Montréal)514.564.3921obispo1667.com

{ }unE nouVEllE boutiQuE D’ARt

DAnS lE VillAGEPar Monique Désy Proulx

On retrouve peu de lieux de ce genre dans le quartier gai montréalais. Offrant des tableaux inédits d’artistes inconnus mais talen-tueux, Obispo, ouverte depuis le début février, se pose comme une vitrine où se mélangent beauté et accessibilité.

© César Ochoa

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GAStRonoMiE

Vous avez envie d’un pique-nique au parc, d’un brunch au lit ou d’un lunch rapide sans bouger de votre bureau ? Depuis quelque temps, Coq Asian vous livre à vélo un sandwich vietnamien frais (banh mi) et un café glacé de Dispatch Coffee, une nouvelle entre-prise de café-mobile.

« En revenant d’un voyage au Vietnam, nous voulions ouvrir un restaurant asiatique, mais les choses ne débloquaient pas », explique Tom en coupant les carottes à mariner. Lui et son ami Taylor ont donc créé leur petite affaire. Trois jours par semaine, la cuisine de leur appartement est envahie de baguettes croustillantes (fabriquées sur place), de viandes, de pâtés, de bouillons épicés et d’herbes parfumées, tous bios et de première qua-lité qui servent à la confection des banh mi livrés du vendredi au dimanche, de 12h à 17h.

Les sandwichs qu’ils offrent changent d’ingré-dients, mais celui du brunch contient toujours un œuf, qui prend différentes formes selon l’inspiration du moment. Ce matin, j’ai trouvé dans le mien une mince omelette au sésame et à l’échalote, des bou-lettes de viande juteuses, des légumes fermentés, quelques branches de coriandre et des piments, savoureusement piquants.

« Nous essayons de ne pas ‘bâtardiser’ les prin-cipes de la cuisine vietnamienne, mais nous n’avons pas les mêmes ingrédients alors c’est difficile de la reproduire parfaitement. En même temps, nous cuisi-nons depuis tellement longtemps, je crois qu’on s’en rapproche », dit Tom, en me tendant le deuxième item de mon brunch, une brioche Coq-roti, petit pain moelleux et sucré, garni d’une croûte au café.

Un succulent partenariatDepuis peu, les deux chefs sont associés avec

Dispatch Coffee, un projet de Chrissy Durcak, an-cienne barista extraordinaire du café Névé, main-tenant établie au Sardine. La jeune entrepreneure planche sur son entreprise de café-mobile qui servi-rait du café de qualité.

« À l’origine, les garçons m’ont demandé du café vietnamien (très fort et amer, mélangé à du lait condensé), mais je trouvais que le lait condensé

atténuait les arômes de mon café, qui a un goût très délicat alors j’ai adapté le projet en créant une recette de lait légèrement sucrée », explique Chrissy, qui prépare elle-même son concentré de café à froid, pour en extraire plus de saveur.

En attendant de mettre sur la route son café-mo-bile à la fin septembre, la barista travaille à parfaire ses recettes, fournit Coq Asian avec sa délicieuse mixture servie dans de petits pots Masson et en livre elle-même à vélo un peu partout sur le pla-teau. Une fois le camion prêt, Dispatch fera la livrai-son de café, chaud et froid, en grains ou concentré, à votre domicile ou à votre bureau.

Coq Asianfacebook.com/coqasian

Café Dispatch Coffeedispatchcoffee.ca

{ }CAfÉ Et SAnDwiCh RoulEnt

juSQu’à VouS !Par Jacinthe Dupuis

MEnuS PlAiSiRS

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Crevettes brésiliennes(recette) Préparation de l’appareil à crevette

• Faire un roux: dorer la farine et le beurre à feu doux, ensuite ajouter vin blanc. Faire refroidir.• Dans un cul de poule: (éléments froids) crème, oeufs, Cayenne, poivre, sel, Dijon.• Incorporer les éléments froids graduellement au roux refroidi (pour ne pas cuire les jaunes

d’oeufs).• Bien mélanger jusqu’à consistance lisse.• Ajuster les assaisonnements.• Réserver

• Poêler la noix de coco non sucrée avec du beurre.• Ajouter les oignons finement hachés et de l’ail.• Laisser caraméliser les oignons avant d’ajouter les crevettes.• Faites cuire vos crevettes, salez et poivrez.• À feu vif, déglacer vos crevettes avec une lichette de cachaça (eau-de-vie brésilienne).• Verser l’appareil sur les crevettes cuites, ajouter du zeste de citron et du gros poivre noir

du moulin.

{ }

CREVEttES bRÉSiliEnnESSilex Bistro du Monde

Ingrédients

Appareil à crevette (voir à droite)• 2 à 3 jaunes d’œufs• 1 à 2 c. à thé de Dijon• 250 ml de crème 35 % ou 15 %• 250 g de beurre• demi-tasse de farine• 400 à 450 ml de vin blanc• Poivre, gros sel, cayenne

• Cachaça (eau-de-vie)• Crevettes non cuites• Noix de coco non sucrée• Oignons hachés finement• Ail ( 2 gousses)• Beurre• Zeste de citron et poivre fraîchement moulu

RECEttEMEnuS PlAiSiRS

© Sébastien Roy

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Le Domaine Prieur est situé à Meursault, char-mant petit village de Bourgogne. Si vous passez par là, arrêtez-vous et prenez le temps de boire un verre de meursault en terrasse dans l’un des bis-tros de l’endroit. Avec sa vieille église, son l’hôtel de ville au toit en tuiles colorées et ses vignes en coteaux : vous en aurez plein la vue!

Avec sa générosité habituelle, Nadine Gublin nous a accueillies chaleureusement, ma compagne de voyage et moi, et nous a guidées à travers la visite du domaine. Elle nous a parlé de l’élabora-tion des vins blancs et des vins rouges; des carac-téristiques des différents terroirs, des particularités des millésimes récents et elle nous a préparé une dégustation de dix grands vins. Je ne parlerai ici que des vins du Domaine Jacques Prieur que vous pouvez trouver actuellement à la SAQ.

De la Côte de Beaune, le Beaune premier cru Champs-Pimont 2009 (10294188 – 55,75 $). Du pi-not noir comme je les aime! Des fruits rouges, de fins tannins bien enrobés, une bouche pleine de saveurs. Puissant et aérien en même temps. Également, le Meursault Clos Mazeray 2009 (10295244 – 61,25 $), un vin blanc élaboré avec du chardonnay, cépage des grands vins blancs de Bourgogne. Une belle couleur jaune or, un nez de beurre et de noisette, une pointe d’herbe fraîche. Une bouche suave et grasse.

De la Côte de Nuit, le Clos de Vougeot grand cru 2009 (11550403 – 172,50 $) pas à la portée de toutes les bourses, je vous l’accorde. Grand

vin pour grande occasion! Un peu jeune pour le moment, des tannins assez fermes, qui s’assoupli-ront avec le temps. Un petit côté terreux en bouche. Tout y est, tannins, fruits à profusion, mais le temps doit fondre l’ensemble.

Le Domaine Prieur possède aussi un clos dans le Beaujolais. Je vous invite à goûter à l’excellent Le Clos du Moulin-à-Vent (11536492 – 31,75 $). Un vin élaboré à 100 % de gamay (cépage du Beaujo-lais). Un vin à la couleur profonde, au nez de mûre, de poivre, de sang de boeuf, de menthe et de basi-

lic. Un compagnon parfait pour les viandes grillées. Vraiment excellent!

Nadine Gublin aime beaucoup le Québec et y vient régulièrement. Espérons qu’elle sera des nôtres lors de La grande dégustation de Montréal, qui se tiendra du 8 au 10 novembre au Palais des Congrès de Montréal 2012. Si elle y est, n’hésitez pas à aller lui parler, et ce, même si vous ne connais-sez pas beaucoup les vins! Elle saura vous guider au cours de la dégustation de ses magnifiques crus. C’est l’occasion rêvée de goûter de grands vins!

© Paula Loe

ChRoniQuE Vin

MEnuS PlAiSiRS

REnContRE AVEC nADinE GublinLors de mes vacances en France, j’ai eu la chance de rencontrer madame Nadine Gublin, œnologue émérite et passionnée, au Domaine Jacques Prieur, en Bourgogne.

• Magnifique piscine avec vue sur le lac• Centre nautique avec canot, kayak et superbe quai pour la détente au soleil• Centre de yoga pour vous ressourcer• Le Bistro Caribou pour tous vos repas, en chalet ou au resto• Aire réservée aux feux de camps pour les histoires de fins de soirée!

Venez découvrir le tout nouveau Club de la Pointe!

En suite ou en chalet, Côté Nord Tremblant est le le site idéal pour une escapade entre amis, un week-end en amoureux ou une vacance en famille! Contactez-nous pour planifier votre prochaine visite.

[email protected] | 1 888 268.3667

LE LUXE... AU [email protected]

Par Sophie Delorme

© Sophie Delorme

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de Michel Marc Bouchardmise en scène Serge denoncourtavec catherine Bégin céline Bonnier david Boutin éric Bruneau louiSe cardinal Jean-FrançoiS caSaBonne Mathieu handField roBert lalonde Magalie lépine-Blondeau gaBriel SaBourintnm.qc.ca ≥ dèS le 13 noveMBre

une présentation

en aBonneMent dèS Maintenant ≥ Billets en vente dès le 23 octoBre