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LETTRE A L’EDITEUR M&d Ma/ In fed 1992 ; 22 : 749-50 Epidbmie de listbrioses en France* A. LEPOUTRF’, C. MOYSE”, C. ROURE”, J. ROCOURT’“, V. GOULET”*‘, A.L. COURTIEU”‘*’ Entre le 18 mars 1992 et le 22 juin 1992, 90 souchesde Listeria monocytogenes serovar4B et lysovar 2389/2425/3274/267 l/47/108/340 ont et6 identifiees au sein des souches humaines adressees au Centre national de reference des Listeria (figure 1). Ces souches ont toutes le meme l Extrait du BEH no 25/1992 du 22 juin 1992, page 115. ** D.G.S., Bureau des maladies transmissibles. l ** Centre national de references de lysotypies des Listeria, Institut Pasteur, Paris. l *” Laboratoire national de la Sante, Unite epidkmiologie. l ‘*** C.N.R. des Listeria, Laboratoire de bacteriologic, Faculte de medecine, Hotel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44035 Nantes cedex. Nb de souches serovar 4B. 11 s’agit dune augmentation anormale- ment elevee de ces souches, puisque seulement 15 souches de ce type avaient et& enregistrees chaque anneeentre 1987 et 1990. Dans l’etat actuel des connaissances, il s’agit de la plus importante bouffee epidemique enregistree en France depuis 1987. Cette epidemic se caracterise par une proportion relativement faible de cas foeto-maternels : 29 %, (habituellement les cas foeto-maternels representent la moitie des formes cliniques). Ces listerioses ont entraini! 20 de&s dont 17 adultes et 3 nouveau-n&s, et 5 avortements. 16 Cl Souches non encore identifibes 14 12 10 6 - 6 4 .- 2 -- 0 ,- n Souches 6pid6miques d Avrll kl Juln* Jl J2 J3 J4 J5 Fl F2 F3 F4 Ml M2 M3 M4 Al A2 A3 A4 M2 IwMl M3 M4 MS Jl J2 * : don&es provlsoires Fig 1 : Distribution hebdomadaire dessouches epidemiques de L. monocytogenes. 749

Epidémie de listérioses en France

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Page 1: Epidémie de listérioses en France

LETTRE A L’EDITEUR M&d Ma/ In fed 1992 ; 22 : 749-50

Epidbmie de listbrioses en France*

A. LEPOUTRF’, C. MOYSE”, C. ROURE”, J. ROCOURT’“, V. GOULET”*‘, A.L. COURTIEU”‘*’

Entre le 18 mars 1992 et le 22 juin 1992, 90 souches de Listeria monocytogenes serovar 4B et lysovar 2389/2425/3274/267 l/47/108/340 ont et6 identifiees au sein des souches humaines adressees au Centre national de reference des Listeria (figure 1). Ces souches ont toutes le meme

l Extrait du BEH no 25/1992 du 22 juin 1992, page 115. ** D.G.S., Bureau des maladies transmissibles.

l ** Centre national de references de lysotypies des Listeria, Institut Pasteur, Paris.

l *” Laboratoire national de la Sante, Unite epidkmiologie. l ‘*** C.N.R. des Listeria, Laboratoire de bacteriologic, Faculte de medecine, Hotel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44035 Nantes cedex.

Nb de souches

serovar 4B. 11 s’agit dune augmentation anormale- ment elevee de ces souches, puisque seulement 15 souches de ce type avaient et& enregistrees chaque annee entre 1987 et 1990. Dans l’etat actuel des connaissances, il s’agit de la plus importante bouffee epidemique enregistree en France depuis 1987.

Cette epidemic se caracterise par une proportion relativement faible de cas foeto-maternels : 29 %, (habituellement les cas foeto-maternels representent la moitie des formes cliniques). Ces listerioses ont entraini! 20 de&s dont 17 adultes et 3 nouveau-n&s, et 5 avortements.

16 Cl Souches non encore identifibes

14

12

10

6 -

6

4 .-

2 --

0 ,-

n Souches 6pid6miques

d Avrll kli Juln*

Jl J2 J3 J4 J5 Fl F2 F3 F4 Ml M2 M3 M4 Al A2 A3 A4

M2 IwMl M3 M4 MS

Jl J2

* : don&es provlsoires

Fig 1 : Distribution hebdomadaire des souches epidemiques de L. monocytogenes.

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La repartition geographique des cas est assez large, 42 departements &ant pour l’instant impliques (carte 1).

Ce lysovar particulier a deja et& incrimine dans des phenomenes epidemiques : - en Suisse (1983-1987), epidemic due au vacherin Mont dOr ; - en Califomie (1985), epidemic due a un fromage de type mexicain ; - au Danemark (1987), origine alimentaire non identifiee.

Bien que ce lysovar ait et& implique a trois reprises dans des phenomenes epidemiques le niveau de sa virulence est vane.

Dun point de vue analytique, la concentration des cas dans le temps, et dans une moindre mesure dans l’espace, et le fait que les souches soient toutes du meme lysovar suggerent fortement une origine alimentaire commune. Les aliments les plus souvent incrimines dans l’apparition d’epidemies de listerioses d’origine alimentaire sont les fromages a pate molle, en particulier les fromages au lait cru, les pates et rillettes, la viande hachee et les produits de la quatrieme gamme (legumes crus prets a I’emploi et vendus sous vide).

L’enquete alimentaire des cas signales par le CNR a ete entreprise, 58 patients ont ete interroges. Les

L Carte 1 : Repartition geographique des souches epidemiques adressees au CNR (15/3-22/6).

Tableau I : Prbvention de la listkriose d’origine alimentaire particulikement pour les personnes B risque (femmes enceintes,

personnes 8g6es ou immunod6prim4es).

1. Eviter les fromages a pate molle ou persillee et les bleus ; ne pas en consommer la crotite.

2. Cuire soigneusement les aliments d’origine animale. 3. Laver soigneusement les legumes crus et les herbes

aromatiques. 4. Eviter la consommation de lait cru (non pasteurise) ou

d’aiiments au lait cru. 5. Les restes alimentaires ou les plats cuisines devraient

&tre rechauffes soigneusement avant consommation. 6. Conserver les viandes non cuites separement des

legumes et des aliments cuits ou prGts a Otre consommes.

7. Se laver les mains, nettoyer couteaux et planches ZI decouper apres la manipulation d’aliments non wits.

temoins apparies sur une pathologie sous-jacente eventuelle, l’age et le lieu d’habitation, sont interroges dans un deuxieme temps. Des recherches micro- biologiques sur les aliments conserves dans le refrigerateur des cas recents ont egalement et& entreprises.

L’importance de cette bouffee epidemique et la gravite de la listeriose (la Halite de l’affection est de 22 % a 33 %) incitent a tout mettre en oeuvre pour stopper cette epidemic, dune part en insistant sur les regles hygiene-dietetiques (cf. recommandations ci- jointes), en particulier aupr&s des personnes a risque, d’autre part en ameliorant le recensement des cas.

Les medecins cliniciens ou biologistes qui auraient connaissance de cas de listerioses sont invites a le signaler : - a la D.D.A.S.S. de leur departement ; - a la D.G.S., Bureau des maladies transmissibles, Dr A. Lepoutre (tel. : (1) 46 62 45 50) ;

au Laboratoire national de la Sante, Dr V. Goulet (tel. : (1) 48 28 28 69).

Fnfin, les souches doivent etre envoyees au Centre national de references des Listeria, Laboratoire de bacteriologic de la Faculte de medecine de Nantes.

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