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Entretien avec la toile GEDEØN David GALON

Entretien avec la toile

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Voyage interieur d'un créateur d'image

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Entretien avec la toile

GEDEØN David GALON

Entretien avec la toileGEDEØN David GALON

AVANT PROPOS

J’ai trainé mon baluchon de port en port trop souvent, j’ai traîné ma carcasse sur les mers des caraïbes trop longtemps, pour ne pas en garder des traces. C’est marqué en profondeur et les paquets de mer n’ont jamais aidé à cautériser les plaies que les félines ont laissées sur ma peau, pour se venger du jeune con insolent et rêveur que j’étais.

20 ans après il ne reste de leurs coups de griffes que des visages flous que je ne cesse de peindre. Le souvenir de ces doux moments passés au creux de leurs parfums chaud et capiteux, comme l’est le soleil sous leurs grands yeux noirs. Mais …

Qu’est-ce que les marins cherchent sur les mers si ce n’est un port où accoster ? Juste le temps de rêver pour mieux repartir, plein de la chaleur de ces histoires qu’ils racontent, à la douce oreille qui est là, la tête posée sur notre poitrine. Et elle qui se demande si l’on va disparaître, si on repartira chercher au-delà de l’horizon ce que l’on a déjà entre les mains…

Si elle savait qu’il suffit d’allumer un feu sur la côte pour que l’on vienne s’échouer au creux de ses bras, elle ne se poserait pas autant de questions ...

Partir pour provoquer le manque et lui revenir sans cesse, toujours amoureux.

GEDEØN

OUTSIDE

Photos de la team 4’eyes.

Laurent JouasCatherine Tizon

www.facebook.com/clikcat.eyes

L’écho de la raison transperce le vide sin-gulier d’un espoir lointain, d’un horizon aux bords éphémères. Qui n’est que le reflet d’un visage inconnu et tellement familier.

Atome dissocié de ses électrons, vide de sens et unique en soi, frôlant l’astre froid d’une peau qui s’échappe sous le soleil, sous l’assaut des bulles salées de l’adver-sité.

L’écume charmante de sa traine enveloppe mon rocher d’un halo persistant. Immobile. Intemporel, inconnu du vivant, face à face avec son ombre, je reste muet. Espérant que des flots elle surgisse, vêtue de son ar-mure de sentiments, armée d’humour, elle m’arrache à mon exil volontaire. Naïade d’une légende oubliée, fille de l’océan, elle trace mon lendemain d’un bat-tement de cils, sur les grains de la plage où je ne mets jamais les pieds....

‘Racontons nous, avec nos maux, le bonheur de jouer nos vies sur l’océan de nos silences.’

Juillet 2013 Collage pointe de la Varde (35)

Je dessine ce que j’endure, des petites morts, des blessures.Je trace ma peur, ce manque d’amour, mes kilomètres de vie trop vite passésC’est toujours sur ce que je ne pourrais pas te dire, ne pourrais pas vivre ou retenir.

C’est toujours l’enfer, qui me pousse à jeter vos yeux sur du papierJ’encre comme je miaule, sous la lune, c’est dans la nuit que je trempe ma plumeJ’esquisse l’abcès, J’esquisse ton absence, J’esquisse la pluie, pas les sourires.

Il faut qu’elle ne soit pas là, pour la peindre, lui écrire « ne me quitte pas » , sur ces murs.

On ne peint pas la chance qu’on a, pas de dessin d’amour quand on en a.

Voilà pourquoi,toi,

je ne te peindrais pas.

Miniac sous Becherel, La tannerie, Aout 2013

Dissimulé à la haie de mes craintesCaresse de mes sabot

L’âme tendre Mon existence platonique

Poursuite d’affectivesVoltiges aériennes

Egarement passagerCharges sans lendemain

Ciel inconstant Courage s’évanouissantNuage d’ignorance ...

Mais il suffit qu’un rayon éclaire ta bouche, qu’un vol saison-nier de paupière tende vers moi le fil de l’arachnide pour que

des fleurs poussent sur mon front.

Mes armes j’abaisse.

De ton étreinte cueille ma folie de tes mains.

Bécherel, Jardin du Thabor, Aout 2013

Certaines nuits sont impossibles. Celle ci l’est.

D’un rêve qui démarre sur un souvenir ludique et finit derrière un ver-rou. Saupoudré de vision de bonheur, de plaisir tactile, de sourire qui ap-

partiennent à d’autre visages.

Oui j’ai posé mes doigts sur sa chair blanche.Oui j’éprouvais à ce moment là les même sensations.

Oui j’ai vu son sourire. Oui je l’ai aimé et apprécié ce moment.

Oui j’en rêve encore.

Mais je n’ai aucun plaisir au reveil, juste un souvenir, un moment qui ne se reproduira plus. Pourtant ce souvenir est gravé au fond de moi, comme

l’est son sourire. Et si je baisse la garde il vient me ronger ...

Reste ce que tu es, ne viens plus me hanter, continue ton chemin vers d’autres et laisse moi en paix !

INSIDE

L’atelier de GEDEØNPeinture Acrylique

12 rue Chateaubriand35270 Combourg

www.facebook.com/gedeon.d.galonwww.galond.com

Les râles des tambours urbains battent avec lourdeur, la

vibration cérébral, qui se fixe en couleur sur l’envers de

ma voile, dans mon être silencieux, à l’écume écarlate, ma rai-

son envoûtée se perd sur des sentiers marins. Horizon lointain

à atteindre. eau fraîche trop longtemps attendue. Survie irréelle.

Le silence m’abandonne et sous l’éclat déchiré de la voûte, le

clapot chante son nom. Il me murmure la douceur du grain de

son bras, mon ivresse, son regard marin. Notre fragile équi-

libre. Peu de réconfort dans le vide apprivoisé des nuit sans

bruits.Aucune déesse, nulle dévotion n’accompagne cette diva-

gation. Juste l’essentielle éclat qui illumine les recoins de ma

coquille pensive.

Ce soir je pourrais faire comme les autres soirs. Tirer le rideau sur

l’horizon de la lucarne, et faire briller ce soleil artificiel accroché à mon

plafond.

Mais non ... Pas envie.

Ce soir je laisse entrer la nuit et ses excès dans l’étuve frontale de ma pen-

sée. Elle y retrouvera au creux du labyrinthe, ces joyaux qui me font vivre

et exister. Elle se laissera porter par tous vos parfums et glissera sur votre

peau.

Ce soir je m’enivre d’elle, et respirerais à son rythme. Elle me fera chavirer

sur le reflet de ses yeux incrustés dans mes pupilles. Ce soir égoïstement

j’abuse des rondeurs, je ne vous demande pas votre autorisation, je me

sers, et elle se défendra en insérant cette céphalée qui me tiendra éveillé

une nuit de plus.

Ce soir je l’aime

Encore une nuit ou le tic-tac du temps se sera tue pour suivre la cour-be d’une ligne décrite par le bout de mes pinceaux. tout ce que je

suis s’est disloqué au contact de la peau de cette toile blanche, sans voix. Plaisir éphémère, superficiel et indispensable qui prend vie du bout de mes doigts.

Rêve ancien et inaccessible pour une étoile que l’on irait chercher à la force de ses bras. Laissant à chaque pas, bien plus que sa vie sous le re-gard d’une lune bienveillante qui vous souris.

Raison pesante qui nous retiens ici bas et nous oblige à tendre les bras vers ce ciel. Vers cet horizon lointain baigné dans un dégradé de gris où la lumière se cache dans le noir des cils. Et qui détourne la tête de peur de la perdre.

Et il suffit d’un mot, d’un sourire pour que tout se remette en place que l’étoile devienne soleil au creux des bras. Que la nuit illumine l’horizon de mille couleurs, et que les regards se croisent.

La vie est une quête solitaire qui mène vers le bonheur à deux.

Pétrifié par son immobilisme. Courant sans direction derrière les

ombres des volatiles brumeux qui vont à leur guise criant chas-

sant ses intrus trop longtemps autorisés à pénétrer les sous-bois de son

imaginaire quotidien. Rayon rouge de lumière aveuglante. Faisant face

au ciel, à l’inhumanité. Il se dresse nu.

La distance, abolie.

Dans le chemin cérébrale de l’envie affective, confidentielle.

Une oreille attentive où les mots coulent d’un ruisseau issu des cimes.

Des profondeurs du bois où se cache l’homme apeuré par la lumière.

Du reflet sur la surface liquide qui rend la terre fertile.

À sa nudité.

Passion repoussante, peur attirante d’un œil où se révèle le reflet de

soi-même.

Où la clef n’est que ce trait qui se dessine sur ses lèvres.

L’esquisse d’un sourire qui d’un claquement sec, terrasse la forêt.

L’abri de celui qui se cache de lui-même dans le noir rassurant.

Où la lumière ne pénètre pas,

Lui procure la fausse paix intérieure qui ne s’exprime que … dans la

douleur énergique.

Sur la toile qui l’emmène au bord de ce ruisseau éclatant où il se noie-

rait s’il n’avait pas peur d’y voir son reflet.

Je l’ai déjà vécu ... rien de bon n’en sort. Ca fait mal, cette force me dé-membre, me tue violemment.

J’ai le cœur au bord de la peau prêt à exploser et à tout détruire.

Me détruire, m’échouer volontairement sur une plage de rocher.

Me répandre en milliard de morceau et ne plus savoir qui j’étais. Fuir ! mais ne jamais partir.

Cette violence prête à se déverser ... Me noyer. Tuez moi !! Mais en me serrant fort dans vos bras !!

Me voila écorché ... d’un regard, d’un parfum, d’une mèche de cheveux . Je saigne à gros bouillon, je me vide sur la toile chaotiquement.

Rien de bon n’en sort ...

Quand elle est là je la dévore Sans respect, sans douceurGoulument, entièrement.

Des yeux

Dés qu’elle s’éloigneje crie mon désespoir

Le manque d’elle saigneMon cœur

Et j’attends désespérément Qu’elle revienne

Pour reprendre mes pinceaux

J’ai le cœur et l’âme chauffé au rouge. Il n’y a pas assez d’oxygène

pour que je sois en mesure de reprendre pied, je ne fonctionne que

partiellement.

Âme, cœur prennent toute la place. Mes yeux ne voient plus rien par

eux même. La même image se fixe sans cesse au fond de mon cerveau,

indélébile, irréelle

Alchimie étrange et pourtant je la connais que trop bien.

Substance corrosive !

Poser mes yeux sur la silhouette de ton astre brulant. Embrasser d’un

seul geste l’étendue d’un amour.

D’un seul regard contempler l’idole païenne de mes vies.

J’irais me consumer, consentant sur la surface d’amour.

N’être plus rien mais faire partie de toi.

DIVERS

L’atelier de GEDEØN

Encres Techniques Mixtes

12 rue Chateaubriand35270 Combourg

www.facebook.com/gedeon.d.galonwww.galond.com

Flèche d’écume sortie de la surface de ce sol nouveau, au sommet de laquelle une lumière aveuglante pénètre le front de mon monde.

Contour insaisissable d’une vie apparut sans que j’en ai conscience, elle est là, invisible et présente. Vapeur entremêlée de sensation impalpable, indéfinie face à l’inconnu, au nouveau, à ce qui ne devait pas exister...

Janus n’est plus !Deux mondes identiques se font face.

Chaos ou nouveau paradis, terrible ou merveilleux.Fusion des énergies, naissance de l’irréel.

Le cosmos des vies du passé ne compte plus c’est une galaxie de vie aux mil-le couleurs, aux soleils noirs qui se prépare. En silence une implosion qui ne dit pas son nom. Il n’existait rien, le vide c’était fait, froid paisible, monde glacé à peine réchauffé par de petits soleils trop peu puissants pour soutenir l’énergique astre terrestre qui poursuivait sereinement sa route. Rencontre fortuite à l’autre bout du ruban qui se plie pour revenir à son point de départ.

Qui a bougé ?Qui est resté ?

Pourquoi ?Qui tire les ficelles ?

Qui distribue les cartes truquées ? Combien de temps cela va durer ?

Trop de questions qui ne demandent aucune réponse. Réponses inutiles pour qui sent la vie couler entre les interstices de cette surface créatrice qui baigne dans l’océan humain de l’émo-tion, utopie qui ravage les fugaces rêves sans constan-ces d’une humanité qui porte son destin pas assez haut.

Arrachons-nous à cette banalité pour créer un nouveau monde qui sera assez fou pour être paisible !

Cela m’agace, me déstabilise, mes certitudes volent en éclats et il ne

me reste que mon monde imaginaire quand je me plonge dans tes

toiles. Le bleu s’efface, les couleurs disparaissent pour ne laisser place

qu’à des volutes d’idées, des vagues de réflexions, une soupe de senti-

ments, tous différents, complémentaires, utopiques, légers et plaisants. On

se laisserait porter sans réfléchir. Je m’y noie.

La musique que tu joues du pinceau est un air dont’il me semble connaitre

la partition, qui remonte à bien longtemps, que j’avais oublié ou que j’ai

transformé en autre chose. Il a dû me servir de fondation pour créer mon

univers, mon moi.

Je te disais qu’avec ta peinture j’avais envie d’aller au-delà de ce qu’elle

montre, avec ou sans autorisation, qu’elle me dérangeait, mais de façon

positive. En fait, si j’y plonge je me retrouve face à moi-même et je crois

que j’aime ça. C’est une douce drogue qui mène au-delà des apparences.

J’ai beau me cacher sous «l’apparence» pour me préserver et apporter un

peu de bonheur aux autres. Face à tes histoires je n’ai pas d’autre choix

que de devoir m’assumer. Et c’est un plaisir que de le faire devant tant de

grâce.

Ne cesse jamais ton bavardage, j’aime entendre ton silence assourdissant

et la musique de ton sourire.

Connivance sourde d’échanges monogames

à l’accent du futur sur le quai sage d’une folie qui ne dit son nom,

de peur de la voir s’enfuir.

Fidélité de l’âme,

attachement du corps à l’esprit créatif d’un imaginaire,

peuplé de la part de réel qui bat au fond de nous.

Echanges épidermiques d’esprit libres

qui s’envolent sur la toile blanche

aux traits acryliques,

aux parfums doux,

qu’un battement de coeur

vient perturber de la couleur

de nos âmes.

Fin