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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Janvier 2005 - 1 - Etat des lieux de la ressource hydrique en Italie Ce rapport met en avant les nombreux problèmes liés à l’eau en Italie, qu’elle soit douce ou marine, qu’elle se rapporte aux fleuves ou aux nappes souterraines. En effet, avec une ressource abondante, l’Italie ne devrait pas souffrir de crise hydrique, mais la situation est pourtant préoccupante. Une partie non négligeable de la population nationale, essentiellement localisée dans le Sud de l’Italie, n’a pas un accès régulier à l’eau potable, et loin de la sécheresse ou de la faible pluviométrie, la cause est surtout liée aux infrastructures en mauvais état et à leur gestion désastreuse. Auteurs : Maëla JAOUEN, Volontaire International Jean FAVERO, Conseiller Scientifique Janvier 2005 Service Scientifique Ambassade de France en Italie

Etat des lieux de la ressource hydrique en Italie

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Janvier 2005

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Etat des lieux de la ressource hydrique en Italie

Ce rapport met en avant les nombreux problèmes liés à l’eau en Italie, qu’elle soit douce ou marine, qu’elle se rapporte aux fleuves ou aux nappes souterraines. En effet, avec une ressource abondante, l’Italie ne devrait pas souffrir de crise hydrique, mais la situation est pourtant préoccupante. Une partie non négligeable de la population nationale, essentiellement localisée dans le Sud de l’Italie, n’a pas un accès régulier à l’eau potable, et loin de la sécheresse ou de la faible pluviométrie, la cause est surtout liée aux infrastructures en mauvais état et à leur gestion désastreuse.

Auteurs : Maëla JAOUEN, Volontaire International Jean FAVERO, Conseiller Scientifique

Janvier 2005

Service Scientifique Ambassade de France en Italie

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Janvier 2005

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SOMMAIRE

Remerciements ................................................................................................................................ 4 Introduction ....................................................................................................................................... 5 1. Situation mondiale ........................................................................................................................ 6

1.1. Journée Mondiale sur l’Eau.................................................................................................... 6 1.2. L’ eau mondiale...................................................................................................................... 6 1.3. Les problèmes liées à l’eau.................................................................................................... 6

2. L’eau dans la zone Méditerranée et en Italie ................................................................................ 8 2.1. Etat des lieux ......................................................................................................................... 8 2.2. Les politiques mises en œuvre .............................................................................................. 9 2.3. La situation générale italienne ............................................................................................. 10 2.4. Les ressources hydriques italiennes.................................................................................... 10 2.5. Disponibilités et usages en Italie.......................................................................................... 11

3. Les difficultés du système hydrique italien.................................................................................. 13 3.1. Le réseau hydrique : sources abondantes, gestion fragmentée .......................................... 13 3.2. Les gaspillages .................................................................................................................... 14

4. Environnement législatif et gestion de l’eau................................................................................ 16 4.1. Historique de la politique italienne sur l’eau......................................................................... 16 4.2. Les nouvelles normes italiennes.......................................................................................... 19 4.3. La directive cadre européenne sur l’eau 60/2000/CE.......................................................... 23 4.4. Etat d’application des lois en Italie ....................................................................................... 24

5. Qualité, pollutions et dépuration des eaux.................................................................................. 25 5.1. Normes qualité ..................................................................................................................... 25 5.2. La pollution des eaux en Italie : généralités ......................................................................... 26 5.3. Le traitement des eaux ........................................................................................................ 28

6. Etat de santé des différents corps hydriques en Italie ................................................................ 31 6.1. Les eaux marines et côtières ............................................................................................... 31 6.2. Les eaux douces.................................................................................................................. 36

7. Situations spécifiques et critiques............................................................................................... 44 7.1. L’agriculture et l’irrigation ..................................................................................................... 44 7.2. Les eaux minérales.............................................................................................................. 46 7.3. Le cas Milan......................................................................................................................... 47 7.4. Le « manque d’eau » du Mezzogiorno................................................................................. 48

8. Les innovations dans le domaine de l’eau .................................................................................. 50 8.1. L’innovation dans le traitement des eaux usées .................................................................. 50 8.2. Innovations dans la gestion et dans le contrôle des ressources.......................................... 52 8.3. Quelques noms de programmes et innovations dans le domaine de l’eau.......................... 53 Informations générales et techniques : ....................................................................................... 57 Législation : ................................................................................................................................. 57 Recherches et Instituts :.............................................................................................................. 58

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Remerciements

Merci à : Madame Irene DI GIROLAMO, docteur et coordinatrice technique au sein de la section “protection des eaux et des écosystèmes marins et côtiers” du Ministère de l’Environnement ; Monsieur Rosario LEMBO, secrétaire général du Comité Italien pour un Contrat Mondial sur l’Eau ; Monsieur Giorgio ZAMPETTI, docteur au Service Scientifique du siège national de la Legambiente à Rome; Monsieur Stefano CIAFANI, docteur au Service Scientifique du siège national de la Legambiente à Rome;

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INTRODUCTION

Un an après l’Année Internationale de l’Eau déclarée par les Nations Unies, et alors que les éditions annuelles de la Journée Mondiale sur l’Eau se suivent en continuant pourtant de passer inaperçues, il est apparu nécessaire de présenter la situation de l’eau en Italie, tant au niveau de sa qualité que de ses ressources et de sa distribution. Le présent rapport a donc pour fonction d’effectuer un état des lieux non exhaustif de la ressource hydrique en Italie, très en retard dans l’application des lois sur la qualité, dans les moyens de gestion du patrimoine hydrique et dans la dépuration de ces eaux. Ce rapport met en avant les nombreux problèmes liés à l’eau en Italie, qu’elle soir douce ou marine, qu’elle se rapporte aux fleuves ou aux nappes souterraines. En effet, l’Italie, avec ses 3052 m3 théoriques par personne et par année, ne devrait pas souffrir de crise hydrique. Cependant, la situation est préoccupante. Malgré un potentiel abondant, une partie non négligeable de la population nationale, essentiellement localisée dans le Sud de l’Italie, n’a pas un accès régulier à l’eau potable. Plus que celle de la sécheresse, des changements climatiques et du progressif dessèchement de quelques zones méridionales et insulaires, la faute revient essentiellement aux carences structurelles et de gestion du système de l’eau nationale : corrosion des infrastructures anciennes, problèmes liés à la gestion des ressources et des réseaux, gaspillages, affaires et intérêts personnels en jeu,… sont à la base des difficultés du système hydrique italien dont les premiers touchés sont les consommateurs.

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1. Situation mondiale

1.1. Journée Mondiale sur l’Eau La Journée Mondiale sur l’Eau a pour but d’alarmer et d’avertir les Etats sur l’urgence hydrique et sur le fait que « l’or bleu » du 3ème millénaire doit constituer l’un des thèmes principaux lors des prochaines rencontres internationales environnementales, sociales et économiques. Le problème, s’il est mondial, est surtout concentré sur quelques régions de la planète pénalisées géographiquement, déjà touchées par le problème de la désertification croissante et de l’augmentation des zones arides. Ainsi, chaque année, 6000 enfants meurent de soif, par manque réel d’eau. C’est ce même nombre de personnes qui meurent, mais cette fois-ci par jour, des suites de maladies dues au manque d’eau potable. De même, quelques centaines de millions de personnes dans le monde sont infectées, à la suite d’un usage d’eau contaminée et de conditions sanitaires précaires (80% des maladies des pays en développement en sont la conséquence). Ces chiffres déjà excessifs risquent pourtant d’augmenter. En 2025, en effet, face à une demande d’eau potable dont l’augmentation est évaluée à 70%, 3 milliards d’hommes et de femmes seront exclus de l’accès à une eau saine. Selon l’UNEP, le Programme pour l’Environnement des Nations Unies, actuellement, 1/3 de la population mondiale vit dans des conditions de stress ou de crise hydrique (on parle de stress hydrique lorsque la disponibilité d’eau globale, par habitant et par an, dans un pays, est comprise entre 1000 et 1700 m3 ; sous 1000 m3, on parle de crise hydrique). Les conditions critiques concernent l’Afrique et l’Asie Occidentale, mais la croissance démographique et industrielle a causé une aggravation de la situation également dans d’autres zones, comme en Chine, en Inde ou en Indonésie. L'Asie souffre en effet du taux de population disposant d'eau potable le plus faible au monde, ses villes comptant parmi les plus polluées de la planète et son habitat naturel parmi les plus menacés. "L'eau potable reste la question la plus grave et la plus critique du XXIe siècle", avertit Klaus Toepfer, le directeur de l’UNEP.

1.2. L’ eau mondiale Le volume total d’eau sur terre est de 1,4 milliard de km3. Le volume des ressources en eau douce est de 35 millions de km3, soit 2,5% du total. De ces ressources en eaux douces, 24 millions de km3 (soit 68,9%) se trouve sous forme de glaces et de neiges éternelles dans les régions de montagne, en Antarctique et en Arctique. 8 millions de km3 (soit 30% des ressources globale en eau douce) est située sous terre. Ce volume correspond à 97% de l’eau potentiellement utilisable par les hommes. L’eau douce des fleuves et des lacs correspond à un volume de 105 000 km3, soit 0,3% du total de l’eau douce mondiale. Enfin, l’eau douce disponible pour les écosystèmes et pour les hommes est de 200 000 km3 d’eau, ce qui concerne 1% de toutes les ressources en eau douce et seulement 0,01% de toute l’eau de la terre.

1.3. Les problèmes liées à l’eau

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La consommation d’eau douce a été multipliée par 6 entre 1900 et 1995, et a doublé depuis 1960 : le problème de sa potabilité devient la question la plus importante pour les prochaines années afin de permettre l’accès à une eau saine pour tous. Entre autres, il est nécessaire d’intervenir immédiatement sur la pollution de la nappe phréatique, généralement irréversible puisque son temps moyen de renouvellement complet est de 1400 ans contre 20 jours seulement pour les fleuves. Exploiter la nappe aquifère aujourd’hui signifie diminuer l’accès à l’eau pour les générations futures. Pourtant, son exploitation excessive est répandue : plus de 95 % de la population rurale des Etats Unis extraient leur eau potable de la nappe phréatique ; en Asie, 30 % de la consommation globale dépendent de l’eau souterraine alors que certaines grandes villes comme Mexico, Lima ou Jakarta utilisent à 100 % l’eau de la nappe phréatique. Outre la pollution de la nappe, la plus grande menace pour cette « eau fossile » est également représentée par l’irrigation agricole, qui correspond globalement à 70 % des prélèvements des puits ou des fleuves. Le danger dans l’utilisation de la nappe phréatique pour l’agriculture est sa pollution, souvent irréversible, par des agents chimiques qui s’accumulent. Dans quelques régions indiennes, comme le Bengale, on trouve des concentrations d’insecticides importantes, de l’ordre de 4500 µg/l, c’est à dire 1000 fois supérieures aux valeurs limites de sécurité. Les nitrates également, suspectés de transformations capables de provoquer des tumeurs de l’appareil digestif, envahissent les eaux souterraines : au Danemark, les concentrations ont triplé en 60 ans ; plus de 15 % des échantillons d’eau des nappes superficielles des Etats Unis présentent des quantités (10 mg/l) capables de provoquer la cyanose, et enfin, autre exemple inquiétant, dans le Yucatan, une région forestière du Mexique, plus de la moitié des puits forés enregistrent des concentrations supérieures à 45 mg/l. L'approche des problèmes liés aux ressources en eau dans le monde impose une réflexion sur la rareté et sur la mauvaise gestion de l'eau caractérisant de vastes zones de toute la Méditerranée, où la quantité et la qualité de l'eau constituent les facteurs qui déterminent le niveau de développement, et définissent le standard de vie.

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2. L’eau dans la zone Méditerranée et en Italie

2.1. Etat des lieux De nombreuses recherches menées dans les régions les plus affectées par la pénurie en eau (Afrique du Nord, Proche Orient et les pays européens méditerranéens) ont mis en évidence l'existence de problématiques communes conditionnées par de graves déséquilibres dans le régime des eaux superficielles et des nappes souterraines, entraînant de plus en plus de retombées négatives sur le secteur agricole, entre autres. La présence d’eau limitée et répartie d’une manière très irrégulière dans les pays méditerranéens, aussi bien dans le temps que dans l’espace, a soumis l’eau à des pressions croissantes, liées à la croissance démographique, au développement et à l’augmentation de l’irrigation. Dans ce contexte, il apparaît important de souligner les points cruciaux suivants :

- les sources naturelles d’eau sont réparties très irrégulièrement entre les pays : 72% de la disponibilité se trouve dans les pays du Nord de la Méditerranée, 23% de l’Est et 5 % seulement du Sud. Certains pays ou territoire comme la Syrie, Israël, la Palestine, l’Egypte, se trouvent dans une situation de forte dépendance envers d’autres pays en amont des bassins hydriques

- sur 12 pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, huit pays exploitent déjà chaque année plus de 50% de leurs ressources hydriques renouvelables

- deux pays exploitent plus de leur disponibilité de ressources renouvelables (l’Autorité Palestinienne et la Libye)

- en 2025, selon l’évolution qui semble prévaloir, 10 pays sur 12 consommeront plus de 50% des ressources hydriques renouvelables et parmi eux huit plus de 100% des leurs ressources renouvelables. Dans cette situation de disponibilité limitée, quelques pays ont eu recours à l’exploitation de la nappe phréatique dite fossile, non renouvelable. La dégradation dans ce cas irréversible des écosystèmes, des aquifères et les infiltrations d’eau salée deviennent toujours plus fréquentes.

Actuellement, dans le bassin méditerranéen sont utilisés environ 300 milliards de m3 d’eau douce. Cette demande en ressource hydrique, composée de la consommation mais également des pertes dans les aqueducs et dans les réseaux de distribution, a doublé en un siècle et a augmenté de 60% au cours de 25 dernières années. Sont également à souligner les fortes disparités entre les pays de la zone méditerranéenne, avec des consommations allant selon les états, de 100 m3 par an et par habitant à plus de 1000 m3. L’exploitation excessive dans la région des nappes hydriques souterraines et le recours aux ressources hydriques fossiles (qui donc ne sont pas alimentées de nouveau par le cycle hydrologique) mènent à une situation non durable dans le temps. De plus, l’ensablement des collecteurs et des bassins artificiels est à l’origine d’une réduction croissante des réserves hydriques avec des pertes annuelles de capacité utile entre 2 et 3 %. L’impact sur l’environnement est également catastrophique dans certaines zones de la région méditerranéenne. En effet, l’exploitation des aquifères côtiers a déjà provoqué de nombreuses infiltrations d’eau salée, souvent irréversibles. Plus de la moitié des zones humides méditerranéennes ont déjà disparu avec un impact dramatique sur les écosystèmes. La pollution croissante conduit également à la dégradation des sources hydriques et engendre des coûts croissants pour assurer la production d’eau potable : de ce fait, le coût de la gestion des

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ressources hydriques augmente. La ressource hydrique limitée ne permet plus d’assurer la sécurité alimentaire de la région, malgré une croissance soutenue de la production céréalière.

2.2. Les politiques mises en œuvre Au cours des dernières années, on a assisté à des changements remarquables dans l'approche de l'étude sur la disponibilité de la ressource en eau dans les pays méditerranéens. Des études de faisabilité dans ces régions ont été engagées dans le but de définir des politiques répondant à l'augmentation des besoins en eau de la population et à la nécessité de soutenir le processus de développement économique de toute la région. Ces politiques doivent premièrement tenir compte de l'augmentation de la demande en eau, surtout dans les pays des rives Sud et Est de la Méditerranée, qui ont en commun la croissance démographique et des phénomènes d'urbanisation non contrôlés, impliquant une forte augmentation de la demande et, par conséquent, une exploitation des ressources en eau qui dépasse la capacité naturelle de renouvellement des nappes. Elles doivent également respecter les standards qualitatifs de l'eau et l'ensemble de l'écosystème, dans la conscience que l'environnement constitue un patrimoine commun qui n'a pas de frontière. Dans ce contexte, une révision des politiques de développement s'impose afin de pouvoir estimer l'impact environnemental des projets lancés dans les pays en voie de développement, et accorder des formes spécifiques de soutien économique aux pays qui adaptent leurs politiques aux principes du développement durable. Il est également important de considérer la mobilisation des capitaux, nationaux et internationaux, nécessaires pour la construction des grands ouvrages d'adduction et pour le transport des grandes masses d'eau indispensables à satisfaire les besoins en eau de la population. En 1995, la rencontre européenne communément connue sous le nom de Forum de Barcelone, a défini l'eau comme une "question prioritaire pour tous les partenaires méditerranéens". Ainsi, la politique de gestion des ressources en eau prendra de plus en plus d'importance en considération de la croissante rareté et du gaspillage continu de l'eau qui aujourd'hui intéressent ce secteur. L'exploitation ultérieure et non contrôlée de la ressource en eau, conséquence de l'augmentation de la pression de la population sur les zones urbaines, impose la réalisation d'un modèle de développement indivisible de la sauvegarde de l'environnement naturel. La forte demande de coopération en provenance des pays de la Rive Sud s'est traduite dans le lancement du Plan d'Action pour la Méditerranée et dans l'élaboration du concept de "Identité Méditerranéenne". A l'occasion de la Conférence Méditerranéenne de l'Eau, qui a eu lieu à Rome en octobre 1992, le renforcement, l’intensification et le développement de la coopération régionale en matière de gestion des ressources en eau a été mise en avant et la conférence a accordé la priorité à la recherche, aux transferts de technologie et de savoir faire. La tâche de la recherche, de la conception et de la diffusion de la base de données concernant les expériences acquises en matière de gestion des ressources en eau à l'échelle méditerranéenne, a été confiée aux entreprises, aux centres d'études et aux organisations non gouvernementales, dans le but de formuler des propositions d'intervention dans lesquelles la recherche appliquée et l'expérimentation convergent. Enfin, la Conférence Euro-méditerranéenne de Marseille de 1996 sur la gestion locale de l'eau, adoptée par les 27 Pays du Partenariat Euro-méditerranéen, organisée conjointement par le Gouvernement français et par la Commission de l'Union Européenne, a décrété la création du "Système Euro-méditerranéen d'information sur la connaissance dans le domaine de l'eau" (SEMIDE). Au cours de cette rencontre, l'Italie a été chargée, avec un nombre restreint de pays, de rédiger un plan d'action, en synthèse SEMIDE, afin de faire connaître les moyens de gérer l'eau de façon efficace en Méditerranée.

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Même si ce rôle de premier plan que l'Italie a acquis et qu'elle partage avec la France et l'Espagne réaffirme la mise en oeuvre de systèmes de coopération à l'échelle méditerranéenne, la situation nationale présente de nombreuses difficultés.

2.3. La situation générale italienne Le Rapport National sur l’Eau, dossier rédigé en 2002 par l’économiste Riccardo Petrella et le Comité Italien pour le Contrat Mondial sur l’Eau, a mis en évidence les nombreux problèmes posés par le système hydrique national italien. Les difficultés principales ont été présentées en 8 points : - la pauvreté des connaissances adéquates et des mises à jour concernant la qualité des eaux,

les relevés des cours d’eau souterrains, la pollution ; connaissance limitée de l’état des égouts. - Un tiers des italiens n’a pas accès régulier et suffisant à l’eau potable alors que l’Italie est le

pays européen qui connaît la consommation la plus élevée par habitant (78 m3 d’eau potable/an/habitant)

- Seuls 40 % des italiens boivent l’eau du robinet, mais ils sont les premiers consommateurs d’eaux minérales au monde alors que ces dernières sont 3000 fois plus chères que l’eau courante et moins saines.

- La dégradation du patrimoine hydrique ne cesse de s’aggraver : 30 % des habitants vivent dans des grandes villes privées de systèmes de dépuration ; de plus, rares sont les villes méridionales où la dépuration dépasse les 25 %.

- Les gaspillages sont dus au manque d’entretien du système hydrique : 30 % en moyenne des eaux se perdent dans les conduites (50 % dans certaines zones). Le gaspillage domestique est également très élevé.

- La politique a laissé s’installer une grande fragmentation dans la gestion de l’eau (8000 gérants différents) et la loi Galli (N° 36/1994), qui tenta it de rendre plus efficace la cession des ressources hydriques, présente de grands retards. Au lieu de cela, les politiques ont fait le choix de la privatisation.

- Les conflits locaux se multiplient et s’intensifient, marqués par des tensions autour de la privatisation du capital des sociétés publiques, et des protestations contre des projets de tunnels et décharges polluants.

- Le poids de l’Italie sur la politique européenne, méditerranéenne et mondiale sur l’eau est quasiment nul. Elle est absente des 4 grandes institutions qui tracent les orientations et les choix prioritaires de la politique mondiale sur l’eau (World Water Coucil, Global Water Partnership, World Commission in Water, World Water Assessment Programme).

2.4. Les ressources hydriques italiennes

L’Italie est un pays potentiellement très riche en eau. Avec ses 175 012 millions de m3 annuels, elle arrive en seconde place des pays de l’Union Européenne, après la France, concernant la quantité de ressources en eau théoriquement disponible. En calculant les flux de pluie, l’afflux superficiel et le cumul dans la nappe souterraine, chaque italien pourrait compter sur 3052 m3 annuel, une quantité en dessous de la moyenne européenne (4035 m3) mais bien au delà de celle qui définit le stress hydrique. Si on passe de la disponibilité théorique à la quantité effective (en éliminant les pertes naturelles et en considérant les moyens de captage à disponibilité), on atteint 56 012 millions de m3, une quantité qui place l’Italie seconde derrière l’Allemagne dans l’Union Européenne, et qui donne aux italiens la première place dans l’U.E. en terme de disponibilité par personne, avec 980,3 m3 annuel contre une moyenne européenne de 612 m3 (647 pour la France et 719 pour l’Allemagne, données issues du Rapport du Ministère de l’Environnement italien). Cette disponibilité, cependant, n’est pas homogène sur le territoire national. Il suffit d’étudier les estimations de la CNA (Conférence Nationale sur l’Eau) au cours des deux dernières campagnes d’études menées en 1971 et 1989 pour visualiser la nette différence entre les divers

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compartiments hydrographiques, avec de grandes disponibilités au Nord de l’Italie et des pourcentages plus réduits dans le reste du territoire national. Des 296 milliards de m3 annuel de pluie, réduits à 164 milliards potentiels à cause des phénomènes naturels d’évaporation et d’évapotranspiration, et réduits de nouveau à 52 milliards de ressources effectivement utilisables par les pertes et les difficultés de captage, le Nord de l’Italie peut compter sur presque 34 milliards de m3 (c’est à dire 65 % des disponibilités), bien plus que les autres zones de Centre de l’Italie (15 %), du Sud (12 %) et des Iles (8 %). Ces données concernent en grande partie l’eau de surface (au Sud et dans les Iles, surtout les lacs artificiels), mais la quantité d’eau souterraine est importante (environ 11 milliards de m3, supérieurs à la moyenne européenne). Il est évident que les changements climatiques en cours risquent d’avoir une incidence sur la disponibilité de la ressource en eau. Les prévisions parlent d’une aggravation de la sécheresse et de la progressive désertification de quelques régions italiennes insulaires et méridionales, en opposition avec la « tropicalisation » des régions du centre septentrional, où une augmentation des pluies risque d’apparaître. Et si les effets de la désertification du Sud sur la disponibilité de l’eau sont facilement imaginables, il ne faut pas éluder le problème lié à l’augmentation de la pluviosité dans d’autres régions : vu la configuration particulière du territoire national, avec de nombreuses pentes, accentuée par la sédimentation du lit des fleuves et par la réduction des zones forestières, des pluies plus violentes ne pourront pas être mieux absorbées, mais créeront un afflux d’eau plus rapide vers la mer.

2.5. Disponibilités et usages en Italie La disponibilité hétérogène crée également des situations critiques au niveau des prélèvements, qui déjà en Italie sont supérieurs à la moyenne de l’Union Européenne. Le Nord de l’Italie, où l’on enregistre les prélèvements les plus importants en termes absolus, utilise 78 % des ressources disponibles. L’utilisation dans les régions centrales, où les prélèvements sont de 52 % de la disponibilité locale, sont plus raisonnables ; la situation des régions méridionales est en revanche critique avec des prélèvements correspondants à 96 % des disponibilités locales. Parmi les secteurs concernés, la plus grande partie des prélèvements est effectuée par l’agriculture, suivie de l’industrie, des usages civils, de l’énergie (essentiellement au Nord), et, plus limité, de l’usage pour le tourisme. L’agriculture est donc le secteur qui requiert les quantités d’eau les plus importantes. Au niveau national, plus de 50 % des ressources sont destinées aux irrigations, surtout dans le Sud et dans les Iles (dans le Centre de l’Italie, les prélèvements pour l’irrigation se limitent à 40 %). Malgré les quantités prélevées pour l’irrigation, le système est bien loin d’être parfait, bien au contraire, car la productivité de l’eau (rapport entre la quantité produite et la quantité d’eau utilisée) dans l’agriculture italienne est parmi les plus basses de l’Union Européenne. En outre, l’irrigation utilise souvent l’eau de la nappe souterraine, dont la pollution se fait de plus en plus importante, du fait de l’utilisation abusive de fertilisants et pesticides. La logique industrielle qui s’applique désormais à l’agriculture avec des usages irresponsables et non renouvelables des éléments naturels, sols et eaux avant tout, est également à mettre en cause. L’industrie effectue quant à elle des prélèvements de l’ordre de 20 à 30 % du total, concentrés particulièrement au Nord de l’Italie comme par exemple l’usage de l’eau pour l’énergie. Les prélèvements destinés aux usages domestiques concernent environ 10 à 20 % des prélèvements totaux. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a évalué à 50 litres par jour et par habitant le besoin essentiel en eau pour l’usage domestique. Les italiens, avec 278 litres d’eau en moyenne par jour et par habitant (l/j/hab.), sont bien au dessus de ces évaluations et sont même en tête des nations européennes (mais à l’intérieur du pays, les consommations diffèrent

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également selon les régions : 323 l/j/hab. pour l’Italie du Nord occidental et 214 l/j/hab. pour l’Italie méridionale). On considère que seuls 2 à 3 % de cette quantité sont utilisés pour boire et pour l’alimentation, le reste étant absorbé à 30 % par la vaisselle et nettoyage des habitations, 30 % par les machines à laver, et le reste pour la salle de bains, la douche, lavage de voiture,… Il apparaît donc comme nécessaire de créer un double réseau, qui permettrait de réserver l’eau potable aux utilisations délicates tandis que l’usage extra-domestique serait une eau non-traitée. L’eau pour les usages domestiques provient en grande partie des nappes souterraines (environ 85 % du total), en général moins polluées que les superficielles et donc, nécessitant moins de traitements. Au Sud et dans les Iles, l’utilisation des bassins artificiels est importante, puisqu’en sont issus 15 à 25 % de l’eau potable. En revanche, sont presque absents les procédés de dessalement de l’eau de mer, qui sont pourtant employés pour fournir de l’eau dans d’autres pays méditerranéens comme l’Espagne, Malte ou Chypre.

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3. Les difficultés du système hydrique italien

Le système hydrique italien présente des lacunes sur différents points : l’organisation et l’infrastructure du service, les aspects sanitaires et l’impact sur l’environnement. L’âge moyen du réseau d’adduction est de 35 ans, de celui de la distribution 34 ans, des réservoirs 25 ans. Les installations de traitement des eaux de grande dimension ont une moyenne d’âge de 25 ans, ceux de petite taille de 15 ans : au total 70% de l’eau est traitée dont 60% par le chlore, l’ozone ou par les UV.

3.1. Le réseau hydrique : sources abondantes, gestion fragmentée L’eau en Italie est particulièrement abondante, mais difficilement captable sans l’utilisation de moyens importants de pompage et d’infrastructures. La distinction entre Nord et Sud et l’hétérogénéité du système hydrique, comme nous l’avons vu précédemment, est une caractéristique italienne concernant l’utilisation de l’eau. Ainsi, au Nord de l’Italie, les Alpes sont une source continuelle d’eau, sans période de manque d’approvisionnement, et les réseaux de distribution des eaux sont surtout gérés au niveau communal ou intercommunal. L’eau fournie provient surtout des nappes phréatiques, des rivières et dans quelques rares cas, des eaux superficielles. Par exemple, à Côme, l’eau du lac est depuis peu utilisée. Au Centre de l’Italie, les Apennins sont une source discontinue, les réseaux de distribution sont gérés au niveau communal et l’eau fournie provient soit des nappes superficielles, soit des rivières. Enfin, au Sud, les Apennins sont également une source discontinue et il apparaît des périodes de manque d’eau. La gestion est effectuée par des sociétés importantes, et dans quelques cas isolés par les communes qui s’en remettent au privé. L’eau fournie a surtout pour origine les nappes superficielles, et est captée et distribuée par le biais de travaux de grande envergure (bassins artificiels, conduites, réseaux de distribution,…). Les problèmes principaux liés au réseau hydrique italien peuvent être résumés ainsi : - décalage entre le cadre administratif et les aspects environnementaux - forte fragmentation du système et absence d’une connaissance complète de la situation - problèmes d’entretien, absents ou trop rares - problèmes de pompage et d’approvisionnement en relation avec les changements climatiques - problèmes qualitatifs de plus en plus importants à cause du manque de systèmes de

dépuration efficaces Le décalage entre le cadre législatif qui gère les normes et l’aspect environnemental lié à l’utilisation de l’eau est en effet important. La loi dite Galli, votée en 1994 (voir plus loin) et en particulier ses parties relatives à l’institution de ATO (Ambiti Territoriali Ottimali, domaines territoriaux optimaux), avaient pour objectif de lier les deux aspects. Malheureusement, peu de directives ont été activées par les régions et l’intérêt des politiques locales envers cette loi semble limité. Ensuite, la fragmentation du réseau italien est excessive. Les secteurs de la distribution de l’eau, de la collecte des eaux usées et de la dépuration sont caractérisés par un extrême morcellement des opérateurs : 5500 pour la distribution d’eau potable, 7000 pour la collecte des eaux usées et 2000 pour la dépuration. Environ 50 % des volumes distribués sont gérés par des régies municipales et des sociétés publiques de grande dimension, le reste l’étant par des sociétés communales de petite taille. Ainsi, ces presque 15000 opérateurs sont dirigés par de nombreux

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gestionnaires dont les responsabilités ne sont pas évaluées correctement. De plus, il manque un cadre informatif unique qui permettrait de connaître et de définir les potentialités réelles du système actuel, ce qui devait être garanti par la loi Galli. Les problèmes liés à l’entretien sont également trop présents. Le réseau hydrique italien présente de grandes lacunes et des déficiences, du fait des faibles investissements dans sa rénovation ou sa mise aux normes. La situation s’est donc dégradée et les innovations, surtout dans le domaine de la dépuration, sont nulles. Les difficultés qui apparaissent sur le réseau sont donc liées au manque d’entretien effectué et cette situation critique engendre des dommages supplémentaires aux infrastructures, compromettant indirectement le système hydrogéologique.

3.2. Les gaspillages Le gaspillage de l’eau en Italie est un problème récurrent, tout aussi important que celui de la qualité des réseaux d’approvisionnement. En effet, la « Relation sur l’Etat de l’Environnement en 2001 », effectuée à la demande du Ministère de l’Environnement, a quantifié à plus de 30 % les pertes d’eaux dans les conduites du réseau hydrique italien. Dans certaines zones, surtout au Sud, le pourcentage atteint 50 %, alors que la moyenne européenne avoisine les 10 %. Ces chiffres placent l’Italie en tête de la classification des gaspilleurs d’eau dans les pays européens. La cause de ces gaspillages est indiscutablement structurelle. Le réseau hydrique italien nécessiterait en effet des adaptations et des investissements considérables afin d’améliorer le système d’adduction et de distribution, les installations de traitement et les réseaux d’égouts (dont les carences provoquent la pollution des eaux superficielles et souterraines), et la formation de personnel technique. La loi Galli (L.36/94) qui réglemente le système hydrique, prévoit que l’économie de la ressource en eau passe principalement par la restructuration et la progressive rénovation des réseaux existants qui présentent des pertes importantes. Pour le seul cas de l’Italie du Sud, les estimations de la « Surveillance sur l’Utilisation des Ressources Hydriques» portent à une économie de 50 millions d’euro si les gaspillages dans le réseau étaient réduits. Pourtant, malgré un progressif et inquiétant vieillissement des infrastructures hydriques italiennes, les investissements pour les travaux hydriques ont diminué, entre 1985 et 1998, de 2/3. Il ne faut donc pas être surpris que les gaspillages d’eau aient augmenté ces dernières années, passant de 17 % en 1975 aux actuels 30 % de pertes. Selon les données fournies par l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique), l’Italie se place dans les mauvaises places de l’Union Européenne, en ce qui concerne son réseau hydrique. Ainsi, : - l’Italie est le pays de l’Union Européenne qui prélève la plus grande quantité d’eau par

habitant : 980 m3 à l’année par habitant, le double de la Grèce, et bien plus que l’Espagne (890) et la France (700) (pour comparaison, les prélèvements effectués aux Etats Unis sont de 1870 m3 à l’année et 200 en Grande Bretagne).

- l’Italie est au premier poste en ce qui concerne les prélèvements pour usage domestique (278 l/hab/jour), bien plus que la France (156) ou que l’Autriche (162)

- l’Italie est le second pays en Europe concernant le rapport entre eau prélevée et disponibilité des ressources (avec 32%, après la Belgique)

- concernant l’usage industriel, l’Italie a l’un des plus mauvais indice de consommation d’eau par unité produite : en Europe, avec 1 m3 d’eau, on produit en moyenne des biens pour une valeur de 96 euro, en Italie la valeur est de 41 euro/m3 contre 120 euro en Allemagne et 200 en Hollande

- enfin, pour l’agriculture, l’Italie consomme entre 50 et 60% du total des prélèvements et est l’un des pays européens dont la consommation d’eau par hectare irrigué est la plus élevée.

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Il ne faut pas non plus oublier qu’aujourd’hui encore, beaucoup de zones en Italie souffrent, surtout durant l’été, de graves carences hydriques. Dans le Sud, plus de la moitié de la population n’a pas assez d’eau pendant au moins un trimestre de l’année, et cela n’est pas dû à un simple problème de disponibilité, mais surtout à un usage irrationnel de la ressource et à une mauvaise gestion. Il suffit de considérer les mauvaises utilisations des ressources prélevées, en particulier par des systèmes d’irrigations peu efficaces, ou au gaspillage dérivant des pertes dans les conduites pour comprendre l’impact négatif engendré sur les disponibilités effectives. Ainsi, l’inadéquation du système hydrique (mais également l’hétérogénéité de la disponibilité des ressources) explique que, malgré une grande disponibilité sur le territoire, l’eau potable reste un bien rare dans beaucoup de zones du pays. Ce problème touche surtout l’Italie méridionale et insulaire (voir dans les situations spécifiques plus loin).

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4. Environnement législatif et gestion de l’eau

4.1. Historique de la politique italienne sur l’eau La norme italienne concernant l’eau est restée, jusqu’au décret législatif 152/99, substantiellement articulée sur la base de quatre dispositions législatives : - décret du 11 décembre 1933, n° 1775 - loi du 10 mai 1976, n°319 (loi Merli) - loi du 18 mai 1989, n°183 (loi sur la protection des sols) - loi du 5 janvier 1994, n°36 (loi Galli) Le décret 1775/1933 représente un acte important de la norme sur les différentes utilisations de la ressource hydrique. Il a le mérite d’avoir commencé à affirmer le principe de nature publique de l’eau et la nécessité de l’intervention de l’administration publique dans la régulation des travaux de conception afin de garantir les intérêts collectifs. Cependant, la vision globale du décret était de considérer l’eau comme une ressource illimitée à défendre, et dans le même temps, à exploiter à travers la réalisation d’infrastructures et de conditions juridiques adéquates. Ce décret n’était donc pas pensé comme un moyen de surveillance de la ressource et ne tenait pas compte, par exemple, de la nécessité d’économiser l’eau ou de la restituer non polluée.

4.1.1. Loi 319/1976 (Loi Merli) : Norme pour la protection des eaux face à la pollution

La loi 319/1976, aujourd’hui substituée par le décret législatif 152/99 a constitué la première norme italienne sur la pollution et l’assainissement des corps hydriques. Les principes, les finalités et les instruments de la loi concernaient fondamentalement : - la protection des eaux face aux phénomènes de pollution dus au fort peuplement du territoire - le cas des rejets, quelque soit leur type, dans toutes les eaux superficielles et souterraines,

internes et marines - les critères généraux pour l’utilisation des eaux en matière d’implantations - l’organisation des services publiques des aqueducs, égouts et dépuration De plus, la loi établissait les critères pour la rédaction d’un Plan Général d’Assainissement des Eaux par les régions, dans lequel seraient précisées les caractéristiques quantitatives et qualitative des corps hydriques, à la suite d’un monitorage systématique des eaux, ainsi que les actions et les interventions d’assainissement nécessaires pour l’amélioration ou la prévention des situations de dégradation.

4.1.2. Décret Ministériel 470/82 : actualisation de la directive européenne n°76/160 relative à la qualité des eaux de baignade

Le décret a comme objet les exigences chimiques, physiques et microbiologiques des eaux de baignade. De plus, y sont spécifiés les modalités des contrôles et les interventions à effectuer dans le cas où seraient rencontrées des valeurs supérieures aux limites fixées par le décret même. Dans le tableau 1 ci-dessous sont reportées les valeurs limites de quelques paramètres retenus comme indicateurs principaux de l’état de pollution des eaux. Sont également indiquées la fréquence d’échantillonnage et la méthode d’analyse ou d’inspection. Précisons que l’unité Ufc/l correspond à l’unité formant colonies par litre, soit la quantité de bactéries par litre.

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Tableau 1 : paramètres les plus importants et valeurs limites pour la qualité des eaux de baignade

Paramètre Unité de mesure Valeur limite Coliformes totaux UFC/100 ml 2000 Coliformes fécaux UFC/100 ml 100 Streptocoques fécaux UFC/100 ml 100 PH 6-9 Oxygène dissous % de saturation 70-120

4.1.3. Loi 183/89 : Norme pour le réaménagement organisationnel et fonctionnel de la protection des sols

La loi 183/1989 a pour objectif d’assurer la défense du sol, l’assainissement des eaux, la jouissance et la gestion du patrimoine hydrique dans les différentes utilisations, en relation à un développement économique et social rationnel, ainsi que la protection des aspects environnementaux qui y sont liés. La loi a introduit le concept de bassin hydrographique, défini comme « le territoire dans lequel les eaux pluviales ou de fonte des glaces, se récupèrent dans un cours d’eau déterminé directement, ou par le biais des affluents, ainsi que le territoire qui peut être inondé par ce même cours d’eau ». L’instrument mis en place pour la réalisation des objectifs est le Plan de Bassin, auquel sont associées connaissances, normes et techniques d’intervention. A travers ce plan sont planifiées et programmées les actions et les normes d’utilisation en faveur de la conservation, de la défense et de la valorisation du sol et de l’utilisation correcte des eaux. Les dispositions de Plan de Bassin ont des caractères contraignants pour les administrations et les organismes publiques ainsi que pour les sujets privés. Malheureusement, en 1999, la loi 183 n’avait pas encore porté ses fruits, à cause de la faible structure administrative, et d’une incapacité institutionnelle à coordonner les actions auprès des régions et les préoccupations fédéralistes. L’intégration de ces lois aurait pourtant dû garantir une approche globale au thème de l’eau mais cet objectif a été manqué, aussi bien du fait de l’inapplication de normes claires que du manque de volonté pour arriver à une vision globale des problèmes. La 36/1994, dite Loi Galli, avait donc pour but d’apporter des solutions aux problèmes non résolus par les lois précédentes.

4.1.4. Loi Galli de 1994 et les ATO

4.1.4.1. La loi Galli Le principe clé exprimé par la loi est le concept d’utilisation durable de la ressource hydrique : « toutes les eaux superficielles et souterraines sont publiques et constituent une ressource qui est sauvegardée et utilisée selon des critères de solidarité ». Les différents usages de l’eau doivent être orientés vers l’économie et le renouvellement des ressources pour ne pas condamner le patrimoine hydrique, la viabilité de l’environnement, l’agriculture, la faune et la flore aquatique, les procédés géomorphologiques et les équilibres hydrogéologiques. L’utilisation de l’eau pour la consommation humaine est prioritaire sur les autres usages. Au cours des périodes de sécheresse, et de toutes manières dans les cas de ressource hydrique insuffisante, la priorité pour l’usage agricole doit être assurée, après celle de la consommation humaine. Basée sur la gestion de la ressource hydrique, la loi Galli définit surtout des critères pour l’organisation de structures de gestion des eaux, en considérant de manière globale l’ensemble du cycle, de l’approvisionnement à la dépuration. La réorganisation des services hydriques proposée par la loi passe ainsi par les Domaines Territoriaux Optimaux (Autorità Territoriale Ottimale, dits ATO). Ceux-ci ont été définis selon des

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critères précis tels que le respect du bassin hydrographique, le réduction de la fragmentation des gestions et l’obtention de dimensions gestionnaires adéquates, capable d’intégrer les diverses activités du cycle hydrique intégré (c’est à dire du prélèvement jusqu’à l’évacuation de l’eau). Afin de pouvoir atteindre ces objectifs, la loi 36/1994 a défini de nouveaux procédés et de nouveaux sujets institutionnels. En particulier au niveau central, elle a prévu l’institution d’un organe indépendant de l’administration publique : le Comité pour la Surveillance sur l’Utilisation des Ressources Hydriques. La taille des ATO est calculée de manière optimale : les zones doivent être gérables, permettre des interventions organisées et distribuer les coûts d’intervention structurelles sur un nombre intéressant d’utilisateurs qui payent tous le même tarif. L’augmentation de la taille des domaines de gestion doit permettre l’amélioration de l’efficacité et de la qualité du service et l’accroissement des investissements (grâce à la croissance des opérateurs et à la meilleure rentabilité des investissements d’infrastructures nécessaires). Les deux objectifs principaux des ATO sont donc une meilleure efficacité du réseau et une meilleure gestion financière. Les ATO ont également comme but d’effectuer un plan de projet de longue durée (20-30 années) qui aurait comme objectif principal la qualité de la ressource naturelle et du service apporté. Le processus de regroupement territorial et fonctionnel des opérateurs fixé par la loi visait la réduction du nombre des opérateurs sur les réseaux italiens de distribution des eaux, de 13000 en 1994 à 150 ou 200, à travers l’institution des ATO. La gestion des 50 000 installations (parmi lesquelles 30 % concernent les réseaux de distribution et d’égouts, 37% les dépurateurs et 30 % les aqueducs, ces trois types d’infrastructures constituant le système hydrique italien) est en effet particulièrement fragmentée. La caractéristique de l’incalculable nombre de gestionnaires (les communes pour 80% d’entre eux) est le nombre réduit d’installations gérées par chacun : si on considère comme une seule installation le réseau de distribution et d’égout de chaque commune, il apparaît que 89% des gestionnaires s’occupent d’un nombre d’installations inférieur à 10 et à peine 2% d’entre eux peuvent être considérés de grande dimension, c’est à dire avec plus de 30 installations gérées. De tels extrêmes de fragmentations ont constitué un point fragile du système italien, avec pour grave conséquence de laisser de côté la modernisation structurelle et de gestion, le condamnant à l’inefficacité. Un autre point essentiel de la loi Galli relève de la séparation entre les fonctions de direction (organisation, réglementation et contrôle) et de gestion du service de l’eau. Les collectivités territoriales (Provinces et Communes) gardent la direction mais elles doivent désormais en céder la gestion à des acteurs indépendants.

4.1.4.2. Bilan de la loi Galli La loi L. 36/94, a donc tenté de remédier au problème de fragmentation du réseau hydrique italien à travers une action de réorganisation tournée vers l’intégration, aussi bien fonctionnelle (concernant les différentes phases du cycle, du pompage à l’effluent usé) que territoriale (relatif aux bassins d’usage minimal). Approuvée en janvier 1994, la loi Galli n’a cependant pas encore trouvé une concrétisation complète. En avril 2001, le Comité de Surveillance sur l’Utilisation des Ressources Hydriques (organisme de surveillance mis en place par la loi) a mis en évidence des retards considérables. Deux ans plus tard, sur le plan du fonctionnement, les régions avaient défini 89 ATO et instauré l’autorité de domaine dans 84 cas, avec plus de 54 millions d’habitants distribués sur 17 régions. Manquent encore le Frioul Vénétie Julienne, et le Molise. Le domaine le plus peuplé est l’ATO Unico Puglia, avec plus de 4 millions d’habitants concernés alors que le plus petit est celui de Valle del Chiampo en Vénétie avec un peu plus de 50000 habitants.

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Plus de la moitié des ATO instaurés (47) sont actuellement dans la phase intermédiaire de la réforme, ayant rédigé ou déjà approuvé le Plan de Domaine, qui doit fixer les niveaux du service visé : cela couvre, 10 ans après l’approbation de la loi, seulement 49% de la population et 44% des 8102 communes italiennes. La naissance du Système Hydrique Intégré se met malheureusement en place très lentement et n’a pas encore aujourd’hui apporté les résultats escomptés face aux besoins des utilisateurs.

4.1.4.3. Le Comité pour la Surveillance sur l’Utilisation des Ressources Hydriques L’article 21 de la loi Galli a institué un comité de surveillance, dont le programme se base sur une durée de 6 ans. Le premier plan a été lancé en 1994 et le second a débuté en avril 2001. Ce comité siège auprès du Ministère des Travaux Publics et dépend du Ministère de l’Environnement et du Parlement. Il résume ses activités devant le Parlement une fois par an. Formé de deux représentants du Ministère de l’Environnement, de deux représentants du Ministère des Travaux Publics et de trois représentants des régions, il doit garantir le respect des principes de la loi. Le Comité a ainsi trois rôles majeurs. Tout d’abord, il est une source de coordination et de concentration des informations. Il répond aux autorités publiques et rédige chaque année un rapport sur l’état du secteur de l’eau en Italie qu’il présente au Parlement. Ensuite, le Comité assure un rôle de contrôle : il est chargé de garantir le respect de la loi Galli, notamment pour ce qui concerne l’efficacité et l’économie du service, le contrôle des tarifs et le respect des intérêts des utilisateurs. Enfin, il a également un rôle associé au décisionnel : dans le cas de violation des indications de la loi Galli, il peut proposer aux autorités des mesures correctrices contre les responsables des services de gestion et des mesures de remboursement des dommages subis par les usagers. Cependant, compte tenu du peu de réformes appliquées et réalisées depuis le vote de la loi Galli en 1994, le rôle du Comité a peu évolué et reste encore limité à la rédaction des rapports annuels qui font l’état des lieux au niveau national.

4.2. Les nouvelles normes italiennes Avec la rédaction du décret législatif 152/99 et de la directive cadre européenne sur les eaux 2000/60/CE, le cadre législatif de référence des politiques de surveillance et d’usage durable des ressources hydriques a été fortement modifié. Les deux normes, développées en parallèle, se basent sur les mêmes concepts et principes généraux. Leur but est d’instituer un cadre partagé au niveau européen pour la mise à jour d’une politique soutenable à long terme pour l’usage et la protection de toutes les eaux internes, de transition et les eaux marines côtières.

4.2.1. Le décret législatif 152/99 Le décret législatif 152/99, qui résume deux directives européennes en matière de surveillance et de traitement des eaux (la 91/271/CEE sur le traitement des eaux usées urbaines et la 676/91 CEE sur la protection des eaux de la pollution des nitrates de sources agricoles), constitue un nouveau cadre réglementaire pour la protection des eaux superficielles et souterraines, afin de dépasser les contradictions existantes et les obstacles qui ont empêché la mise à jour des normes de prévention et d’assainissement des corps hydriques. Il a également mis en lumière les problèmes d’adaptation du système hydrique italien. Les conclusions rapportent que l’Italie se trouve bien en dessous des normes de qualité environnementales en terme de dépuration et de ses infrastructures, mais également au niveau de la capacité technique et organisationnelle des ouvriers et travaux, qu’ils soient publics ou privés. Les caractéristiques les plus importantes du décret législatif 152/99 sur l’eau concernent :

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- la surveillance intégrée des aspects quantitatifs et qualitatifs de la ressource : la surveillance quantitative de la ressource cible le respect des objectifs de qualité. La protection de la qualité des eaux ne peut donc pas faire abstraction du contrôle des prélèvements et des utilisations de l’eau. Le décret prévoit et renforce les instruments et les actions prévus par la loi Galli à des fins d’économie, de recyclage et de réutilisation de l’eau et réduit les concessions temporaires en les soumettant à la planification du bilan hydrique et de la protection qualitative des eaux.

- la qualité environnementale du corps hydrique, considérée l’objectif à poursuivre à l’échelle du bassin hydrographique, et à accoler aux standards qualitatifs demandés pour les destinations spécifiques d’utilisation de l’eau (potable et civile, baignade, etc.). Il faut donc pointer sur la sauvegarde des écosystèmes aquatiques dans leur ensemble, quelque soit l’utilisation de l’eau. L’objectif de qualité environnementale est définit en fonction de la capacité des corps hydriques de maintenir les procédés naturels d’autodépuration et supporter les espèces animales et végétales amples et diversifiées. Le décret 152/99 définit les méthodologie de classification de l’état environnemental des eaux, les critères d’évaluation et le système de monitorage.

- le cas des rejets : le décret 152/99 annule la précédente norme, la loi Merli, sur les rejets dans les corps hydriques et sur les sols. Le concept de « charge polluante » est introduit : le rejet est évalué non plus sur la base de la concentration ponctuelle des substances dans les eaux, mais également en base à la charge totale (par exemple annuelle) de polluant qui est émit dans l’environnement aquatique.

- la diversification des actions en base à la vulnérabilité du territoire : les régions doivent identifier et prévoir des mesures spécifiques dans les zones sensibles (sujettes ou à risques d’eutrophisation pour le contenu d’azote et phosphore dans les eaux) et dans les zones sensibles aux nitrates d’origine agricole et de produits phytosanitaires.

4.2.1.1. Protection quantitative

Il est à souligner que le rejet d’eau des concessions de dérivation doit garantir le débit minimum vital et les objectifs de qualités à atteindre. Le DL 152/99 effectue également plusieurs modifications au décret 1775/33 afin de garantir un usage plus rationnel de la ressource à travers : - la réduction temporaire sur les concessions (la durée ne peut pas dépasser 30 ans, ou 40 dans

le cas d’un usage pour irrigation) - l’obligation d’utiliser des ressources appropriées aux différents usages (comme éviter

l’utilisation d’eau potable pour laver les routes, arroser le jardin ou d’autres usages qui ne demandent pas de qualité particulière). Ainsi, l’utilisation de ressources réservées à l’usage potable pour d’autres utilisations que celle prévue sera autorisée seulement dans le cas de ressources importantes ou de carence de ressources hydriques alternatives de qualité acceptable pour l’usage en question. Dans ce cas, la redevance sera de toute manière triplée ;

- l’activation de critères et de normes strictes concernant les rejets - la définition de sanctions importantes pour qui prélève sans autorisation

4.2.1.2. Protection qualitative (objectif de qualité environnementale) La classification des corps hydriques et les contrôles associés sont définis selon les typologies de corps hydriques (cours d’eau, lacs naturels et artificiels, eaux souterraines, eaux côtières et de transition). En ce qui concerne le contrôle, il est évident que, sans un équipement d’analyses en continu et uniformisé, les corps hydriques ne peuvent pas être classifiés, tout comme les plans de surveillance ne peuvent pas être effectués, ou les nouvelles limites de la part des régions établies. Dès lors, les objectifs de qualité ne peuvent pas être atteints, comme le prévoit le décret. Ainsi, l’application de la loi passe obligatoirement par un système adéquat et c’est pour cette raison que l’organisation et la mise en place d’un système de contrôle de qualité efficace des corps hydriques (outre celui des rejets) sont les objectifs principaux afin d’arriver à une première classification des

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corps hydriques. Classification sur laquelle pourra se baser la seconde phase de l’application de décret 152/99, celle qui vise à atteindre les objectifs de qualité des corps hydriques. La directive cadre européenne sur l’eau, couplée à cette loi, devrait permettre d’effectuer une classification au niveau européen, et d’atteindre des objectifs communs de qualité.

4.2.1.3. Plan de protection Les régions doivent élaborer des programmes pour la validité et la connaissance de l’état qualitatif et quantitatif des eaux et adopter des mesures de protection et d’assainissement dans une optique de bassin (cette approche au niveau du bassin est présent également dans la directive cadre sur l’eau de l’Union Européenne). Le choix d’insérer les plans de tutelle intégrée dans les plans de bassins dépend du concept de protection intégrée quali-quantitatif et du concept de qualité environnementale adopté par le décret. Le plan de protection comprend : - les résultats de l’activité cognitive ; - la définition des objectifs de qualité environnementale et à destination spécifique ; - la liste des corps hydriques à destination spécifique et des zones réclamant des mesures

spécifiques de prévention face à la pollution et à l’assainissement ; - les mesures de protection qualitative et quantitative intégrées entre elles et coordonnée par

bassin hydrographique ; - l’indication de la date limite pour les interventions et les priorités relatives ; - le programme de validité de l’efficacité des interventions prévues ; - les interventions de bonification des corps hydriques.

4.2.1.4. Rejets Le Décret 152/99 se base sur une approche combinée : limite au rejet comme norme de départ et limites stabilisées par les régions en fonction des objectifs de qualité à atteindre. Un premier concept affirme que tous les rejets doivent être disciplinés afin d’atteindre l’objectif de qualité. Cela signifie que chaque limite d’émission doit être revue en fonction de la charge polluante pouvant être reversée dans un corps hydrique sans que celui-ci ne s’éloigne trop de ses caractéristiques naturelles et de sa capacité de protection des communautés animales et végétales écologiquement équilibrées. Un second alinéa relie, lui, les limites d’émission aux objectifs de qualité et demande la révision des normes d’émission aux régions en réduisant la possibilité de définir des limites hautes pour certains paramètres. Les régions sont également tenues, pour la définition des nouvelles limites, de prendre en compte les meilleures techniques disponibles, c’est à dire une meilleure protection de l’environnement et cela, dans la logique imposée par la directive 96/61/CEE en matière de prévention intégrée de la pollution. Notons que des évolutions de comportement face à l’eau et aux problèmes liés à la pollution permettront probablement de donner à cette nouvelle norme un impact plus important que celui qu’elle a reçu jusque là : outre les avantages qu’elle devrait apporter d’un point de vue environnemental, elle devrait également être une incitation importante à l’innovation technologique et un facteur pour les embauches.

4.2.2. Décret Législatif n°31 du 2 février 2001 : a ctualisation de la directive 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinée à la consommation humaine

Ce décret réglemente la qualité des eaux destinées à la consommation humaine afin de protéger la santé humaine des effets négatifs dérivant de la contamination des eaux, en en garantissant la hygiène et la propreté.

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Les eaux destinées à la consommation humaine ne doivent pas contenir de microorganismes et de parasites, ni d’autres substances, en quantité ou en concentrations telles qu’elles puissent représenter un danger potentiel pour la santé humaine. Le décret définit les modalités et le type de contrôles qui servent à garantir que les eaux destinées à la consommation humaine satisfassent les qualités requises par le décret même. Il définit également les compétences de l’Etat et des régions, ou des provinces autonomes. Le décret fixe de plus les paramètres et leurs valeurs limites respectives, les contrôles à effectuer et enfin, les méthodes d’analyse.

4.2.3. Décret du Ministère de l’environnement et du territoire n° 185 du 12 juin 2003

Ce décret fixe les normes techniques pour la réutilisation des eaux résiduaires domestiques, urbaines et industrielles à travers la réglementation des destinations d’utilisation et des qualités requises, à des fins de protection qualitative et quantitative des ressources hydriques. La réutilisation de l’eau doit se faire en limitant le prélèvement des eaux superficielles et souterraines, en réduisant l’impact des rejets sur les corps hydriques récepteurs et en favorisant l’économie hydrique à travers une majeure utilisation des eaux résiduaires. La réutilisation doit avoir lieu dans des conditions de sécurité environnementale importante, en évitant des impacts nocifs aux écosystèmes, aux sols et aux cultures, ainsi que des risques hygiéniques et sanitaires pour la population exposée et évidemment, dans le respect des dispositions en vigueur, en matière de santé et sécurité et des règles de bonnes pratiques industrielles et agricoles. Sont également définies dans le décret les valeurs de qualité minimum requises pour les eaux résiduaires récupérées à la sortie de l’installation de récupération. Le décret en revanche ne réglemente pas la réutilisation des eaux résiduaires au sein de l’installation ou du consortium industriel même qui les a produites.

4.2.4. Décret du Ministère de l’environnement et du territoire en accord avec le Ministère de la Santé n°367 du 6 novembre 2003

Ce décret définit pour les substances dangereuses, identifiées au niveau communautaire, des normes de qualité dans l’environnement aqueux, et pour quelques unes d’elles, des normes de qualités dans les sédiments des eaux marines et côtières, lagunaires et des étangs côtiers. Cela, à des fins de protection des eaux internes et superficielles et des eaux marines et côtières face à la pollution provoquée par des substances dangereuses émises dans l’environnement hydrique par des sources ponctuelles et diffuses. Les normes fixées par le décret sont mises au point de manière à garantir à court terme la santé humaine et à long terme la protection de l’écosystème aquatique. Selon le décret, les régions se doivent d’identifier les substances dangereuses à contrôler en fonction de leur présence potentielle : - dans les cycles industriels - dans les rejets d’égout et dans les corps hydriques récepteurs - dans les productions agricoles - dans chaque autre centre d’activités qui puisse provoquer des situations de danger à travers

une pollution d’origine diffuse dans l’environnement hydrique. Un des alinéas du décret concerne en particulier les eaux résiduaires industrielles, et indique que pour atteindre ou maintenir les normes de qualité fixées par le décret, les entreprises, dont les rejets contiennent les substances définies, doivent adopter les meilleurs techniques disponibles afin de réduire ou éliminer des substances dangereuses dans les rejets. De plus, les valeurs limites d’émission sont plus restrictives que celles prévues par le décret 152/99.

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4.3. La directive cadre européenne sur l’eau 60/2000/CE « L’eau n’est pas un patrimoine commercial au même titre que les autres biens, mais bien un patrimoine à protéger, à défendre et à traiter comme tel » : voilà comment l’Union Européenne, dans le cas de la directive cadre pour une action communautaire en matière d’eau reconnaît et adopte le principe selon lequel le respect est préliminaire à toute action se référant à l’eau. Le but de la directive est donc de porter l’attention à un haut niveau de surveillance des eaux, aussi bien dans ses qualités intrinsèques (états chimique et écologique durables) que celles de gestion et fonctionnelles, jusqu’à l’optimisation des ressources réduites et comprenant la prévention et la limitation des effets des inondations et de la sécheresse. La gestion et les programmes de protection des ressources hydriques se réfèrent à l’unité territoriale constituée par le bassin hydrographique ou par les districts des bassins (dans le cas des bassins hydriques de dimensions modestes). Dans ce sens les eaux côtières sont également insérées dans le bassin qui détermine les pressions et les impacts des polluants sur elles. Les objectifs environnementaux sont définis pour chaque typologie de corps hydrique et constituent les objectifs des plans à atteindre : tous les corps hydriques significatifs devront présenter un bon état environnemental d’ici à 2016, se référant à des paramètres et des indicateurs écologiques, hydrologiques et physico-chimiques. Ainsi, dans cette optique, les états membres ont du lancer une série d’interventions importantes parmi lesquelles : - Avant 2003 : identification des bassins hydrographiques et attribution aux districts

hydrographiques respectifs ; identification des autorités compétentes - Avant 2004 : élaboration d’analyses pour la définition de caractéristiques des districts

hydrographiques et de l’impact environnemental des activités humaines, analyse économique de l’usage hydrique et enregistrement des zones protégées présentes à l’intérieur des districts.

- Avant 2006 : harmonisation du système de classification de l’état écologique des eaux selon des paramètres communs à l’intérieur de l’Union Européenne ; activation des systèmes de réseaux de contrôle de l’état des eaux superficielles, des eaux souterraines et des zones protégées.

- Avant 2009 : définition d’un programme de mesures qui, en tenant compte des résultats des analyses, permette d’atteindre les objectifs environnementaux fixés par la Directive ; prédisposition de plans de gestion des bassins hydrographiques.

- Avant 2010 : définition d’une politique de prix qui tienne compte du principe de récupération des coûts des services hydriques, y compris les coûts environnementaux et relatifs aux ressources.

- Avant 2012 : adoption d’un programme de mesures (bases et supplémentaires) applicables aux Districts Hydrographiques identifiés.

- Avant 2015 : lancement des mesures nécessaires pour empêcher la détérioration de tous les corps hydriques superficiels et souterrains, au delà du seul fait d’empêcher ou limiter l’émission de substances polluantes dans les eaux souterraines.

La directive met également l’accent sur la nécessité de réduire la pollution d’origine diffuse, de rationaliser l’utilisation de l’eau et de définir une contribution adéquate pour la récupération des coûts des services hydriques à charge des divers secteurs qui utilisent l’eau, sous-divisés au moins entre l’industrie, le domestique et l’agriculture. De plus, les politiques des prix de l’eau à appliquer avant 2010 devront dans un premier temps inciter l’utilisateur à employer correctement les ressources hydriques, en activant des mesures d’économies et de réutilisation et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs environnementaux. Dans un second temps elles devront adapter la récupération des coûts des services

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Enfin, le monitorage et le contrôle de l’état environnemental des corps hydriques sont développés aussi bien comme instruments pour la planification des ressources que comme moyens pour vérifier l’efficacité des mesures adoptées afin d’atteindre les objectifs environnementaux. En outre, a été approuvée la décision 2455/2001/CE qui ajoute à la directive une annexe qui rapporte la liste des 33 substances prioritaires dangereuses concernant les eaux.

4.4. Etat d’application des lois en Italie Concernant l’application de la directive cadre 60/2000/CE, l’Italie était déjà en retard en 2003, dans l’application de la première phase c’est à dire la mise en place des bassins hydrographiques attribués aux différents districts hydrographiques. C’est pourquoi le 8 juillet 2004, la Commission Européenne a initié une procédure envers 13 états membres, dont l’Italie, qui n’ont pas observé deux importantes normes européennes en matière d’eau, concernant la qualité de toutes les eaux de l’Union Européenne (lacs, fleuves, eaux côtières) pour le bien-être et la santé des citoyens et la sauvegarde de l’environnement. La première de ces deux procédures est liée à l’absence de mise à jour de la directive cadre 2000/60/CE sur les eaux. Comme nous l’avons vu précédemment, son objectif est de consentir une bonne qualité des ressources hydriques d’ici à 2015 à travers une gestion intégrée basée sur les bassins fluviaux, considérant que les systèmes hydriques existent indépendamment des limites administratives. Or, l’Italie (en plus de la Belgique, l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg, les Pays Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, et la Suisse) n’a pas encore porté à terme le cheminement législatif nécessaire pour appliquer la directive et pour notifier les mesures d’application à la Commission. Pour cette raison, la Commission a averti l’Italie qui, si elle n’applique pas cette directive importante, ne permet pas à ses citoyens la qualité des eaux des lacs, fleuves et des côtes que les habitants sont en droit d’attendre. La seconde procédure est elle en rapport avec le manque de traitement des eaux résiduaires. La Commission a envoyé un avertissement à l’Italie (mais également à la France, la Grèce, l’Irlande, le Portugal, le Royaume-Uni et l’Espagne) pour ne pas avoir respecté la limite de décembre 2000 pour l’installation d’installations adéquates de traitement hydrique des eaux résiduaires des villes de plus de 15000 habitants. Cette directive sur le traitement des eaux résiduaires urbaines (directive 91/271/CEE) affronte le problème de la pollution des bactéries, virus et nutriments. Les eaux résiduaires qui possèdent des taux excessifs de nutriments, en particulier phosphore et azote, en se jetant dans les fleuves et les mers, provoquent une prolifération d’algues et d’autres formes supérieures de vie végétale aquatique. Ce processus, appelé «eutrophisation » provoque la diminution des taux d’oxygène, menaçant ainsi la vie des poissons qui en ont besoin pour respirer. De plus, l’eutrophisation rend l’eau non potable. La présence de bactéries et de virus dangereux pour la santé dans les eaux utilisées pour la baignade ou pour l’aquaculture crée d’autres risques pour la santé humaine. La directive impose aux centres urbains (également aux petits sites industriels) le respect des normes minimales sur la récupération et sur le traitement des eaux résiduaires, en stabilisant des limites de temps précises pour leur réalisation. Les dates limites sont fixées en fonction de la sensibilité des eaux de chacun des centres et des dimensions de la population. Comme le précise la Commission, un traitement insuffisant des eaux résiduaires est l’un des facteurs principaux de pollution hydrique et constitue un grave risque pour l’environnement et la santé humaine. Ainsi, avec ces procédures de rappels aux différents états membres concernés, la Commission se propose de mettre à disposition des citoyens européens des ressources hydriques de qualité élevée dans toute l’Europe.

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5. Qualité, pollutions et dépuration des eaux

Le problème de la diminution de la qualité des eaux italiennes a été mis en évidence au cours des dernières années. En effet, le système hydrique est tel que, pour avoir une bonne qualité, des interventions continuelles seraient nécessaires sur les réseaux de distribution, et il n’est même plus possible de se fier aux ressources naturelles, régulièrement polluées et devant être traitées elles aussi. Le problème de la qualité découle donc de l’absence d’un système de traitement et de dépollution efficace, mais également du droit autorisé à l’agriculture et à l’industrie de polluer. Selon le Rapport National sur l’Eau de 2002, la cause principale de la dégradation et de la faillite de la gestion du système hydrique italien est à attribuer aux institutions et à l’administration publique qui ne se sont pas donné les moyens d’exercer une stratégie d’action à long terme dans l’intérêt général. C’est donc la politique la principale accusée dans l’explication des causes de gaspillage d’eau en Italie, et à laquelle le Rapport National reproche de ne pas avoir cru à l’investissement public comme principal moteur du capital social commun et des services essentiels à la vie en communauté. La mise en place de lois qui tardent à être appliquées ne fait qu’aggraver la situation italienne déjà précaire.

5.1. Normes qualité La loi 319 du 10 mai 1976, dite « Loi Merli » détaillée plus haut, est définie comme le premier pas vers une tentative de réduire la pollution des eaux italiennes. Le concept principal de cette loi concernait la réglementation des rejets, en imposant des limites sur les valeurs de certaines substances pour tous les rejets autorisés. Dès lors ont été réalisés des dépurateurs dans beaucoup de centres urbains et dans les environs d’usines ou d’installations de production, mais cela n’a pas été suffisant et surtout, n’a jamais été complètement mis en œuvre. De plus, la loi prévoyait peu ou rien en ce qui concernait les rejets diffus. Récemment, l’approche de la surveillance de la qualité des eaux a changé et l’attention s’est déplacée du rejet vers le corps hydrique qui le reçoit : il est en effet indispensable de garantir la qualité des fleuves, des zones humides, des lacs et des mers indépendamment du type de rejet. Malheureusement, la situation en Italie est encore très critique, malgré l’objectif fixé par le gouvernement d’atteindre une qualité acceptable pour tous les corps hydriques d’ici à 2008. Malgré le retard, toutes les directives européennes sur la qualité des eaux ont été acceptées par les normes nationales. Les directives relatives à la qualité des eaux superficielles destinées au prélèvement pour l’usage potable (75/440) et aux eaux de baignade (76/160) ont été acceptées en 1982. Les directives relatives à la pollution liées à des substances dangereuses rejetées dans l’eau (76/460), sur la qualité des eaux souterraines et à leur protection face aux substances dangereuses (80/68), et sur la qualité de l’eau pour la vie des poissons (78/659) et des mollusques (79/923) ont été acceptées en 1992. La directive sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine (80/778) a été acceptée en 1988 et la nouvelle directive sur les eaux potables (98/83) en 2001. Le décret législatif, relatif au contrôle de la pollution hydrique (152/1999) a ratifié les directives sur le traitement des eaux résiduaires urbaines (91/271) et sur la protection des eaux face à la pollution liées aux nitrates d’origine agricole (91/676). Ce même décret a également introduit le concept d’objectif de qualité pour l’eau, y compris les objectifs écologiques, ratifiant une partie de la nouvelle directive cadre sur l’eau (2000/60). Une classification des corps hydriques définie selon les nouveaux objectifs qualitatif pour l’eau a été établie en 2003, différenciant 6 typologies des « corps hydriques significatifs » (cours d’eau superficiels, lacs, eaux marines/côtières, eaux de transition, corps hydriques artificiels, eaux

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souterraines) et 4 typologies d’ « eaux à destination spécifique » (eaux destinées à l’usage potable, de baignade, adaptées à la vie des poissons, adaptées à la vie des mollusques). Pour les « eaux à destination spécifique », la qualité est donnée selon l’utilisation possible de la part de l’homme, des poissons ou des mollusques, alors que pour les « corps hydriques significatifs », la qualité est donnée non seulement par le respect des paramètres préfixés mais également par la capacité des corps hydriques eux-mêmes à maintenir des procédés naturels d’autodépuration et à supporter les communautés animales et végétales larges et diversifiées. Pour les eaux destinées à l’usage potable (superficielles ou souterraines), l’article 7 de la loi D.L. 152/99 prévoit de la part des régions une classification sur la base des caractéristiques physiques, chimiques et microbiologiques. Trois catégories ont été recensées : la A1 pour laquelle un traitement physique simple et la désinfection sont suffisants, la A2 pour laquelle un traitement physique et chimique simple en plus de la désinfection est prévu et enfin la A3 pour laquelle un traitement physique et chimique complexe et poussé et une désinfection sont nécessaires. Si l’eau est en dehors de ces catégories, elle n’est pas utilisable pour l’usage potable, à moins qu’il n’y ait pas d’alternative à l’approvisionnement, et dans ce cas, les eaux en dessous de la catégorie A3 doivent être potabilisées après des traitements adéquats importants. Une statistique du Ministère de la Santé pour l’année 2000, relative aux sources d’approvisionnement en eau potable pour les villes de plus de 5000 habitants, a effectué une classification: 52% des eaux entrent dans la catégorie A2 et le recours à des eaux de catégorie A3 se limite à deux régions, l’Emilie Romagne et surtout la Sardaigne (région pour laquelle 124 programmes d’actions tournées vers l’amélioration de la qualité de l’eau ont été présentées, soit plus de la moitié de la totalité des programmes nationaux).

5.2. La pollution des eaux en Italie : généralités Le Ministère de la Santé a recensé, en 1998, 597 cas de pollution sur les eaux potables, dus surtout aux facteurs organiques et bactériologiques, chimiques mais également aux nutriments (azote, phosphore). Sur les eaux souterraines, dont les données et informations sont réduites (alors que ces eaux fournissent près de 85% de celle destinée à l’usage potable), en 1999, 851 cas de pollution ont été enregistrés, dus essentiellement à l’agriculture (insecticides, herbicides, fertilisants chimiques ) et à la zootechnie (216 des cas), mais également aux rejets industriels (117 cas) et aux égouts (107). Nitrates, chlorures, métaux (39 %) et microorganismes (32%), provenant des décharges industrielles et agricoles (surtout dans la plaine de Padane), polluent les nappes phréatiques, qui représentent pourtant en Italie la source principale d’eau potable. Les principales émissions en termes de décharges ponctuelles et diffuses, de déversements, pertes, qui déterminent l’altération de l’état de la qualité des ressources hydriques et les impacts subis par les écosystèmes, sont produites par les secteurs agricole, zootechnique, industriel, civil et touristique. Les principaux polluants dérivés des centres civils sont les substances organiques biodégradables, les secteurs agricole et zootechnique produisent de la pollution provenant des nutriments, fertilisants, produits phytosanitaires, alors que l’industrie génère des polluants du type substances organiques halogénées et métaux lourds. Il est à noter que les eaux résiduaires urbaines sont particulièrement contaminées dans la majeure partie des régions italiennes et seules 3 régions (Val d’Aoste, Trentino Alto-Adige et Emilie Romagne) peuvent être considérées dans les normes de la loi. Le phénomène inquiétant de salinisation des nappes souterraines (c’est à dire que l’eau de mer entre dans les couches souterraines d’où ont été extraites des quantités excessives d’eau douce) est en augmentation dans les zones côtières des Pouilles, de Toscane, de Sicile ou d’Emilie Romagne. Concernant la qualité des eaux superficielles, améliorée de manière négligeable au cours des années 90, l’Italie s’est donnée l’objectif de 2008 pour atteindre une qualité acceptable pour tous les corps hydriques.

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Le Premier Rapport sur les Eaux publié en 2001 par l’ANPA (Agence Nationale de Protection de l’Environnement, à présent APAT) a mis en évidence les forts problèmes de l’Italie concernant les pollutions. L’agriculture et les centres civils suscitent actuellement les plus grandes préoccupations. Entre 1995 et 1998, les entreprises agricoles ont diminué de 8,6% mais la consommation de fertilisants, surtout au Centre-Nord, ont augmenté de 60%. Il n’est pas courant de réutiliser l’eau « sale » et la seule ville dont il est nécessaire de souligner les efforts est Prato où le secteur textile recycle 16 % de l’eau prélevée.

5.2.1. Pollution d’origine urbaine Au cours des années 90 la charge polluante de source urbaine s’est réduite dans une mesure malgré tout non significative. Cependant, peu a été fait pour développer des infrastructures pour le traitement des eaux résiduaires urbaines ainsi que des réseaux d’égouts pour les eaux résiduaires et les eaux de pluie (voir plus loin le chapitre sur les installations de traitement des eaux en Italie). Jusqu’à peu, beaucoup de villes ont exploité leur situation proche de la mer pour déverser les eaux résiduaires urbaines directement dans les eaux maritimes. La situation est particulièrement révélatrice le long des côtes de l’Emilie Romagne et de l’Adriatique Septentrionale. Ces déversements se sont également retrouvés dans le golfe de Taranto et dans la mer Tyrrhénienne, aux embouchures de l’Arno et du Tibre. Quelques progrès ont été réalisés dans le cadre du Plan d’Action pour la Méditerranée pour identifier les points critiques et les zones sensibles de la Méditerranée. Plusieurs grandes agglomérations (avec plus de 150000 habitants), parmi lesquelles Catane (en Sicile) et Taranto (dans les Pouilles) ne disposaient pas encore en 2002 d’installations de dépuration mais prévoyaient de respecter les requêtes fixées par la directive européenne sur le traitement des eaux résiduaires urbaines avant 2005.

5.2.2. Pollution d’origine industrielle La législation italienne prévoit que les régions envoient aux structures provinciales compétentes des informations relatives à la pollution provenant de sources industrielles. Les informations à fournir comprennent la conformité avec les autorisations pour les déversements, mais pas les données sur les charges polluantes. Beaucoup de demandes de dérogations à la directive CE 76/464 ont été présentées par des sites d’extraction minière où les émissions de métaux lourds dépassent souvent les standards fixés, surtout en Italie septentrionale (Val Padane). Des implantations chimiques, participants au programme « Responsible Care », et représentant 50% de la production chimique totale, avaient déjà réduits significativement en 2002 les rejets polluants (DCO, azote, phosphore, solides en suspension, métaux lourds).

5.2.3. Pollution d’origine agricole L’Italie était en 2003 le seul pays européen dans lequel la consommation de nitrates et phosphates dans l’agriculture était encore en augmentation, alors que ces consommations sont en baisse dans tous les autres pays de l’U.E. Pourtant, au niveau national, l’excès d’azote dû à l’agriculture (mesuré comme bilan d’azote sur la superficie du sol) est passé de 44 kg par hectare de terrain cultivable dans la période 1985-1987 à 31 kg pour la période 1995-1997, au delà de la moyenne de l’OCDE (23 kg), mais bien en dessous de la moyenne européenne (58 kg). Les charges d’azote sont dues à l’utilisation de fertilisants et, en moindre mesure, aux engrais organiques. Au Nord de l’Italie, surtout en Lombardie, Emilie Romagne, Vénétie et Piémont occidental, on retrouve des excès d’azote supérieurs à 60 kg par hectare agricole. Les plaines fertiles, y compris celle du Pô, sont toujours de plus en plus touchées par l’activité agricole (grands élevages zootechniques). Au Sud, une utilisation excessive de fertilisants au cours de la période estivale est en partie responsable de l’eutrophisation des grands bassins utilisés pour l’approvisionnement hydrique. Les nitrates et les pesticides contaminent

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souvent les nappes phréatiques qui sont, de plus, exploités excessivement dans les zones côtières, donnant lieu à des phénomènes de salinisation. En base à la norme (D.L. 152/199), les activités agricoles qui contribuent à la contamination de l’eau avec des nitrates et des pesticides sont sujet à des mesures restrictives. En 1999, en base à la directive européenne sur les nitrates, la liste préliminaire des zones sensibles a été effectuée, et devait être complétée avant 2003. Dans ces zones, des limites devraient ainsi être fixées pour l’utilisation et le stockage de fertilisants et engrais organiques. Toujours en 1999, l’Italie a élaboré un code de bonne pratique agricole qui pourra être actualisé sur la base volontaire dans tout le pays. Il est prévu que ce code soit rendu obligatoire dans les zones sensibles, en introduisant le principe de la « cross compliance » (éco-conditionnalité) pour pouvoir profiter des aides agricoles. L’autorité du bassin du fleuve Pô a proposé de créer une banque de données sur les engrais, proposition que les régions n’ont pas encore acceptée. En 1986, dans de larges zones de l’Italie septentrionale et centrale, on a découvert que l’eau potable était fortement contaminée par les désherbants. Cet incident est connu comme « l’urgence atrazine ». Les mesures lancées successivement par la suite ont interdit l’utilisation de l’atrazine et prévoient un nouvel archivage des pesticides (DPR 223/1988 et D.L. 52/1997) ainsi que des contrôles plus rigoureux sur les ventes de pesticides (D.L. 194/1995). Au cours des années 90, les agriculteurs ont réduit l’utilisation de pesticides de 13% (en tonnes de principe actif). Cette réduction reflète également une augmentation de la superficie totale cultivée selon des méthodes biologiques, qui prévoient une lutte intégrée contre les parasites. Cependant, l’utilisation de pesticides est encore élevée selon les standards de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique) malgré la taxe de 2% introduite sur les pesticides depuis 1999.

5.3. Le traitement des eaux La dépuration est un problème d’importance majeure dans lequel l’Italie connaît un retard considérable. Si le tarif de l’eau en Italie est en dessous de la moyenne des pays de l’Union Européenne grâce à un système hydrique encore soutenu par le service publique, la part des coûts liés à la dépuration ne concerne que 1/3 du coût total de l’eau, contre 2/3 dans les autres pays.

5.3.1. Situation actuelle Le taux de traitement des eaux usées urbaines atteint à l’heure actuelle en Italie 63% contre 61% en 1991. Il existe 8800 installations de traitement, 819 sont actuellement en construction et 638 ont déjà été dimensionnées et les projets prêts à démarrer. Quelques installations existantes (qui gèrent 13% des eaux résiduaires traitées) devraient être fermées ou restructurées du fait de la qualité après traitement, trop éloignée des normes en vigueur. Parmi les problématiques de taille, le « cas Milan » (voir plus bas) arrive en tête, puisque la ville fonctionnait jusqu’à avril 2003 sans site de dépuration et que l’installation actuelle ne traite l’eau que de 300 000 personnes (la fin des travaux de construction des systèmes de dépuration est prévue pour 2005, date à laquelle tous les centres urbains européens de plus de 2000 habitants devront posséder leur propre réseau de collecte et de traitement des eaux usées, directive 91/271/CEE). De plus, les rejets directs en mer des eaux résiduaires urbaines étaient encore autorisés jusqu’à peu, le long des côtes de l’Emilie Romagne, et de l’Adriatique Septentrionale, dans le golfe de Taranto, dans la Mer Tyrrhénienne et également dans le Tibre, rendant les eaux marines particulièrement polluées. Il faut également souligner que le contrôle des effluents et des rejets industriels et la dépuration des rejets urbains est encore problématique. En effet, la majeure partie des installations de dépuration existantes, au delà de leur bon ou mauvais fonctionnement, n’est surtout pas adaptée

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technologiquement aux nécessités de dépuration, en particulier au regard des limites prévues par la directive 91/271 de la Communauté Européenne. Le tableau ci-dessous récapitule les capacités de dépuration des grands centres urbains italiens situés aux abords des 3 fleuves majeurs italiens : le Tibre, le Pô et l’Arno (données Legambiente, 2000).

Tableau 2 : Les données de la dépuration des capitales de Province autour du Pô.

PO Ville Pourcentage de dépuration

Alexandrie 83% Aoste 100% Asti 66% Bergame 94% Bielle 84% Brescia 82% Côme 87% Crémone 100% Cuneo 87% Ferrara 76% Lecco 96% Lodi 100% Mantoue 80% Milan 0% Modène 97% Novare 65% Parme 100% Pavie 99% Plaisance 98% Reggio Emilia 83% Rovigo 77% Sondrio 100% Turin 100% Varèse 77% Vercelli 94%

Tableau 3 : Les données de la dépuration des capitales de Province autour de l’Arno.

ARNO

Ville Pourcentage de dépuration Arezzo 68% Florence 15% Livourne 100% Lucca 52% Pérouse 83% Pise 47% Pistoia 66% Sienne 97%

Tableau 4 : Les données de la dépuration des capitales de Province autour du Tibre.

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TIBRE Ville Pourcentage de dépuration

Pérouse 83% Rome 89% Terni 96% Viterbe 83%

5.3.2. Le recyclage des eaux résiduaires Un pas en avant a malgré tout été réalisé grâce à la publication du Décret du 12 juin 2003, « règlement relatif aux normes techniques pour la réutilisation des eaux résiduaires, actualisation de l’article 26, du décret législatif du 11 mars 1999 », pour la dépuration et la distribution des eaux usées en vue de leur récupération et réutilisation dans les domaines domestique, industriel et urbain. Le décret établit des normes techniques pour la réutilisation de ces eaux usées à travers la réglementation des destinations d’utilisation et des valeurs de qualité (pour la surveillance quantitative et qualitative des ressources hydriques), afin de limiter les prélèvement des eaux superficielles et souterraines, tout en réduisant l’impact des déversements sur les corps hydriques récepteurs et en favorisant l’économie hydrique à travers l’utilisation multiple des eaux reflues. En particulier, la mesure indique trois possibilités de réutilisation de ces eaux résiduaires : dans le secteur agricole pour l’irrigation, dans le domaine civil pour le lavage des routes, l’alimentation des systèmes de chauffage et refroidissement et pour l’alimentation de réseaux doubles d’adduction, dans le secteur industriel pour la disponibilité d’eau anti-incendie et pour le lavage des cycles thermiques. Pour pouvoir réutiliser l’eau pour l’un de ces cas, il faut atteindre un certain niveau de qualité, en particulier hygiéno-sanitaire. Les traitements de type conventionnel ne sont quasiment jamais suffisants, la technologie est donc en train de s’orienter vers la mise au point de nouveaux systèmes alternatifs de traitements tertiaires et de désinfection, afin d’obtenir un niveau élevé de qualité de l’eau, à travers la diminution de la charge microbienne, des nutriments et des substances toxiques. Dans le scénario des avantages et des perspectives futures que peut offrir le recyclage des eaux usées se mêlent les nouvelles technologies qui cherchent à obtenir des procédés efficaces pour garantir un approvisionnement d’eau dépurée à coût limité.

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6. Etat de santé des différents corps hydriques en Italie

6.1. Les eaux marines et côtières Les métaux lourds, les hydrocarbures, les pesticides et PCB (Poly-chloro-biphényl, hydrocarbure aromatique chloré) sont les principales substances toxiques qui menacent la qualité des mers italiennes. Les données du programme de monitorage triennal mis en place par le Ministère de l’Environnement en 2001 afin d’effectuer des mesures dans les différentes régions ont été analysées par l’association environnementale italienne Legambiente et WWF et ont mis en évidence dans un rapport datant de 2004 les gros problèmes rencontrés pour la santé des eaux marines et côtières en Italie.

6.1.1. Données sur les sédiments marins Les principales préoccupations qui émergent de ces analyses sont les suivantes : - des polluants trouvés en concentrations largement supérieures aux normes prévues par la loi

dans les sédiments de nombreuses stations de contrôle ; - dans plusieurs cas, les contaminations d’un polluant particulier concernent les côtes de régions

entières. C’est le cas du mercure et du chrome dans les sédiments marins du Frioul Vénétie Julienne et de la Vénétie, du nickel et du chrome encore présents dans les fonds de la Ligurie et de la Toscane. Le plomb est abondant en Ligurie et Frioul alors que le tributyl-étain contamine la grande partie des sédiments de Toscane et Basilicate. Le DDT est en excès sur le fond de la mer bordant le Latium et la Ligurie alors que le benzoate-pyrène menace les fonds du Frioul Vénétie Julienne. Enfin, les hydrocarbures polycycliques aromatiques sont omniprésents dans les Abruzzes et le Frioul.

- Il existe de nombreux « points chauds », c’est à dire des pollutions localisées mais importantes, comme c’est le cas par exemple du cadmium sur le rivage de Cavallino à Venise ou du plomb dans l’embouchure du fleuve Tirso en Sardaigne.

- De même, il a été retrouvé du chrome dans l’embouchure du fleuve Lerone où pendant des dizaines d’années l’entreprise Stoppani de Cogoleto a déversé ses effluents, et dans celle du Sarno, fleuve étouffé par les déchets de nombreuses industries du secteur du tannage, ou encore le mercure trouvé dans les sédiments du Priolo en Sicile, déversé illégalement par l’ex-Enichem selon le procureur de Syracuse, directement dans la mer.

- Des pollutions ont également été retrouvées dans des régions protégées et des zones de baignades. Des sédiments prélevés à la station de Portoferraio dans le Parc National de l’Archipel toscan sont contaminés par le chrome et le nickel, et ceux de la Punta Mesco dans le Parc des Cinq Terres en Ligurie par le chrome, le nickel et le plomb. Dans la région protégée de Miramare ont été retrouvées des concentrations élevées de plomb et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, alors que celle de Capo Rizzuto et à Punta Licosa excède l’arsenic.

Les données qui émergent des sédiments mettent en évidence le passé de la mer. Lorsque des concentrations de produits toxiques dépassent de facteur 10, 100 ou plus les normes admises par les lois, il est évident que, avant même de se retrouver dans les sédiments, ces substances étaient bien présentes dans les eaux marines.

6.1.2. Les données sur l’eau

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Novembre 2004

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Concernant les données sur la qualité de l’eau, le Trix a été employé dans le programme de contrôle. Grâce à cet indicateur de l’état trophique de la mer, basé sur la quantité de phytoplancton et de nutriments, les analyses des données du programme ont démontré que 74% des stations étudiées présentent un état environnemental élevé, 19% bon, 5% médiocre et 2% très mauvais. La situation la plus grave a été relevée à la station de Porto Garibaldi en Emile Romagne et aux embouchures des fleuves Morto de la province de Pise, Marta dans la province de Viterbo et Sarno dans la province de Naples.

Figure 1 : Qualité des eaux contrôlées par le plan triennal de monitorage du Ministère de l’environnement italien, en fonction de l’indice TRIX (état trophique de la mer), mesuré à 500 m du rivage, entre 2001-2002 (source : Rapport « Lo stato di salute del mare italiano », Legambiente,

avril 2004) En juin 2004, la Legambiente a présenté les résultats d’une autre étude menée en association avec le Ministère de l’Environnement sur les délits maritimes en Italie, en particulier concernant ceux liés à la dépuration (rejets directs en mer, pollution engendrées par les embarcations : produits chimiques, de nettoyage, décharges, dégazage, etc.). Le rapport rapporte les chiffres des forces de l’ordre pour 2003, qui comptent 17871 délits dans les 15 régions maritimes italiennes, soit un délit tous les 400 mètres de côte, avec une augmentation de 7,2 % par rapport à 2002. La pire situation est observée pour la dépuration, où les délits sont passés de 697 en 2002 à 1224 en 2003 (+ 43 %). Le nombre de personnes dénoncées ou arrêtées est également en augmentation : 7164 en 2003 (5721 en 2002). Au niveau régional, la Sicile, avec 3418 délits recensés (+ 20 % par

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rapport à 2002), est la première région au niveau des délits maritimes, devant la Campanie et le Latium. Le rapport de la Legambiente a également mis en évidence les grosses lacunes liées à l’information et à la sensibilisation des usagers (baigneurs, campings, propriétaires de voiliers) concernant les problèmes de pollution et d’usage de l’eau. Malgré les données préoccupantes sur les sédiments marins et les mers italiennes, le programme triennal de monitorage dont sont issus les résultats précédents présente plusieurs aspects positifs à souligner : - pour la première fois, il existe en Italie un monitorage environnemental qui couvre l’ensemble

du territoire national côtier, caractérisé par une homogénéité dans les méthodes analytiques et dans les modalités d’échantillonnage.

- ces dernières années, grâce à l’interconnexion entre laboratoires, formation continue, et grâce à la confrontation permanente entre les acteurs compétents du secteur (ouvriers, instituts de recherches, associations environnementales) est née une réelle communauté de salariés et d’experts unie.

- le fait de confier les activités analytiques aux Agences Régionales de Protection Environnementale (ARPA), qui sont déjà en charge des activités de contrôle sur le territoire, a donné l’opportunité d’avoir une meilleure surveillance et connaissance des situations territoriales, permettant d’approfondir les causes d’éventuelles altérations environnementales et d’indiquer les politiques et les mesures nécessaires pour y remédier.

Cependant, les inquiétudes liées à la qualité des côtes, des eaux ou des sédiments, et au terme du programme de monitorage, subsistent et se renforcent : en effet, le Ministère de l’environnement n’a pas encore exprimé une volonté de renouvellement du programme de contrôle pour les trois prochaines années. De plus, le problème des agences régionales de l’APAT est à souligner. En effet, dans de nombreuses régions du Sud de l’Italie, les ARPA n’ont pas mené le monitorage de manière efficace et les données obtenues sur la qualité de l’eau et des sédiments sont peu nombreuses dans les régions Calabre, Sicile, Molise et Latium. Dans ces régions, les premières valeurs ont été obtenues au deuxième semestre 2002, alors que le programme avait débuté en 2001. L’ensemble des valeurs des régions contrôlées par le monitorage peut être obtenu auprès du Ministère de l’Environnement ou de la Legambiente, dans le rapport du plan triennal de monitorage des mers italiennes.

6.1.3. Qualité des eaux de baignade (2003) Chaque année, le Ministère de la santé présente un rapport sur la qualité des eaux de baignade, rédigé sur la base des résultats analytiques envoyés par les départements provinciaux des Agences Régionales de Protection Environnementale (ARPA) relatifs à la saison balnéaire. Les données, qui concernent l’état de salubrité des eaux de baignade, sont étudiées soit par le biais des données analytiques relatives aux points d’échantillonnage sous-divisés par Région, Province et Commune, soit à travers des cartes où sont représentées toutes les côtes italiennes, utilisées pour la baignade, différemment colorées selon leur qualité. Dans le cas de qualité insuffisante pour la baignade, les causes sont isolées.

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Figure 2 : La qualité des eaux de baignades en Italie en 2003 (Rapport Ministère de la Santé) En 2003, de l’analyse des données émerge une stabilisation de la qualité moyenne des eaux marines, avec un pourcentage de 68 % des côtes contrôlées et considérées aptes à la baignade sur la longueur totale de la côte italienne (7375,3 km). 12 % de côtes sont interdites à la baignade pour des motifs indépendants de la pollution (présence de ports, zones militaires, parcs marins, etc.), 5,5 % ne sont pas favorables à la baignade pour cause de pollution et 14,3 % ne sont pas soumis au contrôle, principalement du fait de l’inaccessibilité de la côte. Le 0,2 % restant correspond à des côtes insuffisamment échantillonnées. Le pourcentage le plus élevé de côtes favorables à la baignade se rencontre en Basilicate, Molise et Frioul Vénétie Julienne (100% des côtes équipées pour les contrôles présentent des caractéristiques favorables à la baignade), Toscane et Sardaigne (99,8 % de côtes contrôlées favorables à la baignade), Emilie Romagne (99,6 %), Sicile (99 %), les Pouilles (98,9 %), la Ligurie (97,3 %) et les Marches (96,9 %). La Campanie et le Latium sont encore les régions qui ont les pourcentages les plus élevés de kilomètres côtiers non favorables à la baignade, temporairement ou en permanence, à cause de la pollution (respectivement 17,4 % et 12,54 %) mais avec pourtant une légère amélioration de la situation en Campanie. Caserte (53,1 %), Rome (20,5 %) et Naples (19,9%) sont les provinces qui ont le pourcentage le plus élevé de côtes non favorables à cause de la pollution, avec une augmentation dans la province de Rome par rapport à 2002, alors que les eaux bordant les province de Ferrara, Gorizia, Lucca, Potenza, Trieste, Udine présentent des pourcentages nuls de côtes polluées destinées à la baignade. La concentration urbaine et la pression touristique augmentent les taux de pollution à proximité de Rimini, Pescara, Salerno et Macerata. Dans le golfe de Naples, on peut en revanche parler d’une réelle dégradation environnementale. Cependant, il est important de noter que les chiffres présentés par le Ministère généralement en début de saison estivale concernent les données de l’année passée, obtenues lors de contrôles hors saison. Pour obtenir des informations relatives à la qualité des eaux de baignades en cours de saison, donc lors de la présence des estivants et d’une concentration de population massive, il est intéressant de se référer à la « Goletta Verde » de la Legambiente, qui effectue chaque année un contrôle en cours de saison estivale (entre juin et août) sur les côtes les plus fréquentées à l’aide de ses embarcations. Les résultats sont présentés à la fin du mois d’août et concernent

Légende : Bleu ciel : eaux favorables à la baignade Rouge : zones interdites à la baignade pour cause de pollution Bleu foncé : zones interdites à la baignade pour raisons autres que la pollution

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aussi bien la qualité des eaux de baignade que l’état de la côte (érosion, dépuration, abus écologique, etc.). Le rapport « Goletta Verde 2004 » a mis en évidence une nette amélioration de la qualité des eaux de baignade : 92% des échantillons analysés lors de la campane menée par la Legambiente sont propres, soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année 2003. Malgré cela, les abus, les constructions illégales et les problèmes de dépuration sont toujours d’actualité. En tête de la classification de la « Goletta Verde 2004 », on retrouve la Basilicate et le Molise, tous les deux avec 100 % d’échantillons prélevés dans leurs eaux de baignade non pollués. De plus, les deux régions connaissent un nombre faible de constructions illégales sur leurs côtes, le pourcentage de rejets non traités est de 13 % et le niveau d’érosion des littoraux sableux est modéré. En troisième place se trouve la Sardaigne, avec 9 % des eaux légèrement polluées, pourcentage principalement dû aux 30 % d’eaux résiduaires non dépurées, et avec un nombre notable d’abus et de constructions illégales fleurissant le long des côtes. On retrouve ensuite le Frioul Vénétie Julienne et les Marches, tous les deux avec 100 % des eaux propres et avec quelques problèmes concernant l’illégalité et la dépuration. Plus bas dans le classement, les Abruzzes (15 % des eaux légèrement polluées), la Ligurie (risque d’érosion élevé), la Toscane (9 % des échantillons non en règle), la Vénétie (6,5 illégalités au km, un record qui dépasse celui de la Campanie). Dans le bas du classement, on trouve les Pouilles, l’Emilie Romagne, le Latium, la Campanie, la Calabre et la Sicile. Ces 6 régions possèdent à elles seules la moitié de la longueur totale des côtes italiennes (plus de 4000 km). La Calabre est celle qui possède le nombre de côtes le plus contaminé par les bactéries (15 %), le Latium est celle avec le nombre le plus élevé de constructions illégales sur le domaine maritime (1069 en 2003), la Sicile possède le pourcentage le plus élevé de rejets non dépurés (62 %), la Campanie est la région qui possède le plus d’illégalités le long de son littoral (6,69 délits au km), l’Emilie Romagne possède le risque d’érosion le plus élevé et les Pouilles est la région avec le taux de dépuration le plus faible, avec des abus de construction très élevé également. Le tableau ci-dessous récapitule quelques données significatives de la « Goletta Verde 2004 » de la Legambiente, région par région.

Tableau 5 : Données région par région de la Goletta Verde 2004 de la Legambiente

Région Nbre

échantillons total

Nbre échantillons

propres

Nbre échantillons légèrement

pollués

Nbre échantillons

pollués

Nbre échantillons gravement

pollués

Baignade (% échantillons

en règle)

Illégalités (Nbre

infractions/km)

Abus (Nbre délits)

Rejets non dépurés

(%)

Basilicate 7 7 0 0 0 100 1,4 53 13 Molise 7 7 0 0 0 100 1,5 15 n.d.

Sardaigne 47 43 4 0 0 91 0,76 315 29 Frioul V. J. 11 11 0 0 0 100 2,97 12 n.d. Marches 14 14 0 0 0 100 4,08 82 34 Abruzzes 13 11 2 0 0 85 2,03 24 14

Ligurie 34 34 0 0 0 100 2,23 121 n.d. Toscane 45 41 4 0 0 91 1,01 124 38 Vénétie 15 15 0 0 0 100 6,51 54 11 Pouilles 63 58 4 0 1 92 2,37 423 23 Emilie R. 19 18 1 0 0 95 5,40 116 21 Latium 23 23 0 0 0 100 6,14 1069 26

Campanie 39 35 3 1 0 90 6,69 531 42 Calabre 34 28 6 0 0 82 1,65 547 47 Sicile 66 57 9 0 0 86 2,3 585 62 ITALIE 437 402 33 1 1 92 - 4071

Remarque : Les illégalités concernent les constructions illégales sur le domaine maritime, les délits de pêche, les délits de pollution, les infractions de navigation. Les abus concernent les constructions abusives.

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6.2. Les eaux douces Les différents moyens de mesure de la qualité des eaux permettent d’évaluer l’état des différents corps hydriques. Dans le cas des cours d’eau présents sur le territoire italien, plus de 37 % présentent un état écologique (SECA) bon ou élevé, ce qui correspond aux objectifs prévus par le Décret Législatif 152/99. 53 % présentent un niveau bon ou élevé en ce qui concerne les polluants d’origine anthropique (Indice LIM) et 35 % une qualité biologique bonne ou élevée (indice IBE). Ces résultats mettent en évidence la nécessité d’une meilleure protection des cours d’eau. Des points critiques mis en évidence sur la qualité des eaux souterraines ont été confirmés par la qualité des eaux extraites pour l’utilisation potable, pour lesquelles a été rencontrée, sur la période 1999-2001, une forte augmentation d’échantillons avec des concentrations de polluants supérieures celles maximales autorisées. Globalement, les points positifs sont à attribuer à la diminution des concentrations trophiques le long des côtes marines, mais avec toutefois une persistance de zones limitées de qualité mauvaise, en particulier dans la zone tyrrhénienne (10%), dans les estuaires des principaux fleuves ou sur des longueurs de côtes aux abords des grandes agglomérations urbaines et industrielles. Les conditions plus problématiques concernant la qualité sont à attribuer à l’augmentation des prélèvements d’eau pour l’utilisation potable, en particulier sur les eaux souterraines qui subissent soit des prélèvements plus importants, soit un nombre croissant de prélèvements. Dans tous les cas, les conséquences sont graves : en effet l’incapacité de renouvellement des nappes souterraines concerne une grande partie du territoire, la salinisation de celles-ci est courante tout comme l’augmentation des échantillons dans lesquels les concentrations en polluants dépassent les normes maximales admises pour l’utilisation potable.

6.2.1. Classification des corps hydriques Les eaux douces sont distribuées sur la superficie du territoire, à travers les fleuves, les lacs et les corps hydriques superficiels (réservoirs et canaux). Leurs nombreuses spécificités, leur localisation, leur proximité ou non avec des centres urbains, industriels ou agricoles, rendent nécessaires des contrôles fréquents en terme de qualité et de quantité, dont les valeurs limites sont fixées en fonction de leurs caractéristiques. Ainsi, la norme actuellement en vigueur, le Décret Législatif 152/99, fournit les critères de sélection des corps hydriques significatifs, sur lesquels sont installées les actions de contrôle. Le tableau suivant récapitule les différents corps hydriques significatifs en Italie, selon les différentes typologies d’eaux douces superficielles, et une estimation du nombre de ces corps recensés en Italie.

Tableau 6 : Les corps hydriques significatifs et à destination spécifiques selon le D.L. 152/99

TYPOLOGIE CRITERES NOMBRE

CORPS HYDRIQUES SIGNIFICATIFS Cours d’eau superficiels

- cours d’eau superficiels dont le bassin possède une superficie supérieure à 200 km² (1er ordre)

234 cours d’eau de 1er et de 2nd ordre

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Novembre 2004

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- cours d’eau dont le bassin possède une superficie supérieure à 400 km² (2nd ordre ou supérieur)

- cours d’eau d’ordre et dimension quelconque qui, pour des valeurs naturelles et/ou paysagères ou pour des utilisations particulières, ont un intérêt environnemental important

Lacs Lacs ayant des superficies liquides, aux périodes de maximale contenance, égales à 0,5 km² 69 lacs naturels

Corps hydriques artificiels

- Canaux artificiels ayant des débits de travail d’au moins 3 m3/s

- Lacs artificiels et réservoirs ayant des superficies liquides égales à 1 km² ou à un volume déversé, aux périodes de contenance maximale, de 5 millions de m3

183 lacs artificiels Canaux : à définir

EAUX A DESTINATION SPECIFIQUE Eaux destinées à la l’usage potable

Eaux douces superficielles et souterraines utilisées ou destinées à la production d’eau potable après un traitement opportun

498 corps hydriques superficiels

Eaux favorables à la vie des poissons

Eaux favorables à la vie des poissons 4682 km de fleuves et 551 km² de lacs

Eaux favorables à la vie des mollusques

Eaux favorables à la vie des mollusques 3110 km² de zones marines, 771 km² de zones saumâtres

6.2.2. Les eaux souterraines

L’indice utilisé par l’APAT, l’Agence pour la Protection de l’Environnement, chargé d’évaluer les conséquences des activités humaines sur les eaux et d’en prévenir les dommages et/ou d’en réduire les causes, est le SCAS (Stato Chimico delle Acque Sotterranee, soit Etat chimique des eaux souterraines). Cet indice a pour but de mettre en évidence les zones subissant d’importantes difficultés d’un point de vue qualitatif. Le cas des eaux souterraines en Italie est problématique, tout d’abord parce que la couverture du contrôle chimique est insuffisante sur le territoire pour évaluer l’indice SCAS. Cependant, même si les eaux souterraines de l’ensemble des régions n’ont pas été classées qualitativement, les données sur les eaux potables, en grand partie prélevées sur des eaux souterraines, et l’indice SCAS soulignent plusieurs points critiques sur la qualité chimique. Celle-ci, sur 10 régions, est bonne ou élevée à 46% et n’est pas bonne à 18% pour des raisons de concentrations élevées de substances dues à la nature géologique du sol (classe 0). Pour ce qui concerne les polluants, les paramètres critiques sont représentés par les nitrates, les métaux (fer, manganèse, plomb, mercure, arsenic, cadmium, nickel), le bore, les chlorures, mais également par des composants aliphatiques halogénés et par des pesticides. Le SCAS se base sur les concentrations moyennes des paramètres de base (conductibilité électrique, chlorures, manganèse, fer, nitrates, sulfates, ammoniac). Les relevés de ces concentrations permet la classification en cinq classes différentes, détaillées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 7 : Classification de l’indice SCAS définissant l’état de qualité des eaux souterraines

Classe de qualité Critère de qualité hydrique (état chimique et état quantitatif)

Couleur relative à la classe de qualité

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Novembre 2004

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Classe 1 Impact de l’activité humaine nul ou négligeable avec de bonnes caractéristiques chimiques Bleu

Classe 2 Impact de l’activité humaine réduit et acceptable sur une longue période, avec de bonnes qualités chimiques Vert

Classe 3 Impact de l’activité humaine significatif et avec des caractéristiques chimiques généralement bonnes, mais avec quelques signaux incertains

Jaune

Classe 4 Impact de l’activité humaine important avec de mauvaises caractéristiques chimiques Orange

Classe 0

Impact de l’activité humaine nul ou négligeable, mais avec des éléments chimiques particuliers d’origine naturelle en concentrations supérieures de celles caractérisant la classe 3

Rouge

La campagne de mesure effectuée en 2002 a concerné 10 régions italiennes (Lombardie, Piémont, Frioul Vénétie Julienne, Ligurie, Emilie Romagne, Marches, Toscane, Ombrie, Vénétie, Campanie), pour un total de 3141 points d’échantillonnage. L’étude des prélèvements d’eau souterraine a mis en évidence le fait que les points critiques de la qualité des eaux sont imputables en grande partie aux valeurs de nitrates supérieures à la norme de potabilité de 50 mg/l. Les nitrates sont des ions très solubles, difficilement fixés par la terre et qui s’infiltrent facilement dans les épaisseurs du sol, atteignant donc la nappe phréatique. La présence de nitrates dans les eaux souterraines et leur continuelle tendance à l’augmentation est l’un des phénomènes les plus préoccupants dans la plupart des pays développés. Leur présence est liée aux phénomènes de pollutions de type diffus, comme l’utilisation de fertilisants azotés et d’épandage de résidus zootechniques qui dépassent les exigences agronomiques, la mauvaise gestion des boues et les pertes des réseaux d’égouts, mais également aux pollutions ponctuelles tels que les rejets de résidus urbains et industriels privés de dénitrification. Outre la pollution aux nitrates, sur plusieurs échantillons ont été enregistrées les présences de certains polluants au delà des limites autorisées par la loi, tels que le mercure, le plomb, des pesticides, des composés aliphatiques totaux, etc. Dans quelques régions, la présence en excès de certains paramètres comme l’arsenic, le fer, le manganèse et l’ammoniac, a été attribuée à des phénomènes d’origine naturelle, qui déterminent la classe 0. Ainsi, la classification finale permet de classer 58% des points de prélèvements parmi les catégories 1, 2 et 3, rentrant ainsi dans les objectifs de la norme européenne pour la période 2008-2016. Il est également intéressant de souligner qu’un pourcentage non négligeable (18,5%) des échantillons découle de basse qualité chimique pour des causes naturelles. Le tableau ci-dessous récapitule les classes de qualité selon l’indice SCAS et permet d’observer l’évolution entre 2000-2001 et la campagne 2002. Tableau 8 : Répartition des points de contrôles du des eaux souterraines territoire italien dans les

classes de qualité définies par l’indice SCAS

2000-2001 2002

Classes de qualité selon le

SCAS

Nombre de sites

contrôlés

Pourcentage de sites dans chaque classe par rapport au total des sites contrôlés

en Italie (%)

Nombre de sites

contrôlés

Pourcentage de sites dans chaque classe par rapport au total des sites contrôlés en

Italie (%) Classe 1 171 8,5 200 6,4 Classe 2 833 41,2 1249 39,8 Classe 3 256 12,7 376 12 Classe 4 424 21 735 23,4

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Novembre 2004

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Classe 0 338 16,7 581 18,5 Total Italie 2022 100 3141 100

La carte du territoire italien ci-dessous permet de comprendre plus facilement la répartition géographique des contrôles sur les eaux souterraines, en fonction de leur classe de qualité, et d’évaluer les problèmes liés aux pollutions, nitrates en particulier. Il est à souligner également la mauvaise répartition des contrôles sur le territoire, déjà abordé plus haut. Les activités des ARPA régionales sont en effet particulièrement bien encadrées et dynamiques au nord du pays ce qui n’est pas le cas dans les régions du sud. L’absence totale de données dans les îles et dans les régions méridionales en est une des preuves.

Figure 3 : Répartition géographiques des différentes classes de qualités selon l’indice SCAS concernant les eaux souterraines (source : APAT, annuaire des données environnementales,

2002)

6.2.3. Les lacs italiens

6.2.3.1. Situation générale L’Italie est un pays riche en lacs. Environ 500 lacs d’une superficie supérieure à 0,2 km2 sont recensés sur le territoire, possédant un intérêt naturel, paysager et de ressource hydropotable. Dans le seul arc alpin se trouvent également plus de 4000 lacs de dimensions plus petites mais de qualité environnementale élevée. Le volume d’eau correspondant est d’environ 150 km3, qui pourrait faire penser à une large disponibilité d’eau. Cette ressource cependant se trouve surtout dans le nord du pays, dans les grands lacs sud alpins : Orta, Majeur, Lugano, Côme, Iseo et de Garde (130 km3 à eux-seuls).

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Figure 4 : Distribution des lacs en Italie Ainsi, seuls 20 km3 d’eau sont distribués dans le reste du pays et la majeure partie est située dans l’Italie centrale, dans le lacs Bolsena, Braccianeo, Vico et Trasimène. Seule une partie très faible, égale à 3% du volume total, se retrouve dans les régions méridionales ou insulaires. Ils s’agit surtout de lacs pour la plupart artificiels, réalisés pour faire face aux exigences d’approvisionnement en eau potable et pour l’irrigation de ces régions. Le climat semi-aride qui caractérise les régions méridionales de l’Italie provoque de larges fluctuations du volume des bassins artificiels réalisés. Certaines années de sécheresse particulièrement rudes ont vu un assèchement complet de certains d’entre eux (en Sicile, en 1993 par exemple, les 30 lacs artificiels contenaient seulement 20% de leur volume potentiel). Comme cela existe dans les autres pays industrialisés, les lacs italiens sont sujets à une détérioration qualitative de leurs eaux, imputables, à trois causes distinctes :

- l’eutrophisation liée à une charge excessive de nutriments (azote et phosphore) - l’acidification, produite par l’acide des dépôts atmosphérique (pluies acides, etc.) - la pollution par des substances toxiques, due aux rejets d’effluents industriels

L’eutrophisation est, pour les lacs piémontais, le problème le plus courant alors que les lacs alpins sont plus sensibles à l’acidification. La pollution par des substances toxiques touche moins d’une dizaine de lacs, comme par exemple le Lac d’Orta qui, jusqu’aux interventions d’assainissement des dernières années, était l’exemple le plus grave de ce phénomène.

6.2.3.2. L’acidification et les lacs alpins Les lacs en altitude sont les plus sensibles aux risques d’acidification. Une recherche systématique sur ces problématiques a débuté dans les années 70 avec l’étude de la qualité des précipitations atmosphériques et s’est poursuivie dans le cadre du programme de l’Union Européenne en collaboration avec d’autres pays connaissant le même problème (Suisse et Autriche). Une base de données relative à 650 lacs, parmi lesquels 510 alpins et 200 en haute altitude, a été réalisée : son analyse a mis en évidence que seul 1 % des lacs piémontais était sensible à l’acidification alors que le pourcentage augmentait à 52 % lorsque l’étude concernait les lacs alpins. La base de données à également montré que 2 % des lacs étudiés avaient des valeurs de pH inférieures à

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Etat des lieux des ressources hydriques en Italie - Novembre 2004

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5,3, c’est à dire la limite en dessous de laquelle les écosystèmes sont gravement touchés, et 5 % avaient un pH inférieur à 6.

6.2.3.3. L’eutrophisation et les lacs piémontais La majeure partie de ces corps hydriques, bassins artificiels inclus, est sujette en Italie à l’eutrophisation. Les grands lacs en aval de l’arc alpin, importants par leurs dimensions et par la population qui les entoure, étaient tous à l’origine oligotrophes, c’est à dire à faible contenu en nutriment. Leur évolution, décrite par les variations de concentrations du phosphore (facteur limitant pour la production d’algues), montre que le lac le plus rapidement touché par le phénomène a été celui de Lugano, qui reste encore particulièrement eutrophique, avec des concentrations supérieures à 150 µg P/l. Dans les lacs de Côme, Majeur et d’Iseo, l’augmentation du phosphore a été mis en évidence dans les années 60 et a atteint dans les deux premiers cités des valeurs maximales à la fin des années 70, alors que pour le Lac d’Iseo, l’augmentation s’est poursuivie jusqu’à maintenant. La diminution du phosphore dans le Lac Majeur est particulièrement importante, à un tel point que le Lac est considéré à nouveau oligotrophe. Le Lac de Garde a toujours été, parmi les lacs sud alpins, le plus pauvre en phosphore, même si au début des années 90, la concentration de cet élément a augmenté jusqu’à dépasser 10 µg P/l. Dans le nord du pays sont présents, proches des grands lacs, de nombreux bassins de dimensions plus modestes mais également importants pour l’approvisionnement hydrique à but alimentaire, agricole et industriel. A peu d’exceptions près, il s’agit de lacs eutrophiques à cause des rejets urbains et du déversement de fertilisants. Un troisième groupe important de lacs, de grands volume et profondeur, et pour la grande partie d’origine volcanique, situé en Italie centrale présente est concerné par des conditions d’eutrophie.

6.2.3.4. Le SEL, l’Etat Ecologique des Lacs : l’indice de contrôle de l’APAT Les données éditées par l’APAT dans son annuaire des données environnementales annuelles, permet d’analyser les valeurs de l’indice SEL (Etat Ecologique des Lacs) afin de définir les différents états trophiques des lacs italiens. Le SEL est donc un indicatif synthétique, introduit par le Décret Législatif 152/99, qui définit la qualité de la structure et du fonctionnement des écosystèmes des lacs. Les différents paramètres, et les classes de qualité correspondantes sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 9 : Calcul de l’indice SEL et répartition selon les classes de qualité des eaux des lacs

Paramètre Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Class e 5 Transparence (en m) >5 5 2 1,5 1

Oxygène dissous (en % de saturation) >80% 80% 60% 40% 20%

Chlorophylle « a » (µg/l) <3 6 10 25 >25 Phosphore total (µg P/l) <10 25 50 100 >100

Les données recueillies en 2002 par l’APAT ont été envoyées par quelques agences régionales (ARPA) et provinces autonomes. Il s’agit du Val d’Aoste, de la Lombardie et de la Vénétie pour l’Italie septentrionale, de la Ligurie, de l’Emilie Romagne, des Marches et de l’Ombrie pour l’Italie Centrale et de la Campanie pour l’Italie méridionale. Les Abruzzes et les Pouilles n’ont pas démarré le contrôle prévu par le décret et la Calabre n’a pas pu fournir les données demandées. La distribution des classes des valeurs SEL est représentée dans le tableau ci-dessous.

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Tableau 10 : Répartition régionale des stations de contrôles des lacs, représentés en fonction de l’indice SEL, pour l’année 2002(Source : ARPA, Annuaire des données environnementales, 2003)

Classe Val d’Aoste Lombardie Vénétie Ligurie Emilie

Romagne Marches Ombrie Campanie TOTAL

1 24 6 30 2 1 5 3 1 2 12 3 2 5 2 2 1 12 4 2 10 3 1 1 17 5 1 16 3 3 1 6 1 31

TOTAL 30 42 11 3 4 3 8 1 102 L’étude des données permet donc d’établir que les classes 2 (bonne qualité) et 3 (suffisante) ont un même pourcentage (environ 12% l’une et l’autre). Le nombre de stations de classe 4 (mauvaise qualité) est significatif alors que les taux des classes 1 (qualité élevée) et 5 (très mauvaise) sont très élevés (proche de 30%). Ainsi, sans même prendre en compte les micro-polluants pour lesquels les données ne sont pas suffisantes, il apparaît que, sur la base des résultats de l’indice SEL, 47% des sites contrôlés sont en dessous des objectifs environnementaux prévu pour 2008 (état écologique suffisant) et 59% sont en dessous de l’objectif environnemental prévu pour 2016 (état écologique bon).

6.2.3.5. Un exemple : la pollution au mercure du lac Majeur Le Ministère de l’environnement, la région du Piémont, la province, la commune de Pieve Vergonte et l’entreprise chimique Tessendorlo (anciennement Enichem) ont signé un accord en août 2004 dans lequel est prévu que l’entreprise arrêtera l’utilisation du mercure comme cathode dans ses cellules électrolytiques soude-chlore au 31 décembre 2006. Or, d’ici là, ce sont encore 80 tonnes de mercure qui continueront à être employées sur le site de Pieve Vergonte (en amont du Lac majeur). De plus, le danger porte également sur le DDT et l’arsenic. Le mercure est utilisé dans l’entreprise comme catalyseur dans plusieurs réactions importantes et comme cathode depuis 90 ans. Le lac Majeur présente de fortes concentrations de mercure insolubles sur les fonds mais également dans le sable de ses plages, en particulier celles les plus proches de l’entreprise, à l’embouchure du Toce. De plus, à près de 300 m de profondeur, le Lac « abrite » des centaines de tonnes de déchets de DDT (Dichloro Diphényle Trichloréthylène) et d’autres substances nocives, tant pour l’environnement que pour l’homme, comme le mercure, l’arsenic et l’ammoniac. Le DDT, interdit dans les années 70, a pourtant continué à être produit par l’entreprise à raison de 500 tonnes par an, jusqu’à ce qu’en 1996, le ministre de l’environnement de l’époque, Edo Ronchi, prenne acte de la contamination des poissons du lac Majeur par le DDT. Les études avaient alors également mis en évidence la présence d’arsenic (provenant des cendres de pyrite accumulées sur le sol) et de mercure (provenant des boues de déchets dérivés des cellules électrolytiques pour la production du chlore). Encore aujourd’hui, bien que la technique au mercure soit substituable, le site industriel continue à l’employer.

6.2.4. Les fleuves et rivières italiens

6.2.4.1. Etat Ecologique des Cours d’Eau : SECA La définition de l’état de la qualité des eaux des fleuves est assez problématique, du fait de la disparité des données disponibles et les systèmes de monitorage très variés. Cependant, dans la diversité des indices d’évaluation, et sur une échelle de valeurs allant de 1 à 5, on peut noter que peu d’analyses ont apporté des résultats nettement positifs (c’est à dire de première classe), alors que la majeure partie des échantillons entre dans les classes 2 et 3 (bonne qualité ou tout du

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moins suffisante), avec une chute notable du nombre d’échantillons entrant dans la classe 4 (qualité médiocre) et 5 (qualité mauvaise ou fortement polluée). Cette étude de l’état écologique des cours d’eau se fait par le biais d’un indice introduit par le Décret Législatif 152/99, le SECA (Stato Ecologico dei Corsi d’Acqua) qui s’exprime en fonction de la qualité physique et chimique, et de la présence de micro-polluants dangereux dans l’eau, les sédiments et la faune des cours d’eau. Les données ont été recueillies dans toutes les régions italiennes et provinces autonomes à l’exception de la Sardaigne, des Pouilles, de la Calabre et du Piémont. La distribution en classe des différentes valeurs du SECA est la suivante :

Tableau 11 : Répartition des stations contrôlées en fonction des classes définies par le SECA

Classe Nombre de stations Classe 1 9 Classe 2 189 Classe 3 211 Classe 4 88 Classe 5 16

On peut ainsi observer que les classes 2 (bonne) et 3 (suffisant) ont avec presque 40% de stations chacune un poids égal. Les 17% de stations de classe 4 sont à souligner, alors que le poids de la classe 1 est à peine 2% et celui de classe 5 de 3%. Sur la base des résultats du SECA, 20% des sites contrôlés est en dessous des objectifs environnementaux pour 2008 (état écologique suffisant) et 61% est en dessous des objectifs environnementaux prévus pour 2016 (état environnemental bon)

6.2.4.2. Qualité des grands fleuves italiens Le rapport 2001 de l’association environnementale Legambiente a examiné 18 cours d’eau italiens parmi les plus importants. Il résulte que 50 % d’entre eux sont pollués et seuls 7 % peuvent être classifiés comme non pollués. Le dossier de WWF « Les grands fleuves de la planète » de 2002 élargit le champ aux différentes causes de dégradation des cours d’eau et sur 50 fleuves en classe 32 comme critiques. La « Goletta Verde 2004 » de la Legambiente a également analysé et échantillonné quelques embouchures de fleuves et de torrents. Les résultats (présentés dans le tableau suivant) mettent en évidence la grande différence entre la bonne qualité dans son ensemble des eaux de baignade italiennes et les eaux « douces » qui se jettent à la mer, et dont la mauvaise qualité se retrouve diluée dans le volume des eaux marines.

Tableau 12 : Répartition des fleuves contrôlés en fonction de leur qualité (Legambiente, 2004)

Embouchures de fleuves et

torrents

Nbre d’échantillons

Nbre échantillons

propres

Nbre échantillons légèrement

pollués

Nbre échantillons

pollués

Nbre échantillons gravement

pollués ITALIE 47 5 (10,5%) 13 (27,5%) 9 (19,5%) 20 (42,5%)

De plus, les concentrations de substances toxiques varient selon les fleuves considérés, augmentant si la quantité d’eau diminue. Ainsi, les cours d’eau à débit réduit, à même pression polluante, sont bien plus compromis. Le Sarno et l’Arno se trouvent être plus pollués aux points où le nombre d’affluents augmente et lorsque le débit d’eau chute. La concentration de substances

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polluantes (nutriments en particulier) est plus basse dans le Tagliamento et dans l’Isonzo par rapport au Tibre et à Livenza. Le cas le plus critique mis en évidence dans le rapport du WWF concerne le Priolo, où a été installée une décharge abusive du site pétrochimique de l’Enichem, avec des taux de mercure qui dépassent de 20000 fois les limites de la loi. Et enfin, sont présentés comme critiques également la rivière Loreto à Palerme considérée comme un égout à ciel ouvert, ou encore la lagune de Venise.

6.2.4.3. Qualité des eaux de baignade internes Un rapport de l’Union Européenne de 2003 sur la qualité des eaux de baignade internes (rivières, fleuves, lacs) a mis en évidence que 70,6 % d’entre elles atteignaient un niveau de salubrité « suffisant », selon, contre 76,1 % en 2002 et 93,6 % en 2001 (la moyenne des pays européens est de 92,3 %). Autant dire que la situation italienne s’est aggravée au cours des dernières années. De plus, la Commission Européenne s’interroge sur l’augmentation des sites (fleuves et lacs) où la baignade a été interdite : de 14,8 % en 2002, l’interdiction est passée en 2003 à 27%. L’Annuaire des Données Environnementales 2003 édité par l’APAT a également présenté les aggravations de l’état des eaux superficielles, alors que les eaux de baignades des côtes ont enregistré une amélioration. L’annuaire met pourtant en évidence que pour les 115 fleuves et rivières italiens équipés depuis 1998 d’éléments de contrôle, les sites classifiés comme « suffisants » et « bons » sont plus nombreux que ceux définis « mauvais ». Il est nécessaire d’insister sur le fait que, entre les activités industrielles et agro-zootechniques, les installations urbaines et les captages pour l’usage énergétique (qui, en réduisant le débit du fleuve influent également sur sa capacité de dépuration), les fleuves italiens ont des difficultés majeures à s’auto-dépurer. Les conséquences sur la qualité en sont donc très variables : le Pô, par exemple, parvient à se nettoyer et à maintenir une qualité moyenne (la situation de la plupart de ses affluents en revanche est très critique) ; par contre, dans le cas du Tibre, les rejets de déchets sur son chemin sont bien trop nombreux et ont complètement éliminé les capacités d’auto-dépuration du fleuve.

7. Situations spécifiques et critiques

7.1. L’agriculture et l’irrigation Le secteur de l’agriculture et le besoin de ressources en eau qui en découle est caractérisé par plusieurs niveaux de gestion des ressources hydriques, liés aux conditions climatiques et aux différentes formes d'organisation de la production. En Italie, plus de 50 % des prélèvements sont destinés à l’agriculture, comme en Espagne, en Grèce ou au Portugal, mais bien plus que la France (11,5 %), favorisée par une plus grande pluviométrie et une plus faible évaporation atmosphérique. De plus, sur cette quantité prélevée, les 2/3 sont utilisés pour l’irrigation, alors que le tiers restant est partagé entre les industries agroalimentaires et la zootechnie. Les ressources en eau souterraines peuvent être considérées également comme abondantes, même si elles sont réparties très diversement sur le territoire. De ces nappes souterraines est prélevée la majeure partie de l’eau destinée à l’usage potable et industriel, mais également à l’irrigation, comme cela est le cas dans beaucoup de régions du sud. Dans le tableau 13, concernant les surfaces irrigables en Italie du début du siècle jusqu’à 1990, on enregistre que la surface irrigable, dans la période de temps considérée, a presque triplé en passant de 1,36 à 3,87 millions d'hectares. Les augmentations les plus importantes sont

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enregistrées dans le sud, par le biais d’aides incitatives au Mezzogiorno en faveur de l'irrigation et des assainissements. Mais c'est entre 1956 et 1961 que l'on voit une importante expansion des surfaces irrigables, avec 115 000 hectares de nouvelles terres, qui ensuite se stabilisent à 24 000 hectares/an dans les années 70-80 dans les régions du centre et du sud.

Tableau 13. Superficies agricoles irrigables en Italie de 1905 a 1990

Superficie irrigable 1905 1948 1956 1961 1968 1990 hectares

Nord 1 164 162 1 840 000 2 020 301 2 239 971 2 328 711 2 322 435 Centre 21 345 72 000 174 136 273 934 298 854 391 449

Sud 136 120 143 100 210 961 387 106 717 780 769 288 Isole 43 342 130 100 121 175 198 709 * 385 999

Italie 1 364 969 2 185 200 2 526 573 3 099 720 3 345 345 3 869 171

* Inclue dans celle du Sud Source : Fonte INEA (1965), Conferenza Nazionale delle Acque (1972) e ISTAT (1990) Les données du recensement concernant les surfaces agricoles irriguées entre 1967 et 1990 à l'échelle nationale, montrent que la surface effectivement irriguée constitue 70 % de la surface irrigable. Il faut souligner la forte influence exercée sur l'expansion des surfaces aussi bien par le type de culture pratiquée, que par le volume des précipitations. La croissance tendancielle de l'irrigation est mise en évidence par le rapport entre la surface irriguée et la surface agricole utilisée, qui passe de 14 % en 1967, à 18 % en 1993. Le Ministère des travaux publics a entrepris les procédures pour la réalisation d’ouvrages dans le sud de l'Italie dans le secteur hydrique. Les objectifs du programme lancé portent sur : - l'augmentation de la disponibilité brute et nette de la ressource - l'augmentation de la population desservie par le système régional des eaux - l'adaptation et la réalisation des réseaux de distribution d’eau dans le Sud de l'Italie. Selon les estimations de la FAO (Food and Agriculture Organisation), aujourd’hui, au niveau mondial, 70 % des prélèvements hydriques sont destinés à l’irrigation et d’ici 20 ans, cette valeur pourrait augmenter de 14 %. En Europe, les consommations hydriques pour l’agriculture tournent autour de 60 % du total des prélèvements. Et l’Italie ne fait pas exception. Selon les prévisions de l’IPCC (International Panel on Climate Change, la commission internationale d’experts qui étudie les changements climatiques), la situation actuelle, déjà problématique, risque de s’aggraver encore dans les 10 prochaines années, du fait de l’impact des changements climatiques sur le cycle hydrologique entier. La désertification touche déjà en Italie 30% des terres, et 27% de la superficie cultivée. Ces données mettent en évidence la nécessité d’approfondir le raisonnement sur l’eau dans le cas spécifique de son usage dans l’agriculture, en s’efforçant de l’inclure dans le contexte général du rapport homme/nature. Le manque de politiques orientées vers la valorisation et l’économie de la ressource hydrique crée dans les centres urbains abus et gaspillages, mais également un mauvais usage de l’eau dans l’agriculture. De même, il est important de mettre en évidence l’absence de plans pour la récupération des métaux lourds, de l’azote et phosphore. Les prélèvements importants dans la

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nappe profonde pour l’irrigation provoquent de graves problèmes de pollution, de salinisation de la nappe phréatique et des sols de la zone côtière. Il est également à souligner que les pratiques agricoles basées sur les cultures intensives appauvrissent le sol, avec toutes les conséquences qui en découlent : érosion, blocage de la reconstitution naturelle des réserves hydriques, pertes de fertilité des terrains, avec pour résultat des utilisations d’énormes quantités de fertilisants et de pesticides chimiques, provoquant la pollution des eaux douces (superficielles et profondes) et marines (eutrophisation).

7.2. Les eaux minérales La production d’eau minérale en Italie en 2002 a atteint la valeur de 10,7 milliards de litres et en 2003 12 milliards, soit une augmentation de 12 % en un an. Une croissance telle que, entre 1992 et 2002, la production d’eau minérale a presque doublé, plaçant l’Italie au premier rang des producteurs d’eau naturelle en Europe. Même les exportations au cours des 5 dernières années ont augmenté au rythme de 15-40 % par an, jusqu’à atteindre les 1,1 milliards de litres en 2002, une augmentation de plus de 21 % par rapport à 2001. Selon les estimations de l’Istat de 2002, 25 % de la production italienne destinée à l’exportation est commercialisée en Allemagne, suivi des Etats Unis avec 23 %, de la France avec 17 %, de la Suisse avec 13 %, de la Grande Bretagne avec 5 % et enfin, le Canada et l’Autriche avec 2 %. En 2002, les italiens ont consommé 172 litres d’eau minérale par personne, avec une prévalence nette pour les eaux naturelles (59,6 %) et des effervescentes naturelles (20,8 %). L’augmentation des consommations s’est ressentie principalement dans le sud de l’Italie et dans les Iles : au cours de la période 1997-2001, les consommations ont augmenté de 10 % au nord (Toscane et Ombrie comprises) alors qu’au sud, elles ont augmenté de 30 % (Marches et Latium compris). Cependant, derrière le succès des eaux minérales se cache surtout la méfiance des familles vis à vis de l’eau du robinet. Or, à part le problème de la perte excessive d’eau due aux installations vieillissantes et souvent en mauvais état, les aqueducs italiens ont une eau de bonne qualité, mais souvent très chlorée. Pour en éviter l’odeur et le goût, les italiens ont recourt à l’eau minérale. L’esthétisme des bouteilles et la publicité font le reste. Selon une étude menée en 2000 par l’Istat, 44,7 % des familles italiennes ne font pas confiance à l’eau du robinet et préfèrent ne pas la boire. Pourtant, l’Association des Consommateurs Italienne (Adiconsum) a souligné récemment les carences et les problèmes liés à ce secteur de l’économie italienne : 87 entreprises d’eau minérales sur 98 soumises à un contrôle par le Ministère de la Santé en 2002 ont été déclarées non conformes aux normes en vigueur. Le Ministère de la Santé a demandé de nouvelles analyses sur 400 autres industries du secteur. Déjà en 1999, puis de nouveau en 2001, l’Union Européenne avait lancé une procédure d’infraction envers l’Italie, coupable d’avoir les eaux minérales en bouteille les plus polluées d’Europe, précisant que la loi actuellement en vigueur dans le pays fixait des normes trop hautes pour les poisons du type arsenic et cadmium. En effet, un décret datant de 1992 autorisait les eaux minérales à contenir 19 substances dangereuses en quantité supérieure par rapport aux normes autorisées pour l’eau du robinet. Ainsi, le taux d’arsenic admis pour une eau minérale était de 200 µg contre 50 pour l’eau potable. La limite pour le cadmium était de 10 µg/l pour la minérale et 5 µg/l pour l’eau du robinet. Les nitrates étaient autorisés jusqu’à 45 mg/l alors que ces éléments, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, peuvent provoquer des problèmes déjà au delà de 10 mg/l. Aucune limite n’était prévue par le décret sur le nickel et le chrome trivalent. En outre, l’utilisation systématique de bouteilles en PCV ou PET peut augmenter la possible toxicité de l’eau. Le PVC (Chlorure de Polyvinyle) est accusé d’être cancérigène alors que le PET (Polyéthylène), exposé à la lumière et à la chaleur peut relâcher des substances toxiques. Le gouvernement italien, à la suite de menaces de sanctions économiques de la part de l’Union Européenne, a fait diminuer en 2001 les taux maximums de plomb et de cadmium dans l’eau et

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abaisser les concentrations en baryum, en manganèse et en arsenic aux normes fixées par la nouvelle directive européenne sur les eaux minérales (DL N° 31/2001). Cependant, on retrouve toujours régulièrement dans les eaux minérales des concentrations en arsenic plus élevées que les 10 µg/l à présent autorisés et une norme commune qui concernerait l’eau du robinet et l’eau en bouteille est actuellement réclamée. Une enquête menée dans la région de Bari en 2003 a mis en évidence que de nombreuses eaux minérales produites dans la province et prélevées au hasard dans les supermarchés, présentaient des valeurs excessives de nitrates (70 mg/l au lieu des 30 mg/l fixés à présent par la loi européenne), d’arsenic ou de vanadium. Cette même enquête a également souligné que les concentrations en cuivre, zinc et sélénium (principaux anti-oxydants capables de prévenir ou soigner des pathologies humaines) étaient inférieures aux indications des étiquettes. Il est à noter que le business des eaux minérales en Italie est très important : d’un coût de 200 à 500 fois plus élevée que l’eau du robinet, l’eau minérale en Italie concerne environ 160 entreprises qui produisent pour 2,5 milliards d’euro par an. Danone, San Benedetto, Ferrarelle et Nestlé détiennent 70 % du marché. Nestlé domine particulièrement avec 35,6 % du secteur.

7.3. Le cas Milan Le problème du dépurateur de Milan a commencé le 25 janvier 1972 lorsque la commission Aniasi décide de construire une installation de traitement des eaux urbaines et industrielles dans la région de Chiaravalle. Il s’agit alors de la première réponse de la mairie face aux protestations et aux blocages de routes contre la pollution du fleuve Lambro, mais le sursaut des institutions face aux manifestations écologiques s’arrête là. Dès lors, désintérêts, lenteurs et contentieux alimentent une longue impasse, une absence de faits dominée par les polémiques. Huit ans passent avant de voir affecter les 18 millions d’euro nécessaires et il en faut encore deux de plus pour obtenir l’adjudication qui porte le chiffre à 47 millions d’euro. A ce point, le projet semble sur le point de démarrer mais en 1984, le Comité Régional de Contrôle annule l’adjudication, préoccupé par la protection du paysage. En 1989, le projet pour un dépurateur écologique est confié à la Lombardie à Silvano Larini pour un coût de 136,5 millions d’euro. Pendant ce temps, Milan continue à polluer, soulevant les protestations des administrateurs des régions traversées par les fleuves Lambro, Olona et le Pô. Portés par les cours d’eau, les résidus des plus grands sites d’habitation et industriels du Nord Italie se répandent le long du territoire et finissent dans l’Adriatique. Alarmés par les données sur la pollution, considérée comme responsable du mucilage qui infecte les eaux côtières, les maires des villes de la Romagne accusent sans cesse la capitale lombarde d’atteinte à leur équilibre environnemental et à leurs principales ressources économiques : le tourisme et la pêche. Leur mécontentement croît de manière exponentielle à partir de 1991 : une directive européenne (91/271/CEE du Conseil) impose aux états membres qu’ils veillent à ce que leurs centres urbains de plus de 2000 équivalents habitants soient équipés de systèmes de collectes et de traitement des eaux urbaines résiduaires. Les délais d’installation de ces systèmes (traitement tertiaire) sont les 31 décembre 1998, 2000 et 2005, selon la taille de l’agglomération et la sensibilité des eaux réceptrices. Milan a donc jusqu’à 1998 pour se mettre en règle mais son installation de dépuration, au lieu d’éliminer les poisons de l’eau, continue à en répandre. L’architecte Larini tombe dans l’enquête « Mains propres » de 1992, alors qu’un comité technique se rend compte que les coûts du projet ont doublé. Ne reste plus qu’à la région et au Ministère de l’environnement à bloquer de nouveau le chantier. Passent alors plusieurs années sans que rien ne bouge, à l’exception des manifestations ponctuelles sur la Place du Duomo de Milan organisées par les maires et écologistes de la Romagne. Le retournement de situation arrive en 1999 : la Commission Européenne relance le conflit en envoyant une mise en demeure à l’Italie et une menace de sanction de 4,5 milliards d’euro pour chaque mois de retard dans la réalisation de l’installation de dépuration : 150000 euro par jour si Milan ne respectait pas les problèmes de dépuration. Cette amende aurait été d’une gravité incroyable sur les caisses de l’Etat et donc, sur tous les italiens.

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Le maire se rend compte que l’unique voie pour sortir de l’impasse est le pouvoir des commissions et commence à supporter cette cause auprès du gouvernement, en défiant l’opposition des ministres et des préfets. En janvier 2000, le Gouvernement décrète pour Milan l’état d’urgence en matière de dépuration des eaux usées. En juillet, le maire Albertini devient commissaire extraordinaire pour les eaux. La réalisation de trois nouvelles installations de dépuration peut enfin démarrer et en janvier 2001 s’ouvrent les chantiers à Nosedo et Ronchetto. En avril 2002, la Cour de Justice européenne estime que l’Italie, avec la ville de Milan, manque à ses obligations pour le traitement des eaux urbaines résiduaires déversées dans des zones sensibles. La condamnation arrive donc, pour le moment sans sanction, dans l’attente d’un investissement réel de Milan. Le maire commissaire répond en août : avant le mois d’avril 2003, il promet d’inaugurer la première installation. Le 12 avril, Albertini ouvre en effet la première vanne à Nosedo. Le dépurateur de Nosedo est le plus grand des trois que Milan est en train de réaliser. Il s’étend sur une zone de 40 ha. Le premier lot, celui inauguré justement en avril 2003, sert 350 000 habitants de la zone centre-est de la ville. Lorsqu’il sera complètement achevé, en janvier 2005, le bassin d’usage servira à 1 250 000 habitants. L’investissement total est de 135 millions d’euro. Des deux autres dépurateurs, Milan Sud coûtera 87 millions d’euro et devrait être achevé pour la fin 2004. Il servira à 1 050 000 habitants de la zone urbaine du nord-ouest. La nouvelle ligne de dépuration de Peschiera Borromeo sera, elle, destinée à 250 000 usagers de la zone est. La construction du collecteur est déjà terminée et l’ouverture de l’installation est prévue d’ici deux ans pour une dépense totale de 22 millions d’euro.

7.4. Le « manque d’eau » du Mezzogiorno En 2000, 24,3 % des familles habitant dans les régions Méridionales et 37,1 % dans les Iles ont subi des interruptions significatives de l’approvisionnement en eau potable, contre une moyenne nationale de 15 %. Les plus touchées sont la Sicile (33,7 %), la Sardaigne (47,3 %) et la Calabre (47,9 %), régions pour lesquelles se manifestent des besoins urgents de protection civile (en Sicile, en 2001, a été nommé un Commissariat Extraordinaire de l’Urgence Hydrique). Les petites régions riches en ressources sont également touchées par la présence de fortes carences, comme Molise (18,1 %) et Basilicate (28 %), où le problème est lié, outre le pourcentage élevé de pertes dans le réseau, à l’export d’eau locale vers d’autres régions (en particulier les Pouilles), créant de plus un contentieux économico-politique brûlant. La situation du système hydrique de plusieurs de ces régions du Sud Italie, la Calabre, les Pouilles et la Sicile en particulier, est critique. Or ceci n’est pas dû à un manque d’eau, mais à une gestion catastrophique des ressources. Le problème de l’eau se résout grâce à une gestion soignée des ressources, avec l’entretien raisonnée et importante des installations. Or, le premier problème dans les régions du sud réside dans le fait que les cartes des conduites communes pour l’eau potable ne sont pas mises à jour : en Calabre, en Sicile et dans les Pouilles, les plans existent mais ont été réalisés il y a plus de 30 ans et ne tiennent pas compte des « attaches » (des liaisons secondaires reliées aux réseaux principaux, souvent irrationnelles et réalisées pour alimenter les constructions récentes). Ensuite, les systèmes de collecte ne sont pas dimensionnés correctement pour les nouveaux quartiers. De plus, les gaspillages sont nombreux : l’irrigation (Pouilles, Calabre, Basilicate, Sicile et Sardaigne) représente 60-70 % des flux et les pertes qui y sont liées sont estimées à 40-50 % du flux. En ce qui concerne les consommations domestiques, sont 20 % des prélèvements, les pertes atteignent de 60 à 75 %. Cela signifie que des 80 % des prélèvements effectués (irrigation et usage domestique), seuls 35% arrivent à destination et sont effectivement utilisés. Ensuite, l’état des infrastructures est de notoriété publique : égouts citadins anciens et dégradés (avec les pollutions des fleuves, lacs, eaux souterraines,…qui en découlent), digues construites mais sans être reliées au réseau, réservoirs abandonnés, collecteurs et réseaux des aqueducs mal gérés, entretien insuffisant, exploitation de puits abusifs (300 000 par exemple dans les Pouilles)… De plus, l’agriculture intensive est source de pollution importante de la nappe

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phréatique et de contamination des sols. Elle provoque également, couplée à la pratique de prélèvements excessifs, à la diminution du niveau de la nappe phréatique et favorise les phénomènes de salinisation croissante des nappes côtières. Si on ajoute à cela la dégradation des forêts, il est facile de comprendre la croissance des processus de désertification : 46% du territoire de la Sicile, de la Sardaigne, des Pouilles et de la Basilicate sont considérés déserts. Parmi les problèmes spécifiques de la Sicile, outre ceux évoqués précédemment, il est important de souligner le grand nombre de collecteurs non finis sur l’Ile, les conduites non reliées aux réservoirs et la quantité importante d’eau directement rejetée vers la mer. L’eau sicilienne est abondante, mais l’excès de prélèvements pour l’irrigation agricole pose problème, doublant les consommations, du fait de l’arrosage de type « pluie » au lieu de le faire à « goutte » (irrigation localisée). De plus, le système dit « pelo terra », très courant en Sicile, appuie également la crise hydrique : il s’agit d’un canal (interdit) creusé sur la terre où l’eau passe. Ce délit est grave car en plus des canalisations qui sont entubées illégalement, une très grande partie de l’eau est perdue, et il est impossible de quantifier ces gaspillages. Enfin, malgré une réforme agraire menée au début des années 50 qui avait donné lieu à une politique de grands travaux en Sicile, à l’heure actuelle, se cumulent : - des retards incroyables dans la construction de nouveaux travaux causés par un excès

d’expertises, de révisions des prix, de nouveaux appels d’offre, etc., - des retards dans les vérifications (qui empêchent l’utilisation complète des capacités de

réservoirs déjà construits), - un manque d’actualisation des plans de défense hydrogéologique en amont des digues, - des retards dans l’entretien ordinaire et exceptionnel : beaucoup de digues sont restées sans

eau, beaucoup de réseaux de distribution n’ont pas été construits ou ne sont pas entretenus de manière à éviter des pertes, beaucoup d’eau finit à la mer.

Enfin, le rôle de la mafia et de son pouvoir sur différentes installations hydriques n’est pas à négliger, ayant provoqué entre autres des blocages dans le fonctionnement des digues depuis près de 40 ans (comme c’est le cas pour la digue Rosamarina sur le fleuve San Leonardo ou la digue Garcia di Roccamena sur le fleuve Belice). L’espoir de la Sicile réside donc dans la relance de l’autonomie de l’Ile, et dans la mise en place d’un programme clair et précis concernant l’eau, afin que la population puisse avoir un accès à l’eau courante dans les maisons 24 heures par jour et 365 jours par an. L’eau des digues et des rivières captées permettrait de réaliser cet objectif fondamental qui n’est pas encore d’actualité. Mais cela ne pourra être une réalité que si les gaspillages et les manœuvres sous-gouvernementales et de la mafia cessent. Ensuite, il est nécessaire de garantir l’approvisionnement des zones irriguées actuelles et de les étendre à travers des pratiques agricoles basées sur l’économie des ressources (comme l’aspersion ou l’irrigation localisée), une adaptation des réseaux de distribution de façon à éviter les pertes, l’utilisation autant que possible des eaux résiduaires après la dépuration. Enfin, il est également important de promouvoir une action de défense hydrogéologique du territoire à partir des zones de récupération des eaux afin de pouvoir doubler la surface boisée en Sicile. Toutes ces conclusions sont également valables pour les autres régions du Mezzogiorno, qui ne souffrent pas d’une faible pluviométrie mais de carences catastrophiques au niveau des infrastructures.

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8. Les innovations dans le domaine de l’eau

L’innovation technologique dans le domaine de l’eau met en jeu différents domaines, ainsi que des usages finaux très larges. Dans le cadre d’un usage industriel, elle peut par exemple offrir la possibilité d’études et d’applications tels le recyclage de l’eau, les usages en cycle fermé, etc. De plus, l’innovation dans le domaine hydrique devra apparaître par le biais de systèmes internes aux entreprises et services utilisateurs de récupération des eaux. Les exigences de qualité de l’eau de plus en plus strictes imposent des recherches technologiques souvent avancées. Avec ces perspectives, il sera nécessaire pour les instituts de recherche d’individualiser par une approche multidisciplinaire et par diffusion des connaissances les besoins d’innovation technologique dans l’optique de l’économie de la ressource hydrique et de sa qualité.

8.1. L’innovation dans le traitement des eaux usées

8.1.1. Innovation dans le traitement des eaux usées rejetées en mer (Italie) : le système Muds

Le Muds (Marine Underwear Depurator System) est un système pour le traitement des eaux usées d’origine urbaine qui permet l’élimination de la charge organique par le biais de microorganismes capables d’en provoquer la bioconversion. Ce système innovant a été développé en 2003 et réalisé grâce aux financements du Projet concernant les biotechnologies du CNR et de la commune de Rapallo (Province de Gênes). Le Muds, déjà testé dans des conditions réelles en mer face à Rapallo, est actuellement étudié au Centre de biotechnologie (Cba) de Gênes pour être employé comme système de protection de l’environnement marin, en le plaçant à la sortie des dégorgeoirs ou des conduites des installations de dépuration qui se jettent en mer. L’appareil, qui mesure 4 mètres sur 3, pour 2 de hauteur, et ancré à 35-40 mètres de profondeur en mer, est constitué d’une cage métallique maintenue sur le fond marin par des blocs de ciment, à proximité d’une déviation du réseau d’égout. L’eau douce usée, moins dense que l’eau de mer, tend à remonter à la surface, le système travaille donc comme un filtre dépurateur. A l’intérieur du filtre, il y a un support fait d’éponges synthétiques, de sphères et structures flottantes afin d’augmenter la superficie de contact. Aux environs du système sont également placées des éponges naturelles et des moules, qui permettent aussi la dépuration puisqu’elles sont capables de filtrer les bactéries et les matières organiques. Le dépurateur prévoit également l’utilisation d’instruments « naturels », c’est à dire de microorganismes particuliers comme des bactéries, protozoaires, ou algues unicellulaires. « Le système Muds est un système ouvert qui prévoit le travail d’organismes vivants qui tirent l’énergie de la substance organique pour leur croissance et leur développement, ce qui réduit considérablement la production de boues et de gaz malodorants », explique Umberto Benatti professeur de biochimie à l’université de Gênes et l’un des inventeurs du système.

8.1.2. Economie d’eau à travers la réutilisation de la ressource Révélée lors de la remise des prix innovations pour l’environnement de la Legambiente de 2003, l’innovation mise au point par la société Oikos est basée sur l’économie hydrique, consentie jusqu’à 80 %, à travers l’utilisation de l’eau de pluie, du recyclage des eaux résiduaires et l’adoption de systèmes hydrauliques sanitaires à dépression dans les centres urbains, industriels et commerciaux.

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Cette innovation peut-être séparée en plusieurs différentes utilisations : - la première concerne la récupération de l’eau de pluie tombant sur les toitures des bâtiments

pouvant être stockée dans des réservoirs adaptés et, après filtration, être utilisée pour des besoins civils non-potables comme l’alimentation des chasses d’eau de WC, l’irrigation des parcs, le fonctionnement des machines à laver et le lavage des surfaces

- ce même discours peut être effectué pour les eaux résiduaires dépurées par le biais de systèmes innovants de dépuration biologique à membranes

- l’adoption de sanitaires particuliers couplés à des systèmes d’égouts à dépression permet également de réduire énormément la consommation hydrique à la source (de l’ordre de 60 %)

- dans le cas de sites particuliers dont la consommation en eau est importante (type centres commerciaux, stations de service, université, gares ferrovières, etc.) l’utilisation de ce type de couplage peut permettre une économie de 80% des ressources

- enfin, ces systèmes sont particulièrement flexibles et peuvent être réalisés également dans des habitations particulières.

8.1.3. Développements et applications du procédé chimique Fenton à la dépollution

d’effluents industriels et agricoles Ce procédé de recherche devrait permettre de développer et d’optimiser un procédé de dépollution d’effluents industriels et agricoles contenant de fortes concentrations en polluants organiques toxiques et réfractaires, en particulier les pesticides et leurs produits de dégradation. Le traitement devrait permettre la destruction de ces polluants en des composés minéraux ou leur transformation en des composés biodégradables. Ce procédé, basé sur la réaction de Fenton, réagit sur la matière organique pour conduire à sa minéralisation, par le biais de la production d’un oxydant très puissant, le radical hydroxyle OH. Un des moyens de réduire l’impact environnemental des pesticides est de traiter à la source les pollutions ponctuelles et accidentelles, tels les fonds de cuves résiduels en fin d’opérations d’épandage en viticulture ou en agriculture, les effluents des usines de production et de formulations de pesticides.

8.1.4. Système d’aide à la gestion et à la réduction des flux polluants La maîtrise des rejets aqueux, notamment sur les sites chimiques et pétrochimiques, passe par une meilleure connaissance des effluents et par la mise en place de procédures permettant la réduction des flux. La caractérisation de ces milieux par des méthodes analytiques spécifiques sont trop coûteuses. L’utilisation de la spectrophotométrie UV, méthode globale, simple et rapide a d’ores et déjà fait ses preuves pour l’estimation de la pollution organique globale et de composés spécifiques et pour la détection d’incidents en milieu industriel. La méthode Infra Rouge (IR) en ligne également déjà utilisée en industrie pour le contrôle-qualité de certains produits, s’avère complémentaire dans le cas d’effluents pétrochimiques riches en hydrocarbures, non détectés par UV. Ainsi, un des projets de recherche et innovation vise au développement d’analyseurs en ligne associant la mesure UV et la mesure NIR (proche infrarouge). Dans la perspective de proposer aux industriels une méthodologie permettant une maîtrise plus poussée des rejets aqueux, le projet inclut également la mise au point d’une procédure de choix et d’implantation d’analyseurs permettant un meilleur contrôle opératoire et une conduite optimale de procédés, ce qui devrait conduire à une réduction des flux polluants chroniques et des rejets industriels. La procédure ainsi développée sera intégrée dans un logiciel de gestion des flux et d’aide à la décision. Ce projet associe une entreprise de maintenance industrielle qui souhaite développer ses compétences et offrir aux clients une offre globale, deux PME fabricants d’analyseurs spécialisés dans le domaine de l’eau et deux laboratoires de recherche, l’un spécialisé dans le domaine de la métrologie, l’autre dans la définition et le développement d’outils d’aide à la décision.

8.1.5. La reconstruction de conduites

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Un système de reconstruction de conduites en pression, a été mis au point, sous le nom de « Phoenix system » et agit à travers l’utilisation d’une gaine inversée à air et imprégnée de résines thermodurcissables a été mis au point. La technique de l’inversion à air permet à la gaine d’obtenir l’adhésion maximale aux parois de la conduite en mauvais état et la très haute résistance à la crevaison de la gaine même permet d’utiliser une pression d’air suffisante pour retourner jusqu’à 800 m de gaine en une unique session de travail. L’utilisation de gaines d’épaisseur minimale, de grande dureté réalisées sans coutures en tissus de type polyester ou kevlar, ainsi que l’emploi de résines époxydes de qualité certifiée et produite uniquement en Italie, rendent l’installation finale extrêmement stable dans le temps. La haute pression de moulage et la température uniforme garantie par le flux de vapeur émise pour l’inversion finale, garantissent toutes les deux aux caractéristiques de la résine époxyde une adhésion irréversible à la vieille conduite usée, comme une impression.

8.2. Innovations dans la gestion et dans le contrôle des ressources

Comme cela a été présenté dans les chapitres précédents, les pertes hydriques dans les conduites atteignent en Italie des valeurs problématiques. Ainsi, de nombreuses innovations dans le domaine de l’eau, outre l’amélioration de l’état des conduites, concernent le monitorage des conduites pour en évaluer avec précision les pertes et déterminer les secteurs à entretenir prioritairement.

8.2.1. Contrôle des pertes dans les conduites Un système mis au point par une société italienne, l’Idrosave, est donc un appareillage pour la mesure, la mémorisation, la transmission et l’élaboration des données de pression et débit dans les nœuds d’alimentation des districts d’utilisation hydrique. Ce système complet de télécontrôle est nécessaire pour l’acquisition, l’élaboration et la production des données nécessaires pour les « bilans hydriques pour les districts », réclamés par le Décret Ministériel n°99 du 08/01/97. Il est constitué de : - stations locales de relevé et transmission de données dans les nœuds du réseau hydrique - une unité centrale de récolte et d’élaboration des données. Ce système est facile d’installation même dans des conduites existantes, il n’est pas nécessaire d’effectuer des coupes dans la tuyauterie ; de plus, son alimentation est gérée par des piles et il n’est pas nécessaire de le relier au réseau électrique et téléphonique. L’installation mémorise à intervalle imposée (par exemple toutes les 15 minutes) les valeurs de débit instantané et total et la pression. Ensuite, à temps fixe (par exemple toutes les 24 heures) le système transmet via GSM l’ensemble de ces données à l’unité centrale et élabore les tableaux et graphiques mis à jour au moment de la dernière connexion.

8.2.2. « Télécontrôle » et « télécommande » pour la surveillance des aqueducs Aux installations de télécontrôle introduites ces dernières années dans la gestion des conduites et aqueducs, a été confiée la tâche d’effectuer automatiquement une grande partie des manœuvres et des contrôles, accomplis auparavant par du personnel de service. Ces équipements sont particulièrement utiles dans les réseaux pourvus d’appareils électriques et électromagnétiques disséminés dans des espaces très vastes et qui demanderaient la présence permanente, ou occasionnelle, d’un personnel de surveillance. Ainsi, l’exécution des commandes et des contrôles est plus efficace, grâce à l’utilisation de programmes d’application informatiques et à la centralisation de toutes les opérations d’intervention. La supervision des installations, qui dans la plupart des cas doit être effectuée par du personnel de service, est facilitée, pas seulement du fait de la centralisation de tous les signaux et des commandes, mais également grâce à la possibilité d’avoir à portée de main de multiples données

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de fonctionnement et de vérifier en temps réel l’avancement de l’intervention, les conséquences réelles des dysfonctionnements, etc. En ce qui concerne le travail du personnel, il est vrai que la mise en place du télécontrôle a réduit le nombre des ouvriers, réclamant de ce fait une plus large spécialisation aux opérateurs. En d’autres termes, dans les aqueducs modernes, quelques personnes qualifiées peuvent avoir sous contrôle un vaste réseau hydrique avec de bons résultats, aussi bien concernant la qualité du contrôle et de la commande que la rapidité de l’intervention en cas de besoin. Cependant, il est nécessaire de souligner les profondes transformations qu’il sera nécessaire d’effectuer sur le réseau pour faire du télécontrôle un instrument technico-économique important. En effet, il ne faut pas pour les prochaines années que les installations de télécontrôle soient conçues en fonction du réseau à surveiller, mais il sera nécessaire de créer des réseaux hydriques (aqueducs, conduites, etc.) de manière à exploiter au maximum l’installation de télécontrôle, et donc l’ensemble de ses fonctions. Parmi les éléments et les fonctions à modifier, il est nécessaire de pointer sur la mise en route de projets et la réalisation des installations et du réseau, les modalités de production de l’eau, sa comptabilisation, les conditions de sécurités, etc. Les innovations possibles concernent en particulier : - les centrales de pompage qui ne doivent plus être équipées de multiples pompes à tours et

débits fixes, mais plutôt de peu de machines à tours variables avec adaptation de la vitesse et donc du débit et de la pression aux exigences réelles de l’utilisation définie en temps réel et tout cela, automatiquement géré par le systèmes ;

- la compensation des débits ne doit plus être effectuée comme un temps à travers un réservoir inséré directement en réseau et donc de fonctionnement anormal, mais à travers un réservoir enterré, de construction plus facile, contrôlé automatiquement et régulé par l’installation de télécontrôle ;

le réseau de distribution à pression variable dessert en continue les besoins instantanés de l’utilisateur, qui, grâce aux nouvelles caractéristiques de constitution et de fonctionnement, garantit des résultats optimaux, aussi bien en terme de consommation énergétique, de dimensionnement des tuyauteries et de la limitation des pertes dans les conduites, qui sont en rapport direct avec la pression de travail.

8.2.3. Le télécontrôle dans la distribution de l’eau par irrigation Par le biais d’une installation de télécontrôle des aqueducs, il est possible de gérer la distribution de l’eau utilisée en agriculture pour irriguer les exploitations. Un réseau de télécontrôle/télécommande réalisé avec des radios modem reliées à des unités de concentration permet de récolter les données (débits, état des vannes, etc.) provenant des collecteurs et des nœuds des conduites. Selon les valeurs de débits minimums dans les conduites, l’eau pour l’irrigation sera approvisionnée en conséquence.

8.3. Quelques noms de programmes et innovations dans le domaine de l’eau

Entre parenthèses, le nom du programme ou de l’innovation : - Elimination des germes microbiens en assainissement autonome : développement d’un

concept de traitement tertiaire par le biais de matériaux filtrants (DEFI) - Mise au point d’un procédé de filtration biologique pour la potabilisation des eaux contaminées

par l’arsenic (ARSENIC) - Développement et de validation de phases d’immunoextraction et de trousses de détection

rapide de l’aminotriazole et du glyphosate dans les eaux (PESTICIDES HYDROSOLUBLES) - Développement d’un capteur pour mesurer en continu les teneurs en fer (II) et fer (III), ainsi

que d’autres métaux dans les eaux d’exhaures des anciens sites miniers (FER ON LINE)

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- Mise au point d’un système analytique autonome à base de nouveaux capteurs pour le suivi en continu de polluants éco-toxiques (VERCAPOL)

- Réduction électrochimique en azote par des électrodes de diamant. Optimisation des conditions de réaction et réalisation d’électrodes de grandes dimensions (NITRADIAM)

- Mise au point d’un radar hydro-météorologique en bande X. Mesure de la distribution spatiale de la hauteur d’eau sur un bassin versant à partir d’un radar météorologique polarimétrique en bande X (HYDRIX)

- Fabrication, caractérisation et mise en œuvre de matériaux carboné poreux fonctionnalisés pour le traitement d’eau à partir de boues de station d’épuration (MACPOR)

- Procédé de séparation sélective sur membrane couplé à un système de contrôle pour le recyclage des eaux et matières dans les circuits hydrauliques industriels. Application à l’industrie papetière entre autres (RECYMEAU)

- Mise au point d’un procédé de clarification de l’eau par ultrafiltration : pour une gestion maîtrisée de la qualité de l’énergie, des rejets et des coûts (MemEau)

- Développement des marchés technologiques de l’eau et des déchets par l’économie de l’environnement (DEMATEDEE)

- Mise en place d’un système intégré d’aide au renouvellement optimisé des conduites adapté aux petites et moyennes collectivités (SIROCO)

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CONCLUSION

La société italienne se fonde sur la certitude d’une disponibilité illimitée de l’eau. Or, comme nous l’avons vu, il est impératif de créer au plus tôt une culture des ressources environnementales, dans laquelle sera mise en avant la capacité de les conserver pour les générations futures en réduisant les impacts négatifs des prélèvements, qu’ils soient socio-économiques et écologiques. Des travaux sur le réseau hydrique italien sont également indispensables, afin de répondre aux gaspillages créés par des canalisations dont l’âge moyen varie de 25 à 40 ans, et par un entretien de mauvaise qualité induite par des investissements toujours plus faibles dans les ressources hydriques (entre les années 80 et aujourd’hui, les investissements ont diminué de 70%). Une autre étape décisive et nécessaire concerne la rationalisation de l’agriculture, de loin la cause majeure de prélèvements d’eau en Italie : cela passe par l’introduction des technologies d’irrigation moins consommatrices d’eau (comme l’aspersion et l’irrigation localisée). Afin d’augmenter l’incidence de ces solutions, l’optimisation du recyclage des eaux résiduaires est à instituer et à étendre au plus grand nombre de secteurs possibles. La gestion des ressources en eau commence à acquérir une réelle importance en Italie, et implique désormais techniciens, planificateurs, gestionnaires et législateurs qui agissent auprès des gouvernements, afin de convenir de programmes efficaces des travaux à effectuer et d’en rédiger les plans normatifs et financiers. Il apparaît fondamental aujourd’hui en Italie de gérer des processus de coopération qui permettent le transfert de technologies, la fourniture de systèmes d'irrigation avancés, l'organisation de groupes qui travaillent dans le domaine de la formation et de la création des compétences locales. L'engagement des gouvernements doit en outre être soutenu par un réel flux d'investissements, destinés à la recherche, à l'amélioration des structures, au développement de technologies plus modernes et appropriées aux différentes réalités socio-économiques et territoriales des différentes zones d'intervention. Il est donc indispensable de réaffirmer la valeur économique de l'eau, et de rappeler les lourdes retombées sur la collectivité lorsque l'accès et la disponibilité de ce bien ne sont pas garantis pour tous.

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BIBLIOGRAPHIE

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INFORMATIONS SUPPLEMENTAIRES

Des renseignements sur l’état de l’eau en Italie, sur les recherches et innovations dans le secteur, la législation en cours, les actualités liées à l’information des consommateurs et utilisateurs, etc., peuvent se trouver grâce aux organismes ci-dessous :

Informations générales et techniques :

Comité italien pour le Contrat Mondial sur l’Eau Comitato italiano Contratto Mondiale sull’Acqua Via Rembrandt 9 20147 Milan www.contrattoacqua.it [email protected]

FAO

Food and Agriculture Organization of the United Nations Viale delle Terme di Caracalla, 1 00153 Rome www.fao.org

Legambiente Siège National Legambiente Via Salaria 403 00199 Rome www.legambiente.com [email protected]

WWF

WWF Italia Via Po 25/c 00198 Rome www.wwf.it [email protected] Le rapport 2003 de WWF sur l’état de l’eau en Italie est consultable sur Internet.

APAT (Agence pour la protection de l’environnement et pour les services techniques)

Agenzia per la Protezione dell’Ambiente e per i Servizi Tecnici Via Vitaliano Brancati 48 00144 Rome www.apat.gov.it

Législation :

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Commission Européenne (direction générale de l’environnement) http://europa.eu.int/comm/environment/water/index.html

Ministère italien de l’Environnement et de Défense du Territoire Ministero dell’Ambiente e della Tutela del Territorio Via Cristoforo Colombo 44 00147 Rome www.minambiente.it

Ministère italien de la Santé Ministero della Salute Lungotevere Ripa 1 00153 Rome www.ministerosalute.it

Recherches et Instituts :

CNR : Institut de recherche pour la Protection Hydrogéologique IRPI (Istituto di Ricerca per la Protezione Idrogeologica) Via Madonna Alta 126 06128 Pérouse www.irpi.cnr.it

CNR : Institut de recherche sur les eaux IRSA (Istituto di Ricerca Sull’Acqua) Via Reno 1 00198 Rome www.irsa.rm.cnr.it

ENEA Ente per le Nuove Tecnologie, l’Energia e l’Ambiente Lungotevere Thaon di Revel 76 00196 Rome www.enea.it