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plan-international.org/girls 1 Parce que nous sommes des filles Espoirs et rêves plan-international.org/girls PLAN CRÉDITS PHOTOS DE LA COUVERTURE : PLAN, À L’EXCEPTION DE LA PHOTO SUR LA 1ÈRE LIGNE ET 2E COLONNE : CLAUDIA CANUTO. Airesh, 2012

Etude - Choix réels, vies réelles 2012: espoirs et rêves

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Choix réels, vies réelles

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Parce que nous sommes des filles

Espoirs et rêves

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1. Bon anniversaire

C’est l’anniversaire d’Ashlin. Pour l’occasion, elle porte une robe mauve ainsi que de nouvelles sandales aux talons brillants qu’elle garde tout près d’elle pendant toute la soirée, même au moment d’aller se coucher. Elle aime bien être le centre d’attention lorsqu’elle souffle sur les bougies du gâteau que nous lui avons apporté.

Ashlin vit au Salvador. Elle est l’une des 142 filles que Plan suit dans neuf pays, de leur naissance jusqu’en 2015, date limite fixée par les Nations Unies pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous espérons mieux comprendre la réalité que vivent ces petites filles, et mieux cerner les facteurs contribuant ou faisant obstacle à la réalisation des OMD pour les filles des familles pauvres partout dans le monde.

Le fait de célébrer l’anniversaire d’Ashlin est une plus grande victoire qu’il n’y paraît. En fait, les premières cinq années d’un enfant sont les plus déterminantes, surtout pour les filles. Comme nous pouvons le constater sur le tableau ci-dessous, il y a beaucoup plus d’enfants qui meurent dans les pays pauvres que dans les pays riches – et les taux sont particulièrement élevés dans plusieurs pays d’Afrique.

Presque toutes les filles de l’étude de Plan, excepté une minorité, ont survécu jusqu’à maintenant. Certaines vivent encore dans des conditions difficiles parce que leurs familles respectives sont pauvres, mais

la plupart de ces jeunes filles sont joyeuses et heureuses, comme Ashlin.

Les 75 années d’expérience de Plan démontrent que malheureusement, toutes les petites filles ne sont pas comme Ashlin. Dans de nombreuses régions du monde, les filles des familles pauvres reçoivent moins de nourriture, sont plus vulnérables face à la violence et sont moins susceptibles d’aller à l’école que leurs frères. Mais nous savons également qu’investir dans le développement d’une fille ne fait pas qu’augmenter son potentiel et ses capacités, mais cela provoque des effets positifs pour elle, sa famille et sa communauté également. La campagne Parce que je suis une fille de Plan milite pour les droits des filles partout dans le monde à une vie plus saine et heureuse.

En 2000, dans le cadre de la réalisation des OMD, les différents gouvernements du monde se sont engagés à ce que l’accès des filles et des jeunes femmes à la santé, à l’éducation et à l’égalité s’améliorere. Ils ont reconnu que l’éducation et l’autonomisation des filles sont les meilleurs moyens de briser le cycle de la pauvreté qui, se transmet trop souvent, de génération en génération.

Les gouvernements ont-ils tenu parole ? Les résultats à l’échelle mondiale démontrent des progrès prometteurs dans certains domaines – 62 pays sont en bonne voie pour réaliser l’ OMD1, ce qui réduit de moitié la proportion des personnes qui souffrent de la faim. Dans plusieurs pays, le nombre d’enfants de cinq ans et moins qui meurent est certes toujours beaucoup trop élevé, mais, à l’échelle mondiale, il a tout de même diminué de 35% de 1990 à 2010. Dans plus de 60 pays, 90% des enfants fréquentent maintenant l’école. Dans la plupart des pays, le nombre de filles et de garçons qui vont à l’école primaire est le même, néanmoins les filles demeurent désavantagées dans plusieurs pays d’Afrique et de l’Asie.1

Mais des inégalités persistent, non seulement entre

les filles et les garçons, mais aussi entre les villes et les régions rurales, entre les groupes majoritaires et minoritaires, ainsi qu’entre les riches et les pauvres.

En fait, l’écart entre les riches et les pauvres est un phénomène globale qui prend de l’ampleur avec la crise financière mondiale qui continue de sévir. On constate un écart énorme entre le patrimoine détenu par le premier quintile et le dernier quintile de la population dans tous les pays dans lesquels les filles vivent, comme illustré dans le tableau ci-dessous.2 Cependant, nous savons que ces chiffres peuvent cacher la réalité des conditions de vie des familles les plus pauvres.

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L’étude de cohorte « Choix réels, vies réelles »Les données scientifiques présentées dans ce document sont issues de l’étude de Plan intitulée « Choix réels, vies réelles ». Nous suivons une cohorte de 142 filles dans neuf pays de trois continents – Bénin, Brésil, Cambodge, République dominicaine, Salvador, Philippines, Ouganda, Togo et Vietnam.

Les filles sont toutes nées en 2006 et l’étude se poursuivra au moins jusqu’en 2015, date limite fixée par les Nations Unies pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies.

Par le biais d’entretiens approfondis avec les filles et leurs familles, de groupes de discussion et de sondages annuels, l’étude vise à appuyer le travail de recherche sur la situation des filles dans le monde réalisé par Plan via ses rapports annuels. L’étude aidera à évaluer l’efficacité des mécanismes qui viennent en appui aux filles et à leurs familles pour sortir de la pauvreté, tout en nous donnant un précieux aperçu de ce dont elles ont besoin pour améliorer leurs conditions de vie et profiter des opportunités qui devraient être les leurs de plein droit.

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Patrimoine détenu par le premier quintile (20%)de la population et celui détenu par le dernier quintile

Ashlin célèbre son

anniversaire, 2011

1 http://www.childinfo.org/mdg.html 2 http://databank.worldbank.org/Data/Home.aspx. Les données de la République dominicaine datent de 2010; de

2009 pour le Brésil, El Salvador et les Philippines, de 2008 pour l’Ouganda, le Cambodge et le Vietnam; de 2006 pour Togo et de 2003 pour Bénin.

Parce que nous sommes des filles« Choix réeLs, vies réeLLes »

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C’est pour cette raison que Plan suit ces petites filles pendant qu’elles grandissent. Nous espérons ainsi pouvoir mettre en évidence ce qui les aidera à revendiquer leurs droits et à s’épanouir – et ce qui les empêchera de le faire.

Ce rapport donne un aperçu de la situation des filles lorsqu’elles ont atteint l’âge crucial de cinq ans. Outre le fait qu’elles survivent, ce qui peut être le fait le plus important est que toutes les filles vont à l’école ou à l’école préscolaire. Et la plupart des parents disent qu’ils souhaitent que leurs filles et leurs garçons reçoivent une éducation. Plusieurs mères et grand-mères espèrent que cela offrira à leurs filles et leurs petites-filles des opportunités qu’elles n’ont pas eues. Par exemple, l’arrière-grand-mère d’Ashlin, Julia, qui s’occupe d’elle aujourd’hui, a quitté l’école en première année et qui ne sait ni lire ni écrire. Mais elle dit que l’éducation est déterminante pour offrir un meilleur avenir à son arrière-petite-fille adorée.

Nous nous pencherons également sur les autres changements qui ont pris place au fil des générations. Par exemple, même si leur propre vie est toujours un combat, les parents des filles pensent que leurs filles mènent une meilleure vie qu’eux. Ils ont le sentiment qu’en général, leurs conditions de vie se sont améliorées, que les infrastructures et les services sont de meilleure qualité et plus accessibles, et que la technologie favorisera l’accès à cette nouvelle génération à des connaissances et à des informations qu’ils n’ont jamais eues. Ils espèrent que cela permettra aux filles d’acquérir l’assurance qu’elles ont elles-aussi des droits.

Le coût de la pauvreté

Mais suivre la vie des familles de ces petites filles nous a aussi appris à quel point la pauvreté demeure une barrière importante. Malgré le fait que la majorité des filles ont été immunisées à la naissance, plusieurs ont souffert de maladies comme la malaria et la dysenterie, lesquelles sont souvent liées à la pauvreté.

Un nombre important de familles se débattent pour joindre les deux bouts. La maison de Julia est faite de blocs de béton de laitier et comporte une toute petite cour arrière où les poulets picorent la terre. Elle vit de l’argent envoyé par les parents d’Ashlin, partis travailler tous les deux dans des régions éloignées. Personne d’autre n’occupe un emploi régulier.

Même avec les meilleures intentions du monde, les choix sont faits en fonction de ce que l’on peut se permettre. Traditionnellement, les familles investissent dans les garçons plutôt que dans les filles. Donc, en plus d’analyser les attitudes parentales, nous verrons également comment les familles gagnent et dépensent leur argent, et comment elles font face à des situations

de crise comme une inondation ou la maladie d’un proche. Nous examinerons aussi de quelle manière cela évolue, particulièrement dans le contexte des familles pauvres qui sont susceptibles d’être plus durement touchées par la crise économique mondiale.

Nous poserons également une série de questions importantes. Est-ce que les aspirations des parents pour leurs filles sont réalistes ? Qu’est-ce qui permettra de garantir que les filles auront une vie meilleure que leur mère et leur grand-mère ? Comment pourront-elles profiter des mêmes possibilités et opportunités que leurs frères ? Est-ce possible de briser le cycle de la pauvreté si souvent transmise aux filles ?

Nous espérons que notre recherche nous aidera au fil du temps à trouver des réponses à certaines de ces questions, et de voir le type d’avenir qui se dessine pour ces petites filles.

2. Un monde en évolution ?

Les parents et les grands-parents de la plupart des familles de notre étude s’entendent sur le fait que le monde d’aujourd’hui est très différent de celui de leur jeunesse, et que la situation des femmes, en particulier, s’est améliorée. Ils pensent que maintenant les filles connaissent leurs droits, qu’elles peuvent faire le même genre de travail que ceux réservés habituellement aux hommes, et que de grandes percées dans les infrastructures, les services et les technologies se sont avérées particulièrement bénéfiques pour elles. Il y a aussi plus d’opportunités pour les filles et les femmes – mais, comme souvent chez les générations plus âgées partout dans le monde, ils pensent que ces améliorations comportent des inconvénients. Par exemple, les femmes courent plus de danger en sortant de chez elles : elles peuvent être victimes d’accidents ou d’actes de violence. Cette partie traite également de ce qui est probablement le plus important changement, un changement qui pourrait avoir un impact important sur les générations futures : les filles vont maintenant à l’école.

Manger du poulet et être propriétaire : les femmes d’aujourd’hui

« Les choses évoluent rapidement. Le monde d’aujourd’hui est très différent de celui d’hier. La mentalité des gens a changé, la façon de vivre également. »

Père de Hentou au Togo

Dans les neuf pays dans lesquels Plan suit la cohorte de filles, tout le monde s’entend pour dire que la vie a beaucoup changé pour cette génération, surtout pour les filles et les jeunes femmes. Mercedes, la grand-mère de Noelia, originaire de République dominicaine, explique : « Les femmes d’aujourd’hui sont très différentes des femmes d’hier. Avant, les femmes étaient confinées à la maison et cela n’est pas une bonne chose. Les femmes ont maintenant le droit de faire la même chose que les hommes. »

Au Cambodge, la mère de Channy raconte : « Aujourd’hui, les femmes peuvent se rendre à l’extérieur, loin de leur maison ou de leur pays, pour travailler. Ceci n’était pas possible avant, les femmes devaient rester à la maison pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères. » La mère de Wemmily au Brésil est d’accord : « La différence est la liberté de mouvement que les gens ont aujourd’hui. »

Malgré le fait que, traditionnellement, les familles investissent davantage dans les garçons que dans les

filles et qu’elles considèrent ces derniers comme ayant un statut plus élevé, nous observons que la plupart des gens de l’étude de Plan, les jeunes comme les moins jeunes, les hommes comme les femmes, considèrent la majorité des changements dans la vie des femmes comme positifs.

Plusieurs familles trouvent que les rapports hommes/femmes sont plus égalitaires. Le père d’Annie originaire de République dominicaine, explique : « Maintenant, une femme peut accomplir tout ce qu’elle veut, il y a plusieurs opportunités pour tout le monde. » Un groupe de femmes interviewées en Ouganda explique : « Les choses ont considérablement changé parce que les femmes sont plus autonomes. Les femmes et les filles portent des pantalons, occupent des postes dans la fonction publique, mangent du poulet, sont propriétaires et prennent la parole dans les endroits publics – contrairement à avant, où ces choses étaient réservées aux hommes seulement. » Traditionnellement, les hommes portaient le pantalon et mangeaient les meilleures parties du poulet, pour montrer leur rang social supérieur.

Cependant, nous constatons également que des filles et des garçons sont déjà consciemment et inconsciemment initiés à un monde où les responsabilités principales d’une fille à la maison sont toujours de faire la cuisine et le nettoyage, d’aller chercher de l’eau et de l’essence et s’occuper des autres. Les garçons, eux, ne participent que très peu

hentou et sa mère, 2011

Gloria, 2011

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à ces travaux, voire pas du tout. Presque toutes les filles en Ouganda ainsi que plusieurs en République dominicaine et aux Philippines contribuent déjà aux tâches quotidiennes avant même l’âge de cinq ans. Dans d’autres pays, la plupart n’ont pas encore ces tâches à effectuer, mais toutes passent la plupart de leur temps à imiter le travail de leur mère et de leurs aînées.

« Quand je serai grande, je veux être enseignante. J’aime laver les assiettes et les bols et aider ma mère à ramasser le bois de chauffage », explique Chhea, six ans, au Cambodge.

Les filles peuvent maintenant grimper aux cocotiers

« Lorsque nous étions jeunes, nous étions très respectueux envers nos aînés. Nous portions des vêtements traditionnels. Nous affichions nos sentiments avec plus de pudeur, nous n’étions pas très expressifs. Nous considérions nos parents comme des êtres puissants. Mais maintenant, les enfants n’ont pas peur d’exprimer leurs idées et opinions. »

Un groupe de femmes aux Philippines

Plusieurs personnes ont évoqué le fait que les filles d’aujourd’hui sont plus au courant de leurs droits. Un groupe de filles au Brésil a dit : « Le changement réside en ce que les femmes ont aujourd’hui plus de courage et sont plus indépendantes. » Le père de Cham au Cambodge souligne : « Il y a plusieurs organisations qui informent les gens sur les droits des enfants et sur les droits de la personne. » Il croit que cela a donné plus d’opportunités aux filles pour recevoir une éducation et obtenir un emploi. Et le grand-père de Gloria, en Ouganda, nous

dit : « Avant, les femmes n’avaient pas de droits et elles ne pouvaient pas décider de travailler. » Il ajoute : « C’est une bonne chose que les femmes aient des droits. »

Quand on demande à un groupe de mères ce qui a changé pour les filles depuis leur enfance, elles expliquent : « Les filles ont plus de courage et de confiance, pas seulement pour grimper aux cocotiers, mais aussi pour faire les mêmes choses que leurs frères. » Elles ont remarqué également que les filles sont moins passives qu’elles : « Maintenant elles posent des questions et trouvent des solutions par elles-mêmes. Elles peuvent s’exprimer. Elles connaissent leurs droits … C’est un gros changement. »

Au Brésil, une jeune membre de la famille d’Eloiza a noté que les choses changeaient : « Parce qu’avant, les filles n’avaient pas le droit de faire les mêmes choses que les garçons. Maintenant, nous pouvons jouer au football et à d’autres jeux. » La plupart des parents sont heureux que les filles pratiquent des sports, mais moins contents que les garçons puissent faire des activités considérées comme féminines telles que jouer avec des poupées par exemple.

Gravir les échelons – les femmes et le travail

« Les femmes peuvent monter dans la hiérarchie et gérer des affaires. »

Le père d’Annet, en Ouganda

Un autre changement majeur perçu par les familles est que plus de femmes occupent aujourd’hui un emploi rémunéré dans des domaines traditionnellement réservés aux hommes. Le père d’Annet, en Ouganda,

emily et roy : une relation non conventionnelle Emily est la mère de Mikaela. Elles vivent aux Philippines. Contrairement à la plupart des mères qui participent à l’étude, Emily a bénéficié d’une scolarité plus longue que son mari, Roy. Elle a reçu une formation de pasteure après avoir obtenu un diplôme en théologie et un diplôme d’études supérieures en enseignement.

Depuis un certain temps, Emily était la seule à gagner un revenu régulier dans la famille. Maintenant, en plus de s’occuper du champ de riz d’une superficie d’un hectare, Roy travaille aussi en tant que pasteur. Il ajoute : « Parfois, avec d’autres personnes, je nettoie des appareils de climatisation pour gagner un revenu additionnel, ce qui me permet d’économiser. »

Emily dit que c’est elle qui prend les décisions importantes dans sa famille. Elle explique : « La plupart du temps, c’est moi qui décide parce que je suis la plus vieille. Et je suis habituée à prendre des décisions même lorsque mon mari n’est pas là. Mais je le consulte avant de le faire. »

Roy nous explique le partage des tâches à la maison : « Etant donné les responsabilités d’Emily j’effectue certaines tâches domestiques comme cuisiner et prendre soin des enfants. » Il ajoute que, même avant que sa femme soit pasteure, ils partageaient les tâches ménagères. Leurs cinq filles ont également des tâches à faire et : « … quand mon fils est à la maison, c’est lui qui va chercher de l’eau. »

Cependant, Emily pense toujours que l’homme est le chef de la maison : « C’est pour cette raison que la famille porte son nom. » Elle reconnaît que : « [malgré] que beaucoup d’hommes occupent des postes d’autorité au gouvernement, parfois je me demande pourquoi il en est ainsi. Le nombre d’hommes et de femmes devrait être le même pour assurer une certaine égalité. » Emily croit aussi que : « les hommes et les femmes ont la chance de réussir parce que nous avons chacun nos propres rêves. »

Mikaela et son père roy, 2012

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Les femmes au Parlement (2012)

Source: www.ipu.org

Girlie, 2011

remarque : « Les garçons et les filles, les femmes et les hommes, participent tous à des activités politiques où ils élisent des présidents et des députés. On ne faisait pas cela de mon temps. »

Cependant, en considérant le nombre de femmes au Parlement dans les pays où vivent les filles qui participent à l’étude, le chemin à parcourir reste long. L’Ouganda est loin devant les autres pays de l’étude (et en avance sur les États-Unis et le Royaume-Uni), mais seulement 35% des députés sont des femmes.

Au Brésil, les pères de Kevyllen, Cintia et Ketily ont tous expliqué que malgré le fait qu’il a fallu attendre longtemps pour voir une femme occuper le poste de présidente, ils considèrent Dilma Rousseff comme un modèle positif : « La condition des femmes s’améliore parce qu’elles se battent pour prendre la place qui leur est due. Par exemple, notre président est une femme. » Un groupe d’adolescentes du Brésil nous a

dit : « De nos jours les femmes ont des opportunités que seuls les hommes avaient avant. Il y a des femmes qui font de l’agriculture et même du soudage. Avant, les femmes ne pouvaient même pas sortir de la maison et maintenant on en voit conduire des camions, travailler comme mécaniciennes, occuper d’importants postes de cadres, gérer des banques, et tellement d’autres choses … Plus le temps passe et plus les attitudes changent. Ici au Brésil, les femmes ont accompli des choses importantes. » Même si toutes les filles ne sont pas d’accord sur ce point, la cousine d’Isadora, qui est adolescente, croit que cela change les relations entre les femmes et les hommes : « Avant, les hommes allaient travailler pendant que les femmes s’occupaient de la maison. Aujourd’hui, on voit des hommes accomplir des tâches domestiques et des

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femmes travailler, et prendre la place qui leur revient. »Nous savons, grâce aux autres études, que l’éducation

des femmes3 est à l’origine de nombreux bénéfices pour leur famille et pour elles-mêmes. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’Emily, la mère de Mikaela, seule mère de l’étude à posséder un diplôme universitaire, semble entretenir un rapport plus égalitaire avec son mari Roy que la plupart des autres femmes.

Le bon vieux temps ?

« La différence entre cette génération et celle d’avant est que les conditions de vie des jeunes filles se sont améliorées, même si elles sont aussi plus exposées aux dangers … Les filles aujourd’hui rencontrent toutes sortes de problèmes, comme les maladies et la violence sexuelle. »

La famille de Fridos Id., au Togo

Comme les précédentes générations dans le monde, les parents et les grands-parents sont inquiets des menaces issues de toutes ces évolutions. Ils ont peur de la menace, de violence et du manque de protection qui pèsent sur leurs filles et petites-filles lorsqu’elles s’éloignent de la sécurité de leur famille immédiate pour aller à l’école. Ils ont peur des drogues, des crimes et du sexe.

Le père de Lorianny, en République dominicaine, mentionne : « Avant, la vie était saine, plus maintenant. C’est plus compliqué maintenant avec les drogues et les crimes. Nous devons être très prudents. » La grand-mère de Doreen aux Philippines

reconnaît que la vie est plus dangereuse maintenant : « La plupart des gens qui font partie du monde de la drogue sont des hommes et cela m’effraie de laisser les filles marcher seules et parfois dans le noir. Je serai inquiète lorsque Doreen rentrera tard de l’école. »

Bien qu’il s’agisse d’inquiétudes naturelles que tous les parents ont pour leurs enfants, certaines jeunes femmes ont aussi exprimé leurs préoccupations, surtout au sujet de la violence. La cousine de Bhea, adolescente, précise : « Il y a plus de gens douteux maintenant. Nous n’aimons pas cela et les filles ne sont plus en sécurité. Mon amie a été violée et tuée sans merci. C’est arrivé près de la maison de sa grand-mère pendant qu’elle envoyait des sms.»

Au Salvador, certaines des filles qui participent à l’étude vivent dans des régions occupées par des gangs. La famille d’Evelyn dit que l’école secondaire est à deux heures de marche, et qu’elle doit suivre un parcours passant par des villages désertés : « … et même s’il n’y a pas de crime dans la région, l’entrée de la ville et le chemin du retour sont dangereux parce que des gangs peuvent les suivre. »

La migration et l’importance d’une plus grande famille

La famille d’Ashlin, que nous avons rencontrée au début de ce rapport, démontre l’importance d’une grande famille. Même si Ashlin est enfant unique, elle vit dans une famille où plusieurs générations se côtoient. Elle vit avec son arrière-grand-mère, Julia, âgée de 69 ans. Julia

a eu sept enfants, mais seuls quatre d’entre eux sont toujours vivants. La grand-mère d’Ashlin, Consuela, qui n’a que 43 ans, a cinq enfants, dont le plus jeune n’est âgé que de 14 ans. Elle vit à proximité et aide Julia à s’occuper d’Ashlin. Les arrières-arrières-grands-parents d’Ashlin vivent également dans le quartier.

Mais deux personnes importantes manquent dans la vie d’Ashlin. Sa mère et son père, qui travaillent à l’étranger. Bien qu’elle leur parle régulièrement au téléphone, elle ne les a pas vus depuis un certain temps. Elle fait partie des 20% des filles de l’étude au Salvador qui sont élevées par d’autres membres de leur famille que leurs parents.

La jolie robe d’Ashlin et ses sandales ont un prix. Son père envoie 50 $ par mois et sa mère envoie de l’argent quand elle peut, dit Julia. « C’est une petite fille assez gâtée – nous avons du mal à lui dire non! » Mais Julia ajoute que, pendant trois mois l’année dernière, elle n’a reçu aucun argent. Cette période a été difficile – elle ne pouvait pas acheter du lait pour Ashlin et a dû réduire les dépenses pour ses propres repas.

Au cours des dix dernières années, la migration dans le monde est passée d’environ 150 millions de personnes

en 2000 à 214 millions. Ceci signifie qu’une personne sur 33 dans le monde est un migrant, et que la moitié de ces personnes sont des femmes.4 En 2010, huit familles qui participaient à l’étude ont déclaré qu’un de leurs parents, ou les deux, avaient migré au cours de l’année précédente, ou qu’ils avaient été absents pendant quelques années. Six de ces familles vivent en Amérique latine. Parmi les pays étudiés, la migration internationale est plus courante en République dominicaine, au Salvador et aux Philippines.

Doreen la danseuseDoreen, aux Philippines, âgée de cinq ans, vit avec sa grand-mère, son père, ses frères et ses sœurs. Sa mère travaille à Manille quelques années. Elles se parlent au téléphone et sa mère lui envoie des vêtements deux fois par an.

La grand-mère de Doreen dit qu’elle est désolée que sa fille soit partie. Mais elle précise qu’il y a quand même un bon côté à ce départ : « Doreen devient de plus en plus indépendante. Je l’amène parfois à l’école, mais souvent, elle s’y rend avec son frère ou ses camarades de classe. Il fut un temps où elle ne voulait pas y aller parce que je ne pouvais pas l’y amener, mais maintenant, elle parle même d’y aller toute seule. Elle n’est pas timide du tout; si l’enseignant lui demande de danser, elle le fera. Elle fait ses devoirs aussitôt qu’elle arrive à la maison. Je ne fais que regarder ce qu’elle fait. Elle est toujours en train de lire. Parfois elle balaie le plancher et aide à faire la lessive. Elle se rend aussi au magasin toute seule. Si quelqu’un lui donne de l’argent, elle se dépêche d’aller le dépenser là-bas. »

« Fut un temps où il était plus facile d’élever des enfants »

« De nos jours, les enfants sont beaucoup plus prétentieux par rapport à notre époque, à cause de la liberté qui leur est donnée par les parents et le gouvernement. »

Le père de Ruth, en Ouganda

Quelques soient les pays et les continents, tous les parents et les grands-parents des filles s’entendent sur le fait que les enfants et les jeunes ne sont plus aussi respectueux de leurs aînés. Dans un groupe de discussion au Brésil, les femmes ont dit qu’aujourd’hui les jeunes sont difficiles, rebelles et parfois violents. Elles sont nostalgiques du temps passé, mentionnant : « Avant, c’était beaucoup plus facile d’élever les enfants qu’aujourd’hui. » Cependant, nous avons tout de même constaté qu’en général les personnes interrogées sont plus positives que négatives :

• 60%pensentqueleschangementssontpositifspourlesfemmesetonteuunimpactsurleursrelationsavecleur mari, leur père et leur mère. La génération d’aujourd’hui peut accéder à l’information plus facilement et les filles entretiennent des liens plus « amicaux » avec leurs parents. Aujourd’hui, il y a plus de dialogue …

• 20%pensentquepeudechosesontchangéàlamaison,parexemple:«Lesgarçonsparticipenttoujours très peu aux tâches ménagères. »

• 20%pensentquecertainschangementsontéténéfastespourlesfemmes,parexemple:«Lesfemmesont changé leur façon de s’habiller et cela cause de gros problèmes, tels que la violence sexuelle. »

4 http://www.iom.int/jahia/Jahia/about-migration/facts-and-figures/lang/en

Doreen et sa grand-mère, 2011

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Ashlin et sa famille, 2011

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3 Kirrily Pells, (2011). Document sur la politique - Pauvreté et inégalités liées au genre: faits tirés de la vie des jeunes.

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etre connecté à un monde plus vaste – les merveilles de la technologie

« De nos jours, les enfants ont de nombreuses opportunités que nous n’avions pas avant. Il y a la télévision, la radio et les livres pour stimuler leur esprit. »

Le père de Doreen, aux Philippines

La plupart des personnes interrogées, dans tous les pays, s’accordent pour dire que les nouvelles technologies ont joué un rôle important dans les changements positifs qui sont apparus dans la vie des jeunes. Notre étude révèle que les filles sont moins isolées que leur mère, grâce aux nouvelles technologies et à la télévision. Même dans les régions les plus éloignées, elles ont souvent accès à un horizon qui dépasse leur communauté ou leur village. Dans nombre de pays en développement, les téléphones portables sont souvent abordables, même pour ceux dont le revenu est faible. Le père de Doreen note : « Les jeunes d’aujourd’hui sont sophistiqués. Nous, nous n’avions pas de téléphones portables. Maintenant, ils ont accès à des ordinateurs et ils apprennent facilement. Ils n’ignorent plus ce qui se passe en ville. »

Un groupe de mères aux Philippines explique que le fait d’avoir un téléphone portable a favorisé un environnement plus sécuritaire pour les filles, donc, leur offrant la possibilité de sortir : « Aujourd’hui, les filles sont osent plus faire de choses. Il fut un temps où elles ne pouvaient aller nulle part seules; maintenant, elles ont plus d’assurance parce qu’elles ont un téléphone portable avec elles. » Une jeune adolescente au Bénin dit qu’elle pense que les parents sont devenus plus tolérants envers leurs filles du fait du nombre croissant de femmes à la télévision.

La santé et les maladies de la pauvreté

« Auparavant, une personne devait parcourir de longues distances pour accéder à services de santé. »

La famille de Mariyama, au Togo

La plupart des petites filles d’aujourd’hui connaissent déjà un meilleur début de vie que leur mère. Dans six pays parmi les pays de l’étude, elles ont toutes été immunisées à la naissance; 93% ont un acte de naissance enregistré.

Dans un monde où l’accès des filles à l’éducation et à des soins de santé appropriés relève encore du défi, il est nécessaire de posséder des documents officiels pour pouvoir accéder à ces services. Malgré tous les efforts, certaines maladies sont encore courantes.

La malaria continue de faire des ravages dans la population des filles dans plusieurs pays, surtout en Afrique. L’Organisation mondiale de la santé rapporte qu’en 2010, en Afrique : « … le taux de mortalité de la malaria a chuté de plus de 25% dans le monde depuis 2000, mais qu’un enfant meurt chaque minute de la malaria. La maladie est responsable d’environ 22% des décès chez les enfants. »5

Les familles des filles ont rapporté de nombreuses préoccupations liées à la santé de leurs filles, dont plusieurs sont associées à la pauvreté. Ces problèmes se manifestent parfois à la naissance; il peut s’agir de maladies graves comme la dysenterie et la dengue, de maladies respiratoires tenaces et de malnutrition

Trente-quatre cas de diarrhée ont été rapportés – un risque majeur pour la santé des jeunes enfants. Sept cas sont survenus avant que les filles n’atteignent leur premier anniversaire. L’eau potable contaminée demeure l’une des principales causes de diarrhée dans le monde, et malgré que l’accès à l’eau et à l’assainissement se soit amélioré depuis la génération de leurs parents, plusieurs filles n’ont pas accès aux besoins de base en eau potable ni à des toilettes.

Malheureusement, six filles de la première étude sont déjà décédées. Emilienne au Bénin, Fridos Id. au Togo et Mary Joy T. aux Philippines sont mortes dans des accidents; Resty en Ouganda est morte de

la malaria; Chimene au Bénin et Yassiminatou au Togo sont mortes de maladies non diagnostiquées. Ces décès ‘non diagnostiqués’ sont également liés à la pauvreté: probablement au coût des soins médicaux. Nous savons aussi que le taux de mortalité chez les enfants de cinq ans et moins est plus élevé dans les ménages les plus pauvres et pour les mères ayant moins d’éducation.

L’éducation, un outil précieux

« Mes parents ne savent ni lire ni écrire. Ils n’ont pas été à l’école. Ma mère m’a forcée à quitter l’école pour que je puisse aider ma sœur aînée qui a accouché d’un bébé à Cotonou. Cela m’a beaucoup marquée et je ne l’ai jamais oublié. »

La mère de Marcelle, au Bénin

Toute l’étude reflète bien la fierté et la détermination que ressent Teur à l’idée que ses filles recevront une éducation (dans l’histoire de Reaka à la page 12). Et c’est peut-être cela, le plus grand changement survenu depuis les dernières générations : presque tout le monde veut que les filles fréquentent l’école – même si 39 millions de filles dans le monde s’y voient toujours refuser l’accès et que dans toutes les régions du monde, excepté en Amérique latine, il y a plus de garçons que de filles qui terminent l’école primaire. Des progrès évidents ont été réalisés dans les familles qui participent à l’étude. Comme l’indique le tableau ci-dessous, plusieurs grands-mères et mères ont reçu peu d’éducation ou une formation de base seulement. Seules 49% des grands-mères ont reçu une formation scolaire. Au Togo, au Bénin et au Cambodge, personne n’y a accès. Au Vietnam et aux Philippines, cependant, toutes les mères et les grands-mères ont reçu une éducation. Et, même si 86% des mères ont suivi une scolarité, la plupart d’entre elles déclarent qu’elles n’ont pas été plus loin que la troisième année. Nous disposons de moins d’information sur l’éducation des pères, mais il semble qu’en général, ils ont reçu un peu plus d’éducation que leur femme, ce qui confirme le fait que la formation scolaire est traditionnellement plus valorisée pour les garçons que pour les filles.

Alors le fait que la majorité des petites filles sont maintenant inscrites est déjà une amélioration par rapport à ce qu’ont connu leurs grands-mères et certaines de leur mères. Grâce au soutien de leur famille et de leur communauté, il y a de bonnes chances pour que cette génération reste à l’école plus longtemps, et qu’elle la quitte en étant capable de se sortir, et sortir leur famille, de la pauvreté. Charolyn,

en République dominicaine, a déjà pris sa décision : « Je veux aller à l’université. »

La mère de Sokhea, au Cambodge, raconte : « Lorsque j’étais petite, il y avait peu de filles à l’école. Ma mère m’a demandé de prendre soin de ma plus jeune sœur, de mon plus jeune frère, de la vache, du bison et des tâches ménagères, alors je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Mais maintenant, de nombreuses filles vont à l’école, reçoivent une bonne éducation et obtiennent de bons postes par la suite. Je suis déterminée à envoyer ma fille à l’école. » La grand-mère de Christine, en Ouganda, remarque : « L’éducation est vraiment ce qui compte le plus. À mon époque, les filles n’avaient pas d’éducation, mais aujourd’hui, elles sont plusieurs à en avoir reçu. » Et le père de Naream raconte que, lorsqu’il faisait ses études en 1982 au Cambodge, les filles constituaient environ 10% des effectifs des classes. Aujourd’hui il y a autant de filles que de garçons.

Aux Philippines, les mères reconnaissent qu’il y a eu un grand changement : « Il fut un temps où les parents ne se préoccupaient pas de l’éducation de leurs filles; maintenant, même si l’argent est un défi, ils essaient vraiment d’appuyer leur éducation. » La mère de Jacel ajoute : « Avant, les garçons allaient à l’école à la place des filles parce qu’il était convenu que les filles devaient rester à la maison. Mais aujourd’hui, les filles et les garçons ont tous la même chance de pouvoir suivre une scolarité. Nous encouragerons nos enfants à poursuivre leur rêve, qui est de terminer leurs études. »

Le fait que les filles reçoivent maintenant une

5 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs094/en/

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Pourcentage des mères et des grands-mères qui ont reçu une certaine éducation

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éducation au même titre que leurs frères pourra mener à d’autres résultats positifs. Au Togo, la mère de Beretchissou dresse un tableau positif de la situation : « L’école a entraîné de nombreux changements dans la vie des filles. Elles se sont maintenant émancipées. Elles sont toutes inscrites dans des écoles. Elles choisissent leur conjoint elles-mêmes au lieu qu’il leur

soit imposé par les parents. L’excision [ablation des organes génitaux féminins]6 est interdite. Il n’y a plus de mariages forcés. Les filles jouissent de leurs droits plus pleinement que jamais. »

En fait, le Togo a encore beaucoup de chemin à réaliser avant que les filles ne puissent jouir pleinement de leurs droits : l’ablation des organes génitaux des

femmes est encore chose courante (malgré que cela soit interdit pas la loi depuis 1998), et, même si 94 filles pour 100 garçons vont à l’école primaire, ce chiffre n’est que de 53 filles pour 100 garçons à l’école secondaire. Il faudra encore attendre pour voir si ces petites filles pourront continuer à aller à l’école comme leurs parents semblent le vouloir.

3. Une source de fierté pour toute la famille – l’éducation des filles7

« Lorsqu’elle revient de l’école, elle révise avec ardeur tout ce qu’elle a appris. Elle est une source de fierté pour la famille. »

La mère de Maridiyatou, au Togo

La plupart des filles qui participent à l’étude (84%) n’ont commencé l’école que récemment, et les parents des autres disent qu’ils prévoient de les envoyer à l’école bientôt. La plupart de leurs sœurs plus âgées fréquentent aussi l’école, ce qui offre un bon modèle et confirme que les filles aussi peuvent avoir l’occasion de poursuivre leurs études.

La majorité des filles qui vont à l’école nous font part

d’une expérience positive, ce qui est d’une importance cruciale pour se préparer à poursuivre leur scolarité. Au Bénin, la mère de Chantal explique : « Lorsqu’elle revient de l’école, Chantal récite de la poésie et chante des chansons qu’elle a apprises à l’école. Elle invite parfois des amies et elles jouent à la maîtresse. Leur vraie maîtresse, elle, leur apprend à lire, à chanter et à faire du sport ou à se mettre en ligne dans la cour. »

Elles doivent se sentir bien à l’école, puisque plusieurs des filles de six ans aspirent à devenir enseignantes. Cintia, au Brésil nous a dit : « Je veux être une enseignante parce qu’il faut faire des études pour exercer ce métier. » Tapenensi en Ouganda affirme : « Oui, je veux être enseignante, je veux devenir éducatrice dans une garderie. »

‘J’ai toujours voulu que mes enfants apprennent’ – ce que les parents pensent de l’éducation de leurs filles

La grande majorité des familles ont déclaré qu’elles étaient satisfaites de l’éducation de leurs filles. La plupart des parents croient que l’enseignement est de grande qualité et que leurs enfants apprennent bien. Au Vietnam, la famille de My Huyen a mentionné : « La qualité de l’enseignement est élevée; l’école est bien équipée … les enseignants sont vraiment gentils

7 En octobre 2012, Plan publiera son sixième rapport sur la situation des filles dans le monde, en mettant l’accent sur le rôle de l’éducation.

6 Également connu sous le nom de mutilation des organes génitaux féminins, il s’agit d’une coutume culturelle qui comprend l’ablation totale ou partielle des organes

génitaux féminins externes.

Mary Joy o, 2012

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L’histoire de reaksaReaksa est l’aînée des filles de Teur et de The, ouvriers agricoles de la province de Siem Reap au Cambodge. La famille vit dans une petite chaumière aux abords de leur village. Ses parents expliquent que comme beaucoup d’autres familles rurales du Cambodge, ils font des pieds et des mains pour gagner assez d’argent pour nourrir leur famille. Teur gagne le revenu principal de la famille et parcourt 15 kilomètres tous les jours pour travailler comme ouvrière agricole. Son revenu consiste en du riz et d’autres aliments. The arrive à trouver du travail de temps à autre, ce qui lui permet de gagner environ 2 $ par jour.

Reaksa est née à la maison, et fut un tout petit bébé, possiblement à cause de la malnutrition dont a souffert Teur pendant sa grossesse. Depuis lors, Reaksa a souffert d’infections thoraciques tenaces et parfois de convulsions, combinées à une succession de maladies graves. En 2009, elle a été transportée à l’Hôpital pour enfants de Siem Reap, à 50 kilomètres de la maison, où elle fut diagnostiquée de multiples infections : méningite, dengue, infection grave des voies respiratoires. Elle a frôlé la mort en 2010 à cause d’une grave réaction à ses médicaments. Sophia, la sœur cadette de Reaksa, âgée de quatre ans, souffre également de mauvaise santé et est incapable de marcher normalement. Teur estime que Sophia n’est pas bien portante trois semaines par mois.

Même si les soins de santé sont gratuits au Cambodge pour les familles les plus pauvres, le fait que l’hôpital le plus près soit aussi loin entraîne des frais de transport élevés – environ 5 $ par déplacement. En 2009, Teur devait 50 $ à son employeur, car elle avait demandé une avance sur son salaire pour pouvoir rendre visite à Reaksa à l’hôpital. « Ce qui est le plus difficile quand on élève des enfants est de trouver l’argent pour les nourrir et les aider quand ils sont malades », dit-elle.

Lorsque les chercheurs ont rendu visite à la famille en 2011, Teur a déclaré que la situation de la famille s’était améliorée. Son emploi actuel, en échange duquel elle reçoit 50 kilos de riz par mois, a aidé à mieux nourrir la famille. Malgré les défis auxquels ils font face, Teur est férocement déterminée à ce que ses filles fréquentent l’école. Teur elle-même a perdu ses parents au cours du génocide commis par les Khmers rouges, ce qui lui a empêché de suivre une scolarité. Reaksa nous a dit qu’elle souhaitait exercer le métier d’enseignante. Cependant, son piètre état de santé l’a empêché de fréquenter l’école préscolaire de façon régulière. Teur dit qu’elle a prévu que Reaksa commence l’école primaire en septembre et précise : « Je suis fière de mes enfants parce qu’ils sont tous très intelligents. »

reaksa et son père, 2007

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Taux d’achèvement de l’école primaire,filles et garçons, par région

Source : Institut de statistiques de l’UNESCO in EdState, août 2011Note : données EAP de 2007; toutes les autres sont de 2009.

Le taux de 100 % + reflète une entrée tardive, répétition des années scolaires et une augmentation du nombre d’inscriptions.

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et aiment leur élèves. » Un parent au Bénin nous a confié : « Je suis satisfait des enseignants, Marcelle comprend mieux aujourd’hui que par le passé. »

Les familles ont commenté les nouvelles compétences et connaissances que leurs filles ont acquises. Au Vietnam, des parents ont dit que leur fille était plus sûre d’elle, plus rapide et plus avertie que les filles qui ne vont pas à l’école. » Selon sa famille au Brésil : « Cintia peut écrire quelques lettres, le début de son nom; elle connaît des choses. »

Plusieurs parents et autres membres de la famille ont exprimé leur satisfaction de voir leurs enfants réussir à l’école alors qu’ils se sont vus refuser l’accès à une éducation adaptée. Au Bénin, l’oncle d’Albine mentionne : « Je suis satisfait parce qu’elle pourra faire ce que je n’ai pu faire. » En République dominicaine, le grand-père de Noelia s’est dit heureux de sa formation scolaire. « J’ai été élevé dans l’ignorance et je ne veux pas que ma petite-fille le soit aussi, parce que pour s’épanouir il faut faire des études. Les études sont une richesse. »

La grand-mère de Noelia, Mercedes, dit aussi qu’elle souhaite que sa petite-fille reçoive une éducation parce qu’elle, elle n’en a pas eue. Elle est née dans un petit village et a été élevée par sa mère – son père est mort quand elle n’était qu’un bébé. Elle explique que sa mère n’a pas investi dans son éducation. « Ils ne voyaient pas l’utilité que je sache lire ou écrire, et même que ma naissance soit enregistrée. Je ne suis restée à l’école que jusqu’en 6e année et mon mari, jusqu’en 4e année. »

Après la naissance de ses enfants, Mercedes a terminé sa 6e année grâce aux cours du soir. « Je ne veux pas que Noelia mène une vie aussi dure que la mienne. Quand elle sera grande, je veux qu’elle aille s’installer dans la capitale. Elle devrait se marier là-bas. Je souhaite qu’elle fasse des études parce que notre pays connaît une période très difficile au niveau économique. » Elle ajoute que lorsqu’elle était plus jeune, elle se disait : « Quand j’aurai des enfants, ils ne resteront pas ignorants; ils vont faire des études … »

La mère de Naream, au Cambodge, a expliqué : « Je n’ai jamais été à l’école parce que ma mère était malade et que je devais m’occuper d’elle. Je demandais à mon père si je pouvais aller à l’école, mais il répondait que non parce qu’il n’y avait personne d’autre pour s’occuper de mes jeunes

frères et sœurs, préparer les repas pour la famille et nettoyer la maison. Je n’avais guère de temps pour m’amuser et me détendre. Je m’occupais de ma mère quasiment tout le temps. »

Même si les parents sont ravis que leurs filles profitent des opportunités qu’ils n’ont pas eues faute d’éducation, ils témoignent de la frustration ne pas pouvoir aider leurs enfants avec leurs devoirs. Au Togo, le père de Massama-Esso ne sait ni lire ni écrire, et il doit demander à son fils de l’aider à faire ses devoirs.

Il précise qu’il est heureux que sa fille soit scolarisée « parce que c’est bon pour son avenir ».

Certains parents disent aussi qu’ils ne pouvaient donner leur avis sur l’éducation de leurs enfants parce qu’ils n’ont aucune expérience de l’école; un fait qui devrait évoluer avec a prochaine génération.

Une source de préoccupations : taille des classes, sécurité et absentéisme des enseignants

Peu de parents ont déclaré ne pas être satisfaits de l’éducation dispensée à leurs enfants. La tante de Tapenensi en Ouganda a dit : « Les enseignants et l’enseignement ne sont pas de qualité. Le chef d’établissement et les enseignants ne s’en soucient pas. » Plusieurs familles soulignent des problèmes liés à l’absentéisme des enseignants, les classes surpeuplées et le manque de sécurité, que ce soit à l’école ou sur le chemin du retour.

Dans de nombreux pays, les parents signalent que les enseignants ne se présentent pas en classe. Au Cambodge, la mère de Nika rapporte aussi que les enseignants ne se présentent pas régulièrement pour enseigner. En République dominicaine, une famille a dit qu’à un moment, les enseignants donnaient des cours cinq jours par semaine et maintenant ils n’enseignent plus que trois. Bien que la majorité des parents aient rapporté que les établissements scolaires sont adéquats, deux familles au Togo se sont dites préoccupées des installations sanitaires dans les écoles.

La famille de Razakatou indique que les douches et les toilettes dans les écoles sont sales et qu’il n’y a pas de latrines distinctes pour les filles et les garçons. Les classes surpeuplées étaient un autre sujet de préoccupation. Lorsqu’on a demandé au père de Marjorie s’il était satisfait de l’éducation que ses enfants reçoivent, il a répondu : « Non, parce qu’il y

a tant d’élèves que l’attention ne peut être donnée à tous. » Plusieurs familles ont également mentionné l’espace restreint dans les écoles.

Dans tous les pays, des inquiétudes apparaissent concernant le manque de sécurité à l’école et dans les alentours, tout comme sur les routes entre l’école et les foyers des élèves. Plusieurs familles ont aussi fait remarquer le manque de clôtures de protection et de dispositifs de sécurité pour assurer la sûreté des écoliers. Une mère du Brésil nous a dit que les installations sont aux normes et bien adaptées pour le nombre d’élèves, mais que l’école n’est pas complètement sûre du fait du manque de surveillants ou de gardiens.

Les parents de Gloria en Ouganda sont inquiets qu’elle marche pour se rendre à l’école, située à quatre kilomètres, non pas à cause de la distance, mais à cause des garçons qui font des avances sexuelles aux filles sur le trajet. Au Bénin, au Togo et en Ouganda en particulier, plusieurs frères et sœurs des filles de l’étude ont indiqué qu’ils avaient peur de leurs enseignants. Nous savons par la campagne mondiale Apprendre sans peur de Plan que la violence à l’écoles touche près d’un million d’enfants dans le monde tous les jours. Au Togo par exemple, le Forum des éducatrices africaines a organisé des interviews des enfants des trois dernières années du primaire et on a pu observer que les taux de garçons et de filles ayant subi des actes de violence physique sont très élevés (plus de 85%) à l’école, et 4,1% des filles ont rapporté avoir subi des actes de violence sexuelle.

heydi sur le chemin

de l’école, 2011

Cintia, 2011

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Pourquoi les filles ne vont pas à l’école

Parmi les raisons pour lesquelles des filles ne fréquentent pas l’école, les familles ont mentionné la distance, la maladie, ou une combinaison de la distance, du climat (fortes températures) et de la sécurité. Au Brésil, aux Philippines et en République dominicaine, de fortes pluies, des inondations et des coulées de boue sont également des barrières qui empêchent les filles participant à l’étude de se rendre à l’école régulièrement, même si elles y sont toutes inscrites. Pour la famille de Gloria en Ouganda, la distance qui sépare la maison de l’école maternelle la plus près est un obstacle de trop. Sa mère a expliqué : « L’amener à l’école implique qu’il faut se rendre à la ville de Kamuli, et cela coûte cher. Vous devez aussi avoir un membre de la famille avec qui elle pourrait rester. Je prie pour que ma sœur accepte de prendre Gloria avec elle. »

Cependant, la famille a décidé de garder Gloria à la maison jusqu’à ce qu’elle puisse s’inscrire à l’école primaire l’année prochaine et qu’elle puisse s’y rendre avec sa sœur aînée. Au Togo, la plupart des familles qui prennent part à l’étude ont mentionné que la distance jusqu’à l’école préscolaire est la raison pour laquelle ils n’y ont pas inscrit leurs filles. C’est pour cette raison qu’à peine 10% des filles du pays sont inscrites à l’école maternelle.

Mais étant donné le fait que plusieurs des mères et des grands-mères des filles ne sont pas allées à l’école, cela démontre un progrès réel. Seul un père ne voulait pas que sa fille fréquente l’école. Le père de Sarah en Ouganda a dit qu’elle est trop jeune : « Pourquoi gaspiller des ressources sur cette enfant-là ? Elle ira à l’école et criera famine. » Pourtant, Sarah veut tellement aller à l’école et apprendre qu’elle traîne partout des bâtonnets à compter avec elle. Elle n’arrête pas d’insister auprès de son père. La mère de Sarah raconte que lorsque celle-ci se réveille et voit ses amies partir pour l’école, elle pleure. Après quelques discussions, son père a promis de l’inscrire au prochain semestre. Mais lorsque nous leur avons rendu visite plus tard cette année, Sarah n’était toujours pas inscrite.

Le coût de l’éducation

L’éducation à l’école primaire est normalement gratuite dans les neuf pays qui participent à l’étude de Plan. Cependant, dans un rapport de 20068, la Banque mondiale a constaté que dans la majorité des pays certains frais sont exigés aux familles (incluant le Brésil, le Bénin, la République dominicaine, le

Vietnam, les Philippines, l’Ouganda et le Salvador). Par exemple, de l’argent est demandé pour payer les uniformes, les frais communautaires et les frais non officiels. Selon ce rapport, il n’y a pas de frais exigés au Cambodge. L’étude n’incluait pas le Togo.

Malgré un changement majeur dans tous les pays de l’étude quant à la manière de considérer l’éducation des filles, qui est perçue comme importante, la pauvreté des parents les poussent à se débattre pour subvenir aux besoins de leur famille, sans compter les dépenses additionnelles qu’ils doivent consacrer à la scolarité de leurs enfants. Quatre-vingt-dix pour cent des familles ont rapporté que certains frais sont exigés pour envoyer leurs enfants à l’école.

Plusieurs parents d’enfants ont exprimé leurs préoccupations quant aux coûts et autres défis pour assurer une éducation de qualité pour leurs filles. La plupart des familles qui prennent part à l’étude sont jeunes et en croissance, ce qui signifie que les coûts pour envoyer leurs enfants à l’école vont augmenter avec le temps.

Les coûts encourus par les familles comprennent des cotisations d’école (plus de 40% au Bénin et au Brésil), des livres et fournitures, des uniformes, des chaussures, le transport et des droits d’étude.

8 http://siteresources.worldbank.org/EDUCATION/Resources/

viser la lune au salvador ?Brenda vit très loin de tout. Si vous ne possédez pas de voiture et que vous souhaitez vous rendre chez elle, vous devez marcher le long de la route principale pendant une heure et demie, descendre prendre une petite piste étroite qui passe à travers un champ de maïs, et longer la rivière pendant une autre heure. Le parcours est magnifique, avec des aigrettes, des vaches brunes paisibles et des gens qui lavent leur linge dans la rivière. Les collines s’élèvent autour de vous. Mais l’hiver, la rivière déborde, le chemin est impraticable et les roches s’écroulent dangereusement du haut des collines.

Brenda vit avec sa sœur aînée Catherin, âgée de sept ans, sa mère Adina, 21 ans, sa grand-mère, 56 ans, son grand-père et son arrière-grand-mère, âgée de 93 ans et en fauteuil roulant. Leur demeure est faite de métal, le plancher est soigneusement balayé et un hamac est suspendu à l’ombre, à l’extérieur. La cuisine, une construction en tôle, est installée un peu plus loin en bas de la colline. Un tuyau qui procure de l’eau est situé à environ 50 mètres. Les chiens flânent sous le soleil et la poule et ses petits picorent la terre. Une scène paisible.

Adina raconte qu’elle a quitté l’école après la 3e année. Elle a eu Catherin à l’âge de 14 ans. Elle souhaite que ses filles poursuivent leur scolarité, même s’il faut marcher pendant une heure pour s’y rendre et une autre heure pour en revenir. L’adulte qui les accompagne doit ainsi consacrer jusqu’à quatre heure par jour à les escorter. « Je veux les soutenir tout le long de leurs études pour qu’elles puissent réussir à l’âge adulte », affirme-t-elle.

Il y a deux classes à l’école, qui vont jusqu’à la cinquième année. Il y a une autre école qui propose des cours jusqu’à la 9e année – et ensuite ? Adina hausse les épaules. « La 9e année, c’est encore loin pour y penser ». Pour le moment, elle est heureuse et elle croit en ses filles et en leurs capacités à s’améliorer. Catherin raconte qu’elle aime dessiner et écrire et Brenda aime chanter l’hymne national. Les deux filles nous apportent leurs cahiers d’exercices pour nous montrer leur travail.

Brenda, qui est timide lorsqu’on lui pose une question, murmure à sa mère qu’elle aimerait être médecin un jour. Catherin voudrait être une scientifique parce qu’elle sait que les scientifiques vont sur la lune et elle aimerait y aller elle aussi. Mais une mauvaise alimentation l’empêche de bien réussir à l’école et elle a dû redoubler la première année. Mais pour l’instant, le simple fait d’aller à l’école, ne serait-ce que jusqu’en 9e année, semble aussi loin que la lune pour ces petites filles.

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4. À l’époque, la vie était moins chère – sortir de la pauvreté ?

« Quelque chose qui a complètement changé : c’est le coût de la vie, il est plus élevé. Mais, paradoxalement, il est plus facile d’obtenir des choses. »

Le père de Rosybel, en République dominicaine

Toutes les filles sont issues de familles pauvres. Leurs parents peuvent constater que plusieurs choses se sont améliorées depuis qu’ils étaient petits, mais leur vie est encore souvent précaire. Les familles ont souvent peu de moyens pour faire face aux situations de crise. Ceci dans un contexte où, à l’échelle mondiale, l’écart entre les riches et les pauvres continue de s’accroître, et nous constatons que même les familles pauvres sont touchées par ce qui se passe sur les marchés internationaux. Par exemple, le père de Naream au Cambodge a retiré ses arbres de noix de cajou il y a cinq ans pour planter des patates à la place. Malheureusement, cette année-là, le prix des patates a chuté drastiquement de 700 riels (0,18 $) à 200 riels (0,05 $) par kilogramme, le laissant avec moins de revenus qu’avant.

Nous vivions mieux avant – l’augmentation du coût de la vie

Près de 80% des familles ont déclaré que le coût de la vie en général a augmenté au cours de la dernière année Le grand-père de Charolyn en République dominicaine a

raconté : « Avant, nous vivions mieux parce que nous avions toujours quelque chose à manger. L’agriculture exigeait moins d’investissements. Un sac d’engrais qui coûte maintenant environ 2 000 pesos (52 $) en coûtait 70 pesos (1,80 $) avant. » Au Togo, le père de Blandine a expliqué : « Le coût de presque tous les aliments et produits a augmenté. Avant, je pouvais tout payer avec 3 000 à 5 000 francs CFA (5,80 à 9,70 $) par mois, mais l’année dernière, même

10 000 francs CFA (19,50 $) étaient à peine suffisants pour joindre les deux bouts. En plus de vendre mes produits de la ferme, je me rends parfois dans le sud du Togo pour travailler comme ouvrier agricole pour subvenir aux besoins de mes enfants. »

En République dominicaine, les familles d’Estefani, Lorianny et Rosybel ont dit que la situation s’est empirée par rapport à ce qu’elle était quand ils étaient plus jeunes. La famille de Rosybel a raconté que la sécheresse due aux changements climatiques a entraîné une augmentation des prix de la nourriture. Son père souligne : « Quand j’étais jeune, on pouvait aller au magasin avec cinq pesos et acheter du pain et du sucre. Aujourd’hui, 50 pesos suffisent à peine pour acheter les mêmes produits. » Lorsqu’il était un petit garçon, la vie : « … était mieux que maintenant, nous produisions beaucoup de manioc, des patates douces, des poix de perdrix, des fèves et du maïs. La récolte était meilleure. Maintenant c’est complètement l’inverse, on plante et tout est perdu à cause de la sécheresse, il n’y a pas d’eau. »

Le père de Lyca aux Philippines a dit : « Il est plus difficile de gagner sa vie, et la vie est plus difficile. » Il a aussi mentionné qu’il y avait plus d’opportunités. En Ouganda, la grand-mère de Christine a dit : « En général, lorsque la situation est mauvaise, tout va vraiment mal – maintenant, si vous n’avez pas les éléments de base [nourriture et eau] c’est impossible de s’en sortir. » La famille de Ruth en Ouganda a raconté que le conflit au pays a fait augmenter le coût de la vie.

La saison de la faim

Certaines familles ont également parlé d’une « saison de la faim » chaque mois, pendant plusieurs jours, elles manquent de moyens pour acheter de la nourriture. Ces familles d’agriculteurs dépendent de bonnes récoltes et ont besoin d’une main-d’œuvre suffisante. Au Cambodge, la famille de Chhea mentionne que cette année fut difficile parce que le revenu principal de la famille provient des bisons, du riz, des cajous et du manioc. Cette année, le rendement du riz n’est pas très bon parce que la mère de Chhea est enceinte et ne peut pas travailler. « Nous n’avons pas beaucoup d’argent pour embaucher des gens pour planter et s’occuper des récoltes. »

En regardant de plus près la façon dont les familles dépensent le revenu du ménage, on se rend compte

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Pourcentage d’augmentation dans les prixrapporté par la cohorte des familles

Noelia et sa grand-mère, 2009

Charolyn, 2010

razakatou, 2011

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que la pauvreté impacte les décisions que peuvent prendre les familles sur le long terme, ce qui n’est pas sans conséquences pour leurs filles. Plus la famille est pauvre, plus la proportion de son revenu est consacrée à la nourriture : plus de 90% au Bénin et au Togo, alors que la moyenne est de 54%. « Je ne veux pas dépenser mon argent dans des choses qui ne sont pas essentielles. Je veux le dépenser pour de la nourriture pour les enfants », déclare Ailyn. « Quand il s’agit de nourriture, je ne me retiens pas. C’est pour cette raison que je travaille beaucoup – pour apporter quelque chose à manger à mes enfants. Lorsqu’ils demandent de la nourriture et que je ne peux pas leur en donner, ils pleurent. J’économise de l’argent pour leur acheter de la nourriture parce que je ne veux pas qu’ils pleurent. »

Dans les pays où l’on cultive du riz, la richesse d’une famille est déterminée en fonction du nombre de mois durant lesquels elle peut se nourrir grâce au riz qu’elle a récolté. Idéalement, elle devrait en avoir assez pour toute l’année. Aux Philippines, la famille de Jessa dit qu’elle n’a récolté assez de riz que pour six mois environ. Mais cela dépend largement de la pluie. Lorsqu’il pleut, on peut avoir deux récoltes; quand il ne pleut pas, seulement une récolte. Au Togo,

la famille de Fadilatou explique : « Nous mangeons surtout ce que nous produisons nous-mêmes à la ferme. Nous achetons de la nourriture au marché durant la saison des semis. Le grand-père de Fadilatou est un jardinier maraîcher; il nous aide avec ses produits agricoles. Habituellement, nous cultivons du maïs, des ignames, du sorgho, du manioc et du riz. » Plusieurs familles ont mentionné qu’elles n’achèteront de la nourriture que si elles n’ont pas une bonne récolte ou que les cultures sont ruinées.

Mais la plupart des familles semblent posséder quelques actifs sur lesquels s’appuyer. Vingt-quatre possèdent des animaux, des poulets, des moutons, des canards, des porcs et des chèvres. Onze d’entre elles vivent au Cambodge. Seize familles possèdent certaines économies, dont la proportion la plus élevée est au Vietnam. La famille d’Huguette au Bénin précise que leurs économies sont conservées dans une petite boîte de tomates en métal. Seules cinq familles ont dit avoir de l’assurance.

Terre et héritage

On ne sait pas vraiment si les familles réussiront à améliorer le sort de leurs filles en leur léguant des

terres. Aux Philippines, la plupart des familles ne sont pas propriétaires de la terre sur laquelle elles vivent, mais ils y ont bâti des maisons par l’entremise de crédit-bail ou d’autres arrangements. L’étude démontre que les parents philippins ont le point de vue le plus varié en ce qui concerne les questions d’héritages : certains ont décidé que leur plus jeune enfant, peu importe le sexe, héritera de la terre; le plus vieux pour certains et d’autres souhaitent que toute la terre soit partagée de façon équitable entre les enfants.

Deux familles ont déclaré que l’héritage ira aux garçons, pas aux filles. Le père de Ruth, qui vit en Ouganda, était le seul à avoir le point de vue suivant :« Une fille mérite aussi d’hériter la terre, parce que vous ne savez jamais : son mariage peut échouer, et elle peut donc revenir s’établir à la maison. »

Au Togo, plusieurs familles ont mentionné que les décisions sur l’héritage sont prises selon la tradition islamique, laquelle dit que les garçons héritent deux fois plus que les filles. Parmi ces familles, la propriété est, sauf exception, détenue par les grands-pères ou les pères; d’autres possèdent parfois des animaux

d’élevage. Au Cambodge cependant, la majorité des parents possèdent des terres et des animaux d’élevage conjointement. Plusieurs ont indiqué qu’ils n’ont pas encore décidé lequel de leurs enfants recevra la propriété en héritage.

stratégies en situation de crise

Nous avons également demandé aux familles d’expliquer ce qu’elles feraient en cas de dépenses imprévues, comme un traitement médical pour un membre de la famille. Presque les deux tiers des familles dans les sept pays dont les données ont été rassemblées ont dit qu’elles devraient emprunter de l’argent à d’autres membres de la famille, des voisins, des amis ou des employeurs. Au Togo, la mère de Mariyama a expliqué : « La famille vit de sorgho et d’ignames que nous cultivons pour nous-mêmes et que parfois nous vendons lorsque nous avons besoin d’argent. Dans les situations d’urgence, la famille emprunte de l’argent aux voisins et nous les remboursons après. La situation était meilleure lorsque mon mari avait des bovins. Nous les avons vendus et certains sont morts. » Au Togo surtout, 40% des familles ont dit que les dons des voisins sont courants. Seulement 15% déclarent avoir des économies.

Dix pour cent des familles indiquent n’avoir personne à qui demander – surtout au Brésil. En République dominicaine, la famille d’Estefani a dû hypothéquer sa maison pour payer les frais médicaux pour son oncle après un accident de motocyclette. En Ouganda, le père de Mirabu a expliqué : « Nous possédions nos propres animaux d’élevage, mais nous les avons tous vendus petit à petit pour payer les frais médicaux du frère de Mirabu. » Aux Philippines, la mère de Bhea a indiqué : « Dans les situations d’urgence, comme lorsque quelqu’un tombe malade, nous faisons un emprunt à 10% d’intérêt par mois. Nous n’empruntons pas pour des célébrations familiales, nous abattons quelques-uns de nos poulets. »

Programmes de soutien du gouvernement

Au Brésil et aux Philippines, les familles de notre étude ont dit recevoir de l’aide de la part de programmes de protection sociale du gouvernement, programmes dont n’ont pas pu bénéficier les générations précédentes. En 2010 et 2011, 11 familles ont dit avoir reçu de l’argent de ces programmes, parfois connus sous le nom de « transferts d’argent conditionnels » parce qu’ils consistent en de petites sommes d’argent versées par le gouvernement à des familles pauvres moyennant certaines conditions, comme envoyer les filles à l’école.

Girlie, sa mère et sa sœur, 2012

estefani et sa famille, 2011

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Au Brésil, le Bolsa Familia (trousse familiale) est un programme qui s’adresse aux familles à faible revenu. Il s’agit d’une allocation d’environ 40 $ par mois par enfant, versée à condition que les parents envoient leurs enfants à l’école et qu’ils les fassent vacciner. Le gouvernement offre également un Bolsa de PETI (une allocation pour mettre fin au travail des enfants) de 15 $ par mois par enfant afin d’encourager les enfants à ne pas quitter l’école pour travailler. Plusieurs familles des filles de l’étude profitent du Bolsa Familia puisqu’elles ne gagnent entre un tiers et la moitié du revenu national moyen. Par exemple, la mère de Rosane est une travailleuse agricole et la petite fille vit avec trois oncles et sa grand-mère. Aucun d’eux n’a un emploi stable. En 2010, sa grand-mère a déclaré que la famille avait

gagné environ 200 R $ (105 $) d’un travail à temps partiel et 120 R $ (63 $) par mois du programme Bolsa Familia. Ceci permet à peine de couvrir les dépenses mensuelles en nourriture, lesquelles s’élèvent à 280 R $ (147 $).

La famille d’Eloiza gagne un peu d’argent en cuisinant et vendant des gâteaux. Sa grand-mère travaille également comme pêcheuse. La famille reçoit une petite pension parce que le père d’Eloiza est décédé. La famille gagne environ 622 R $ (326 $) par mois et reçoit 120 R $ (63 $) du programme Bolsa Familia. Ses dépenses en nourriture sont d’environ 500 R $ (262 $).

Iasmine vit avec ses parents et ses jeunes frères et sœurs. Son père est adjoint briqueteur et fermier, mais il n’avait pas de travail en 2011 et ne touchait que des revenus liés à des emplois occasionnels. La mère d’Iasmine prend soin de ses enfants et est responsable des tâches domestiques. La famille dépend largement du programme Bolsa Familia duquel elle reçoit 112 R $ (59 $) par mois. Les dépenses mensuelles en nourriture s’élèvent à 100 R $ (52 $). La mère d’Iasmine dit qu’ils n’ont personne vers qui se tourner en cas de situations imprévues.

Aux Philippines, les familles d’Airesh, Leah, Jacel et Girlie reçoivent de l’aide du Programme gouvernemental Pantawid Pamilyang Pilipino9 (connu surtout sous le nom de ‘4 Ps’), qui offre des subventions conditionnelles en argent aux ménages extrêmement pauvres afin d’améliorer la santé, la nutrition et l’éducation des enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 14 ans.

Contrairement au programme Bolsa Familia, ce programme ne vise pas spécifiquement les filles. Ces familles rapportent qu’elles reçoivent également de l’aide d’organisations non gouvernementales comme Plan.

Notre recherche, même si à petite échelle, semble démontrer qu’aujourd’hui les programmes gouvernementaux, comme le Bolsa Familia, offrent un appui crucial à certaines filles et à leur famille. Cependant, ces programmes font également parfois l’objet de certaines critiques. Par exemple, Analie, la mère de Jacel, est inquiète de ne plus recevoir l’argent du gouvernement si les notes de ses enfants à l’école ne sont pas assez bonnes. Il reste à voir au cours des prochaines années si ces programmes seront déterminants pour garder les filles à l’école.

5. ‘Mon rêve pour Jacky’ – quels sont les espoirs des parents pour l’avenir de leurs filles ?

« Quel est mon rêve pour Jacky ? J’espère qu’elle ne vivra pas comme nous, parce que nous avons vécu dans la misère. »

La mère de Jacky, aux Philippines

Malgré les défis de la vie quotidienne, tous les parents des filles de l’étude ont de grandes aspirations pour elles. Plus de la moitié souhaitent qu’elles aient une carrière qui exige une éducation et une formation plus poussées pour devenir médecins, infirmières et enseignantes. Dans cette partie, nous nous penchons sur leurs espoirs pour l’avenir de leurs filles.

La plupart des parents indiquent qu’ils pensent que l’éducation est aussi importante pour les filles que les garçons. Comme nous l’avons vu, plusieurs parents, surtout les mères, ont la profonde conviction que leur vie fut durement touchée par le manque d’éducation et ils veulent que leurs filles en bénéficient davantage. Ce sentiment est partagé dans les neuf pays de l’étude. La mère de Consolata au Bénin a expliqué : « Ils disent qu’en éduquant une fille, vous éduquez une nation. Je suis d’accord; si j’avais fait plus d’études, j’aurais aujourd’hui une profession. J’espère que ma fille sera capable de terminer ses études à ma

place. » Au Cambodge, les parents de Reaksa ont aussi dit qu’ils sont déterminés à envoyer leur fille à l’école, même s’ils sont pauvres, parce que : « nous ne voulons que nos enfants deviennent des personnes analphabètes comme nous. »

Mais peu de filles de l’étude peuvent compter sur un modèle d’une mère qui aurait suivi une scolarité dans le secondaire. Il y a certaines exceptions – Mikaela aux Philippines, dont la mère, Emily, est une pasteure et une enseignante qui a fait des études à l’université et Mirabu, en Ouganda, dont sa propre mère est une animatrice communautaire.

Malgré le fait qu’ils n’aient pas reçu d’éducation, ou peut-être à cause de cela, plusieurs parents ont de très grandes ambitions pour leurs filles. Même s’ils sont eux-mêmes des travailleurs agricoles, ils veulent que leurs filles deviennent des médecins ou des juges ou encore des enseignantes, comme indiqué sur le tableau à gauche.

Jacky, 2012Ingénieure

Coiffeuse

Travailler pour Plan

Ministre

Professeure

Travailleuse en TI

Policière

Juge

Travailleuse de bureau

Travailleuse de la santé

Collège/université

Médecin

Enseignante

0 5 10 15 20 25

Aspirations du groupe desfamilles pour les filles

Sage-femme/infirmière

Terminer l’écolesecondaire

9 http://pantawid.dswd.gov.ph/index.php/about-us

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eloiza, sa mère et

sa sœur, 2012

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Les parents de Faissatou au Togo déclarent : « Nous attendons beaucoup de Faissatou, elle est notre espoir. Elle fréquentera l’école islamique et publique et poursuivra la carrière de son choix. Nous aimerions qu’elle devienne un agent de santé publique pour qu’elle puisse prendre soin des patients et surtout des personnes qui souffrent d’anémie. »

La plupart des filles sont encore trop jeunes pour pouvoir imaginer ce qu’elles veulent faire plus tard, mais quand elles en parlent, l’enseignement et les soins infirmiers sont en tête de liste. Airesh, aux Philippines change d’idée sans arrêt, d’après ses parents : « Maintenant elle dit qu’elle veut être chanteuse quand

elle sera grande. Peut-être que l’année prochaine, elle voudra faire autre chose. Nous la soutiendrons dans son choix, quel qu’il soit. »

Les parents de Marjorie Mae aux Philippines disent : « Nous voulons qu’elle ait un meilleur avenir. Nous ne savons pas ce qu’elle voudrait faire quand elle sera grande; elle choisira ce qu’elle veut étudier au collège … mais bien sûr, cela dépendra de notre revenu à ce moment-là. Ceci ne s’applique pas qu’à Marjorie Mae, mais à tous nos enfants. Nous les soutiendrons autant que nous le pourrons. Nous ne voulons pas qu’ils vivent la même chose que nous quand nous étions jeunes, surtout ce que mon mari

a vécu. L’agriculture est un travail très dur et il ne veut pas que ses enfants deviennent fermiers. »

Quitter la maison

Pour réaliser ce genre d’aspirations, plusieurs parents prendront probablement des décisions qui permettront plus tard à leurs filles de déménager dans de plus grandes villes ou dans des villes avoisinantes pour poursuivre leurs études.

L’éducation au collège ou à l’université n’est pas largement accessible dans les villages dans lesquels les filles vivent, où même les écoles secondaires sont souvent très éloignées, surtout en l’absence de moyen de transport. Mais la situation change tranquillement dans certaines villes. Comme la mère de Nataly l’a mentionné : « Il y a plus d’opportunités maintenant, comme d’aller à l’université. Avant, ceci n’était réservé qu’aux personnes riches. Si l’on n’avait pas de famille dans la capitale, elle ne pouvait pas faire des études. Maintenant, il y a une université dans presque chacune des grandes villes en République dominicaine. »

Au Brésil, au moins la moitié des familles interviewées ont déjà des filles plus vieilles qui ont quitté la maison, la grande majorité pour accroître leurs perspectives scolaires ou professionnelles. La sœur de l’une des filles qui prend part à l’étude explique : « Je veux terminer l’école secondaire pour travailler et peut-être aller à l’université. Mais ici, il n’y en a pas. »

6. Conclusion : un bon avenir ?

« Chacune des mères espère et rêve que son enfant aura un bon avenir. Nous croisons les doigts pour que notre rêve pour Leah se réalise, si Dieu le veut. »

La mère de Leah, aux Philippines

Bien qu’il s’agisse d’une étude à petite échelle, en suivant les filles dans le temps dans le cadre de l’étude « Choix réels, vies réelles », nous commençons à pouvoir brosser un portrait de l’évolution de la vie des filles au fil des générations. Nous pouvons également observer comment et où les objectifs et investissements de la communauté internationale présentent des lacunes en ce qui concerne ces petites filles.

Notre recherche démontre qu’en plus d’avoir à trouver des ressources pour permettre à leurs filles de se préparer un meilleur avenir, plusieurs familles ont encore des difficultés à s’en sortir, et à survivre aux défis occasionnés par les dettes ou la maladie. Nous constatons également que les réseaux familiaux élargis, les voisins et les programmes des gouvernements peuvent offrir un appui dont les familles ont grand besoin.

Ce qui apparaît aussi très clairement, c’est que toutes les mères des filles croient que l’éducation est déterminante pour leur donner des opportunités qu’elles-mêmes n’ont jamais pu avoir. Et elles ont raison. Les études démontrent qu’avoir une mère instruite ne fait pas qu’améliorer leur propre santé et leurs chances d’emploi, mais aussi les chances que leurs enfants reçoivent aussi une éducation. Et l’exemple d’Emily, la mère de Mikaela, nous donne l’espoir que cela peut aussi mener à une plus grande égalité entre les maris et les femmes. Nous croyons qu’aller à l’école permettra à ces filles de briser le cycle de la pauvreté et de la discrimination pour leurs propres filles également.

Les parents réalisent aussi qu’accéder à l’école primaire n’est pas suffisant pour leurs filles. Ils savent que les filles doivent poursuivre leurs études le plus longtemps possible – et certainement assez longtemps pour savoir plus que lire et écrire. Elles ont besoin d’avoir une éducation de qualité à long terme qui puisse leur donner des compétences et la confiance pour tracer leur propre chemin dans le monde. Comme Julia, la grand-mère d’Ashlin, a dit : « Je veux qu’Ashlin se souvienne que j’ai pris soin d’elle et que je l’ai toujours aimée. Je veux qu’elle ait les avantages que je n’ai pas eus, qu’elle ait un métier et qu’elle atteigne une sécurité financière qui lui permettent de subvenir à ses besoins. »

Même si elles n’atteignent pas les sommets du monde professionnel que leurs parents souhaitent pour elles, au moins les filles pourront trouver de quoi gagner leur vie et de quoi sortir du cycle de la pauvreté en grandissant.

Elles auront besoin de sécurité financière, et des moyens pour payer les médicaments, les soins de santé et l’école pour leurs propres filles et fils.

Et ce qui apparaît aussi clairement, c’est que l’argent n’est qu’une partie de la solution. Les filles ont aussi besoin que les attitudes changent – les leurs et celles des autres – pour démontrer qu’elles ne sont plus des citoyennes de deuxième classe; qu’elles représentent une réelle valeur ajoutée et qu’elles ont des choix à faire dans la vie, qu’il s’agisse de choisir avec qui elles vont se marier, le nombre d’enfants qu’elles auront, de quelle façon elles vont contribuer au revenu de la famille, etc.

Ce que nous voyons dans la vie des familles que nous suivons est le reflet de la vie de millions d’autres personnes qui luttent pour nourrir, vêtir et donner une éducation à leurs enfants. Plusieurs choses s’améliorent pour cette génération de filles. Par exemple, les attitudes envers l’éducation des filles changent, ainsi plus de filles vont à l’école. Mais ceci ne sera pas toujours aussi positif, surtout lorsqu’elles atteindront l’adolescence, si elles quittent l’école à cause de la pauvreté, ou si leur éducation est de piètre qualité ou si elles ne peuvent pas trouver du travail quand elles seront grandes.

Les filles de la cohorte, et plusieurs milliers comme elles, ont besoin de l’appui de tous ceux qui sont responsables d’elles – leur famille, les communautés, les gouvernements et la communauté internationale. Ce ne sera qu’à ce moment-là que la promesse exprimée durant ces premières années se réalisera – et que les espoirs et les rêves des filles et de leurs parents deviendront réalité.

Leidjane et

sa mère, 2011

Marjorie et

sa famille, 2012

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Au sujet de Plan

Plan est l’une des plus anciennes et plus importantes organisations de développement à destination des enfants au monde. Nous travaillons dans 50 pays en développement (Afrique, Asie et Amérique Latine) dans le but de promouvoir les droits des enfants et de sortir des millions d’enfants de la pauvreté.

depuis 75 ans, nous intervenons et militons pour les droits de chaque enfant à s’épanouir pleinement :

• enpermettantauxenfantsdedébuterleurviedansdesconditionssûres,incluantl’accèsàde l’eau potable;

• enassurantuneéducationauxfillesetauxgarçons;• entravaillantaveclescommunautéspourseprépareretsurvivreauxcatastrophes;• enincitantlesenfantsàprendredesdécisionsquiconcernentleurvie;• enpermettantauxfamillesdegagnerunrevenuetdeprévoirl’avenirdeleursenfants.

dans le cadre des efforts à fournir pour ceux qui en ont le plus besoin, la campagne ‘Parce que je suis une fille’ de Plan veut améliorer les conditions de vie des filles et des jeunes femmes qui sont trop souvent ignorées, surtout lorsque la pauvreté oblige les familles à faire des choix difficiles. Le rapport « La situation des filles dans le monde » a été publié chaque année depuis 2007 dans le cadre de cette campagne.

« Espoirs et rêves » a été rédigé par Nikki van der gaagéditrice : sharon gouldsdirectrice de l’étude de la cohorte : feyi rodwayAnalyse : Charley Nussey et harri Lee, avec des données

additionnelles fournies par keshet Bachan et Lili harris.

SincèresremerciementsaupersonneldePlandanslesneufpaysoùlarecherchefondamentaleestmenée, et à toutes les familles y prenant part.

merci a pour le financement.

Parce que je suis une filleplan-international.org/girls

Conception et production : New internationalist Publications Ltd

des parties de cette publication peuvent être reproduites aux fins de recherche, de défense d’intérêts et d’éducation,

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à moins d’indication contraire, les valeurs en dollars sont exprimées en dollars américains.

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salvador Brenda Evelyn heydi Yaqueline tatiana vilma maria helen Eunice Ashlin darlin hilda melissa

Brésil Cintia Wemilly Leidjane rosane (m) kevyllen maria Amanda (m) ketily Eloiza marina (q) isadora kessia (m) Lorena sidcleia iasmine (q)

république dominicaine Elimar (q) dineiri (m) rosybel itriaga Nataly Anny Noelia rudilania Estefani Enely Lorianny Johanna Crismeili Charolyn Laura

Bénin Charnel Ange daki (m) Natacha Estelle Chantal marcelle deborah Judith huguette Albine Abigael Consolata

ouganda Christine Anna maria gloria Annet sumaya docus trassy (m) ruth sarah tereza Juliet mirabu tapenensi damali

Cambodge Chhea konthea davath sokhea Nika Cham sipha sophea (m) sreyman sophy sreytin Channy reaksa Chariya Naream

Philippines riza Edwina Jacel Leah girlie Airesh Jessa B marjorie mary Joy o mikaela doreen Lyca Bhea Jacky Jessa s (m)

Bien tristement, six filles sont décédées : Emilienne (Bénin) Chimene (Bénin) Yassminatou (togo) fridos id. (togo) resty (ouganda) mary Joy t. (Philippines)

Clé : m = a migré q = a quitté l’étude

enely et une amie, 2012

vietnamthi Ngocthi Anhthi Linhthi tra giangthi Bich diepthanh thao Lthan thao dthri trangthuy NganPhuong thuyLe kim Phungthanh tamthi my huyenthi thuy vanthi kim khanhNgoc huong

giangtuong vihoang Bao

Ngocthi thuongNu khanh

huyen

Togo richala djalilatou (m) salimata Adjara oumou mariyama soumeyatou Brenam Blandine fadilatou fridos is. faissatou Aridjatou Beretchissou gastine maninani massama-Esso maridiyatou razakatou Yasmine Walidatou hadidjatou hentou fatima (m) ihdaya (m)

Liste des pays des filles prenant part à l’étude « Choix réels, vies réelles »