Etre Et Devenir 3 Mark Halevy

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La compréhension du Devenir

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De l'tre au Devenir ...TOME 3

Marc Halevy

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Le 02/11/2002L'Eau Symbole dfinitif de l'Informe en attente du souffle, du vent, de la tempte qui la formeront, qui engendreront toutes les vagues de l'Ocan, tous les tres de l'Univers. Palpitations, pulsations, vibrations : le principe de la dynamique cosmique est vibratoire, ondulatoire. Tous les tres ne sont que des tissus plus ou moins complexes de figures d'interfrence, des cheveaux de nuds et de ventres, des paquets de rsonances, des cathdrales d'harmoniques. La gamme originelle comprend les notes fondamentales dont est construit tout l'univers et tout ce qu'il contient. Le monde est une symphonie en cours d'laboration, en cours de cration, en cours de composition. Mtaphore musicale et polyphonique, encore Cette gamme fondamentale est originelle : tout en est compos (au sens musical et non au sens analytique). Et comme il y a plus dans un accord que dans la somme des notes qui le forment (ce plus tant prcisment les figures d'interfrence qu'il engendre), l'univers qui se compose sur cette gamme fondamentale, ne peut qu'tre holistique. Du chaos "sonore" originel, l'harmonie peu peu s'invente : des accord, d'abord trs simples, s'assemblent en motifs harmoniques qui, peu peu, tlescopent (rencontrent ) d'autres accords avec lesquels ils tenteront de s'harmoniser pour construire des motifs plus complexes et ainsi de suite ad libitum. Imaginez un orchestre fait de quelques dieux qui n'ont leur disposition que leur voix et les notes de la gamme fondamentale. Ils ne savent pas encore chanter Chacun s'essaie dans son coin : cacophonie Des bribes de mlodie fusent, aussitt oublies ou noyes dans la confusion des bruits et des sons Puis, le miracle s'opre : deux notes se rencontrent en harmonie Le premier accord est n. Stupfaction. Silence. On ressaie : rien n'y fait, le miracle est perd, mais le souvenir du miracle perdure Nostalgie de la premire beaut ne du chaos. Il faut beaucoup de temps

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Mais le miracle finit par se ritrer : nouvel accord Pas tout--fait identique au premier, mais beau tout de mme Cette fois, les sens taient au aguets, l'attention tait totale : plus question de le laisser filer La tierce mineure fut ainsi capture Et il y a tant d'autres accord deux notes puis trois puis Mais qu'est-ce qu'un accord isol ? L'autre voie se laisse frayer : mlodies Mlodieuses pour certaines, les plus rares, inaudibles pour la plupart. Voie de la mlodie. Voie de l'harmonie. Construction dans le temps. Construction dans l'espace. La polyphonie et la symphonie natront de leurs rencontres dans l'espace-temps. Auto-composition du Devenir. Sans autre plan, sans autre but que d'aller au bout de toutes les possibilits de la musique, pour le plaisir de la musique. La cacophonie devient symphonie par les voies de la mlodie et de l'harmonie. Des rgles musicales mergent qui donneront les "lois" de la nature. Contrepoint cosmique De l'impact de la "sensible" sur la sensibilit de la "tonique" sur la tonicit Et les rgles de composition voluent, s'enrichissent, se dmultiplient. Quel chemin des Hymnes delphiques Bach, et de Mozart Debussy ! C'est la musique qui offre le modle le plus pertinent et le plus juste du fonctionnement cosmique universel. L'univers est une vaste symphonie en cours de composition et chaque tre vivant n'en est qu'un motif mlodique passager. La musique aussi est devenir pur. Mouvement pur. Mouvement de mouvements. Immatrialit et ralit conjugues. * **

Le 03/11/2002Regarder le projet de vie et la vocation de l'Autre de tous les "autres", humains et, humains, du Tout-Autre - comme l'extension et l'approfondissement de ses propres non surtout, vocation et projet de vie, au sein d'une vocation et d'un projet de Vie commun, plus vaste, plus dense, plus riche.

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C'est la Compassion universelle des Bouddhistes et des Janistes. Ou l'Amour universel de certains Chrtiens. Ou la Fraternit universelle des Francs-Maons les plus spiritualistes. Mais ces mots sont tous entachs de trop de sentimentalisme, voire de sensiblerie ou de romantisme, pour traduire valablement l'expansion progressive d'une conscience locale et phmre vers la Conscience totale et ternelle. * **

Le 07/11/2002De Louis Aragon :

Rien nest jamais acquis lhomme. De Charles Baudelaire :

Ce qui est cr par lesprit est plus vivant que la matire. * Le processus de complexification luvre dans lunivers, se construit sur deux moteurs paradoxalement contradictoires, mais judicieusement complmentaires. Ces deux moteurs sont la croissance de linterdpendance globale impliquant le holisme universel, la synergie (homostasie et harmonie) universelle et le nonanalycisme, et la croissance de lautonomie spcifique impliquant la tlologie universelle, lentlchie universelle et le non-dterminisme. Interdpendance et autonomie. Interdpendance universelle : tout interagit avec tout, partout, toujours.Cest la voie entropique du Yin.

Autonomie universelle : tout tend accomplir sa vocation spcifique. Cest la voie nguentropique du Yang. La synthse de ces deux tensions donne : tout interagit avec tout afin daccomplir sa vocation spcifique au sein de la vocation universelle.Cest la voie harmonique (optimalisante) du Tai-chi.

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Lautonomie se nourrit de linterdpendance : plus dautonomie implique plus de ressources de natures toujours plus diverses, donc toujours plus de relations et dchangesavec l autre .

Linterdpendance se nourrit de lautonomie : plus dinterdpendance implique plus de complmentarit, de diversit et dinhomognit toujours plus riches, donc toujoursplus d rellement autre. autres

Reformulation thique : libert et fraternit dans la diversit, la diffrence et la non-galit. Et non-galit nest pas ingalit. Lingalit oppose galit est comme ltre oppos au non-tre : deux illusions au sein dune dualit principielle illusoire. La non-galit rcuse autant galit et ingalit, et affirme la non-comparabilit de deux uniques. * **

Le 08/11/2002De Alain Porte (in : Shiva : le Seigneur-du-Sommeil ) :

LUnit est le leitmotiv ininterrompu, la litire immuable do tout surgit et o se rsorbe la fantasmagorie cratrice du Jeu divin (). Le vari est toujours paradoxe. () * **

Le 09/11/2002Affirmation de soi comme premier pas vers lautonomie au dtriment, souvent, de luniverselle synergie. Ainsi la voie de la complexification et de laccomplissement des vocations se poursuit par alternances successives de pousses dautonomie et defforts de syntonie. Il faut que lharmonie antrieure soit dtruite pour quune harmonie suprieure puisse tre construite. La croissance universelle est une spirale qui tourne autour de deux axes opposs (autonomie et syntonie) mais de plus en plus loin et de plus en plus vite.Syntonie :

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Encyclopdie Hachette : Caractre de sociabilit, dharmonisation avec lenvironnement, propre une personne syntone . Larousse : caractristique dun sujet syntone . Syntone : Se dit dun sujet qui vibre en harmonie avec le milieu dans lequel il se trouve . Etymologie : de : qui est dans la mme tension avec de verbe : tendre

* **

Le 11/11/2002Apprendre nourrir lautonomie avec la syntonie. * LArt, pour ntre pas drisoire, doit tre participation cratrice de lhomme la gestation des mondes. * Toute pense intellective a pour finalit de comprendre, cest--dire, in fine, de prdire. Toute pense est donc prdictive. Cependant deux voies souvrent. La pense opratoire qui est pense logique, fonde sur la relation de cause et leffet, sur le concept. La pense divinatoire qui est pense analogique, fonde sur la mtaphore et le signe, sur le symbole. * **

Le 13/11/2002Croire en la puissance de la Raison, est-ce bien raisonnable ? * Changer de langage pour changer de pense La Pense conceptuelle se fonde sur des concepts, des mots possdant une dfinition prcise et immuable, dsignant des essences au sens dAristote ou des Ides au sens de Platon. Ces concepts sont, parce quils sont figs dans ltre ,

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susceptibles de raisonnements logiques formels au sein dun tissu de relations (prdicatives ou logiques) plus ou moins complexes mais tout aussi immuables queux. De l nat lide de Vrit, but et essence de toute pense conceptuelle et logique. Delle relve la pense opratoire. Mais en face La Pense symbolique se fonde sur des symboles, des signes ne possdant aucune dfinition stable et formelle, dsignant des agrgats et des formes smantiques volutives au gr des lectures. Ces symboles sont, parce que vivants dans le devenir , susceptibles dinterprtations analogiques cratives au sein dun tissu de relations (mtaphoriques et potiques) plus ou moins complexes mais tout aussi vivantes queux. De l nat lide dEfficience, critre et mesure de toute pense symbolique et analogique. Delle relve la pense divinatoire. La pense symbolique est moins rigoureuse et moins prcise, moins communicable et moins univoque que la pense conceptuelle, mais elle na pas son caractre clairement rducteur et purement artificiel : elle colle de beaucoup plus prs au Rel qui, comme elle, est vivant, fluent, volutif, cratif, improvisant, flou bref, en Devenir. *

() permettre aux choses de saccomplir, cest Sagesse () ( Zhongyong LInvariable Milieu 25)

Stimuler laccomplissement de tout en tout, voil la voie *

Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces. (Lao-Tseu : Tao Te King 27)

Toute trace est signe dune lutte Il faut savoir beaucoup pour savoir que lon ne sait rien parce quil ny a rien savoir. Il faut apprendre beaucoup pour apprendre que lon napprend rien et quil ny a rien apprendre. Il faut beaucoup savoir pour apprendre dsapprendre * 7

Rouah, nephesh et neshamah en hbreu Chi ou Qi en chinois (do Ki en japonais) Prana en sanskrit Pneuma en grec Anima et animus en latin (do me en franais) Autant de mots, partout, pour le souffle , pour lnergie vitale : chair unique et primordiale du Un moins substance que germe de dsir et de vocation, que ferment cratif, que puissance vibratoire qui branle le vide et engendre toutes les formes Sabreuver directement et immdiatement sa source * Le principe de causalit considre des successions (logiques) de phnomnes discrets, isols les uns des autres. Il seffondre ds lors que lon considre ces phnomnes comme des interfrences ou des rsonances entre vibrations ternelles et coextensives tout, ou quon les considre comme des alternances locales de tendances ou de puissances universelles et ternelles * **

Le 14/11/2002Il y a deux regards sur lHomme Lcole optimiste : Confucius, Mencius, Socrate, jusque Rousseau ou Sartre Chaque homme, parce quHomme, est un trsor inestimable, une perle cosmique que sa rencontre avec lhistoire, le monde et les autres souvent ternit, abme, brise ou parfois dtruit : mais il nempche, tout diamant, parce que diamant, peut toujours tre lav, restaur, retaill, sauv Cet optimisme fonde tous les humanismes et tous les idalismes notamment humanitaires : tout homme mrite tout, du simple fait quil appartient cette espce curieuse, improbable et alatoire nomme : homo sapiens sapiens Quelle illgitime et orgueilleuse auto-proclamation. Cette simple appartenance biologique fonderait toute dignit, tout mrite, toute souverainet, tout droit !

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Lcole pessimiste : Lao-Tseu, Hraclite, Kohlt, jusque Montaigne et Nietzsche Lhumain est porteur dune vocation qui le dpasse infiniment et bien rares sont ceux qui se dsembourbent de leur animalit pour lassumer et parmi ces rares, plus rares encore sont ceux qui, au-del dassumer, parviennent accomplir cette mission cosmique. Ici, lhomme ne vaut que par ce quil accomplit, il ne vaut rien par et en lui-mme ; la tourbe humaine nest que chiens de paille (Lao-Tseu in : Tao T King ). Ce pessimisme nest que ralisme de lhistoire de lHumanit : combien de tyrans, de barbares, au regard dassassins, de tortionnaires, de violeurs, de pilleurs, de saccageurs, de vandales, de parasites et de vicieux pour un Socrate ou un Rousseau ? Je prdis la fin de lhumanisme, de lidalisme et du romantisme humanitaire. Je prdis la fin de la dmocratie, du scrutin universel et de lgalitarisme. Je prdis des hcatombes immenses. Je prdis la rupture de lhumanit en deux. Je prdis la disparition de sa plus grande part. Je prdis une bifurcation et un saut irrversibles vers lau-del de lhumain. Je prdis un innombrable dchet humain dans ce chamboulement majeur. Lhumanit se questionne parfois sur sa qute schizophrne dautonomie parricide davec la Nature quelle pille et saccage sans vergogne depuis des millnaires. Elle dcouvre parfois lindispensable syntonie avec cette Nature humilie et exploite la corde qui, seule, peut la nourrir. Mais il est trop tard pour sauver tout le monde ! Si, comme cest probable, lhomme civilis na pas le courage ou le pouvoir de prendre les mesures radicales et impopulaires qui simposent, ce sera la Nature elle-mme ou le Barbare den face qui sen chargeront, en tout aveuglment et sans discernement. Ce que la Sagesse ne fait pas, la Violence le fera. * Le monde venir sera litaire. Lgalitarisme et ses subsquentes dmagogies ont sombr. Mais cet litisme doit tre compltement repens et se dpartir radicalement de ses avatars passs. Non pas une lite du sang (de ltre) ou de lor (de lavoir), mais une lite de lart (du devenir, du faire, du crer). Non une aristocratie institutionnalise, hrditaire ou nobiliaire, mais un aristocratisme comme processus slectif, jamais acquis, toujours remis en cause

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face des critres venant den-haut (ce qui dpasse lhomme noble) et non venant (ce que dsire lhomme vil). den-bas * **

Le 15/11/2002Bien des traditions sancrent dans le culte des Anctres. Ce fondement na rien de nostalgique ou de passiste ou de conservateur, du moins dans ses acceptions les plus hautes. Il indique seulement lancrage dans le processus de filiation qui symbolise le continuum temporel o lUn volue comme Un en voie daccomplissement. En ce sens, le culte des Anctres (qui na rien voir avec les cultes des morts ) revient placer lindividu non comme tre en soi face soi, mais comme maillon, vecteur, ustensile et vhicule dun processus daccomplissement global qui le dpasse infiniment. Le culte des Anctres consiste avant tout cultiver la claire conscience du rle infime mais essentiel de chacun comme produit dun pass infini et comme germe dun avenir infini, donc comme pont, comme passage, comme maillon comme lentille biconcave qui concentre tous les rayons du pass et qui les diffracte vers lavenir. Chaque Je est le point darrive de tout le pass du Tout et le point de dpart de tout le futur du Tout : hologrammie temporelle, en quelque sorte * De Wang Chong (in : Lunheng 13 1er s. PCN ermite de la dynastie des Han) :

La nature de lhomme moyen dpend de son ducation : si elle est bonne, il deviendra bon ; si elle est mauvaise, il deviendra mauvais. Seules les personnes extrmement bonnes ou extrmement mauvaises ne changent pas, quelle que soit leur ducation. Quelle vidence et tellement dactualit Tout se joue dans le jeune ge les gesticulations des psychologues, ducateurs, animateurs de quartier et autres romantiques de lhumanisme humanitaire ny feront RIEN que le pire (loi des effets pervers) *

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Nietzsche, encore La Pense nest cratrice que dans le tumulte, la rupture, la crise, la turbulence. Dans la paix et le confort, elle sendort ou sengraisse ou se prostitue aux pouvoirs en place. Dionysos .. Shiva El Shaday Toute lhistoire nest que succession de phases de tumulte et de repos, de cration et de digestion, dautonomie et de syntonie, dindividualisme et de socialit, de sauts et de paliers, de construction et de consolidation, etc Nous sommes en passe dentrer dans une priode de rupture des plus profondes et radicales de ces derniers sicles * **

Le 16/11/2002Flux et reflux Respiration Inspir et expir Tout volue rythmiquement. Yin Yang Individuation Syntonisation LUn se dveloppe comme un arbre cosmique LUn aussi a ses saisons, ses sves montantes et descendantes, ses priodes germinatives et vgtatives Ses automnes et ses printemps Lors de ses printemps lui apparaissent des bourgeons nouveaux dont chacun peut donner un arbre inconnu. Et pour que le rameau croisse, pour que surgeons et drageons se dveloppent, il faut quclatent et meurent et disparaissent ces bourgeons bourrs de potentiels improbables Repli Eclatement Notre poque est une fin dhiver sur la branche humaine

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Les bourgeons dun nouvel ge sont l, dj plein de sve Le printemps est proche Mais les cailles collent et touffent le rameau repli en leur prison cocon Chaque saison a ses charmes mais aucune ne peut prtendre lternit Chacune doit cder la pas en son temps La roue du temps doit continuer de tourner Pour que larbre puisse crotre et se fortifier, un nouvel anneau de bois doit se former des cellules mortes et lignifies de lge prcdent Chaque branche a ses charmes mais aucune ne peut prtendre lhgmonie Chacune doit se dvelopper en harmonie au sein de la rame afin de donner larbre un quilibre garant de sa robustesse future Lhomme na pas encore compris ce principe dharmonie Il continue de se croire seul au monde. Il continue de se croire centre et but et sommet de lunivers. Orgueil imbcile * **

Le 18/11/2002De Paul Eluard :

Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci. * **

Le 23/11/2002L'Inconnu qui vit au-del des apparences * L'homme et l'arbre sont des rves de la Terre. * **

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Le 25/11/2002Individuation et intgration : les deux moteurs antagonistes de la dialectique de toute vie L'individuation rpond la vocation intime L'intgration exprime la solidarit globale De leur dialogue nat tout devenir. Universelle bipolarit au sein de l'unit foncire : Libralisme et socialisme en politique Individualisme et fraternit en morale Taosme et confucianisme en Chine Mystique et dogmatique en religion Autoritarisme et consensualisme en gestion Capitalisme et collectivisme en conomie Etc etc Dans tous les cas, trois scnarii possibles : paralysie mutuelle (compromis), hgmonie (toujours provisoire alternance) de l'un sur l'autre, ou synthse (dpassement cratif et fcond) * Les mots sont impuissants dire l'indicible. Ils ne peuvent donc rien dire sur l'absolu, sur l'essentiel. Dpasser les mots par le silence ou le symbole. Mais pour cela, se librer de la pense conceptuelle et logique Mtaphore Analogie Posie * **

Le 27/11/2002Sur les quatre racines de l'humanit (Egypte, Msopotamie, Inde, Chine) trois s'accomplissent encore et une seule est morte (Egypte). Quatre graines. Trois arbres. *

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Le pouvoir politique, quel qu'il soit, dmocratique ou dictatorial, ne s'tablit et ne se maintient que face un "Ennemi" qui fait peur au Peuple. Au besoin, on cre l'ennemi et on invente la peur Et si l'utopie dmocrate librale tait la dernire idologie. Qu'est-ce qu'une idologie ? Que serait un monde sans idologie aucune ? * **

Le 29/11/2002Yi King Rtablir le lien d'unit entre l'Homme, le Ciel et la Terre Chacun des huit trigrammes : en bas, la Terre (dont mon corps), en haut, le Ciel (dont mon me) et au milieu, l'Homme (dont ma conscience) Chacun yin ou yang (intgration ou individuation) Chacun des soixante-quatre hexagrammes : trigramme du bas : le Rel actuel, trigramme du haut : le Rel potentiel Mutation du bas vers le haut * Echelle des complexits Tout au fond, il y a un ocan d'nergie pure, vibrante, pulsante. Premier niveau : l'nergie Jeu d'interfrences et de rsonances : apparition d'agrgats d'ondes, de formes diverses plus ou moins stables Premires "particules lmentaires" Deuxime niveau : le quantum Jeu des attractions et des rpulsions : apparition d'agrgats de particules, infiniment varis dans des architectures plus ou moins durables Premires molcules Troisime niveau : la matire Jeu des rencontres et associations : apparition d'agrgats de molcules capables de s'auto-organiser, de se reproduire Premires cellules Quatrime niveau : la vie Jeu des attirances et des rluctances : apparition d'agrgats de cellules capables de mmoire et d'invention Premiers esprits

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Quatrime niveau : la conscience Jeu des individuations et des intgrations : apparition d'agrgats d'esprits capables de crer et de maintenir des univers immatriels Premires grgores Cinquime niveau : la sur-pense Echelle des grandeurs Au plus petit : le grain particulaire A plus grand : le super-amas galactiques Ne pas confondre ces deux chelles. La physique classique n'a pas reconnu l'chelle des complexits (l'espace des tats) parce qu'elle s'est embourbe dans la seule chelle des grandeurs (l'espace des formes). Se librer des formes et des nombres, des figures et des chiffres, des objets et des mesures Concevoir le Rel comme un rseau dense produisant certaines rgularits diffrents niveaux Y reconnatre des mlodies et des harmonies et non formes ou nombres Dpasser le regard mathmatique et entrer dans la perception symphonique Ne plus regarder et voir, mais couter et entendre Comprendre chaque agrgat comme un nud symphonique, comme un dveloppement singulier de quelques leitmotivs combins Individuation : mlodie Intgration : harmonie * De Albert Einstein :

"Ma religion consiste en une humble admiration envers l'esprit suprieur et sans limites qui se rvle dans les plus minces dtails que nous puissions percevoir avec nos esprits faibles et fragiles. Cette profonde conviction sentimentale de la prsence d'une raison suprieure qui se rvle dans l'univers, voil mon ide de Dieu."*

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De Tchouang-Tseu :

"Vide, il est quitude. Quiet, il se meut. Mouvement, il s'accomplit."* Vision L'animal est un pont entre vgtal et mental L'animal est un mal ncessaire Le mental est vgtal : arborescence, enracinement, fructification, germes, graines, germinations, etc * **

Le 02/12/2002Sans graine, point d'arbre. Tout ce que l'arbre pourrait devenir est dj dans la graine. Mais l'arbre est bien plus que la graine. Et l'arbre ne deviendra pleinement arbre qu'en remplissant son juste rle, au bon moment, sa meilleure place dans le concert naturel, dans l'harmonie cosmique. La libert cratrice rsulte du sublime dpassement de l'antagonisme de la vocation interne et de l'harmonie externe. Mlodie et contrepoint Individuation et intgration Yin et yang Encore et encore A chaque tre son cheminement pour son accomplissement entre vocation et harmonie. Il n'est de randonne de montagne qu'entre pics et valles qu'entre ubacs et adrets qu'entre gouffres et sommets Qu'entre vie et mort qu'entre bien et mal qu'entre lutte et repos qu'entre douleur et plaisir Mais qu'importe les versants pour qui sait que l'essentiel est le cheminement, la marche, le pas aprs le pas.

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Pour celui-l, point de vie ou de mort, point de bien ou de mal, point de lutte ou de repos, point de douleur ou de plaisir. Pour celui-l, seules demeurent joie et paix ! Celui-l est libr. Celui-l est dtach. Celui-l est vivant. Chaque vocation particulire est le reflet local de la Vocation une de l'Un dans un ici-et-maintenant spcifique. Le rapport entre vocations particulire et cosmique est hologrammique mais non hirarchique. Rapport du Tout la partie mais non du Matre l'esclave. Cultiver l'authenticit, c'est--dire cette optimalit dlicate entre vocation et harmonie : la porte de la libert sublime Assumer rellement sa vocation profonde dans le meilleur milieu harmonique possible. Le problme n'est plus alors la vrit ou l'idal ou la moralit, mais seulement et exclusivement la ralisation authentique Libert libre et libratoire Libert authentique tellement loigne du caprice ! Le processus d'volution est unique, partout identique, racine de toute volution, de tout accomplissement, de toute mutation. Il est l'uvre en tout. Il peut tre dcouvert en tout pour qui sait regarder et voir, couter et entendre. Unique dans son principe, multiple infiniment- dans ses modalits * **

Le 03/12/2002L'Un seul est permanent. Mais permanence n'est pas fixit. Tout en Lui n'est que manifestation impermanente, fruit des deux principes de tout Devenir Principe mlodique d'individuation : vocation, tlologie, entlchie repli, concentration germe, graine, noyau vibration, tonalit identit, constitution fminit, rceptivit, fertilit intriorit, verticalit Lune Dionysos, Shiva intellection nguentropie Terre 17

Principe Yin Principe harmonique d'intgration : syntonie, synergie, symphonie expansion, dilution relation, change, interaction interfrence, rsonance fonctionnalit, fonction virilit, gnrosit, fcondit extriorit, horizontalit Soleil Apollon, Vishnou action entropie Ciel Principe Yang De la rencontre de ces deux principes et de l'optimisation de leurs jeux, naissent tous les phnomnes et toutes les structures homostatiques qui peuplent les univers * **

Le 05/12/2002Tout ce qui est dans l'Esprit est Illusion. Tout ce qui est hors l'Esprit est Vacuit. C'est la frange de l'Esprit que pointe le Rel.Toute perception phnomnale est illusoire. Toute conception noumnale est inaccessible. A la jonction du noumne et des phnomne, l sourd la ralit.

* **

Le 09/12/2002De Isaac Newton :

"Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts."* **

Le 11/12/2002Le Christianisme est une dgradation du Judasme. Le Bouddhisme est une dgradation de l'Hindouisme. Le Zen est une dgradation du Taosme.

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Ces Religions dgrades connaissent une universalit bien plus grande que leur spiritualit "racine" du simple fait de leur dgradation mme qui les rend plus populaires et moins litaires, plus accessibles et moins exigeantes, plus exotriques et moins sotriques, plus thiques et moins mtaphysiques, plus anthropocentriques et moins tho/cosmocentriques, plus morales et moins asctiques, etc Toute Religion, toute Philosophie, toute Morale ne sont que dgradations populaires d'une Mystique, d'une Spiritualit sotrique, d'une Ascse initiatique * De Paul Valry : Le monde ne vaut que par les extrmes et ne dure que par les moyens. Il

ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modrs. Ce qui n'est pas fix n'est rien. Ce qui est fix est mort. Les esprits valent selon ce qu'ils exigent. Je vaux ce que je veux. Chaque homme sait une quantit prodigieuse de choses qu'il ignore qu'il

sait. Ce qui a t cru partout, par tous et toujours, a toutes les chances d'tre

faux. L'homme vaut-il la peine de dranger un Dieu pour le "crer" ? Deux dangers ne cessent de menacer le monde : l'ordre et le dsordre. La politique est l'art d'empcher les gens de se mler de ce qui les

regarde.* La Puissance, la Gloire, la Joie : les trois grands moteurs de l'homme. Moteurs incompatibles entre eux ! * Reflet de la lune la surface du lac Reprsentation mentale du Rel Mmes choses ! Le reflet de la lune est d'autant plus exact que la surface du lac est plus calme. La moindre rise trouble et dforme tout.

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Que dire alors des temptes de la vie ? Foin de l'agitation mentale et des temptes crbrales * Toute morale tient en ceci Est Bien tout ce qui va dans le sens de la Vie, tout ce qui construit la Vie. Faire le Bien : faciliter l'accomplissement en plnitude du Tout en l'Un. Et lorsque l'homme ou quoique ce soit en viennent tre obstacles ou dangers pour l'accomplissement de la Vie, il est Bien de les liminer L'Homme n'a aucun droit en tant que Tyran, quelle que soit sa tyrannie ! La Tyrannie est toujours obstacle l'accomplissement de la Vie dans toutes ses diffrences. Est donc Bien tout combat pour toute Libert contre toute Tyrannie. Tout est dj l en puissance. Tout l'arbre est dj dans la graine. Il "suffit" de cultiver le monde : voil le seul Bien. * Ne jamais confondre "russite" et "succs" * Toutes les Religions ou Sectes qui prnent les macrations des corps s'loignent de Dieu car la matire est la chair de Dieu. Leur douleur L'endolorit. La Souffrance est un fait. Ni un problme. Ni un tremplin. La Souffrance n'est qu'ignorance humaine. Dtachement contre abandon. Amour de tout contre haine de soi. * **

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Le 12/12/2002D'Andr Maurois :

"Le monde progresse grce aux choses impossibles qui ont t ralises."* L'Un se prsente l'homme sous deux visages : l'un, perceptible, est la Nature, l'autre, imperceptible, est Dieu. L'Un est au-del de Dieu et de Nature. L il est l'indicible Rel. * Le Modernisme humaniste et rationaliste est n Constantinople en 1453. Il a eu sa premire crise de rage Grenade en 1492. Il Il Il Il a a a a fait ses premires dcouvertes dans les Antilles aussi en 1492. atteint l'ge de raison chez Monsieur Bruno en 1584. obtenu ses lettres de noblesse chez Monsieur Descartes La Haye en 1637. eu un premier enfant dans le pch Londres en 1648,

Il a pous ensuite Dame Sciences chez Monsieur Newton la Royal Society de Londres en 1687 et Dame Politique chez Monsieur Hobbes en 1651. Il a eu ses enfants lgitimes Washington en 1776, et Paris en 1789 (mort de Terreur peu aprs). Il a connu la gloire dans l'arme Austerlitz en 1805 et dans l'industrie des chemins de fer Manchester en 1829. Il pousa Dame Proltaire chez Monsieur Marx en 1864 et Dame Dmocratie Versailles en 1875. Il a t abattu Verdun en 1917. Il a t incinr Auschwitz en 1944. Ses cendres ont t disperses Berlin en 1989. * **

Le 14/12/2002Depuis toujours, nativement, l'homme, parce qu'il est animal pensant et conscient, cherche donner un Sens l'existence et au monde, la souffrance et la mort, la peur et l'amour, ne serait-ce que pour y survivre au mieux.

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En Occident mais ailleurs autant, en ce dbut de troisime millnaire, se ferment les voies qui avaient forg toute la Modernit : on sait aujourd'hui que ces voies taient des impasses puisque nous avons atteint leur cul-de-sac. Ni les sciences dures ou molles et leurs filles techniciennes, ni les religions institues et leurs chapelles dogmatiques, ni les idologies et leurs politiques partisanes ne pourront donner l'homme de demain le Sens dont il a besoin. Toutes ces malheureuses tentatives de rponse sa qute effrne et immmoriale, lui venaient de l'extrieur et en puisaient les possibles. On sait prsent qu'il n'y a pas d'ordre mcaniste et dterministe qui puisse librer l'homme de la responsabilit de son destin. Les sciences ne rpondent aucun "pourquoi" fondamental et "les paradis artificiels" de la technique ne sont que d'amers ersatz, des gadgets hdonistes qui euphorisent parfois mais n'illusionnent plus gure. On sait prsent qu'il n'y a pas d'ordre transcendant et immuable qui puisse sauver l'homme dans un "autre monde" rsolument distinct de ce monde-ci. Si un Dieu personnel existe, il est soit rsolument imparfait, souffrant et ignorant des choses de ce monde, soit dfinitivement sadique, cruel et psychopathe. Les religions institues ne sont plus que les momies, les fossiles dogmatiques et archaques de traditions spirituelles oublies ou perdues. L'immense succs, parfois baroque, des spiritualits extrme-orientales en est la meilleure preuve. On sait prsent qu'il n'y a pas d'ordre thique ou politique absolus, quelle que louable soit la trs occidentale tentative de "Dclaration des Droits de l'Homme" et les trs fallacieuses illusions qui se cachent derrire les mots "Dmocratie" et "Justice". Toutes les idologies, qu'elles soient totalitaires ou socialo-librales, sont mortes ou moribondes pour avoir cru pouvoir dissoudre les individus dans le moule absurde du citoyen. Le monde dcouvre que la socit est un mal (provisoirement encore un peu) ncessaire sur le chemin de l'accomplissement de l'individu humain libre et responsable de soi. On dcouvre enfin que l'homme n'est pas un animal social. Tous les rgimes qui ont tent de le faire croire n'ont sems que mort et souffrance, chez eux ou chez les autres, par la violence ou la misre, par la guerre ou par l'argent. Force est d'en conclure qu'il serait vain de chercher encore sur les chemins de l'extriorit les nutriments de la qute du Sens. Rien ne viendra du dehors, ni de la Science, ni de Dieu, ni de l'Etat.

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S'il y a un Sens, c'est en chacun qu'il est et nulle part ailleurs, et pas forcment le mme pour tous (au diable, donc, les illusions normatives galitaires). * **

Le 26/12/2002Seule la destination est parfois crite. Le chemin ne l'est jamais. * Tous gaux : tous esclaves, tous mdiocres, tous cons ! * **

Le 27/12/2002Dire trop tard, c'est pire que ne pas dire ! Dire trop peu, c'est ne rien dire ! * **

Le //2002De Theodor Adorno :

"La totalit est la non-vrit."De Edgar Morin :

"Ce qui apprend apprendre, c'est cela la mthode.() A l'origine, le mot mthode signifiait cheminement."De Antonio Machado :

"Caminante no hay camino, se hace camino al andar.""Chemineau, il n'y a pas de chemin, Le chemin se fait au marcher."

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De Canguilhem :

"Le prcurseur est celui dont on ne sait qu'aprs qu'il venait avant."* Apprendre sortir de la pense linaire pour entrer dans la pense circulaire. Apprendre avancer en spirale en assumant dialectiquement les ples opposs sans les rduire un seul. * Les concepts de Dmocratie, de Justice, d'Egalit sont des principes thoriques parfaitement enthousiasmants. Dans la pratique, ils ne fonctionnent pas. Ils ne fonctionneront jamais, parce qu'ils ne peuvent pas fonctionner !Le dveloppement nguentropique du systme social ne peut pas, par impossibilit logique, s'tablir sur un socle entropique tel que le dmocratisme. La tendance entropique tant l'exacte oppose de la tendance nguentropique, elles ne peuvent l'une l'autre. s'identifier

La Dmocratie ne peut tre que dmagogie politicienne et dictature (molle) tatique et fonctionnaire ; la Justice ne peut tre que juridisme procdurier et police imbcile ; l'Egalit ne peut tre qu'galitarisme injuste et ncrosant nivellement par le bas. La beaut des concepts utopiques ne suffit plus revtir la pourriture de la ralit. Il faut oser sacrifier et dtruire tous les idalismes, mme les plus sympathiques. Les totalitarismes, parce qu'anti-naturels (tout totalitarisme est anti-naturel parce que tout dans la Nature, l'homme et ses socits y compris, ne vit que de diffrences, d'inhomognits, decrations, d'inventivits, de chaos fconds ), ne se sont maintenus que dans et par une

violence onreuse (celle ncessaire pour contrecarrer les fortes tendances naturelles s'carter de les puise plus ou moins vite (10 ans pour le nazisme, 70 pour le la norme et de l'homognit) quicommunisme). Leur idalisme idologique n'a rien pu contre leur dchance dans les

gouts sanglants de l'Histoire. Ils n'ont laiss derrire eux que des conomies ruines, des cultures saccages, des peuples lamins : des dserts naturels, culturels et humains. Il en sera de mme des dmocratismes, mme humanistes et humanitaires : leur agonie sera seulement plus lente, peut-tre moins sanglante, mais tout aussi ruineuse plus long terme.

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Parce qu'ils sont, par essence, uniformisants et homognisants, ils ne peuvent produire que de la mort : morts sociale, socitale et humaine, morts culturelle et spirituelle, morts crative et artistique. Une socit, comme tout systme, ne vit QUE de ses diffrences de potentiel, que de ses tensions ingalitaires, que de ses divergences nguentropiques. L'uniformit est l'exact contraire de la complexit, donc de la Vie. Les hommes sont ingaux, biologiquement ET culturellement. Que l'on laisse, ds lors, les talents rgner et les talentueux agir. Que les organisateurs organisent. Que les justes jugent. Que les crateurs crent. Bref : que les talentueux exercent leur talent au sein de la collectivit. Ce n'est pas parce qu'il est lu au suffrage universel que l'assoiff de pouvoir a du talent (sauf celui de sduire et de confisquer le pouvoir ). Ni totalitarisme, ni dmocratisme. * Tout ce qui apparat ordonn, stable, rcurrent, n'est que l'exception, la partie merge de l'iceberg bouillonnant du dsordonn, de l'instable, de l'impermanent. Notre il lent ne "voit" que le stable et le reconnaissable. Notre cerveau filtrant n'accepte que le rcurrent et le semblable. Nous passons donc ct de tout le reste qui est l'essentiel, le principal, le Rel. L'il du marteau ne voit que les clous * Toute mgalomanie est une incroyable accumulation de drisoires. Parce qu'englu dans ses mdiocrits, le peuple adule les mgalomanes. Ainsi de Csar, Nron, Louis XIV, Napolon, Hitler, de Gaulle, etc * Histoire de la complexit dans la Culture humaine. L'homme a probablement toujours ressenti le monde qui l'entoure comme un problme difficile, incomprhensible, imprvisible. Dangers et menaces. Opportunits et chances.

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Survivre. Et pour survivre, se reprsenter le monde alentour et inventer les moyens d'en matriser, autant que faire se peut, les impacts favorables ou dfavorables sur l'humaine condition. Matriser la complexit du monde a toujours t un souci humain essentiel. Souci de survie d'abord, souci de bonne vie ensuite. Souci moteur dclin en trois vagues successives. Le premire vague, la plus ancienne, affronte la complexit par les trois M de Mystre, Magie, Mythologie. Cette premire vague sera dominante jusqu'au XVme sicle. Elle est alors remplace par la seconde vague, celle des trois R de Religions, Rationalisme, Rductionnisme. Cette deuxime vague meurt sous nos yeux contemporains. Une troisime vague est en train de monter pour porter la culture humaine sur les trois S de Spiritualit, Systmique, Syntonie. Cette troisime phase de la Connaissance intgre et dpasse les deux prcdentes : celle des rites, symboles et visions du cerveau droit, celle des modles, concepts et analyses du cerveau gauche. La complexit a enfin merg comme fait, aprs avoir t respectivement exorcise, puis nie. L'exorcisme magique rassure parfois, mais ne rsout rien. Le simplisme rationaliste rsout parfois, mais ignore presque tout et, surtout, l'essentiel. La porte s'entrouvre, aujourd'hui, sur un champ (chant) nouveau qui appelle de nouveaux outils, de nouvelles mthodes, de nouveaux concepts afin d'assumer pleinement cette complexit relle et native du monde dont l'homme sait, prsent, qu'il fait totalement partie intgrante. L'homme fut d'abord victime-parasite du monde. Il fut ensuite spectateur-prdateur du monde. Il devient acteur-crateur dans le monde. L'heure est l'aveu dfinitif : la complexit du Rel n'est rductible ni aux mythes et rites trop nafs de la Magie blanche ou noire, ni aux schmes et concepts trop pauvres de la Raison raisonnante. La complexit du Rel est irrductible. Et cette irrductibilit mme fonde un nouveau dpart, une nouvelle approche, un nouveau niveau de Connaissance : un saut de Connaissance.

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Histoire de la complexit dans le Nature physique. L'histoire de la Nature n'est que l'histoire de la complexification, de la monte en complexit. Cette histoire passe toujours par les mmes tapes. A un niveau de complexit donn, les entits qui le peuplent, se rencontrent au gr de leur qute d'individuation et d'intgration. Des complmentarits et des antagonismes apparaissent. Des interactions se dveloppent. Elles deviennent parfois rcurrentes et stables sous forme d'interrelations. Ces interrelations se combinent en architecture plus ou moins durables qui intgrent, en un sursystme de niveau suprieur, les entits initiales. Ces sur-systmes, parce qu'ils s'organisent partir d'interrelations nouvelles, font merger des proprits radicalement nouvelles qui leur permettent d'inventer de nouveaux modes d'interactions. Et ainsi de suite, ad libitum De la bouillie nergtique initiale, du magma lumineux, incandescent et vibrionnant originel, naissent des figures d'interfrence et de rsonance dont certaines configurations sont miraculeusement stables : les premiers grains de matires sont ns et avec eux cette proprit mergente qu'est la masse qui permet ces granules d'interagir gravitationnellement entre elles. Le processus cosmique peut se mettre en marche et inventer le monde comme un peintre invente sa toile. Les granules massiques se combinent et donnent des structures plus ou moins stables que le scientisme appellera "particules lmentaires" (lectrons, protons, neutrons et tous les autres) alors qu'elles ne sont ni particulaires, ni lmentaires. Avec ces "particules" mergent de nouvelles proprits (la charge lectrique et la "charge" nuclaire) et de nouveaux modes d'interaction (les forces lectromagntiques et nuclaires fortes et faibles). Au gr de leurs rencontres, ces "particules" s'agglomrent en architectures de plus en plus complexes : noyaux, atomes et molcules. Avec les molcules mergent les proprits chimiques et leurs nouveaux modes d'interaction lectrostatiques ou covalentes. La Matire est ne. Ces atomes et molcules, leur tour, s'associent de diverses manires. Dans les fluides, elles s'accrochent les unes aux autres par des forces de viscosit : nuages, huile, rivire, lave, . Dans les solides, elles dveloppent de somptueux difices cristallins selon des maillages fort divers.

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Mais, ce niveau, un nouveau type d'organisation, improbable mais miraculeusement riche, va merger : la cellule vivante capable d'autoreproduction et d'association symbiotique. La Vie est ne. A partir de cette miraculeuse cellule, toute l'arborescence des organismes vivants va pouvoir se dployer avec ses trois branches fatires : les arbres, les insectes et les mammifres. Et tous ces organismes, pour survivre au mieux, inventeront de nouveaux modes d'interactions entre eux : slection naturelle, symbiose, commensalit, coopration, bref tous les mcanismes de l'cologie terrestre. Le Vivant est n. Certaines des espces vivantes vont aller plus loin et inventer des architectures sociales qui vont fdrer les individus afin d'optimiser leur survie collective. Forts. Fourmilires, termitires, ruches. Meutes, clans, tribus, royaumes, tats. La Socit est ne. Mais l'histoire ne s'arrte pas l. Parmi les socits humaines merge dj un nouvelle tape de la complexification cosmique : l'tape notique (du grec "noos" : esprit, intelligence), l'mergences de systmes immatriels, vastes architectures d'informations et de connaissances, d'inventions et de mmoires. Nous vivons cette mergence aujourd'hui celle de la naissance des espaces culturels souchs sur l'espace naturel, celle des champs immatriels souchs sur le champ matriel, celle des architectures cognitives souches sur l'architecture sociale. Et de ces sur-systmes cognitifs et cratifs, mergent dj des proprits nouvelles et des modes d'interactions nouveaux, insouponns parce qu'insouponnables il y a seulement quelques dcennies Impact du saut de complexit contemporain. Nous vivons donc, aujourd'hui, l'mergence d'un nouvel chelon sur l'chelle de la complexit. Un chelon suprieur, plus complexe encore que tous ceux qui l'ont prcd dans la longue histoire du cosmos en perptuelle complexification : celui prdit par Teilhard de Chardin sous le nom de noosphre vient se superposer aux lithosphre, biosphre et sociosphre antrieures.

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Mais en mme temps, nous vivons l'mergence d'un nouveau paradigme, radicalement autre : celui de la complexit elle-mme au-del de la Magie et de la Raison. La concomitance de ces deux ruptures n'est probablement pas fortuite. Ce saut, cette mergence neuve, cette rvolution paradigmatique rendent singulirement drisoires et provinciales le chamailleries politiciennes de la "sociosphre" : le problme n'est plus d'tre droite ou gauche, le problme est d'tre en avant, c'est--dire engag dans la perce inoue du nouveau paradigme et des nouveaux univers immatriels de la connaissance et de l'imaginaire. L'homme, en tant qu'homme, devient singulirement priphrique et futile : il n'est plus que vecteur de Pense. Rvolution no-copernicienne : l'homme n'est plus le centre du monde ! Comme la Vie avait infiniment dpass la Matire, comme la Socit a infiniment dpass les Individus, la Noosphre est en train de dpasser infiniment la Sociosphre dont elle se nourrit (comme les atomes se nourrissent de particules, les molcules de molcules, les organismes de cellules, etc ). d'atomes, les cellules Le problme n'est plus le "comment vivre ensemble ?" (pure intendance sans intrt), mais bien "comment servir l'mergence des nouveaux mo(n)des de la Pense ?". * **

Le 31/12/2002Le "Je pense donc je suis" de Descartes est dfinitivement obsolte. Il faut y substituer le "Il y a Pense donc la Pense advient". "Je" n'est qu'un mot peut-tre pratique mais absolument vide. Sous peine de largement disparatre de la surface du globe terrestre, l'humanit doit apprendre trs vite se mettre au service de la Pense. La Pense est le stade actuel de l'accomplissement de l'Un. La mission de l'homme est de contribuer cet accomplissement par le dveloppement de la Pense sur Terre. * **

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Le 04/01/2003Mystre que l'nergie vitale L'nergie vitale est ce gisement nguentropique indispensable qui nourrit l'accomplissement de la vocation intime et spcifique au cur de tout ce qui existe.

Quel est son secret ? Nietzsche l'appelle "volont de puissance". Bergson l'appelle "lan vital". Darwin, en l'abtissant, l'appelle "instinct de survie". Freud, en la rduisant, l'appelle "ego". Dans les traditions, elle est Elohim, Eros, Dionysos, Shiva, Ciel ou Yang. Elle s'puise mais peut se rgnrer en des ressourcements multiples. Elle est norme chez certains, presque inexistante chez d'autres. Elle est prsente au cur de tout ce qui vit, mais avec des puissances et des rythmes diffrents. Sa prsence en tout est gage de solidarit et de fraternit entre tout ce qui vit. Elle dtruit pour se nourrir. Elle se nourrit pour construire. Ou vice-versa, parfois O donc est sa source ultime ? Comment aller y boire, s'y ressourcer ? Elle est cruciale L'nergie vitale n'est-elle pas l'nergie du Devenir ? De l'accomplissement ? Du "deviens ce que tu es" ? De la ralisation de toute vocation ? Le carburant de toute entlchie ? Le moteur tlologique ultime ? Faute d'en connatre la source et de pouvoir aller s'y abreuver, les hommes se la volent les uns les autres par les chemins de la terreur, de la culpabilit, de l'intrigue ou de la piti Mais c'est alors une nergie vitale seconde, dgrade, pollue presque froide alors que la source est bouillonnante, vive, brlante ! Trouver la Source Non dans les mots et les concepts, mais dans le Rel directement immdiatement. Trouver la Source ! Source mystique au cur et au fond de toutes les Mystiques.

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Source unique, recherche depuis toujours par beaucoup, atteinte parfois par quelques uns. Source unique de batitude dfinitive, d'extase (ex-stase) absolue. Cette source unique se rvle chacun (en chacun) selon le pouvoir de ses propres yeux : elle est l o l'on peut la voir mais, en fait, elle est partout, en tout, toujours vidente nue offerte mais tellement invisible aux aveugles aux yeux clos ! Force de Vie au cur de tout ce qui vit. Force de Dsir au cur de tout ce qui devient, advient. Source ultime du Dsir fondateur de l'Un Source de toute Vocation Je connais cette Source ultime avec mes mots, avec mes concepts Mais comment y boire ? Comment plonger dans le Rel ultime ? Sans mots. Sans concepts. Ecrire en dpassant - pour dpasser - les mots Ecriture comme voie, comme chemin d'accomplissement L'criture comme Tao, comme Yoga, comme Torah Autopose par la posie ! Remonter le courant jusqu' la Source Et l, boire. Tout simplement. Ivresse Ivresse qui veille loin des ivresses ivrognes qui assoupissent et abrutissent Ivresse du vin de No de Dionysos de Shiva de Tchouang-Tseu Ivresse de l'criture libre et de la posie libre. Source du Vin de Vie Source unique et ultime de l'nergie vitale Comment te trouver, toi qui est partout, visible et vidente ? Comment boire en toi ? Comment vivre en toi ? * **

Le 05/01/2003Les dieux que l'on ne prie pas, s'affaiblissent et finissent par mourir Et pourtant, ils portent en eux toutes les nergies cratrices du monde

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Elohim

"() Il cra des dieux avec le Ciel et avec la Terre. Et la Terre devint tohu et bohu ()"(Gen.:1;1,2)

Que chacun se forge et prie son dieu personnel, l'image et la ressemblance de sa propre vocation intime A chacun son dieu lare, reflet personnel de la dynamique crative de l'Un, ici-etmaintenant Dcouvrir sa propre vocation intime et tout lui sacrifier, chaque instant : voil la voie du ressourcement immdiat et direct la source de l'nergie vitale infinie et cosmique Se mettre dfinitivement et totalement en rsonance, en harmonie, en phase avec sa propre vocation intime et con-sacrer (sacri-fier) toute son nergie, en chaque instant de vie, l'accomplir pleinement "Deviens ce que tu es " Tout le problme est de dcouvrir et d'exprimer (sous la forme d'un dieu personnel et intime ) cette vocation personnelle : La question, la seule question, est : comment puis-je contribuer au mieux l'accomplissement de l'Un, ici-et-maintenant, au moyen des talents et aptitudes qui sont les miens ? * Le brahman enveloppe le tout, le transcende et l'intgre. L'atman fonde le tout, l'immanente et le porte. L'quation fondamentale des upanishads, en identifiant brahman et atman, fonde un monisme absolu (celui qui s'panouira dans le Vedanta advata, notamment avec Shankara) et exprime l'unit organique globale de tout ce qui est. Le "tat tvam asi" (Toi tu es cela) fait de l'ego une manifestation locale, phmre et illusoire de l'Un. Tout est dit * Il n'y a que trois mtaphysiques possibles : Le cosmos est harmonieux, ordonn par les nombres : c'est le cosmos matrialiste de Pythagore et de Confucius, royaume d'Apollon. La vie

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relle n'y est que turbulence vulgaire. Le divin s'affirme dans et par la Loi et les lois, par l'Ordre. Anthropocentrisme mcaniste. Le cosmos est immobile, fig dans sa perfection : c'est le cosmos idaliste de Parmnide et du Bouddha, royaume de Zeus. La vie relle n'y est qu'erreur. Le divin se place hors de l'illusion mondaine. Thocentrisme dualiste. Le cosmos est vivant, en cration et mouvement perptuels : c'est le cosmos chaotique d'Hraclite et de Lao-Tseu, royaume de Dionysos. La vie y est le Rel. Le divin se trouve au cur du processus des transformations qui constitue le monde. Cosmocentrisme moniste. Le monde, aujourd'hui, quitte peu peu Apollon et marche peu peu vers Dionysos. Voyage ardu Beaucoup prira en chemin. * De Tchouang-Tseu :

"Il se dfit des ornements artificiels et revint entirement la simplicit naturelle."* Foi n'est pas croyance. Foi est confiance. * **

Le 06/01/2003Tout homme est un arbre unique, issu d'une graine unique. Cet arbre se forge aux saisons de la vie, ses vents et ses pluies, ses soleils et ses lunes, nourri de ses humus et de ses fumures. Dcouvrir, connatre et assumer cette graine-vocation unique dont on se construit *

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Il y a aussi une esthtique de l'uniformit : celle de la neige, de la mer, du dsert, du ciel toil Il y a aussi une esthtique de la complexit : celle de la fort, du torrent, de l'tang, du ciel d'orage Esthtique du dpouillement Esthtique du mouvement * **

Le 07/01/2003Ni amour, ni haine. Ni pour, ni contre. Faire advenir de sa main tout ce qui peut advenir dans sa main. Non-agir de l'action parfaite. * De Rabi'a al-'Addawiyya initiatrice du mouvement soufi :

"Je ne Le sers ni par crainte de son feu ni par amour de son paradis Je ne serais alors qu'un vil serviteur ne travaillant qu'en vue d'un salaire Mais je Le sers par amour de Lui, dans le dsir ardent de Lui seul."A mettre en parallle avec cette stance du Pirkey Abot la Mishnah 3 :

"Ne soyez pas comme des serviteurs qui ne recherchent le Matre qu' la condition de recevoir une gratification, mais soyez comme des serviteurs qui recherchent le Matre en exigeant de ne recevoir aucune gratification."Thologie de la Joie immdiate l'oppos de toute thologie du Jugement, de la Rcompense et de la Punition Thologie mystique vs. thologie spculative et calculatrice * **

Le 08/01/2003

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Il n'y a que deux moyens de se procurer les ressources de la survie : produire ou piller, construire ou voler. Ressources matrielles comme ressources immatrielles (mentales, affectives, intellectuelles ou spirituelles). Chasseurs et cueilleurs d'un ct. Agriculteur et leveurs de l'autre. Celui qui habite la maison n'est gnralement pas celui qui l'a construite Toutes les guerres humaines, militaires ou conomiques, culturelles ou technologiques, ont pour ressort intime un dsir de pillage. Les raisons idologiques ou politiques gnralement invoques pour justifier moralement l'agression, ne sont que leurres et mensonges. La guerre engendre le guerrier. Le guerrier s'idalise en hros. Mais ce hros n'est au fond qu'un pillard idalis. Il n'y a pas de guerre juste parce que le pillage n'est jamais lgitime. Que le pillage soit lgalis ou pas ne change rien l'affaire. Le racket fiscal des Etats modernes, sous le fallacieux prtexte des services publics et de la solidarit collective force, est du vol qualifi, du pillage systmatique, tout lgal soit-il. D'ailleurs les lois sont promulgues, depuis l'aube des civilisations, par ceux qui gagnent les guerres (armes ou lectorales), donc par les pilleurs qui, ainsi, lgitiment leur pillage au nom d'idologies artificielles. Des civilisations entires, comme la vieille culture arabe qui se continue dans l'Islam, se sont difies sur le culte du hros guerrier (dont la mort au combat mne sans dtour la jouissance charnelle des houris) et sur la pratique systmatique et lgitime du pillage de ce qui a t produit ou construit par d'autres. L'Intifada palestinienne ou le squat de la Scu et des banlieues ne sont que les derniers rejetons des rezzou d'antan. Piller ou produire, donc * **

Le 09/01/2003Le Vide (ou Vacuit) n'est pas nant.

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Il est uniformit absolue (sans forme, sans variation, sans perturbation, sans mouvement, sans tension, sans accident). Il est mort totale. Il est entropie infinie. La Vie n'est ni tat, ni forme, mais tout tat et toute forme procde d'elle. Elle est un processus nourri par un dsir. Elle est une vocation cratrice. Elle est nguentropie infinie. Le cosmos est le lieu et le fruit des jeux du Vide et de la Vie.De l il vient que l'hylozosme est une vidence mtaphysique.

* De Hraclite d'Ephse :

"Vivre de mort. Mourir de vie."De H. von Foester :

"Ce qu'ils pensent tre un cercle vicieux, j'aimerais vous soumettre que c'est un cercle crateur."De Gaston Bachelard :

"Il n'y a pas de Simple, il y a simplification Le Simple est toujours le simplifi."Anonyme :

"He not busy being born is busy dying".* Tout vivant vit enferm dans la brume opaque, floue, filtrante, dformante, fantasmatique de ses infirmits neurobiologiques. Il ne peroit que de bien rares signaux malgr le bruit fracassant de la vie cosmique et ne les interprte que bien gauchement, et ce qu'il met est bien pauvre, de bien courte porte, et sans grand intrt pour l'immense majorit. Nous ne percevons presque rien du monde, donc des autres et de nous-mmes. Nous ne connaissons presque rien du monde, donc des autres et de nous-mmes. 36

Nous n'avons presque rien dire, et nous le disons mal. Chacun est insignifiant et insignifi. Malgr cela, combien se prennent pour le nombril ou le matre du monde ? Du haut de ses trois bouts de cervelle infirme, l'homme est un crtin prtentieux * **

Le 10/01/2003De Guigues II le Chartreux :

"Qui n'est pas solitaire ne peut tre silencieux ; qui ne fait pas silence ne peut entendre celui qui parle."* **

Le 11/01/2003Il ne s'agit pas tant de renoncer au monde que de s'en dtacher. Non contre le monde, mais au-del. Non hors du monde, mais au plus intime du monde, infiniment loin des apparences et illusions mondaines. *

De Hadewijch d'Anvers en parlant des bguines :

" [Elles doivent] devenir ce qu'elles sont. [Elles doivent] devenir Dieu avec Dieu".* Le monde empirique n'puise pas le rel. Il n'en est que la surface apparente. Reste l'paisseur

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* D'Olivier Clment :

"Le Moyen ge a mis l'accent sur Dieu contre l'homme, l'poque moderne sur l'homme contre Dieu."Thocentrisme et anthropocentrisme comme impasses, avant le cosmocentrisme venir qui unira Dieu et le monde dans l'Un. De Nicolas Berdiaev :

"Dieu n'est pas concevable sans l'homme et l'homme perd son sens sans Dieu. (). L'homme est enracin en Dieu et Dieu est enracin en l'homme.() Dieu n'est en rien semblable l'ide qu'on s'en fait, absolument en rien."* Dieu est l'imperceptible. En tout Imperceptible, donc irraisonnable, mais pas inconnaissable. Dieu est interprtation et sens au-del de tout perceptible comme la beaut, la profondeur, l'motion de la posie est au-del des lettres du pome. * Aimer Dieu. Craindre Dieu. Les deux mamelles de la thologie juive (Deut.:6;5 et Deut.:6;13) Aimer : qute de la fusion de l'Amant et de l'Aim dans l'Amour Craindre : conscience et assomption de l'infinitsimalit humaine Se savoir seulement "partie" et se dsirer dans le Tout. La crainte n'est pas de la peur ; elle est ferveur (kawanah). L'amour n'est pas de l'adoration ; il est adhsion (dvqout). *

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Con-natre, c'est re-natre. Pour connatre, il faut renatre. * Vivre pleinement, suavement, le divin qui imprgne totalement ce que "je" deviens ici-et-maintenant et qui vit pleinement en "moi". Vivre de cette vie-l. Exclusivement. Accomplir et dployer cette Prsence du Rel ici-et-maintenant, au-del de toutes les apparences, de toutes les illusions, de tous les esclavages, de toutes les idoltries. Cette Prsence est le ferment intime de tout accomplissement rel. Mais elle n'en est que le ferment. Elle n'est que l'humus de la graine qui germe. Il faut l'aller chercher. Tout au fond de soi. Tout au fond de tout ce qui existe, de tout ce qui vit. Elle est la source unique de toute nergie vitale, de toute force d'accomplissement. Prsence divine. Shekhinah ( rsider, demeurer")

; "prsence divine" du verbe

: "habiter,

Cultiver et dployer la Prsence au prsent. La Prsence que chacun porte en lui. Accder la Prsence par l'intrieur de soi (voie mditative) est probablement moins difficile que par l'extrieur de soi, dans la Nature (voie contemplative). Mais ces deux voies se compltent et convergent absolument. * Les deux coles zen visent toutes deux librer l'esprit du carcan troit de la pense conceptuelle. L'une, l'cole Soto (Dogen), en passant "par-dessous", dans la pratique silencieuse du zazen (cette voie plus "physiologique" est proche du hatha-yoga des rishis hindous). L'autre, l'cole Rinza (Hakuin), en passant "par-dessus", dans la confrontation paradoxale aux koans (cette voie plus "psychique" est proche du Tao-Chia de TchouangTseu). 39

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Le 12/01/2003La Prsence intrieure qui s'exprime dans la vocation intime, ne s'accomplit que dans la rencontre et dans l'instant. Mais l'instant est encombr. Pollu. De faux vnements. De vaines penses. De sensations imaginaires. Il faut purer. Devenir ce lac serein, ce miroir o pourra se reflter le Rel. Chaque instant contient des myriades de vibrations dont il faut savoir capter les vibrations relles, seules adquates : elles seules sont capables d'entrer en rsonance avec la vocation. Dsencombrer chaque instant des scories et polluants afin de ne garder que l'adquat, le rel. Dpolluer. Atteindre la pure simplicit du Rel. Eliminer l'artificiel, l'illusoire, le factice. * **

Le 13/01/2003La nature, l'univers, le Rel sont un grand livre crit dans une langue inconnue. Langue divine. Logos divin. Les langues humaines sont si pauvres, si trangres, si inadquates. Mais puisque l'homme est un produit de ce logos divin, les langues humaines en sont des sous-produits et peuvent deviner, de ci de l, quelques rcurrences de mots, de bribes, de bouts de phrase que l'homme, dans son orgueil, appelle sciences ou savoirs. Apprendre la langue divine afin de lire le livre du Rel "dans le texte" Dcrypter O est la pierre de Rosette mystique ? *

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Les hommes ont invent les rites afin, par leur rcurrences, leurs rythmes, leurs rptitions, de dompter le temps : qute de rgularit dans un monde irrgulier, qute de rcurrence dans un monde jamais pareil, toujours invent, perptuellement en cration. Qute d'uniformit temporelle : qute d'ternit et d'immortalit * **

Le 17/01/2003 "What makes a symbol symbolic ?"La seule rponse possible est : la volont de celui qui le regarde. C'est le regard qui cre l'objet. C'est le regard qui cre le symbole. Tout est signe celui qui cherche un sens derrire les choses. Table d'meraude d'Herms Trismgiste. Thorie des signatures de Paracelse. L'analogique au-del du logique. Puisque le Tout est Un, tout correspond avec tout, tout est en correspondance avec tout, tout est en rsonance avec tout, tout est signe de tout. Perception hologrammique du Grand Tout, du Grand Un. Deux niveaux d'apprhension du monde : le niveau commun des apparences objectuelles et le niveau initiatique des signes symboliques Pragmatique et mystique * **

Le 19/01/2003A propos de l'homme Notique (Universit de Paris VIII) :

"Homme de l'instant, il tisse la dure sans faire de projet. Homme de l'amour et de la connaissance, il est sans attachement. Homme de la vie totale, il est aussi l'homme de la mort radicale.

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Homme de la solitude la plus abrupte, il est l'homme de la reliance la plus panouie. Homme de l'attention, il est sorti du fantasme."* La science classique, essentiellement analytique, conceptuelle et normative, ne pouvait rencontrer valablement la Nature. En cherchant le Simple, elle est pass ct du Complexe. En cherchant le Fixe, elle est passe ct du Processus. En cherchant la Cause, elle est passe ct de la Finalit. * **

Le 24/01/2003Ma rponse une amie qui me demande si l'herbe est plus verte en Provence qu'en Mnapie "Quant la verdeur de l'herbe, elle n'a aucune importance : ce qui importe c'est de c'est cette herbe-l plutt qu'une autre que l'on a dcid de manger et savoir si de s'en profondment. satisfaire Rien n'est beau ou laid, juste ou injuste, bien ou mal en lui-mme : c'est le regard de l'homme qui cre ces illusions. En fait tout est neutre : ce qui est, est, ce qui n'est pas, L'idal, les valeurs, l'absolu, la justice, le bonheur ne sont que des pas. illusions artificielles que l'homme s'invente pour s'chapper lui-mme : ils ne sont pas ! est mort, mais il faut encore le tuer chaque Platon jour !" * **

Le 25/01/2003De Blaise Pascal ("Penses") :

"76-553 : Ecrire contre ceux qui approfondissent trop les sciences. Descartes. 77-1001 : Je ne puis pardonner Descartes ; il aurait bien voulu dans toute sa philosophie, pouvoir se passer de Dieu ; mais il n'a pu s'empcher de lui faire donner une chiquenaude, pour mettre le monde en mouvement ; aprs cela, il n'a plus que faire de Dieu. 78-887 : Descartes inutile et incertain."

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Descartes, le militaire, le hollandais, l'homme-machine pour penser comme une machine : btement, rductrice-ment, mcaniste-ment, simpliste-ment, logiquement (quelle logique ?), videmment (quelle vidence ?), analytiquement (quel scalpel ? quelles coupures ?) Ah, pourquoi Descartes a-t-il vaincu Pascal ? Ah, pourquoi les Jsuites ont-ils dtruit Port-Royal ? Dcidment, l'histoire de la philosophie a toujours encens ceux qui avaient tort et donn tort, par l'oubli, le bcher ou l'ironie, ceux qui avaient raison. L'histoire de la philosophie est tisse par les vendeurs de certitudes, pas par les serviteurs du questionnement * **

Le //2003Au vu de la Souffrance du Monde, il est vident que Dieu ne peut tre, la fois, bon et omnipotent. S'Il est bon, Il est compatissant et ne peut que Se rvolter face au scandale de la Souffrance qu'Il pourrait qu'radiquer s'Il tait omnipotent. S'Il tait bon et omnipotent, en plus de la Libert, Il aurait donn l'Homme la Sagesse indispensable et bien absente pour le bon usage de cette Libert. Dieu n'est ni bon, ni omnipotent. Dieu n'est pas bon parce que la Bont est un concept humain : Dieu est "par-del le Bien et le mal". Dieu n'est pas omnipotent parce qu'Il est un artiste crateur qui se dcouvre au fur et mesure qu'Il se cre. Plus en amont, encore, Dieu est devenu crateur parce qu'Il s'est reconnu imparfait, inachev, inaccompli. Et cette imperfection lui est devenue Souffrance, racine et source de toutes les souffrances. Et pour radiquer cette Souffrance sa source, et puisqu'Il n'a pas l'omnipotence de le faire sance tenante, Il puise en Lui-mme les potentiels qu'Il dcouvre peu peu pour Se perfectionner, par essais et erreurs. Nous, hommes, sommes les fruits et les outils parmi bien d'autres de ce processus d'accomplissement divin, et nos souffrances ne sont que les ples reflets de la Souffrance ontique du Crateur. Cette cosmogonie et cette thologie sont radicalement anti-chrtiennes

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Ni dualisme des Mondes de l'Ici-bas et de l'Au-del, ni Chute, ni Rdemption, ni Paradis ou Enfer, ni Rsurrection, ni Salut : face tout ce fatras thologique, un processus unique d'accomplissement cratif et indtermin de l'Un dont tout procde ! * **

Le 27/01/2003

Les traditions spirituelles et religieuses humaines se rangent sans forcer en deux catgories irrductibles l'une l'autre. Celle du Dualisme monothiste (idaliste) qui est largement majoritaire en Occident (c'est mme elle qui dfinit le paradigme occidental) : Christianismes, Islams, rabbinique, Platonismes, Zoroastrisme, Bouddhisme tibtain, Judasme Marxismes, etc Celle du Monisme polythiste (raliste) qui est plus proprement "oriental" (au sensconfus et imparfait de ce terme) : Judasme kabbalistique, Taosme, Hindouisme,

Bouddhisme zen, Soufisme, Shintosme, Chamanismes, Mystiques dits rhnans, etc * Comme le rappelle la parabole du papillon de Tchouang-Tseu, il existe en chacun de nous au moins deux lieux mnsiques : une mmoire de veille accumulant et structurant les perceptions internes et externes et relations entre elles, et une mmoire de sommeil accumulant et structurant les rves et leurs redondances. Ces deux lieux sont gnralement tanchment spars sauf pendant les quelques instants de rveil o l'on se "souvient" de bribes de rves. S'ils ne le sont plus, il y a soit pathologie mentale, soit tat "modifi" de conscience (transe, hallucinations, etc ). Ces lieux mnsiques sont quivalents des tats de conscience. L'Occident, fidle son dualisme foncier, n'en reconnat que deux : veille et sommeil. L'Orient, lui, tout imprgn qu'il est du Multiple dans l'Un, en distingue un grand nombre que la science neurobiologique occidentale commence dcouvrir et prendre au srieux.

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Au-del des mmoires classique et onirique, on pourrait aussi parler de mmoire archaque, de mmoire collective, de mmoire karmique, et surtout de mmoire cosmique. * **

Le 28/01/2003L'conomie est vulgaire. La politique est vulgaire. Elles ne me concernent plus. C'est le prix de la vraie libert. C'est la porte de la vraie noblesse d'me et d'esprit. * **

Le 30/01/2003Ce qui ne te tue pas, te renforce. * **

Le 01/02/2003Le Un devient un Tout. Le Un engendre le Tout. Le Un de Vacuit devient le Un de Totalit. De l'absence de forme mane le foisonnement des formes. Un Dsir a fait sortir l'Un de sa Vacuit virginale originelle pour engendrer l'infinie Totalit des formes en devenir et venir. Et le Un est bien plus que le Tout qu'Il engendre.Le monisme est donc bien plus qu'un panthisme.

Mais le Tout est dans le Un : il est un. Le multiple est piphnomnal et existentiel, la priphrie de l'Un. L'Un reste un en apparaissant multiple.

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En devenant Totalit, l'Un a perdu sa Vacuit. Il se remplit pour s'accomplir. Il s'accomplit et s'emplissant. Le germe unique et vide devient myriade de bourgeons foisonnants tout en demeurant arbre unique. L'Un de Vacuit tait l'tre. L'Un de Totalit est le Devenir. Le Devenir annihile l'tre. L'existence anantit et dpasse toute essence. La mtaphysique du Devenir fait s'effondrer toute ontologie. Aucune permanence ne peut subsister au sein de l'impermanence cosmique. Et il ne peut y avoir d'essence sans permanence. Seule l'impermanence est absolue et perptuelle. L'Un est devenu pur Devenir, irrversiblement. * Dans "L'existentialisme est un humanisme", Jean-Paul Sartre dmontre combien peu existentialiste il est, combien, sous des dehors de chasse aux essences apriori donc aux absolus -, il force des universaux artificiels au rang de dogmes athes et idologiques - comme la "libert de chacun donc de tous" - en tant que fondement de l'tre humain et d'une morale universelle (laque et athe, mais degnalogie idaliste chrtienne).

Le seul existentialisme authentique et cohrent ne peut qu'tre nihiliste et nietzschen. Anti-idaliste. Anti-humaniste. Anti-moraliste. Anti-objectiviste. Anti-matrialiste. Anti-dterministe. Etc L'existence ne prcde pas l'essence. Car il n'y pas d'essence. Ni avant. Ni aprs. Puisque tout tant est en devenir, il ne peut y avoir d'tre, donc de permanence de quelque sorte. Il n'y a que de l'existence. Il n'y a que du "il y a" et rien d'autre. Il n'y a que des vocations personnelles et le libre choix, parmi les possibles des situations et des rencontres, d'un projet pour les accomplir ou pas. * **

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Le 02/02/2003Mieux . Pas plus. Plus de qualitatif. Moins de quantitatif. * **

Le 04/02/2003Ma contribution au numro 2003 des "Cahiers Internationaux du Symbolisme" fonds par Bachelard, Ricoeur, Corbin, Eliade, et quelques autres

Flneries en Notique Au-del Au-del Au-del Au-del Au-del Au-del Au-del des des des des des des des existences, la Vie hommes, le Mystre instants, la Prsence illusions, le Conscience mots, le Sens logiques, l'Illumination savoirs, la Connaissance

La liste pourrait tre longue. Inutilement longue. L'homme commence, enfin, redcouvrir que l'univers est infiniment plus que la somme des tres, des choses et des "lois" que ses infirmes sens et leurs prothses technologiques lui font percevoir. L'homme commence, enfin, redcouvrir que la Connaissance est infiniment plus que la des savoirs juxtaposs et trop souvent somme cloisonns. Une brve histoire de la Complexit L'histoire de la Nature n'est que l'histoire de la complexification, de la monte en complexit. passe toujours par les mmes Cette histoire tapes. A un niveau de complexit donn, les entits qui le peuplent, se rencontrent au gr de leur qute d'individuation et d'intgration. Des complmentarits et des antagonismes apparaissent. Des interactions se dveloppent. Elles deviennent parfois rcurrentes et stables, et se architectures plus ou moins durables qui intgrent les entits combinent en initiales. Ces nouvelles font merger des proprits radicalement originales architectures qui leur permettent d'inventer de nouveaux modes d'interactions. Et ainsi de suite, ad libitum

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De la bouillie nergtique initiale, du magma lumineux, incandescent et vibrionnant originel, des figures d'interfrence et de rsonance dont quelques naissent configurations sont miraculeusement stables : les premiers grains de matires sont ns et avec eux cette proprit qu'est la masse qui permet ces granules d'interagir mergente gravitationnellement entre peut se mettre en marche et inventer le monde comme elles. Le processus cosmique un peintre toile. invente sa Les granules massiques se combinent et donnent des structures plus ou moins stables queappellera "particules lmentaires" (lectrons, protons, neutrons et tous scientisme le les autres) alors qu'elles ne sont ni particulaires, ni lmentaires. Avec ces "particules" mergent proprits (la charge lectrique et la "charge" nuclaire) et de nouveaux nouvelles de modes d'interaction (les forces lectromagntique et nuclaires, forte et faible). Au gr de leurs rencontres, ces "particules" s'agglomrent en architectures de plus en plus complexes : noyaux, atomes et molcules. Avec les atomes mergent les proprits chimiques et leurs nouveaux modes d'interaction lectrostatiques ou covalentes. La Matire est ne. Ces atomes et molcules, leur tour, s'associent de diverses manires. Dans les fluides, elles s'accrochent les unes aux autres par des forces de viscosit : nuages, huile, rivire, lave, . Dans les solides, elles dveloppent de somptueux difices cristallins selon des maillages fort divers. Mais, ce niveau, un nouveau type d'organisation, improbable mais miraculeusement riche, va merger : la cellule vivante capable d'auto-reproduction et d'association symbiotique. La Vie est ne. A partir de cette miraculeuse cellule, toute l'arborescence des organismes vivants va pouvoir se dployer avec ses trois branches fatires : les arbres, les insectes et les vertbrs. organismes, pour survivre au mieux, inventeront de nouveaux modes Et tous ces d'interactions entre eux : slection naturelle, symbiose, commensalit, mutuellisme, coopration, bref tous les mcanismes de l'cologie terrestre. Le Vivant est n. Certaines des espces vivantes vont aller plus loin et inventer des architectures sociales qui les individus afin d'optimiser leur survie collective. Forts. vont fdrer Fourmilires, termitires, ruches. Meutes, clans, tribus, royaumes, tats. Pour l'homme, cela se passa ans. 6.000 il y a La Socit est ne. Mais l'histoire ne s'arrte pas l. Du substrat des socits et des cultures et civilisations humaines merge dj un nouvelle la complexification cosmique : l'tape notiquenoos : esprit, intelligence), tape de (du" grec " c'est--dire l'mergence de systmes immatriels, vastes architectures d'informations et de connaissances, d'inventions et de mmoires. Nous vivons cette mergence aujourd'hui celle de la naissance des espaces culturels sur l'espace naturel, celle des champs immatriels souchs sur le champ souchs matriel, architectures cognitives souches sur l'architecture celle des sociale.

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Et de ces sur-systmes cognitifs et cratifs, mergent dj des proprits nouvelles et des modes d'interactions nouveaux, insouponns parce qu'insouponnables il y a seulement quelques dcennies L'homme face la complexit L'homme a probablement toujours ressenti le monde qui l'entoure comme un problme difficile, incomprhensible, imprvisible. Dangers et menaces. Opportunits et chances. Et pour survivre, se reprsenter le monde alentour et inventer les Survivre. moyens d'en matriser, autant que faire se peut, les impacts favorables ou dfavorables sur l'humaine condition. Matriser la complexit du monde a toujours t un souci humain essentiel.survie d'abord, souci de bonne vie Souci de ensuite. Souci moteur dclin en trois vagues successives. Le premire vague, la plus ancienne, affronte la complexit par le Mythe. Cette premire dominante jusqu'au XVme vague sera sicle. alors remplace par la seconde vague : celle de la Raison. Cette Elle est deuxime vague meurt sous nos yeux contemporains. Une troisime vague est en train de monter : celle de la Notique. Cette troisime phase de la Connaissance intgre et dpasse les deux prcdentes : celle des rites, symboles et visions du cerveau droit, celle des modles, concepts et analyses du cerveau gauche. La complexit a enfin merg comme fait reconnu, aprs avoir t respectivement exorcise, puis nie. L'exorcisme magique rassure parfois, mais ne rsout rien. Le simplisme rationaliste rsout parfois, mais ignore presque tout et, surtout, l'essentiel. La porte s'entrouvre, aujourd'hui, sur un champ (chant) nouveau qui appelle de nouveauxnouvelles mthodes, de nouveaux concepts afin d'assumer outils, de pleinement relle et native du monde dont l'homme sait, prsent, qu'il fait complexit cette totalement partie intgrante. L'homme fut d'abord victime-parasite contre un monde mythique et magique. Il fut ensuite spectateur-prdateur face un monde rationaliste et mcaniste. Il devient enfin acteur-crateur dans un monde un et vivant.. Nous vivons, aujourd'hui, l'mergence d'un nouvel chelon sur l'chelle de la complexit. suprieur, plus sophistiqu encore que tous ceux qui l'ont prcd dans Un chelon la longue cosmos en perptuelle complexification : la noosphre de Teilhard de histoire du Chardin superposer aux lithosphre, biosphre et sociosphre vient se antrieures. Mais en mme temps, nous vivons l'mergence d'un nouveau paradigme, radicalement autre : elle-mme, au-del du Mythe et de la celui de la Complexit Raison. La concomitance de ces deux ruptures n'est probablement pas fortuite. L'heure est l'aveu dfinitif : la complexit du Rel n'est rductible ni aux mythes et rites trop Mythologies, ni aux schmes et concepts trop pauvres de la nafs des Raison. La complexit du Rel est irrductible.

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Et cette irrductibilit mme fonde un nouveau dpart, une nouvelle approche, un nouveau Connaissance : un saut de niveau de Connaissance. Qu'est-ce que la Connaissance ? Et d'abord ce qu'elle n'est pas : une accumulation plus ou moins structure de savoirs, une mmoire mme immense, un muse idel voire idologique,. Tout ce qui pourrait tre fig ou statique lui est tranger. La Connaissance est dynamique, elle est une dynamique, elle est un processus, un une cration perptuelle. cheminement, Cheminement Et derrire ce cheminement, un curieux et fcond rapport trialectique : le chemineau cheminant. chemin en cre le Eternelle triade Celle du pote romantique : amant, aim, amour Celle du physicien quantique : observateur, observ, observation triade dynamique, cette question brlante du sens : o va le Et derrire cette chemineau ? va-til quelque part ? poursuit-il un but clair ou erre-t-il pour la simple et magnifique joie de ? l'errance Pour le dire plus mtaphysiquement, est-ce la Connaissance qui est au service de l'Homme ou est-ce l'Homme qui est au service de la Connaissance ? encore : l'Homme est-il le but ou est-il l'outil du processus cosmique de Ou complexification de Friedrich Nietzsche avait magistralement rpondu : l'Homme est Le Zarathoustra ? un pont, passage vers le Surhumain, c'est--dire vers ce qui dpasse l'Homme et lui donne sens et justification. Et le visage de ce Surhumain pourrait bien tre la Connaissance au sens le plus cosmique, le plus mtaphysique, le plus initiatique de ce terme. Pour user du langage mythique, tout se passe comme si la Nature avait donn mission de crer le Dieu de demain, Dionysos ou Shiva, un peu comme le petit l'Homme Prince demanda Antoine de Saint-Exupry de lui dessiner un mouton. Mais qu'est-ce que la Connaissance ? Question lancinante, obsessionnelle Paradoxale, aussi, car rpondre c'est connatre : la peut-elle se connatre elle-mme ? N'est-on pas l devant le mur des Connaissance thormes de Shannon ? de Gdel et Afin d'chapper ce paradoxe et de souligner la nature dynamique de la Connaissance en qute et en cration d'elle-mme, il est temps de changer de mot-cl et de troquer lede "Connaissance" pour le mot plus adquat d' "Esprit" (prcisment imparfait mot conforme des mots "notique" et "noosphre" utiliss l'tymologie ici). La Connaissance reflte et exprime l'Esprit, l'Esprit en marche, l'Esprit en qute de luimme, en cration de lui-mme. l'Esprit Mais alors, qu'est-ce que l'Esprit - car l'tiquette du flacon ne dit rien de l'ivresse du vin ? L'Esprit est aux cultures et aux civilisations ce que la Vie immortelle est aux organismes mortels. vivants et L'Esprit est le dernier en date des chelons de la Complexit. Il est la forme la plus labore, la plus sophistique de l'nergie originelle. Il est une nouvelle manire mergente 50

d'organisation dont l'homme est le porteur et le passage, pont qu'il est entre Vie et Espritle fut nagure le premier virus entre Matire et comme Vie. La longue et lente dmarche de complexification l'uvre dans l'univers, est aussi une de dmatrialisation : une tonne d'tres vivants contient des milliards de dmarche fois plus d'informations qu'une tonne de charbon. Dire qu'il y a complexification ou dire qu'"il y a densification informationnelle c'est-dire dmatrialisation - , revient au mme. L'mergence de l'Esprit au-del de la Vie s'inscrit dans cette logique. Elle reflte aussi un dmatrialisation : une tonne de cerveaux humains contient galement des de saut milliards de fois plus d'informations qu'une tonne de viande de buf.j'y insiste, saut n'est pas rupture : l'Esprit procde indispensablement de la Mais, Vie, il la il l'accomplit, il en mane totalement. Il serait pnible de retomber encore prolonge, dans les sables mouvants de l'idalisme platonicien ou manichen ou chrtien : l'nergie, la matire, la sont des formes varies d'une seule et mme ralit unique et unitaire vie et l'esprit (quel que que l'on donne cette ralit, ce Rel qui vit "derrire les choses" : soit le nom Un, Tao, Dieu, etc , peu importe). Elles en sont des manations, des Brahman, manifestations radicalement neuves, des apparences, des dguisements et des successives et masques ,de plus en plus sophistiqus, au long des canaux vnitiens du carnaval cosmique. En dernire analyse, l'Esprit est le dernier avatar en date de cet lan crateur, unique et qui anime l'univers depuis son origine. fondateur, Il est le dernier avatar de l'entlchie divine et cosmique. Et il s'accomplit par les chemins de la Connaissance crative. Langages Mais l'Esprit, s'il se passe presque de matrialit, requiert imprativement un langage pour s'y couler. Langage de mots, de signes, de symboles, de formes, de glyphes, de chiffres, de gestes, de sons peu importe : tout lui est bon et il reste encore, j'en suis couleurs, de sr, des de langages inventer. myriades Mais l'Esprit, sous peine d'vanescence et d'insignifiance, exige formulation, codification ou cryptage, comme on voudra. Pour le dire clairement, l'Esprit, pour durer, pour se perptuer, pour se transmettre, pour se construire, ne peut faire l'conomie de ce vieux principe de mmoire dj enfoui et sobrementles particules, matires et organites utilis par primitives. Avec l'mergence de l'Esprit, la Mmoire devient primordiale : l'Esprit, pour perdurer, doit son contenu, mme si le support choisi s'allge au point de paratre pouvoir graver inexistant. avoir de Mmoire sans Langage. Il ne peut avoir d'Esprit sans Il ne peut y Mmoire. Qu'est-ce donc qu'un langage ? Ce bon vieux et toujours prcieux Lalande nous sens le plus gnral, tout "Au dit : systme de signes pouvant servir de moyen de . communication"1 Systme de signes La Connaissance serait alors un vaste systme dynamique intgrant de nombreux systmes les relations multiples entre eux. signes et de

1Andr Lalande "Vocabulaire technique et critique de la philosophie" Quadrige/PUF 5me d. - 1999

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Un exemple : un simple dictionnaire usuel utilise une grosse cinquantaine de signes (les 26 de l'alphabet, les 10 chiffres, et la quinzaine de signes de ponctuation ou lettres autres) lis entre eux par deux types de relations : la relation orthographique qui juxtapose des signes pour en former un signifiant (mot, nombre, etc ) et la relation smantique qui relie les mots selon les rgles conventionnelles de la syntaxe, pour leur donner une entre eux, signification une vaste tautologie ferme (chaque mot du dictionnaire ne peut rciproque en tre dfini qu'avec d'autres mots du mme dictionnaire). A partir de ce dictionnaire, on peut crire touset prononcer tous les discours que l'on veut, en tissant d'autres relations les textes entre (relations conformes ou non aux rgles conventionnelles de la syntaxe). Et mots ces tous ces discours peuvent leur tour tre organiss, par des relations d'ordre textes et suprieur, en vastes ensembles que l'on pourra appeler thories, coles, courants, idologies, etc Pour chaque langage, pour chaque systme de signes, l'on pourrait construire une architecture : les symboles s'organisent en rites, les rites forment des traditions, les quivalente traditions en courants spirituels et religieux, etc ou encore : les douze notes de la s'apparient gamme de l'chelle tempre (ou les cinq de la gamme pentatonique, ou toute autre srie de sons) et les milliers de timbres instrumentaux permettent de crer une infinit de lignes mlodiques qui s'harmonisent entre elles selon les rgles du contrepoint (ou d'autres rgles, ou pas de rgle ) pour engendrer des sonates, cantates ou symphonies qui, elles-mmes, nourrissentou des styles musicaux, etc des coles En somme, la Connaissance est un vaste rseau d'interconnexion entre diverses architectures culturelles bases sur des systmes de signe (des langages) divers et complmentaires. textes, graphes gomtriques et quations mathmatiques ; La science associe l'hermneutique allie textes et symboles ; le lied apparie pome et ligne mlodique ; l'opra marie thtre et ; la chorgraphie unit mime et musique ; etc symphonie l'infini. Cet immense rseau est port par des myriades de cerveaux biologiques ou informatiques plus ou moins lchement entre eux par des publications, des interconnects missions tlvisuelles, des films cinmatographiques, des conversations (directes ou tlphoniques), des rseaux informatiques dont Internet, etc Voil l'embryon de cette noosphre en mergence. Ce vaste et dense rseau est dynamique. Il volue, bouge, s'enrichit ou s'appauvrit, se structure ou se dconstruit, il est vivant, pouss, comme tout systme complexe, par le dsir de s'accomplir en plnitude ; on peut dire mtaphoriquement qu'il est vivifi par l'Esprit. symbolise donc cette force de vie, cet lan vital qui anime la L'Esprit Noosphre. On peut alors dcrire la Notique comme l'tude de la Noosphre, l'tude de la Connaissance en tant que systme complexe organis, volutif et dynamique. Ou encore comme l'tude de qui est conforme l'tymologie. l'Esprit, ce Notons au passage qu'il est imprieux de soigneusement distinguer la Notique de cette belle la philosophie qu'est l'pistmologie puisque celle-ci ne se penche branche de que sur la vrit des savoirs et des mthodes cognitives. La Notique va infiniment valeur de au-del. Ds lors qu'est pose l'ide que la Connaissance relie entre eux des lments culturelset de natures extrmement varies, il devient imprieux et sources de passionnant la de se et la structure de ces pencher sur nature relations. simples et rigoureuses, mais pauvres et fermes, comme la relation Relations logique, de cause effet ou la relation hirarchique relation la

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Relations complexes et multivoques, mais riches et ouvertes, comme la relation analogique, la relation mtaphorique ou la relation symbolique Le lieu n'est pas ici o dvelopper ce passionnant chapitre notique encore en ses balbutiements. Qu'il me soit seulement permis de souligner que la civilisation occidentale, jusqu'au vingtime sicle, n'a fait intensivement usage que des relations simples (logique, causalit) naturellement prfres par ce cerveau gauche qu'elle a hirarchie, toujours hypertrophi. L'ge notique voit rhabilites les autres formes relationnelles (notamment celles propres au cerveau droit comme la mtaphore qui se rvle extrmement puissante, mme en sciences Cette volution salutaire enrichit considrablement le champ ouvert la "dures"). pense qui, sinon, viendraient s'asscher et se momifier dans les carcans l'Esprit et infconds de la vieille culture rationaliste. Cet ge mergeant dcloisonne, peu peu, ce que la Renaissance avait emmur en d'tanches (et d'tranges ) catgories : la science redcouvre la philosophie, l'esthtique et la posie. La et la symbolique renouent avec les nombres et les graphes. Depuis philosophie plus d'un arts se sont affranchis des rgles rigides du classicisme et sicle, les exprimentent de de nouvelles matires, de nouvelles structures (voire de nouveaux nouveaux espaces, langages Etc de base). L'Esprit se libre des "savoirs" ! L'ge notique qui commence, est peut-tre avant tout cela : l'ge de la libration de l'Esprit. envol. De son essor. De son panouissement dans l'infinit des espaces De son infinis de l'immatriel et du culturel. La technologie permet l'homme s'il le veut bien, ce qui est loin d'tre le cas pour tous, nous l'esquisserons au paragraphe suivant de s'affranchir de beaucoup des contraintes de la survie immdiate. matrielles Elle lui libre du temps. Elle lui livre, faible cot, l'accs d'immenses rservoirs de savoirs et de langages. Mais l'homme est-il capable, est-il prt d'assumer sa mission notique ? Vers une nouvelle aristocratie ? Emergence et libration de l'Esprit, donc. Ce saut, cette mergence neuve, cette rvolution paradigmatique rendent singulirement drisoires et provinciales le chamailleries politiciennes de la "sociosphre" : le problme n'est plus d'tre droite ou gauche, le problme est d'tre en avant, c'est--dire engaginouela nouveau paradigme et dans l'ouverture bante de ses nouveaux perce dans du univers immatriels de la connaissance et de l'imaginaire. tant qu'homme, devient singulirement priphrique et futile : il n'est L'homme, en plus queet artisan de l'Esprit. vecteur Rvolution no-copernicienne : l'homme n'est plus ni le centre du monde, ni le centre ! luimme de Comme la Vie avait infiniment dpass la Matire, comme la Socit a infiniment dpass les Noosphre dpasse infiniment la Sociosphre qui n'est plus que son Individus, la terreau. Le problme central de la sociosphre qui tait le "comment vivre ensemble ?", n'est plus que souci mineur de pure intendance, sans beaucoup d'intrt.

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Le problme central de la noosphre est plutt le "comment l'homme peut-il servir l'mergence des nouveaux mo(n)des de l'Esprit ?". et la politique ne sont que l'intendance de l'accomplissement de L'conomie l'Esprit. La premire en produisant les ressources qui lui sont ncessaires. lui garantissant la libert qui lui est La seconde en indispensable. Ernest Renan que l'on peut difficilement traiter de fasciste ou de ractionnaire au vu de son engagement libral, au sens XIXme sicle de ce mot - , dans sa fulgurante vision relate en ses "Souvenirs d'enfance", crivait ceci 2 prface de : "Le monde marche vers une sorte d'amricanisme (). socit o