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ÉTUDE DE LA DIFFÉRENCIATION DES HL60 EN CELLULES DE TYPE OSTÉOCLASTES ET RÔLE DES FACTEURS RHUMATOÏDES SUR LA RÉSORPTION OSSEUSE DES OSTÉOCLASTES Mémoire Murielle Patricia Nanfah Woda Maîtrise en microbiologie-immunologie Maître ès sciences (M.Sc.) Québec, Canada © Murielle Patricia Nanfah Woda, 2013

Etude de la différenciation des HL60 en cellules de type … · 2018-04-20 · Je remercie aussi Arpita Chakravarti et Daniel Rusu. Vous avez été mes ainés du laboratoire et m’avez

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ÉTUDE DE LA DIFFÉRENCIATION DES HL60 EN CELLULES DE TYPE OSTÉOCLASTES ET RÔLE DES

FACTEURS RHUMATOÏDES SUR LA RÉSORPTION OSSEUSE DES OSTÉOCLASTES

Mémoire

Murielle Patricia Nanfah Woda

Maîtrise en microbiologie-immunologie

Maître ès sciences (M.Sc.)

Québec, Canada

© Murielle Patricia Nanfah Woda, 2013

iii

RÉSUMÉ

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune qui touche

environ 1% de la population mondiale. Elle entraîne une inflammation

synoviale et une destruction de l’architecture articulaire. L’articulation

rhumatoïde est un milieu très inflammatoire qui est infiltré par des

cellules telles que les neutrophiles, les macrophages, les monocytes, les

lymphocytes B et T ; par des protéines telles que des cytokines, des

chimiokines, des molécules d’adhésion, par des complexes immuns, et

par des auto-anticorps comme les facteurs rhumatoïdes qui sont un

marqueur spécifique de la maladie et qui permettent d’établir un

pronostic sur son évolution. De plus, dans l’articulation rhumatoïde, il y

aura formation d’un pannus rhumatoïde avec érosion progressive du

cartilage et de l’os. Les ostéoclastes sont les cellules principalement

impliquées dans cette érosion osseuse. Afin d’effectuer des études in

vitro, les ostéoclastes sont généralement obtenus à partir de monocytes

isolés de sang humain, ce qui rend leur étude complexe car les variations

sont très grandes d’un donneur de sang à l’autre. Nous avons utilisé la

lignée cellulaire d’origine myéloïde HL60 pour obtenir des ostéoclastes et

avons caractérisé ces cellules HL60 « osteoclast-like » dans tous les

aspects de leur fonction et de leur activation. Nous avons aussi montré

que les facteurs rhumatoïdes pouvaient agir directement sur les

ostéoclastes pendant leur différenciation et pendant la résorption

osseuse. Cette étude nous a permis d’amorcer la compréhension du rôle

possible des facteurs rhumatoïdes sur la résorption osseuse dans la

polyarthrite rhumatoïde.

v

AVANT-PROPOS

Tout d’abord, je voudrais remercier Dr Patrice Poubelle qui a

accepté de me prendre dans son équipe alors que je venais de très loin,

de mon pays le Cameroun. Vous avez fait preuve d’une très grande

patience à mon égard et m’avez toujours aidé dans toutes les étapes de

ma formation. Vous êtes un excellent pédagogue et vous m’avez mis le

pied à l’étrier en ce qui concerne le monde de la recherche; avec vous j’ai

appris à aimer cela. C’est un honneur d’avoir pu travailler avec vous,

d’avoir pu apprendre toutes ces belles choses.

Je voudrais remercier aussi Dr Isabelle Allaeys, qui m’a quasiment

tout appris dans le laboratoire : tu as été avec moi à toutes les étapes de

mon apprentissage et c’est avec toi que j’ai travaillé sur mon projet de

recherche. Tu m’as appris à travailler avec méthode et organisation et je

garderai toujours cela avec moi.

Je remercie aussi Arpita Chakravarti et Daniel Rusu. Vous avez été

mes ainés du laboratoire et m’avez appris tellement de choses. J’ai

toujours pu compter sur vous à tout moment au cours de l’évolution de

mon projet. Je vous remercie pour les bons moments passés au

laboratoire et même en dehors.

J’ai aussi eu l’occasion de cotoyer dans l’équipe Martha et Simon.

Merci pour tous les moments passés ensemble dans le laboratoire.

Je voudrais aussi remercier tous mes collègues et amis des autres

équipes de l’unité de recherche. Merci pour les discussions que nous

avons eu ensemble, merci pour les moments de rire au cours de ces

années. Merci à Emmanuelle Rollet-Labelle, Louis Marois, Jean-Michel

Levesque, Sophie Proulx, Fehtia Ben Yebdri, Marie-thérèse Bawolak,

Geremy Kumbadinga, et à tous ceux dont je n’ai pas pu citer le nom.

vi

Merci à l’équipe enseignante qui m’a encadré et guidé pendant toutes les

années de ma formation : Caroline Gilbert, Sylvain Bourgoin, Jean

Sévigny, Fawzi Aoudjit, et tous ceux ceux que je n’ai pas pu citer.

Je voudrais aussi remercier toutes les personnes ressources du

CRRI, qui sont d’un soutien remarquable dans toutes les différentes

tâches du laboratoire.

Je voudrais dédicacer ce document à ma fille Annaëlle Kémila et à

mon époux Fabrice. Vous êtes le centre de ma vie, et c’est avec votre

soutient et votre amour que j’ai pu mener à bien mes travaux et terminer

ce document.

À mes parents, mes frères et soeurs vous m’avez toujours soutenu

dans tout ce que j’ai entrepris et j’ai toujours pu compter sur votre aide

inconditionnelle. Je vous remercie d’être tout simplement là.

À mes amis, je ne peux tous vous citer ici, car vous êtes nombreux,

je sais que vous pensez à moi et moi je pense très fort à chacun de vous.

Sachez que j’ai apprécié chaque moment passé ensemble, chaque

discussion, chaque marque de soutient et d’encouragement. Merci pour

votre présence.

Seigneur Dieu, à Toi soit la gloire, l’honneur et la puissance. Tu m’as

donné la force de mener à bien ces travaux et de terminer ce document,

je te rends grâce pour tes bienfaits.

vii

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ....................................................................................................................................... iii

AVANT-PROPOS .......................................................................................................................... v

LISTE DES FIGURES ................................................................................................................ x

LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................... xii

LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................. xiii

I. INTRODUCTION ................................................................................................................. 1

1.1. LE TISSU OSSEUX .................................................................................................... 1

1.1.1. Définition .............................................................................................................. 1

1.1.2. Le remodelage osseux....................................................................................... 1

1.2. LES OSTÉOCLASTES ............................................................................................... 5

1.2.1. Origine ................................................................................................................... 5

1.2.2. Fonction ................................................................................................................ 7

1.2.3. Mécanismes moléculaires de l’activation des ostéoclastes .................. 8

1.3. LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE ................................................................... 11

1.3.1. Qu’est ce que la polyarthrite rhumatoïde? .............................................. 11

1.3.2. La physiologie de la polyarthrite rhumatoïde ......................................... 16

1.4. LES CELLULES HL60 ............................................................................................ 38

1.5. BUTS DE L’ÉTUDE ................................................................................................. 40

II. DÉTERMINATION DES CONDITIONS OPTIMALES DE DIFFÉRENCIATION

DES HL60 ET CARACTÉRISATIONS DES CELLULES HL60 DIFFÉRENCIÉES. 42

2.1. INTRODUCTION ....................................................................................................... 42

2.2. MATÉRIELS ET METHODES ............................................................................... 43

2.2.1. Réactifs ................................................................................................................ 43

2.2.2. Différenciation des cellules ........................................................................... 44

2.2.3. Isolement des monocytes et différenciation en ostéoclastes ............. 45

2.2.4. Immunobuvardages ........................................................................................ 46

2.2.5. Analyses par RT-PCR ..................................................................................... 48

2.2.6. Immunohistochimie ........................................................................................ 49

viii

2.2.7. Coloration TRAP ............................................................................................... 51

2.3. RÉSULTATS ............................................................................................................... 51

2.3.1. Caractéristiques morphologiques des cellules ....................................... 52

2.3.2. Présence des anneaux d’actine ................................................................... 54

2.3.3. Activité enzymatique TRAP ........................................................................... 55

2.3.4. Expression de RANK ....................................................................................... 57

2.3.5. Expression de NFATc ...................................................................................... 59

2.3.6. Expression des récepteurs de calcitonine ............................................... 61

2.3.7. Expression de MMP9 ...................................................................................... 62

2.3.8. Expression de cathepsine K ......................................................................... 63

2.3.9. Expression de DAP-12 ................................................................................... 64

2.3.10. Expression de TREM2 ................................................................................ 66

2.3.11. Expression d’OSCAR .................................................................................. 68

2.3.12. Expression de SIRP1 ................................................................................ 69

2.3.13. Expression de PIR-A ................................................................................... 70

2.3.14. Expression de CD64 ................................................................................... 71

2.4. DISCUSSION ............................................................................................................. 72

III. ACTION DES FACTEURS RHUMATOÏDES SUR LES OSTÉOCLASTES ET

LA RÉSORPTION OSSEUSE ................................................................................................ 75

3.1. INTRODUCTION ....................................................................................................... 75

3.2. MATÉRIELS ET MÉTHODES ............................................................................... 76

3.2.1. Réactifs ................................................................................................................ 76

3.2.2. Isolement des monocytes : ............................................................................ 77

3.2.3. Résorption osseuse ......................................................................................... 77

3.2.4. Coloration TRAP ............................................................................................... 78

3.3. RÉSULTATS ............................................................................................................... 79

3.3.1. Action des facteurs rhumatoïdes sur les ostéoclastes ......................... 79

3.3.2. Action des facteurs rhumatoïdes sur la résorption par les

ostéoclastes........................................................................................................................ 81

3.3.3. Activation des cellules HL60 différenciées par les facteurs

rhumatoïdes ...................................................................................................................... 83

3.4. DISCUSSION ............................................................................................................. 85

ix

IV. CONCLUSION ET PERSPECTIVES ........................................................................ 89

V. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................... 91

x

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Homéostasie de la structure osseuse [4] ....................................................... 4

Figure 2 : Représentation schématique de la différenciation et la fonction des

ostéoclastes en coopération avec les ostéoblastes [5]. ................................................... 6

Figure 3 : Intégration des voies RANK et ITAM par les protéines kinases Btk et

Tec [15] ........................................................................................................................................ 10

Figure 4 : Effet de la polyarthrite rhumatoïde sur les mains : radiographie des

déformations d’une main rhumatoïde [25]. .................................................................... 12

Figure 5 : Représentation globale de la pathogenèse de la PAR [39] ...................... 19

Figure 6: Citrullination des protéines [35] ...................................................................... 20

Figure 7: Modèle explicatif de l’étiologie de la PAR positive aux ACPA [38] ......... 21

Figure 8: Comparaison de l’articulation normale et l’articulation rhumatoïde

[25] ................................................................................................................................................ 23

Figure 9: Voies de signalisation des cytokines impliquées dans la polyarthrite

rhumatoïde [40]: ...................................................................................................................... 29

Figure 10 : Quelques orientations actuelles sur la pathogenèse de la PAR [65]. 30

Figure 11: Caractéristiques morphologiques des cellules HL60 différenciées

(microscopie optique 400X) .................................................................................................. 53

Figure 12: Caractéristiques morphologiques des cellules HL60 différenciées

(microscopie à fluorescence 400X) : .................................................................................. 53

Figure 13: Présence des anneaux d’actine (microscopie à fluorescence 600X)... 55

Figure 14: Expression de l’activité enzymatique TRAP (microscopie optique

200X) ........................................................................................................................................... 56

Figure 15: Expression de RANK dans les cellules HL60 différenciées ................... 58

Figure 16: Expression de NFATc ........................................................................................ 60

Figure 17: Expression des récepteurs de calcitonine .................................................. 61

Figure 18: Expression de MMP9 ......................................................................................... 62

Figure 19: Expression de cathepsine K ............................................................................ 63

xi

Figure 20: Expression de DAP-12 ...................................................................................... 65

Figure 21: Expression de TREM2 ....................................................................................... 67

Figure 22: Expression d’OSCAR ......................................................................................... 68

Figure 23: Expression de SIRP1 ....................................................................................... 69

Figure 24: Expression de PIR-A .......................................................................................... 70

Figure 25: Expression du récepteur CD64...................................................................... 71

Figure 26: Effets du facteur rhumatoïde IgM sur la différenciation des

ostéoclastes (microscopie optique 200X) ......................................................................... 80

Figure 27: Effet des facteurs rhumatoïdes sur la résorption osseuse des

ostéoclastes ............................................................................................................................... 82

Figure 28: Phosphorylation des tyrosines dans les HL60 différenciées. ............... 84

Figure 29: Protéines adaptatrices associées à leurs récepteurs

transmembranaires pour initier la transduction du signal [136]. .......................... 88

xii

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Différents gènes possiblement impliqués dans la PAR et leur rôle

dans la pathogenèse de la maladie [32]. .......................................................................... 16

Tableau 2: Critères de classification de l’arthrite rhumatoïde, classification de

1987 par le collège américain de rhumatologie [77]. ................................................... 34

Tableau 3: Tableau de classification des critères diagnostics de l’arthrite

rhumatoïde établis en 2010 par le collège américain de rhumatologie et la ligue

européenne contre le rhumatisme [79]. ........................................................................... 35

xiii

LISTE DES ABRÉVIATIONS

7AAD: 7-amino actinomycine D

ADN : Acide Désoxyribonucléique

ACPA : Anti-citrullinated protein antibodies

AP-1 : Activator protein 1

CIA : Collagen type II-induced arthritis

CFU/GM : Colony Forming Unit/Granulocyte-Macrophage

1, 25(OH) 2D3 : Dihydroxyvitamine D3

DMARDs : Disease Modifying Anti-Rheumatic Drugs

DAPI: 4’6-diamidino-2 phenylindole

DAP-12 : DNAX activating protein 12

ECL : Enhanced Chemiluminescence

FBS : Fœtal Bovine Serum

FR : Facteurs rhumatoïdes

FCR : Récepteur du fragment Fc des immunoglobulines G

GM-CSF : Granulocyte/Macropage-Colony Stimulating Factor

GAPDH : Glyceraldehyde 3-phosphate déhydrogénase

HEPES : Acide N-2-hydroxy-ethylpiperazine-N'-2-ethanesulfonique

ITAM : Immunoreceptor tyrosine-based activation motif

IFN : Interféron

xiv

IL : Interleukine

MTX : Méthotrexate

MHC : Major Histocompatibility Complex

MMPs : Métalloprotéinases

M-CSF : Macrophage Colony Stimulating Factor

NFATc1 : Nuclear factor of activated T cell 1

F : Nuclear Factor B

OPG : Ostéoprotégérine

OA : Ostéoarthrite

OSCAR : Osteoclasts associated receptor

PAR : Polyarthrite rhumatoïde

PMA : Phorbol 12-myristate 13-acetate

PADs : Peptidylarginine déiminases

PTPN22 : Protein Tyrosine Phosphatase Nonreceptor 22

PFA : Paraformaldehyde

PIR-A : Paired Immunolike Receptor A

PTH : Parathormone

PVDF : Polyfluorure de vinylidène

RANK : Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B

RANKL : Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B Ligand

ROS : Reactive Oxygen Species

xv

RT-PCR : Reverse Transcriptase-Polymerase Chain Reaction

SIRP : Signal regulatory protein

TGF : Transforming growth factor

TNF : Tumor Necrosis Factor

TRAF6 : TNF receptor associated factor 6

TREM2 : Triggering receptor expressed on myeloid cells 2

TRAP : Tartrate Resistant Acid Phosphatase

TCR : T Cell Receptor

Th : T helper

TReg : T Régulatrice

1

I. INTRODUCTION

1.1. LE TISSU OSSEUX

1.1.1. Définition

L’os est un tissu conjonctif qui assure plusieurs fonctions

essentielles en dehors de la croissance :

il est responsable du maintien de l’homéostasie du calcium sérique

c’est le support mécanique des tissus mous et le site d’attachement

des muscles pour la locomotion

c’est le site majeur de l’hématopoïèse chez l’adulte

Le tissu osseux est composé de cellules et de matrice extracellulaire.

Les quatre types de cellules présents sont: les ostéoclastes responsables

de la résorption osseuse, les ostéoblastes responsables de la formation

osseuse, les cellules bordantes (ostéoblastes au repos) et les ostéocytes

(ostéoblastes différenciés). La matrice extracellulaire est composée de

phosphate de calcium qui forme les cristaux d’hydroxyapatite et de

constituants organiques tels que le collagène.

L’os possède des propriétés mécaniques étonnantes telles que rigidité,

résistance et légèreté qui sont dues à une réorganisation permanente de

la matière osseuse en réponse à des stimuli mécaniques et chimiques [1].

1.1.2. Le remodelage osseux

Le tissu osseux est un tissu vivant en constant renouvellement;

cela constitue le remodelage osseux. Ce remodelage permanent est un

2

équilibre entre d’une part la résorption et d’autre part de formation de

tissu osseux (figure 1). Ostéoclastes et ostéoblastes collaborent

étroitement dans ce processus, et constituent ce qu’on appelle l’unité de

remodelage osseux qui a une durée de vie moyenne de 200 jours. Le

remodelage osseux est constitué de trois principales phases d’inégales

longueurs, la phase de résorption qui dure environ 2 semaines, la phase

d’inversion d’environ 4 à 5 semaines, et enfin la formation qui se

poursuit pendant environ 4 mois jusqu’à ce que la nouvelle structure

osseuse soit complètement formée [2]. La résorption commence par la

migration des précurseurs ostéoclastiques à la surface de la matrice

osseuse, où ils deviendront des ostéoclastes capables de dissoudre les

cristaux d’hydroxyapatite. Ensuite survient la phase d’inversion au cours

de laquelle des cellules mononuclées de type macrophages vont

remplacer les ostéoclastes à la surface de la matrice osseuse. Ces cellules

préparent la surface pour que les ostéoblastes commencent leur travail

de formation et fournissent aussi les signaux pour la différenciation et la

migration des ostéoblastes [2]. Après cela, les ostéoblastes sont en place

et commencent la formation du nouveau tissu osseux. Lorsque cette

étape est terminée, la surface osseuse est recouverte par les cellules

bordantes qui sont des ostéoblastes au repos. À la fin de chaque cycle,

les ostéoclastes sécrètent un substrat qui sert à l’attachement des

ostéoblastes. Une période de repos commence ainsi jusqu'au début du

prochain cycle de remodelage. Durant la résorption, les ostéoclastes

libèrent certains facteurs qui permettront de réguler leur activité soit en

inhibant la fonction des ostéoclastes soit en stimulant l’activité des

ostéoblastes [3].

Le remodelage osseux est régulé à plusieurs niveaux : une

régulation systémique par des facteurs tels que l’hormone parathyroïde,

les glucocorticoïdes; une régulation locale qui passe par la régulation de

la voie de signalisation RANK/RANKL/OPG ( Receptor Activator of Nuclear

3

Factor Kappa B , récepteur activateur du facteur nucléaire Kappa B, son

ligand et Ostéoprotégérine, leurre de RANKL) et fait intervenir aussi des

facteurs de croissance tels que le TGF ( Transforming growth factor ,

facteur de transformation de croissance ), des cytokines telles que le

TNF (Tumor Necrosis Factor , facteur nécrosant des tumeurs), l’IL-10

(Interleukine 10) et des prostaglandines. Des anomalies dans le

remodelage osseux peuvent être observées dans certaines pathologies

telles que l’ostéoporose et la polyarthrite rhumatoïde.

4

Figure 1 : Homéostasie de la structure osseuse [4]

A l’intérieur du tissu osseux, ostéoblastes et ostéoclastes jouent leurs rôles respectifs de

formation et destruction. Les ostéoclastes commencent par dégrader l’os, ensuite les

puits de résorption sont remplis par la nouvelle matrice osseuse synthétisée par les

ostéoblastes. Cette matrice sera par la suite minéralisée.

5

1.2. LES OSTÉOCLASTES

Les ostéoclastes sont de grosses cellules hématopoïétiques, multi-

nucléées d’environ 50 à 100 m de diamètre. Ces cellules ont la capacité

de détruire une matrice osseuse et ont une durée de vie moyenne de 15

jours; elles mourront ensuite par apoptose. Les ostéoblastes, quand à

eux, sont responsables de la formation du tissu osseux. La

différenciation et la fonction des ostéoclastes sont étroitement liées aux

ostéoblastes [5], un contact cellule-cellule est nécessaire et nécessite

l’implication de cytokines telles que M-CSF (Macrophage-Colony

Stimulating Factor, facteur stimulant les macrophages) et RANKL

(Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B Ligand, ligand du récepteur

activateur du facteur nucléaire Kappa B) [6].

1.2.1. Origine

Les précurseurs des ostéoclastes sont les cellules souches

hématopoïétiques de la lignée des monocytes/macrophages (CFU/GM)

(Colony Forming Unit/Granulocyte-Macrophage, unité de formation des

colonies de granulocytes et macrophages). Des expériences utilisant le

système de coculture ont clairement établi le concept selon lequel les

ostéoblastes sont impliqués dans le processus de différentiation des

ostéoclastes [5, 7]. Les ostéoclastes sont obtenus après la fusion de

progéniteurs mononucléaires. Ces précurseurs ostéoclastiques expriment

à leur surface RANK, un membre des récepteurs de la famille du TNF qui

reconnaitra son ligand RANKL lorsqu’ils entrent en contact avec les

ostéoblastes, car les ostoblastes sont les cellules qui expriment RANKL

dans le tissu osseux. Une fois le contact effectué, ces précurseurs vont se

transformer en préostéoclastes sous l’action du M-CSF et du RANKL,

puis survient la fusion des préostéoclastes, leur activation et maturation

en ostéoclastes, comme le montre la figure 2. L’expression de RANKL par

les ostéoblastes est régulée par des facteurs tels que la 1,

6

dihydroxyvitamine D3 (1, 25(OH) 2D3) ou calcitriol, la PTH

(Parathormone) et l’IL-11. L’interaction RANK-RANKL est régulée par un

autre récepteur appelé OPG qui est le récepteur leurre de RANKL. L’OPG,

en se liant à RANKL, empêche la liaison de son récepteur et permet ainsi

d’empêcher l’activation et la maturation des ostéoclastes.

Figure 2 : Représentation schématique de la différenciation et la

fonction des ostéoclastes en coopération avec les ostéoblastes [5].

7

1.2.2. Fonction

Les ostéoclastes sont des cellules ostéorésorbantes très mobiles,

capables de se déplacer à travers les travées osseuses d’un site de

résorption à un autre. La résorption est un processus très important

dans la biologie osseuse. Elle est indispensable à la croissance osseuse, à

la poussée dentaire, à la guérison des fractures, et au maintien du taux

de calcium dans le sang [8]. Une fois que l’ostéoclaste a atteint la surface

osseuse, deux évènements surviennent : l’activation suivie de l’adhésion.

Lorsqu’il est activé, l’ostéoclaste se polarise fortement; l’un des pôles

entre en contact avec la surface osseuse et y adhère fortement. L’un des

mécanismes d’adhésion identifiés fait intervenir l’intrégrine V3 [9]. Elle

est très exprimée dans les ostéoclastes, que ce soit à la membrane

cytoplasmique ou à l’intérieur de certaines vacuoles. L’intégrine V3 joue

un rôle dans la forte adhésion, la migration des ostéoclastes et

l’endocytose des produits de la résorption. L’intégrine V3 joue aussi un

autre rôle non moins important dans la résorption osseuse ; en effet, elle

transmet un signal qui en fin de compte va être à l’origine de la

réorganisation du cytosquelette à l’un des pôles de la cellule,

particulièrement celui en contact avec la matrice osseuse [10]. Cette

réorganisation est à l’origine de la formation de la bordure en brosse qui

va être entourée d’une zone de scellage riche en micro-filaments d’actine.

À ce niveau, l’ostéoclaste met en place des structures d’attachement

appelées podosomes [11, 12]. L’actine se réorganise pour prendre la

forme spécifique d’un anneau et une fois l’adhésion faite, il se forme une

zone de scellage appelée lacune de Howship où aura lieu la résorption

proprement dite. À travers la bordure en brosse, l’ostéoclaste secrète des

ions H+ qui, créant un environnement acide vont permettre de dissoudre

la matrice osseuse [13]. La sécrétion des protons H+ est un processus

actif qui requiert de l’ATP. De plus, les ostéoclastes produisent des

protéases - la cathepsine K étant la plus importante - qui participent

8

elles aussi à la dégradation de la matrice osseuse [8, 14]. Outre la

cathepsine K, les métalloprotéinases (MMP) -plus précisément la MMP9-

participent elles aussi à la dégradation de la matrice osseuse. Une fois la

résorption terminée, il y a élimination des produits de dégradation de la

matrice osseuse et enfin soit apoptose des ostéoclastes soit leur retour à

l’état de repos.

1.2.3. Mécanismes moléculaires de l’activation des

ostéoclastes

L’activation des ostéoclastes passe par deux voies de signalisation

distinctes et complémentaires (figure 3). La voie principale passe par la

triade RANK/RANKL/OPG et la seconde voie est la voie de costimulation

qui fait intervenir des récepteurs à domaine ITAM (Immunoreceptor

tyrosine-based activation motif). La liaison de RANKL à son récepteur

RANK permet le recrutement de TRAF6 (TNF receptor associated factor 6,

facteur 6 associé au récepteur du TNF) qui active NFB, facteur de

transcription clé de la différenciation et de l’activation ostéoclastiques,

les MAP kinases JNK et Erk, de même que les protéines kinases Btk et

Tec. Cette liaison permet aussi le recrutement de cFos, étape préliminaire

à l’activation du complexe AP-1 [15, 16]. Les facteurs de transcription

NFB (Nuclear Factor B, facteur nucléaire B) et AP-1 (Activator protein

1, protéine activatrice 1) vont permettre, en partie, l’activation du facteur

de transcription NFATc1 (Nuclear factor of activated Tcell 1, facteur

nucléaire 1 de l’activation des cellules T) qui est le régulateur le plus

important de la différenciation des ostéoclastes [17]. La voie de

costimulation passe par les récepteurs OSCAR (Osteoclasts associated

receptor, récepteur associé aux ostéoclastes), PIR-A (Paired Immunolike

Receptor A, récepteur A couplé de type immunologique), TREM2

(Triggering receptor expressed on myeloid cells 2, récepteur déclencheur

exprimé sur les cellules myéloïdes 2) et SIRP1 (Signal regulatory protein

9

, protéine régulatrice du signal 1). Ces récepteurs sont associés à des

molécules adaptatrices : DAP-12 (DNAX activating protein 12, protéine

activatrice d’ADNX) et FCR (récepteur du fragment Fc des

immunoglobulines G). Les récepteurs et leurs molécules adaptatrices

vont envoyer un signal grâce à la phosphorylation des motifs ITAM, ce

qui recrute la tyrosine kinase Syk [18, 19]. Les ligands pour les

récepteurs de la voie de costimulation ne sont pas encore connus à ce

jour. En plus de ces deux voies de signalisation, NFATc1 est

constamment activé par la calcineurine, une phosphatase calcium-

dépendante. NFATc1 régule l’expression de nombreux gènes spécifiques

des ostéoclastes tels que ceux qui codent pour la cathepsine K, l’isoforme

5b de la phosphatase acide résistante au tartrate (TRAP) et les récepteurs

de calcitonine.

10

Figure 3 : Intégration des voies RANK et ITAM par les protéines

kinases Btk et Tec [15]

11

1.3. LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE

1.3.1. Qu’est ce que la polyarthrite rhumatoïde?

1.3.1.1. Définition

Les arthrites constituent toutes les formes d’inflammation aiguës

ou chroniques qui affectent les articulations sans cause reconnue. La

classification des maladies rhumatismales peut être difficile à cause de la

diversité des manifestations cliniques, on en distingue une centaine.

Parmi celles-ci, l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde (PAR) sont les

plus fréquentes. L’arthrose est une maladie dégénérative qui affecte le

cartilage articulaire et l’os sous-chondral. On estime qu’elle touche à peu

près 40% des personnes âgées de plus de 75 ans, ce qui en fait la

maladie articulaire à la plus forte prévalence [20, 21].

La PAR est une maladie auto-immune qui entraîne une

inflammation synoviale et une destruction de l’architecture articulaire. Le

système immunitaire attaque les tissus synoviaux qui revêtent les

articulations et parfois même d’autres organes tels que les yeux, le

poumon ou le cœur. La PAR commence généralement lentement à partir

de quelques articulations, puis elle va se propager progressivement à

d’autres articulations. Elle est la seule arthrite qui attaque les

articulations de façon symétrique. La PAR est l’une des maladies

articulaires les plus sévères, mais aussi la maladie auto-immune

systémique la plus courante. Elle affecte approximativement 1% de la

population adulte mondiale [22].

1.3.1.2. Les manifestations cliniques de la polyarthrite

rhumatoïde

La PAR est la forme d’arthropathie la plus commune ; elle a un

impact important sur la société en terme de coût et de perte de

productivité dûs aux incapacités qu’elle provoque. Les symptômes

12

prédominants sont la douleur, l’inflammation et la raideur matinale des

petites articulations (mains, poignets, pieds) [23]. La symétrie des

articulations touchées est une caractéristique de la PAR. Une

radiographie des articulations effectuée dans les premières années de la

maladie montrera une érosion évidente des os chez la plupart des

patients (plus de 70% des patients dans les deux premières années [23,

24]). Cette érosion entrainera progressivement après de nombreuses

années la déformation des articulations et les deux sont irréversibles [24]

(figure 4).

La PAR ne présente pas seulement des manifestations articulaires,

mais aussi des atteintes systémiques telles que les maladies des voies

respiratoires et les maladies cardiovasculaires.

Les manifestations et l’évolution cliniques de la maladie sont

extrêmement variables, mais dans tous les cas un traitement doit être

administré pour contrôler la maladie et éviter les handicaps qu’elle peut

entraîner [23].

Figure 4 : Effet de la polyarthrite rhumatoïde sur les mains :

radiographie des déformations d’une main rhumatoïde [25].

13

1.3.1.3. Facteurs de risque

Les causes d’apparition de la PAR ne sont pas parfaitement

déterminées. En plus des facteurs psychologiques, environnementaux et

hormonaux, des facteurs génétiques peuvent être incriminés.

Les facteurs génétiques ont une influence importante sur la

détermination de la susceptibilité à développer une PAR. Ainsi, des

études ont démontré que 60% des prédispositions d’une population à la

PAR peut être expliquée par des facteurs génétiques [23]. Peu d’études

ont été réalisées dans ce domaine, mais un risque familial a tout de

même été identifié [23, 26, 27]. Les molécules HLA de classe II sont les

facteurs génétiques les plus importants [28], soit environ 30% du facteur

génétique de la maladie [28, 29]. Les allèles HLA-DRB1 sont ceux

impliqués en particulier. Ils constituent la théorie de l’épitope partagé qui

stipule que ces allèles sont étroitement liés à la susceptibilité et à la

sévérité de la maladie. Ainsi, les individus homozygotes pour l’épitope

partagé auront un risque plus élevé de développement de l’arthrite avec

une destruction osseuse plus sévère que les individus hétérozygotes [26,

29, 30]. Les allèles HLA seraient, en fait, liés plus précisément à la

présence d’anticorps dirigés contre la fraction Fc des IgG ou contre les

peptides citrullinés, ce qui confère une plus grande sévérité aux arthrites

séropositives pour ces anticorps par rapport aux arthrites séronégatives

[27]. Les allèles HLA-DRB1 agissent aussi en déclenchant le TCR, ceci en

lui présentant l’épitope partagé.

Les gènes associés au MHC (Major histocompatibility complex,

complexe majeur d’histocompatibilité) ne sont pas les seuls impliqués

dans la PAR, d’autres gènes le sont aussi. Le gène à la plus forte

association à la maladie retrouvée est le gène PTPN22 (Protein Tyrosine

Phosphatase Nonreceptor 22) qui code pour une tyrosine phosphatase qui

exerce un rétrocontrôle négatif sur la signalisation du récepteur pour les

14

cellules T [27]. Le mécanisme de cette régulation n’implique pas les

cellules T périphériques directement mais il s’agit plutôt d’un défaut de

signalisation dans la sélection des cellules T au niveau du thymus ; il en

résulte une production de cellules T auto-réactives.

Outre les facteurs génétiques, des facteurs environnementaux sont

impliqués dans les prédispositions à la PAR. Parmi ceux-ci nous pouvons

citer le tabagisme, la consommation de caféine, l’obésité, de même que le

facteur hormonal [31].

Les gènes impliqués dans le développement de la maladie sont

connus, mais les mécanismes moléculaires eux restent encore assez peu

connus [29]. Le tableau 1 résume ces différents gènes et leurs rôles dans

la pathogenèse. Tous les facteurs cités plus haut concourent au

déclenchement de la maladie, à son évolution, de même qu’à la sévérité

des symptômes.

15

Candidate Gene and pathway .

SNP Locus Function relevant to pathogenesis

T-Cell Activation

HLA-DRB1† 6p21 HLA DRB1 allele (also known as the shared epitope) involved in MHC molecule–based antigen presentation and responsible for self-peptide selection and T-cell repertoire; first discovered and still by far the strongest genetic link to rheumatoid arthritis

PTPN22 1p13.2 Lymphocyte-specific nonreceptor tyrosine phosphatase involved in regulation of activation threshold of lymphocytes; second genetic link described in rheumatoid arthritis

AFF3 2q11.2 Transcription factor for lymphoid development

CD28 2q33.2 Costimulatory molecule for T-cell activation

CD40 20q13.12 Costimulatory molecule that enhances interactions between T and B cells and increases autoantibody Production

CTLA4 2q33.2 Costimulation suppressor that regulates interactions between T cells and antigen-presenting cells

IL2RA 10p15.1 High-affinity receptor for interleukin-2 on lymphocyte subsets

IL2 4q27 Cytokine that regulates activation of T cells, particularly regulatory T cells

IL21 4q27 Cytokine that regulates differentiation of T cells, particularly Th17, and activation of B cells

PRKCQ 10p15.1 Member of the protein kinase C family that regulates T-cell and macrophage activation

STAT4 2q32.3 Transducer of cytokine signals that regulate proliferation, survival, and differentiation of lymphocytes

TAGAP 6q25.3 Rho-GTPase enzyme involved in T-cell activation

NF-κB pathway

REL 2p16.1 Proto-oncogene member of the NF-κB family that regulates leukocyte activation and survival

TNFAIP3 6q23.3 Signaling protein and negative regulator of TNF-α–induced NF-κB activation

TRAF1 9q33.1 Regulator of TNF-α–receptor superfamily signaling (e.g., to NF-κB and JNK)

Other pathway

BLK 8p23.1 B-lymphoid tyrosine kinase involved in B-cell receptor signaling and B-cell development

16

CCL21 9q13.3 Chemokine implicated in germinal-center formation

FCGR2A 1q23.2 Low-affinity IgG Fc receptor that regulates macrophage and neutrophil activation and immune-complex clearance

PAD14 1p36.2 Enzyme that converts arginine to citrulline, creating autoantigens in rheumatoid arthritis

PRDM1 6q21 Protein that acts as a repressor of β-interferon gene expression

TNFRSF14 1p36.32 TNF-α–receptor superfamily member with proinflammatory activity

GTPase denotes guanosine triphosphatase, JNK Jun N-terminal kinase, MHC major

histocompatibility complex, NF-κB nuclear factor κB, Th17 type 17 helper T cells, and

TNF-α tumor necrosis factor α.

† Different HLA-DRB1 alleles, not only the shared epitope, are associated with

rheumatoid arthritis and with distinct immune responsesto citrullinated antigens. In

addition, HLA-DP and HLA-DQ loci (outside the HLA-DRB1 region) have been associated

with rheumatoid arthritis.

SNP : Single Nucleotid Protein

Tableau 1: Différents gènes possiblement impliqués dans la PAR et

leur rôle dans la pathogenèse de la maladie [32].

1.3.2. La physiologie de la polyarthrite rhumatoïde

1.3.2.1. La pathogenèse

La PAR est une maladie dont les causes restent encore inconnues à

ce jour, une combinaison de plusieurs facteurs permet le déclenchement

et le développement de la maladie au fil des mois. Elle peut être

caractérisée par 3 phases distinctes mais interdépendantes et activées

simultanément [33] (figure 5). La phase initiale est asymptomatique et

est caractérisée par le déclenchement de l’auto-immunité. Ensuite

suivront deux phases symptomatiques caractérisées par l’atteinte

17

articulaire, respectivement la phase intermédiaire et la phase de

destruction terminale. Ces deux phases se distinguent par leurs sévérités

et amplitudes [34].

Les facteurs génétiques jouent un rôle très important dans la

pathogenèse de la maladie surtout dans la phase initiale. Le facteur

génétique majeur est l’épitope partagé exprimant les allèles HLA-DRB1

qui agit dans le déclenchement du TCR [27], il en résulte la transmission

d’un signal inhabituel aux cellules T. Ce signal conduit à la production

de cellules T auto-réactives qui vont être activées et différenciées en Th1

et Th17 [35]. Le TCR (T Cell Receptor, récepteur pour les cellules T) ici

reconnait certains peptides spécifiques du soi. Cette reconnaissance

conduira à la production par les lymphocytes B d’auto-anticorps dont les

plus fréquemment retrouvés chez les patients sont les anticorps contre

les protéines cycliques citrullinées (ACPA : Anti-citrullinated protein

antibodies, anticorps anti protéines citullinées) et les anticorps contre les

IgG encore appelés facteurs rhumatoïdes (FR). Les anticorps de moindre

importance qui sont les anticorps contre la kératine ou contre la filagrine

sont également retrouvés dans la maladie [36]. Les auto-anticorps ne

sont pas toujours retrouvés chez les personnes atteintes de PAR mais

leur présence est de mauvais pronostic pour le malade et sont de nos

jours utilisés à des fins de diagnostic ; c’est le cas particulièrement des

FRs. La citrullination des protéines est une modification post-

translationnelle dans laquelle les résidus peptidyl-arginine sont convertis

en peptidyl-citrulline sous l’action des peptidylarginine déiminases (PAD)

[35, 37] (figure 6). Les protéines citrullinées sont retrouvées au niveau de

plusieurs sites inflammatoires. À la suite d’un trauma, ou d’une

inflammation, il y a infiltration de cellules inflammatoires contenant des

enzymes PAD. La mort de ces cellules entraîne la libération de ces

enzymes qui, lorsqu’elles ne sont pas correctement éliminées, vont

devenir des signaux de danger surtout dans un environnement

18

immunologique tel que l’articulation rhumatoïde. C’est la perte de la

tolérance contre ces protéines qui serait en partie responsable du

déclenchement de la maladie. Des études ont démontré que le tabac

prédispose certaines personnes à la production de ACPA [37]. La figure 7

explique la pathogenèse de la PAR liée aux ACPA.

À la suite du déclenchement de l’auto-immunité, une réponse

inflammatoire pathologique est déclenchée au niveau articulaire. La

cause de cette spécificité articulaire reste encore inconnue, cependant

certaines études l’attribueraient à des infections, des traumatismes ou

même des interactions neuro-immunologiques [38, 39]. L’inflammation

se traduit par une infiltration de cellules inflammatoires, la production

de cytokines pro inflammatoires, et la formation de complexes immuns.

La troisième étape est une étape d’auto-amplification de

l’inflammation, ce qui rend la maladie chronique. Il y a amplification de

la production de cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF-, l’IL-1

et l’IL-6, ce qui augmente le recrutement de cellules inflammatoires [38].

Il est à noter que les premiers symptômes peuvent apparaître des

années après le début de l’auto-immunité.

19

Figure 5 : Représentation globale de la pathogenèse de la PAR [39]

La phase de déclenchement de l’auto-immunité caractérisée par l’absence de

symptômes est suivie par une phase de transition caractérisée par l’atteinte articulaire,

le déclenchement de l’inflammation et l’apparition des premiers symptômes. Ensuite

viens la troisième phase caractérisée par l’amplification de l’inflammation et le début de

la destruction articulaire. Des troubles systémiques tels que les maladies

cardiovasculaires peuvent survenir à cette étape.

20

Figure 6: Citrullination des protéines [35]

Transformation du résidu peptidyl arginine en résidu peptidine citrulline sous l’action

de la PAD.

21

Figure 7: Modèle explicatif de l’étiologie de la PAR positive aux

ACPA [38]

1ère étape : les facteurs génétiques et environnementaux, tels le tabagisme, déclenchent

la citrullination des protéines dans les poumons et seront reconnus comme antigènes

par les cellules T. Il s’en suit la production des ACPA.

2ème étape : déclenchement de l’inflammation localisée au niveau articulaire,

recrutement des ACPA de la circulation et formation de complexes immuns

3ème étape : auto-amplification de l’inflammation avec augmentation de la production de

cytokines, d’auto-anticorps, de complexes immuns et de cellules inflammatoires.

22

1.3.2.2. L’articulation rhumatoïde

Les articulations préférentiellement atteintes par la PAR sont les

articulations synoviales, et plus fréquemment les mains, les pieds et les

genoux. L’articulation normale est composée de deux surfaces osseuses

adjacentes communes, recouvertes de cartilage et qui sont séparées par

une cavité appelée cavité articulaire. Une membrane synoviale scelle la

cavité articulaire et sécrète le liquide synovial qui est un liquide

visqueux, lubrifiant et riche en éléments nutritifs ; ce qui permet à

l’articulation d’être mobile.

L’articulation rhumatoïde est un milieu très inflammatoire. Elle

subit des changements micro-environnementaux profonds avec une

réorganisation de la structure synoviale et activation des fibroblastes et

macrophages synoviaux [32] (figure 8). Contrairement au liquide synovial

de l’articulation normale qui est un milieu acellulaire, celui de

l’articulation rhumatoïde est infiltré de neutrophiles, macrophages,

lymphocytes T et cellules dendritiques. Progressivement la membrane

synoviale sera elle aussi envahie par plusieurs types cellulaires dont les

plus importantes sont les macrophages et les cellules T. Les leucocytes

activés ainsi que leurs protéines (cytokines, chimiokines, molécules

d’adhésion, …) vont engendrer un milieu hypoxique qui stimule

l’angiogenèse, ce qui explique l’augmentation de la vascularisation dans

les articulations des patients [40]. La membrane synoviale ainsi modifiée

forme des excroissances qui vont envahir la cavité articulaire, le cartilage

et même l’os souschondral; elle constitue désormais le pannus. Les

cellules du pannus vont progressivement causer l’érosion du cartilage et

de l’os [41].

23

Figure 8: Comparaison de l’articulation normale et l’articulation

rhumatoïde [25]

Formation du pannus avec infiltration de nombreux types cellulaires dans la membrane

synoviale, angiogenèse et érosion osseuse progressive dûe à l’activation de métallo-

protéinases, enzymes sécrétées par les macrophages et fibroblastes activés.

24

1.3.2.3. Les cellules impliquées

Plusieurs types cellulaires sont retrouvés dans l’articulation

rhumatoïde. Cependant, chacun de ces types cellulaires à lui seul ne

permet pas d’expliquer la pathogenèse de la maladie, ce sont les

différentes interactions entre ces cellules qui permettent de comprendre

la maladie [42]. Le tissu synovial rhumatoïde est composé des cellules

résidentes et des cellules qui se sont infiltrées à la suite de

l’inflammation.

L’espace articulaire normal est bordé par des synoviocytes dont il

existe deux types: le type A « macrophage-like » et le type B « fibroblast-

like » qui sont les plus nombreux [43]. Dans la PAR, la membrane

synoviale devient hyperplasique et localement invasive, entraînant la

destruction du cartilage et de l’os [44]. Les synoviocytes de type

fibroblastes vont être activés et deviendront aussi capables plus tard de

présenter des antigènes aux cellules T. Il a été démontré que les

synoviocytes de type B une fois activés sont caractérisés par un

changement de comportement et montrent certaines similarités avec les

tumeurs [45]. À la suite de cela, elles dégradent la matrice cartilagineuse

en s’accrochant fermement à sa surface et en y pénétrant profondément

jusqu’à atteindre l’os avec l’aide de certaines enzymes de dégradation

telles que les MMP et les cathepsines [46]. Cette pénétration se fait grâce

au changement de leur forme pour devenir des cellules de type

macrophage-like [47]. Les MMP préférentiellement exprimées dans le

synovium rhumatoïde sont les MMP1, MMP9, MMP13, MMP14, MMP15.

Les cathepsines B, K et L seront, elles aussi, produites et responsables

de la dégradation du collagène et des protéoglycanes. Les synoviocytes

contribuent aussi à l’inflammation en produisant des cytokines pro-

inflammatoires, des chimiokines et facteurs de croissance [46, 48]. La

matrice cartilagineuse ainsi dégradée en pannus ne sera constituée dans

un premier temps que des cellules ci-dessus citées, mais

25

progressivement elle sera envahie par les autres types cellulaires après

l’apparition des petits vaisseaux sanguins [49].

Les lymphocytes T sont l’un des types cellulaires les plus

abondamment retrouvés dans l’articulation rhumatoïde. Comme nous

l’avons vu plus haut, les cellules T sont impliquées dans la pathogenèse

de la PAR en vertu des facteurs génétiques. Plusieurs sous-types de

lymphocytes T sont présents dans le synovium influencés par les

cytokines produites. Les lymphocytes T helper (Th) sont les plus

importants et favorisent l’inflammation. Plusieurs études ont qualifiées la

PAR de « maladie à Th1 » [50]. La différenciation des cellules T naïves en

cellules Th1 est accompagnée de la production de cytokines pro-

inflammatoires telles que l’IFN, et le TNF. Le TNF semble être la

cytokine à la tête de la cascade de cytokines pro-inflammatoires. Elle est

d’autant plus importante que son blocage entraîne la diminution de

l’expression de bon nombre de cytokines telles que l’IL-8, l’IL-6, l’IL-1 et

même une diminution de l’évolution de la maladie [40]. Le TNF régule la

production des cytokines pro-inflammatoires mais peut être lui aussi

régulé par l’IL-1, le GM-CSF (Granulocyte/Macropage-Colony Stimulating

Factor, facteur stimulant les granulocytes/macrophages), l’IFN[41]. On

observe une prédominance de la production des cytokines Th1 au

détriment des cytokines Th2 telles que l’IL-4 et l’IL-13 qui elles sont anti-

inflammatoires [51]. Deux autres sous-types de cellules T sont aussi

présents dans l’articulation rhumatoïde ; il s’agit des cellules T

régulatrices (Treg) et des cellules Th17. Il existe un débalancement en

faveur des Th17. En effet elles produisent de l’IL-17, cytokine pro-

inflammatoire que l’on retrouve dans les maladies inflammatoires

chroniques [35]. L’IL-17 va agir sur bon nombre de cellules retrouvées

dans l’articulation rhumatoïde telles que les monocytes, macrophages,

fibroblastes, ostéoclastes et chondrocytes. Les cellules Treg retrouvées

dans le sang périphérique de patients atteints de PAR présentent

26

quelques anomalies ; en effet elles sont incapables d’inhiber la

production du TNF et de l’IFN [35, 52]. Les cellules T de la PAR

présentent une modification qui diminue leur activation, en effet, la

tyrosine phosphorylation de la chaîne du CD3 de ces cellules n’a pas

lieu [33]. Cette diminution de l’activation des cellules T peut aussi être

dûe à la présence de l’IL-1Ra et de TGF qui sont des inhibiteurs de

lymphocytes T.

Plusieurs études ont démontré que la PAR est une maladie qui

dépend énormément des lymphocytes B. Une déplétion de cellules B sur

des patients en utilisant un anticorps monoclonal anti-CD20 entraîne au

bout de plusieurs semaines de traitement, une baisse du taux de

facteurs rhumatoïdes jusqu’à un taux normal suivi d’une rémission de la

maladie (diminution de la raideur et du gonflement des articulations) [53,

54]. Cette expérience montre le rôle des lymphocytes B dans

l’amplification de la maladie par la production d’auto-anticorps, ce qui

dénote de leur importance dans la physiopathologie de la maladie. Elles

jouent aussi le rôle de cellules présentatrices d’antigène aux cellules T et

sécrètent des cytokines pro-inflammatoires telles que l’IL-10 et le TNF

[53].

Monocytes et macrophages sont, eux aussi, impliqués dans la

pathologie. En effet, ils sécrètent des cytokines pro-inflammatoires telles

que le TNF, l’IL-1 et l’IL-6 [37]. Le TNF et l’IL-1 sont impliqués dans la

dégradation du cartilage car elles induisent les MMP destructrices. Le

TNF stimule aussi l’expression de molécules d’adhésion par les

fibroblastes. En plus des MMP, les monocytes/macrophages sécrètent

des agents chimioattractants, ce qui leur confère un potentiel

destructeur qui contribue à la destruction articulaire dans la PAR aigüe

et chronique [55]. L’IL-1 ainsi produite régule l’inflammation en activant

les cellules B et T et en induisant l’expression de molécules d’adhésion

27

par les cellules endothéliales [56]. Le TNF et l’IL-1 semblent fonctionner

en synergie pour leurs fonctions effectrices [23]. L’IL-6 n’est pas

seulement produite par les monocytes/ macrophages, mais aussi par les

fibroblastes et lymphocytes T. L’IL-6 est responsable de l’inhibition de la

formation osseuse et de la stimulation de la résorption à travers son effet

stimulateur sur les ostéoclastes. En effet, les souris «knockout » pour le

gène de l’IL-6 ne développent pas d’érosion osseuse [41]. Cette cytokine

promeut la prolifération des cellules B, de même que la production

d’anticorps et l’activation des cellules T [40].

Les neutrophiles aussi sont retrouvés dans l’articulation synoviale

en grande quantité, il s’agit de la cellule de l’immunité innée qui est

toujours principalement impliquée dans les situations inflammatoires.

Les neutrophiles dans la PAR sont beaucoup plus que des cellules

phagocytaires, ils produisent plusieurs médiateurs qui peuvent les auto-

activer et activer d’autres cellules, ils peuvent être des cellules

présentatrices d’antigènes, de même que devenir des cellules « osteoclast-

like » [57]. Les neutrophiles sécrètent des cytokines pro-inflammatoires

telles que le TNF, des enzymes telles que les collagénases et des anions

réactifs tels que l’O2-, responsables de la destruction du cartilage [57,

58]. Les neutrophiles produisent aussi l’enzyme peptidyl-arginine

déimiase (PAD) qui est responsable de la citrullination de l’arginine d’où

la production de peptides citrullinés [59]. Les neutrophiles participent à

l’ostéo-immunologie car ceux retrouvés dans le liquide synovial

expriment à leur surface du RANK, un RANK activé par RANKL, et les

protéines de la voie de signalisation de RANK [60]. Nous savons déjà

l’importance de la voie RANK/RANKL dans l’activation de la résorption.

Les neutrophiles, de ce fait, montrent donc leur importance dans la

physiopathologie de la maladie par les interactions cellules-cellules qui

peuvent être initiées pour amplifier la résorption osseuse par les

ostéoclastes [61]. Les modèles animaux de PAR tels que les souris K/BxN

28

et l’arthrite induite au collagène (CIA : collagen type II induced arthritis)

ont été utilisés pour montrer l’importance des neutrophiles dans la

physiopathologie de la maladie. En effet, dans ces modèles animaux, on

constate une inhibition du développement de la maladie et une

amélioration de la santé des souris traitées [62, 63] lorsque les

neutrophiles sont inhibés par un anticorps anti Gr-1 (très exprimé sur

les neutrophiles).

Les cytokines et les cellules impliquées dans la PAR forment un

réseau complexe qu’il est difficile de détailler, mais elles constituent une

cible thérapeutique intéressante pour la prise en charge de la maladie

[64]. Nous les avons résumées brièvement dans les figures 9 et 10. Le

profil des cytokines retrouvées dans l’articulation est modifié avec le

temps; l’arthrite précoce a un profil de cytokines différent de celui de

l’arthrite chronique [32]. La présence de l’IL-12 par exemple serait

détectée en grande quantité dès le début de la maladie; tandis que plus

la maladie évolue, plus faible sera le taux de l’IL-12 [41].

29

Figure 9: Voies de signalisation des cytokines impliquées dans la

polyarthrite rhumatoïde [40]:

Les principales cellules impliquées dans la destruction articulaire à travers l’IL-1 et le

TNFα sont représentées, de même que les différentes cellules cibles de la plupart des

cytokines impliquées.

30

Figure 10 : Quelques orientations actuelles sur la pathogenèse de

la PAR [65].

Blys=B lymphocyte stimulator. CR=complement receptor. FcR=receptor for the Fc

portion of IgG. IC= immune complex. IFN=interferon. IFN1=type 1 interferons.

IL=interleukin. RF=rheumatoid factor. TACI=transmembrane activator and

calciummodulator and cyclophilin ligand interactor. TCR=T-cell receptor. Th1=T-helper

1 cell. TLR=Toll-like receptor. Treg=regulatory T cell.

Ici sont indiquées certaines des nombreuses interactions dans la pathogenèse de la

PAR. Ces évènements se produisent dans la membrane synoviale, ainsi que le cartilage

articulaire et l’os sous-chondral qui sont entourés par une synovite rhumatoïde

31

agressive. Le liquide synovial est rempli de plusieurs types cellulaires, plusieurs

cytokines et les interactions entre tous ces éléments entretiennent la pathologie.

1.3.2.4. Les auto-anticorps

Une des spécificités de la PAR, comparativement aux autres

arthrites, est la notion d’auto-immunité. En effet, on retrouve dans le

liquide synovial des malades des auto-anticorps produits par des cellules

B. Depuis la découverte du facteur rhumatoïde (FR) qui est un anticorps

dirigé contre la région Fc des IgG, plusieurs autres auto-anticorps ont été

découverts. Ces auto-anticorps peuvent être dirigés contre les

composantes du cartilage, les protéines de stress, les enzymes, les

protéines nucléaires et même les protéines citrullinées. Tous contribuent

à la pathophysiologie en formant des complexes immuns dans

l’articulation rhumatoïde. Les FR et les ACPA sont les deux auto-

anticorps utilisés comme critères diagnostiques de la maladie, bien que

les FR soient beaucoup moins spécifiques que les ACPA. En effet, on peut

retrouver les FR dans d’autres maladies auto-immunes et même dans

des conditions non auto-immunes et parfois même chez des personnes

saines. Malgré cela, le FR reste le marqueur sérologique le plus utilisé

dans la PAR [22].

1.3.2.4.1. Les anticorps anti-protéines citrullinées

Comme leur nom l’indique, les ACPA sont des anticorps dirigés contre

des épitopes qui contiennent des acides aminés citrullinés. La

citrullination est une modification post-translationnelle des résidus

arginyl en résidus citrulline sous l’action des enzymes PAD (figure 7). Les

peptides citrullinés retrouvés dans l’articulation rhumatoïde sont les

chaînes et de la fibrine, la vimentine et l’-énolase. Les ACPA sont

présents dans l’articulation rhumatoïde très tôt dans le développement

de la maladie, ils constituent donc un critère important pour le

32

diagnostic. À ce sujet, 50 à 70 % des patients diagnostiqués comme

ayant un début de PAR sont positifs pour les ACPA [38]. Les ACPA ont

une spécificité diagnostique de près de 95% et une sensibilité

approximative de 75%. La présence d’ACPA est un critère essentiel pour

établir le pronostic de la maladie. Des études ont montré une corrélation

positive entre les arthrites présentant des ACPA et la dégradation

osseuse [22, 66]. Les patients ACPA positifs présentent une plus grande

sévérité dans le développement de la maladie [67].

Les ACPA constituent un outil de prise en charge important car la

présence de ces anticorps peut être détectée plusieurs années avant

l’apparition des premiers symptômes et permettre ainsi de commencer

un traitement pour ralentir l’évolution de la maladie.

1.3.2.4.2. Les facteurs rhumatoïdes

Les facteurs rhumatoïdes ont été décrits pour la première fois par

Emil Waaler en 1940 [22] et ils ont été redécouverts plus tard par Rose

en 1948 lorsqu’il a découvert leur capacité à agglutiner les globules

rouges de mouton enrobés de sérum de lapin [68]. Depuis ces

découvertes, les FR constituent l’un des outils majeurs pour le diagnostic

de la PAR. Plusieurs techniques permettent en clinique de détecter la

présence de FR dans le liquide synovial et le sérum. Parmi elles, nous

pouvons citer : le test classique de Waaler-Rose et l’ELISA (Enzyme

Linked Immunosorbent Assay). Bien que les FRs soient les auto-anticorps

les plus recherchés pour le diagnostic, leur rôle précis dans la

pathogenèse de la PAR reste encore partiellement compris. Le FR n’est

retrouvé que chez 60 à 80 % des personnes atteintes, avec une spécificité

de 85% [69].

Le rôle physiologique des FR au cours d’une réponse immunitaire

normale est d’augmenter l’avidité et la taille des complexes immuns. De

plus, les cellules B liées aux FR vont agir comme des cellules

33

présentatrices d’antigène et peuvent présenter efficacement les anticorps

aux cellules T. Par conséquent, il est supposé que les FR du sérum et du

liquide synovial des patients atteints de PAR, et en particulier ceux

attachés aux cellules B, vont exercer ces fonctions et ainsi contribuer à

la physiopathologie de la maladie [70]. Un autre rôle important des FR

est la fixation du complément. Les complexes immuns présents dans

l’articulation rhumatoïde et la fixation du complément par les IgG des

complexes immuns sont accentués par la fixation des FR IgM. Cela est

d’autant plus important pour les complexes immuns composés par des

auto-anticorps [22].

Il existe trois sous types de FR: ceux du type IgM, type IgA et le

type IgG. Le FR de type IgM est le type principal, mais les deux autres

sont également importants et donnent des informations majeures pour le

diagnostic. Un seul patient peut posséder plus d’un sous type de FR;

dans ce cas, les sous types le plus souvent retrouvés sont les types IgM

et IgA [71-73]. Plusieurs études suggèrent que le FR de type IgA est un

marqueur plus spécifique de la PAR. Il a été également démontré que la

détection des FR permet d’établir un pronostic dans l’évolution de la

maladie; ils seraient présents très tôt dès le déclenchement de la maladie

et longtemps avant l’apparition des premiers symptômes. Les patients

avec un titre élevé et persistant de FR ont un risque plus accru de

développement et d’aggravation de la maladie; en plus, ceux qui ont les

FR de type IgM et IgA ont un risque encore plus élevé que ceux qui ont

juste un seul type de FR [74]. En effet, le titre élevé de FR est associé à

l’érosion osseuse et aux manifestations extra articulaires. Malgré

l’importance apparente des FR dans la physio-pathologie de la maladie,

on retrouve des PAR séropositives et des PAR séronégatives, ce qui

suggèrent deux mécanismes distincts d’évolution de la maladie [75, 76].

Le rôle des FR dans la formation de complexes immuns au cours

de l’évolution de la maladie a été démontré, mais cependant aucune

34

expérience n’explique sans ambiguïté le rôle de ces facteurs dans les

évènements déclencheurs.

1.3.2.5. Les marqueurs de l’arthrite rhumatoïde

La PAR est une maladie complexe et d’origine encore inconnue à ce

jour. En effet, elle présente plusieurs aspects qui ne peuvent pas être

considérés séparément. Des chercheurs, à la suite de plusieurs études,

ont établi certains critères qui permettent de diagnostiquer la maladie et

par conséquent de la traiter. En 1987, une classification a été publiée et

les malades qui possédaient 4 de ces critères étaient considérés comme

atteints de PAR (tableau 2). Cette classification s’est basée sur les

observations cliniques de nombreux patients et, sur l’évolution des

découvertes dans le domaine.

Tableau 2: Critères de classification de l’arthrite rhumatoïde,

classification de 1987 par le collège américain de rhumatologie [77].

Cette classification s’est cependant révélée insatisfaisante pour

diagnostiquer les arthrites précoces, car ces critères sont basés sur des

manifestations qui surviennent lorsque la maladie est déjà bien installée.

Ainsi, depuis 2007 la ligue européenne contre le rhumatisme et le collège

américain de rhumatologie ont mené des études pour déterminer de

nouveaux critères de classification qui mettent l’accent sur la

35

participation des petites articulations et la séropositivité aux FR et aux

ACPA [78] (tableau 3). Cette nouvelle classification, établie en 2010,

permet de mieux diagnostiquer la maladie, plus spécifiquement et plus

rapidement afin de pouvoir ralentir sa progression.

Tableau 3: Tableau de classification des critères diagnostics de

l’arthrite rhumatoïde établis en 2010 par le collège américain de

rhumatologie et la ligue européenne contre le rhumatisme [79].

1.3.2.6. Les traitements de l’arthrite rhumatoïde

La PAR reste de nos jours une maladie complexe avec une

destruction des articulations et des complications secondaires à

l’inflammation systémique. Elle est impossible à guérir mais malgré cela,

les récentes découvertes dans la pathophysiologie ont permis de

nombreux changements dans la gestion de cette maladie. Les

médicaments de la PAR portent le nom de DMARD (Disease Modifying

Anti-Rheumatic Drugs, drogues anti-rhumatiques modifiant la maladie )

et ils ont pour rôle de réduire l’inflammation et de ralentir la progression

36

de la destruction articulaire, mais ils le font à des degrés variables [80,

81]. Les scientifiques s’accordent à dire que, plus tôt le traitement est

initié, mieux cela vaut pour les malades. Les DMARD vont être divisés en

deux groupes: les DMARD conventionnels et les DMARD biologiques [80].

Les premières thérapies incluaient aussi des corticoïdes et des anti-

inflammatoires non stéroïdiens [23]. Parmi les DMARD conventionnels, le

plus utilisé est le méthotrexate (MTX) [82]. L’utilisation du MTX présente

des effets toxiques [83], mais son administration se fait en association

avec l’acide folique qui va agir pour contrôler les effets secondaires

consécutifs à son administration tels que l’alopécie, la stomatite,

l’intolérance gastro-intestinale et la toxicité hématopoïétique [23, 84-86].

Nous pouvons citer le Leflunomide et la Sulfasalazine parmi les autres

DMARD conventionnels.

Les DMARD biologiques sont une nouvelle catégorie de

médicaments qui ciblent les anomalies spécifiques du système

immunitaire, plus précisément les molécules qui ont montré leur rôle

dans la physio-pathologie de la maladie [80]. Dans cette nouvelle

catégorie de traitements, ceux qui ciblent le TNF sont les plus employés.

Les principales drogues anti-TNF sont les suivantes : Infliximab,

Etanercept, Adalimumab, Certolizumab, Golimumab [87]. Malgré

l’efficacité de ces drogues anti-TNF, environ 30% des patients ne

répondent pas à ce traitement [80].

1.3.2.7. La résorption osseuse dans l’arthrite rhumatoïde

L’érosion osseuse représente l’un des points importants dans la

gravité de la PAR. Dans l’articulation rhumatoïde, la résorption se fait à

deux sites principaux: le cartilage et l’os sous-chondral. L’érosion du

cartilage est due aux cellules du pannus rhumatoïde [88-90]. La

résorption osseuse est le fait de deux types cellulaires dans l’arthrite : les

synoviocytes de type macrophages et les ostéoclastes. Ces derniers

37

représentent le principal type cellulaire impliqué dans ce processus [91].

Il est à noter que la résorption osseuse dans la PAR est accompagnée de

la diminution de la formation de la nouvelle structure osseuse [92], ce

qui créé un énorme débalancement dans le remodelage osseux. Les

causes de la perte osseuse dans la maladie ne sont pas parfaitement

connues à ce jour mais les changements hormonaux, la vitamine D, le

métabolisme minéral et le taux de cytokines circulants telles que l’IL-1 ,

l’IL-6 et le TNF vont être impliqués dans la pathogenèse de cette perte

osseuse [4, 93]. Ces différents facteurs vont agir à plusieurs niveaux sur

la résorption: sur les précurseurs ostéoclastiques, les ostéoclastes et

même sur les ostéoblastes [94]. La capacité de résorption, de même que

le nombre d’ostéoclastes seront accrus.

L’environnement inflammatoire de l’articulation rhumatoïde va être

à l’origine de l’augmentation du potentiel de résorption des ostéoclastes

avec un accent mis sur l’IL-1 et le TNF qui sont deux cytokines

importantes de l’inflammation. Un intérêt particulier est porté à

l’expression de RANKL chez les patients car nous savons l’importance de

la voie RANK/RANKL/OPG dans l’activation des ostéoclastes. Certaines

études ont montré que l’ARNm de RANKL, de même que la protéine, sont

exprimés dans le tissu synovial des patients atteints de PAR [95, 96], ce

qui n’est pas le cas chez les patients non atteints [92]. Dans l’articulation

rhumatoïde, RANKL n’est pas seulement exprimé par les ostéoblastes; les

cellules T activées, les synoviocytes de type fibroblastes et les

macrophages l’expriment aussi [97, 98]. Cette surexpression de RANKL

dans le milieu va entraîner une activation accrue des ostéoclastes, ainsi

qu’une augmentation du nombre d’ostéoclastes différenciés [99]. Le TNF

et le RANKL agissent de concert pour augmenter la différenciation des

ostéoclastes, tandis que l’IL-1 active les ostéoclastes déjà formés et

retarde l’apoptose normale de ces cellules. Le TNF et l’IL-1 peuvent

aussi agir sur les ostéoblastes en portant atteinte au processus de

38

formation osseuse en induisant l’apoptose des ostéoblastes [95].

L’environnement inflammatoire peut aussi agir sur les précurseurs

d’ostéoclastes en régulant en amont l’expression de RANKL sur les

cellules stromales de la moelle osseuse et en aval l’expression d’OPG par

les précurseurs d’ostéoclastes [93, 100].

Certaines études ont, de plus, démontré que les monocytes et les

macrophages présents dans l’articulation rhumatoïde pourraient être

capables de se différencier en ostéoclastes [101, 102]. En effet, Danks L

et ses collaborateurs ont montré qu’in vitro, les monocytes et

macrophages de patients atteints d’arthrite rhumatoïde sont capables de

se différencier en ostéoclastes en présence de M-CSF et de la calcitriol

[102]. Les macrophages synoviaux produisent eux aussi la calcitriol, de

même que le M-CSF et les autres facteurs indispensables à la

différenciation des ostéoclastes, ce qui leur permettrait de se différencier

en ostéoclastes, le milieu étant aussi riche en RANKL provenant des

ostéoblastes, des synoviocytes, des macrophages et des cellules T. Ceci

pourrait expliquer l’augmentation de l’activité de résorption osseuse

observée.

L’ostéoclaste est une cellule clé dans la pathologie de la PAR. Une

meilleure compréhension de leur fonctionnement dans le contexte de

cette maladie pourrait permettre le développement de nouvelles thérapies

plus spécifiques et plus efficaces.

1.4. LES CELLULES HL60

La lignée de cellule HL60 a été dérivée à partir de leucocytes du

sang périphérique d’une femme de 36 ans de race blanche avec une

leucémie aiguë promyélocytaire [103]. Elle est l’une des lignées humaines

de cellules leucémiques capable de prolifération apparemment illimitée

39

en culture en suspension [104]. En culture, ce sont des cellules rondes

ou ovoïdes qui peuvent occasionnellement présenter des pseudopodes et

être de taille variable (de 9 à 25 µm de diamètre) [103]. Elle est la

première lignée cellulaire humaine avec des caractéristiques myéloïdes à

avoir été développée [105]. Des études histochimiques utilisant des

marqueurs pour les cellules myéloïdes ont bien montré le caractère

myéloïde de ces cellules [106]. Les cellules myéloïdes HL60 semblent être

uniques quant à leur capacité de proliférer sans une source exogène

d’inducteur, elles ont juste besoin d’un milieu nutritif [106]. Les cellules

HL60 se multiplient rapidement en culture, elles ont un temps de

doublement de 24h quand les conditions de culture sont optimales.

Cette lignée cellulaire a toujours suscité un grand intérêt grâce à

sa capacité de se différencier en plusieurs types cellulaires différents. Les

conditions de culture influencent grandement la différenciation des

HL60. À la suite d’un arrêt de la division cellulaire, différentes voies

d’activation peuvent aboutir à différents types cellulaires. Une étude a

démontré que la présence de vitamine D (1,25(OH)2D3) dans le milieu de

culture entraîne la différenciation des HL60 en cellules de type

monocytes/macrophages [107, 108]; ce qui induit l’expression d’un

RANK fonctionnel dans les cellules HL60. L’expression de RANK dans ces

cellules peut être régulée de manière positive par RANKL pour augmenter

ses propres effets dans la différenciation [109]. Plusieurs études ont

démontré que les esters de phorbol sont aussi capables de différencier les

HL60 en cellules de type macrophage [110-112], notamment en leur

permettant d’acquérir une capacité d’adhérence. Les HL60 peuvent aussi

se différencier en cellules de type neutrophile si elles sont mises en

présence de différents stimuli tels que le dibutyryl-AMP ou le diméthyl

sulfoxide [112-115].

Les lignées cellulaires leucémiques ont été beaucoup utilisées au

départ pour l’étude des maladies leucémiques car elles offrent l’avantage

40

de permettre d’étudier l’induction de la différenciation des cellules

myéloïdes [116, 117]. Mais au cours de ces études, il a été constaté que

plusieurs types de composés tant physiologiques que non physiologiques

pouvaient affecter l’induction de la différenciation de ces cellules [117].

Elle est depuis utilisée pour pouvoir étudier les cellules telles que les

monocytes/macrophages qui, in vivo, découlent de cette voie de

différenciation myéloïde. L’intérêt majeur de l’utilisation de cette lignée

cellulaire pour la recherche est leur multi-potentialité et la

reproductibilité des expériences l’impliquant; c’est pourquoi elle est

largement utilisée comme modèle de différenciation lorsqu’on veut

étudier certains types cellulaires [103]. Elle est la lignée cellulaire

myéloïde la plus utilisée pour des expériences de différenciation [105].

1.5. BUTS DE L’ÉTUDE

Il a été démontré que la lignée cellulaire HL60 peut être

programmée pour se différencier en différents types cellulaires. Les

différentes voies de différenciation dépendent des stimuli ajoutés. Ainsi,

en présence de calcitriol, ces cellules sont capables de se différencier en

cellules de type macrophage [111, 118].

Nous savons qu’in vivo les ostéoclastes se différencient à partir des

précurseurs mononucléés d’origine hématopoïétique de la lignée

monocyte/macrophage. Nos différentes expériences antérieures sur les

ostéoclastes nous ont montré la difficulté d’obtenir des ostéoclastes en

laboratoire. En général, ces ostéoclastes sont obtenus en culture à partir

de monocytes isolés du sang circulant. Mais ce procédé nous a montré

ses limites car les ostéoclastes obtenus par ce procédé montrent une

variabilité dans les expériences, d’un donneur de sang à l’autre. De ce

constat et aidé par une ancienne publication de Yoneda et al. [119], nous

avons émis notre première hypothèse qui stipule que les HL60 peuvent

41

se différencier en cellules de type ostéoclaste, formant ainsi notre modèle

pour la résorption osseuse. Afin de vérifier cette hypothèse, nous nous

sommes fixés un objectif principal: il s’agit de déterminer quelles sont les

conditions optimales qui nous permettraient de différencier des HL60

pour obtenir des cellules de type ostéoclaste et de caractériser les cellules

« osteoclast-like » ainsi obtenues. De manière plus précise, de montrer la

présence des différents éléments caractéristiques qui font des cellules

HL60 différenciées des ostéoclastes proprement dit. Cet objectif

constituera la deuxième partie de ce document.

Le second point d’attention de notre travail était le rôle des FR

dans la PAR. Le rôle de ces FR a été clairement démontré dans le

diagnostic, la prédiction et la pathogenèse de la PAR par la formation de

complexes immuns avec les IgM [73, 74]. Aucune étude n’a cependant

encore montré une action des FR sur les ostéoclastes. De ceci naît notre

seconde hypothèse qui stipule que les FR augmentent la résorption

osseuse en agissant directement sur l’ostéoclaste via son récepteur Fc.

Le récepteur Fcest un des récepteurs de la voie de costimulation des

ostéoclastes ; il n’a cependant aucun ligand connu. Récepteurs et co-

récepteurs envoient un signal qui active plusieurs fonctions de

l’ostéoclaste. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons établi un

deuxième objectif qui est de montrer l’effet des FR sur la résorption

osseuse des ostéoclastes. Cet objectif constituera la troisième partie de ce

document.

42

II. DÉTERMINATION DES CONDITIONS

OPTIMALES DE DIFFÉRENCIATION DES

HL60 ET CARACTÉRISATIONS DES

CELLULES HL60 DIFFÉRENCIÉES.

2.1. INTRODUCTION

La lignée de cellules HL60 est l’une des seules lignées humaines de

cellules leucémiques capable de prolifération illimitée [104]. En culture,

ce sont des cellules en suspension rondes ou ovoïdes qui peuvent être de

taille variable [103] et elles ont un temps de doublement de 24 heures.

Elle est la première lignée cellulaire humaine avec des caractéristiques

myéloïdes à avoir été développée [105].

Plusieurs études ont déjà démontré la capacité des HL60 à se

différencier en plusieurs types cellulaires différents [111, 118, 120]. Les

HL60 mis en présence de phorbol 12-myristate 13-acetate (PMA) passent

de l’état de cellules en suspension à celui de cellules adhérentes. Ces

cellules, incubées pendant 6h en présence de PMA, se différencient de

manière irréversible en cellules de type macrophage [111]. In vivo,

l’action de la calcitriol par l’intermédiaire des ostéoblastes, permet aux

précurseurs myéloïdes de se différencier en ostéoclastes. In vitro la

présence de calcitriol est aussi indispensable à la différenciation des

HL60 en cellules multinucléees de type macrophage [118]. Les cellules

HL60 comme les ostéoclastes expriment à leur surface les récepteurs c-

fms du M-CSF ; de ceci, il en découle que les cellules HL60 se

différencient en macrophages sous l’action du M-CSF et du PMA [121].

Plusieurs études ont suggéré que la lignée cellulaire HL60 pouvait être

utilisée pour étudier les ostéoclastes [109, 111, 121]. Ces différentes

études montrent que, tout comme lors du processus de différenciation

des ostéoclastes, les HL60 ont besoin de la présence de calcitriol, de M-

43

CSF et de RANKL pour se différencier en cellules de type ostéoclastes. De

plus, cette différenciation passe par l’activation de la voie de signalisation

NFB. Dans notre étude, nous avons trouvé les conditions optimales qui

nous ont permis d’obtenir des cellules de type ostéoclastes et nous avons

caractérisé ces cellules « osteoclast-like ».

2.2. MATÉRIELS ET METHODES

2.2.1. Réactifs

Les cellules HL60 utilisées provenaient de l’ATCC (American Type

Culture Collection) (Manassas, VA, USA). Le milieu de culture utilisé,

RPMI 1640 supplémenté avec 10% de sérum de veau fœtal (FBS), a été

obtenu de chez Wisent (St-Bruno, QC, Canada). Les monocytes et les

ostéoclastes étaient maintenus en culture dans un milieu MEM

supplémenté avec 10% de FBS obtenu de chez Wisent (St-Bruno, QC,

Canada). Le M-CSF et le RANKL recombinants ont été tous les deux

achetés chez Peprotech (Rocky Hill, NJ, USA). La calcitriol et le Phorbol

12-myristate 13-acetate (PMA) ont été obtenus de chez Sigma Chemical

Co. (St Louis, MO, USA).

Les marqueurs 4’6-diamidino-2 phenylindole (DAPI), Alexa Fluor

488 Phalloïdine et 7-amino actinomycine D (7AAD) ont été obtenus chez

Molecular Probes (Invitrogen Canada Inc. Burlington, ONT, Canada).

L’anticorps polyclonal de lapin dirigé contre la protéine RANK humaine a

été acheté chez Santa Cruz Biotechnology (Santa Cruz, CA, USA).

L’anticorps secondaire reconnaissant les immunoglobulines de lapin a

été obtenu chez Jackson Immunoresearch (West Grove, PA, USA).

L’anticorps secondaire anti-lapin couplé au fluorochrome alexa 568 a été

acheté chez Molecular Probes (Invitrogen Canada Inc. Burlington, ON,

Canada). Les anticorps monoclonaux anti-DAP12 humaine et anti-

TREM2 humaine ont été tous les deux achetés chez R&D Systems

44

(Minneapolis, MN, USA). L’anticorps polyclonal anti-Cathepsine K

humaine a été obtenu chez Biovision (Mountain View, CA, USA).

L’anticorps anti-NFATc humaine provenait de chez Imgenex (San Diego,

CA, USA). L’anticorps anti-récepteur de calcitonine humaine a été acheté

chez Serotec (Raleigh, NC, USA). L’anticorps anti-CD64 humain a été

obtenu chez EMD Biosciences (San Diego, CA, USA). Le kit pour la

détection des cellules TRAP (Tartrate Resistant Acid Phosphatase)

positives a été obtenu chez Sigma Aldrich (St Louis, MO, USA). Les

lamelles de dentine ont été préparées dans notre laboratoire à partir de

dents de morse.

Le Ficoll était de chez Wisent (St Bruno, QC, Canada). Le dextran

a été acheté chez Sigma Aldrich (Oakville, ON, Canada). Le Tween 20 a

été obtenu de chez Sigma Aldrich (Oakville, ON, Canada).

Les standards de poids moléculaires pour les protéines provenaient

de chez Fermentas (Burlington, ON, Canada). Les membranes de

polyfluorure de vinylidène (PVDF) ont été achetées chez VWR (Ville Mont

Royal, QC, Canada). Les réactifs de détection Enhanced

Chemiluminescence (ECL) étaient de chez Perkin Elmer (Montréal, QC,

Canada). Le persulfate d’amonium et l’orthovanadate ont été achetés

chez Sigma Aldrich (Oakville, ON, Canada).

Le kit Superscript™ II RT (Reverse Transcriptase) pour les PCR

(Polymerase Chain Reaction, Réaction de polymerisation en chaine) a été

acheté chez Invitrogen (Burlington, ON, Canada).

2.2.2. Différenciation des cellules

Les cellules HL60 ont été maintenues en culture dans du RPMI

supplémenté à 10% de FBS. Les cellules ont toujours été différenciées en

dessous du quinzième passage, ceci pour éviter de biaiser nos résultats

avec des cellules qui auraient changé de phénotype au cours des

45

passages, de plus le nombre de cellules mortes dans le milieu de culture

augmente au-delà du quinzième passage.

Les cellules ont été incubées à 37°C en présence de RANKL

(40ng/ml), calcitriol (10-8 M), M-CSF (25ng/ml) et PMA (10-8M) pendant

trois jours. Au bout de ces trois jours, les cellules ont été récoltées pour

effectuer les différentes analyses.

2.2.3. Isolement des monocytes et différenciation

en ostéoclastes

Les monocytes ont été isolés à partir de sang humain de donneurs

volontaires sains et recueillis dans des poches contenant de l’isocitrate

comme anticoagulant. Les monocytes ont été isolés selon la méthode

suivante : après avoir déposé du Ficoll dans des tubes de 50 ml

(température ambiante), du sang a été ajouté délicatement dans chacun

de ces tubes (le sang doit rester sur le dessus du Ficoll, ne pas agiter les

tubes). Une centrifugation à 1800 RPM (rotations par minutes) (sans

frein) a été effectuée pendant 30 minutes à la température de la pièce,

puis l’anneau de cellules à l’interface des 2 phases a été prélevé très

lentement, sans prélever de sérum ni de globules rouges. Nous avons

ensuite mélangé deux anneaux dans un tube de 50 ml et complété avec

du HBSS (Hank’s Balanced Salt Solution) 1X. Après avoir centrifugé les

tubes à 1400 RPM pendant 10 minutes à la température ambiante, les

surnageants ont été aspirés, les culots resuspendus dans deux tubes de

50 ml avec du HBSS 1X et le volume complété à 50 ml. Une

centrifugation a ensuite été effectuée à 1400 RPM pendant 10 minutes à

la température ambiante et le culot resuspendu dans 10 ml d’un

mélange de ½ Ficoll et ½ HBSS 1X déposé dans le fond du tube. Après

une centrifugation à 1000 RPM sans frein pendant 7 minutes, le culot

est resuspendu pour lavages. Ce dernier culot contient les monocytes et

lymphocytes.

46

Le procédé de différenciation des monocytes en ostéoclastes est le

suivant : le dernier culot obtenu après l’isolation des monocytes a été

resuspendu dans un petit volume de milieu MEM + 10 % FBS + 1 %

penicilline-streptomycine-fungizone. Ceci pour effectuer un comptage des

cellules. Une fois les cellules comptées, elles ont été resuspendues dans

un plus grand volume de αMEM pour les avoir à la concentration de 5

millions de cellules par milli-litres. Déposées ensuite dans une plaque de

plastique de 24 puits, à raison de 1 milli-litre par puit, les cellules ont été

laissé adhérer pendant une heure et demie dans un incubateur à 37°C.

Après l’adhérence, le milieu qui contient les lymphocytes a été enlevé car

les monocytes ont adhéré à la plaque de culture. Après un lavage avec du

PBS (Phosphate-Buffered Saline), 600 l du milieu de différenciation a

été mis dans chaque puits. Le milieu de différenciation est le suivant :

+ RANKL (40 ng/ml) + M-CSF (25ng/ml) + calcitirol (10-8M). Le

milieu de différenciation a été changé 2 fois par semaine en enlevant tout

le milieu pour le remplacer par 600 µl d’un nouveau milieu de

différenciation. Les cellules sont différenciées en ostéoclastes au bout de

10 jours. Pour être utilisées, les cellules ont été décollées des plaques de

culture à l’aide du milieu accutase : après avoir aspiré le milieu de

différenciation sur les cellules, les avoir lavées 2 fois avec du PBS, 1

milli-litre du milieu accutase a été mis dans chaque puit et laissé en

action pendant 15 à 30 minutes à 37°C. Au terme de ce temps, les

cellules ont été récupérées avec une pipette en faisant des allers et

retours avec le liquide pour bien les aider à se décoller. Les cellules ainsi

récoltées ont été ensuite lavées dans du PBS, puis comptées. Elles sont

prêtes à être utilisées

2.2.4. Immunobuvardages

Après la différenciation, les HL60 ont été lavées dans du PBS, puis

lysées dans du tampon Laemmli 1x et chauffées à 95°C pendant 10

minutes (62.5 mm Tris/HCl [pH6.8], 4% SDS [m/vol], 5% 2-

47

mercaptoethanol [vol/vol], 8.5% glycerol [vol/vol], 2.5 mM orthovanadate,

10 mM para-nitrophenylphosphate, 10 g/ml leupeptine, 10 g/ml

aprotinine, et 0.025% de bleu de bromophénol). Les ostéoclastes ont

aussi été préparés de la même manière. Les protéines ont ensuite été

séparées par électrophorèse sur des gels SDS-PAGE à 12% d’acrylamide

pour la cathepsine K, TREM2 et DAP12; 7,5% pour le CD64; 10% pour le

NFATc et les récepteurs de calcitonine. Une fois séparées selon leur taille,

les protéines ont été transférées sur membranes de PVDF à 4°C. Les sites

de liaisons non spécifiques des anticorps ont été bloqués avec une

solution de lait écrémé en poudre 5% dans du TBS-Tween (Tris-Bufferd

Saline) (Tris HCl 50 mM, NaCl 150 mM, pH 7,6; 0,1% Tween 20) pendant

20 minutes. La détection de la Cathepsine K a nécessité un blocage avec

de la gélatine de porc à 2% dans du TBS-Tween pendant 60 minutes à

37°C. Après le blocage, les différents anticorps primaires ont été ajoutés:

cathepsine K (1g/ml) pendant 1 heure à 37°C, TREM2 (1g/ml), DAP-12

(2 g/ml), NFATc (2 g/ml), récepteur de calcitonine (2g/ml) toute la

nuit à 4°C. Après trois lavages de 5 minutes dans du TBS-Tween, les

différents anticorps secondaires couplés à la HRP dilués dans du TBS-

Tween (1:20 000) ont été ajoutés et laissés pendant 30 minutes: anti IgG

de souris pour TREM2, DAP12, NFATc, Récepteurs de calcitonine et anti

IgG de chèvre pour cathepsine K. Enfin, les membranes ont été lavées

trois fois pendant 10 minutes dans du TBS-Tween. La révélation a été

effectuée à l’aide du système de détection ECL et la visualisation à l’aide

des films de révélation. Un temps d’exposition variable a été nécessaire

pour chacune des différentes protéines recherchées. Nous avons mesuré

la quantité de chaque protéine contenue dans les cellules et l’avons

exprimé en unité de densitométrie. Cette unité arbitraire correspond au

rapport de la densité optique de la bande d’électrophorèse de la protéine

concernée sur la densité optique de la bande d’électrophorèse de la

protéine référence: l’actine.

48

2.2.5. Analyses par RT-PCR

Après la différenciation, les cellules ont été lavées dans du PBS,

l’ARN total a été isolé suite à la lyse des cellules dans du Trizol (environ 2

millions de cellules dans 1 milli-litre de trizol). La réaction de reverse

transcriptase (RT) a été effectuée suivant le protocole du fabricant du kit

Superscript™ II RT avec 2µg d’ARN. Les ADN complémentaires (ADNc)

obtenus ont été amplifiés par une réaction de polymérase en chaîne

(PCR) en utilisant des paires d’amorces spécifiques pour chacun des

gènes ciblés. Chaque PCR a été effectuée avec 2 µl d’ADNc obtenu après

la reverse transcription, 10 µM d’amorces spécifiques soit 1µl; 100 µM de

dNTPs soit 0,5 µl ; 2,5µl de tampon PCR 10X (200 mM Tris-HCl pH 8,4,

500 mM KCl); 0,5 U d’enzyme Taq polymerase de chez Feldan; de l’eau

distillée pour obtenir un volume final de 25 µl. Le nombre de cycles

effectués a été de 30. La température de dénaturation a été de 90°C, celle

de l’hybridation des amorces a été de 60°C et celle de l’élongation, de

72°C. Le gène de la GAPDH (Glyceraldehyde 3-phosphate déhydrogénase)

humaine a été utilisé comme gène référence. Les différents produits de la

PCR ont été séparés par électrophorèse sur un gel d’agarose à 1% dans

du tampon TAE (Tris Acetyl EDTA), en présence du bromure d’éthidium.

Nous avons quantifié les différents ADNc qui correspondent à

l’expression des gènes et les avons exprimés en unité de densitométrie.

Cette unité arbitraire correspond au rapport de la densité optique de

chaque bande d’électrophorèse du gène concerné sur la densité optique

de la bande d’électrophorèse du gène référence GAPDH. Les séquences

des amorces des différents gènes recherchés ont été les suivantes :

TREM2 S (sens): 5’-GTC-TTG-CCC-CTA-TGA-CTC-CA-3’ AS (anti sens): 5’-CTG-GTA-GAG-ACC-CGC-ATC-AT-3’

S: 5’-CCA-AGC-ATC-CTA-TCC-CTC-AA-3’ AS: 5’-ATG-CAT-TTT-GCA-GGC-AGA-AC-3’

49

DAP-12 S: 5’-ACT-GAG-ACC-GAG-TCG-CCT-TA-3’

AS: 5’-TCT-CTC-AGG-GAT-GGC-ACT-CT-3’

PIR-A S: 5’-GCT-CAG-TAG-CAC-AAC-CAC-CA-3’ AS: 5’-TTA-GTC-CGC-TGC-TGA-CCT-TT-3’

OSCAR S: 5’-CCC-AGC-TTC-ATA-CCA-CCC-TA-3’ AS: 5’-GAA-GAG-AAG-GGG-AGC-GAT-CT-3’

Cathepsine K S: 5’-TTC-TGC-TGC-TAC-CTG-TGG-TG-3’ AS: 5’-GCC-TCA-AGG-TTA-TGG-ATG-GA-3’

MMP9 S: 5’-TTG-ACA-GCG-ACA-AGA-AGT-CG-3’ AS: 5’-GCC-ATT-CAC-GTC-GTC-CTT-AT-3’

NFATc S: 5’-AGA-AAG-CGA-AGC-CAG-TAC-CA-3’ AS: 5’-CGG-TCT-CAC-TAA-CGG-GAC-AT-3’

RANK S: 5’-TTG-CAG-CTC-AAC-AAG-GAG-AC-3’ AS: 5’-AGC-TGG-CAG-AGA-AGA-ACT-GC-3’

GAPDH S: 5’-CGA-GAT-CCC-TCC-AAA-ATC-AA-3’ AS: 5’-TTC-ACA-CCC-ATG-ACG-AAC-AT-3’

2.2.6. Immunohistochimie

Marquage de l’actine

Les cellules (2 millions de cellules/ml) ont été différenciées pendant

3 jours dans des plaques de 6 puits sur des lamelles de verre. Après la

différenciation, nous avons effectué deux lavages de 5 minutes dans du

PBS puis les cellules ont été fixées dans du paraformaldéhyde (PFA) 4%

pendant 15 minutes. Après la perméabilisation des cellules avec une

solution de PBS contenant 1% de BSA (Bovine Serum Albumin) et 0,1%

de triton X100 pendant 20 à 30 minutes, nous avons procédé au

50

marquage des cellules avec l’Alexa Phalloidine 488 (5 U/ml dans du PBS-

BSA-Triton X100) pendant 30 minutes à la température ambiante et à

l’abri de la lumière. Ensuite, nous avons procédé à la contre coloration

pour marquer les noyaux avec un marqueur d’ADN moléculaire ; soit

avec le DAPI (30 nM dans du tampon de blocage) pendant 5 minutes, soit

avec le 7AAD (40 g/ml dans de l’eau) pendant 45 minutes. Les

marquages ont été faits à l’abri de la lumière. La visualisation des

cellules a ensuite été effectuée au microscope optique à fluorescence en

utilisant les filtres appropriés aux différents fluorochromes après avoir

déposé sur les cellules de l’huile de montage ; aux grossissements 40X et

60X. Pour la visualisation des anneaux d’actine, nous avons utilisé un

microscope confocal. Les longueurs d’onde (excitation/émission) étaient

de 358/461 nm pour le DAPI, 546/647 nm pour 7AAD et 495 /518 nm

pour l’Alexa Phalloïdine 488.

Marquage de RANK:

Après différenciation, lavages et fixation comme précédemment, les

cellules ont été perméabilisées avec de la saponine 0,3% dans du PBS

pendant 20 à 30 minutes. Ensuite les sites de liaison non spécifiques des

anticorps ont été bloqués avec 10% de sérum humain dans du PBS

pendant 1 heure à temperature ambiante, dans une chambre humide

pour éviter que les lamelles ne sèchent. Après l’heure de blocage, la

solution a été aspirée et l’anticorps primaire RANK humain (7,5 g/ml)

ou l’isotype IgG1 ont été déposés et laissés toute la nuit à 4°C, toujours

dans une chambre humide. Le lendemain, l’anticorps primaire et

l’isotype ont été aspirés et les cellules ont subit 3 lavages de 5 minutes

dans du PBS. Puis l’anticorps secondaire chèvre anti lapin Alexa 568 a

été déposé sur les cellules pendant 1 heure à température ambiante, à

l’abri de la lumière. Un marquage de l’ADN nucléaire a aussi été effectué

avec du DAPI pendant 5 minutes, toujours à l’abri de la lumière. Les

cellules ont ensuite été visualisées en utilisant un microscope optique à

51

fluorescence en utilisant les filtres appropriés aux différents

fluorochromes.

2.2.7. Coloration TRAP

Les cellules ont été différenciées pendant 3 jours sur des lamelles

de dentine placées dans des plaques de 96 puits (300 000 cellules dans

200 l de milieu de différenciation). Les lamelles de dentine ont été au

préalable imbibées du milieu RPMI pendant au moins 1 heure. Le milieu

de différenciation contenait du RANKL (40 ng/ml), de la calcitriol (10-8

M), du M-CSF (25ng/ml) et du PMA (10-8M). Les cellules ont été colorées

selon les instructions du fabricant du kit TRAP. Le principe de cette

coloration est le suivant: les cellules après avoir été lavées, ont été fixées

avec une solution d’acétone et citrate ; ensuite elles ont été incubées avec

40 mM d’une solution de tartrate. Cette coloration permet de révéler

l’activité enzymatique (phosphatase) à pH acide en présence de tartrate.

Les ostéoclastes sont des cellules dont la phosphatase acide est

résistante au tartrate et dans ce cas, l’activité enzymatique de la TRAP se

traduit par la formation d’un précipité rouge brique à la suite de la

coloration.

2.3. RÉSULTATS

Nous avons vérifié si les HL60 une fois différenciées remplissaient

tous les critères des ostéoclastes. Pour cela, nous avons effectué

plusieurs expériences pour vérifier la morphologie et la fonction de ces

cellules. Comme caractéristiques morphologiques nous avons vérifié la

taille et le nombre de noyaux et comme caractéristiques fonctionelles,

nous avons recherché la présence des récepteurs RANK, récepteurs de

calcitonine, OSCAR, PIR-A, TREM2, SIRP1 et la molécule adaptatrice

DAP12, clés de la différenciation et de l’activation des ostéoclastes in

52

vivo ; des molécules MMP9 et cathepsine K, du facteur de transcription

NFATc . Nous avons aussi recherché la présence des anneaux d’actine et

de l’activité enzymatique TRAP qui sont deux éléments caractéristiques

de l’activation des ostéoclastes.

2.3.1. Caractéristiques morphologiques des cellules

Lorsqu’on observe les cellules HL60 en culture, déjà au bout de 2

jours on observe l’allongement des cellules et leur adhésion à la plaque

de culture, ce qui constitue de grands changements dans la cellule

d’origine. Au bout des trois jours de différenciation, on a observé au

microscope optique que les cellules ont complètement changé de forme ;

elles sont devenues adhérentes et plus grosses (figure 11). On a pu aussi

observer la présence de plusieurs noyaux. Il est à noter que ce ne sont

pas toutes les cellules incubées qui se différencient, environ 60% se

transforment.

Un marquage de ces cellules à la phalloïdine pour le cytosquelette

d’actine et au DAPI pour les noyaux, nous a permis de mieux les

observer et de confirmer ces changements (figure 12).

53

Figure 11: Caractéristiques morphologiques des cellules HL60

différenciées (microscopie optique 400X)

(a) Les cellules HL60 non différenciées possèdent un noyau et sont en

suspension, (b) Les cellules HL60 différenciées possèdent plusieurs noyaux et

sont adhérentes.

Figure 12: Caractéristiques morphologiques des cellules HL60

différenciées (microscopie à fluorescence 400X) :

A. Cellule HL60 différenciée dont l’actine du cytoplasme a été marquée à la

phalloïdine. B. Marquage au DAPI des noyaux d’une cellule HL60 différenciée

(ici cellule à six noyaux). C. Superposition des deux marquages sur une cellule

HL60 différenciée.

54

2.3.2. Présence des anneaux d’actine

Les anneaux d’actine sont des éléments importants de la

résorption car ils sont nécessaires à l’adhésion ferme des cellules à la

surface de résorption et permettent ainsi de former une zone de scellage

dans laquelle aura lieu la résorption proprement dite. Afin de déterminer

si les HL60, une fois différenciées étaient capables de former des

anneaux d’actine, nous avons fait une expérience d’immuno-histochimie

qui nous a permis de marquer l’actine et les noyaux des cellules. Puis

grâce à une microscopie confocale, nous avons pu observer la présence

de ces anneaux. Les anneaux d’actine sur les ostéoclastes se forment

lorsque les cellules adhèrent à la matrice osseuse. Nous avons observé la

présence de ces anneaux sur des cellules HL60 seulement après leur

différenciation et adhésion sur les lamelles de verre. Les cellules non

différenciées n’étant pas adhérentes, nous n’avons donc pas effectué

l’expérience sur ces cellules. La microscopie confocale nous a permis

d’observer les cellules en coupes transversales. Les anneaux étaient

visibles sur la coupe la plus basale, c'est-à-dire la plus proche de la

lamelle de verre (figure 13). La présence de ces anneaux d’actine nous

suggère que, comme les ostéoclastes, les HL60 différenciées pourraient

être capables d’adhérer fermement à une matrice osseuse et de former

une zone de scellage dans laquelle la résorption aura lieu.

55

Figure 13: Présence des anneaux d’actine (microscopie à

fluorescence 600X)

Cellules HL60 différenciées sur lamelles de verre dont l’actine forme un anneau

à la base de la cellule.

2.3.3. Activité enzymatique TRAP

Nous avons cherché à déterminer si les HL60 une fois différenciées

pouvaient présenter l’activité enzymatique TRAP comme les ostéoclastes.

Pour cela, les cellules ont été différenciées sur des lamelles de dentine

pendant trois jours. Nous avons utilisé comme contrôle négatif des

cellules HL60 non différenciées que nous avons fixées sur les lamelles de

dentine par cytospin à une vitesse de 500 RPM et comme contrôle positif

des monocytes différenciées en ostéoclastes sur une plaque en plastique.

Nous avons effectué cette expérience avec des HL60 sur dentine

car nous pensons que les cellules HL60 doivent être en présence d’une

matrice osseuse pour exprimer la TRAP. Comme présenté dans la figure

14, nous avons pu observer que les HL60 différenciées sur lamelles de

56

dentine présentaient l’activité enzymatique TRAP car la coloration rouge

brique caractéristique était bien visible sur les cellules.

Figure 14: Expression de l’activité enzymatique TRAP (microscopie

optique 200X)

A. Ostéoclastes sur plaque de plastique ayant la couleur rouge brique

caractéristique de l’activité enzymatique TRAP B. Cellules HL60 non

différenciées fixées par cytospin sur lamelles de dentine et colorées avec un kit

de détection de TRAP: pas de coloration rouge brique C. Cellules HL60

différenciées sur lamelles de dentine et colorées avec un kit de détection TRAP:

coloration rouge brique.

57

2.3.4. Expression de RANK

L’interaction RANK-RANKL est essentielle à la différenciation et à

l’activation des ostéoclastes. Selon la littérature, nous savons que le

récepteur RANK n’est pas constitutivement présent dans les cellules

HL60 [109]. Des études ont démontré qu’il était induit par la présence de

calcitriol; cette induction pourrait même être dépendante du temps et de

la dose [109]. Ainsi, nous avons vérifié si la différenciation de nos cellules

HL60 permettait bien de détecter la présence de l’ARNm de RANK par

PCR ou de la protéine par immuno-histochimie. Comme observé dans la

figure 15, nous avons pu confirmer l’expression de RANK par les cellules

HL60 différenciées. Le niveau d’expression du gène RANK est environ 6

fois plus élevé dans les cellules différenciées que dans les cellules non

différenciées. Les résultats entre les deux populations de HL60 non

différenciées et différenciées sont statistiquement significatifs (p< 0,05)

avec un test statistique t non apparié (n=5).

58

Figure 15: Expression de RANK dans les cellules HL60 différenciées

ND : Non Différenciées, D : Différenciées

A. Détection de la protéine RANK sur les HL60 différenciées par

immunofluorescence (grossissement 400X) B. L’ARNm des cellules HL60

différenciées et non différenciées a été extrait et reverse transcrit, puis l’ADNc a

été amplifié avec les amorces spécifiques du gène RANK. Le gène RANK apparaît

avec la différenciation C. Les niveaux d’expression du gène du récepteur RANK

contenu dans les cellules ont été quantifiés, ceci en mesurant la densité optique

des différentes bandes obtenues lors de l’électrophorèse (résultats exprimés en

unité arbitraire de densitométrie). (p< 0,05 avec un test statistique t non

apparié (n=5)).

59

2.3.5. Expression de NFATc

Nous avons recherché par PCR et par immunobuvardage la

présence du facteur de transcription NFATc dans les cellules HL60

différenciées. NFATc régule l’expression de nombreux gènes spécifiques

des ostéoclastes. Nous avons utilisé comme contrôle positif des

ostéoclastes différenciés à partir de monocytes. La figure 16 montre

l’expression de ce facteur de transcription autant dans les cellules

différenciées que non différenciées. Les cellules différenciées et non

différenciées ont environ les mêmes niveaux d’expression du gène NFATc.

Les cellules différenciées expriment environ deux fois moins de protéine

que les non différenciées, mais elle reste abondante comme dans les

ostéoclastes. Les résultats entre les deux populations de HL60 non

différenciées et différenciées sont statistiquement significatifs (p< 0,05)

avec un test statistique t non apparié (n=5 pour le gène et n=3 pour la

protéine).

60

Figure 16: Expression de NFATc

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées ; OCs : ostéoclastes

WB= immunobuvardage

A. Expression du gène du facteur de transcription NFATc dans les cellules

HL60 différenciées et non différenciées B. Détection de l’expression de la

protéine NFATc dans les cellules différenciées et non différenciées C. En

mesurant la densité optique des différentes bandes obtenues à la suite de

l’électrophorèse, nous avons pu quantifier les niveaux d’expression du gène

NFATc dans les cellules, les résultats sont exprimés en unité de densitométrie

D. La quantité de protéine a aussi été obtenue en mesurant la densité optique

des différentes bandes d’électrophorèse. Résultats exprimés en unité de

densitométrie.

61

2.3.6. Expression des récepteurs de calcitonine

Nous avons recherché par immunobuvardage la présence des

récepteurs de calcitonine dans les cellules HL60 différenciées, car ils sont

un récepteur spécifique de l’activation des ostéoclastes. Nous avons

utilisé comme contrôle positif des ostéoclastes différenciés à partir de

monocytes. La figure 17 montre l’expression de ces récepteurs autant

dans les cellules différenciées que non différenciées. La quantité de

protéine augmente à la suite de la différenciation; mais cette

augmentation n’est pas significative (test statistique t non apparié n=3,

p>0,05).

Figure 17: Expression des récepteurs de calcitonine

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées ; OCs : ostéoclastes

A. Détection par immunobuvardage de l’expression de la protéine des

récepteurs de calcitonine dans les cellules HL60 différenciées comme dans les

ostéoclastes B. Mesure de la densité optique (densitométrie) des bandes

obtenues suite à l’électrophorèse (n=3)

62

2.3.7. Expression de MMP9

Nous avons recherché par PCR la présence des métalloprotéinases

MMP9 dans les cellules HL60 différenciées. Comme le montre la figure

18, les HL60 expriment le gène MMP9 avant et après différenciation. Les

HL60 expriment environ deux fois plus le gène MMP9 lorsqu’elles sont

différenciées. ( test statistique t non apparié n=5 p< 0,05).

Figure 18: Expression de MMP9

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées

A. Les cellules HL60 expriment le gène MMP9 avant et après la différenciation

B. Le niveau d’expression du gène a été obtenu en mesurant la densité optique

des bandes d’électrophorèse et est exprimé en unité de densitométrie (n=5).

63

2.3.8. Expression de cathepsine K

La présence de la cathepsine K dans les cellules HL60 différenciées

a été recherchée en effectuant des immunobuvardages. La cathepsine K a

été retrouvée autant dans les cellules HL60 non différenciées que dans

les différenciées (figure 19). Les HL60 expriment légèrement plus de

protéine cathepsine K quand elles se différencient que lorsqu’elles ne

sont pas différenciées, mais la différence n’est pas significative entre les

deux groupes (test statistique t non apparié n=3, p>0,05).

Figure 19: Expression de cathepsine K

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées ; OCs : ostéoclastes

A. Les HL60 produisent la cathepsine K que les cellules soient différenciées ou

non, comme dans les ostéoclastes B. La quantité de protéines a été obtenue en

mesurant la densité optique des bandes d’électrophorèse et est exprimée en

unité de densitométrie (n=3).

64

2.3.9. Expression de DAP-12

L’expression du corécepteur DAP-12 a été investiguée dans les

cellules HL60 différenciées et non différenciées. Nous avons par PCR et

par immunobuvardage trouvé que les HL60 expriment bel et bien ce

facteur de costimulation (figure 20). Les cellules différenciées ont un

niveau d’expression du gène DAP12 environ 0,5 fois plus élevé que les

cellules non différenciées; mais cette différence n’est pas significative.

Pour ce qui est de la protéine, les cellules différenciées en expriment

environ 1,5 fois moins que les non différenciées mais elle reste quand

même abondante. Les différences entre les deux populations de HL60

non différenciées et différenciées n’étaient pas statistiquement

significatives (test statistique t non apparié (n=5 pour l’ARNm et n=4

pour la protéine), p>0,05).

65

Figure 20: Expression de DAP-12

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées ; OCs : ostéoclastes

WB= immunobuvardage

A.Détection par PCR de l’expression du gène du corécepteur DAP-12 dans les

cellules HL60 différenciées et non différenciées B. Détection par

immunobuvardage de la protéine DAP-12 dans les cellules différenciées et non

différenciées C. En mesurant la densité optique des différentes bandes obtenues

suite à l’électrophorèse, nous avons pu quantifier l’expression du gène DAP-12

dans les cellules, les résultats sont exprimés en unité de densitométrie (n=5) D.

La quantité de protéine a aussi été obtenue en mesurant la densité optique des

différentes bandes d’électrophorèse. Résultats exprimés en unité de

densitométrie (n=3).

66

2.3.10. Expression de TREM2

Le co-récepteur TREM2 a été recherché dans les cellules HL60

différenciées et non différenciées. En effectuant des expériences

d’immunobuvardage et de PCR, nous avons trouvé que les HL60

expriment ce corécepteur (figure 21) tant sur le plan de l’ARNm que de la

protéine. Les cellules différenciées ont un niveau d’expression du gène

TREM2 environ 2 fois plus important que celui des cellules non

différenciées; et cette différence est statistiquement significative (p<

0,05). Les cellules différenciées et non différenciées expriment

approximativement les même quantités de protéines. Nous avons effectué

des tests statistiques t non apparié (n=5 pour l’ARNm et n=3 pour la

protéine).

67

Figure 21: Expression de TREM2

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées ; OCs : ostéoclastes

WB=immunobuvardage

A. Détection par PCR de l’expression du gène du corécepteur TREM2 dans les

cellules HL60 différenciées B. Détection de la protéine TREM2 par western blot

dans les cellules différenciées et non différenciées comme dans les ostéoclastes

C. En mesurant la densité optique des différentes bandes obtenues suite à

l’électrophorèse, nous avons pu mesurer les niveaux d’expression du gène

TREM2 dans les cellules, les résultats sont exprimés en unité de densitométrie

(n=5) D. La quantité de protéine a aussi été obtenue en mesurant la densité

optique des différentes bandes d’électrophorèse. Résultats exprimés en unité de

densitométrie (n=3).

68

2.3.11. Expression d’OSCAR

Le co-récepteur OSCAR a été retrouvé dans les cellules HL60

différenciées et non différenciées (figure 22). En effectuant une

expérience de PCR, nous avons trouvé que les HL60 expriment environ

1,5 fois plus de gène OSCAR quand elles se différencient que lorsqu’elles

ne sont pas différenciées. La différence n’est cependant pas significative

entre les deux groupes (test statistique t non apparié n=5, p>0,05).

Figure 22: Expression d’OSCAR

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées

A. Les HL60 expriment le gène pour le facteur de costimulation OSCAR que les

cellules soient différenciées ou non B. Les niveaux d’expression du gène OSCAR

ont été obtenus en mesurant la densité optique des bandes d’électrophorèse et

sont exprimés en unité de densitométrie (n=5).

69

2.3.12. Expression de SIRP1

L’expression du co-récepteur SIRP1 a été démontrée dans les

cellules HL60 (figure 23). L’ARNm a été retrouvée par PCR que ce soit

dans les cellules non différenciées ou dans les cellules différenciées. Les

HL60 expriment environ 2 fois moins de gène SIRP1 quand elles se

différencient que lorsqu’elles ne sont pas différenciées. Cette différence

est statistiquement significative mais la quantité d’ARNm dans les

cellules différenciées reste importante (test statistique t non apparié

n=5 ; p< 0,05).

Figure 23: Expression de SIRP1

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées

A. Les HL60 expriment le gène pour le facteur de costimulation SIRP1 que les

cellules soient différenciées ou non B. Les niveaux d’expression du gène ont été

obtenus en mesurant la densité optique des bandes d’électrophorèse et sont

exprimés en unité de densitométrie (n=5).

70

2.3.13. Expression de PIR-A

Le co-récepteur PIR-A a été recherché dans les cellules HL60. Sa

détection a pu se faire en effectuant une expérience de PCR. L’ARNm de

ce récepteur a ainsi été trouvé tant dans les cellules HL60 différenciées

que dans les cellules non différenciées (figure 24). Les HL60 expriment

environ 1,5 fois plus de gène PIRA quand elles se différencient que

lorsqu’elles ne sont pas différenciées. Cette différence n’est cependant

pas statistiquement significative (test statistique t non apparié n=5,

p>0,05).

Figure 24: Expression de PIR-A

ND: Non Différenciées ; D: Différenciées

A. La PCR nous montre que les HL60 expriment le gène du facteur de

costimulation PIR-A que les cellules soient différenciées ou non B. Les niveaux

d’expression du gène PIR-A ont été obtenus en mesurant la densité optique des

bandes d’électrophorèse et sont exprimés en unité de densitométrie (n=5).

71

2.3.14. Expression de CD64

Nous avons cherché à savoir si les cellules HL60 possédaient un récepteur Fc. Par

immunobuvardage, nous avons détecté dans les cellules HL60 différenciées et non différenciées

une faible expression du récepteur FcRI encore appelé CD64 (figure 25) ; expression aussi faible

dans les monocytes que nous avons utilisé comme contrôle positif. Les cellules HL60

différenciées expriment environ 0,5 fois plus de récepteur CD64 que les non différenciées. La

différence n’est pas significative entre les deux (test statistique t non apparié n=4, p>0,05)

Figure 25: Expression du récepteur CD64

Mono : monocytes ; ND : non différenciées ; D : différenciées

A.Western blot pour rechercher la présence des récepteurs Fc et plus précisément le CD64, avec comme contrôle positif les monocytes B. Évaluation de la densité optique des bandes d’électrophorèse, expression en unité de densitométrie (n=4).

72

2.4. DISCUSSION

Notre étude nous a permis de trouver les conditions optimales de

différenciation des cellules HL60 en cellules de type « osteoclast-like » et

de pouvoir ainsi définir un modèle de différenciation pour l’obtention

d’ostéoclastes. Nos résultats suggèrent que le traitement des cellules

HL60 avec des facteurs tels que la calcitriol, le M-CSF, le RANKL et le

PMA est essentiel à cette différenciation. Ces cellules différenciées ainsi

obtenues deviennent, tant sur le plan morphologique que fonctionnel,

très proches des ostéoclastes. Sur le plan morphologique, on constate

l’apparition de plusieurs noyaux, l’augmentation de la taille des cellules,

et de la capacité d’adhérence. Sur le plan fonctionnel, elles expriment,

tant en matière de protéines que d’ARNm, les molécules MMP9 et

cathepsine K, le facteur de transcription NFATc, les récepteurs RANK,

récepteurs de calcitonine, OSCAR, PIR-A, TREM2, SIRP1 et la molécule

adaptatrice DAP12, clés de la différenciation et de l’activation des

ostéoclastes in vivo. Elles expriment aussi le récepteur Fc qui est un des

récepteurs de co-stimulation des ostéoclastes. L’implication réelle de ce

récepteur n’a pas encore été démontrée mais on pourrait supposer que,

comme chez le neutrophile, il participe à l’immunité en se liant à des

immunoglobulines qui ont déjà des antigènes attachés à elles. Les

cellules HL60 différenciées possèdent aussi une activité enzymatique

TRAP et ont la possibilité de réorganiser leur cytosquelette d’actine de

manière à former des anneaux.

À ce jour, les modèles de différenciation d’ostéoclastes utilisés dans

la littérature sont les modèles à partir de cellules de souris [122, 123],

tels que la lignée cellulaire RAW utilisée dans notre laboratoire et les

modèles humains qui eux sont obtenus à la suite de la différenciation in

vitro de monocytes isolés de sang humain, ce qui peut quelques fois

aboutir à une irrégularité des résultats d’un donneur de sang à l’autre.

Les cellules HL60 constituent de ce fait le modèle humain par excellence

73

pour l’étude des ostéoclastes. Plusieurs études ont permis de montrer la

capacité de différenciation des cellules HL60 en ostéoclastes [108, 118,

119]. Cependant le plus souvent ces études étaient menées pour étudier

un aspect particulier de l’ostéoclaste. C’est le cas par exemple de Kido et

ses collaborateurs qui ont étudié l’induction de l’expression de RANK sur

des cellules HL60 différenciées en ostéoclastes [109]. De même, Hillstrom

Shapiro et ses collaborateurs ont étudié l’expression de l’anhydrase

carbonique II sur les HL60 différenciées en ostéoclastes [124]. Nous

n’avons trouvé aucune étude qui caractérise la cellule HL60 « osteoclast-

like » dans tous les aspects de son activation et de sa fonction ; notre

étude a ainsi permis de combler ce vide. Malgré le fait que nous n’avons

pas pu quantifier le nombre de cellules HL60 qui se différencient, nous

avons pu remarquer pendant nos expériences que les HL60 arrêtent leur

prolifération en présence des facteurs de différenciation, car nous

n’avons pas observé pas le doublement habituel de ces cellules en 24

heures de culture. McCarthy et ses collaborateurs l’ont d’ailleurs

démontré dans leur étude [107]. En effet, ils ont trouvé qu’en présence de

vitamine D3 le nombre de cellules HL60 diminuait avec le temps et avec

l’augmentation de la concentration (à des concentrations élevées la

prolifération s’arrête en 48 heures). Le mécanisme de différenciation

pourrait impliquer la fusion comme c’est le cas des précurseurs

myéloïdes in vivo car on observe de nombreux amas cellulaires après la

différenciation, de même qu’une augmentation de la taille des cellules.

Plusieurs récepteurs sont impliqués dans la fusion des précurseurs

d’ostéoclastes ; on peut citer parmi eux: le DC-STAMP (« Dentritic Cell-

Specific Transmembrane Protein », protéine transmembranaire spécifique

des cellules dendritiques), la cadhérine E et le MFR (« Macrophage Fusion

Receptor », récepteur de fusion des macrophages) [125, 126]. Il serait

juste de penser que les HL60 pourraient posséder certains de ces

récepteurs indispensables à la fusion des précurseurs d’ostéoclastes.

74

La différenciation des cellules HL60 pourrait impliquer l’activation

de la voie RANK/RANKL. Dans le même ordre d’idée, l’expression du

facteur de transcription NFATc sous-entend une activation en amont de

la voie de signalisation de RANK: recrutement de TRAF6 suivi de

l’activation de NFB et des MAP kinases JNK et Erk (figure 3). D’autant

plus qu’une étude a démontré que les souris déficientes en NFATc1

étaient incapables d’initier l’ostéoclastogenèse [127]. L’activation de cette

voie de signalisation est responsable de l’expression de toutes les

molécules spécifiques des ostéoclastes et de la résorption osseuse, ceci

s’est vérifié dans les HL60 « osteoclast-like » avec l’expression de MMP9,

de la cathepsine K, des récepteurs de calcitonine, de l’activité

enzymatique TRAP et la formation des anneaux d’actine. Yoneda et ses

collaborateurs ont démontré que les récepteurs de calcitonine

apparaissent avec la différenciation des HL60 en cellules « osteoclast-

like » et que cette différenciation était inhibée par la calcitonine de

saumon, de même que la résorption osseuse [119]. L’expression des

molécules de costimulation (DAP12, TREM2, SIRP1, OSCAR, FcR, PIR-

A) par les HL60 « osteoclast-like » vient corroborer le constat selon lequel

ces cellules remplissent vraiment tous les critères d’un ostéoclaste.

Les récepteurs Fcγ sont les récepteurs pour la fraction Fc des IgG.

Il en existe trois : FcRI ou CD64, FcRII ou CD32 et FcRIII ou CD16

[128]. Nous n’avons trouvé dans notre étude que le récepteur CD64; dans

les cellules non différenciées en faible quantité et en plus grande quantité

après la différenciation. Certaines études ont montré que les cellules

HL60 expriment déjà un récepteur pour les IgG [129, 130], tout comme

les monocytes/macrophages, cependant ces études ne précisaient pas

exactement lequel des trois récepteurs Fc.

75

III. ACTION DES FACTEURS RHUMATOÏDES SUR

LES OSTÉOCLASTES ET LA RÉSORPTION

OSSEUSE

3.1. INTRODUCTION

Les FR sont un des bio marqueurs indispensables pour le

diagnostic de la PAR. Ils sont retrouvés dans le liquide synovial, la

membrane synoviale, le sang, de même que dans les autres fluides et

tissus des patients atteints de PAR et ils participent à la pathogenèse de

la maladie. Il en existe trois types: IgM, IgG et IgA. Les FR interviennent

dans la formation des complexes immuns, la présentation antigénique et

l’activation du complément. Les complexes immuns, et particulièrement

ceux formés avec les FR, sont en partie à l’origine de l’activation du

processus inflammatoire [131]. L’érosion osseuse peut toucher à la fois

les arthrites séropositives pour les FR, de même que les arthrites

séronégatives. Cependant, une corrélation a été retrouvée entre le taux

d’érosion osseuse et le taux de FR détecté; le titre élevé de FR chez un

patient est signe d’un développement de la maladie vers des érosions

osseuses et même des manifestations extra-articulaires. Il n’a pas été

clairement établi lequel est le type causant le plus d’érosions osseuses,

mais les auteurs d’une étude pensent que le FR de type IgA pourrait

corréler avec de fortes érosions osseuses [132].

Les cellules du milieu synovial peuvent exprimer des récepteurs

pour la fraction Fc des IgG appelé FcR ; cela pourrait permettre

d’expliquer le rôle des FR de type IgG dans la maladie [131].

L’importance des FR dans la pathologie est établie: présentation

antigénique avec formation d’auto-anticorps et activation du

complément. Cependant aucune étude n’explique la corrélation

retrouvée entre le taux élevé de FR et l’érosion osseuse. Les ostéoclastes

76

possèdent à leur surface plusieurs co-récepteurs dont le récepteur Fc

[15] qui pourrait lier les FR sous la forme de complexe. D’où notre

hypothèse qui stipule que les FR augmentent la résorption osseuse en

agissant directement sur l’ostéoclaste via ce récepteur. Nous nous

sommes donc fixé comme objectif de montrer l’effet des FR sur la

résorption osseuse des ostéoclastes. Dans notre étude, nous avons

incubé des FR directement sur des ostéoclastes pour observer leurs effets

sur les cellules et sur la résorption osseuse.

3.2. MATÉRIELS ET MÉTHODES

3.2.1. Réactifs

Le milieu de culture utilisé, MEM et le sérum de veau fœtal (FBS)

ont été obtenu de chez Wisent (St-Bruno, QC, Canada). Le M-CSF et le

RANKL recombinants ont été tous les deux achetés chez Peprotech

(Rocky Hill, NJ, USA). La 1 dihydroxyvitamine D3 et le phorbol 12-

myristate 13-acétate (PMA) ont été obtenus de chez Sigma Chemical Co.

(St Louis, MO, USA). Les facteurs rhumatoïdes de type IgG, IgM ont été

obtenus d’une collaboration avec le Dr Marianna Newkirk (Université

McGill, Montréal). Les concentrations des différents facteurs rhumatoïdes

sont les suivantes: IgM FR: 50 µg/ml; IgA FR: 50 µg/ml ; celle de l’IgG:

10 µg/ml. L’anticorps de souris anti tyrosine-phosphorylation humaine a

été obtenu chez Upstate Biotechnology Inc. (Billerica, MA, USA) et était

utilisé à la concentration de 2 g/ml. L’anticorps IgM humaine provenait

de Sigma Chemical Co. (St Louis, MO, USA) et était utilisé à la

concentration de 50 g/ml.

Les lamelles d’OSTEOLOGIC utilisées comme matrice pour la

résorption des ostéoclastes ont été achetées chez BD Biosciences

(Mississauga, ON, Canada). Les lamelles d’OSTEOLOGIC consistent en

77

des micromolécules de phosphate de calcium disposées en fine lamelles

sur des lames de verre.

3.2.2. Isolement des monocytes :

Les monocytes ont été isolés à partir de sang humain de donneurs

volontaires sains recueilli dans des poches contenant de l’isocitrate

comme anticoagulant. Les monocytes ont été isolés selon la même

méthode que décrite dans le paragraphe 2.2.3.

La différenciation des monocytes en ostéoclastes a aussi suivi le

même protocole que dans le paragraphe sus-cité. Nous avons aussi

différencié des ostéoclastes en présence des FR. Nous avons ajouté soit le

FR IgM (50 g/ml), soit l’anticorps IgM (50 g/ml) qui nous servait de

contrôle. Les FR étaient ajoutés au milieu de différenciation et le

processus de différenciation se faisait en 10 jours avec un changement

de milieu 2 fois par semaine.

3.2.3. Résorption osseuse

Une fois décollés des plaques de culture et lavés, les ostéoclastes ont

été comptés et resuspendus dans le milieu MEM pour les mettre à la

concentration de 100 000 ostéoclastes /200 l. Un volume de 200 l a

été ajouté dans chacun des puits d’OSTEOLOGIC. Après avoir déposé

les 200l dans chacun des puits, les cellules ont été incubées pendant

24h pour permettre aux ostéoclastes d’adhérer à la matrice.

Après 24 heures, le milieu de culture a été enlevé et remplacé par un

milieu de différenciation (MEM/FBS + RANKL (40 ng/ml) + M-CSF (25

ng/ml) + vitamine D3 (10-8M)) auquel ont été ajoutés ou non les FR ou les

isotypes contrôle en fonction des conditions à tester. Les cellules ont

été laissées pour la résorption pendant 12 jours avec des changements

de milieu tous les trois ou quatre jours. Les conditions testées sur les

cellules ont été les suivantes :

78

Milieu de culture (MEM +FBS)

Milieu de différenciation (MEM/FBS + RANKL (40 ng/ml) + M-

CSF (25ng/ml) + vitamine D3 (10-8M))

Milieu de différenciation + IgM FR

Milieu de différenciation + complexe IgG – IgM FR (IgG et IgM

incubés ensemble pendant 30 minutes à 37°C et au bout de ce

temps incubés avec les ostéoclastes)

Milieu de différenciation + IgG (incubé avec les ostéoclastes

pendant 30 minutes à 37°C) + IgM FR rajoutés au bout des 30

minutes.

Les FR sont des immunoglobulines qui pourraient se lier aux

récepteurs Fc retrouvés sur les ostéoclastes. Nous ne savons pas si les

ostéoclastes possèdent les récepteurs pour les IgM FR alors que nous

savons avec certitude qu’ils possèdent les récepteurs pour les IgG (FcR).

Nous avons de ce constat choisi de faire des essais avec ou sans

complexes immuns (IgG – IgM FR) car nous émettons l’hypothèse que les

IgG peuvent servir de ponts entre les IgM FR et le récepteur Fc.

Au bout des 12 jours de résorption, les milieux de culture ont été

enlevés des plaques d’OSTEOLOGIC et ces dernières lavées avec une

solution d’hypochlorite de sodium diluée à 10% dans de l’eau : 2 lavages

pendant 10 minutes chacun en agitant de temps en temps. Chaque puits

a ensuite été bien rincé avec de l’eau distillée (4 ou 5 lavages). Les

plaques ont été laissées séchées à l’air libre et ensuite observées au

microscope optique pour voir la résorption.

3.2.4. Coloration TRAP

Les cellules, après avoir été différenciées, ont été lavées puis fixées

avec une solution de mélange acétone et citrate. Elles ont ensuite été

79

incubées avec 40 mM d’une solution de tartrate et enfin colorées avec

une solution d’hématoxyline pour colorer les noyaux.

3.3. RÉSULTATS

3.3.1. Action des facteurs rhumatoïdes sur les

ostéoclastes

Puisque nous savons que les FR jouent un rôle important dans la

résorption osseuse au cours de la PAR, nous avons cherché à savoir si

ces FR influencaient directement les ostéoclastes au cours de leur

processus de différenciation. Nous avons incubé des monocytes en cours

de différenciation en ostéoclastes soit avec le FR IgM (IgM FR), soit avec

l’anticorps IgM comme contrôle négatif. Une fois les ostéoclastes

différenciés, nous les avons ensuite colorés avec une coloration TRAP et

une contre coloration à l’haematoxyline pour bien observer les noyaux. A

la fin du processus de différenciation, nous avons remarqué une grande

différence entre les cellules incubées avec l’IgM FR et celles différenciées

normalement. Bien que la coloration TRAP soit positive sur les cellules

différenciées avec et sans FR, les FR permettaient d’obtenir des cellules

beaucoup plus grosses et avec un nombre plus élevé de noyaux (figure

26). De plus, l’incubation des cellules avec l’anticorps IgM qui n’est pas

un FR avait plutôt un effet négatif (inhibition de la différenciation ou peut

être toxicité), car aucune cellule n’a réussi à terminer le processus de

différenciation et elles se sont toutes décollées de la plaque de culture.

80

Figure 26: Effets du facteur rhumatoïde IgM sur la différenciation

des ostéoclastes (microscopie optique 200X)

A. Les monocytes ont été incubés avec le milieu de différenciation (MEM +

RANKL (40 ng/ml) + MCSF (25ng/ml) + vitamine D3 (10-8M) et différenciés en

ostéoclastes pendant 12 jours. Les ostéoclastes obtenus étaient positifs à la

coloration TRAP. Les flèches indiquent les noyaux B. Monocytes incubés avec le

milieu de différenciation et les facteurs rhumatoïdes IgM et différenciés en

ostéoclastes pendant 12 jours. Les flèches indiquent les noyaux C. Monocytes

incubés avec le milieu de différenciation et l’anticorps IgM qui n’est pas un

facteur rhumatoïde.

81

3.3.2. Action des facteurs rhumatoïdes sur la

résorption par les ostéoclastes

Nous avons cherché à savoir si les FR, en plus d’augmenter la taille

des ostéoclastes, augmentaient aussi leur activité de résorption. Nous

avons pour cela différencié des ostéoclastes et les avons incubé sur une

lamelle d’OSTEOLOGIC pour la résorption et évalué les surfaces

moyennes de résorption. La figure 27 montre l’histogramme des surfaces

moyenne de résorption osseuse avec et sans FR. Nous avons testé

plusieurs concentrations avec le FR IgM: 10 g/ml; 30 g/ml et 50

g/ml; et trouvé un effet sur la surface de résorption qui est dépendant

de la dose de FR IgM-FR. La surface de résorption augmente avec la dose

de FR. L’incubation des cellules avec IgM-FR en complexes immuns avec

IgG, a aussi un impact sur la résorption. En effet les surfaces de

résorption étaient plus importantes en présence de FR avec complexes

immuns comparativement à la résorption sans FR. Nous avons testé la

résorption avec deux types de complexes immuns; premier type :

anticorps IgG ajouté 30 minutes avant IgM-FR et deuxième type :

complexe IgG-IgMFR constitué avant et rajouté ensuite sur les cellules.

La différence entre les deux types de complexes immuns était visible: la

surface de résorption était plus importante avec le premier type qu’avec

le second type de complexes immuns. Le FR IgA-FR quant à lui avait

plutôt un effet inhibiteur sur la résorption.

82

0

2500

5000

7500

10000

CTL- M

M + IgM RF

10ug/ml 30ug/ml 50ug/mlM

+

IgM

M

+

IgA RF

M +

complexe

IgG-IgMRF

M+

IgG avant

+ IgMRF

su

rface m

oyen

ne

de r

éso

rpti

on

en

pix

els

(un

ité a

rbit

rair

e)

Figure 27: Effet des facteurs rhumatoïdes sur la résorption osseuse

des ostéoclastes

CTL- : contrôle négatif, milieu de culture MEM

M : milieu de différenciation : MEM + RANKL (40 ng/ml) + MCSF (25ng/ml) + vitamine

D3 (10-8M)

Ostéoclastes incubés sur lamelles d’OSTEOLOGIC pour la résorption avec et

sans facteurs rhumatoïdes. Résultats correspondants à une seule expérience.

(IgM FR=IgM RF)

Nous avons effectué plusieurs autres expériences pour confirmer

nos premiers résultats et effectuer des calculs statistiques. La tendance

se confirme quant à l’impact des FR sur la résorption osseuse.

Cependant, les ostéoclastes utilisés sont des cellules différenciées à

partir de monocytes isolés de sang humain, ce qui donnait des variations

très importantes entre les résultats d’un donneur à l’autre. En effet, les

ordres de grandeur des surfaces de résorption sont très différents d’un

donneur à l’autre. Pour avoir des résultats significatifs, il faudrait un

nombre très élevé de donneurs de sang. Nous avons, de ce fait, pensé

tester l’effet des FR sur les HL60 différenciées en ostéoclastes.

83

3.3.3. Activation des cellules HL60 différenciées par

les facteurs rhumatoïdes

Nous avons démontré que les cellules HL60 étaient capables de se

différencier en des cellules qui remplissaient plusieurs critères des

ostéoclastes. Les ostéoclastes possèdent à leur surface des récepteurs Fc

qui sont des récepteurs dont l’activation aboutit à la phosphorylation des

protéines sur résidus tyrosine. Les FR pourraient donc avoir un effet sur

les cellules HL60 différenciées en se liant possiblement à ces récepteurs.

La phosphorylation des tyrosines est un des signes de l’activation des

cellules. La stimulation des cellules HL60 différenciées par des FR IgM-

FR pourrait éventuellement stimuler la production de protéines, soit en

passant par la voie de costimulation seule, soit de concert avec la voie

principale d’activation des ostéoclastes RANK-RANKL. En stimulant les

cellules à des temps différents (5 minutes, 10 minutes et 30 minutes), on

observe des profils différents de phosphorylation (figure 28 A). Le profil

des protéines phosphorylées sur résidus tyrosine montre plusieurs

bandes qui ne sont pas modifiées en présence de RANKL; par contre en

présence du mélange RANKL avec le FR IgM-FR ou avec le FR IgM-FR

seul, les bandes s’intensifient au cours du temps, ce qui montre une

activation des cellules surtout aux temps 5 minutes et 10 minutes par

rapport au véhicule. La stimulation avec l’anticorps IgM contrôle a plutôt

pour effet de diminuer l’activation des cellules avec le temps.

L’histogramme de la densitométrie globale des bandes d’électrophorèse

de l’immunobuvardage ciblant la phosphorylation des tyrosines montre

une différence entre la stimulation RANKL + IgM FR et IgM-FR avec la

stimulation RANKL (figure 28 B).

84

Figure 28: Phosphorylation des tyrosines dans les HL60

différenciées.

A. Les HL60 différenciées ont été incubés pendant 5, 10 ou 30 minutes soit avec le véhicule seul (Ve), soit avec RANKL, RANKL+IgM RF, IgM RF ou IgM. L’immunobuvardage a été fait avec un anticorps primaire de souris anti-tyrosine phosphorylée humaine suivi de l’anticorps secondaire couplé à la HRP chèvre anti-souris. B. Mesure de la densité optique des bandes d’électrophorèse. Résultats obtenus pour deux expériences indépendantes.

(IgM RF=IgM FR).

85

3.4. DISCUSSION

Dans cette étude nous avons montré que les FR agissaient sur la

différenciation des ostéoclastes en l’accentuant, de même qu’ils

accentuent aussi la résorption osseuse. Nous avons aussi montré que les

cellules HL60 différenciées en ostéoclastes étaient activées par les FR

IgM. Nous avons testé les FR IgM à plusieurs concentrations, les FR IgA,

de même que les complexes immuns IgG-IgM FR sur l’activité de

résorption par les ostéoclastes. Nous n’avons pas pu réaliser assez

d’expériences pour faire une analyse statistique de nos résultats, mais

nous avons observé que les FR augmentent la résorption; ce qui pourrait

expliquer l’augmentation de l’érosion osseuse observée chez les patients

atteints de PAR. Cette étude constitue un premier pas vers la

compréhension de l’action des FR sur les ostéoclastes. Peu d’études

montrent l’action des FR directement sur les ostéoclastes, alors que nous

savons leur importance dans l’évolution de l’érosion osseuse chez les

patients atteints de PAR.

L’importance du récepteur Fc dans la physiologie osseuse et la

pathologie rhumatoïde a été soulignée par certains auteurs. En effet, il a

été démontré que les souris déficientes pour les adaptateurs DAP12 et

FcR de la voie de costimulation étaient incapables d’initier

l’ostéoclastogenèse et donc la résorption osseuse [133, 134]. Ochi et ses

collaborateurs ont démontré que dans un contexte inflammatoire, la

résorption osseuse est dépendante de l’augmentation de la formation

d’ostéoclastes à travers le récepteur Fc associé à un récepteur tel que

PIR-A [135]. Les adaptateurs DAP12 et FcR comme le montre la figure

29, à travers leur motif ITAM, transmettent un signal d’activation des

ostéoclastes. Leur fonction dépend non seulement des récepteurs

auxquels ils sont associés, de leurs ligands (encore inconnus), mais aussi

du contexte dans lequel ils sont activés [136]. Nous pensons que les FR

pourraient constituer des ligands activateurs pour le récepteur Fcγ.

86

Nous avons constaté que l’IgM FR entraîne une augmentation de la

résorption osseuse qu’il soit incubé seul ou sous forme de complexes

immuns. Par contre, l’IgA FR a plutôt un effet inhibiteur sur la résorption

alors que nous savons que la présence du FR IgA corrèle avec des

érosions osseuses importantes [132]. L’IgM FR pourrait être sous sa

forme de complexe immun pour se lier au récepteur Fcγ. Ce récepteur ne

peut lier que la fraction Fc d’une IgG, alors ce pont serait peut être

nécessaire pour la co-stimulation des ostéoclastes, d’autant plus que

l’importance des complexes immuns, surtout ceux associés aux FR a

déjà été démontrée dans la pathologie [137, 138]. Certains auteurs ont

montré que ces complexes immuns jouent un rôle dans la stimulation de

monocytes/macrophages pour la production du TNF via la stimulation

du récepteur Fc [131, 139]. Les cellules HL60 « osteoclast-like » et les

ostéoclastes possèdent peut être le récepteur Fcµ, récepteur pour la

fraction Fc d’un IgM sur lequel l’IgM FR pourrait se lier directement afin

d’agir sur la cellule, au vue de l’action de ce FR sur la résorption. Le

problème majeur que pose l’utilisation de FR humains est leur pureté

(mélange d’IgG et d’IgM, communication du Dr M. Newkirk). En effet, le

sérum sanguin et le liquide synovial sont des milieux très riches en toute

sorte de facteurs qui peuvent influencer la résorption osseuse, alors

l’extraction des FR purs reste une opération complexe.

Nous avons constaté la formation de trous de résorption plus gros

en présence de FR, ce phénomène peut être le fait d’une suractivation

des ostéoclastes ou alors de la présence d’un plus grand nombre

d’ostéoclastes actifs. On peut donc penser que les cellules deviennent

plus « agressives ». Les FR stimuleraient peut être la fusion des

ostéoclastes en stimulant l’expression de récepteurs de fusion tels que le

DC-STAMP, la cadherine E, etc... Dans tous les cas, ce constat suscite de

nombreuses questions qui restent à élucider.

87

L’activation de la phosphorylation des protéines sur résidus

tyrosine des cellules HL60 différenciées par les FR IgM FR, montre une

fois de plus l’intérêt de l’utilisation de ces cellules pour étudier les

ostéoclastes. L’activité des ostéoclastes est en grande partie régulée par

la phosphorylation des protéines tyrosines et parmi elles nous avons les

protéines tyrosines kinases et les protéines tyrosines phosphatases[140].

Les protéines tyrosines kinases impliqués dans l’ostéoclastogenèse et

l’activation des ostéoclastes sont celles de la famille des tyrosines kinases

non-réceptrices et parmi elles les tyrosines kinases Btk et Tec sont les

plus exprimées[141]. Parmi les protéines tyrosines phosphatases, les

plus connues dans les ostéoclastes sont : PTPRO, PTP, SHP-1, et PTP-

PEST[142].

88

Figure 29: Protéines adaptatrices associées à leurs récepteurs

transmembranaires pour initier la transduction du signal [136].

89

IV. CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Cette étude nous a permis de développer un modèle valide

d’ostéoclastes in vitro qui permettra d’étudier différentes conditions de

stimulation ou d’inhibition des fonctions ostéoclastiques. En effet, les

cellules HL60 « osteoclast-like » répondent à tous les critères d’un

ostéoclaste ; tant sur le plan de la morphologie que de l’activation. Nous

avons obtenu des cellules multi-nucléées, adhérentes et plus grosses; ces

cellules expriment les récepteurs RANK, les récepteurs de la calcitonine,

OSCAR, PIR-A, TREM2, SIRP1, DAP12 et FcR, le facteur de

transcription NFATc, la TRAP et sont capables de former des anneaux

d’actine. Il serait intéressant de calculer le pourcentage de cellules

différenciées sur le nombre total de cellules mises en culture, ainsi cela

pourrait aider à optimiser les expériences utilisant ce modèle car

l’apoptose ou la concentration cellulaires influencent peut être les

conditions de culture. La fusion semble être le procédé par lequel les

HL60 se différencient en ostéoclastes, il serait intéressant de vérifier les

récepteurs de fusion retrouvés dans les HL60. L’utilisation des FR sur les

cellules HL60 différenciées permettrait de valider le modèle et confirmer

nos premiers résultats obtenus sur la résorption osseuse par des

ostéoclastes en présence de FR. En effet, nous avons aussi montré

l’action des FR sur la différenciation des ostéoclastes et sur leur fonction

de résorption ; d’autres expériences doivent être cependant menées pour

valider cette fonction de résorption. Beaucoup reste encore à faire pour

comprendre l’impact des FR sur les ostéoclastes, mais les premiers

résultats de cette étude nous encouragent à poursuivre les expériences

dans le but d’obtenir des résultats statistiquement significatifs. Dans

cette étude il n’a été question que des facteurs rhumatoïdes IgM et IgA,

mais il serait important d’aller voir l’effet de chacune des trois classes de

FR sur la résorption osseuse. L’importance apparente du récepteur Fc

dans l’arthrite rhumatoïde, nous interpelle sur la question des sous-

90

types de ce récepteur qui peuvent être présents. Certes nous n’avons

trouvé que le CD64 (FcRI) dans les HL60, mais il serait intéressant

d’utiliser plusieurs techniques différentes pour cette recherche, car les

autres sous-types semblent être impliqués dans la maladie. Il serait

aussi interessant d’aller rechercher la présence des récepteurs pour les

IgM (récepteurs Fc), au vue de l’importance du FR IgM sur la résorption

dans l’arthrite rhumatoïde.

91

V. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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