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Environnement et progrès social

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Suite à la convention nationale, le texte de propositions de besoin de gauche durable

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Convention Nationale du PS pour un nouveau modèle de développement 1

« Environnement et progrès social »

Pour des socialistes, il est fondamental de traiter simultanément de la question sociale et

du défi écologique. Si les entreprises, l’administration et les particuliers doivent rapidement

et fortement changer leurs comportements pour limiter l’ampleur et les conséquences de

l’impact de leurs comportements sur l’environnement, ceci ne pourra se faire qu’en imaginant

des politiques compatibles avec la situation de crise économique et sociale que la France et

l’Europe traversent.

L’exemple de l’échec du projet gouvernemental de Taxe Carbone est frappant. L’intention

semblait louable, mais lorsque l’effort financier semble injustement réparti (au détriment du

pouvoir d’achat des ménages) et faiblement incitatif (car quelques centimes de plus par litre

d’essence ne constituent pas une alternative au transport routier), le doute et le rejet des

Français ne peuvent qu’être massifs. Nous avons pourtant besoin de réformes profondes et

urgentes.

Ce que nous voulons, c’est proposer des solutions qui emportent l’adhésion des Français, avec

une juste répartition des efforts à fournir et une vraie évolution de nos modes de production et

de consommation. La simple « décroissance économique », voire démographique comme

l’évoquent certains, c’est l’assurance d’immenses difficultés en matière de chômage et de

pouvoir d’achat, qui ne pourront jamais convaincre la majorité des Français, notamment les

plus fragilisés par la crise. La solution ne réside pas non plus dans la « croissance verte »

promise un temps par Nicolas Sarkozy, qui se contente en réalité de taxer davantage les

ménages en exonérant presque totalement les entreprises, à commencer par les plus

polluantes, sans même créer de croissance ou d’emploi. Elle ne peut satisfaire ni ceux qui

souhaitent réellement préserver les ressources de la planète ni ceux qui s’inquiètent de la crise

sociale, ni bien sûr ceux qui se préoccupent des deux. Il s’agit donc d’être doublement

ancré dans le réel, celui d’une situation économique et sociale dégradée et celui de

l’impératif que constituent la protection de notre cadre environnemental et l’économie

des ressources en énergies et matières premières.

Se pose enfin la question du juste partage des efforts au niveau international, ainsi que

celle des mécanismes internationaux de lutte contre les dégradations environnementales.

Il serait ainsi absurde que les pays les plus volontaristes voient leurs industries pénalisées

tandis que les moins vertueux bénéficieraient d’avantages industriels. De même, l’affirmation

d’un principe de responsabilité différenciée entre pays développés et pays émergents ne clôt

pas la discussion des efforts à fournir par chaque groupe de pays, ni des moyens

(technologiques, financiers) qui peuvent être apportés par les premiers aux seconds.

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1) Vers une société éco-progressiste

Partant de ces objectifs, la première question qui se pose à nous est celle de notre modèle

de production et de développement, au sein même duquel il faut agir. Cela peut passer par

plusieurs types d’outils qui se complètent : incitations légales ou réglementaires, incitations

fiscales, éducation au développement durable, instruments de marché… Le choix de ces

mécanismes d'incitations et de financement, nationaux et internationaux, façonne les profils

sociétaux et les paysages industriels de nos sociétés à venir. C’est le courage attendu de la

part des responsables politiques que de réinstaurer les instruments d’une politique

économique à long terme au détriment de la rentabilité à court terme. La gauche, le Parti

Socialiste, et besoin de gauche doivent en tracer les principes et préciser leurs formes

concrètes pour agir de manière juste et efficace.

L'entreprise doit investir, le citoyen doit choisir

La reconversion écologique de notre économie nécessite dans de nombreux secteurs des

investissements dans des systèmes de production moins énergivores, plus respectueux de

l'environnement et adaptés à tous. Les entreprises doivent réaliser ces investissements

rapidement : ils leur permettront de survivre dans les nouvelles contraintes de finitude des

matières premières – caractérisée par les instabilités économiques qui en résultent, à

commencer par le prix de l'énergie - et de dépendance de la population. Le développement

d’une économie « éco-compatible » est une condition sine qua non du maintien de la

compétitivité économique de nos industries. A moyen terme, c’est une arme bien plus

efficace pour la défense de nos emplois que celle du protectionnisme. Les PME devront faire

l’objet d’une attention particulière, en raison de leur moindre capacité d’investissement et de

leur importance dans les créations d’emploi de cette autre croissance.

Il ne peut en effet être demandé au seul citoyen de supporter indistinctement et

forfaitairement la charge de ces investissements par des surcoûts (ou des sur-prêts) sur

des équipements ou des produits de consommation. Ceci n’aboutirait qu’à de nouvelles

formes d'injustice sociale et à une reconversion globalement inefficace. Ce traitement des éco-

inégalités reste pour l’instant faiblement pris en compte. A titre d’exemple, nous devons

veiller à ce que la ville écologique ne se réduise pas à quelques bâtiments ou quartiers high-

tech, au risque de déboucher sur un urbanisme « indécent »1, qui comprend l’écologie comme

« un impératif pour sauver la planète », alors qu’elle est avant tout une des conditions du vivre

ensemble.

Pour autant, le citoyen a un important pouvoir de réorientation des marchés. Par ses choix de

« consomm’acteur », il contraint les secteurs à repenser leurs modèles économiques. C’est un

levier aussi efficace que celui des normes réglementaires, tant que son action n’est pas

1 Thierry Paquot, Terre urbaine, Cinq défis pour le devenir urbain de la planète, La Découverte, 2006

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contrainte par son propre pouvoir d’achat ou une offre sur laquelle il n’a guère de prise2. Pour

réussir la réorientation de la croissance, il est donc impératif d'avoir le soutien du

citoyen consommateur et pour cela de lui offrir rapidement une alternative de

consommation écologique à un coût abordable.

L’intervention de la sphère publique, avec une coopération efficace des différents niveaux de

pouvoir (Europe, Etat, Régions), doit ainsi permettre :

des partenariats facilités en recherche et développement appliquée, entre

producteurs, laboratoires, services connexes, pour l'émergence rapide de solutions

propres, accessibles, et généralisables : éco-matériaux et éco-conception, véhicules

sobres et hybrides, énergies alternatives, technologies à faibles émissions polluantes,

réseaux intelligents et stockage de l’électricité, etc. Les retards dans ce domaine

pérennisent notre dépendance énergétique, d’autant plus lorsque nous y répondons par

l’import massif de produits finalement produits ailleurs tels que le photovoltaïque

(aujourd’hui massivement importé de Chine).

l'obligation d’informer les consommateurs sur les sources et impacts des produits

sur toute leur durée de vie, pour une réorientation par le marché de certains

secteurs (alimentation, électro-ménager). L’incitation et l’accompagnement (pro-

cédures et référentiels) d‘accords volontaires de type labels, normes, et certifications

environnementales sont à encourager entre les entreprises, les organisations de

consommateurs et les ONG environnementales pour aider à discriminer plus

rapidement les produits vertueux.

des incitations indirectes et redistributives ("chèques verts", « bonus-malus »)

permettant de réorienter d'autres secteurs rapidement (tels que l'automobile, la

réhabilitation de logements anciens ou d’immeubles de bureaux). Elles doivent

également permettre la réorientation des économies de propriété vers des économies «

d'usage »3. Pour cela, des mesures ciblées de baisse de prix devront être envisagées :

changer une fenêtre pour bénéficier d’un double vitrage coûte de 600 à 1000 euros,

avec un temps de retour sur investissement de 10 à 15 ans. Il s’agit d’un rendement

important, mais la dépense initiale peut toutefois être trop lourde pour de nombreux

ménages. Des aides publiques, sous formes de chèques ou de prêts, peuvent donc

permettre de créer des économies à la société prise dans son ensemble.

des réorientations réglementaires sur des derniers secteurs où les gâchis

environnementaux, énergétiques ou sociaux n'ont pas de sens (ampoules, bâtiments

neufs, radiateurs, etc.)

Pour y parvenir tout en protégeant les consommateurs démunis qui ne sont pas capables de

répondre au signal prix, l’utilisation combinée d’outils fiscaux est à mettre en œuvre.

2 On pense ici à la question des déplacements, où les transports en commun ne peuvent répondre à toutes les

situations et où l’offre des véhicules autres que purement thermiques tarde à se développer 3 Par exemple pour les transports individuels (cf. le nouveau forfait XXX)

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Marchés, taxes et réglementations : la bonne entente ?

Les socialistes doivent assumer une utilisation décomplexée de la réglementation : b2g milite

pour une démocratie européenne renforcée capable d'entraîner les réglementations

sanitaires, environnementales et sociales de tous les pays vers le haut et de compenser

des lobbyings nationaux averses au changement. Cette utilisation de la réglementation va

de pair avec un effort de renouveau de la pensée économique classique, au travers d’un travail

de réflexion et de coopération avec les organisations de protection de l’environnement, les

universitaires et la recherche. Malgré les difficultés théoriques, nous pensons possible la réelle

prise en compte des externalités dans les prix (impacts environnementaux et aggravation du

changement climatique, mais également nuisances à la justice sociale, au développement

humain responsable, etc.).

Les outils fiscaux permettent d’avancer vers une reconversion globale,

progressiste et équitable de notre économie. Nous militons pour que ces outils

concernent l'ensemble des problèmes environnementaux (et pas uniquement les

émissions directes de dioxyde de carbone) afin d'en permettre la réussite.

Les taxes professionnelles, charges sociales, taxes sur le travail, doivent être

progressivement (et sans alourdissement ni allégement des prélèvements globaux)

modulées, conditionnées ou remplacées par des impôts basés sur les rejets polluants et

l'intensité énergétique.

Besoin de gauche milite également pour une Contribution Climat Energie forte,

permettant d'anticiper les crises énergétiques et environnementales. Elle peut, de

manière alternative, porter sur des niveaux de consommation (c’est la logique de la

taxation des carburants automobiles) ou sur l’évolution de cette consommation (les

mécanismes de bonus-malus relèvent de cette dynamique, où l’effort supplémentaire

est récompensé, alors qu’une évolution négative est sanctionnée).

Mais cette Contribution Climat Énergie doit être générale, juste (redistribution pour

les populations les plus exposées) et efficace (redistribution pour des produits de

reconversion ciblés "verts"). Dans la mesure du possible, elle devra être conçue au

niveau européen4.

C’est pourquoi, dans un esprit de justice, nous plaidons pour qu’une telle contribution

soit progressive.

Pour qu'elle soit efficace, la Contribution Climat Energie doit en outre être

comprise et acceptée par chacun d'entre nous, grâce à une campagne d'information

soignée, comme un moyen d'action équitable et utile à tous dans la nécessaire

transformation de notre économie et de nos habitudes de consommation. Cela suppose

des mécanismes suffisamment transparents pour que les consommateurs aient

confiance dans l’efficacité et la justice du dispositif.

4 A long terme, une taxation carbone aux frontières de l’UE permettrait par ailleurs que la concurrence

commerciale soit équitable avec les pays qui ne la pratiqueraient pas.

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Les expériences de certains de nos voisins (pays nordiques, Suisse) sont profitables,

illustrant une montée progressive en puissance compatible avec les capacités

d'absorption par les entreprises et les ménages, dans le cadre d'une évolution maîtrisée

et compétitive, en accord avec nos principaux partenaires économiques, d'abord sur le

plan européen et sur le plan mondial.

Se pose la question de l'efficience économique des systèmes nationaux et

internationaux d'échanges de quotas. Nous y sommes favorables à la condition

toutefois que ces quotas ne soient pas alloués gratuitement, et que la sphère publique

ou une organisation internationale indépendante (Organisation Mondiale de

l’Environnement OME) veille à des objectifs suffisamment contraignants et

ambitieux pour qu’ils soient compatibles avec les attentes de réduction des

émissions de gaz à effet de serre et plus globalement avec la réalité des ressources

disponibles et de la capacité régénérative de la planète. Cette instance de contrôle

devra également faire partager les normes d'une comptabilité carbone internationale

consolidée, et ses « casques verts » ou des établissements habilités aux comptabilités

carbones veilleront au respect des objectifs. Les quotas à répartir doivent être calculés

en fonction des objectifs de réduction globaux et concerner des secteurs encore non-

couverts (transports aériens, agriculture). Sans ces conditions, des « bulles carbone »

pourraient se former, avec une spéculation non mois sévère que celle qu’on observe

sur d’autres marchés, sans garantir par ailleurs que les émissions de gaz à effet de

serre ne se maintiennent dans les réductions nécessaires à une limitation à 2 °C du

réchauffement global. Le mécanisme de développement propre et les systèmes

assimilés doivent profiter beaucoup plus largement qu’aux seuls grands pays

émergents, Chine en particulier : ils doivent réellement permettre aux pays en

développement d’acquérir des technologies nécessaires à un mode de développement

plus sobre en carbone et plus propre de manière générale. La complexité du

Mécanisme de développement propre en exclue de fait les pays les plus pauvres, ce

qui est non seulement injuste mais aussi contre-productif.

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2) Les consommateurs de demain

Le nouveau modèle de développement met l'homme au cœur de ses préoccupations : il

s'assure de sa subsistance pérenne et garantit le progrès social. Le citoyen fait partie d'un

système dont il est acteur si les moyens lui en sont donnés.

Le visage de la précarité énergétique : déplacements, habitats et alimentation.

L'objectif national et international de sobriété énergétique ne peut se dissocier d'un accès pour

tous au service énergétique minimum. Raisonner en service énergétique rendu et non en

quantité d'énergie consommée permet en effet de lutter contre les gaspillages et les

inefficacités énergétiques sans perdre de vue les besoins légitimes de progrès, de

développement et d'équité des populations.

La tarification sociale (indexée sur les revenus) des biens essentiels, dont l’eau et l'énergie

(pour se déplacer, se chauffer en particulier), est un enjeu fondamental : nous devons garantir

un niveau minimum d'usage, à un tarif réduit, par l'intervention de l'État. Cela passe, si

l’ensemble reste équilibré, par une augmentation du coût des tranches de consommations plus

importantes et une taxation des consommations « ostentatoires » (véhicules très

consommateurs,…). C'est une première voie d'action pour répondre de manière rapide et

équitable aux situations de précarité énergétique, qui vont se multiplier et s'aggraver avec

l'épuisement des ressources, que les écoprêts et autres crédits d'impôts ne pourront jamais

atteindre, et auxquelles un mécanisme de marché ne peut répondre.

Concrètement, cela pourrait passer par de nouvelles formes de facturation de l’énergie (mise

en place d'un tarif progressif de l'énergie qui réduise ou annule le prix de l'abonnement), en

cessant de pénaliser les petits consommateurs (ce que fait l’abonnement justement au nom de

l'accès au service) mais en donnant un prix croissant à la consommation d’électricité ou

de gaz par exemple. Il convient d'introduire, dans le cadre juridique et réglementaire des

services publics de distribution d’énergie, des clauses relatives à la tarification, comme le

cadre européen l’autorise.

Nous militons également pour le renforcement des actions volontaristes de sobriété

énergétique afin de diminuer les consommations des ménages en difficulté, seules actions qui

peuvent permettre une résorption durable et globalement efficace de la précarité énergétique :

la collectivité n'a pas à supporter seule ces coûts et, à l'instar d'autres pays de l'Union

Européenne, les propriétaires de logements, et notamment les bailleurs sociaux ou

institutionnels, pourraient par exemple se voir obligés d'effectuer des travaux d'efficacité

énergétique du bâtiment (aujourd'hui souvent proposés dans le cadre des Certificats

d’Economie d’Energie) en priorité chez les ménages en situation de précarité. A titre

d’exemple, le fait que près de 70% des nouveaux logements soient équipés de chauffage

électrique n’a de sens que si les logements sont très bien isolés ou avec un chauffage

électrique de très bonne qualité : il est clair que ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les

institutions publiques pourraient également se porter garantes du rachat auprès des

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ménages de « négawatts » (c'est-à-dire l’énergie non consommée, dans l'habitat comme

dans les véhicules de transport, ce qui ouvre l'accès des crédits et prêts existants aux

ménages précaires), le tout étant équilibré par une surtaxation des « comportements

mégawatts » et des obligations d’achats de producteurs d'énergie et d'industries

polluantes.

La politique agricole et l'industrie agroalimentaire doivent également remettre le bien-être

sanitaire de tous les consommateurs au cœur de la chaîne de production afin de ne plus

aggraver les inégalités entre catégories socio-professionnelles concernant la protection sociale

qu'apporte une alimentation saine. Les outils de l'intervention publique doivent définir

l'agriculture moderne se libérant des pollutions locales et globales, de l’épuisement des sols et

ressources en même temps que traitant la précarisation de la condition de travail agricole. Les

aides de la Politique Agricole Communes doivent être modulées pour encourager les

comportements vertueux et rémunérer la préservation des systèmes écologiques par les

agriculteurs. Les normes sanitaires et techniques privées, imposées de façon unilatérale par les

grands groupes de distribution, notamment aux pays en développement producteurs de

denrées agricoles, asphyxient leur commerce extérieur et freinent leurs capacités d'expansion.

De véritables règles pour un commerce équitable généralisé, maîtrisé et contrôlé - par

exemple par l'OMC - établies de façon transparente et ouverte favoriseront un développement

équilibré et durable.

L'éducation à la consommation responsable

Il ne saurait être question de « surveiller et punir » la consommation de chacun. Pour autant, il

convient de s’interroger sur l’invasion publicitaire qui influence fortement les consommateurs

à consommer plus, et souvent moins bien. Toute une partie de notre sur-consommation porte

sur des produits à faible durée de vie, gourmands en énergie et polluants, alors que nous

devons nous orienter vers les économies circulaires, de la fonctionnalité, et des circuits courts.

Ces nouvelles économies permettront de satisfaire les besoins de la population en mettant

temporairement, et donc à moindre coût, à la disposition des consommateurs des biens et des

services améliorant la qualité de vie. « Dépenser moins pour acheter mieux » prend en compte

le désir de consommer tout en rejetant le gâchis. Les nouvelles technologies favorisent l'essor

et l’accès à ces économies et les habitudes de consommation doivent évoluer vers une

approche qualitative.

Pourquoi ne pas demander des obligations strictes, encadrées et appliquées rapidement,

d'information du consommateur sur les impacts environnementaux des produits, de leur

production à la fin de vie en passant par leur utilisation, et les critères de responsabilité

environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) des entreprises et des acteurs financiers.

D'une évaluation globale (éco-label, étiquette énergétique A/B/C... sur un cycle de

fonctionnement d’un équipement et empreinte carbone globale d’un vêtement) à une

performance multi-critères dans un référentiel normé ("étiquette eau/kWh-GES/déchet" etc

d'un yaourt ou ESG d’un livret d’épargne), les étapes existent pour s'assurer de la faisabilité.

Cette étiquette environnementale serait progressive et obligatoire pour une gamme large de

produits, étape préalable à l’évolution des comportements. La taille du marché unique

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Européen peut lui permettre de créer un effet d’entraînement et de rayonnement au delà des

frontières de l’Union, à travers une réglementation Européenne harmonisée et exigeante en

terme d’information au consommateur, d’interdiction des substances dangereuses ou des

pratiques polluantes.

Rendre efficaces ces mesures pour aller effectivement vers un nouveau modèle de

développement nécessite un changement de culture, et pour l’accompagner une approche

éducative globale et de long terme mettant en synergie la société civile, l'école, les pouvoirs

publics. Il faut encourager les partenariats entre ces trois piliers avec pour finalité l'éducation

citoyenne aux nouveaux aménagements de nos territoires et aux nouveaux modes de

consommation. L'implication de l'Education Nationale notamment est fondamentale pour

préparer les citoyens aux habitudes de vie "sobres" énergiquement et environnementalement,

en leur enseignant le raisonnement en coût global, en les armant contre la malbouffe low-cost,

et en leur donnant les clés suffisantes de compréhension pour prendre du recul sur des

affichages de bilan carbone, de recyclage, de bénéfice environnemental...Là se prépare le

changement de culture qui doit accompagner le changement de modèle de développement,

pour accepter les nouvelles formes d'urbanismes, de déplacements, de consommations, de

loisirs.

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3) Gérons nos énergies

Les collectivités territoriales garantes de la sobriété

Convaincus de la puissance de la décentralisation, observateurs et acteurs des initiatives

d'urbanismes et de modes de vie nouveaux créés par les communes, départements et

régions volontaires, nous pensons que des collectivités territoriales légitimées et dotées

de plus de moyens sont les garantes de l'efficience (et de l'inventivité) d'une politique

nationale de sobriété et d'efficacité énergétique. La force d'investissement des pôles de

compétitivité et l'émulation des réseaux de collectivités territoriales engagées, constituent un

maillage puissant et un atout considérable pour soulever une lame de fond qui, s'appuyant sur

les outils se nationaux, pourra révolutionner les consommations énergétiques de notre pays et

de l’Europe. Les illustrations locales touchent réellement tous les secteurs de l'économie :

auto-partage et incitations locales aux pratiques de covoiturage ou de déplacements

« propres », création d’éco-complexes industriels où les rejets des uns sont les ressources des

autres (Kalundborg au Danemark, gains économiques et écologiques considérables),

construction de logements sociaux basse consommation, expérimentation de réseaux

électriques intelligents, éducation alimentaire des écoliers dans les cantines bio avec des

produits de l’agriculture locale, exemplarité dans les concessions et achats de biens et services

- dont les consommations de nombreux équipements publics - pour orienter le développement

économique, etc. Cette conviction du rôle-clé des collectivités territoriales dans la politique

nationale et du lien entre le monde et les territoires locaux est confirmée par l'émulation des

réseaux régionaux à Copenhague (ARE, R20…) et l'estimation par le PNUD que entre 50 %

et 70 % des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique seront mises en

œuvre par les régions du monde.

Aujourd’hui moribond, le "Grenelle de l'environnement" doit être réanimé, mais surtout

transformé en processus permanent et élargi : il s'agit d'inciter à imiter puis à généraliser la

gestion moderne de nos territoires qui naît de ces localités, par une démarche de travail global

d'élaboration et de mise en oeuvre de politiques publiques au plan local en concertation avec

tous les acteurs (approche systémique et coopérative des agendas 21).

L'utilisation dépassionnée du nucléaire et le plan de relance des négawatts et

wattverts

L'importance du nucléaire dans notre mix énergétique rend passionnel le débat sur sa place

dans notre société. Cela ne doit pas empêcher d’apporter des réponses claires aux grandes

questions que pose ce mode stratégique de production d’électricité : le nucléaire est

aujourd'hui un mode de production transitoire à un coût acceptable, utile pour aider le

passage, sur les usages qui nécessitent l'électricité, d’une société grande consommatrice

d'énergies fossiles à une société économe en énergie et aux usages énergétiques décentralisés.

Maintenir une filière de production d'électricité à partir du nucléaire impose une parfaite

transparence au débat public et une information sur les principales questions qu’elle soulève :

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la manière dont est assurée la sécurité des centrales, dans un contexte de prolongation de leur

durée de vie et de risque terroriste accru ; le réel bilan que l'on peut tirer de l'utilisation du

nucléaire, non seulement en termes environnementaux mais aussi économiques, de

l'extraction jusqu'aux dépenses de démantèlement ; le transport et le traitement des déchets ;

les risques de la prolifération. besoin de gauche n'est pas favorable à l’exportation de

technologies nucléaires vers des pays politiquement instables, où l’Etat de droit n’est pas

garanti et ne permet pas d’avoir confiance dans les procédures de contrôle et qui ne présente

donc pas les garanties d'une réelle sécurité industrielle. Le pouvoir de contrôle, la

transparence et l'indépendance des autorités de sécurité sont des éléments fondamentaux de la

sécurisation d’une filière nucléaire.

besoin de gauche n’envisage l'utilisation du nucléaire que comme un compromis entre

les besoins énergétiques exprimés à ce jour et l'urgence climatique.

La modernisation de la filière nucléaire française n'a de sens qu'en parallèle d'un "plan de

relance des négawatts et des watts verts", permettant respectivement de diminuer les besoins

énergétiques et de favoriser le développement des énergies renouvelables (ENR) sur

l'ensemble du territoire français. Dans cet esprit, il est indispensable d’encourager par des

tarifs modulés la diminution de la consommation d’électricité aux heures de pointe de la

journée, pour éviter la production à partir d’énergies fossiles (gaz, charbon) et les émissions

de CO2 qui les accompagnent. De leur côté, les énergies renouvelables (solaire, éolien,

géothermie, hydraulique, etc.) pour être une part sérieuse de la solution énergétique, doivent

répondre aux principes d’efficacité : efficacité par rapport aux gisements, efficacité par

rapport aux usages énergétiques. Les politiques nationales encore timorées, et compensées par

des rattrapages des collectivités territoriales, doivent assumer des incitations massives dans ce

sens, en lien avec la modernisation d'un réseau de production-distribution désormais

décentralisé, capable d’acheminer efficacement la production d’énergies non renouvelables au

plus près du consommateur quelle que soit l’heure de sa production, des programmes de

recherche ambitieux et une politique de l'innovation efficace. Si nous attendons encore les

filières, leurs industries elles ne nous attendront pas. Les bénéfices environnementaux, les

productions énergétiques réaffectées à d’autres usages (gains relatifs à la précarité

énergétique, l’indépendance énergétique et la sécurité d’approvisionnement), et les économies

ainsi reconverties nous donnent assurément la direction.

besoin de gauche souligne l’importance de l'échelon européen pour déterminer une

stratégie énergétique, qui si elle se veut être efficace, écologique, et assurer la sécurité

solidaire de l’approvisionnement, ne peut plus se limiter à un échelon national.