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MINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ECOLE NORMALE SUPERIEURE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES BOUZAREAH DEPARTEMENT DE FRANÇAIS ETUDE LEXICOLOGIQUE ET PRAGMATIQUE DE L’ŒUVRE ROMANESQUE DE TAHAR DJAOUT MEMOIRE DE MAGISTER PRESENTE PAR : AHMED BOUALILI SOUS LA DIRECTION DE : MME ABBES KARA YASMINE, MAITRE DE CONFERENCES DISCIPLINE : SCIENCES DU LANGAGE ALGER 2003/2004

Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA

RECHERCHE SCIENTIFIQUE

ECOLE NORMALE SUPERIEURE DES LETTRES ET SCIENCES

HUMAINES BOUZAREAH

DEPARTEMENT DE FRANÇAIS

ETUDE LEXICOLOGIQUE

ET PRAGMATIQUE DE L’ŒUVRE ROMANESQUE DE

TAHAR DJAOUT

MEMOIRE DE MAGISTER PRESENTE PAR : AHMED BOUALILI

SOUS LA DIRECTION DE : MME ABBES KARA YASMINE,

MAITRE DE CONFERENCES

DISCIPLINE : SCIENCES DU LANGAGE

ALGER 2003/2004

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Remerciements

Je tiens à remercier Mme Abbès Kara Yasmine pour le soutien qu’elle m’a apporté

et pour m’avoir initié à la statistique linguistique. Je lui exprime ma gratitude pour m’avoir

guidé dans ce travail et de n’avoir ménagé ni son temps, ni son savoir, ni sa patience pour

que ce travail arrive à son terme.

Je remercie également ma fiancée Nassima, qui a été toujours à mes côtés pour me

soutenir, mes parents, mes frères et sœurs, et tous mes amis.

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Je dédie ce travail à ma mère…

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Je suis le déterreur de l’histoire insoumise et de ses squelettes irascibles enfouis

sous vos temples dévastateurs. Je ne cautionnerai jamais vos cieux incléments et rétrécis où

l'anathème tient lieu de credo, je ne cautionnerai jamais la peur mitonnée par vos prêtres-

bandits des grands chemins qui ont usurpé des auréoles d'anges. Je me tiendrai hors de

portée de votre bénédiction qui tue, vous pour qui l'horizon est une porte clouée, vous dont

les regards éteignent les foyers d'espoir, transforment chaque arbre en cercueil.

Je suis de L’AUTRE RACE, celle des hommes qui portent jusqu’aux tréfonds de

leurs neurones des millénaires de soleil.

Tahar Djaout

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1 INTRODUCTION

1.1 Littérature maghrébine d’ « écriture » / d’ « expression » française

1.2 L’œuvre littéraire de Djaout

1.3 Problématique

1.4 Le corpus

1.4.1 Préparation des données textuelles.

1.4.2 L’analyse lexicométrique

1.4.2.1 La fonction contexte 24

1.4.2.2 La fonction concordance 25

1.5 Plan de travail

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1.1 Littérature maghrébine d’ « écriture »/ d’« expression »

française

Nous distinguons entre littérature maghrébine d’écriture française et celle d’expression

française dans la mesure où, selon Mouloud Mammeri1, on ne saurait parler de cette dernière

car ce que fait l’écrivain maghrébin, c’est écrire selon un modèle. Quand il veut s’exprimer,

dans son œuvre, il préfère utiliser des tournures syntaxiques calquées sur sa langue maternelle

ou, le plus souvent, se réfugie dans le lexique des langues « minorées » par la présence du

français.

Au-delà des taxinomies préétablies que des auteurs comme Jean Déjeux ou Nadjet

Khadda ont soulignées, nous pouvons parler de deux grandes étapes dans la littérature

maghrébine : la littérature maghrébine d’écriture française et celle d’expression française.

Nous considérons comme littérature d’écriture française l’ensemble des œuvres littéraires où

les auteurs ont fait de la langue française une langue de « nécessité » pour rendre compte de

leur état de colonisé et de leur statut social. La littérature d’expression française, quant à elle,

est la littérature dont les représentants ont fait leur la langue française en y introduisant de

nouveaux procédés aussi bien syntaxiques que lexicaux. Ces auteurs ont opté pour la langue

française et l’ont adoptée et assumée pour exprimer leur différence. Cette littérature « a

affirmé l’autonomie de son énonciation à partir du moment où [elle] n’a

plus été le dire d’un lieu anarchique pour une lecture en lieu autre

(…). »( Bonn, « Traversée » 58)

1 Cf. Mouloud Mammeri, Entretien avec Tahar Djaout, Edition Laphomic,

Col. Itinéraires, 1987.

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Parmi les trois générations que distingue Nadjet Khadda2, nous incluons les deux

premières dans la littérature d’écriture française. La génération des « pères fondateurs »

(1920-1950) dont les thèmes traitent surtout de l’ « assimilation » a choisi la parole dans la

langue de l’autre plutôt que l’aphasie. Les auteurs de cette génération choisirent

« la langue étrangère plutôt que le mutisme (…) Leur

français, bien maîtrisé, n’avait presque pas de

résonance culturelle, il était sans mémoire ou presque,

ce qui pouvait permettre un débat politique mais plus

difficilement une expression artistique, n’étant pas une

langue de désir juste une langue de nécessité. »

(Khadda, « La Littérature » 19)

Nous voyons bien que cette littérature servait de moyen de dénonciation de l’inégalité

entre le colonisateur et le colonisé. La langue utilisée est pratiquement identique à la langue

standard dans la mesure où les écrivains voulaient être compris par le colonisateur. L’objectif

premier de cette littérature était la nécessité d’être lu par un public auquel on s’adresse avec

ses mots et sa syntaxe.

L’après-guerre a constitué, en Algérie, l’élément déclencheur de la littérature engagée

au service de la lutte contre le colonialisme. Le roman maghrébin apparaît comme un moyen

de lutte et d’engagement. Pourtant il reste encore empreint d’ethnographie, d’où les réactions

mitigées quant à son réel potentiel. C’est le roman de la génération de la « consécration »

(1950 – 1970). Cette génération est, elle aussi, à intégrer dans la littérature d’écriture

2 Nadjet Khadda distingue trois générations d’écrivains maghrébins :

les pères fondateurs, la génération de la consécration et enfin les

écrivains engagés.

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maghrébine mais elle constitue le point d’ancrage de la littérature d’expression française. Les

auteurs de cette génération sont les précurseurs de cette dernière.

En effet, des auteurs comme Mouloud Mammeri ou Kateb Yacine ont exprimé leurs

intentions d’introduire dans la langue française l’expression de leurs sentiments en faisant

intervenir, dans leurs textes, des procédés syntaxiques et lexicaux empruntés à leurs langues

maternelles. Ainsi Mammeri disait-il :

« Je serai très heureux d’écrire en berbère. Je sais

qu’il y a des choses, des musiques, que je rendrai

infiniment mieux en cette langue qu’en nulle autre (…)

Jean Amrouche disait qu’il concevait et raisonnait en

français, mais qu’il ne pouvait pleurer qu’en berbère,

Jean Amrouche l’avait sucé avec le lait de Fadhma Ait

Mensour(…)Mais aucune langue apprise ne pouvait

remplacer en lui les musiques ancestrales, tissées dans

ses veines ».(« La Cité » 48-9)

Et à Kateb d’ajouter :

« J’exprime en français ce qui n’est pas français.

C’est-à-dire moi, lorsque je me mets à la table de

travail, je me cherche, je cherche cette Algérie perdue

(…) J’écoute, je parle arabe…immédiatement, je retrouve

cette sensibilité…mais écrivant français, j’ai mes

racines arabes ou berbères qui sont encore vivantes

(...) ».(qtd. In Jeune Afrique n°324)

Cette littérature se veut engagée. Néanmoins, elle a soulevé de part et d’autre de la

Méditerranée des réactions diverses. Pour les Français cette littérature prouve que la politique

d’assimilation a donné ses fruits et ces écrivains en sont une preuve incontestable. Pour les

Algériens de l’époque,

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« ces écrivains ne pouvaient être représentatifs de la

société algérienne, parce qu’ils se servaient de la

langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient

édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix

étrangers. En outre, du fait que ces œuvres nouvelles

étaient appréciées en France, elles ne pouvaient servir

le mouvement national en vue de l’indépendance, et les

articles, dithyrambiques de certains critiques français

rendaient automatiquement les romans suspects à ces

Algériens. Enfin, les romanciers écrivaient pour un

public français, bref, en concluait-on, pour faire

plaisir au colonisateur. » (Déjeux, « Littérature » 11)

Cependant, ajoute Jean Déjeux,

« louangeurs et contempteurs, pessimistes et sceptiques

se trompaient dans la mesure où leurs prises de

positions étaient extrémistes. Mais, silence ou

surenchère, qu’importe ! Une littérature originale était

née. On devait s’apercevoir assez vite qu’il s’agissait

d’une littérature de dévoilement, de contestation, et

bientôt d’une littérature nationale de combat. » (14)

Ceci dit, N. Khadda affirme :

« avec ces auteurs des années 50, le matériel verbal

cesse d’être instrumental pour devenir objet

d’investigation et donner à la culture et à

l’inconscient un champ d’action élargi. Leur écriture

commence alors à entretenir des relations électives avec

l’enfance (via la scolarité) et donc à devenir langue de

l’inscription mnémonique du sujet. Langue du désir, même

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si le désir est contrecarré par un propos idéologique de

résistance. » (20)

Cette prise de conscience qui va se traduire par une écriture réinventée, surtout dans le

domaine lexical, va donner naissance à la littérature d’expression française.

Cette littérature sera véhiculée par la génération de la post-indépendance de 1970 à

1990. Cette dernière, désillusionnée par l’indépendance, renouvelle la littérature maghrébine.

Frustrée, elle tente de retrouver un équilibre entre la langue de l’autre et sa langue propre. Ses

auteurs

« s’attachent à exhiber et à habiter cet entre-deux pour

dénoncer ce qu’ils considèrent comme des mythes

d’unicité originelle et pour se faire les chantres du

brassage universel et du mélange. D’où cette bilangue,

pour reprendre l’expression de Khatibi, qu’ils élaborent

explicitement. A partir d’une langue étrangère

intériorisée et d’un langage originel adultéré,

l’écriture fait naître une nouvelle histoire, brisant

les cercles fermés des anciennes cultures, manifestant

un rapport de forces mouvantes et enregistrant le

déplacement des enjeux du bilinguisme. » (Khadda 21)

Tahar Djaout, qui fait partie de cette génération, a contribué, d’une manière plus

radicale que celle de ses prédécesseurs, au bouleversement de la syntaxe et du lexique de la

langue française. Son œuvre est expression de « désir », désir de refaçonner cette langue, de

l’épouser et de la rendre sienne.

De 1970 à 1990 beaucoup d’écrivains ont continué dans ce processus constitutif d’une

« écriture novatrice », qui dénonce le régime et se met en quête d’une identité éclatée. Ces

écrits sont faits pour exorciser les terreurs passées, celle de l’enfance ou de l’adolescence.

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Écrire aussi pour tenter de ramasser les morceaux d’une identité reniée et dénoncer le régime

qui a brouillé tous les repères identitaires et instauré la tyrannie. Selon Nadjat Khadda et

Charles Bonn, cette littérature est une « attente du public » :

« On aurait tort (…) de traduire les textes maghrébins

parus comme autour des années 1970 à de simples

manifestations d’opposition, ce sont au contraire des

textes du malentendu, car l’insistance sur l’opposition

correspond surtout à une attente du public.» (Khadda ;

Bonn 13)

Beaucoup d’écrits participent à cette dynamique d’opposition. Le thème de la mémoire

trahie devient de plus en plus essentiel : Rachid Boudjdra écrit L’Insolation (1972), M. Dib

publie La Danse du Roi (1968), puis Dieu en Barbarie (1970) et Le Maître de Chasse (1973),

Nabile Farès aussi développe un discours d’opposition en forme de « farce décapante » dans

Mémoire de l’Absent (1974), Un Passager de l’Occident (1971) et L’Exil et le Désarroi

(1976). Ces écrivains traitent différents thèmes : les vices de la société, les tabous, les faux

dévots, la mémoire confisquée, l’identité déchirée… en prenant soin de convoquer un lexique

propre à la société dans laquelle évoluent leurs œuvres.

N. Khadda et Ch. Bonn ajoutent :

« Les repères traditionnels des lecteurs et de la

critique se sont effondrés dans les bouleversements

mondiaux apportés par les années 80. Pour nombre de ces

lecteurs, la littérature maghrébine se définissait

simplement par sa référence à un espace géographique ou

social à la lecture plus savante des critiques à tel ou

tel discours, notamment idéologique. La défaite des

idéologies a ruiné bien des classifications, comme le

discours institué. Et sur ses ruines, le réel dans la

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trivialité est à nouveau l’objet de l’attention des

écrivains. » (19)

Djaout intervient au cours de cette période en publiant plusieurs textes empreints d’un

lexique particulier et d’une syntaxe rénovée. Ses préoccupations étaient celles des autres

écrivains de cette génération. Pourtant il a su les traiter d’une façon particulière en faisant

référence aussi bien à ses aînés qu’à ses contemporains, en utilisant un lexique et des procédés

lexicaux rendant compte de sa thématique et de son état d’esprit.

Poète insoumis, il utilise le langage avec bonheur pour créer des textes ironiques afin

d’accuser tout pouvoir castrateur ou ni le poète ni son écriture ne plient devant le danger. Par

une écriture rebelle et récalcitrante, Djaout développe une stratégie scripturale dans ses

romans qui relève d’une déconstruction systématique des stéréotypes lexicaux et syntaxiques

traditionnels et des tabous sociaux.

Dans les années 1990-2000, un nouveau genre littéraire va jaillir en Algérie pour

mettre en exergue le quotidien algérien face à un nouveau phénomène qui est le terrorisme.

Beaucoup d’écrivains vont s’engager par leurs écrits afin de dénoncer l’horreur et le

terrorisme imposés par le fanatisme et l’extrémisme.

Les romans de cette décennie reproduisent l’image de l’actualité algérienne devant

laquelle les romanciers ne peuvent pas être indifférents. C’est le réel algérien qui se traduit

dans les œuvres littéraires de cette décennie de sang.

R. Mokhtari affirme :

« ces textes sont irrigués par une eau qui a pour nom

l’Algérie, ancrés dans ce territoire, développent des

thèmes intimement liés à l’actualité nationale chargée

d’images hallucinantes d’horreur. Le réel au

métaphorique, pas une production qui n’élude l’Algérie

et [ne soit] identité déchirée. » (« Graphie » 17-8)

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L’importance de l’immédiat social de l’Algérie et la manière selon laquelle des

écrivains conçoivent le processus du changement de la réalité a rendu nécessaire le passage

des thèmes classiques à une nouvelle écriture nommée « la graphie de l’horreur ».

Ce renouvellement thématique s’est accompagné par une révolution au niveau de la

langue. En effet, les bouleversements réalisés au plan du contenu ont été accomplis en

parallèle à une mutation au plan de la forme. Djaout a contribué à ce mouvement à travers son

roman posthume Le Dernier Été de la Raison.

Ce texte marque une double rupture, tout d’abord au niveau de la thématique en

introduisant un thème jusque-là non traité par l’auteur, à savoir l’extrémisme religieux ;

ensuite au niveau de la forme dans la mesure où le texte est construit sous forme de chronique

journalistique.

Consacrons-nous à présent à l’œuvre littéraire de Djaout pour retracer l’évolution

thématique de ses textes.

1.2 L’œuvre littéraire de Djaout

Né à la veille de la guerre de libération nationale (11 janvier 1954), Djaout va couver

une verve révolutionnaire. Témoin de la désillusion post-indépendance, il sera sur tous les

fronts pour rendre compte de ce désenchantement. De formation scientifique, Tahar Djaout a

su s’imposer dans l’univers littéraire algérien, au Maghreb et ailleurs. En effet, ce natif

d’Azzeffoun, village de la Kabylie maritime, après des études brillantes en mathématiques, se

consacre à la littérature et au journalisme. Diplômé en sciences de l’information et de la

communication de l’Université de Paris II en 1985 et journaliste professionnel depuis 1976,

Djaout intervient souvent dans les débats culturels, politiques et linguistiques de l’Algérie. Il

est responsable de la rubrique culturelle de l’hebdomadaire « Algérie-Actualité » entre 1983 et

1984. Il fonde, en 1992, l’hebdomadaire « Ruptures ». Il est victime d’un attentat le 25 mai

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1993 devant son domicile à Alger. Il décèdera le 02 juin 1993 suite à des blessures graves. Ses

péripéties journalistiques, jalonnées de productions littéraires, consacreront sa place

d’écrivain maghrébin.

En dix-huit ans de parcours littéraire, Djaout a multiplié les textes en vers et en prose.

Il entame son parcours par la poésie, passage presque inévitable pour tout écrivain. Il publie

son premier recueil intitulé Solstice Barbelé en 1975, suivi de L’Arche à Vau-l’Eau en 1978 et

Insulaire & Cie en 1980. En 1981 est édité son premier roman, L’Exproprié. Janine Fève-

Caraguel dit :

« L’exproprié n’est ni un roman ni un poème. Ce serait

plutôt un texte qui aurait décidé de jouer la

contradiction entre l’un et l’autre. L’univers en est

chaotique et son agencement apparaît comme un agglomérat

de discours hétérogènes et de lieux glissant les uns sur

les autres. » (« Parcours » 60)

Cette affirmation laisse entendre que le poème n’est pas pour autant abandonné.

D’ailleurs, en 1982, un troisième recueil est publié : L’Oiseau Minéral. En 1984, Djaout

publie un recueil de treize nouvelles, Les Rets de l’Oiseleur, dont « Le Reporter », une

nouvelle qui se veut une réflexion sur le travail du journaliste et celui de l’écrivain au sens

littéraire. La même année, on découvre le deuxième roman de Djaout, Les Chercheurs d’Os.

C’est un roman qui retrace les aventures d’un adolescent qui quitte pour la première fois son

village à la recherche des ossements de son frère aîné mort pendant la Révolution. Cette quête

qu’il entreprend en compagnie d’un adulte de sa famille, Da Rabah, revêt une dimension

psychanalytique et le roman s’inspire de la réalité historique de l’après-indépendance.

En 1987, L’Invention du Désert, troisième roman de Djaout, est publié aux éditions du

Seuil. Le narrateur qui a pour tâche d’écrire l’histoire de l’islam médiéval suit les

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pérégrinations d’un personnage historique, Ibn Toumert, figure emblématique de la dynastie

des Almohades. Théologien et prêcheur du Moyen Age, notre personnage se trouvera, en

l’espace d’une page, transporté dans le Paris du XXème siècle, « autre désert (...),

[celui] de l’incommunicabilité »(qtd. In Tcheho 219-20), « en plein Champs-

Élysées, parmi les touristes nordiques et japonais » (Djaout,

« L’Invention » 50). Le narrateur se heurtera rapidement à l’impossibilité d’écrire cette

Histoire et devra se réfugier dans ses souvenirs de voyage entrecoupés par des rêves

d’enfance.

D’ailleurs, L’Invention du Désert « associe (…) de manière à la fois évidente et

souterraine, une enfance villageoise et le fabuleux destin des Almoravides » (Pélégri, « Des

mots » 24) face à la dynastie des Almohades conduite par Ibn Toumert. Ce rapport est

exprimé par l’auteur lui-même :

« Qui sait si ce n’est pas à partir de ce village que

tu as commencé, il y a très longtemps, à t’intéresser

aux Almoravides ? A t’intéresser à l’utopie de la pureté

— qui ne possède nul sanctuaire hors l’enfance qui te

harcèle. » (« L’Invention » 201)

Le dernier roman de Djaout avant son assassinat, Les Vigiles (1991), relate les

mésaventures d’un inventeur d’un métier à tisser, Mahfoud Lemdjad, confronté aux

tracasseries administratives et à l’appareil bureaucratique. Ce texte est une critique acerbe de

ceux qui pour « avoir libéré cette terre (se) confère(nt) (…) le droit de tant

peser sur elle, de confisquer aussi bien ses richesses que son avenir. »

(Djaout, « Les Vigiles » 111) Ce cri de détresse est celui du bouc émissaire Menouar

Ziada à qui on fit imputer la responsabilité des problèmes rencontrés par l’inventeur

désormais « national » primé à l’étranger. Menouar Ziada échappe à cet appareil par des

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visites dans son passé d’ancien villageois avant de venir s’installer en ville. Cette

échappatoire est salvatrice des machinations de la ville et du discours des officiels imprégnés

des clichés de la langue de bois que Djaout reprend ironiquement dans un article de presse :

« A la suite des manifestations provoquées par des

groupuscules d’étudiants, le Secrétariat national de

l’Union générale des travailleurs a tenu une réunion

mardi. Il a analysé la situation politique actuelle

marquée par un climat de troubles dus à certains

éléments tendancieux œuvrant pour les intérêts de

l’impérialisme, de la réaction et de leurs valets, et

proclamant des slogans allant à l’encontre de la marche

et de la continuité de la Révolution. » (156)

Enfin, il faut signaler que deux ouvrages de Tahar Djaout ont été publiés à titre

posthume. Il s’agit d’un roman, Le Dernier Été de la Raison (1999), et d’un recueil de poésie,

Pérennes (1996). Le roman s’inspire de l’actualité algérienne après les élections de 1991 avec

une touche d’imaginaire de la part de l’auteur qui prévoyait un scénario-catastrophe.

L’histoire a pour cadre une ville (Alger, peut-être) soumise au dictat de «l’ordre nouveau » et

des « Frères Vigilants ». Le personnage central, Boualem Yekker qui signifie littéralement

« le porte-étendard s’est levé » ou « l’intellectuel s’est levé » est un libraire qui essaie de

préserver son activité envers et contre tous, sa famille même étant contre lui. Le Dernier Eté

de la Raison se veut une résistance, le dernier rempart contre les obscurantistes et le dernier

bastion de la raison. La dernière phrase du roman révèle la détresse de l’auteur: « Le

printemps reviendra-t-il un jour ? »

Outre la poésie, les nouvelles, les romans et les articles de presse, Djaout a participé à

plusieurs travaux anthropologiques et artistiques ; il a écrit, entre autres, deux essais : Les

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mots migrateurs, Anthologie poétique algérienne et Mouloud Mammeri, entretien avec Tahar

Djaout.

1.3 Problématique

Dans la mesure où

« toute manifestation verbale (...) a la faculté (...)

de communiquer ses intentions aux éléments du langage

intégrés dans ses visées sémantiques et expressives, et

de leur imposer des nuances de sens précises, des tons

de valeur définie » (Bakhtine, « Esthétique » 112),

l’œuvre littéraire est à considérer, à la fois, comme une œuvre esthétique et comme un

lieu de questionnements sur la langue suggérés par les priorités syntaxiques, stylistiques et

lexicales de l’auteur déterminant ses visées pragmatiques.

Notre hypothèse est que le lexique de Tahar Djaout renferme des stratégies discursives

mises au point par l’auteur afin de construire et de défendre une thématique particulière. Il

s’agit, pour nous, de nous intéresser au lexique, de montrer comment celui-ci sous-tend la

portée pragmatique du discours de l’auteur et ses intentions.

Nous chercherons à déterminer l’existence de connexions entre les différents textes

composant notre corpus à travers des procédés lexicaux et partant, par quelle nomenclature

lexicale s’établit cette connexion. Comment cette nomenclature échappe-t-elle à sa sérialité

pour arriver à tisser des liens thématiques entre les divers textes du corpus ? Comment

s’instaure le dialogue entre les textes pour faire resurgir des thèmes spécifiques à l’aide d’un

lexique particulier ? Où se situent les points de rencontre des cinq textes que nous nous

proposons d’étudier ?

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Nous tenterons de voir, à travers les différents procédés lexicaux utilisés, comment

Djaout actualise le travail sur la langue ? car « on peut (...) créer le mot-slogan, le

mot-injure, le mot-louange, etc. » (Bakhtine 112). En effet, le travail sur la

langue ne peut se faire sans un choix délibéré d’un lexique qui traite d’une réalité donnée

répondant aux préoccupations de l’auteur et sans une certaine énonciation sur cette réalité,

rendant ainsi compte de sa stratégie discursive. Effectivement, mis à part l’intonation qui

concerne l’énoncé oral, « les éléments fondamentaux qui organisent la forme de

l’énoncé sont (...) le choix du mot [et] sa disposition au sein de l’énoncé

complet. » (Voloshinov, In Todorov 304)

Au demeurant, écrire en français est un choix douloureux mais c’est un mal

nécessaire. Djaout ne se résigne pas pour autant à un emploi normatif de la langue française

mais nourrit un désir particulier de réinventer cette langue.

A propos de son rapport à la langue française, Djaout répond dans un entretien que le

français, pour lui, c'est deux choses :

« D'abord la langue scolaire, c'est-à-dire la première

langue que j'ai apprise de manière normative. Ensuite,

la désacralisation. Il y a des choses très violentes que

je dis en français que je n'aurais pas dites en arabe ou

en berbère, parce que, alors, il y aurait tout un vécu

qui aurait affleuré, des tas de tabous que ces langues

entretiennent encore inconsciemment en moi. Le français,

qui est pour moi une sorte de langue neutre, qui n'a pas

d'attache affective, est un merveilleux outil de travail

où il n'y aura rien de sacré. » (qtd. In Tcheho 221)

La langue française est donc un moyen de briser les tabous et de braver les interdits

que la langue maternelle ne saurait accomplir.

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Cependant, elle est aussi un écueil pour l’expression des sentiments profonds de

l’auteur. Il écrivait dans une lettre à un de ses amis à propos de poèmes qu’il aurait écrits :

« Les trois derniers (…) ne sont même pas en français :

deux sont en kabyle et un en arabe. Encore ce foutu

problème de langue ; tu vas me dire que c’est là une

considération anachronique et stérilisante. Mais c’est

un problème qui me colle parfois aux méninges comme une

grippe meurtrière… » (ADISEM, « Vols »)

Partant, il écrit en français pour vaincre les mutismes et les interdits et il enrichit cette

langue par des procédés empruntés aux langues en présence au Maghreb pour exprimer

l’ineffable et l’indicible en français standard. En effet, on ne saurait nier le fait que l’œuvre de

Djaout soit traversée, au-delà de la syntaxe, par le lexique de sa langue maternelle, le berbère,

mais aussi de l’arabe, de l’anglais et de l’espagnol. Cette utilisation du lexique témoigne du

travail sur la langue, mais également de la nécessité d’ajouter au français une substance qu’il

ne comprenait pas, à savoir une substance nord-africaine permettant l’appropriation et

l’apprivoisement de cette langue.

Il s’agit donc, pour nous, de cerner certains éléments de la langue djaoutienne, en

partant d’une étude lexicale. Nous nous inscrivons, pour ce faire, dans l’analyse du discours

et, plus particulièrement, dans l’analyse automatique du discours en adoptant une approche à

la fois statistique, lexicologique et pragmatique.

1.4 Le corpus

Le corpus que nous soumettons à l’étude est constitué d’écrits littéraires produits en

langue française et dont la majorité est éditée au Seuil. Le travail littéraire de Djaout s’étend

sur une période allant de 1975 à 1991. Son dernier roman intitulé Le Dernier Été de la Raison

a été publié à titre posthume en 1999 aux éditions du Seuil.

19

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Djaout a écrit durant une période marquée par l’après-indépendance et l’émergence

d’une nouvelle classe dirigeante, qu’il appelle « l’ordre nouveau », et surtout par la montée

extraordinaire de l’extrémisme et de l’intégrisme. Ce sont là les deux principales

préoccupations de Djaout, rattachées à un devoir de mémoire qui incite à un retour au passé

identitaire pour se ressourcer et s’élancer vers la modernité en s’inscrivant dans l’Algérie de

« la famille qui avance », non de « la famille qui recule »(« La Famille »), selon les mots de

sa dernière chronique.

Les textes qui constituent notre corpus représentent cinq romans (L’Exproprié, Les

Chercheurs d’Os, Les Vigiles, L’Invention du Désert et Le Dernier Été de la Raison). Ces

textes qui représentent toute l’œuvre romanesque de Djaout ont été classés selon l’ordre

chronologique des dates de publication pour pouvoir étudier l’évolution du vocabulaire,

compte non tenu de la date de rédaction car « dans le contenu des ouvrages, il y a

rarement coïncidence entre l’année de publication et l’année de

rédaction. » (Abbès 24)

Dans un premier temps, nous explorerons toute l’œuvre romanesque de Djaout afin

d’étudier l’évolution du vocabulaire djaoutien et sa spécificité. Dans un deuxième temps, nous

aborderons l’aspect implicite du lexique de l’œuvre romanesque à travers les thèmes

dominants.

1.4.1 Préparation des données textuelles.

Les textes qui constituent notre corpus ont été, en premier lieu, scannés selon les

normes établies par Etienne Brunet dans le fascicule qui accompagne le logiciel Hyperbase.

Pour plus d’informations, nous renvoyons le lecteur à ce texte. Cependant nous reprenons

certains passages que nous jugeons élémentaires. Après avoir scanné l’ensemble de l’œuvre

romanesque de Tahar Djaout, nous avons enregistré les données dégagées sous un format

ASCII (ou texte seulement). Ainsi un fichier est-il créé. Le logiciel se chargera ensuite de la

20

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pagination et de la partition si celles-ci sont absentes du fichier. Chaque carte ou page est

composée d’environ 200 mots et l’ensemble du texte est découpé en dix parties de longueurs

voisines. Deux conventions doivent être respectées pour que les autres opérations puissent

avoir lieu :

- D’abord, les parties doivent être précédées d’une ligne où l’on indiquera le titre en

utilisant, devant et derrière, le symbole composite &&& (sans blanc) ;

- Ensuite, les pages sont indiquées en ajoutant une ligne (au début de la page) et en y

portant le numéro immédiatement précédé d’un code particulier (le symbole$).

Exemple : &&&Les Vigiles&&&

$1

texte de la page 1

$2

texte de la page 2, etc.

Pour la préparation de la pile ou du programme, nous renvoyons le lecteur aux

explications de Brunet dans son fascicule. Une fois effectué ce travail purement technique,

une base hypertextuelle sur CD Rom appelée « DJAOUT.EXE » est prête à être exploitée.

Avant d’entamer cette opération, il est utile d’éclaircir certaines notions. En effet,

l’ « amateur » de la statistique et de l’électronique doit prendre en compte le fait que

« l’hypertexte ou l’écriture non séquentielle sont des

notions qui appartiennent depuis toujours à la

littérature (…) mais les technologies informatiques de

mise en rapport ont le mérite de renouveler le regard

sur l’objet littéraire. » (Ferrand, « Banques » 15)

Ceci dit, l’hypertexte peut être défini comme :

21

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« un ensemble de données textuelles numérisées sur un

support électronique, et qui peuvent se lire de diverses

manières. Les données sont réparties en éléments ou

nœuds d’information — équivalents à des paragraphes.

Mais ces éléments, au lieu d’être attachés les uns aux

autres, comme les wagons d’un train, sont marqués par

des liens sémantiques qui permettent de passer de l’un à

l’autre lorsque l’utilisateur les active. Les liens sont

physiquement « ancrés » à des zones, par exemple à un

mot ou à une phrase. » (14)

Certes, nous pouvons dire que la machine est là pour faciliter le travail du chercheur,

mais « l’œil humain doit toujours vérifier les produits de l’ordinateur » (Muller, « Une

Nouvelle » 327) et qu’en fin de compte, « les résultats produits par les calculs automatisés de

la machine sont là pour relancer l’interprétation en suscitant de nouvelles questions, et non

pas pour la stopper en laissant le chercheur muet de béatitude devant ses graphiques. »

(Ferrand 11)

1.4.2 L’analyse lexicométrique

La lexicométrie est une méthode qui a pour objectif le calcul des éléments

lexicologiques d’un corpus. Il s’agit de tous les éléments car elle

« refuse de privilégier quelque élément que ce soit dans

un discours ; elle se fonde sur l’exhaustivité des

relevés, l’uniformité du dépouillement, l’unicité du

critère de dépouillement. » (Maingueneau, « L’Analyse »

48)

Maingueneau distingue trois niveaux dans la statistique linguistique :

22

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« 1) Un constat de fréquence : le constat d’une

fréquence de certains caractères quantifiables plus

élevée dans un corpus que dans un autre 3(…) ;

2) Niveau d’inférence statistique : on démontre que tel

corpus possède significativement plus de caractère

quantifiables d’un type déterminé que tel autre. »

Ici intervient la notion d’hypothèse nulle (Cf. Ch. Muller, « La statistique ») :

si l’on prend pour norme le corpus lui-même et si on suppose que le caractère concerné obéit

au hasard seulement (situation idéale), on peut calculer « l’écart » entre le modèle théorique

ainsi obtenu (« hypothèse nulle ») et la répartition réelle ; on détermine un « seuil de

probabilité » permettant de décider d’un intervalle entre les limites duquel l’ « hypothèse

nulle » ne pourrait pas être rejetée.

« 3) Niveau d’inférence socio-linguistique : on décide

alors que tel émetteur a écrit significativement avec

plus de ce caractère quantifiable que tel autre4. Grâce

au « seuil » défini, on peut évaluer le degré

d’assurance avec lequel on donne une conclusion. » (49-

50)

Cependant, l’analyse lexicométrique

« n’est pas une panacée critique » mais elle permet de

« confirmer les intuitions produites par des lectures

conventionnelles » et partant « elle ouvre la voie à un

renouvellement de ces lectures en faisant ressortir des

éléments textuels qui ne frappent pas toujours, éléments

3 Ce que nous allons appeler la spécificité lexicale d’un corpus.

4 Ce qui nous permettra de dégager le champ thématique de l’auteur.

23

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qui ont le grand mérite d’être non des constructions de

l’esprit, mais des faits langagiers issus du texte. »

(Olivier 479-80)

En définitive, l’étude lexicométrique « se fonde sur l’importance relative des lexèmes

eux-mêmes et oblige à une relecture du texte en fonction de ces informations. » (Olivier 480)

Les deux programmes essentiels d’hypertexte qui obéissent aux mêmes principes tout

en se distinguant par la présentation des résultats sont appelés fonctions par Brunet qui les

présente dans son fascicule accompagnant le logiciel Hyperbase.

1.4.2.1 La fonction contexte

En dehors de la circulation libre à travers le texte et le dictionnaire, le logiciel propose

dans le menu principal les outils propres à assurer une exploitation méthodique de la

documentation. Les deux programmes essentiels CONCORDANCE et CONTEXTE obéissent

aux mêmes principes et ne se distinguent que par la présentation des résultats:

« 1 - Si l'on met en œuvre le bouton CONTEXTE (le

résultat figure dans l'écran ci-dessous), chaque

occurrence de ce qu'on cherche est située et montrée

dans le contexte naturel du paragraphe. Pour permettre

la reconnaissance aisée du mot dans le contexte, ce mot

est converti en CAPITALES dans le paragraphe où il est

rencontré.

Le contexte restitué est généralement suffisamment

explicite, d'autant que les références du passage sont

livrées en clair, avec indication du texte, de la page,

et de la zone dans la page (grâce à un code alphabétique

qui commence à la lettre a, pour le début de page, et

s’arrête à la lettre f, g ou h pour la fin de page).

Mais un lien est établi pour chaque extrait avec la page

24

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originale, où l'on est conduit instantanément lorsqu'on

clique sur l'extrait en question. Pour faciliter la

localisation du passage, le mot cherché apparaît en

rouge dans le texte.

Figure 1: La fonction contexte

1.4.2.2 La fonction concordance

2 - Si l'on fait appel à la fonction CONCORDANCE du menu

principal, on obtient un contexte étroit qui tient en

une ligne et qui montre la forme (ou l'expression)

cherchée, en position centrale, avec une demi-douzaine

de mots à gauche et à droite. Au lieu de suivre l'ordre

normal qui respecte la suite des textes, les contextes

sont groupés selon leur environnement immédiat, à gauche

ou à droite du mot-pôle. Cela souligne la résurgence de

syntagmes répétitifs qui ressortissent souvent aux

25

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contraintes syntaxiques mais révèlent parfois aussi les

tendances phraséologiques de l'auteur

Si l'on estime trop étroite la fenêtre de concordance,

un simple clic sur une ligne permet de retrouver la page

concernée, qui reste exposée (avec mise en relief du

mot) jusqu'au moment où un second clic la fait

disparaître, comme on peut le constater ci-dessous pour

l’exemple de la concordance du mot regard dans le

corpus.

Figure 2: La fonction concordance

Dans les deux procédures, CONTEXTE et CONCORDANCE, des

options sont offertes à l'utilisateur pour qu’il puisse

préciser la portée et l'objet de sa recherche. »

(Brunet, « Manuel » 23-27)

26

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Les différentes fonctions de ce programme peuvent être visualisées dans la figure

suivante :

Figure 3 : les différentes fonctions du logiciel

1.5 Plan de travail

Nous avons signalé plus haut que notre démarche avait abouti à une base de données

que nous avons appelée DJAOUT.EXE. Cette base est constituée de données quantitatives qui

« peuvent être exploitées suivant deux axes principaux :

soit pour caractériser une œuvre (…) par rapport à un

ensemble (stylistique ou chronologique) dont elle fait

partie ; soit en traitant une unité lexicale, ou un

groupe de telles unités (un champ sémantique) par

rapport à l’ensemble du vocabulaire. » (Muller, « Une

Nouvelle » 321)

27

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Ce que nous projetons de réaliser dans le cadre de ce travail est une sorte de

conciliation entre les deux axes : d’une part, nous allons « caractériser » l’œuvre romanesque

de Djaout en dégageant ses spécificités lexicales ; d’autre part, le fait d’aborder la thématique

de l’auteur nous amènera à « traiter » de certaines unités par rapport à d’autres.

A cet effet, notre travail s’articulera autour de deux parties :

Dans la première, nous aurons à analyser le vocabulaire djaoutien, c’est-à-dire son

évolution chronologique, sa structure, son contenu et ses spécificités. La statistique

linguistique et informatique nous permettra d’« affiner et d’asseoir des bases

objectives et d’évacuer l’arbitraire et de contrôler les intuitions en

matière lexicale » (Abbès 33). Cette analyse permet de suivre, non seulement,

l’évolution du vocabulaire de Djaout, mais aussi son organisation thématique. Par ailleurs, il

est possible d’établir des comparaisons avec d’autres textes maghrébins (Mammeri,

Chraïbi…) ou à un ensemble littéraire5 plus vaste que fournit la banque de données du Trésor

de la Langue Française (TLF) de Nancy6.

Une fois cette première analyse faite, nous aborderons la deuxième partie de notre

travail qui consistera à analyser la circulation des différents thèmes dans l’ensemble de

l’œuvre mais aussi à étudier, à partir de cette analyse thématique, la visée pragmatique du

lexique qui laisse apparaître en filigrane une écriture toujours en évolution.

5 Cf. les travaux d’Etienne Brunet, cités en bibliographie.

6 Cette comparaison demeure, néanmoins, relative du fait que Djaout

appartient plutôt à une autre aire littéraire que celle française à

proprement parler, celle de la littérature maghrébine. Cependant cette

comparaison nous permettra de dégager les spécificités lexicales de

l’auteur (néologismes, emprunts, …).

28

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2 PREMIERE PARTIE : ETUDE DU LEXIQUE DE DJAOUT

2.1 Chapitre I : Analyse statistique du corpus

2.2 Chapitre II : L’organisation du lexique

2.3 Chapitre III : le contenu lexical

2.4 Chapitre IV : Les spécificités lexicales du corpus

2.5 Conclusion partielle

29

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2.1 Chapitre I : Analyse statistique du corpus

2.1.1 La manipulation informatique.

2.1.2 L’exploration du corpus

30

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« On aurait tort de réduire la lexicométrie

à un simple comptage de mots ou même

à la statistique lexicale »

D. Maingueneau

Comme la statistique repose sur des données quantitatives, il s’agit dans cette première

partie d’explorer la base lexicale que nous avons constituée. Ce travail d’exploration nous

permettra de connaître davantage notre objet et de circonscrire le champ d’investigation.

Certes nous rencontrerons un grand nombre de données numériques, mais la maîtrise

du logiciel d’exploitation limitera les fluctuations et les aléas statistiques. Cette première

partie sera divisée en quatre chapitres présentés selon un ordre imposé soit par les contraintes

du logiciel, soit par un souci de logique dans le traitement des données.

Nous expliquerons tout d’abord, dans le premier chapitre, les démarches suivies pour

arriver à la constitution de la base que nous utiliserons tout au long de ce travail. A ce niveau,

nous sommes confronté à une nuée de données constituant l’étendue quantitative de notre

corpus et qu’il s’agit, en fait, d’organiser. Une question se pose dès lors : ces données

numériques se prêtent-elles à une organisation quelconque ? C’est ce à quoi nous nous

proposons de répondre dans le deuxième chapitre.

Il s’agit ici de retrouver la structure du vocabulaire de Djaout. Nous entendons par

structure les caractéristiques du vocabulaire de l’auteur, concernant aussi bien la richesse

lexicale de l’œuvre que le contenu lexical représenté en fréquences. Certaines questions sont

soulevées dans ce chapitre : Est-ce que le vocabulaire de l’auteur est riche ? Quelle est la

tendance du vocabulaire dans son évolution ? Assistons-nous à un corpus où les mots rares

ont un large pourcentage, témoignant de la richesse lexicale du corpus ? Quels sont les

groupes de fréquences que constitue le corpus ?

Ensuite, une fois l’approche quantitative épuisée, nous nous attarderons sur l’approche

qualitative qui nous renseignera sur le contenu lexical du corpus. Ce chapitre nous amènera à

31

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clarifier certains points qui restent obscurs, que l’analyse quantitative n’est pas parvenue à

éclaircir, dans la mesure où ils dépendent plus de l’intuition que du calcul automatique. Il

s’agit de répondre à une question qui préoccupe la statistique linguistique : existe-t-il des

frontières étanches entre les divers textes constituant une œuvre ou sont-elles transcendées par

la connexion lexicale ?

Enfin, le dernier chapitre de cette partie sera consacré à l’élaboration du « portrait

lexical » de l’auteur en étudiant les spécificités lexicales de son œuvre. Celles-ci sont

obtenues par une comparaison externe avec les textes de la base de données du Trésor de la

Langue Française. Ainsi, nous dégagerons le vocabulaire en excédent et celui déficitaire dans

notre corpus. A travers ces deux relevés, nous pourrons entrevoir quelques spécificités de

l’auteur qui seront étudiées dans le détail. Est-ce que ces spécificités répondent à une exigence

et à un choix de l’auteur ou sont-elles, simplement, le fruit du hasard ? Dans l’éventualité où

elles sont sujettes à un choix délibéré de l’auteur, quel est leur impact dans les desseins de

l’auteur ? Peuvent-elles nous renseigner sur les visées pragmatiques et la stratégie discursive

de l’auteur ?

2.1.1 La manipulation informatique.

32

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Le traitement informatique de la base que nous avons constituée – l’œuvre

romanesque de Djaout – est un ensemble d’opérations statistiques effectuées par un logiciel

informatique. Ce logiciel se chargera de certaines opérations en rapport avec la statistique

permettant de dégager des résultats quantitatifs. Ces résultats ne peuvent être obtenus

manuellement que difficilement, d’où cet appel à la technologie mise au service des sciences

humaines. Cependant, les résultats auxquels on accède sont des données brutes qui ne

prennent de signification qu’avec une interprétation humaine.

Aussi, « recourir à un logiciel, ce n’est pas seulement faire faire par une machine une

tâche fastidieuse, c’est transformer l’approche du texte, la stratégie de description dépendant

naturellement de la manière dont est conçu ce logiciel. » (Maingueneau, « L’Analyse » 102)

Le logiciel mis en application a été élaboré par le professeur Etienne Brunet de

l’université de Nice. Il en existe plusieurs versions et à chaque remaniement de nouvelles

fonctions sont ajoutées au logiciel de base, l’Hyperbase. Néanmoins, les fonctions

fondamentales sont présentes dans chaque version. Celles-ci peuvent être divisées en deux

groupes : documentaires et statistiques.

Les premières se trouvent horizontalement en haut de la fenêtre : Exporter, Edition,

Biblio, Lecture, Contexte, Concordance, Index. Elles servent surtout à explorer la base. Quant

aux fonctions statistiques (Graphique, Liste, Excel, Factorielle, Arborée, Spécificités,

Phrases-clés, Évolution, Structure) qui se trouvent verticalement à droite, elles proposent une

analyse approfondie des connexions lexicales.

Par ailleurs, les deux types de fonctions se complétant permettent une multitude

d’opérations qui aident le chercheur à affiner son analyse. Ainsi, il peut réaliser entre autres

les opérations suivantes :

«– le dictionnaire des fréquences du vocabulaire de

l’auteur établi à partir du corpus ;

33

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– le vocabulaire spécifique de chaque texte et de tout

le corpus. On obtient alors une liste triée des formes

significativement excédentaires ou déficitaires dans le

texte considéré. Une telle liste, précise Etienne

Brunet, dessine « comme un portrait, fait de relief et

d’ombres, du texte en question ». Le traitement des

listes de mots est ouvert à toutes les combinaisons ;

– l’environnement thématique d’un mot ou d’un groupe de

mots ;

– la corrélation chronologique : la fréquence théorique

de chaque mot est évaluée afin de voir la progression ou

la régression des formes, donc l’évolution du

vocabulaire ;

– l’effectif des vocables et des mots employés une seule

fois ou hapax ;

– la connexion lexicale ou selon Charles Muller la

distance qui sépare chaque texte de tous les autres

quand pour chaque couple de textes, on mesure la part

commune du lexique et la part exclusive ;

– la richesse lexicale ;

– enfin des tableaux et des graphiques divers viennent

illustrer tous ces résultats. » (Abbès 38-9)

Si nous considérons ces différentes opérations, nous constatons qu’elles se situent sur

deux plans. Le premier, quantitatif, permet de faire un recensement succinct du vocabulaire de

l’auteur et de suivre son évolution à travers les œuvres. La démarche quantitative rend

également compte des spécificités lexicales de l’auteur, qui laissent apparaître l’aspect

implicite de sa langue. Pourtant, nous ne pouvons nous arrêter à ces considérations.

34

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Sur un autre plan, qualitatif, nous pouvons dégager la portée pragmatique du lexique

en envisageant son rapport à la thématique dont il est le noyau et le fil conducteur. Sur ce

plan, le nom propre, par exemple, fonctionne comme une extrémité nerveuse permettant, non

seulement la connexion entre les différents thèmes, mais aussi la circulation des thèmes dans

les différents textes.

2.1.2 L’exploration du corpus

L’application du programme Hyperbase nous a permis d’établir la quantification des

données lexicales. Ainsi, nous avons pu relever une étendue lexicale équivalente à 226 690

occurrences réparties sur un nombre moindre de vocables (22 909). Mais nous avons aussi

relevé les données quantitatives de chaque texte composant notre corpus. Le tableau suivant

résume ces informations :

Tableau 1 : Les effectifs

TITRES OCCURRENCES VOCABLES

L’Exproprié 44 077 9 248

Les Chercheurs d’Os 39 182 6 585

L’Invention du Désert 56 303 9 737

Les Vigiles 55 681 8 641

Le Dernier Été de la Raison 31 447 6 406

Total 226 690 22 909

Si nous considérons le tableau ci-dessus, nous constatons que l’étendue lexicale des

textes n’est pas homogène. D’une part, au niveau intra-textuel, nous remarquons une grande

différence entre occurrences et vocables. Ceci est dû aux dispositions psychiques de chaque

individu. En réalité, un individu ne peut pas utiliser tous les mots qu’il connaît ; il réemploie

souvent les mêmes vocables. D’autre part, au plan intertextuel, il y a une hétérogénéité dans la

distribution des formes entre textes. En effet, le nombre des formes dans L’Invention du

Désert, par exemple est nettement supérieur à celui dans Le Dernier Été de la Raison. Nous

35

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pouvons dire que ceci est dû à la publication posthume de ce dernier et que, peut-être, des

modifications ont été apportées à ce texte. Par ailleurs, nous pouvons rapprocher certains

textes comme L’Exproprié et L’Invention du Désert qui ont une étendue voisine. Les

Chercheurs d’Os et Le Dernier Été de la Raison se rapprochent également. Quant à Les

Vigiles, son étendue lexicale est située en moyenne par rapport aux deux couples de textes.

Par contre, l’évolution du lexique de Djaout nous paraît, au premier abord,

contradictoire. Effectivement, nous constatons une baisse dans le nombre des formes, bien

que, logiquement, nous nous attendions à un enrichissement du capital lexical. Une première

hypothèse sur cette évolution nous paraît être l’exigence de l’auteur dans le choix des formes,

ce qui exclut bon nombre de termes, mais aussi le fait que les thèmes traités sont divers et

nécessitent à des degrés différents l’emploi de tel ou tel champ lexical. Enfin, nous pensons

que l’auteur, en se consacrant à l’écriture journalistique aux dépens de l’écriture littéraire,

aurait réduit son lexique pour des raisons relevant du discours journalistique.

Nous allons tenter de vérifier ces hypothèses dans le deuxième chapitre qui sera

consacré à l’organisation du vocabulaire dans l’œuvre de Djaout.

36

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2.2 Chapitre II : L’organisation du lexique

2.2.1 La richesse lexicale

2.2.2 L’évolution du vocabulaire

2.2.3 La distribution des hapax

2.2.4 Les ensembles de fréquences

37

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« Le vocabulaire se présente au premier abord comme

la négation même d’un état, d’une stabilité,

d’une synchronie, d’une structure. »

Hjelmslev

2.2.1 La richesse lexicale

L’emploi du mot richesse ne constitue en aucun cas une évaluation du texte ou de

l’œuvre considérée, mais correspond à un souci d’objectivité par rapport au traitement

informatique et automatique des textes. Nous l’utilisons dans cet exposé pour rendre compte

de la valeur littéraire du texte en question, non par rapport à d’autres textes, que plus d’un

considère comme un thermomètre de la fièvre littéraire, mais par rapport au contenu lexical de

l’œuvre.

La richesse lexicale est positive quand le nombre de vocables d’un texte d’une étendue

V est supérieur à celui d’un texte de même étendue. On peut aussi évaluer la richesse lexicale

en se référant au nombre d’hapax, c’est-à-dire les vocables utilisés une seule fois. Plus ce

nombre est grand, plus le texte est riche.

Le logiciel Hyperbase se charge de calculer la richesse lexicale et nous obtenons les

résultats présentés dans le tableau et le graphe suivants :

Tableau 2: La richesse lexicale

N° Réel Théorique Ecart Réduit Hapax Réduit T

1 9 248 8 679 565 6.11 3 261 22.98 L

2 6 585 8 020 -1 435 -16.02 1 451 -14.00 L

3 9 737 10 193 -456 -4.52 3 019 2.37 L

4 8 641 10 120 -1 479 -17.70 2 372 -10.83 L

5 6 406 6 900 -494 -5.95 1 607 -0.47 L

Total 22 909 11 710

38

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Figure 4: La richesse lexicale

En présence de tels résultats, Charles Muller rappelle qu’il ne faut pas céder à la

tentation qui consiste à transformer les écarts en pourcentages, et il ajoute :

« On ne dira jamais assez combien il faut résister à ce

mouvement, et combien une telle opération conduit à

l’impasse. La seule méthode correcte (…) est le calcul

d’un écart réduit (…) » (« Une Nouvelle » 323)

Les opérations portées sur ce tableau sont obtenues par le calcul du vocabulaire réel de

chaque texte et de son vocabulaire théorique qui permet de dégager l’écart entre ces deux

effectifs. Celui-ci sera transformé en écart réduit qui facilitera l’interprétation car « on

mesure la part du vocabulaire théoriquement absent (et par la suite celle

du vocabulaire théoriquement présent) dans chacun des textes. Cet effectif

attendu est comparé à celui qu’on observe en réalité, et la distance est

appréciée par un écart réduit. » (Brunet, « Vocabulaire de Hugo » 27)

39

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La lecture des résultats permet de remarquer que les écarts réduits sont en majorité

négatifs sauf pour L’Exproprié dont l’écart est positif. La question qui se pose est le pourquoi

de cette singularité. Nous pouvons dire, à la suite de Janine Fève-Caraguel, que L’Exproprié

transgresse toutes les règles du genre romanesque et n’est « ni un roman, ni un poème ». Le

texte est comme une traversée : il se développe au fil des paysages que traverse le train qui

transporte le personnage-narrateur. Les quatre autres textes ont un écart réduit comparable

deux à deux. En effet, L’Invention du Désert a un écart réduit en valeur absolue (/4.52/) voisin

de celui de Le Dernier été de la Raison (/5.95/). Cela est dû, peut-être, au thème traité, à

savoir l’intolérance religieuse, et au style utilisé qui relève de la chronique journalistique. Les

deux autres textes, Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles, ont, eux aussi, des écarts réduits

voisins, respectivement en valeur absolue /16.02/ et /17.70/. L’explication est à lier au thème

abordé qui reprend à la fois l’Algérie sous l’occupation française et l’Algérie post-

indépendance. Le deuxième texte est la concrétisation de certaines réflexions lancées par des

personnages, tel Da Rabah, dans Les Chercheurs d’Os, qui prédit un avenir qui ne sera

reconnaissant qu’aux gens qui figureront sur « le bon registre » (39). Ces gens-là sont

les « vigiles » qui veillent à la préservation des privilèges octroyés par leur statut.

Nous pouvons donc avancer que la richesse lexicale d’un texte est évaluée par rapport

à certains critères déterminants comme le genre et le style, mais qu’elle dépend surtout du

thème.

2.2.2 L’évolution du vocabulaire

Nous entendons par évolution lexicale la somme des mots nouveaux non employés

jusque-là qui sont ajoutés à l’effectif du premier roman dans l’ordre chronologique.

S’intéresser à l’évolution du vocabulaire nous permet de retrouver la dynamique

lexicale d’un auteur et la tendance de celui-ci à renouveler son vocabulaire ou au contraire de

recourir à des formes déjà utilisées témoignant d’un choix délibéré et rendant compte, parfois,

40

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d’une tendance sociale. En effet, la fréquence d’une forme peut témoigner d’une nouvelle

vision du monde ou au contraire n’a pas d’incidence sur le cours des événements. Le

chercheur doit, alors, se poser certaines questions : « telle fréquence est-elle bien un

phénomène d’époque, la traduction dans le vocabulaire littéraire d’un

mouvement des mœurs ou des idées ? ou bien est-elle due à la présence, dans

la tranche considérée, d’un certain texte ? » (Muller, « Une Nouvelle »

327) L’accroissement lexical est, à la différence de la richesse lexicale, à prendre en

diachronie en suivant l’évolution chronologique du vocabulaire d’un auteur.

Le traitement informatique nous a permis de relever des résultats sous la forme d’un

tableau où nous pouvons suivre le développement lexical de l’œuvre. Ces résultats ont été

transformés en graphe pour faciliter la visualisation. Les résultats sont ainsi présentés dans la

figure et le tableau suivants :

Tableau 3: L’évolution du vocabulaire

Accroiss.7 Chrono Acc Vocab Voc Cum Occ. Occ Cum Ecart Pon

L’Exproprié 9 248 9 248 9 248 44 077 44 077 406.69 0.9

Les Chercheurs 3 689 6 585 12 937 39 182 83 259 -2 586.45 -0.6

L’Invention 4 876 9 737 17 813 56 303 139 562 6 269.52 1.11

Les Vigiles 3 272 8 641 21 085 55 681 195 243 -5 119.02 -0.9

Le Dernier 1 824 6 406 22 909 31 447 226 690 -383.68 -0.1

7 Les abréviations correspondent : Acc : accroissement ; Vocab. :

Vocabulaire ; Voc. Cum. : Vocabulaire cumulé ; Occ. : Occurrences ; Occ.

Cum. : Occurrences cumulées.

41

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Figure 5 : L’accroissement chronologique

La lecture du tableau 3 fait ressortir les constatations suivantes : L’Exproprié, 9248

formes ; Les Chercheurs d’Os, 3 689 formes ; L’Invention du Désert, 4 876 formes ; Les

Vigiles, 3 272 formes et Le Dernier Eté de la Raison, 1 824 formes.

L’accroissement est calculé en relation avec le premier texte. En fait, le nombre de

formes dans le premier texte n’est que celui de l’effectif réel de ce texte. Par la suite, le

programme ajoute à ce nombre toutes les formes nouvelles rencontrées dans chaque texte.

Ainsi, le nombre de formes nouvelles va dépendre de l’étendue du texte mais aussi du thème.

A première vue, nous pouvons dire que L’Invention du Désert est le texte qui présente

le plus de formes nouvelles (4 876). Deux explications : premièrement, le texte est plutôt long

42

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(134 pages-texte8); deuxièmement, il traite d’un thème nouveau qui n’a pas été abordé jusque-

là, à savoir l’intolérance religieuse. Il retrace la traversée du désert de Ibn Toumert qui tente

de détrôner la dynastie des Almoravides au Maghreb. L’auteur suit ce personnage durant ses

pérégrinations à travers les contrées du Maghreb, ce qui sous-entend une réalité géographique

et sociale renouvelée à chaque fois, requérant un vocabulaire nouveau pour en rendre compte.

A l’opposé, Le Dernier Été de la Raison est le texte qui présente le moins de formes nouvelles

(1 824). Là encore, deux raisons peuvent exprimer ce tarissement. La première est d’ordre

quantitatif puisque le texte comprend 111 pages-texte. La deuxième est relative au contenu du

texte et spécialement au thème abordé : l’intolérance religieuse, thème déjà abordé dans

L’Invention du Désert. Ceci a limité l’emploi de termes nouveaux. Le tarissement du

vocabulaire dans Le Dernier Été de la Raison est donc corollaire du foisonnement lexical de

L’Invention du Désert.

Si nous considérons maintenant les deux autres textes, nous remarquons que le nombre

de formes nouvelles est voisin dans les deux textes. En effet, dans Les Chercheurs d’Os,

deuxième roman de Djaout, nous trouvons 3 689 formes nouvelles et dans Les Vigiles,

quatrième roman de Djaout, 3 272. Il est vrai que la distance entre ces deux textes est réduite

mais elle n’est pas insignifiante. Tout d’abord la longueur des deux textes est inégale : 135

pages-texte pour le premier et 208 pages-texte pour le deuxième. Paradoxalement, le nombre

de formes nouvelles est relativement supérieur dans le premier. Donc la longueur n’est pas

pertinente ou du moins n’a pas une grande incidence, mais c’est le thème traité qui détermine

l’enrichissement ou l’appauvrissement du vocabulaire d’un auteur. Effectivement, la

8 Nous entendons par page-texte, le nombre de pages dans le corpus

sous format informatique. Pour les références textuelles nous utiliserons

le format papier.

43

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thématique développée dans les deux textes est similaire : dans le premier, l’auteur porte un

regard sur la situation de l’Algérie indépendante avec des flash-back sur l’Algérie coloniale.

Le même procédé est employé dans le second texte.

Nous pouvons conclure ici par ce constat : la longueur des textes n’est pas assez

pertinente pour déterminer l’accroissement du vocabulaire ; par contre, la thématique nous

paraît plus à même d’en rendre compte.

Nous allons à présent vérifier si l’accroissement inverse du vocabulaire nous conduit

aux mêmes conclusions. Les résultats obtenus dans cette perspective sont regroupés dans le

tableau suivant et schématisés sous forme de graphe.

Tableau 4: L’accroissement lexical : ordre inverse

Accroiss inverse Acc Vocab Voc Cum Occur Occ Cum Ecart Pon

Le Dernier 6 406 6 406 6 406 31 447 31 447 354.35 0.11

Les Vigiles 5 633 8 641 12 039 55 681 87 128 -2 290.10 -0.4

L’Invention 5 045 9 737 17 084 56 303 143 431 5 668.60 1.01

Les Chercheurs 2 028 6 585 19 112 39 182 182 613 -11002.42 -2.8

L’Exproprié 3 797 9 248 22 909 44 077 226 690 13 285.63 3.01

44

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Figure 6: L’accroissement inverse du vocabulaire

Nous remarquons d’après ces nouveaux résultats que c’est pratiquement le même

mouvement qui est observé. Pour cette opération, nous sommes partis du dernier roman de

Djaout pour remonter vers le premier. Nous constatons cependant que l’accroissement inverse

du vocabulaire n’apporte pas de nouvelles conclusions et que cet accroissement est sujet aux

mêmes facteurs, à savoir l’étendue mais surtout la thématique. Encore une fois, nous

percevons l’interrelation entre Le Dernier Été de la Raison et L’Invention du Désert d’une

part ; et entre Les Vigiles et Les Chercheurs d’Os de l’autre. Quant à L’Exproprié, les données

confirment sa particularité par rapport aux autres romans.

Finalement, l’accroissement du vocabulaire ne dépend pas de l’évolution

chronologique car, comme démontré, il n’y a pas de parallélisme entre la chronologie et

l’accroissement.

2.2.3 La distribution des hapax

La statistique linguistique désigne par hapax les mots qui ne sont utilisés qu’une seule

fois. Le décompte des hapax est pertinent dans la mesure où « les mots rares ou

45

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inconnus [ont] une puissance évocatrice plus grande. » (Yaguello, « Alice »

113) Il permet non seulement de mesurer la richesse lexicale d’un texte9, mais aussi de

dégager les principaux éléments d’un texte au niveau lexical.

Le tableau suivant présente les principaux résultats concernant les hapax.

Tableau 5: Les hapax

L’interpré

tation de ces

résultats

confirme les

hypothèses

avancées

précédemment à

propos de

L’Exproprié. Ce

texte présente la valeur absolue la plus élevée de l’écart réduit (/22.98/), confortant

l’hypothèse de sa richesse lexicale due à l’éclatement thématique de son contenu en plusieurs

thèmes, éclatement qui perturbe la chronologie des évènements dans la narration. L’emploi

des formes rares est lié à la singularité du texte. Ce foisonnement lexical est à lier au genre de

ce texte qui se rapproche du texte poétique. En effet, « le texte poétique est (…) celui

qui, mettant en échec la redondance, associe les mots de façon

inattendue. » (Yaguello, « Alice » 43)

Titre Hapax Réduit

L’Exproprié 3 261 22.98

Les Chercheurs d’Os 1 451 -14.00

L’Invention du Désert 3 019 2.37

Les Vigiles 2 372 -10.83

Le Dernier Été de la Raison 1 607 -0.47

Total 11 710

9 Plus l’auteur utilise de mots rares ou hapax, plus il diversifie son

vocabulaire témoignant d’une plus grande richesse lexicale et d’un plus

grand travail sur le vocabulaire.

46

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Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles ont respectivement un écart réduit de valeur

absolue de /14.00/ et /10.38/. Ils sont certes déficitaires en hapax, comme représenté dans le

graphe, mais ils n’en présentent pas moins des similitudes dans le nombre de mots rares, ce

qui conforte nos conclusions. Quant à L’Invention du Désert, son écart est positif (/2.37/) et il

vient directement après L’Exproprié. Comme nous l’avons fait remarquer, ce texte introduit

un thème nouveau dans le champ thématique de Djaout, ce qui explique l’emploi de termes

inutilisés jusque-là. Corollairement, dans Le Dernier Été de la Raison, les hapax se font rares

et le texte est déficitaire.

Figure 7 : Distribution des hapax

Le nombre d’hapax dans notre corpus n’est pas homogène dans tous les textes. Il est

important dans certains (L’Exproprié et L’Invention du Désert) et l’est moins dans d’autres

(Les Chercheurs d’Os, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison). Certes, il témoigne de la

richesse lexicale de ces textes, mais il dénote également une liberté créatrice.

47

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2.2.4 Les ensembles de fréquences

Le recours aux groupes de fréquences est non seulement utile pour délimiter un champ

lexical spécifique à un auteur donné, mais aussi pour repérer certains pôles thématiques de

l’œuvre considérée.

Nous constatons, d’une part, que la majorité de ces fréquences (Annexes 1, 2) sont des

mots grammaticaux ; et nous savons que les mots grammaticaux sont ceux qui expriment la

logique du discours :

« selon l’optique discursive, dans chaque lexique, on

distingue en outre deux zones ou groupes de mots : l’un

comprend les mots-véhicules, ceux « avec lesquels » on

s’exprime ; l’autre les mots-messages, ceux qui

précisent « ce que » l’on veut communiquer. (…) Les uns

expriment les contenus du discours, les autres la

logique. » (Busa, « Dernières Réflexions » 181)

Cependant, la logique ne s’exprime pas uniquement par les particules, mais également

« par certains verbes auxiliaires et semi-auxiliaires,

et certains noms « ontologiques », c’est-à-dire très

universels, comme, par exemple, un et plusieurs, le tout

et la partie, interne et externe, faire et être fait. »

(181)

Yaguello distingue, quant à elle, dans le lexique,

« les mots pleins et les mots outils, les premiers

(noms, adjectifs, verbes, adverbes) étant capables de

former à eux seuls des énoncés complets (…) ; les

seconds (articles, conjonctions, prépositions,

particules) n’apparaissant jamais seuls. » (Yaguello,

« Alice » 61)

48

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D’autre part, nous signalons la présence de certains mots « pleins » en fréquence

élevée tels que hommes (245 occurrences), soleil et monde (230 occurrences) et temps (293),

jour (278 occurrences). Ces données nous permettent de dégager quelques vocables qui

reviennent de manière récurrente dans le corpus tels que soleil que Djaout célèbre dans sa

poésie : « Je suis de l’autre race, celle des hommes qui portent jusqu’aux

tréfonds de leurs neurones des millénaires de soleil »(L’Arche). Ce terme est

repris par inclusion dans jour et temps. Ou encore hommes, repris, lui, dans monde.

Par ailleurs, certains de ces mots font partie des mots lexicaux ayant une très haute

fréquence dans le lexique de la langue française, tels que temps, monde ou encore homme(s)

(Aïno Niklas-Salminen 37).

49

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2.3 Chapitre III : le contenu lexical

2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale

2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale

50

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Il s’agit à ce stade de l’analyse de privilégier un autre type d’approche. En effet, nous

avons, jusque-là, manifesté un grand intérêt à l’égard du calcul de fréquences et d’occurrences

au niveau de chaque texte composant notre corpus. Ce calcul nous permet surtout d’aborder

les textes considérés un à un et n’admet qu’hypothétiquement l’existence de rapports et de

connexions entre eux.

Ce genre d’approche a été entrepris par Pierre Guiraud qui affirme :

« on pourrait établir un tableau de corrélations

lexicales entre les différentes œuvres en les prenant

deux à deux pour voir les mots qu’elles ont en commun et

ceux qu’elles ont en propre ; mais c’est un travail

énorme. »(Guiraud, « Problèmes »129)

Effectivement, à cette époque-là, c’était un travail énorme parce que toutes les

opérations se faisaient manuellement. C’est pourquoi Guiraud n’a pas pu arriver aux résultats

escomptés.

En 1967, Charles Muller entreprend de faire aboutir la théorie de Guiraud et se livre à

des calculs certes moins pénibles qu’au temps de Guiraud, mais qui restent tout de même

fastidieux.

Aujourd’hui, ce type d’entreprise est devenu banal car la programmation des

ordinateurs est devenue chose aisée. A cet effet, Etienne Brunet, ayant appliqué les opérations

citées, est arrivé à des résultats qui sont détaillés dans son travail sur l’œuvre de Giraudoux.

C’est dans cet esprit que nous tenterons de répondre à certaines questions que nous

nous sommes posées au sujet des corrélations qui auraient pu exister entre les différents textes

de notre corpus. A plusieurs reprises, nous avons esquissé l’éventualité de l’existence d’un

lien entre telle et telle œuvre de Djaout. Nous avons, par ailleurs, affirmé qu’il y aurait peut-

51

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être une connexion entre Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles ou encore entre L’Invention du

Désert et Le Dernier Été de la Raison.

C’est à cette tâche que nous allons nous consacrer au cours de cette partie pour vérifier

nos hypothèses. Mais, avant cela, il est nécessaire de préciser ce qu’est la connexion lexicale.

52

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2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale

Il s’agit en fait de retrouver les liens qui sous-tendent les œuvres de l’auteur en ayant

recours au calcul des mots qui sont soit communs, soit propres à tel ou tel texte. Cela

permettra, également, de dégager la connexion thématique des textes.

Nous avons appliqué cette méthode et nous avons obtenu les résultats suivants,

répartis en quatre tableaux.

Le premier tableau, celui de la distance globale des textes deux à deux, permet de

visualiser le rapport existant entre les différents textes et laisse également à lire, d’une façon

pertinente, tous les résultats qui seront interprétés ultérieurement en chiffres réels, c’est-à-dire

en nombre de formes. A ce niveau, les résultats portés sur le tableau10 sont un indice de

distance entre les textes deux à deux.

Tableau 6 : Distance globale des textes deux à deux

L’Exproprié 121 124 122 126 129

Les chercheurs 124 114 115 115 122

L’invention 122 115 114 118 121

Les Vigiles 126 115 118 114 118

Le dernier 129 122 121 118 117

L’Exproprié Les

chercheurs

L’invention Les

Vigiles

Le dernier

Remarque :

On remarquera que ce tableau de distance est en réalité une matrice carrée symétrique,

les valeurs se reflétant en miroir de chaque côté de la diagonale principale (car la distance de

A vers B est la même que de B vers A). Quant à la diagonale principale, elle devrait ne

comporter que la valeur 0; la distance d'un texte à lui-même est nécessairement nulle, même

10

53

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en cas d'autodérision. Si pourtant une valeur non nulle s'y trouve, c'est par un artifice nécessité

par le traitement des profils. Dans un tel traitement, les valeurs nulles de la diagonale ne

devraient avoir aucune importance. Elles en ont pourtant dans les calculs multidimensionnels

(analyse de correspondance, ou analyse arborée), et leur influence est d'autant plus nuisible

que leur valeur s'écarte plus fortement des autres éléments de la même ligne (ou de la même

colonne). C'est pourquoi on a porté sur la diagonale une valeur qui correspond au minimum

de la série en question, en admettant que la distance de soi à soi est inférieure ou au plus égale

à toute autre distance observée dans la série. (Brunet, Manuel accompagnant le logiciel

Hyperbase)

Le second tableau, représentant le nombre des formes communes, permet de visualiser

les relations entre les textes en déterminant l’effectif partagé et du coup la distance lexicale.

Tableau 7 : Effectif des formes communes

L’Exproprié Les

chercheurs

L’invention Les

Vigiles

Le

dernier

L’Exproprié 0 2 896 3 653 3 292 2 673

Les chercheurs 0 0 3 313 3 176 2 517

L’invention 0 0 0 3 738 3 048

Les Vigiles 0 0 0 0 3 008

Le dernier 0 0 0 0 0

Le tableau des formes privatives met en exergue le nombre de formes qui sont

spécifiques à tel ou tel texte.

Tableau 8 : Les formes privatives

L’Exproprié Les

chercheurs

L’invention Les

Vigiles

Le

dernier

L’Exproprié 0 6 352 5 595 5 956 6 575

Les chercheurs 3 689 0 3 272 3 409 4 068

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L’invention 6 084 6 424 0 5 999 6 689

Les Vigiles 5 349 5 465 4 903 0 5 633

Le dernier 3 733 3 889 3 358 3 398 0

Enfin, l’indice d’indépendance. Ce tableau représente des chiffres inférieurs à 1

marquant le degré d’indépendance d’un texte par rapport aux autres textes.

Tableau 9 : Indice d’indépendance

L’Exproprié Les

chercheurs

L’invention Les Vigiles Le dernier

L’Exproprié 0 0.687 0.605 0.644 0.711

Les chercheurs 0.560 0 0.497 0.518 0.618

L’invention 0.625 0.660 0 0.616 0.687

Les Vigiles 0.619 0.632 0.567 0 0.652

Le dernier 0.583 0.607 0.524 0.530 0

La connexion lexicale exploite les 5 textes deux à deux, ce qui donne le nombre de

combinaisons suivant : (5 x 4)/2 = 10. Pour chacune de ces 10 confrontations, on a calculé :

«– l’étendue du vocabulaire du texte a et celle du texte

b (et aussi l’étendue de l’un et de l’autre en nombre

d’occurrences) ;

– l’étendue du vocabulaire des deux textes réunis dans

le même ensemble (en vocables et en occurrences) ;

– la part du vocabulaire commun aux deux textes et la

part privative de chacun en considérant N et V. » (Abbès

64)

Pour mieux interpréter les résultats chiffrés, une représentation graphique des

différents résultats est possible. Nous avons dégagé, à chaque fois, la distance lexicale d’un

texte par rapport aux autres textes.

55

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Figure 8 : L’Exproprié

D’après ce graphe, nous pouvons dire que L’Exproprié a plus d'attraction vers

L’Invention du Désert. Djaout, lui-même, disait :

« Si j'avais à classer mes romans, je mettrais ensemble

L’Exproprié et L’Invention du Désert et puis, ensemble

Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles. »(Algérie

Littérature / Action, n°1, 209)

D’une part, les deux romans ont ceci de commun qu’ils défient les règles du genre

romanesque et ne sont en fait « ni (des) roman(s), ni (des) poème(s). » (Fève-

Caraguel 60) Aussi, L’Invention du Désert est-il, selon Fève-Caraguel, « un long

poème » (68). Et l’auteur, invité à des récitals poétiques, affirmait qu’il lisait des passages

de L’Invention du Désert que les auditeurs prenaient pour des poèmes.

D’autre part, ils partagent un thème important dans l’œuvre de Djaout, à savoir celui

de l’identité. A un degré moindre, L’Exproprié tend vers Les Chercheurs d’Os. Nous savons

56

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que ces trois textes sont inscrits dans le déplacement dans l’espace, ce qui a permis de les

rapprocher.

Examinons de plus près les autres textes.

Figure 9 : Les Chercheurs d’Os

Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert ainsi que Les Vigiles ont plus de formes

en commun que les autres textes. En effet, Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert

partagent le thème du mouvement, tandis que le premier et Les Vigiles ont en commun la

thématique de la désillusion après l’indépendance.

57

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Figure 10 : L’Invention du Désert

Ce texte a plus d’affinité avec Les Chercheurs d’Os dans la mesure où tous deux ont

en commun un thème qui est celui du mouvement et, partant, celui de l’espace. En effet, les

deux textes sont étroitement liés à la terre et au village, donnant ainsi lieu à une convergence

dans les termes utilisés pour en rendre compte.

58

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Figure 11 : Les Vigiles

Ce texte entretient une relation intime avec Les Chercheurs d’Os. Celle-ci est due à

l’intertextualité11 qui lie les deux textes à propos du thème de la désillusion après

l’indépendance. Il est également proche de celui-ci du fait de l’environnement de l’enfance, le

village natal entre autres.

11 L’intertextualité est définie « par une relation de coprésence

entre deux ou plusieurs textes, c’est-à-dire eidétiquement et le plus

souvent, par la présence effective d’un texte dans une autre. » In Genette,

Gérard (1982) : Palimpsestes, La littérature au second degré, Ed. du Seuil,

Paris, p.8.

A propos de l’intertextualité, Kristeva dit que « le mot (le texte)

est un croisement de mots (de textes) où on lit au moins un autre mot

(texte). Tout texte se construit comme une mosaïque de citations, tout

texte est absorption et transformation d’un autre texte. », In Kristeva,

Julia (1969) : Sémeiotiké, Recherches pour une sémanalyse, Seuil, Paris,

p.145.

59

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Figure 12 : Le Dernier Été de la Raison

Le Dernier Été de la Raison a ceci de particulier qu’il est publié à titre posthume.

Nous remarquons qu’il a une affinité avec Les Vigiles plus que tout autre texte. Cela suggère

que les deux textes partagent des formes communes. Ces formes, en réalité, ont trait à

l’environnement spatial que constitue la ville. En effet, les deux récits se déroulent dans une

agglomération, imposant ainsi l’emploi du vocabulaire relatif à la ville.

Enfin, bien que L’Exproprié soit rebelle par rapport aux autres textes et qu’il y ait

entre ce texte et les autres une grande distance lexicale, il n’en demeure pas moins lié à

L’Invention du Désert.

En outre, nous avons remarqué que tel texte a tantôt des affinités avec un texte, tantôt

avec un autre. Cela rend compte de l’enchevêtrement thématique des textes, et de la toile de

fond que constituent les thèmes communs qui nient les limites graphiques de chaque texte.

60

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2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale

L’analyse factorielle12 permet de réduire les propensions des chiffres encombrants en

représentant ceux-ci sous forme de graphe régi par des facteurs déterminés :

« un facteur est une fonction mathématique qui permet

d’assigner une valeur réelle à tous les éléments : le

premier facteur prend telle valeur pour chacun des

éléments, le deuxième facteur telle autre, et ainsi de

suite. » (Maingueneau, « L’Analyse » 55)

Elle « fournit une représentation graphique des

affinités lexicales du corpus. L’interprétation de ce

plan factoriel va consister, à partir des oppositions

mises en relief, à tirer des observations et des

conclusions en rapport avec l’univers lexical dont ces

données sont caractéristiques. »(Martinez 423)

Nous obtenons, à cet effet, un schéma dont l’interprétation est plus simple et

directement observable.

Les données que nous avons soumises à cette analyse sont figurées dans le graphe ci-

dessous représentant les cinq textes de notre corpus.

12 L’analyse factorielle est une analyse en termes de facteurs dont le

premier est le temps, le second le genre.

61

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Figure 13 : Analyse factorielle

Ce schéma conforte les résultats obtenus précédemment selon lesquels certains textes

entretiennent entre eux des relations thématiques. Ainsi nous retrouvons Le Dernier Été de la

Raison et Les Vigiles à gauche de l’axe 2 (axe vertical) témoignant d’affinités thématiques ou

situationnelles. Cependant, ils sont séparés par l’axe 1 (axe horizontal) qui représente le

temps. Par ailleurs, Les Chercheurs d’Os et L’Invention du Désert se retrouvent sur le même

plan. Ces deux textes ont en commun le thème du mouvement qui suggère un déplacement

dans l’espace en vue d’aboutir à un objectif.

Enfin L’Exproprié, qui défie les lois du genre, se retrouve à droite et en haut du graphe

détaché des autres textes, marquant encore une fois sa particularité, mais il demeure rattaché à

L’Invention du Désert et à Les Chercheurs d’Os comme le montre la figure 13.

Pour mieux illustrer les liens qu’entretiennent les différents textes et conforter nos

conclusions, nous proposons une analyse arborée du corpus.

62

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Figure 14 : Analyse factorielle arborée

Cependant l’analyse factorielle reste ambiguë :

« Est-ce l’emploi d’un vocabulaire original et

spécifique à chaque bloc qui permet de distinguer ces

derniers ou bien est-ce la mauvaise ventilation d’un

vocabulaire de base, d’un fonds commun qui crée les

ruptures ? »(Martinez 425)

Aussi, pour lever cette ambiguïté, nous devons étudier les données spécifiques à

l’auteur. Ce sera l’objet du chapitre suivant.

63

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2.4 Chapitre IV : Les spécificités lexicales du corpus

2.4.1 Le vocabulaire excédentaire

2.4.2 Le vocabulaire en déficit

2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes

2.4.3.1 Les emprunts lexicaux.

2.4.3.2 Les xénismes

2.4.3.3 Les noms propres

2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?

2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique

2.4.3.3.3 Analyse statistique

2.4.3.3.4 Analyse onomastique

2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes

2.4.3.3.5.1 Les noms théophores

2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes

2.4.3.3.5.3 Les hagionymes

2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances

2.4.3.3.5.5 Les sobriquets

2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs

2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction

2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive

2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique

2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance

2.4.3.4 Les néologismes

2.4.3.4.1 Relevé statistique

2.4.3.4.2 Néologisme et implicite

64

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L’étude du vocabulaire spécifique de Djaout permettra de cerner un tant soit peu la

conception de l’auteur en matière de langue et d’écriture. En effet, le lexique spécifique

témoigne de la langue utilisée par l’auteur. Celle-ci n’est certes pas différente de la langue

standard mais elle révèle un emploi maghrébin du français avec le lexique relatif à la réalité

sociale, mais aussi propre à l’auteur, qui fait usage d’un vocabulaire en rapport avec ses visées

pragmatiques. A juste titre, Brunet affirme que l’étude du lexique spécifique de l’auteur

permet de dresser son « portrait lexical » : « C’est le mélange des ombres et des

éclats, des creux et des reliefs qui donne au portrait ses traits

spécifiques. »(« Le vocabulaire de Zola » 400)

Pour établir ce portrait, il est nécessaire de relever le vocabulaire en excédent et le

vocabulaire déficitaire dans le texte, ce que le logiciel se charge de faire ; il fait en même

temps une comparaison avec le TLF pour dégager les spécificités lexicales de l’œuvre. Il

s’agit, en fait, « d’évaluer, sur un modèle probabiliste, la signification d’une

fréquence dans un sous-corpus. »(Michel Bernard 125)

En d’autres termes, il s’agit de repérer « du point de vue lexical, les points de ruptures

et de continuités, les coupures et les coutures »(127) dans le corpus.

2.4.1 Le vocabulaire excédentaire

On entend par vocabulaire en excédent le vocabulaire qui, après une comparaison avec

le TLF, a un écart réduit positif, c’est-à-dire présent d’une manière significative dans le

corpus de l’auteur. Le tableau reprenant ce vocabulaire est donné dans l’Annexe 3.

Les résultats obtenus par l’application de la fonction Spécificité du logiciel et présentés

dans ce tableau, nous montrent que le vocabulaire excédentaire est relatif à deux espaces qui

s’enchevêtrent souvent dans l’œuvre de Djaout. Ces deux espaces sont la ville et le village.

Pour ces deux termes, nous trouvons, respectivement, des fréquences de 204 et 182. Certes, ce

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ne sont pas les plus élevées, mais ces termes sont au centre de deux constellations qui ont des

ramifications qui touchent aussi bien à l’enfance, l’environnement natal et à la topographie du

village qu’aux peurs et aux angoisses de la ville.

Nous pouvons également dire que Djaout se sert de ces espaces pour rendre compte

des habitudes sociales d’un groupe et de son idéologie. Cela dit, il se sert de ces lieux comme

point d’ancrage. Ainsi, le mot désert est-il fortement excédentaire. Comme lieu, il est le point

de départ de diverses expériences humaines sous-tendant des formes et des discours

structurant cet espace.

Nous reviendrons dans un autre chapitre sur ces considérations car « l’établissement

de (…) noyaux lexicaux (…) conduit à une étude qui est nécessairement, en premier lieu,

thématique de par sa nature »(Olivier 468), ce qui n’est pas notre propos pour l’instant,

d’autant plus qu’il s’agit, pour nous, d’émettre des hypothèses de travail préliminaires et de

dégager, justement, ces noyaux lexicaux qui nous serviront dans l’analyse thématique

proprement dite.

2.4.2 Le vocabulaire en déficit

Nous appelons vocabulaire déficitaire les formes qui n’apparaissent pas beaucoup dans

le corpus et dont la présence par rapport au TLF est insignifiante. Ces formes ont un écart

réduit négatif. Ce sont des « spécificité(s) négative(s) qui indique(nt) un

déficit par rapport à ce qui était attendu. »(Michel Bernard 126) Cependant,

pour notre analyse, ces formes sont pertinentes, vu qu’elles nous renseignent sur les choix de

l’auteur en matière de lexique. Le tableau récapitulatif de ces formes (Annexe 4) nous conduit

à dégager deux conclusions.

Tout d’abord, des termes comme dire, mot, femme, fille sont déficitaires mais Djaout

se propose de « vaincre toutes les aphasies » et il s’est engagé dans les luttes pour

l’émancipation de la femme. Ainsi le déficit n’est-il pas dû à une volonté de l’auteur car

66

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d’autres mots fonctionnent comme palliatifs et la deuxième partie de ce travail le démontrera.

Ensuite, des mots comme raison, vérité sont déficitaires dans la mesure où, dans l’œuvre, la

raison tend à être supplantée et la vérité à être travestie.

Nous voyons donc qu’une interprétation unilatérale des résultats peut susciter des

discussions et qu’il faudrait un regard global sur les différents résultats et une application des

différentes opérations pour arriver à une objectivité dans l’interprétation.

2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes

Étudier les spécificités d’un auteur, c’est s’intéresser à sa langue et examiner ses

stratégies discursives. Au cours de ce chapitre, nous tenterons de cerner les spécificités

lexicales de l’œuvre de Djaout. Ainsi, selon Lise Gauvin, « l’écrivain francophone est

[-il], à cause de sa situation particulière, condamné à penser la langue »

(qtd. In Achour, Christiane ; Bekkat, Amina 87), et elle propose de nommer ce fait

« la surconscience linguistique. »

Le travail sur la langue apparaît, en premier lieu, au niveau du lexique. Celui-ci fait

appel, dans un texte écrit, à plusieurs procédés (emprunts, xénismes, néologismes, archaïsmes,

etc.) qui en font la diversité. A ce sujet, Bakhtine affirme :

« le roman pris comme un tout, c’est un phénomène

pluristylistique, plurilingual, plurivocal » et qu’il

est « la diversité sociale de langages, parfois de

langues et de voix individuelles, diversité

littérairement organisée » (« Esthétique » 87 ; 88)

Le texte est donc un lieu de rencontre entre plusieurs langues. Lieu « plurilingual »

que Djaout actualise par l’emploi du lexique relatif à ces différentes langues. C’est ainsi que

nous rencontrons dans notre corpus, d’une part, des mots empruntés au berbère et à l’arabe,

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qui permettent l’ancrage géographique du texte et, d’autre part, à l’anglais ou à l’espagnol, qui

témoignent de l’universalité du texte.

La visée et le dessein de l’auteur sont contenus dans ce discours multilingue sur une

réalité diversifiée grâce à un lexique hétérogène. Son discours

« pénètre dans ce milieu de mots étrangers agité de

dialogues et tendu de mots, de jugements, d’accents

étrangers, se faufile dans leurs interactions

compliquées, fusionne avec les uns, se détache des

autres, se croise avec les troisièmes. Tout cela peut

servir énormément à former le discours (…) » (Bakhtine

100)

En définitive, « le polylinguisme introduit dans le roman (quelles que soient les formes

de son introduction), c’est le discours d’autrui dans le langage d’autrui, servant à réfracter

l’expression des intentions de l’auteur. » (144)

C’est à cet effet que nous allons tout d’abord nous intéresser aux emprunts lexicaux,

ensuite aux xénismes, puis aux noms propres et enfin aux néologismes dans la mesure où ces

types de lexies participent au polylinguisme du corpus.

2.4.3.1 Les emprunts lexicaux.

Nous entendons par emprunt lexical toute lexie qui est, en quelque sorte, externe au

capital lexical d’une langue donnée et dont la présence témoigne d’un état donné de cette

langue à un moment précis de son histoire.

En effet, selon Louis Guilbert, l’emprunt est défini comme :

« un phénomène linguistique dont l’étude va de pair avec

l’histoire de la formation d’une langue. Aucun peuple

(…) n’a pu développer une culture entièrement

autochtone, à l’abri de tout contact avec d’autres

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peuples, qu’il s’agisse de guerres ou de relations

économiques, si bien que, nécessairement, sa langue

s’est trouvée en rapport avec une ou d’autres langues,

et en a reçu une influence quelconque, si minime soit-

elle. » (« La Créativité » 89)

Au-delà de cette définition, l’emprunt fonctionne souvent comme moyen

d’identification par rapport à une réalité déterminée. Ainsi, l’emploi d’emprunts dans notre

corpus témoigne-t-il d’un ancrage dans la réalité maghrébine en général et algérienne en

particulier.

Effectivement, Djaout essaie divers métissages pour obtenir ce « frelatage d’un

mot et d’une syntaxe autre » (« L’Exproprié » 105) qui lui est cher. Mais aussi,

dans son œuvre s’allient

« mots banals ou poétiques, mots crus ou mots du

registre scientifique (…) afin de mieux dire ou dire

autrement la nostalgie du pays natal, l’embrasement des

sens ou les fureurs iconoclastes. » ( Kazi Tani,

« L’Exproprié de » 146)

Par ailleurs, Foudil Chériguen définit l’emprunt lexical comme :

« une unité de fonctionnement comportant une ou

plusieurs parties, toutes susceptibles d’usage

syntaxique autonome. Il est mis en morphologie (…) parce

que passé dans la langue cible. La base lexicale relève

de la langue source. Il y a donc un rapport avec celle-

ci (rapport étymologique)… » (« Les Procédés » 55)

Nous allons donc, dans un premier temps relever les emprunts lexicaux présents dans

notre corpus en en indiquant la référence dans les textes composant ce corpus et en en

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donnant une définition littérale telle que relevée dans un dictionnaire de langue. Dans un

deuxième temps, nous essaierons de déterminer la portée pragmatique de ces emprunts dans

l’œuvre romanesque de Djaout.

Tableau 10 : Les emprunts lexicaux

Fréquence Lexies Transcription

phonétique Corpus Ex13 Ch ID Vi Der

Sens littéral

Alfa [alfa] 1 1 0 0 0 0 n.m. (1848, arabe halfa) plante herbacée (gram

et d’Espagne dont les feuilles servent de matiè

fabrication de la sparterie et de certains papier

Burnous [byrnus] 23 9 5 8 1 0 n.m. (1851 ; barnousse, 1556 ; arabe bournous

sans manches que portent les Arabes.

Caïd [kaid] 1 0 0 1 0 0 n.m. (1568 ; arabe qaid) En Afrique du nord f

qui cumule les attributions de juge, d’administ

police.

Chéchia [∫e∫ja] 4 1 0 2 1 0 n.f. (chachia, 1575; repris en 1845; arabe chac

d’Asie où on fabrique des bonnets) coiffure en

portent les Arabes.

Cheikh [∫ek] 4 1 0 3 0 0 n.m. (1700, arabe, « vieillard ») chef de tribu c

synonyme de sage.

Coran [korã] 3 0 0 2 1 0 Livre saint des musulmans

Couscous [kuskus] 13 3 8 1 1 0 n.m. (csoucsou, 1556, couscous, 1505) semou

avec de la viande, des légumes et des sauces p

Dey [dej] 1 0 0 1 0 0 n.m. (dey, 1628 ; turc dâi, « oncle », titre hono

gouvernement d’Alger (1771-1830).

Djebel [žebel] 1 0 1 0 0 0 n.m. (1870 ; arabe « montagne ») terrain mont

nord.

13 les abréviation correspondent à : Ex : L’Exproprié ; Ch : Les

Chercheurs d’Os ; ID : L’Invention du Désert ; VI : Les Vigiles ; Der : Les

dernier été de la raison.

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Djellaba(s) [želaba] 4 4 0 0 0 0 n.f. (1870, mot arabe du Maroc) longue robe à

capuchon portée par les hommes et les femme

Djemaa [žemaa] 16 1 10 5 0 0 n.f. (1870, mot arabe « assemblée ») réunion d

représentent un village en Afrique du nord.

Douar [duwar] 1 1 0 0 0 0 n.m. (dour, 1628 ; adouar, XVIII, arabe magh

tentes disposées en cercles que les Arabes nom

temporairement, c’est aussi une division admi

nord.

Fakir [fakir] 2 2 0 0 0 0 n.m. (1653, arabe « pauvre ») 1° religieux asc

se livre à des mortifications en public ;

2° personne qui donne un spectacle d’exercice

prestidigitation, hypnose…).

Gandoura [gãdura] 14 3 2 1 4 4 n.f. (1852, mot arabe du Maghreb) sorte de tun

les Arabes portent sous le burnous.

Henné [ene] 6 2 0 2 1 1 n.m. (1553, arabe) 1° arbuste des régions tropi

feuilles séchées et pulvérisées donnent une po

jaune ;

2° poudre utilisée dans les pays musulmans po

cheveux, des doigts …

Imam [imam] 35 4 1 26 1 3 n.m. (1959, arabo-turc) 1° titre donné aux succ

2° fonctionnaire employé dans une mosquée c

Kouba [kuba] 1 0 1 0 0 0 n.f. (1846, arabe « dôme, coupole ») monumen

Marabout.

Ksar [ksar] 1 1 0 0 0 0 n.m. (1857, arabe) lieu fortifié en Afrique du n

Kabyle [kabil] 1 0 0 1 0 0 n.m. (cabilah 1761, arabe kabaily) personne or

région montagneuse de l’Algérie.

Khol [kêol] 1 0 0 0 0 1 n.m ; (arabe kuêl) 1. Fard noirâtre provenant d

substances grasses, utilisé, à l’origine, dans le

maquillage des yeux. 2. poudre d’antimoine

Kif [kif] 1 0 0 0 0 1 n.m. (mot arabe maghrébin, aise, état de béati

haschisch mêlée de tabac, en Afrique du Nord

Mihrab [mirab] 1 1 0 0 0 0 Dans une mosquée, niche creusée dans un mur

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la Mecque.

Mihrabs [mirab] 1 1 0 0 0 0 Pluriel de mirab.

Mastaba [mastaba] 1 1 0 0 0 0 n.m. (de l’arabe) monument funéraire trapézoï

chapelle, construit pour les notables de l’Egyp

l’Ancien Empire.

Muezzin [myezẽ] 5 1 0 0 2 2 n.m. (1823, maizin, 1568; turc meuzin, de l’ara

appelle à la prière »). Fonctionnaire religieux

mosquée et dont la fonction consiste à appeler

Souk [suk] 12 4 0 4 4 0 n.m. (1848, mot arabe « marché ») en pays d’i

réunissant dans un dédale de ruelles des boutiq

pop. : lieu où règne le désordre, le bruit

Sourate(s) [surat] 4 1 0 1 0 2 n.f. (sura, sure 1732, mot arabe) chapitre du C

Nous constatons que les emprunts lexicaux dont use l’auteur sont pour la plupart

présents dans le lexique français, bien qu’utilisés rarement.

Ces termes-là ont été vulgarisés notamment durant les années de colonialisme par la

littérature dite « exotique ». Ainsi les mots comme « chéchia » ou « souk » ne sont-ils presque

plus perçus comme étant des emprunts, surtout pour le natif de la langue source.

Cependant, pour le non natif, ils représentent une transposition dans la réalité

algérienne. Aussi le but recherché par l’auteur est-il d’adjoindre une identité ou une

nationalité à son œuvre. Ceci dit, leur rôle ne se limite pas à cloisonner l’œuvre dans une

identité précise car le propre de celle-ci est de prétendre à l’universalité, mais les emprunts

servent également, voire particulièrement, à rendre compte d’une réalité sociale et

géographique que le lexique du français métropolitain n’arrive pas à accomplir ou qu’il

dénature.

Ainsi, quand parler d’une « assemblée » suggère une interprétation « scientifique ou

politique » du terme, parler d’une « djemaa » ouvre l’horizon de la lecture par l’intrusion des

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métaphores relatives à cet espace de vie qui n’est plus celui des débats politiques ou sociaux

mais celui de la douce enfance et du village natal.

L’emprunt lexical revêt donc une double fonction. Certes, il permet d’adjoindre à la

langue française une substance nord-africaine et de rendre compte de cette réalité sociale

autre, mais il est également un lieu de souvenir et une échappatoire vers le territoire de

l’enfance.

2.4.3.2 Les xénismes

Le xénisme est un état par lequel tout emprunt éventuel d’une langue est susceptible

de passer. Ainsi, bon nombre d’emprunts, avant d’être reconnus comme tels, ont été des

xénismes. Louis Guilbert souligne que lorsqu’un « terme étranger est introduit dans

le corps d’une phrase française en référence à un signifié propre à la

langue étrangère (…) » (« La Créativité » 92), on le qualifie de « xénisme, parce

qu’il demeure effectivement étranger. » Il est, aussi, selon Chériguen,

« une unité de fonctionnement pouvant comporter une ou

plusieurs parties ; chacune d’elles étant susceptible

d’usage syntaxique autonome. Il n’est pas mis en

morphologie parce que n’appartenant pas (ou pas encore)

à la langue cible pour laquelle sa base est étrangère.

Il a un rapport avec une langue source. » (55)

Le xénisme témoigne également d’un travail sur la langue pour en extraire une

substance qui lui donnerait une identité particulière. Ainsi, dans notre corpus, les xénismes

font figure d’empreinte, ou de cachet spécial donné à tel ou tel roman. D’où la disparité dans

la présence de ces termes dans les différents textes.

Nous tenterons à présent de cerner ces termes par un relevé succinct pour en dégager

la visée implicite. Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau suivant :

73

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Tableau 11 : Les xénismes

Fréquence Terme ou

expression

Langue de

vulgarisation corpus EX CH ID VI Der

Sens littéral en langue cible

Abd arabe 1 0 0 1 0 0 « esclave ou serviteur »

Aïd arabe 8 3 0 0 5 0 « fête religieuse chez les musulma

Ameksa berbère 1 1 0 0 0 0 « berger »

And anglais 3 1 0 2 0 0 « et »

Answers anglais 1 0 0 0 0 1 « réponses »

arr berbère 1 0 1 0 0 0 « expression pour faire avancer un

At anglais 2 0 0 2 0 0 « à »

Ath berbère 1 1 0 0 0 0 « ceux de »

Azraïn arabe 1 1 0 0 0 0 « ange de la mort en kabyle »

Barrani berbère 1 0 1 0 0 0 « étranger »

Be anglais 1 1 0 0 0 0 « être »

Blaghdji turc 1 0 0 1 0 0 « artisan qui fabrique des sandale

Blend anglais 1 0 0 1 0 0 « mélange »

Boat anglais 1 1 0 0 0 0 « bateau »

Boy anglais 2 2 0 0 0 0 « garçon »

Break anglais 1 0 0 0 1 0 « pause »; « cassure » ; « rupture

By anglais 1 1 0 0 0 0 « par »

Chahada arabe 1 1 0 0 0 0 Plusieurs significations, entre autr

convertit à l’islam »

Charia arabe 1 0 0 1 0 0 « droit musulman »

Chikha arabe 1 1 0 0 0 0 « féminin de cheikh »

Chouari berbère 3 0 3 0 0 0 « sorte de besace qu’on met sur le

Cold anglais 1 0 0 1 0 0 « froid ou frais »

Crowd anglais 1 1 0 0 0 0 « foule »

Da berbère 17 0 17 0 0 0 « particule honorifique équivalent

Dahr arabe 1 0 0 1 0 0 « le temps ou l’époque »

Day anglais 1 1 0 0 0 0 « jour »

Desires anglais 1 1 0 0 0 0 « désirs »

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Djelsat arabe 1 0 0 1 0 0 « assises ou assemblées religieuse

Djida berbère, de

l’arabe Djada

1 1 0 0 0 0 « ma grand-mère »

Donated anglais 1 1 0 0 0 0 « donné »

Doping anglais 1 0 0 1 0 0 « dopage »

Dreams anglais 2 2 0 0 0 0 « rêves »

Dry anglais 1 1 0 0 0 0 « sec »

Exchanged anglais 1 1 0 0 0 0 « échangé »

For anglais 2 2 0 0 0 0 « pour »

Fouta berbère 1 1 0 0 0 0 « pagne avec lequel la femme kab

Fqih(s) arabe 4 2 0 2 0 0 « savant religieux dans l’islam »

Girl anglais 2 2 0 0 0 0 « jeune fille »

Guerba arabe 4 2 0 2 0 0 « outre à eau ou à lait »

Guerbas arabe 2 2 0 0 0 0 « pluriel français de guerba »

Guerrab arabe 1 1 0 0 0 0 « porteur d’eau»

Hadid arabe 1 0 0 1 0 0 « fer »

Half anglais 1 0 1 0 0 0 « moitié ou demi »

Hands anglais 1 1 0 0 0 0 « mains »

Hidjab arabe 1 0 0 0 1 0 « voile féminin coranique »

Him anglais 1 1 0 0 0 0 « son »

Houris arabe 2 2 0 0 0 0 « vierges du paradis promises aux

Ighzer berbère 2 0 0 2 0 0 « ruisseau »

Ihiqel berbère 1 0 0 1 0 0 « mâle de la perdrix »

Ikoufane berbère 1 0 0 1 0 0 « silo à grains ou à figues sèches

Illah arabe 1 0 0 1 0 0 « Dieu »

Imzad berbère 1 1 0 0 0 0 « instrument de musique à cordes

Touaregs »

In anglais 3 1 0 2 0 0 « dans »

Ink anglais 1 0 0 1 0 0 « encre »

Is anglais 3 3 0 0 0 0 « est »

Kaaba arabe 1 0 0 1 0 0 «temple de la Mecque »

Kachabia arabe 1 0 1 0 0 0 « tunique maghrébine longue sans

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kachabias arabe 1 0 1 0 0 0 « pluriel de kachabia »

Kahf arabe 1 1 0 0 0 0 « grotte »

Kanoun berbère 6 3 0 3 0 0 « âtre »

karkabouses arabe 1 1 0 0 0 0 « instrument de musique gnawi te

fait claquer »

Khandjar arabe 1 0 0 1 0 0 « genre de couteau »

Khauya berbère 1 1 0 0 0 0 « mon frère »

khzène arabe 1 0 0 1 0 0 « réserve »

Koullouna arabe 2 2 0 0 0 0 « nous tous »

Lekhrif berbère 1 1 0 0 0 0 « hyperonyme pour désigner les f

Little anglais 1 1 0 0 0 0 « petit ou peu »

Ilahi arabe 1 1 0 0 0 0 « mon Dieu »

My anglais 1 1 0 0 0 0 « mon »

Naâdine berbère 1 1 0 0 0 0 « déformation d’une forme d’inju

Nath berbère 1 0 1 0 0 0 « particule indiquant l’origine trib

Nemrod arabe 1 1 0 0 0 0 nom biblique «chasseur »

New anglais 2 0 0 2 0 0 « nouveau »

Not anglais 1 1 0 0 0 0 « particule négative équivalant à p

Nouab arabe 1 0 0 1 0 0 « tours »

Now anglais 1 1 0 0 0 0 « maintenant »

Only anglais 1 1 0 0 0 0 « seulement ou uniquement »

Oua arabe 1 1 0 0 0 0 « et »

Ouazal berbère 1 0 0 1 0 0 Ou « de… » et azal « le milieu de

Ouzal berbère 1 0 1 0 0 0 Variante du précédent.

‘oudi arabe 1 1 0 0 0 0 « mon cheval »

Ouretrou berbère 1 1 0 0 0 0 « ne pleure pas »

Play anglais 1 1 0 0 0 0 « jouer »

Qalaa arabe 2 1 0 1 0 0 « forteresse »

Qasba arabe 1 0 0 1 0 0 « casbah »

Radji’oun arabe 1 1 0 0 0 0 « nous reviendrons »

Ramyou arabe 1 0 0 1 0 0 « jet »

Reader anglais 2 1 0 1 0 0 « lecteur »

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Ready anglais 1 1 0 0 0 0 « prêt »

Room anglais 1 1 0 0 0 0 « salle »

Sandouk arabe 1 0 0 1 0 0 « caisse »

Shaïtan arabe 1 0 0 1 0 0 « Satan »

She anglais 3 3 0 0 0 0 « elle »

Singing anglais 1 1 0 0 0 0 « action de chanter »

Sings anglais 1 1 0 0 0 0 « chants »

Smakh arabe 1 0 0 0 0 1 « encre traditionnelle à base de la

Sold anglais 1 1 0 0 0 0 « solder », « vendre »

Steel anglais 1 0 0 1 0 0 « acier »

Switched anglais 1 1 0 0 0 0 « éteint »

Tala berbère 1 1 0 0 0 0 « fontaine ou source »

Tassekkourt berbère 1 0 0 1 0 0 « perdrix »

Teenager anglais 1 1 0 0 0 0 « adolescent »

Teeth anglais 1 1 0 0 0 0 « dent »

The anglais 10 8 0 1 0 1 « article équivalent à le ou la ou l

Thinks anglais 1 1 0 0 0 0 « pense»

Tracks anglais 1 0 1 0 0 0 « monte-charge », « trace, piste »

Twists anglais 1 1 0 0 0 0 Verbe «elle danse le twist »

Typewriter anglais 1 0 0 1 0 0 « machine à écrire »

Waiting anglais 1 1 0 0 0 0 « Attente »

Walkman anglais 1 0 0 1 0 0 « baladeur »

War anglais 1 1 0 0 0 0 « guerre »

Waters anglais 1 1 0 0 0 0 « les toilettes »

Woman anglais 1 1 0 0 0 0 « femme »

Words anglais 1 1 0 0 0 0 « mots »

Yemma berbère 1 1 0 0 0 0 « ma mère ou maman »

Yemmak berbère 1 1 0 0 0 0 « ta mère »

You anglais 5 5 0 0 0 0 « toi ou vous »

Your anglais 1 1 0 0 0 0 « ton, ta ou votre, vos »

Zerda berbère 2 0 2 0 0 0 « festin donné à l’occasion d’une

Maghreb »

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Deux remarques peuvent être faites. Tout d’abord, le nombre des xénismes est

important. En effet, il dépasse de loin celui des emprunts. Ensuite, ces xénismes sont pour la

plupart des mots anglais et à un degré moindre berbères et arabes.

L’utilisation des mots anglais est certes prépondérante mais elle n’est pas homogène

dans tous les textes. Aussi nous retrouvons la majorité de ces xénismes dans L’Exproprié et à

un degré moindre dans L’Invention du Désert. Concernant le premier, nous savons

maintenant que c’est un texte comprenant des passages de plusieurs genres, notamment la

poésie. Nous savons également que Djaout utilise dans ses recueils poétiques, qui ont précédé

ses romans, beaucoup de termes anglais. A cet effet, Djaout « insèr(e) des mots

d’anglais pour dire, même visuellement, sa conviction de l’universalité de

la parole poétique. » (Toso Rodinis 130)

Par ailleurs, l’utilisation de termes berbères est une revendication identitaire

intrinsèque à l’œuvre de Djaout, très accentuée dans L’Exproprié et L’Invention du Désert,

dans le sillage de ses recueils poétiques : « Aujourd’hui j’exige un alphabet / pour

revendiquer ma peau / et exhiber à la face du monde / mes espoirs de classé

ammonite. » (« L’Arche » 39) Djaout « élève (...) son cri de revendication de

« tous les mots séquestrés » au nom de la renaissance du monde et de la

renaissance berbère. » (Toso Rodinis 122)

Nous remarquons cependant, dans les romans qui ont suivi L’Exproprié, la chute du

nombre de ces mots anglais, exception faite de L’Invention du Désert. Celui-ci présente lui

aussi un nombre relativement important de xénismes mais pas autant que dans le premier. Du

reste, les xénismes présents dans ce texte sont surtout d’origine arabe ou berbère. D’une part,

le thème principal du roman, à savoir l’intolérance religieuse, convoque un champ lexical

particulier, celui relatif au culte musulman (fqih, etc.) ; d’autre part, les pérégrinations du

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personnage principal dans le vaste pays du Maghreb interpelle à la fois des mots arabes et

berbères (guerba, ighzer, etc.).

Enfin, nous signalerons que les trois autres textes présentent un nombre négligeable de

xénismes. Pourtant leur absence nous conduit à d’autres conclusions. Les quelques xénismes

présents dans Les Chercheurs d’Os sont là pour accentuer l’univers romanesque et les

habitudes culturelles de la société kabyle. Ainsi, la mythologie (akli ouzal) côtoie la croyance

musulmane (azraïn). Dans les deux derniers romans, Les Vigiles et Le Dernier Eté de la

Raison, les xénismes se réduisent à quelques mots qui sont surtout en rapport avec

l’accoutrement religieux (hidjab).

En somme, la plupart des xénismes ont été recensés dans le premier texte, ce qui

confirme son caractère poétique dans la mesure où leur emploi équivaut à une volonté

d’expressivité. Dans les autres textes, les xénismes servent à l’ancrage culturel et social de

l’histoire romanesque.

A côté de cette conviction qui veut que l’écriture, poétique principalement, soit

universelle, traduite par la présence marquée de l’anglais, nous assistons à la signature de

l’œuvre littéraire par des moyens linguistiques qui lui donnent son caractère non seulement

social et culturel, mais aussi géographique.

Nous pouvons donc dire, à la suite de Kazi Tani que dans l’œuvre romanesque de

Djaout, « se tisse un vrai patchwork linguistique : archaïsmes, mots techniques et français

soutenu, serti de mots berbères » (« L’Exproprié de » 147), anglais et arabes.

Parmi les xénismes les plus répandus, nous retrouvons ceux qui renvoient à un référent

surdéterminé soit par une réalité géographique, soit par une réalité sociale. Ces termes sont le

plus souvent intraduisibles et leur emploi renseigne sur le degré d’ancrage du texte dans

l’environnement sociologique et historique. Il s’agit, en fait, des noms propres.

79

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En effet, selon Guilbert, dans la catégorie des xénismes « entrent les noms propres,

patronymes, les noms géographiques de fleuves, de villes … » (« La Créativité » 92)

2.4.3.3 Les noms propres

2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?

Une définition satisfaisante du nom propre à travers les différentes théories qui l’ont

abordé reste difficile du fait de la nature spécifique de cet objet. Bien que des critères de

reconnaissance aient été établis, il n'en demeure pas moins ambigu. En effet, les critères

utilisés par les grammaires normatives, à savoir le critère graphique – la majuscule – et celui

syntaxique – l'absence de déterminant –, ne sont pas exhaustifs et pas toujours déterminants.

Beaucoup de théories ont tenté de cerner le nom propre : il y a celles qui ont essayé de

l’aborder en décrivant les objets typiques de cette catégorie. D’autres ont surtout fait le

rapprochement avec le nom commun pour tenter de dégager une définition succincte. Enfin,

celles qui ont assimilé la description du nom propre à la connaissance du monde, en passant

par la connaissance des sociétés et par celle de l’individu.

2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique

La grammaire a de tout temps considéré le nom propre comme à la source de tout

savoir et lui a réservé une place particulière. Il était le nom authentique, l’onoma kurion qui a

été traduit en latin par l’expression nomen proprium. Mais qu’en est-il en linguistique ?

Bien que le nom propre ait été abordé dès les premiers traités de grammaire

occidentale qui le qualifiaient d’« authentique », il demeure néanmoins le parent pauvre de la

linguistique moderne.

Même si la grammaire historique et comparative a instauré une tradition onomastique,

le nom propre n’était étudié que pour son aspect étymologique. En effet, cette approche

pouvait rendre compte des différents changements phonétiques.

80

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Saussure ne fait qu’une brève allusion au nom propre lorsqu’il aborde l’analogie :

« Les seules formes sur lesquelles l’analogie n’ait

aucune prise sont naturellement les mots isolés tels que

les noms propres, spécialement les noms de lieux qui ne

permettent aucune analyse et par conséquent aucune

interprétation de leurs éléments » (« Cours » 237)

En somme, l’étude du nom propre n’a guère évolué au sein de la linguistique. Ainsi

Molino s’interroge-t-il sur la possibilité de faire une « analyse structurale ou

générative des noms propres » (5)

Au moment où l’on s’attendait à un réel intérêt pour le nom propre de la part de la

linguistique moderne – puisqu’il fait partie de la langue –, c’est du côté de la logique que des

développements sont apparus. Effectivement, avec Frege et Russel, mais aussi Mill et Kripke,

le nom propre est devenu un problème logico-philosophique.

C’est à juste titre que le nom propre pose le problème de la référence au réel qui est

une question majeure de la philosophie et de la logique modernes. Comment ce débat autour

du nom propre s’est-il présenté ? « Le débat autour du nom propre du point de vue

logique, répond Nogues, s'oriente entre deux pôles qui s'affrontent autour

de ce qui serait une dénotation avec ou sans connotation »(25)

Pour certains logiciens, tel J. S. Mill, le nom propre n'est qu'une « marque » ou

étiquette. Autrement dit, il dénote un individu sans autre référence. Russel, quant à lui, définit

le nom propre comme pouvant désigner des choses particulières.

Ainsi, pour lui, « Socrate n'est pas un nom propre, il

l'a été, ne l'est plus en tant que pour nous il évoque

le maître Platon, celui qui a bu la ciguë, etc., en

devenant un terme descriptif le mot Socrate a cessé

d'être un nom propre» (Nogues 25).

81

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C’est ainsi qu’il introduit le concept de «description définie » qui « est une

expression qui peut, sans modification de sa signification, être paraphrasé

en une expression de la forme : l’objet x qui possède la particularité p »

(Molino 13)

Pour Frege, tout mot peut être un nom propre ; à cet effet, le nom commun n’existerait

pas. Il souligne que le nom n’a de signification que dans une proposition et non à l’état isolé.

Wittgenstein, quant à lui, pense que le nom propre n’acquiert une valeur référentielle que dans

un « jeu de langage ». Tandis que pour Francis Jacques, dans ses Dialogiques, il n’obtient sa

valeur co-référentielle que dans un « interacte de communication ».

Kripke, enfin, qui prône le retour aux thèses de Mill et soutient la référence pure du

nom propre, qualifie celui-ci de « désignateur rigide ». Il dit, en substance, qu’un nom propre

ne saurait être réduit à une description définie car celle-ci, même si elle permet de reconnaître

un individu, ne peut désigner cet individu de façon continue, tandis que le nom, lui, est

indépendant de toute modification temporelle, spatiale ou personnelle.

Par ailleurs, les anthropologues s’intéressent également aux noms propres car ils

participent à la classification sociale. Lévi-Strauss affirme que « le nom est universel

et, dans toutes les sociétés, sert à signifier, à identifier et à classer »

(qtd. In Akin 37) Pour plusieurs raisons, le nom propre est indispensable et n’est jamais

dépourvu de sens :

- la nomination fait entrer dans l’ordre symbolique et social ;

- le nom fait partie d’un « capital symbolique » partagé par les membres d’une

société ;

- la nomination est l’enjeu d’un pouvoir et d’une maîtrise ;

- il y a un rapport entre le nom et l’individu basé sur des croyances imaginaires ;

- le nom est un marqueur généalogique et territorial. La nomination remplit une

82

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fonction d’identification répartie sur l’adresse et la référence ;

- le nom assure, à la fois, pour l’individu, l’identité personnelle et la conscience

d’appartenance tant à une lignée qu’à une communauté.(Cf. « Nom », In

Encyclopaedia Universalis, France, S. A., 1999)

Enfin, en psychanalyse, le nom propre a été révélé par l’expression lacanienne de

« Nom du Père » qui, elle-même, répond à l’expression freudienne de « Père primitif ».

Elle « est destinée à désigner le signifiant qui,

préexistant à tous les autres, rend possible toute

mutation du réel en signifiant. Il est le support de la

fonction symbolique et équivaut au nom de la Loi. »

(« Nom » 14)

Il n’a pas pour fonction première l’usage social. Il n’a nul besoin d’être une marque

particulière : « sa fonction est de désigner la marque, qu’on appelle celle-ci mort […] ou

castration. » (Lacan, qtd. In Nusinovici 101)

Le nom propre, donc, fait trou dans l’Un par la castration car « l’effet de nomination

[…] est un effet d’interpellation – très précisément, d’interruption de la contemplation de son

image propre par le jeune enfant dans le miroir.» (« Nom » 13)

Quant à l’écrivain, il exploite les diverses dimensions du nom propre, car il trouve

dans celui-ci un signe poétique où est condensée l’expérience humaine. C’est, disait Barthes

au sujet des noms propres chez Proust, l’équivalent de la « réminiscence » (« Le Degré »

124). Et il ajoute que le nom propre se déplie comme un souvenir. Il dit également :

« chaque nom contient plusieurs scènes surgies d’abord

d’une manière discontinue, erratique, mais qui ne

demandent qu’à se fédérer et à former de la sorte un

petit récit, car raconter, ce n’est jamais que lier

83

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entre elles, par procès métonymique, un nombre réduit

d’unités pleines. » (127)

A la limite, « toute la recherche est sortie de quelques noms »(127-8)

propres : « c’était, ce Guermantes, dit Proust, comme le cadre d’un roman. » (Raczymow 40)

Cependant, l’écrivain n’arrive pas à voir dans l’acte de baptiser un acte accompli et

« la tâche de le poursuivre lui paraît toujours actuelle et

urgente. »(« Nom » 18)

En effet, « lorsqu’un écrivain invente un nom propre, il

est tenu aux mêmes règles de motivation que le

législateur platonicien lorsqu’il veut créer un nom

commun ; il doit (…) « copier » la chose, et comme c’est

évidemment impossible, du moins copier la façon dont la

langue elle-même a créé certains de ses noms. »(Barthes,

« Le Degré » 130)

Maintenant, que des noms comme Yekker, Elbouliga ou autres existent ou n’existent

pas, ils présentent néanmoins une « plausibilité » maghrébine ou algérienne : « leur

phonétisme, et au moins à titre égal leur graphisme, sont élaborés en

conformité avec des sons et de groupes de lettres attachés spécifiquement »

(131) à la construction des noms propres algériens ou maghrébins.

Cela dit, le nom propre participe donc à la constitution de l’identité romanesque de

notre corpus : « il a une signification commune : il signifie au moins la nationalité et toutes les

images qui peuvent s’y associer. » (131)

Aussi, « noms des lieux (toponymes), noms de personnages

(anthroponymes) (…) « classent » l’œuvre dans un espace

géographique, parfois historique et social. Ils marquent

une interaction constante entre fiction, référence et

expérience. » (Achour ; Bekkat 81)

84

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Pourtant, le nom propre chez Djaout n’est pas uniquement le nom algérien ou

maghrébin mais témoigne d’une culture universelle de l’auteur qui utilise aussi bien les noms

de l’Orient que ceux de l’Occident. Ainsi, le nom propre est-il le dépositaire, en quelque sorte,

de la connaissance.

2.4.3.3.3 Analyse statistique

L’outil statistique nous permet d’avoir une vue d’ensemble des différents noms de

personnes qui constituent l’onomastique de notre corpus. Il nous permet également de voir la

répartition de ces noms dans les différents textes. Les résultats obtenus sont représentés dans

un tableau (Annexe 5).

Ce tableau nous permet d’avoir une vision globale de la disposition des noms propres

de personnes dans notre corpus. La fréquence du nom propre nous apprend si tel ou tel

personnage est important ou non dans le texte. Ainsi, le nom Mahfoudh a-t-il une fréquence

de 245 occurrences et Boualem 161. Cela nous permet de penser que ces deux personnages

jouent un rôle essentiel dans les deux textes où ils apparaissent, respectivement Les Vigiles et

Le Dernier Été de la Raison, car, selon Greimas, le personnage qui a le plus de fonctions est

le plus « agissant ».

Aussi nous remarquons que certains noms sont particuliers à tel ou tel texte comme

Ziada ou Younès qui sont spécifiques à L’Invention du Désert, tandis que d’autres comme

Yahia, Saïd, Tayeb14 circulent dans les différentes œuvres. Ils sont non seulement témoins

14 Il est à noter que ce prénom a été utilisé comme pseudonyme, par

Tahar Djaout pour signer un certain nombre d’articles de journaux, d’une

part et d’autre part, « c’est le prénom de l’ami de toujours, simple

travailleur à l’ENIEM de Oued Aïssi » selon les propos de R. Hammoudi in El

Moudjahid n° 8990 du dimanche 29 mai 1994.

85

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d’une intertextualité interne mais aussi d’une intertextualité externe, qui interpelle les textes

d’autres auteurs.

Effectivement, le nom « est, par excellence, un

embrayeur d’intertextualité restreinte ou élargie.

Restreinte ou interne s’il y a circulation des mêmes

noms à l’intérieur de l’œuvre d’un même auteur. (…)

L’intertextualité peut être élargie quand le nom renvoie

à d’autres textes d’autres auteurs. » (Achour ; Bekkat

84)

Dans notre corpus, un nom comme Tayeb fonctionnerait donc comme embrayeur

d’intertextualité interne à quatre romans : L’Exproprié, Les Chercheurs d’Os, L’Invention du

Désert et Les Vigiles. A l’inverse, un nom comme Azzi ou Arezki nous rappelle des textes de

Mouloud Mammeri, tandis que des noms historiques (Ibn Toumert, par exemple) renvoient à

l’Histoire.

En outre, les noms en présence dans le corpus peuvent être distribués en deux

catégories : « fictifs et attestés » :

« la fiction est accréditée par le mélange de noms

fictifs et de noms attestés qui assurent au récit un

solide ancrage socio-historique. Sa cohésion est assurée

car les noms sont des pôles d’identification dans la

diégèse, des repères. » (Achour ; Bekkat 83)

Les noms fictifs ou « autoréférentiels » sont des « noms qui appartiennent à

l’univers de la fiction et sont créés pour et par lui. » (49) Parmi ces noms,

nous pouvons citer Mahfoudh, Boualem, Tayeb, etc. Par « attestés » ou « référentiels », il faut

entendre ceux qui « renvoient à une réalité extratextuelle, qui ancrent la

86

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fiction dans le réel» (49). Ibn Toumert, Ibn Tachfin, Moqrani, etc., font partie de cette

catégorie.

Une dernière remarque relative au genre de ces noms propres : la majorité d’entre eux

sont masculins. Il y a une distribution presque exclusivement masculine des personnages mis

à part quelques prénoms féminins tels que Kenza, Samia, Azzi ou Khadra.

Nous nous intéresserons tout d’abord, d’un point de vue onomastique, à tous les noms

propres, d’origine arabe en général, et maghrébine, en particulier. Ensuite, nous aborderons le

nom propre d’un point de vue pragmatique car, finalement, la création d’un nom propre n’est

pas fortuite et répond à un dessein de l’auteur. Ainsi, le nom de Boualem Yekker qui signifie

littéralement « celui qui a l’étendard est debout » ou « l’intellectuel est debout » est-il un

symbole de résistance à l’obscurantisme religieux qui s’empare de la vie quotidienne dans le

roman de Djaout Le Dernier Été de la Raison.

A cet effet, Achour et Bekkat affirment :

« dans un roman ou toute œuvre littéraire, la nomination

du personnage est un acte d’onomatomancie, c’est-à-dire

l’art de prédire, à travers le nom, la qualité de

l’être. » (81)

2.4.3.3.4 Analyse onomastique

Le tableau suivant reprend les noms de personnes relevés dans notre corpus.

Tableau 12 : Les noms de personnes

MORPHOLOGIE LEXIE ORIGINE15

ORIGINAL DERIVE TRONQUE COM

15 Nous entendons par origine, l’aire linguistique dans laquelle

évolue le nom propre considéré.

87

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Abchir arabe +

Abdallah arabe +

Abdelhadi arabe +

Abdelkader arabe +

Abdelmoumen arabe +

Abdelwahab arabe +

Abdenour arabe +

Ahmad arabe +

Ahmed +

Akli berbère +

Ali arabe +

Amar arabe +

Amina arabe +

Amoqrane berbère +

Arezki berbère +

Assemam berbère +

Aziz arabe +

88

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Azzi berbère +

Bachir arabe +

Bakli berbère +

Boualem arabe +

Bouziane arabe +

Brik arabe +

Chaâbane arabe +

Chébib arabe +

Chérif arabe +

Dahmane arabe +

Driss arabe +

Elbouliga Berbère +

Fatima arabe +

Ferhat arabe +

Hadj arabe +

89

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Hamid arabe +

Hammouch berbère +

Hamou berbère +

Hand berbère +

Hassan arabe +

Hocine arabe +

Hssen arabe

Ibrahim arabe +

Idir berbère +

Ismail arabe +

Kahéna arabe +

Kahina arabe +

Kamel arabe +

Khadra arabe +

Khaled arabe +

Koceilah berbère +

90

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Lemdjad arabe +

Maâchou berbère +

Mahfoudh arabe +

Mahrez arabe +

Mansour Arabe +

Menouar arabe +

Mériem arabe +

Messaoud arabe +

Mezayer Arabe dialectal +

Méziane berbère +

Mhand berbère +

Mohamed arabe +

Mohammed arabe +

Mohand berbère +

Mokhtar arabe +

Mokrane berbère +

Moqrane berbère +

Moqrani berbère +

Mourad arabe +

Nabiha arabe +

Nadjib arabe +

91

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Nedjm arabe +

Okba arabe +

Omar arabe +

Ouahmed Berbère et arabe +

Ouali Berbère et arabe +

Ouancharissi arabe +

Oukaci Berbère et arabe +

Oumeziane berbère +

Ourezk berbère +

Ouzerouk berbère +

Rabah arabe +

Redhouane arabe +

Saâdi arabe +

Saïd arabe +

Salah arabe +

Salihi arabe +

Samia arabe +

92

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Skander +

Tachfin arabe +

Tahar arabe +

Taïbi arabe +

Tamim arabe +

Tartouchi arabe +

Tayeb arabe +

Touhami arabe +

Toumert arabe +

Yahia arabe +

Yamina arabe +

Yamna arabe + +

Yekker berbère +

Youcef arabe +

Younès arabe +

Zahra arabe +

Ziada arabe +

93

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2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes

2.4.3.3.5.1 Les noms théophores

On entend par noms théophores les noms qui ont dans leur structure l’un des quatre-

vingt-dix-neuf noms de Dieu cités dans le Coran :

« Les croyants sont invités à invoquer le Seigneur en

l’appelant de noms multiples disséminés dans le livre

sacré (le Coran), noms collectés, décomptés. On en

trouve 99, le centième, le nom suprême restant inconnu

ou étant n’importe lequel des 99, ou bien « huwa »

(=Lui) ou encore Allah, de Elohim, ou encore « les

lettres mystérieuses, lumineuses » qui se trouvent au

début de certaines sourates. Il en existe7 » (Hammad

165)

Ces noms sont très usités dans les pays musulmans et le Maghreb n’est pas en reste

car, comme dit la Sourate VII : 180, « Allah détient les noms de l’excellence.

Invoquez-les, abandonnez ceux qui blasphèment ses noms ». Ils ont été introduits

dans la société maghrébine avec l’Islam. Ils sont, en majorité, des qualités attribuées à Dieu et

s’emploient avec la particule « abd » (esclave ou serviteur ou encore adorateur). En effet, le

nom de Dieu ne doit pas être porté par l’homme selon un hadith (parole du

prophète) : « Quand vous nommez, assujettissez. »

Par ailleurs, Chériguen dit que dans la société musulmane

« Dieu et l’homme ne doivent pas porter un même nom.

Ainsi, si Dieu est désigné par Allah (…), sa créature

doit être désignée distinctement de lui mais en rapport

avec lui, d’où l’usage du préfixe « abd ». Le nom

94

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d’homme serait alors ainsi : Abdallah. » (« Toponymie »

65)

Cependant ils ont perdu dans certains milieux, notamment au Maghreb, leur caractère

sacré et ils sont employés sans la particule « abd ». A cet effet, Chériguen remarque :

« bien des noms d’homme (…) ont fini par perdre le

préfixe, le second composant devenant alors un simple

nom. Exemple : à partir de Abd el kader, « adorateur du

Tout-puissant », l’usage a fait Kader. En dehors du fait

que cette simplification obéit à la loi de l’économie

linguistique, il faut convenir que ce suffixe d’origine

n’est devenu un prénom que parce que le sens initial du

substantif (ou de l’adjectif) a été quelque peu altéré

par l’usage et l’habitude pour ne plus évoquer qu’un

prénom d’homme ou, au mieux, un patronyme. Le changement

linguistique est aussi une des causes de cette évolution

vers la simplification : c’est le produit d’une

différence entre un arabe classique sacralisé, en

Afrique du Nord, et un arabe algérien plus populaire et

plus profane. » (65)

2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes

Nous remarquons dans notre corpus la présence de noms qui renvoient aux prophètes.

Ainsi, à côté de Mohamed et ses différentes variantes et graphies (Mohammed, Mohand, etc.)

nous trouvons Ibrahim, Ismail, etc.

L’emploi de ces noms est très fréquent en Afrique du Nord et leur usage participe

d’une symbolique qui veut que l’emploi de tel ou tel nom confère à son porteur les qualités

premières du premier porteur permettant ainsi au nom d’exercer son pouvoir sur la

communauté.

95

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2.4.3.3.5.3 Les hagionymes

Nous entendons par hagionymes les noms des saints reconnus dans une communauté

religieuse. Abbès affirme :

« la multitude des sanctuaires dressés à la mémoire d’un

mystique mort et enterré ailleurs est une conception

populaire typique de l’islam populaire maghrébin. Cette

pratique est fondée sur le culte de l’absent. » (132)

L’emploi des hagionymes dans l’œuvre de Djaout est à vocation ethnographique car

ils sont là pour rendre compte des habitudes sociales de la société algérienne, surtout berbère,

et des croyances et mythes populaires. Ainsi Maâchou ben Bouziane revient à plusieurs

endroits dans notre corpus et est commun à deux textes (L’Exproprié et Les Chercheurs d’Os

avec deux et sept occurrences respectivement). Par ailleurs bon nombre de saints

interviennent dans le corpus faisant office d’indications géographiques, tels que Sidi Yahia,

Sidi M’hamed, Sidi Mahrez, Sidi Abbou, etc.

En fait, ces saints participent à l’organisation sociale de la société, d’où les différents

pèlerinages organisés avec une grande dévotion et dont Djaout parle dans son œuvre :

« ces saints qu’on vénère parce qu’ils étaient des

mystiques, des juristes et des théologiens ont tous une

légende locale populaire empreinte de haute

spiritualité » : « Une femme jeune encore vint aussitôt

les solliciter. Mon fils est atteint d'un mal incurable,

ô mes maîtres. Vous, descendants du saint Sidi Maâchou

ben Bouziane aux pouvoirs innombrables, guérissez-le moi

; ma paire de bœufs est à vous. » (« Les Chercheurs »

60 ; « L’Exproprié » 150-1)

96

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Nous remarquons dans ce passage que les pouvoirs prêtés aux saints sont héréditaires,

c’est-à-dire qu’ils suivent la lignée et sont transmis aux descendants.

2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances

Certains noms propres sont empreints de mythologie et leur attribution répond à des

croyances ancestrales. Nous rencontrons dans notre corpus des noms comme Akli ou Idir. Ces

deux noms illustrent notre propos. En effet, selon les croyances, donner le nom de Akli à une

personne préserve son porteur du mauvais œil, Akli témoignant d’une profession (boucher) et

d’un teint (noir) ; c’est la deuxième qualité qui est invoquée fonctionnant comme un totem.

Cela témoigne du pouvoir symbolique du nom.

2.4.3.3.5.5 Les sobriquets

La pratique du sobriquet ou du surnom est courante dans presque toutes les sociétés. Il

arrive parfois que le sobriquet se substitue au nom usuel et devienne un anthroponyme. Le

sobriquet est souvent donné en référence à une caractéristique physique, psychologique ou à

une profession. Son emploi témoigne d’une certaine intimité entre les différents interlocuteurs

et revêt un caractère soit amical, soit taquin.

Nous avons recensé dans notre corpus quelques sobriquets :

- Elbouliga : l’obèse (ou celui qui a la diarrhée, qui a mal au ventre)

- Brik : beignet tunisien indiquant ici la profession du premier porteur et par là même

son origine géographique ;

- Mezayer : le coincé, l’avare ;

- etc.

Ces sobriquets servent à décrire les personnages qui les portent et leur simple usage

dispense d’une description.

97

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2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs

Ces noms sont souvent explicitement liés à un espace géographique précis et rendent

compte de l’histoire des individus qui les portent. Nous trouvons dans le corpus des noms

comme Ouancharissi, originaire de l’Ouarsenis, massif montagneux du nord ouest de

l’Algérie.

Toutefois l’auteur use de détours pour marquer l’origine d’un personnage. Il est

presque impossible de détecter cette origine si le lecteur n’a pas une connaissance approfondie

de la culture et de l’histoire algériennes. Ainsi, à première vue, le nom Skander Brik

n’évoque-t-il qu’un nom algérien. Cependant, il peut être interprété comme d’origine

tunisienne à cause de Brik « beignet ou personne qui le prépare en Tunisie » et d’origine

égyptienne grâce à Skander « hypocoristique d’Alexandre ou originaire d’Alexandrie » (Cf.

Infra)

A côté de tous ces noms, nous pouvons citer un procédé de dénomination qui est celui

des titres honorifiques. Ce sont des particules qui s’utilisent soit seules, soit avec un nom ou

un prénom. Leur utilisation répond à une exigence de bienséance et de respect. Certaines sont

connotées de religiosité tandis que d’autres font référence aux règles de cohabitation dans la

société algérienne en général, et kabyle en particulier.

Selon Abbès, « les titres honorifiques recouvrent un éventail de procédés formellement

hétérogènes » (137). C’est ainsi qu’elle présente ces procédés :

Tableau 13 : Les titres honorifiques

Titre Forme tronquée Origine Genre

Sidi Si arabe masculin

Dada Dda ou Da kabyle masculin

Cheikh — arabe masculin

L’hadj Hadj arabe masculin

98

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Pourtant, on ne saurait limiter l’interprétation du nom propre au niveau onomastique

puisque le nom propre est toujours investi d’une épaisseur destinée à cautionner un certain

point de vue de l’auteur. En effet, celui-ci n’utilise jamais le nom propre sans arrière-pensées

et sans volonté de faire passer un message, de laisser apparaître une intention particulière.

C’est ce que nous nous proposons de découvrir dans ce qui suit.

2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction

Nous avons relevé dans notre corpus un grand nombre de noms propres de personnes

ou d’anthroponymes qui respectent en général les règles de formation. En effet, l’écrivain qui

crée des noms propres est tenu de respecter certaines règles de construction.

Certes le « romancier a la liberté (mais aussi le devoir) de créer des noms propres à la

fois inédits et exacts » (Barthes, « Le Degré » 128), mais lorsqu’il les crée, il doit s’assurer

que tel ou tel autre nom respecte les règles onomastiques socialement admises.

Néanmoins, par delà ces règles, « dans une fiction,

précise Bernard Magné, le nom est soumis à deux

tendances contradictoires : selon la vraisemblance, il

doit obéir à la règle de l’arbitraire ; selon la

signifiance, il doit obéir à la règle de

surdétermination. Une trop évidente motivation du nom

fonctionnel sape les effets de réel. » (qtd. In

Achour ;Bekkat 84)

L’écrivain essaye de concilier les deux tendances pour obtenir un emploi optimisé du

nom propre.

Tout d’abord, Djaout utilise à la fois des noms banals, de tous les jours mais auxquels

il assigne une fonction particulière. Dans ses romans, chaque nom est là pour étayer son

99

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argumentation sur un thème particulier. Et lorsqu’il n’a pas ce rôle, il fonctionne comme

« pôle » de l’histoire romanesque.

Ensuite, à travers les noms utilisés par Djaout, nous pouvons, d’une part, entrevoir

l’évolution du nom propre en Algérie, et d’autre part le classer dans un cadre géographique

précis.

Enfin, nous pouvons distinguer un emploi particulier du nom patronymique et du

prénom selon la période de la vie du personnage.

2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive

Dans ses deux derniers romans — Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison —

Djaout fait de l’emploi du nom propre une stratégie discursive16.

En effet, il utilise sa substance symbolique comme moyen de convergence vers une

thématique précise. Boualem Yekker ou Menouar Ziada ou encore Mahfoudh Lemdjad sont là

pour rappeler au lecteur les dangers de l’obscurantisme, du nationalisme à outrance ou encore

les vertus des traditions ancestrales.

Menouar Ziada dans Les Vigiles est le bouc émissaire d’une conspiration en haut lieu

dans une localité enclavée où « les vigiles » ne pensent qu’aux privilèges octroyés par leur

statut d’anciens maquisards. Son nom qui signifie littéralement « l’illuminé » nous annonce

que ce naïf va nous éclairer sur les manigances de ces vigiles. Effectivement, à la fin du

roman, il a une réflexion dans ce sens mais il n’arrive pas encore à franchir le pas et à

l’exprimer réellement :

16 On entend par stratégie discursive, l’ensemble des moyens

linguistiques mis en œuvre par l’auteur en vue de faire passer ses

positions et d’amener le lecteur à adhérer à celles-ci. Voir aussi ici

Partie II, p. 105.

100

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« Menouar Ziada a envie de dire que ce pays appartient à

tous ses citoyens et qu'il ne comprend pas toujours

cette manie des anciens combattants de vouloir le

défendre contre son propre peuple. Et puis, défendre

quoi exactement? Le pays ou leurs privilèges? » (« Les

Vigiles » 111)

Quant à Mahfoudh Lemdjad, le héros de ce roman, il est l’incarnation des idées de

l’auteur qui prône un saut qualitatif dans la société algérienne tout en respectant la tradition et

en insistant sur un retour indispensable au passé pour une construction plus effective de

l’identité nationale dans toutes ses dimensions. C’est ainsi que Mahfoudh Lemdjad, inventeur

d’un métier à tisser presque disparu, se voit confronter aux vigiles et à l’appareil

bureaucratique. Son combat est clairement dirigé contre ces hommes qui ont substitué à

l’identité algérienne une autre identité aux fins de préserver leurs privilèges. Ceux-ci voient

dans l’invention un subterfuge dans le but de les destituer de leur poste et un risque majeur

dans la mesure où elle leur rappelle leurs traditions et leur passé. Bref, l’utilisation de ce nom,

Mahfoudh Lemdjad, qui signifie « celui qui préserve les gloires du passé » est plus que

représentative de la stratégie discursive de Djaout.

2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique

Le nom propre dans les romans de Djaout a encore cette fonction de situer un

personnage par rapport à son origine géographique et / ou culturelle.

Nous remarquons à cet effet dans le deuxième texte de notre corpus, à savoir Les

Chercheurs d’Os, que les personnages portent des noms qui témoignent de leur origine. Ainsi

l’onomastique de ce roman est basée sur une dénomination propre à la Kabylie. Hormis le

personnage-narrateur qui n’a pas de nom, les autres personnages sont désignés par des noms

qui marquent la filiation par rapport au père. Nous citerons comme exemple le compagnon du

101

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jeune garçon, en l’occurrence Rabah Ouali : « Rabah fils d’Ali ». A côté de ce nom nous

avons également Hand Ouzarouk, Ali Ouahmed, Chérif Ourezki, etc.

Ces noms sont constitués de deux éléments : le premier est un prénom, tandis que le

deuxième est l’association d’un autre prénom (celui du père) et de la particule filiative « ou »

(fils de…). Ce deuxième segment fonctionne comme patronyme. Cependant celui-ci n’est pas

commun à toute la société algérienne. Il nous renseigne ainsi sur l’origine géographique et, ce

qui va de soit, sur l’origine culturelle. Il n’est en fait que la désignation courante dans la

tradition kabyle, abstraction faite du patronyme imposé par l’état civil qui est réservé aux

correspondances administratives.

Tous ces noms fonctionnent dans la société kabyle et dans le cadre géographique qui

lui est réservé dans le texte. Le déplacement des personnages, qui produit un effet de

dépaysement, est accentué par le « dépaysement onomastique ». En effet, dès que change

l’espace habituellement connu par le garçon-héros, les noms changent avec lui.

Par ailleurs, dans le troisième texte — L’Invention du Désert —, les noms propres sont

pour la plupart des noms historiques : Ibn Toumert, Ibn Tachfin, Abdelmoumen ibn Ali, etc.

Ces personnages ont fait l’Histoire de l’Afrique du Nord au Moyen Age. Mais en dehors de

leur illusion référentielle, ils signifient un état, à une époque donnée, de l’onomastique

algérienne. Celle-ci a été adaptée aux desseins du conquérant — arabe ou français — dans un

but d’appropriation du territoire et de l’histoire. En effet, Djaout fait allusion à cette

appropriation dans son premier texte en évoquant un personnage historique: « Ali Amoqrane

(= ? Mohand Ath Moqrane ~ El-Moqrani) » (« L’Exproprié » 15) La diversité des

dénominations témoigne d’une volonté de corruption du nom propre afin de travestir

l’Histoire.

Nous pouvons dire que dans les deux cas cités le nom propre fonctionne comme un

repère à la fois historique, géographique et culturel.

102

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2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance

Le nom propre est enfin utilisé par Djaout pour distinguer les deux moments de la vie

de ses personnages. En effet, Djaout, par une subtilité stylistique, se sert le plus souvent du

prénom et du patronyme pour désigner un personnage adulte, et du prénom uniquement

lorsqu’il s’agit d’un personnage enfant.

Lorsqu’il s’agit d’un souvenir d’enfance, le personnage est volontiers désigné par son

prénom, marquant ainsi un emploi particulier du patronyme. Celui-ci n’est invoqué qu’après

un passage par l’école, qui institue un rapport de distance entre les personnes.

Nous retrouvons effectivement le nom propre Boualem dans les passages renvoyant à

des souvenirs ou convoquant la mémoire :

« Boualem s’agrippe voracement à ces images comme s'il

sentait que le jour viendrait où aucune évasion, même

par l'imagination, ne serait plus permise. » ; « Chaque

fois que Boualem prend un de ces livres aux lettres

crochues ou accolées, il se revoit à l'école coranique.»

(« Le Dernier 14 ; 60)

Par contre, le couple prénom + patronyme Boualem Yekker est souvent utilisé dans les

faits de la vie actuelle du personnage :

« Une pluie drue se met à tomber ; Boualem Yekker

accélère pour échapper à un désastre. » ; « Boualem

Yekker se retient de lui sauter au cou. Il est tellement

content de trouver un allié dans ce moment d'adversité.

Sa peur et sa nervosité s'évanouissent. Le monde

retrouve un visage humain. » ; « Boualem Yekker aspirait

à une humanité libérée de la hantise de la mort et du

châtiment éternel. » (15 ; 47 ; 68)

103

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Nous remarquons le même procédé s’agissant du nom propre du personnage central de

Les Vigiles. La figure suivante représente les contextes où apparaissent le prénom et le

patronyme du personnage :

Figure 15 : Contexte d’un nom propre

Finalement, nous pouvons dire que l’emploi du prénom pour désigner le personnage

durant l’enfance participe à la caractérisation de celui-ci dans la mesure où le prénom

accentue ce rapport à l’enfance et défait les liens symboliques que tissent le patronyme avec le

monde réel car l’enfance, et ce qui s’y rattache, est le berceau du rêve et de l’imaginaire.

2.4.3.4 Les néologismes

On entend par néologismes les mots nouveaux qui, à un moment donné de la vie d’une

langue, se trouvent employés, généralement par un seul individu, dans le système de cette

langue. On parle alors de néologie lexicale. Celle-ci est définie par Guilbert comme « la

possibilité de création de nouvelles unités lexicales, en vertu des règles

de production incluses dans le système lexical. » (31)

104

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Il ajoute plus loin que « l’étude de la néologie consiste (…) à rassembler un ensemble

de néologismes apparus dans une période précise de la vie de la communauté linguistique. »

(31) Nous allons tout d’abord porter dans un tableau (Annexe 6) tous les néologismes apparus

dans notre corpus et ensuite, nous essayerons de dégager la portée pragmatique de ces mots

puisque

« le néologisme littéraire diffère profondément du

néologisme dans la langue. Celui-ci est forgé pour

exprimer un référent ou un signifié nouveau (…). Le

néologisme littéraire, par contre, est toujours perçu

comme une anomalie, et [il est] utilisé en raison de

cette anomalie, parfois même indépendamment de son

sens » (Riffaterre, « La production » 61)

2.4.3.4.1 Relevé statistique

Nous distinguons dans cette liste (Annexe 6) trois catégories de néologismes : des

adjectifs verbaux, des noms et des verbes. Les adjectifs verbaux sont formés à partir des

participes présents auxquels l’auteur ajoute tantôt la marque du féminin, tantôt celle du

pluriel. Les noms quant à eux sont, pour la plupart, des noms construits avec le suffixe -eur.

Enfin, les verbes sont spécifiques par l’emploi, dans leur formation, du préfixe re-.

Une grande partie des néologismes sont relevés dans L’Exproprié (25 formes) ; vient

ensuite L’Invention du Désert (18 formes), Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison (10

formes chacun) ; enfin, Les Chercheurs d’Os (08 formes). Cette remarque permet de

consolider l’hypothèse selon laquelle L’Exproprié est un texte différent des autres textes du

corpus. Cependant il se rapproche de L’Invention du Désert. Les trois autres textes sont, en

outre, voisins et entretiennent des liens entre eux. La présence d’un grand nombre de

néologismes dans L’Exproprié renseigne encore une fois sur le travail engagé par l’auteur

105

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dans l’écriture foncièrement différente de ce texte dans la mesure où celui-ci tend vers le

poème. Le propre même de ce texte est de créer une nouvelle syntaxe, mais aussi et surtout un

univers lexical qui défie les règles lexicales établies.

En effet, Djaout « aime forger des néologismes (…). Il affirme qu’il aime les mots

incultes qui l’aident à « ruiner la syntaxe », à « terroriser le verbe » (…) » (qtd. In Toso

Rodinis 131-2)

Le nombre de néologismes n’est peut-être pas indicatif mais il est certainement

significatif. Selon Riffaterre, « le néologisme est plus motivé que le non-

néologisme. » (65)

2.4.3.4.2 Néologisme et implicite

A la lecture du relevé succinct des contextes où sont apparus ces néologismes, effectué

par la machine, nous notons qu’hormis indénonçable et égaration17, qui sont attribués à des

personnages, le reste des néologismes est l’œuvre du narrateur qui s’identifie souvent à

l’auteur. Il n’en demeure pas moins que ces mots sont utilisés pour satisfaire des desseins que

l’auteur s’assigne et assume, telles la perversion de la syntaxe et la destruction des normes de

formation lexicale. Il affirme dans L’Exproprié sa volonté de

« souder mots pour faire émerger caricature d'un

semblant de révolte. Revendication formulée à travers un

délire qui feignait de nier toute structure au nom d'une

saignée (authentifiée par intérim !) et d'une poignée

d'abysses. Je me réjouissais toutefois en considérant la

récolte : mots lavés de leur gangue atavique, infarctus

de l'ordre et de la syntaxe. » (116)

17 Ce mot est placé entre guillemets dans le texte : cf. L’Invention

du Désert, p. 47.

106

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Et Toso Rodinis dit :

« c’est sa façon de transgresser l’expression française

(…) pour confirmer sa propre identité et sa différence,

une fois entré « dans la gueule du loup », en

transmettant ainsi l’universel de son remous

psychologique. » (132)

Djaout porte la création de mots, qui restent toutefois « la résultante d’une

dérivation à partir d’une donnée initiale » (Riffaterre, « La Production »

62), au niveau de la révolte et de la révolution. L’acte de création est pour lui un acte de

changement social et il ne saurait se faire sans un bouleversement du langage, qui est

certainement l’institution sociale par excellence et où tous les individus d’une communauté se

reconnaissent.

Puisque « les usages sociaux de la langue doivent leur

valeur proprement sociale au fait qu’ils tendent à

s’organiser en systèmes de différences (…), reproduisant

dans l’ordre symbolique des écarts différentiels le

système des différences sociales » (Bourdieu,

« Langage » 83)

l’auteur veut abolir ces différences qui sont tout d’abord latentes dans le rapport entre

un français métropolitain et un français algérien, ensuite manifestes dans la société algérienne

par la séquestration de la langue et du langage par les « zèbres de l’Académie »

(« L’Exproprié » 43). Guilbert ajoute que la néologie lexicale dans son aspect

sociologique

« consiste dans le changement du statut social du mot en

tant qu’unité de fonctionnement du langage, dont le

principe, essentiellement social, réside dans la

107

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communication entre les sujets parlants d’une

communauté. » (80)

Enfin le néologisme ne saurait être détaché du corps du texte pour être analysé

indépendamment, mais il doit être envisagé du point de vue du rapport qu’il entretient avec

les thèmes présents dans le texte. Le néologisme, comme le nom propre18, est là pour

« servir implicitement un ensemble de thèmes » (Riffaterre, « La

Production » 71), et plus particulièrement, le néologisme littéraire qui,

« loin d’être arbitraire, loin d’être un corps étranger

dans la phrase, est le signifiant le plus motivé qu’on

puisse trouver dans le texte (…). Sa fonction est (…) de

réunir ou condenser en soi les caractéristiques

dominantes du texte. Fait exprès, créé pour les besoins

de la cause, il est par excellence le mot propre. » (74)

2.5 Conclusion partielle

A la fin de cette première partie nous sommes arrivé au constat selon lequel la

statistique introduit dans le champ de la linguistique appliquée à la littérature une nouvelle

approche. En effet, elle permet, d’un côté, de construire des bases objectives pour l’analyse

textuelle, et de l’autre, elle donne une assise scientifique aux intuitions en matière

d’interprétation littéraire.

En somme, nous avons abouti à certaines conclusions qui nous seront utiles au cours

de la deuxième partie. Cela dit, il est nécessaire de revenir sur certaines d’entre elles.

18 « L’égalité du nom propre et du nom commun devant la création est

bien illustrée par un cas extrême : celui où l’écrivain fait semblant

d’user de mots courants qu’il invente cependant de toutes pièces (…). »,

Barthes, R. (1972) : op. cit., p. 131.

108

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Nous avons pu, en premier lieu, constater que malgré le caractère « erratique » du

lexique, que des auteurs comme Hjelmslev (« Essais » I, 97) soutiennent, il dépend

cependant d’une structure, voire d’une structuration. La nuance est importante car la

structuration19 implique un processus engagé par l’auteur, tandis que le mot structure est pris

dans son état statique.

L’intervention de l’auteur dans l’emploi du lexique est perceptible à travers plusieurs

facteurs. Ainsi, la richesse lexicale aussi bien que les hapax de chaque texte sont-ils

conditionnés par ses thèmes. Thèmes qui sont traités par l’auteur en utilisant un lexique

propre, dont la structuration va de pair avec l’orientation donnée aux thèmes. Cela suggère

qu’en réalité la richesse lexicale ne se traduit pas par un accroissement du vocabulaire, mais

par une « spécialisation lexicale ». Nous entendons par là que l’évolution chronologique

n’amène pas, forcément, un accroissement du capital lexical, mais, au contraire, un contrôle

judicieux du vocabulaire dans le but de servir des desseins particuliers.

Par ailleurs, certaines composantes du lexique échappent à ce contrôle dans la mesure

où elles contribuent à l’organisation psychique de la langue. Ces composantes ont été relevées

dans ce que nous avons appelé les « groupes de fréquences ». Ces hautes fréquences sont en

fait les unités que tout locuteur d’une langue donnée utilise pour structurer son discours.

En second lieu, l’approche statistique a pu prouver l’existence de liens entre les

différents textes. La frontière physique qui sépare les différents textes a été réduite par l’outil

informatique qui a pu mettre en évidence les fils à travers lesquels communiquent ces textes.

19 La structuration « indique en quelque sorte un aspect dynamique, l’

« acte » ou le « processus » d’organisation structurelle. », Cazacu (1957),

cité par Cassas Gomez M. : « L’euphémisme et la théorie du champ morpho-

sémantique », In Cahiers de lexicologie n°49, 1982-2, p.36.

109

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En effet, la connexion lexicale a mis en exergue les relations et les affinités entre eux. Nous

avons pu conclure que, par exemple, L’Exproprié, même s’il reste un texte extrêmement

différent des quatre autres, demeure lié à L’Invention du Désert. De même que Les

Chercheurs d’Os est lié à Les Vigiles, tandis que Le Dernier Été de la Raison est tantôt lié à

L’Invention du Désert, tantôt à Les Vigiles. Cela témoigne du réseau thématique qui est sous-

jacent à l’œuvre romanesque de Djaout.

Enfin, l’exploration de la base a décelé les spécificités lexicales de Djaout qui ont

permis de dégager son « portrait lexical ». Mais au-delà de ce portrait, c’est sa stratégie

discursive qui apparaît en filigrane. En effet, l’étude des emprunts, mais surtout des xénismes,

a abouti à la conclusion selon laquelle l’emploi de ces mots étrangers a une double

conséquence. Ils reflètent, tout d’abord, un lieu à partir duquel s’écrit le texte, à savoir

l’espace maghrébin. Puis, ils donnent à la langue française une substance nouvelle tout en

clamant une différence dans son utilisation. De cette manière, la langue française

« renouvelée » devient un cri de révolte contre tous les interdits. A ce propos, Djaout disait :

« Je ne sais pas si ce n’est pas une manière pour moi de

dire que le français que j’écris est différent, qu’il

vient d’un autre lieu où le métissage est très

important, est beaucoup plus possible qu’en France. Le

français n’est pas totalement assumé par moi dans une

optique de pureté… C’est une sorte de fracture que

j’introduis dans la langue française, une certaine

manière de revendiquer un métissage qui interdit

l’entrée aux puristes de la langue française. » (qtd. In

Tcheho 221-2)

Ainsi, celui qui interdit tombe-t-il à son tour sous le coup de l’interdiction.

110

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L’étude d’un autre type de xénismes représenté par le nom propre nous conduit à

d’autres conclusions. D’abord, l’utilisation des noms propres n’est pas seulement dictée par

un souci de réalisme, mais elle contribue à asseoir la stratégie discursive de l’auteur. Nous

l’avons vu, la sémantique des différents noms propres est là pour conforter et accompagner la

sémantique générale des textes. Ensuite, le nom propre est inscription dans un territoire, tout

d’abord géographique, culturel ensuite. Enfin, il est revendication en tant qu’identité, que

celle-ci soit liée à la culture ou au territoire de l’enfance. En effet, le nom propre est utilisé

pour renvoyer le personnage20 dans son enfance lui donnant une épaisseur par rapport aux

autres personnages en tant que dépositaire d’une mémoire et détenteur d’une pureté.

Enfin, les néologismes, en tant que spécificités lexicales, nous renseignent eux aussi

sur les visées de l’auteur. Le néologisme rejoint le xénisme dans sa détermination symbolique.

En effet, il symbolise un emploi autre de la langue, qui défie la norme imposée. Il participe,

dans ce cas, de l’identité de son créateur. Mais il sert aussi, comme le nom propre, à illustrer

une thématique donnée.

Cependant, les différentes conclusions que l’approche statistique a pu dégager, chiffres

à l’appui, ne dispensent pas le chercheur d’une étude plus poussée. Il est de son devoir de

confirmer à chaque fois ses hypothèses dans la mesure où chaque résultat est une nouvelle

question.

Les résultats que nous avons obtenus jusque-là nous ont souvent conduit vers une

autre piste, en l’occurrence celle des thèmes. C’est donc à cet exercice que nous allons nous

20 Certains personnages ont une mémoire et une enfance qui sont

accompagnées par l’usage du prénom attirant ainsi la sympathie de l’auteur

et surtout du lecteur, tandis que des autres, nous ne connaissons rien, si

ce n’est leur nom patronymique.

111

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consacrer dans la deuxième partie de notre travail pour montrer que le lexique est employé

pour rendre compte d’un thème dans une perspective d’un « faire » dans la mesure où « [...]

dire, c’est faire ».

112

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3 DEUXIEME PARTIE : APPROCHE THEMATIQUE

3.1 Chapitre I : Les textes et leurs spécificités lexicales

3.2 Chapitre II : Les thèmes dominants dans le corpus

3.3 Conclusion partielle

113

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« Je connais la force des mots.

Du vent semble-t-il, des pétales tombés sous

les talons d'une danse, mais l'homme pourtant,

avec toute son âme, ses lèvres, sa carcasse. » Maïakovski

Des hypothèses ont été formulées sommairement à propos de la thématique de notre

corpus en général, et celle de chaque texte en particulier. Pourtant, elles ne restent que des

hypothèses tant que nous n’avons pas procédé véritablement à l’analyse thématique. C’est ce

travail que nous allons effectuer au cours de cette seconde partie. Nous avons vu plus haut que

certains thèmes fonctionnent comme des ponts qui relient les différents textes. Cependant,

cette interrelation est assurée par le mot. En effet, selon Bakhtine21, le mot fonctionnerait

comme un point de départ d’un pont qui relierait un discours à un autre discours dont le mot,

de l’autre côté, constitue le point d’arrivée de ce pont.

Par ailleurs, les mots qui perdent leur sens particulier n’ont de signification que par

rapport au texte dans la mesure où ils se constituent en réseaux isotopiques pour en former le

champ thématique. Selon Riffaterre,

« les effets que les mots, en tant qu’éléments d’un

réseau fini, produisent les uns sur les autres

substituent à la relation sémantique verticale une

relation latérale qui, se constituant au fil du texte

écrit, tend à annuler la signification individuelle que

les mots peuvent avoir dans le dictionnaire. »

(« L’Illusion » 94)22

21 Cf. Bakhtine, M. (1981) : Le principe dialogique, Le Seuil, Paris.

22 Riffaterre, M. : « L’illusion référentielle », In Littérature et

réalité, Ouvrage collectif, Ed. du Seuil, Paris, 1982, p. 94.

114

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Cela dit, les thèmes présents dans un texte sont repérables grâce aux réseaux

isotopiques interreliés par les mots. En fin de compte, les mots n’ont pas de signification mais

une signifiance puisque celle-ci n’est pas intrinsèque au mot mais se construit dans le

dialogue qu’il entretient avec les autres mots. A cet effet, Michel Riffaterre dit que « la

signifiance, c’est-à-dire le conflit avec la référentialité apparente, est

produite et régie par les propriétés du texte (…) » (94) en tant que discours

faisant référence à d’autres discours. Et le texte, en tant que discours, ne doit pas être résolu

« dans un jeu de significations préalables » (Foucault, « L’Ordre » 55).

Certes, le texte est un appel à d’autres discours mais il est surtout le lieu où se dépose

une « formation discursive » particulière. Celle-ci est constituée par l’ensemble des thèmes

qui peuvent être considérés comme caractéristiques d’une œuvre, organisés dans un système

qui définit une « formation idéologique ».

En effet, « dans le cas où entre les objets, les types

d’énonciation, les concepts, les choix thématiques, on

pourrait définir une régularité (un ordre, des

corrélations, des positions et des fonctionnements, des

transformations), on dira par convention qu’on a affaire

à une formation discursive (…) »

(Foucault, « L’Archéologie » 53)

En d’autres termes, l’auteur qui construit son texte accomplit nécessairement, par un

jeu thématique, une sorte de signature de son œuvre en défendant ou en dénonçant une

certaine conception idéologique ou pragmatique de la réalité sociale qui l’entoure. Il contribue

ainsi à refaçonner l’univers textuel par l’utilisation de vocables qui, s’organisant autour d’un

thème, participent à l’élaboration de la stratégie discursive de l’auteur dans la constitution de

sa « formation idéologique » ou, à la suite de Lucien Goldmann, de sa « vision du monde » et

celle de son groupe. Une formation idéologique comporte « nécessairement (…) une ou

115

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plusieurs formations discursives interreliées, qui déterminent ce qui peut

et doit être dit (…) dans une conjoncture donnée. » (Haroche et al. 101)

A la lumière de ces considérations théoriques, nous diviserons cette partie en deux

chapitres. Nous allons, tout d’abord, dans le premier, traiter des spécificités de chaque texte

dans le but d’en dégager, à travers les « mots-thèmes », les champs isotopiques qui

constitueront les thèmes majeurs de notre corpus. Ensuite, dans le second, nous tenterons, une

fois délimités les différents thèmes, de reconstituer la « formation discursive » de Djaout qui

sous-tend une « formation idéologique » qui représente ses principales préoccupations en tant

qu’écrivain et intellectuel.

116

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3.1 Chapitre I : Les textes et leurs spécificités lexicales

3.1.1 L’Exproprié

3.1.2 Les Chercheurs d’Os

3.1.3 L’Invention du Désert

3.1.4 Les Vigiles

3.1.5 Le Dernier Été de la Raison

117

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Après avoir dégagé le vocabulaire spécifique de chaque texte composant notre corpus

nous allons procéder, à chaque fois, au cours de ce chapitre, à l’analyse de ce vocabulaire

dans le but de déterminer les points de continuité et de discontinuité du lexique de Djaout.

Ceci nous permettra de repérer les mots thèmes « par lesquels [se motiverait] la

pensée » (Guiraud 39) de l’auteur, pour pouvoir les exploiter dans le deuxième chapitre.

3.1.1 L’Exproprié

Les résultats présentés dans le tableau de l’annexe 7 nous montrent le vocabulaire

spécifique du premier roman de Tahar Djaout, à savoir L’Exproprié. Nous voyons en haut de

cette liste le pronom je et ses variantes grammaticales dont me, m’, moi. Cette prédominance

est intrinsèque au genre ambigu de ce texte. En effet nous avons, à plusieurs reprises, dit que

ce texte est plus proche du poème que du roman. Nous savons également que le pronom je est

spécifique, dans une large mesure, à la poésie où l’exaltation du moi est prépondérante.

Barthes dit, à juste titre, que « moins ambigu, le « je » est (…) moins

romanesque (…). » (Barthes, « Le Degré » 29)

L’analyse factorielle (Figue 16) représentant la distribution des pronoms personnels

dans le corpus conforte les résultats obtenus dans le tableau précédent. Cette figure montre

également la présence dans ce texte, comme spécificité, du pronom tu qui est corollaire du

pronom je.

118

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Figure 16 : L’analyse factorielle des pronoms

A côté de ce vocable, nous pouvons en entrevoir d’autres qui renvoient également à la

poésie, non parce qu’ils lui sont propres car « le lexique poétique est lui-même un

lexique d’usage, non d’invention » (Barthes 35-6) mais parce qu’ils caractérisent

les thèmes du texte. Nous pouvons citer mère, papa, poèmes, poème, poète. Ces derniers sont,

à plus d’un égard, caractéristiques de ce texte. Autour de ces termes, se construit un univers

digne des poètes romantiques, fait de soleil et de mer entre lesquels se dresse une forêt

reposante et enivrante.

De là l’on peut aussi deviner les thèmes dominants dans ce texte. Ainsi l’enfance est-

elle presque un refuge pour le narrateur-voyageur. C’est un thème récurrent dans la mesure où

foisonnent des termes comme enfant(s), fille, mère, père, papa, etc. Ce thème est corollaire

d’un autre thème non moins important qui est l’espace. En effet ces deux thèmes sont liés par

l’opposition qu’ils instaurent village/enfance, ville/adulte que nous verrons en détail dans un

autre chapitre.

L’espace que traverse ce narrateur lui permet de convoquer l’univers de l’enfance et

lui permet de retracer et de remonter les traces de l’Ancêtre (ou Amoqrane), vocable

119

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spécifique de ce texte. Le déplacement dans l’espace hétéroclite est donc un thème conducteur

dans ce roman.

Par ailleurs, la critique des faux dévots, dont le missionnaire est la figure

emblématique, ajoutée à la satire des zèbres de l’académie et des « détenteurs » de littérature

de tout acabit, est aussi signifiante dans ce texte.

Il faut signaler enfin que la figure de l’Ancêtre est la désacralisation même de

l’Histoire, autre thème marqué par la présence d’El Mokrani, héros de la résistance contre

l’occupant français. Les frasques de ce personnage ancestral délivrent un double message

qu’il faut décrypter : tout d’abord, le statut de héros de ce personnage est à relativiser dans un

élan de désacralisation. La désacralisation de l’histoire de chaque homme contribue à la

désacralisation de l’Histoire globale des hommes ; puis la dénaturation du nom de ce héros —

« Ali Amoqrane (=? Mohand Ath Moqrane = El-Moqrani) » (15) — est à même de

suggérer une volonté de travestissement de l’identité des personnages historiques : ne reste de

ce héros national que le nom d’El Moqrani, forme arabisée du nom berbère.

En somme « L’Exproprié est un roman bâti sur le conflit

entre ce qui tente de pérenniser le despotisme et

l’immobilisme de l’histoire et la poésie qui reste le

meilleur moyen de révolte, de libération et de

renaissance. » (Kazi-Tani, « Flash » 63)

120

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Figure 17 : La distribution des vocables village et ville

3.1.2 Les Chercheurs d’Os

Les Chercheurs d’Os, deuxième roman de Djaout, comme nous l’avons présenté plus

haut, est le récit d’un jeune adolescent qui quitte, pour la première fois, son village natal,

perché sur une colline qui domine la mer, pour aller à la recherche des os de son frère mort au

combat en héros. Cette quête va constituer le fil d’Ariane de la trame narrative.

A cet effet, « l’héroïsme du frère sera (…) le thème

introducteur d’un triple procès :

– procès des mascarades officielles, par le truchement

de la figure négative de l’instigateur tout puissant de

la tâche macabre. (…)

– procès de la faillite de la génération des pères »,

d’où la fréquence de substantifs comme parents, troupeau

et d’adjectifs péjoratifs tels que honteux, silencieux,

entassés.

– procès, en dernier lieu, de l’espace ancestral en

121

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déliquescence. Les silhouettes avachies des vieillards,

« chiffes répugnantes », « détenteurs hypocrites d’une

sagesse qu’ils ne respectent même pas », « mollusques »

indolents, « poules oppressées » et « crapauds

affalés », révèlent la face hideuse d’un monde

recroquevillé sur lui-même. Animalisées, fossilisées et

privées d’histoire car témoins d’un âge sans grandeur et

sans honneur, elles s’opposent, par leur charge

négative, à la lumière et au dynamisme de l’absent »

(F.A., « Le Brouilleur » 153-4) qu’est le jeune.

Cette dualité jeunes, jeunesse/ vieillards est illustrée par l’environnement thématique

de ces vocables comme représenté dans les figures 18, 19 et 20. Nous remarquons que

l’environnement immédiat du vocable vieillards est caractérisé par la fréquence de termes à

valeur négative tels que crapauds, mouches et d’autres qui annoncent leur destin : mort ; ou

encore ceux qui témoignent de leur immobilité tels que djemaa ou leur croyance : saints,

tutélaires, prêtres.

Quant à jeunesse et jeunes, leur environnement thématique est composé de termes

mélioratifs : vigueur, délices, générosité ; des termes qui témoignent de leur action :

transformer, arracher, assaillir et de leur mouvement : errance, étirements, passagers.

122

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Figure 18 : L’environnement thématique du vocable vieillards

Figure 19 : L’environnement thématique du vocable jeunes

123

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Figure 20 : L’environnement thématique du vocable jeunesse

Figure 21 : Distribution des vocables vieillards et jeunes

Par ailleurs, Les Chercheurs d’Os en tant que récit mettant « en relief le rapport de

l’Algérien à l’histoire et, plus exactement, à celle de la guerre de libération » (Kazi Tani,

« Flash » 63) présente une multitude de termes (Annexe 8) en relation avec cette guerre tels

124

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que militaire(s), camions, avions, morts, etc. Et s’agissant de la distribution du terme guerre

dans le corpus, nous pouvons voir à travers la figure 22 qu’il est spécifique de ce texte dans

une large mesure.

A travers ce roman, Djaout « suggère que l’Histoire, en tant que mémoire du passé,

peut être détournée par le pouvoir en place pour mieux dissimuler les réalités du présent. »

(Kazi Tani 63)

Mais, selon Kazi Tani, ce qu’il « revendique dans Les

Chercheurs d’Os (…) n’est pas une quelconque mission

prophétique de dévoilement des réalités historiques et

de mise en garde pour le futur mais le droit de porter

un regard vigilant et lucide sur les hommes, leurs

actions et les « vérités » que leurs discours prétendent

contenir… » (64)

Figure 22 : Distribution du vocable guerre

125

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3.1.3 L’Invention du Désert

L’Invention du Désert « est un texte qui tourne autour du désert »

(Djaout, In Tcheho 219), d’où la fréquence du terme désert. A la demande de son éditeur,

le narrateur de L’Invention du Désert entreprend d’écrire l’histoire des Almoravides. Pour ce

faire, il suit les déambulations d’Ibn Toumert, père spirituel de la dynastie des Almohades, à

travers le Maghreb. Ce personnage nous mène de ville en ville et l’auteur en profite pour

remonter aux origines de l’intolérance. Cependant l’histoire est presque impossible à écrire et

le narrateur se réfugie dans son enfance ou nous embarque dans d’autres voyages où il tente

de réconcilier l’Occident et l’Orient.

D’après le tableau (Annexe 9), nous pouvons constater que les fréquences les plus

excédentaires sont celles qui marquent justement ce voyage. Nous retrouvons ainsi les termes

désert, voyage, transhumances, la ville de destination du personnage central : Marrakech, le

terme oiseaux qui symbolise le mouvement. En effet, Djaout affirme :

« l'oiseau est le maître du mouvement, et le mouvement

régit le monde. C'est pourquoi j'aime associer l'oiseau

à tout ce qui fait naître en nous et attise l'émotion

incoercible — les violences de la tempête,

l'assoupissement caniculaire, la mer parcourue de

remous, les arbres malmenés par le vent. Il y a

toujours, pour moi, un oiseau aux commandes du mouvement

(…). » (« L’Invention » 127)

126

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Par ailleurs « passé et présent se superposent (…) à partir des lieux contemplés et

remémorés, déserts réels (Aden, Sanaa, Ouargla…) qui deviennent bien vite, par le travail de

l’écriture, lieux où se déploient les obsessions et les délires pour dire l’indicible. »23

Ce roman est alors un récit de migration et d’errance. Celle-ci, c’est à l’enfant de la

relater, « de déjouer les pièges de l’aphasie, de tendre l’oreille aux chuchotements, de nommer

les terres traversées. » (122)

L’environnement thématique de ce terme — migration — (Figure 23), nous montre les

vocables avec lesquels il entretient une relation directe. Nous retrouvons ainsi les termes

hirondelles (symbole de migration), oiseaux, ciel, mais aussi enfant (migration vers le

territoire de l’enfance par le rêve — rêvait), mère, ou encore désir, pays, Arabie. Cependant la

migration c’est aussi la peine, les autres ; c’est entre la peine et les autres.

Figure 23 : L’environnement thématique du vocable migration

Nous avons vu que la migration, c’est aussi celle qu’entreprend le narrateur vers

l’enfance. Celle-ci se présente comme un refuge. A cet effet, Afifa Bererhi nous dit que chez

Djaout

23 Kazi-Tani, N. : « Flash sur l’œuvre de T. Djaout », art. cit., p.

65.

127

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« le présent douloureux et étrange convoque le refuge

dans l’enfance. C’est là une constante repérable dans

l’ensemble poético-romanesque de Djaout en filiation

avec Jean Amrouche qu’il cite : « le poète n’est-il pas

l’homme dont la vie n’est pas séparée de la vie de la

mère ? » (Bererhi, « Migrations » 30)

Nous pouvons signaler, enfin, que migration et enfance dans ce roman sont parallèles

comme le montre la figure 24. Nous remarquons que la migration qui est sans doute

douloureuse s’accompagne par un refuge dans la douce enfance.

Figure 24 : Distribution des vocables migration et enfance

3.1.4 Les Vigiles

Ce roman, publié au début des années 1990, est l’histoire des déboires d’un jeune

inventeur d’un métier à tisser, Mahfoudh Lemdjad. Le récit se déroule donc dans une banlieue

d’Alger où le personnage central met au point une machine : un métier à tisser (ces deux

termes sont spécifiques au texte ; cf. Annexe 10).Cependant, il se heurtera rapidement à

l’appareil bureaucratique (fréquence de termes comme bureau, guichets, guichetier, fichier,

démarches, document, agent, administration).

128

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Tout d’abord, au niveau de la mairie pour l’obtention d’un brevet d’inventeur. La

municipalité n’a pas l’habitude de telles demandes, vu que tous ses habitants « usent toute

leur énergie à traquer des produits introuvables comme le beurre, les

ananas, les légumes secs ou les pneus. » (42). D’ailleurs, le secrétaire général dit

froidement à Lemdjad :

« Vous venez perturber notre paysage familier d'hommes

qui quêtent des pensions de guerre, des fonds de

commerce, des licences de taxi, des lots de terrain, des

matériaux de construction » (42)

Même le terme inventeur est remis dans la méfiance car il prête à confusion dans la

religion. Dès lors, « il attire la suspicion des rouages de l’administration

dont Les Vigiles veillent, insomniaques, sur la fortune rentière. »

(Mokhtari, « La Blessure ») Ensuite au niveau de la préfecture pour l’établissement d’un

passeport (ce terme est fréquent)

A travers ce roman, ce sont tous les passe-droits et la séquestration de l’intelligence

qui sont dénoncés, annonçant par là même le dernier roman de Djaout :

« le roman de Djaout met en exergue différentes plaies

sociales : crise de logement, népotisme, démagogie,

bureaucratie, culte de la médiocrité et par-dessus tout,

la perversion des principes de la Révolution

algérienne » par Les Vigiles qui « sont certains

combattants de la guerre de libération devenus

responsables politiques et propriétaires des biens

arrachés aux colons. » (Kazi Tani, « Flash » 66 ; 65)

Se sentant trahi par ses anciens compagnons, Menouar Ziada, ancien combattant,

découvre le vrai visage de ceux qui détiennent le pouvoir. Il s’aperçoit que leur premier souci

129

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est le gain personnel avant l’intérêt général. Déphasé par rapport à eux, il se réfugie dans

l’enfance et se suicide quand on lui fait porter le chapeau dans les tracasseries rencontrées par

l’inventeur qui, maintenant, est primé dans un pays étranger.

Nous remarquons que le pronom « il » est fréquent, justifiant l’écriture romanesque

de ce texte, à la différence, par exemple, de L’Exproprié où le pronom « je » est dominant.

Au-delà de la spécificité du « il » caractérisant le discours romanesque, il est également

représentatif de la « référentialité » du texte. A ce sujet, Maingueneau dit :

« le morphème il, à la différence de je-tu est un pro-

nom au sens strict, c’est-à-dire un élément anaphorique

qui remplace un groupe nominal dont il tire sa

référence. »(« L’Énonciation » 23)

Les Vigiles est, dans une large mesure, un texte référant à la réalité algérienne.

La comparaison de la distribution des deux morphèmes est donnée dans la figure

suivante :

Figure 25 : Distribution des pronoms je et il

130

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3.1.5 Le Dernier Été de la Raison

Le Dernier Été de la Raison, après Les Vigiles qui, selon l’auteur, est « son premier

roman urbain », est lui aussi un roman urbain. L’analyse factorielle de l’espace montre, en

effet, que l’action de ce roman se déroule principalement dans une ville (Figure 26).

Figure 26 : Analyse factorielle de l’espace

Il n’y a plus de raison car « Les gens se sentirent fatigués de penser, une

lassitude s'abattit sur l'intelligence, et la raison vacilla » (« Le

Dernier » 114). Le texte met en scène le héros, Boualem Yekker, libraire de son état, face

à l’écrasante vérité de la foi. Boualem n’a qu’une retraite intellectuelle à défaut de physique.

Le vocabulaire spécifique de ce texte (Annexe 11) montre que les termes intelligence

et raison sont des fils conducteurs de la position du personnage central. Les Frères Vigilants

(F.V.), qui ont réussi à « convaincre » et à embrigader sa femme et ses enfants, sont désignés

par le biais d’un lexique diversifié : les termes les signalant (brigades, bandes, guerriers

afghans, nouveaux maîtres, détestables représentants, prédicateurs, nouveaux impétrants,

prêtres légistes, milices religieuses, vigiles insomniaques, etc.) sont au pluriel :

131

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« L’individu est aboli par les nouveaux maîtres qui

n’admettent de la vie que le destin collectif et le

devenir d’une collectivité de l’au-delà avec pour

mission de corriger les déviances du monde de « l’ici et

maintenant » (Mokhtari, « La Graphie » 193)

Boualem résiste avec ses livres, ses rêves, son amour de la famille et ses désirs. Mais

sa résistance semble vaine, car « les thérapeutes de l'esprit » attirent les derniers vrais

penseurs, ses livres brûlent du feu de la foi, la raison cède à la violence (des termes comme

violent, brutalement, menace témoignent de cette violence), le silence et l’aphasie sont

imposés par le Livre. Les modérateurs de la foi vont même jusqu’à proscrire la roue de

secours qui met en doute la volonté de mettre son destin entre les mains de Dieu.

Djaout établit que le tyrannie intégriste, armé de son Œil Omniscient (le terme regard

revient à plusieurs reprises, Figure 27), produit des "bêtes d'affût" (menaçants, menace,

rendent compte de cette férocité), muselle l'homme (les termes soumis, humiliés,

impuissance, nous éclairent sur l’état de cet individu), le désavoue, foule sa chair et son

essence. Pris au piège, « il n'a plus ni bouche, ni estomac. Il n'est plus que

masse de nerfs vibrants. » (99)

En effet, « c’est contre cet Œil inquisiteur que Boualem

Yekker tente de résister en vain car, inexorable, il est

gommage de sa conscience, de sa culture et de sa

profession de libraire qui « profane » le Livre. »

(Mokhtari, « La Graphie » 185)

Cependant, le combat n’est pas perdu et l’heure de la reddition n’a pas encore sonné.

La dernière phrase sonne comme l'espoir (Figure 28) d'un lendemain qui ne va pas

désenchanter : « Le printemps reviendra-t-il? ».

132

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Figure 27 : Distribution du vocable regard

Figure 28 : Distribution du vocable espoir

133

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3.2 Chapitre II : Les thèmes dominants dans le corpus

3.2.1 Migrations

3.2.2 Un devoir de mémoire

3.2.3 La terre ancestrale

3.2.4 Enfance et territoire maternel

3.2.4.1 Enfance et village

3.2.4.2 Le territoire maternel

3.2.5 L’engagement

3.2.5.1 Combat pour la femme

3.2.5.2 Combat pour l’école

134

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L’œuvre romanesque de Tahar Djaout est traversée par plusieurs thèmes qui révèlent

l’engagement de l’auteur dans les conflits socio-politiques mais aussi culturels. Son

engagement qui, comme nous le savons, lui a coûté la vie en juin 1993, à la suite d’un attentat

terroriste, se traduit par un combat continuel contre toutes les forces obscurantistes.

Ses différents romans, qui ont été accueillis favorablement par un lectorat de plus en

plus hétérogène, se répartissent selon deux grandes tendances thématiques, à savoir des

romans qui ont tendance à faire de la question identitaire un thème principal (L’Exproprié et

L’Invention du Désert) et ceux qui se consacrent à l’Histoire de l’Algérie (Les Chercheurs

d’Os, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison). A propos de Les Vigiles, l’auteur d’un

article de la revue Djazaïr reconduit cette taxinomie en affirmant :

« par le thème comme par la transparence du style, ce

roman se situe dans le cheminement des Chercheurs d’os,

alors que L’Exproprié et L’Invention du Désert, qui

posent globalement le problème de l’identité,

s’inscrivent dans une seconde catégorie des

préoccupations de l’auteur, avec une quête d’écriture

plus ambitieuse et [partant] plus complexe. » (K.B. 22)24

Cependant, ne reniant pas totalement cette taxinomie, Djaout disait :

« J’ai personnellement un rapport à l’écriture

extrêmement introspectif, donc j’ai des désirs

instantanés et des intentions ponctuelles. Le texte

prend la forme du désir. Je n’ai pas du tout délimité à

l’avance une certaine manière d’écrire. Il y a cependant

des maillons qui relient les différents romans entre eux

24 K. B. : « Tahar Djaout, ce vigile de l’écriture », In Djazaïr 2003,

n°, revue de l’Année de l’Algérie en France, p. 22.

135

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même si Les Chercheurs d’Os et Les Vigiles se présentent

de prime abord comme des textes plus ouverts, plus

lisibles. » (qtd. In K.B. 22-3)

Ce sont ces maillons, constitués par les différents thèmes et interreliés par un lexique

particulier, que nous allons tenter de reconstituer pour dégager la logique thématique de

l’auteur dans l’élaboration de son œuvre.

Nous pouvons dire, de prime abord, que le thème qui sert de fil conducteur à tous les

autres est sans conteste celui de la migration et du mouvement (Figure 26).

3.2.1 Migrations

L’auteur lui-même se situe dans ce mouvement en disant : « On peut construire des

refuges, on peut construire des histoires, on peut construire des migrations. C’est dans cette

migration que j’ai voulu me situer. » (qtd. In Mokhtari, Le Matin n° 517)

Cette migration lui permet de traverser toute son œuvre, en instituant, à travers elle,

ces « maillons » dont il parle. Ainsi la migration se fait-elle vers le territoire de l’enfance,

mais aussi vers la mémoire qui interpelle tout un chacun par un engagement effectif dans la

préservation du patrimoine et la revalorisation de l’identité plurielle. C’est également celle qui

mène vers la terre ancestrale et celle qui appelle à la tolérance entre les hommes.

136

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Figure 29 : Distribution du terme mouvement

Le mouvement migratoire aboutit à un territoire pur dont les oiseaux sont les maîtres.

La figure 30 montre que la distribution des termes mouvement et oiseau est

symétrique, sauf pour Les Chercheurs d’Os. Cela peut s’expliquer, d’une part, par le fait que

seul ce texte a un mouvement particulier qui va de l’intérieur du village vers l’extérieur, du

village vers le désert :

« Les habitants de Bordj es-Sbaâ ne parlent pas notre

langue. Je comprends soudain cette clarté vive et la

douceur crépusculaire de l’air : nous ne sommes pas loin

du vaste pays de sable et de palmiers. » (133)

D’autre part, le territoire des oiseaux est celui de l’enfance — le village :

« il s’oppose au désert, espace fuyant et obsédant où

fleurissent les mythes, « viatique de désespérance et

d’évasion métaphorique », en tant que « sanctuaire de

l’utopie et de la pureté. » (Kazi-Tani, « Flash » 65)

137

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Figure 30 : Distribution des vocables mouvement et oiseau

3.2.2 Un devoir de mémoire

Selon Bererhi, « un des combats de Djaout est la lutte

contre l’oubli et le silence. Il engage sa parole et son

verbe pour briser l’amnésie, déchirer les linceuls,

transformer l’ombre en lumière. » (Bererhi,

« Migrations » 28)

C’est ainsi que nous retrouvons dans notre corpus une grande fréquence du terme

mémoire (Figures 31 ; 32), qui renseigne sur la valeur donnée à ce terme, somme toute

banal25, par l’auteur dans l’intention d’interpeller les consciences quant au danger que

représente le reniement de son passé.

25 « Les mots les plus quotidiens, les gestes les plus banals, les

épisodes les plus insignifiants se soumettent de bonne grâce à une

discipline qui exigent qu’ils soient mots, geste et épisodes révélateurs. »

138

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En effet, il s’indigne qu’une jeunesse « démunie et désorientée, dénuée de

repères rationnels, taraudée par le désarroi et la frustration »

(« Incartades ») oublie son Histoire et la travestisse par une autre qui n’est pas la sienne.

Il dit en substance :

« A Constantine (...) : regardant défiler un cortège

d'exaltés dont la mode afghane, la méthode iranienne et

les étendards d'inspiration saoudienne se disputaient

les faveurs, je me surpris à me demander combien d'entre

eux savent qu'à quelques dizaines de kilomètres de là, à

El Khroub, se trouve le monument funéraire d'un certain

Massinissa - un ancêtre qui aurait largement mérité de

faire partie de leur mémoire et de leurs symboles. »

(« Brouillage »)

T. Djaout soutient que cet état de délabrement généralisé de la mémoire collective est

entretenu par ceux qu’il appelle les "pèlerins de la négation", « négation d'eux-mêmes,

de leur histoire et de leurs valeurs ».

Cette usurpation de l'Histoire, Djaout la fait remonter aux premières années de

l’Indépendance :

« Tout a sans doute commencé dès l'Indépendance lorsque

par un habile détournement, on attribue aux seuls

Oulémas les bénéfices d'une révolution qu'ils n'ont

jamais faite. En se choisissant des ancêtres-symboles

sur mesure, l'État autocratique efface l'histoire

pluraliste du mouvement nationaliste et s'approprie une

Bersani, Léo : « Le réalisme et la peur du désir », In Littérature et

réalité, ouv. Coll., Ed. du Seuil, Paris, 1982, pp. 48-49.

139

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révolution en reléguant au second plan (derrière les

Oulémas) ceux qui l'ont réellement conduite. (...) Tout

le discours identitaire et culturel produit par les

institutions de l'État va conforter le credo des

Oulémas: Nous sommes des “arabes et des musulmans", nous

ne sommes rien d'autre que cela. » (Brouillage »)

Ceci dit, le devoir de mémoire que Djaout s’engage à respecter n’est pas seulement

d’ordre historique. Il affirmait quelques mois après la sortie de Les Vigiles : « Mon désir de

bouleversement n’est pas seulement d’ordre politico-social, il est aussi de

l’ordre de l’écriture, de l’expression. » (qtd. In K.B. 22) En effet, Djaout

l’étend à tous les domaines : littérature, sociologie, peinture, musique, etc. Concernant la

littérature, il se traduit par un hommage à tous les auteurs de la littérature maghrébine. Outre

les articles et les entretiens consacrés à certains d’entre eux (Mammeri, Feraoun, Jean

Amrouche, Kateb…), Djaout emploie un lexique teinté de la tradition de ces aînés. Il affirme :

« c’est en partant d’un décalage, d’une pluralité

antagonique et de la hantise de quelques signaux

originels26 que j’aime m’inscrire dans la littérature

algérienne de langue française. » (qtd. In Bererhi,

« Migrations » 37)

Parmi ces « signaux originels », nos pouvons citer les termes Ancêtre et Missionnaire.

Ces termes présents dans L’Exproprié renvoient au mythe de l’Ancêtre dans Nedjma (Kateb)

et la figure du « missionnaire » dans Le Fils du Pauvre (Feraoun). Nous pouvons encore citer

les noms propres des personnages qui font un clin d’œil à d’autres œuvres telles que celle de

Mammeri avec des noms, nous l’avons vu, comme Arezki ou Azzi ; ou encore les termes

26 C’est nous qui soulignons.

140

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métier à tisser qui reprennent le titre d’un roman de Dib : Le Métier à Tisser. Il fait également

référence à Nabile Farès qu’il cite nommément dans L’Invention du Désert.

En outre, selon Bakhtine,

« le mot (T) n’est pas une chose mais le milieu toujours

dynamique, toujours changeant, dans lequel s’effectue

l’échange dialogique. Il ne se satisfait jamais d’une

seule conscience, d’une seule voix. La vie du mot, c’est

son passage d’un locuteur à un autre, d’un contexte à un

autre, d’une collectivité sociale à une autre. Et le mot

n’oublie jamais son trajet, ne peut se débarrasser

entièrement de l’emprise des contextes concrets dont il

a fait partie. » (qtkd. In Fève, « Les écrivains

algériens » 114)

Dans le même sillage, Barthes ajoute que « les mots ont une mémoire seconde qui se

prolonge mystérieusement au milieu des significations nouvelles. » (« Le Degré » 16)

Finalement, bien que Djaout reprenne des mots empruntés à ses prédécesseurs, il leur

donne une nouvelle substance sémantique. Néanmoins, l’utilisation du lexique de Mammeri,

de Feraoun, de Kateb ou de Dib est un engagement contre l’oubli.

141

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Figure 31 : Distribution du terme mémoire

Figure 32 : Distribution des vocables mémoire et oubli

3.2.3 La terre ancestrale

Le retour à l’Histoire dans cette migration qu’entreprend le narrateur des Vigiles

s’accompagne d’une accentuation du rapport de l’individu à la terre. La comparaison de la

distribution des deux termes dans notre corpus (Figure 33) fait ressortir que l’Histoire est

étroitement liée au territoire.

142

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Figure 33 : Distribution des termes histoire et terre

Nous remarquons que, mis à part Les Chercheurs d’Os, les deux termes entretiennent

un rapport de connivence dans tous les autres textes, c’est-à-dire que l’Histoire authentique,

pour Djaout, est celle qui est directement liée à la terre. Dans L’Exproprié, le voyage à

rebours accompli par le narrateur le fait traverser non seulement le village natal (Iboudja),

mais aussi certains territoires de l’Histoire tels Tazoult, Sétif, Aurès ou interpelle des

personnages historiques comme Kahéna. Le même procédé est à l’œuvre dans L’Invention du

Désert, Les Vigiles et Le Dernier Été de la Raison. Dans le premier, le rapport à l’Histoire est

le plus apparent puisque le texte retrace un épisode de l’Histoire de l’Afrique du Nord. C’est

ainsi que nous retrouvons des personnages historiques : Ibn Toumert, Kahina, Okba,

Koceilah ; des lieux historiques Tehouda, Marrakech, etc. ; des dynasties maghrébines

Almoravides, Almohades. Dans les deux autres, le lien Histoire / terre est harmonieux dès lors

qu’il s’agit de réconcilier la terre avec son Histoire. La réconcilier dans Les Vigiles avec

l’Histoire de la guerre de libération (Figure 34) et la réconcilier dans Le Dernier Été de la

Raison avec l’Histoire authentique de l’Algérie. Quant au deuxième roman de Djaout, Les

143

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Chercheurs d’Os, les deux termes y sont opposés justement parce que, dans ce texte, la

désillusion est très grande tant l’Histoire est travestie et que, justement, c’est ce regard sur

l’Histoire qui est posé comme trame de fond de ce texte.

Figure 34 : Distribution des termes terre et guerre

Par ailleurs, le retour à la terre est dicté par ce déracinement antérieur qu’il faut abjurer

par l’écriture. Selon Charles Bonn, « la littérature algérienne est souvent une

littérature d’errance, de déracinement, d’aliénation. » (« Problématiques »

17) La figure suivante montre la distribution du terme errance dans le corpus.

144

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Figure 35 : Distribution du terme errance

Même si le terme est peu fréquent, nous pouvons conclure que L’Invention du Désert

et L’Exproprié sont des textes d’errance où se cherche la terre qui est liée à l’identité. Nous

avons déjà fait remarquer plus haut que, justement, ces deux textes se présentent comme une

quête de l’identité perdue. En outre, Ch. Bonn dit que « l’homme du Tiers-Monde

retrouve son identité perdue par un retour à la terre et à l’enfance qui

lui est le plus souvent liée. » (« Problématiques » 17)

L’environnement thématique de errance (Figure 36) montre que ce mot entretient un

lien avec des mots comme trajectoire, obsession, territoire, visage, Histoire, etc. Cet

échantillon détermine, schématiquement, que l’errance dessine des trajectoires dont

l’obsession est de retrouver le territoire perdu, l’identité (visage) et l’Histoire claustrées.

Par ailleurs, le problème de l’identité ne se pose pas avec la même acuité dans les

différent textes et l’analyse factorielle des correspondances des termes errance, terre, histoire,

enfance et identité (Figure 37) est là pour le prouver.

145

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Figure 36 : L’environnement thématique du vocable errance

Figure 37 : Analyse factorielle : enfance, histoire, identité, terre

et errance

Nous voyons à travers cette analyse que le problème de l’identité se situe à droite de la

fenêtre où nous retrouvons le premier, troisième, quatrième et cinquième textes27 de Djaout ;

tandis qu’à gauche de la fenêtre où nous trouvons Les Chercheurs d’Os, il ne se pose pas.

27 1er : L’Exproprié ; 2ème : Les Chercheurs d’Os ; 3ème : L’Invention du

Désert ; 4ème : Les Vigiles ; 5ème : Le Dernier Eté de la Raison.

146

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Aussi, pouvons-nous conclure que la seule présence de terre comme symbole d’authenticité et

d’enracinement n’a pas suscité d’interrogation sur l’identité dans Les Chercheurs d’Os. Au

contraire, dans les autres textes, l’absence de ce lieu d’enracinement a soulevé la question de

l’identité même si nous entrevoyons la présence des termes enfance et histoire, car ceux-là

sont présents, l’un par son refoulement, puisque l’enfance est dans un territoire étranger

délimité par errance et l’autre par sa négation.

Cela nous amène à traiter d’un autre thème non moins important qui est celui de

l’enfance.

3.2.4 Enfance et territoire maternel

Si nous considérons la distribution statistique (Tableau 14) et l’analyse factorielle

(Figure 38) des termes enfant, enfants, enfance et enfances, nous pouvons en tirer certaines

conclusions quant à l’importance que leur donne Djaout.

Tableau 14 : Relevé statistique des termes enfant, enfants, enfance

et enfances

Terme Corpus Exproprié Chercheurs Invention Vigiles

Enfant 184 65 6 80 17

Enfants 88 9 13 14 32

Enfance 54 6 4 20 16

Enfances 1 0 1 0 0

147

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Figure 38 : Analyse factorielle : enfant, enfants, enfance et

enfances

D’une part, nous remarquons que la fréquence la plus élevée est celle du mot enfant

qui constitue, pour ainsi dire, le mot-pôle de cette liste. A l’inverse, le mot enfances a la

fréquence la plus faible. D’autre part, la fréquence du terme au pluriel est toujours inférieure à

celle du terme au singulier.

Ceci nous amène à avancer une autre hypothèse qui servira dans la suite de notre

travail : le mot pluriel, par son caractère anonyme et généralisant, est à mettre sur un niveau

qui situerait son interprétation dans le caractère même de la langue qui ferait de lui un usage

commun. Contrairement, le mot singulier, en général, et les mots enfant et enfance en

particulier, participe, dans son usage spécifique et particularisant, à la constitution thématique

du corpus.

148

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En effet, le mot enfant, par exemple, fonctionnerait presque comme un nom propre28

et constituerait un socle à partir duquel partent plusieurs ramifications thématiques.

En outre, Djaout assigne à l’enfant une fonction particulière : « c’est à lui de relater

l’errance, de déjouer les pièges de l’aphasie, de tendre l’oreille aux chuchotements, de

nommer les terres traversées. » (« L’Invention » 122) Donc, c’est l’enfant qui transporte ce

« lourd fardeau » qu’est la parole, qui nomme les territoires. Bererhi ajoute que « l’âme

maghrébine [est] inscrite dans l’enfance et le territoire originel. » (« Migrations » 30)

Cependant, sa tâche principale est de retrouver, au milieu des territoires, le lieu

authentique de l’enfance qu’est le village ou la « Terre » comme l’appelle Bonn. Djaout, dit

Bererhi, «remonte ʺle fleuve de l’enfanceʺ (…) pour retrouver ʺ le pays

innocent miraculeusement préservé au fond de lui-mêmeʺ  et ʺle rythme

fondamental du sangʺ » (30)

De là, une opposition apparaît dans notre corpus : enfant – village –terre /adulte – ville

- territoire autre. En effet, selon Bonn, « l’espace de l’adolescent et surtout

l’espace adulte, pour le garçon au moins, est toujours un espace autre. »

(« Problématiques » 17)

3.2.4.1 Enfance et village

Dans l’œuvre de Djaout, les personnages tentent de « remonter le fleuve de l’enfance »

pour retrouver le village natal. Ainsi, dans Les Vigiles, Ménouar Ziada se réfugie dans

l’enfance pour échapper à ses détracteurs citadins. Boualem Yekker, dans Le Dernier Été de

la Raison, considère le village comme seul lieu où le rêve est encore permis et s’y réfugie

pour retrouver la paix intérieure et antérieure, et pour se détacher des tracasseries de la ville

devenue antre des « régulateurs de la foi ».

28 Surtout dans L’Invention du Désert et L’Exproprié.

149

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L’enfance, qui est souvent liée au village, constitue un refuge pour Djaout et pour ses

personnages. Au contraire, la ville, qui est étrangère, est souvent un non-lieu. Elle symbolise

l’autre et elle est agressive. En effet, Ch. Bonn affirme :

« si l’on devine Paris ou Alger, parfois nommées, dans

ce que représente la ville pour le roman algérien, la

ville y sera le plus souvent l’espace de la différence,

depuis lequel seulement peut se dire le lieu

emblématique de l’identité. » (22)

Effectivement, si nous considérons l’environnement thématique de ville (Figure 39),

nous retrouvons des termes qui n’ont aucune épaisseur sémantique et qui sont, somme toute,

étrangers au personnage. Ainsi, lorsque le narrateur de Les Chercheurs d’Os arrive, pour la

première fois, à Anezrou, bien qu’il soit fasciné par la propreté, les bâtiments, les rues, etc., il

se sent rejeté par le regard des enfants qu’il rencontre et par l’indifférence des adultes : il se

sent inexistant et étranger :

« Je me demande si ces gosses sont vraiment comme mes

copains du village et moi. Sont-ils façonnés de chair,

de privations et de peurs comme nous ? Ont-ils des

parents qui les battent ? Leurs sœurs doivent être très

jolies. Comment mangent-ils et dorment-ils ? Ont-ils,

comme nous, des besoins naturels dégradants ? Non, cela

je ne le pense pas. » (121)

150

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Figure 39 : L’environnement thématique du vocable ville

Par contre, en considérant l’environnement thématique du terme village (Figure 40),

nous retrouvons des termes qui renvoient, à proprement parler, à l’univers de l’enfance

comme famille, frère, mère, etc. Justement, la mère occupe une place particulière car « la

mère (…) et la terre, sont les garantes de l’ancienne loi. Mais aussi

celles de l’éternel recommencement qu’elles symbolisent. » (Bonn,

« Problématiques » 19)

151

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Figure 40 : L’environnement thématique du vocable village

3.2.4.2 Le territoire maternel

La mère comme corps où s’inscrit l’écriture est un thème majeur dans toute œuvre

littéraire. Dans le cadre de notre travail, nous allons tenter de voir comment ce vocable

s’inscrit dans la thématique de Djaout.

Sa distribution (Figure 41) nous montre que sa fréquence est élevée dans L’Exproprié,

et, à un degré moindre, dans L’Invention du Désert, tandis que dans les trois autres textes, il

est déficitaire. Cette particularité est le résultat de l’écriture mise en œuvre dans ces deux

textes, romanesque certes, mais entrecoupée par des genres intercalaires, surtout poétique —

ce qui justifie la fréquence de mère29. A propos de ces genres, Djaout dit qu’ils « ont pour

fonction de raconter profondément la crise, l’inavouable, de casser le

29 Nous savons que, d’après les psychanalystes, la poésie est élaborée

depuis le territoire maternel et que le poète entretient un rapport

incestueux avec la mère à travers les mots qu’il violente et réinvente.

152

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réalisme du texte pour permettre au lecteur de voir ce qu’on voulait lui

montrer. » (« Agave ») Et d’après Bakhtine,

ils « peuvent être directement intentionnels ou

complètement objectivés, c’est-à-dire dépouillés

entièrement des intentions de l’auteur, non pas

« dits », mais seulement « montrés », comme une chose

par le discours ; mais le plus souvent, ils réfractent,

à divers degrés, les intentions de l’auteur (…). »

(« Esthétique » 142)

L’intention de l’auteur, ici, est de dire l’exil, l’expropriation et la séquestration du

territoire maternel et de l’identité : les Algériens, affirme Farès, ont été « expulsés de tout

un univers imaginatif, tout l’univers dans lequel ils se représentent comme

existants. » (qtd. In Kazi Tani, « Littérature(s) » 55) Et il se trouve,

justement, que L’Exproprié et L’Invention du Désert sont des textes où la question de

l’identité, de l’expropriation et de l’errance, est la plus lancinante.

Figure 41 : Distribution du vocable mère

153

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3.2.5 L’engagement

En plus du combat contre l’oubli, Djaout porte dans son cœur toutes les luttes pour la

liberté. Il dit à juste titre :

« le concept de liberté est lié à celui de choix. Les

situations exceptionnelles et extrêmes, comme

l’occupation étrangère, mettent en effet chacun devant

ses responsabilités en lui donnant la liberté de

choisir : la résistance, la reddition ou la

collaboration. » (« Le Retour »)

Djaout a choisi de résister et d’engager des combats sur plusieurs fronts.

3.2.5.1 Combat pour la femme

Dans l’œuvre romanesque de Djaout, l’apparition de personnages féminins est rare car

l’essentiel pour lui n’est pas de faire la distinction entre personnages féminins d’une part, et

personnages masculins d’autre part, mais de rendre compte d’une réalité sociale. Ainsi, son

mérite est-il d’avoir su, au sujet de la femme, « mettre l’accent sur la condition

féminine plutôt que sur le sexe, c’est-à-dire adopter un point de vue

social plutôt que psycho-biologique. » (Yaguello, « Les Mots » 9)

La présence du vocable femme dans le corpus est très hétérogène (Figure 42). Sa plus

grande fréquence est dans Les Vigiles. Le terme revient souvent dans L’Exproprié et Le

Dernier Été de la Raison. Cependant, il est déficitaire dans les deux autres textes.

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Figure 42 : Distribution du vocable femme

Figure 43 : Distribution du vocable homme

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Figure 44 : Distribution des vocables homme et femme

Cette présence, bien que timide, de la femme par rapport à l’homme (Figures 43 ; 44),

n’est pas pour contredire les engagements de Djaout mais elle est due au statut qui lui est

donnée en société et, partant, dans le langage, qui est la première instance sociale. La société

algérienne étant une société masculine, la place donnée à la femme dans les débats sociaux est

infime, bien qu’elle constitue souvent un « sujet » de débat. C’est lorsqu’elle sera Sujet à part

entière dans le débat que son statut changera. C’est, à cet effet, que Djaout tente de lui donner

la parole en dénonçant son statut actuel ne serait-ce que par les mots qui constitue son

entourage thématique (Figures 45 ; 46 ; 47)

156

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Figure 45 : L’environnement thématique du vocable femme

Figure 46 : L’environnement thématique du vocable femme

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Figure 47 : L’environnement thématique du vocable femme

Nous remarquons que cet environnement est structuré selon des cercles qui renferment

des termes liés par une certaine sémantique. Ainsi, dans l’environnement immédiat du terme

femme, nous retrouvons des termes comme vieille, jeune, cheveux, drame, métier (à tisser),

profond, noir, etc. Ces termes renvoient au statut social de la femme, qui la confère dans les

tâches ménagères, mais aussi dans la préservation des traditions.

Dans un deuxième cercle, nous constatons la présence de termes tels que sexe, enfants,

ventre, lit, bête, homme, maîtres, etc. Ici la femme est vouée à la procréation.

Dans un troisième cercle, des termes comme amour, parole, désir, sourire, personne,

lèvres, poitrine, montagne, etc. sont à signaler. Ce dernier cercle peut être interprété comme le

statut que Djaout veut attribuer à la femme, même si celui-ci est difficile à atteindre car il

s’éloigne du centre. Pourtant, ce n’est pas impossible car la parole est là pour « vaincre toutes

les aphasies », d’autant plus que « la libération du langage, le rejet des tabous,

parallèle à la libération des mœurs ou du vêtement, peut apparaître un

élément indispensable de la libération des femmes » (Yaguello, « Les Mots »

63), et abolir tous les cocons dans un retour aux racines symbolisées ici par le terme

montagne.

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Par ailleurs, Djaout a su exploiter une composante lexicale dans son combat pour la

femme, à savoir le nom propre pour témoigner de son soutien à la femme. En effet, Djaout

utilise des noms propres particuliers pour dire que le statut de la femme doit changer. Nous

pouvons citer le prénom Samia qui signifie littéralement « l’élevée, celle qui atteint les

cimes ». Et, justement, « c’est en se donnant un nom qui ne soit pas le reflet

de son statut dans la société que la femme peut conquérir son identité

sociale et son identité tout court. » (Yaguello 179)

Aussi, puisque « le statut social de la femme est marqué par différents indicateurs

linguistiques : titres, préfixes, patronyme et nom marital, et même choix des prénoms » (175)

et comme le nom d’une femme est, dans la société algérienne, celui du mari ou du père,

Djaout choisit de ne donner à ses personnages féminins qu’un prénom, oblitérant ainsi le

rapport qu’ils pourraient entretenir avec le mari ou le père.

3.2.5.2 Combat pour l’école

L’école est un thème qui revient fréquemment dans l’œuvre romanesque de Djaout. Ce

thème est aussi traité dans les articles du journaliste.

La Figure 48 fait ressortir un emploi irrégulier du vocable école. Il revient souvent

dans Les Chercheurs d’Os, ainsi que dans L’Exproprié et Le Dernier Été de la Raison où il

est excédentaire. Au contraire, dans L’Invention du Désert et dans Les Vigiles, il est

déficitaire.

159

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Figure 48 : Distribution du vocable école

Les divers contextes (Annexe 12) où apparaît le vocable école laissent entrevoir deux

périodes par lesquelles est passée l’école en Algérie. Ces deux périodes correspondent

également à des sentiments à l’égard de cette institution.

En effet, dans le corpus, il y a l’école sous l’occupation française et l’école d’après

l’indépendance.

La première est connotée positivement par la nostalgie de l’enfance :

« Les lauriers-roses commencèrent à dépérir dans le lit

du fleuve, et l'école ouvrit de nouveau ses

portes. L'instituteur aux talons usés ne revint pas. Ce

fut une enseignante frêle et brune qui nous accueillit.

Sa voix avait la sonorité dansante des barques décapant

la houle. L'institutrice m'aimait bien (elle appelait

tout le monde par son prénom), car je lisais mieux que

quiconque. En retour, j'étais amoureux d'elle. »

(« L’Exproprié » 111)

160

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A ce niveau, l’école ne sert qu’à éveiller des souvenirs chers à Djaout et à ses

personnages. Pourtant, ceux-là sont conscients du danger qu’aurait représenté l’école sans une

prise de conscience des enjeux qu’elle soulève. D’ailleurs, Saïd, un ouvrier marocain qui a

déjà construit des écoles dans son pays, avertit les enfants :

« L'école maintenant va être finie. Mais ne croyez pas

qu'elle va se tenir là, inoffensive et bienveillante,

pour étancher la soif d'apprendre des jeunes bergers. Le

savoir n'a pas de blancheur, il a la couleur des

matraques. Oh oui, rêvez d'images innocentes, de mots

qui n'écorchent pas la bouche, d'un feu de poêle en

hiver. Il y aura bien autre chose pour accueillir votre

faim et votre naïveté inconsciente. » (« Les

Chercheurs » 88)

Parmi ceux qui n’ont pas compris cela,

« il y a le faux iconoclaste qui triche avec l'alphabet,

qui croit la conscience du peuple modelée à l'image de

ses délires (simulés). Il épouse de fâcheuses

contestations (devenues en fait conventions depuis déjà

des décennies - car notre écrivain s'est mis au diapason

d'une école occidentale vieille de vingt ans). Il jugule

mosquées et hadith, les remplace par structuralisme et

Lacan. Il rejette hargneusement la responsabilité de sa

misère et de son impuissance sur autrui ; il accuse

l'Autre pour s'absoudre mais refuse d'ausculter matrice

de sa propre mère, caleçon de son père pour détecter le

virus de l'arriération, refuse de trucider les

épouvantails enjolivés de prières, de renifler les pots

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de chambre, de faire une lecture critique des livres

saints. » (« L’Exproprié » 62)

Donc, bien que cette école soit source de périls, Djaout insiste sur le fait que le

meilleur peut en être extrait pour progresser.

A l’opposé de celle-ci, l’école de l’indépendance, cette « institution naufragée » dont

le rôle n’est plus d’inculquer le savoir aux enfants mais de les amener à des considérations qui

les dépassent :

« Mahfoudh remarque, atterré, que les attitudes

paternelles atteignent maintenant Redhouane. Mais il ne

peut dire avec précision à qui revient la palme: au père

ou à l'école. Cette dernière est en effet devenue, après

une série de réformes et son investissement par une

caste théologique, une véritable institution militaro-

religieuse. » (« Les Vigiles » 65)

Cette caste s’est donnée pour objectif de « créer un système d’enseignement tellement

médiocre, qu’eux seuls [ses représentants] s’y sentiraient à l’aise et pourraient le gérer. »

(Djaout, « La Logique »)

Autour de cette école, aucun sentiment mélioratif, aucune nostalgie.

L’environnement thématique du terme école (Figures 49 ; 50) est composé

essentiellement de vocables appréciatifs et favorables au savoir comme musique, couleurs,

image, etc., corrélés par des termes renvoyant à l’enfance comme parents, oiseaux et surtout

paradis. Ce paradis, Menouar Ziada préférerait le troquer contre une seconde chance de

revivre son enfance :

« Menouar s’était surpris un jour à penser que s’il

avait à choisir entre le paradis et la possibilité de

vivre une deuxième fois son enfance, il opterait sans

162

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hésitation pour la seconde solution. » (« Les Vigiles »

19)

Et Djaout disait : « L'Éden n'est ni de l'ordre de l'utopie, ni de l'espace, ni du spirituel

mais il est de l'ordre du temps. L'Éden, c'est l'enfance. » (« Les Introuvables » 212)

Figure 49 : L’environnement thématique du vocable école

Figure 50 : L’environnement thématique du vocable école (suite)

163

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3.3 Conclusion partielle

L’analyse du corpus dans cette seconde partie a permis d’étudier le lexique et sa visée

pragmatique, et de dégager les principaux thèmes abordés dans l’œuvre romanesque de Tahar

Djaout.

L’approche thématique n’a été en fait qu’un moyen pour approfondir notre analyse du

lexique, car la lexie n’est plus à considérer comme un fait en soi mais plutôt comme faisant

partie du discours. Toutefois, beaucoup de zones d’ombre restent à éclaircir par d’autres

approches, que le cadre restreint de ce travail ne permet pas.

Néanmoins, nous sommes arrivé à la conclusion que l’emploi et le choix du lexique

chez Djaout ne sont pas neutres. Aussi le lexique est-il le soubassement de tensions, à la fois

sociales, idéologiques, linguistiques et historiques.

La thématique, que nous avons un tant soit peu étudiée, a confirmé les conclusions

auxquelles nous avions abouti au cours de la première partie. Elle a mis en exergue, entre

autres, les liens et les relations de connivence entre certains textes. Ceux-ci sont non

seulement liés par un capital lexical commun, mais aussi par la présence, à l’intérieur de ce

capital commun, de vocables qui font office de mots-thèmes se trouvant au sommet de

réseaux sémantiques transcendant les différents textes du corpus et répondant, à leur tour, à

une organisation qui n’est pas fortuite. Ils sont construits autour d’une dynamique constituée

par le thème du mouvement. Ce mouvement oscille entre un retour rétrospectif vers l’Histoire

pour retrouver l’identité perdue et une immersion dans les abysses de l’espace et du moi pour

revivre l’enfance maternelle.

164

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4 CONCLUSION GENERALE

L’approche statistique et pragmatique du lexique qui a débouché sur une étude

thématique que nous avons adoptée tout le long de ce travail, a permis d’apporter des

éléments nouveaux pour aborder le texte littéraire dans sa substance lexicale. En effet, ce type

d’approche introduit un autre point de vue dans les sciences sociales en général et dans la

linguistique et la littérature en particulier.

La difficulté à tracer des frontières étanches entre linguistique et littérature, à

embrasser la rigueur scientifique de l’une et le flou des interprétations de l’autre, nous a

amené à considérer le lexique littéraire d’une façon autre, qui unit l’exactitude des relevés à

l’interprétation pragmatique.

Cette association de la lexicologie et de l’informatique est une méthode de travail d’un

grand intérêt car elle permet de comparer les fréquences de certains phénomènes linguistiques

présents dans les textes. En effet, notre première tâche a été de dresser des relevés statistiques

susceptibles d’interprétation. Ainsi nos premières hypothèses ont pu être confirmées grâce au

travail en contexte et sur le discours. Nous avons en outre pu entrevoir des corrélations entre

les différents textes en travaillant sur la connexion lexicale. Nous avons mis en évidence des

formes communes à plusieurs textes. Ceci peut s’expliquer, pour certains textes, par la

présence de thèmes communs. D’autres, au contraire, ont des formes privatives car ils

abordent un thème qui leur est particulier et une spécificité au niveau de l’écriture.

Par ailleurs, nous avons pu accéder aux spécificités lexicales du corpus. Leur étude a

démontré l’exactitude de certaines hypothèses, notamment celles qui concernent l’emploi des

emprunts, xénismes, néologismes et des noms propres. En effet, ces mots répondent à une

stratégie discursive et ont une visée pragmatique. Cet aspect fera l’objet d’un travail plus

élaboré dans le cadre du doctorat. Ces spécificités ont été exploitées dans l’analyse

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thématique qui constitue le deuxième volet de ce travail. Nous envisageons à l’avenir de voir

le rôle et l’impact de ces phénomènes de contact de langues (emprunt, néologismes,

alternances codiques, etc.) en milieu plurilingue et dans une approche pédagogique de

l’interculturel.

L’étude thématique à partir du lexique a servi à repérer les thèmes dominants et leur

circulation à travers toute l’œuvre. Ils ont été dégagés grâce à la prépondérance de tel ou tel

mot-thème gouvernant tel ou tel champ sémantique. Ces thèmes véhiculent une certaine

vision et sont à la base d’un discours, d’une stratégie discursive et d’une écriture propres à

l’écrivain.

Nous avons abouti à certaines conclusions : Djaout se sert d’un lexique particulier

pour rendre compte des conflits sociaux et culturels sous-jacents à la société algérienne. Parmi

ces conflits, ceux de l’Histoire et de l’identité sont les plus en vue. A côté de ces facteurs de

retard dans le modernisme et l’accession au développement, le statut de la femme et de l’école

est à redéfinir.

L’Histoire événementielle est, en effet, sans cesse revisitée pour en extraire le suc,

pour dévoiler les « vérités travesties » par le discours des hommes. Djaout revendique, par

l’intermédiaire de ce thème, le droit des Algériens, mais aussi de tout peuple, de connaître

leur Histoire pour se construire des références fiables et une identité propre. Il dit à ce propos

que l’identité n’est pas donnée mais qu’elle se construit au fil des années et des siècles. La

connaissance de la portée des discours dans l’Histoire sert à réconcilier l’être humain avec son

identité.

Puisque l’identité se construit et ne se donne pas, la connaissance des premiers piliers

de cet édifice est indispensable. C’est ainsi que Djaout tente, par les vibrants hommages qu’il

rend à ces piliers de l’algérianité, de contribuer à l’imprégnation de la mémoire collective par

cette identité. Il interpelle les lecteurs au sujet des artistes, qu’ils soient écrivains, poètes,

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peintres ou musiciens. Il contribue à sa manière à ce devoir de mémoire. Il reprend le lexique

de ses devanciers, le retravaille et le réinvente.

L’identité ne saurait, non plus, être dissociée de l’enfance et de la terre ancestrale.

Celle-ci est chantée dans tous les textes de notre corpus, dans la mesure où elle symbolise le

terreau de l’identité. L’enfance, quant à elle, c’est le paradis et vice versa. C’est aussi la

langue et le sein maternels. En remontant le fleuve de l’enfance, c’est la sécurité maternelle

qui est recherchée, la quiétude et la tranquillité que procure la présence de la mère et de la

nature dont l’enfant est le cœur.

La mère, c’est aussi toute femme qui, dans la société algérienne, reste prisonnière des

règles sociales, des tabous et des croyances. Djaout s’immisce dans la condition féminine et

dénonce le statut auquel elle est vouée en utilisant le lexique des autres contre eux-mêmes. Il

l’utilise comme purgatoire pour ces hommes dont la sécurité est assurée par ce statut et qu’ils

tentent de maintenir par tous les moyens, y compris l’école. Celle-ci traverse, chez Djaout,

deux périodes. La première est synonyme de bonheur, bonheur de savoir et bonheur de vivre,

tandis que la seconde est associée à la mort, mort de l’intelligence et mort biologique.

En somme, les thèmes majeurs de Djaout sont une volonté d’opérer un saut qualitatif

dans la vie sociale algérienne et de briser tous les interdits et les tabous qui l’empêchent de

faire partie de la « famille qui avance ». Djaout veut mettre l’Algérie sur les rails de la

modernité en la conciliant avec son Histoire — la vraie —, son authentique identité, en

intégrant toutes ses couches sociales et en usant de tous les moyens, dont le plus important est

l’école.

Malgré ces considérations qui frôlent le politique et qui lasseraient le lecteur, Djaout

effectue tout un travail sur le texte : poésie, imaginaire afin d’exorciser ce qu’il ressent au plus

profond de lui-même. Il ne veut pas échapper à la règle qui dit que le texte est tout d’abord un

plaisir et un désir. Le « plaisir du texte » est ce voyage dans le « moi profond » qui mène

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également vers l’enfance : « l'écriture est une réalité dont les seuls mobiles,

les seuls moteurs sont de l'ordre du moi profond. » (Djaout, In « Algérie

Littérature / Action » 207)

Ce travail sur le texte que nous n’avons pu exploiter dans ce mémoire pourrait faire

sera envisagé dans le cadre d’une recherche ultérieure. Une telle étude, conjuguée à une

stylistique littéraire informatisée et à une analyse du discours journalistique, sera beaucoup

plus complète.

168

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—Niklas-Salminen, Aïno (1997) : La lexicologie, Armand Colin / Masson, Paris.

— Riffaterre, Michael (1979) : La production du texte, Éditions du Seuil, Paris.

— Riffaterre, M. : « L’illusion référentielle », In Littérature et réalité, Ouvrage

collectif, éd. du Seuil, Paris, 1982.

— Saussure, F.(1973) : Cours de linguistique générale, Payot, Paris.

— Todorov, Tzvetan (1981) : Mikhaïl Bakhtine, le principe dialogique, Éditions du

Seuil, Paris

— Yaguello, Marina (1981) : Alice au pays du langage, éd. du Seuil, Paris.

— Yaguello, Marina (1978) : Les mots et les femmes, Payot, Paris.

3. THESES.

— Abbès, A.Y. (2000) : Étude lexicologique, stylistique et pragmatique de l’œuvre de

Mouloud Mammeri, thèse de doctorat d’État, Nice.

— Boualit, Farida (1981) : Étude sociocritique des premiers romans algériens

d’expression française, ILE, Alger.

173

Page 174: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

— Chériguen, F. (1987) : L’emprunt linguistique dans le français moderne, contacts

français-langues maghrébines, thèse d’État, Université Paris Nord.

— Saim Boussad (2001) : Le nom propre dans la carte d’identité de J.M. Adiaffi entre

référence et signifiance, ILE, Alger.

4. ARTICLES ET REVUES.

— Guilbert, L. (déc. 1972) : « Peut-on définir le concept de norme lexicale », in

Langue française, n°16, Larousse, Paris.

— Mammeri, M. (1991) : « Les mots, les sens et les avatars de Tamurt », in Culture

savante et culture vécue, (études 1938-1984), éd. Tala, Alger.

— Fève, J.: « Les écrivains algériens de la nouvelle génération : Intertextualité et

traitement de l’Histoire : L’exemple de Tahar Djaout ou la mise à mort de l’épopée », In

Itinéraires et contacts de cultures, vol. 11 : Littératures maghrébines, T2, colloque Jacqueline

Arnaud, L’Harmattan, 1990.

— Visions du Maghreb : Montpellier, 18-23 novembre 1985, Aix-en-Provence,

Edisud, 1987.

— Poétique croisées du Maghreb, L’Harmattan, Paris, 1991.

— AKIN, Salih, « Pour une typologie des processus redénominatifs », In AKIN, S.

(1999) : Noms et re-noms : la dénomination des personnes, des populations, des langues et

des territoires, sous la dir. de S. AKIN, Publications de l’université de Rouen – C.N.R.S,

pp.33-59

— Cassas Gomez M. : « L’euphémisme et la théorie du champ morpho-sémantique »,

In Cahiers de lexicologie n°49, 1982-2, pp. 35-52.

— Chériguen, Foudil : « Les procédés de formation du lexique », In Cahiers de

lexicologie, n°55, 1988

174

Page 175: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

— Haroche, Cl.; Henry, P.; Pêcheux, M.: « La sémantique et la coupure

saussurienne : langue, langage, discours », In Langages n° 24, Larousse, Paris, 1971

— K. B. : « Tahar Djaout, ce vigile de l’écriture », In Djazaïr 2003, revue de l’Année

de l’Algérie en France.

— Mokhtari, Rachid : « La blessure syntaxique ».

— MOLINO, J. (1982) : « Le nom propre dans la langue », In Langages, n° 66, juin

1982, pp.5-20.

— Muller, Ch. : « Une nouvelle façon de voir le lexique : le Brunet », in Le français

moderne, revue de linguistique française, oct. 1982, n° 4, Conseil International de la Langue

Française, Paris, (pp.321-328)

— Tcheho, I. C. : « Entretien avec Tahar Djaout », In Algérie Littérature/Action n°s

12-13, Marsa Éditions, 1997, pp.219-222.

— Algérie Littérature / Action, n°1, « Les introuvables : Une interview de Tahar

Djaout à la revue Tin Hinan (1991) », mai 1996, Marsa Éditions, Paris, pp.205-212.

— Le trimestre psychanalytique : Le Patronyme, Actes des journées de Paris, 25 et 26

mai 1991

Articles cités :

NOGUES, Renaud (1992) : « Fonctions du patronyme et effets dans la clinique »,

pp.23-30.

NUSINOVICI, Valentin (1992) : « Le névrosé est un sans nom », pp.99-108

RACZYMOW, Henri (1992) : « Proust et les jeux du nom propre », pp.37-44

Hammad, Maha : « S M ».

— Equipe de recherche ADISEM, (1990) : Vols de guêpier, Hommage à Tahar

Djaout, O.P.U., Alger.

Articles cités :

175

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Bererhi, A. : « Migrations, vers une cohérence esthétique »

Kazi Tani, Nora-Alexandra : « Flash sur l’œuvre de T. Djaout »

Kazi Tani, N-A. : « Littérature(s) en question(s) »

— Equipe de Recherche ADISEM (1995) : Kaléidoscope critique, Hommage à Tahar

Djaout, Université d’Alger.

Articles cités :

Kazi Tani, Nora-Alexandra : « L’Exproprié de Tahar Djaout : pour un espace de

liberté créatrice »

Toso Rodinis, Juliana :«Le souffle poétique de Tahar Djaout»

F.A. : « Le brouilleur de pistes »

Fève-Caraguel, Janine. : « Parcours d’écritures »

Jean Pélégri, « Des mots pour les arbres… »

— JADT 1998, 4èmes Journées Internationales d’Analyse Statistiques des Données

Textuelles, Université Nice Sophia Antipolis, CNRS, InaLF, Nice 1998, Textes réunis par

Sylvie Mellet

Articles cités :

Olivier, Andrew : « Retour au Père Goriot : ou ce que nous apprend la statistique »,

pp. 467-486

Busa, Roberto : « Dernières réflexions sur la statistique textuelle », pp.179-183

Martinez, William : « L’identité nationale dans le discours de politique étrangère

française. Une étude de lexicométrie chronologique », pp. 421-430

Michel Bernard : « Découpage automatique d’un corpus par le calcul des

spécificités », pp.125-134

5. ARTICLES DE PRESSE

— Djaout, T. : « Le retour du prêt-à-penser », In Ruptures n°8, du 2 au 8 mars 1993

176

Page 177: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

— Djaout, T. : « La logique du pire », Ruptures n°17, du 4 au 10 mai 1993.

— Djaout, T. : « La famille qui avance et la famille qui recule », In Ruptures n°20, du

25 au 31 mai 1993.

— Djaout, T. : « Agave de H. Djabali », In Algérie-Actualité n°939, du 13 au 19

octobre 1983.

— Djaout, T. : « Incartades », In Algérie-Actualité, n° 1341, du 27 juin au 3 juillet

1991.

— Djaout, T. : « Brouillage de repères », In Algérie-Actualité, n° 1340, du 20 au 26

juin 1991.

— Mokhtari Rachid : Le Matin n° 517, 21 juillet 1993

— El Moudjahid n° 8990 du dimanche 29 mai 1994.

6. DICTIONNAIRES.

— Greimas, A.J., Courtés, J. (1979) : Sémiotique, dictionnaire raisonné de la théorie

de langage, Ed. Hachette, Paris.

— Ducrot, O. et Todorov, T. (1972) : Dictionnaire encyclopédique des sciences du

langage, Le Seuil, Paris.

— Chevalier, J-.CL. (1969) : Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, Paris.

— Encyclopedia Universalis, société anonyme, Paris.

177

Page 178: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

178

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179

6 ANNEXES

6.1 Annexe 1 : Fréquences supérieures à 1000

R

ang

F

réq.

M

ot

1 1

0897

,

2 9

753

.

3 8

262

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4 5

351

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6 4

328

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281

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R

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F

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R

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M

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367

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2

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j

e

2

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1

230

q

u'

2 1 n

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9 081 ' 3 1 s 0 007 ur

6.2 Annexe 2 : Fréquences supérieures à 100

1 69

au

2 61

no

us

3 46

so

n

4 32

ma

is

5 30

pa

r

6 25

ce

7 15

co

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8 45

pl

us

9 20

a

0 13

lui

sa

180

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1 09

2 01

éta

it

3 00

ses

4 69

to

ut

5 01

av

ec

6 96

:

7 88

c'

8 57

ils

49 45

50 42

ou

51 11

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ait

52 00

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7 89

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8 88

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9 71

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1 57

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2 46

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3 36

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5 91

6 66

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7 58

(

8 57

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0 43

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1 42

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2 12

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3 00

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4 93

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5 93

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s

6 92

pu

is

ja

181

Page 182: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

182

7 92 mais

8 88

on

t

9 85

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s

80 82

au

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1 78

jo

ur

2 72

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83 69

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4 65

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85 62

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6 60

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7 60

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8 49

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89 49

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0 49

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nt

1 47

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core

2 45

M

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3 45

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4 41

5 40

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6 38

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7 31

no

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8 30

sol

eil

9 30

m

onde

00 29

fai

re

6.3 Annexe 3 : Le vocabulaire en excédent

Ecart TLF Corpus Mot

13.68 91853 359 (

13.22 93294 357 )

17.82 4225728 9756 .

11.34 1870339 4287 à

5.42 14630 57 afin

Ecart TLF Corpus Mot

2.61 30140 78 ailleurs

2.33 8172 25 aimait

40.41 840 53 Ali

4.15 20657 66 allait

3.41 71530 178 alors

Ecart TLF Corpus Mot

43.64 254 31 Ancêtre

16.58 1583 32 âne

4.66 13934 51 années

3.14 8472 29 appris

4.75 5180 25 approche

Page 183: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

5.80 7062 35 arbre

18.15 11756 109 arbres

5.97 13030 55 arrive

3.27 9769 33 arriver

3.44 9489 33 assis

3.86 6101 25 attend

3.56 6462 25 attendait

5.83 6738 34 attendant

2.36 13061 37 attendre

6.68 3939 26 attente

8.11 3140 26 aube

8.74 24108 106 aucun

7.22 20868 86 aucune

3.27 26316 74

aujourd'hui

4.68 5248 25 auraient

12.23 32382 159 aurait

3.42 119369 282 aussi

3.23 24311 69 autour

6.23 183523 471 aux

10.86 37947 166 avaient

5.43 254486 611 avait

8.72 52183 188 avant

7.17 5765 35 aventure

2.53 9050 28 avions

6.61 8745 44 bête

24.90 5434 91 bêtes

5.60 7873 37 bleu

5.09 23682 80 bout

11.03 3275 34 bruits

31.85 1037 47 buissons

4.66 298766 688 c'

9.91 6811 49 café

9.58 2693 27 capitale

2.94 86124 204 car

5.48 8954 40 certains

4.03 7914 31 chair

15.21 7804 74 chaleur

4.43 8400 34 champ

8.16 7884 47 champs

5.85 4270 25 chant

11.33 36403 165 chaque

5.88 5029 28 chaud

4.30 18369 61 chemin

30.48 710 37 chèvres

2.74 7547 25 chien

4.52 47560 135 choses

7.81 24218 100 ci

8.25 41225 153 ciel

6.77 3653 25 cité

8.54 358694 916 comme

5.21 8040 36

commence

12.28 2956 35

compagnon

8.01 3389 27

compagnons

7.09 3911 27

complètement

5.37 18251 67 compte

6.07 4874 28 connaît

13.80 1466 26 contrée

15.38 36960 201 corps

2.85 34620 90 côté

5.24 8951 39 couleur

12.59 5398 51 couleurs

4.16 14900 51 coups

7.15 7865 43 cri

4.06 8908 34 cris

13.401217634 2997 d'

10.42 751295 1845 dans

4.624074626 8267 de

7.05 4402 29 début

6.27 4215 26 décidé

3.81 11833 41 dehors

5.67 47191 145 déjà

8.73 4015 32 dépit

4.74 21510 72 derrière

30.29 953329 3136 des

20.55 5196 75 désert

7.72 11069 57 désir

7.28 4020 28 désirs

11.10 5365 46

désormais

2.05 16783 44 devait

2.01 61752 141 devant

6.02 7115 36 devenu

13.24 2264 32

discussion

3.66 8793 32 doigts

2.98 7214 25 doivent

5.65 9976 44 dos

5.35 35231 112 doute

2.65 630915 1309 du

20.91 6306 85 durant

7.48 29751 114 eau

3.93 6357 26 école

18.62 1016 28 el

8.15 8924 51 endroit

183

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11.54 6631 54 enfance

13.47 36696 184 enfant

6.26 23695 88 enfants

4.53 73684 196 entre

8.31 5584 38 espace

9.86 55188 208 étaient

8.68 306548 802 était

2.51 97802 223 été

5.70 4383 25 étoiles

4.53 8258 34 étrange

6.15 4058 25 étrangers

3.90 49692 134 eux

7.21 18917 80 face

9.67 5486 42 faim

3.15 7706 27 faisaient

4.60 6876 30 fête

7.83 6941 42 feuilles

4.39 15929 55 foi

10.05 82613 286 fois

5.47 5386 28 forêt

3.63 14826 48 forme

12.76 2661 34

fraîcheur

12.97 19731 118 frère

9.62 12951 73 froid

8.93 4510 35 fruits

2.57 43337 107 gens

11.90 5438 49 gorge

7.55 5943 37 herbe

2.74 22762 62 histoire

8.79 8265 51 hiver

11.92 60410 245

hommes

7.35 5616 35 horizon

3.10 12382 39 hors

4.751626354 3402 il

8.08 249011 657 ils

3.51 9016 32 image

14.00 4213 48 images

6.34 9368 45 immense

6.80 8531 44

impression

23.25 1221 38 insectes

14.07 7698 69 intérieur

8.41 6435 42 jadis

5.37 110770 292 jamais

8.57 7989 49 jambes

2.39 10923 32 jeunesse

7.64 91550 278 jour

7.89 11702 60 journée

2.22 60654 141 jours

16.22 29232 178 jusqu'

7.35 18335 79 juste

5.431668758 3526 l'

12.362346510 5356 la

12.90 9192 72 langue

3.39 8103 29 large

7.991989831 4332 le

2.47 14079 40

lendemain

3.90 7398 29

lentement

26.131493471 4281 les

7.05 184205 488 leur

12.23 101250 366 leurs

2.15 34920 85 lieu

2.55 9407 29 lieux

2.93 21358 60 livre

6.79 15506 67 livres

6.12 37776 125 loin

5.15 23528 80

longtemps

9.21 18316 90 lorsqu'

12.96 22068 127 lorsque

11.25 16710 96 lumière

2.54 8237 26 lune

12.16 3607 39 machine

2.40 40361 99 mains

7.62 36779 135

maintenant

31.85 654 37 maintes

3.12 436864 933 mais

3.97 43825 121 maison

4.84 9497 39 maisons

2.40 9671 29 manger

4.39 16299 56 manière

4.47 11782 44 marche

8.41 4840 35 membres

11.88 9261 68

mémoire

18.17 21003 156 mer

2.79 49649 123 mère

4.31 10987 41 mesure

6.31 9710 46 met

2.93 13102 40 midi

5.71 10847 47 moindre

2.16 53469 125 moment

3.77 6549 26 moments

6.39 78528 230 monde

184

Page 185: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

8.15 6171 40

montagne

9.89 6177 46

montagnes

4.06 56794 152 mort

4.67 9739 39 morts

27.82 458 27 mosquée

2.84 23318 64 mots

2.67 8816 28 mur

2.59 8942 28 murs

2.47 9952 30 musique

7.59 5431 35 neige

3.27 71389 176 ni

3.13 7004 25 noirs

7.53 74571 234 notre

4.43 433468 964 nous

3.29 7158 26

nouveaux

6.84 4305 28 nuages

10.05 47595 188 nuit

5.01 5237 26 nuits

4.64 6835 30 objets

14.91 6963 68 odeur

20.80 1139 33 odeurs

14.32 5149 55 oiseau

29.76 5835 111 oiseaux

6.13 18756 73 ombre

5.31 109395 288 ont

4.13 6127 26 oreilles

11.47 3417 36 os

13.41 197360 642 ou

11.42 214634 646 où

3.81 7172 28 outre

9.08 5254 39 papa

4.00 423021 930 par

12.10 3321 37 paradis

26.04 11961 148 parfois

4.31 17979 60 parmi

5.67 12531 52 partir

3.35 8897 31 passage

30.69 467 30 passeport

16.90 26314 171 pays

9.68 2994 29 paysage

19.24 1025 29

paysages

8.07 3159 26 paysans

11.41 7960 60 peau

3.95 18007 58 pense

12.74 1550 25 période

3.77 42893 117

personne

9.72 12033 70

personnes

7.45 23366 95 peur

36.70 501 37 pièges

4.19 15952 54 pierre

10.45 5580 45 pierres

2.82 34707 90 place

2.35 17754 48 plein

11.44 7104 56 pluie

4.66 6184 28 poids

2.98 7582 26 poitrine

4.32 5921 26 pourra

5.78 4849 27 poussière

6.47 4570 28

pouvaient

3.75 26946 79 pouvait

21.57 1259 36 prairie

3.26 28017 78

première

2.75 11851 36 premiers

2.04 12450 34 prend

3.46 37611 102 prendre

3.65 10993 38 présence

2.22 36490 89 presque

7.58 4732 32 prière

5.36 5208 27

printemps

30.20 421 28

proximité

7.56 98074 293 puis

3.76 14559 48

quelqu'un

11.17 69058 262

quelques

7.79 3097 25 queue

7.40 977554 2206 qui

5.98 5212 29 rappelle

4.93 21444 73 regard

7.82 14714 70 regarde

5.80 11669 50 regarder

11.95 2089 28 région

3.26 27591 77 rendre

9.84 3096 30 retrouve

3.85 6450 26 retrouver

14.46 9085 78 rêve

2.00 8709 25 revenir

20.16 3817 62 rêves

4.61 5315 25 revient

185

Page 186: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

186

8.46 17855 84 route

7.30 6156 37 rues

14.87 516147 1464 s'

3.79 367748 810 sa

11.82 4942 46 sable

5.75 4345 25 saison

14.49 1261 25 saisons

5.30 21654 76 sait

7.36 25925 102 sang

4.16 235117 542 sans

5.21 6216 30 savais

4.34 12002 44 savait

22.60 559632 1821 se

5.35 8180 37 sent

9.69 295111 800 ses

4.22 8010 32 seuls

76.96 175 45 sidi

5.39 25515 87 silence

11.97 2630 32

silencieux

4.31 13873 49 simple

6.78 7444 40

simplement

24.66 27026 230 soleil

3.19 8767 30 sommeil

2.25 456043 946 son

2.07 159577 344 sont

10.89 10685 70 soudain

5.32 6995 33 souffle

5.66 97260 265 sous

2.67 32604 84 souvent

28.78 597 32 squelette

6.26 429450 1008 sur

2.97 20832 59 surtout

11.28 9822 68

tellement

6.24 105797 293 temps

10.03 48707 191 terre

8.30 61526 209 tête

2.24 9949 29 tôt

2.83 89598 210 toutes

5.52 10798 46 train

3.97 17971 58 travers

6.95 83431 249 très

13.28 2253 32 troupeau

2.72 24951 67 trouver

11.271241413 2945 un

18.58 867001 2431 une

4.29 5953 26 vaste

9.04 17148 85 vent

8.67 6689 44 ventre

10.24 2154 25 verdure

9.74 70351 249 vers

6.59 6815 37 vieillard

11.35 1984 26

vieillards

4.17 15995 54 vieille

4.10 7155 29 viennent

41.05 8463 182 village

68.32 378 59

villageois

19.64 29308 204 ville

6.10 5381 30 villes

9.35 26224 117 visage

2.47 15768 44 vite

4.09 19634 63 vivre

7.30 14342 66 voyage

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6.4 Annexe 4 : Vocabulaire déficitaire

Écart TLF

Corpus Mot

36.60 8010689

10903 ,

4.89 504761 821

a

12.95 248484 196

ai

3.31 72700 101

ainsi

2.47 37308 51

aller

7.98 71316 44

amour

2.70 43389 59

ans

5.55 101393 118

après

7.06 58561 38

assez

3.17 32114 37

autant

2.19 133863 223

autre

3.50 52437 66

avais

5.92 115195 134

avoir

3.43 30808 33

avons

2.43 32229 43

ayant

2.88 37572 48

beau

4.66 38388 34

belle

12.63 318200 301

bien

3.92 62826 78

bon

4.21 43921 46

bonne

3.80 40144 44

bras

Écart TLF

Corpus Mot

3.71 26756 25

cause

12.78 728237 926

ce

2.58 111411 177

cela

2.52 47206 67

celle

4.92 36369 29

cependant

6.24 218250 293

ces

3.84 72823 95

cet

5.96 294522 426

cette

2.32 76835 120

chez

4.00 70252 89

chose

187

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2.05 25005 34

cinq

7.24 89054 77

cœur

3.02 162486 260

deux

10.09 103399 57

dire

13.33 213100 141

dit

3.71 26764 25

dix

5.72 81163 85

donc

4.25 38729 38

donner

3.08 27072 30

effet

22.69 663862 469

elle

Écart TLF

Corpus Mot

5.501146804 1953

en

2.10 146370 247

encore

5.97 55978 46

enfin

3.58 54826 69

esprit

7.52 986675 1575

est

2.64 205620 344

être

2.38 45221 65

eu

2.97 32396 39

eut

5.87 175830 231

faire

6.90 206109 260

fait

6.02 85086 87

faut

3.00 77603 113

femme

3.73 50752 61

fille

6.81 51908 32 fit

4.37 34575 31

fond

2.12 24698 33

font

7.32 59192 36

fort

4.21 79962 102

fut

2.33 90085 143

grand

2.84 50270 69

grande

2.59 29902 38

grands

2.53 44239 62

heures

2.21 127370 211

homme

13.08 454107 489

j'

23.361252134

1268 je

2.32 20533 25

joie

3.58 156730 240

188

Page 189: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

5.46 39103 28

lettre

2.79 23124 26 lit

3.69 30117 30

long

11.05 319425 342

m'

5.31 218211 312

ma

3.78 60566 76

main

3.96 54813 65

mal

12.92 477329 529

me

5.40 51129 45

mieux

2.82 28452 34

milieu

10.16 228778 228

moi

5.98 87434 91

moins

2.07 28135 39

mois

5.73 309477 457

mon

4.70 35801 30

mot

4.25 637831 1081

n'

9.06 868891 1305

ne

2.98 40027 51

nom

4.18 101292 137

non

12.12 507528 600

on

5.41 51169 45

oui

4.90 47669 45

parce

2.23 21409 27

parle

3.52 741472 1297

pas

3.50 41038 48

pendant

3.09 59123 81

petit

5.14 134116 176

peu

2.01 21773 29

peuple

2.84 130739 207

peut

6.45 547190 846

plus

12.66 138131 60

point

3.12 53166 71

porte

15.45 987132

1230 qu'

8.50 141803 133

quand

3.60 34385 37

quatre

19.291540412

1920 que

3.88 41255 45

quel

2.90 34568 43

quelle

189

Page 190: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

190

2.53 91572 143

quelque

4.85 45239 42

quoi

4.58 35812 31

raison

6.65 136895 156

rien

4.38 46985 49

sais

3.23 38864 47

sera

17.53 389357 271

si

6.04 55797 45

soit

8.93 120934 97

suis

7.33 63217 41 t'

5.32 38903 29 ta

4.15 75155 95

tant

5.05 76978 87 te

3.75 27687 26

tes

6.53 52014 35

toi

4.47 60871 69

ton

3.85 159401 240

tous

2.14 81846 131

trop

10.45 210093 195

tu

2.02 22426 30

venir

2.10 20922 27

vérité

3.24 30495 34

veut

4.54 88836 112

voir

5.47 57290 53

vos

10.47 110162 60

votre

32.86 818177 274

vous

2.78 33319 42

vrai

3.31 39279 47

vu

7.95 336060 446 y

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6.5 Annexe 5 : Les noms propres

Fréquence Nom

Exp

roprié

Cher

cheurs

Inve

ntion

Vi

giles

De

rnier

C

orpus

Abchir 0 5 0 0 0 5

Abdalla

h

0 0 1 0 0 1

Abdelh

adi

0 0 1 0 0 1

Abdelk

ader

0 0 0 1 0 1

Abdelm

oumen

0 0 17 0 0 17

Abdelw

ahab

0 0 3 0 0 3

Abdeno

ur

0 0 0 3 0 3

Ahmad 0 0 0 0 1 1

Ahmed 13 9 7 0 0 29

Akli 0 2 1 0 0 3

Ali 15 7 9 1 21 53

Amaou

che

0 8 0 0 0 8

191

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Amar 0 0 6 0 0 6

Amina 2 0 0 0 0 2

Amoqra

ne

16 0 0 0 0 16

Arezki 0 5 0 0 0 5

Assema

m

5 0 0 0 0 5

Aziz 0 0 2 0 0 2

Azzi 0 0 2 0 0 2

Bachir 0 0 2 0 0 2

Bakli 0 0 0 2 0 2

Bouale

m

0 0 0 0 16

1

16

1

Bouzia

ne

2 6 0 0 0 8

Brik 0 0 0 45 0 45

Chaâba

ne

0 1 0 0 0 1

Chébib 0 0 0 1 0 1

Chérif 0 2 1 0 0 3

Dahma

ne

0 1 0 0 0 1

Demik 0 0 0 3 0 3

Driss 14 0 0 0 0 14

Elbouli 0 0 0 0 17 17

192

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ga

Fatima 1 0 0 0 0 1

Ferhat 0 1 0 0 0 1

Hadj 0 0 1 0 5 6

Hamid 0 0 2 0 0 2

Hammo

uch

0 0 1 0 0 1

Hamou 0 2 0 0 0 2

Hand 0 6 0 0 0 6

Hassan 0 0 1 7 0 8

Hocine 0 0 1 0 0 1

Hssen 0 0 1 0 0 1

Idir 0 0 3 0 0 3

Ismail 0 0 1 0 0 1

Kahéna 5 0 0 0 0 5

Kahina 0 0 6 0 0 6

Kamel 0 0 0 0 12 12

Kenza 0 0 0 0 7 7

Khadra 0 0 0 2 0 2

Khaled 0 0 0 4 0 4

Koceila

h

0 0 1 0 0 1

Lemdja

d

0 0 0 63 0 63

Maâcho 2 7 0 0 0 9

193

Page 194: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

u

Mahfou

dh

0 0 0 24

5

0 24

5

Mansou

r

0 0 1 0 0 1

Menoua

r

0 0 0 15

3

0 15

3

Mériem 0 0 1 0 0 1

Messao

ud

6 0 0 24 0 30

Mezaye

r

0 0 0 21 0 21

Mézian

e

9 2 0 0 0 11

Mhand 0 2 0 0 0 2

Moham

ed

0 0 1 0 0 1

Moham

med

0 0 9 0 3 12

Mohan

d

6 4 0 0 0 10

Mokhta

r

0 0 0 1 0 1

Mokran

e

0 1 0 0 0 1

194

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Moqran

e

1 0 0 0 0 1

Moqran

i

1 0 0 0 0 1

Mourad 0 0 1 0 0 1

Nabiha 0 0 1 0 0 1

Nadjib 0 0 0 5 0 5

Nedjm 0 0 2 0 0 2

Okba 0 0 7 0 0 7

Omar 0 0 1 0 1 2

Ouahm

ed

0 1 0 0 0 1

Ouali 0 51 1 0 0 52

Ouanch

arissi

0 0 3 0 0 3

Oukaci 0 2 0 0 0 2

Oumezi

ane

0 1 0 0 0 1

Ourezki 0 1 0 0 0 1

Ouzero

uk

0 5 0 0 0 5

Rabah 0 66 0 6 0 72

Redhou

ane

0 0 0 6 0 6

Saâdi 0 1 0 0 0 1

195

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Saïd 0 2 0 5 0 7

Salah 0 0 1 0 0 1

Salihi 0 0 1 0 0 1

Samia 0 0 0 18 0 18

Skander 0 0 0 45 0 45

Tachfin 0 0 3 0 0 3

Tahar 0 2 3 0 0 5

Taïbi 0 0 0 6 0 6

Tamim 0 0 2 0 0 2

Tartouc

hi

0 0 2 0 0 2

Tayeb 18 2 6 0 1 27

Touha

mi

0 0 1 0 0 1

Toumer

t

0 0 94 0 0 94

Yahia 0 1 2 0 0 3

Yamina 0 0 1 0 0 1

Yamna 0 0 0 1 0 1

Yekker 0 0 0 0 62 62

Youcef 0 0 13 0 0 13

Younès 0 0 0 13 0 13

Zahra 0 0 4 0 0 4

Ziada 0 0 0 84 0 84

196

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6.6 Annexe 6 : Les néologismes

197

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FREQUENCE

LEXIE CORPUS EX CH IN VI DER

Associataire 1 0 0 0 1 0

Baratteuse 1 1 0 0 0 0

Bavements 1 1 0 0 0 0

Braillants 1 0 0 0 0 1

Calcinantes 1 1 0 0 0 0

Calcinants 1 1 0 0 0 0

Charognarde 1 0 1 0 0 0

Chikha 1 1 0 0 0 0

Civilisationnelle 1 0 0 0 0 1

Conspueurs 1 1 0 0 0 0

Crissante 2 0 0 0 1 1

Croassante 1 0 0 1 0 0

Déclencheuses 1 0 1 0 0 0

Délivrante 1 0 0 1 0 0

Dépeupleur 1 0 0 1 0 0

Déplaceurs 1 1 0 0 0 0

Désemparement 1 0 0 1 0 0

Déshabillantes 1 0 0 1 0 0

Dévoyante 1 1 0 0 0 0

Dévoyeur 1 0 0 0 0 1

Dévoyeurs 1 0 0 0 0 1

Ecorchante 2 0 0 1 1 0

Ecorchantes 1 0 0 1 0 0

Egaration 1 0 0 1 0 0

Embrouillante 1 0 0 1 0 0

Embrouillantes 1 1 0 0 0 0

Etancheuse 1 1 0 0 0 0

Excommuniants 1 1 0 0 0 0

Exhibitrice 1 0 1 0 0 0

Exsudante 1 0 1 0 0 0

Flamboyantes 1 0 0 0 0 1

198

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Fourvoyants 1 1 0 0 0 0

Fourvoyeur 1 0 0 1 0 0

Fracturante 1 1 0 0 0 0

Houlaient 1 1 0 0 0 0

Imamales 1 0 0 1 0 0

Indénonçables 1 0 0 0 1 0

Irisures 1 0 0 0 0 1

Jaugeuses 1 1 0 0 0 0

Ligoteur 1 0 0 0 0 1

Lustrante 1 0 0 1 0 0

Mecques 1 1 0 0 0 0

Napalmisé 1 1 0 0 0 0

Pressurante 2 0 1 1 0 0

Priapes 2 2 0 0 0 0

Psalmodieurs 1 1 0 0 0 0

Rebaliser 1 0 0 1 0 0

Réchauffante 1 0 0 1 0 0

Redisposés 1 0 0 0 1 0

Réenjambe 1 0 0 0 1 0

Réenraciner 1 0 0 0 1 0

Réenterrer 1 0 1 0 0 0

Régénérante 1 0 0 1 0 0

Rematérialise 1 1 0 0 0 0

Reparcourir 1 0 0 0 1 0

Revérifie 1 0 0 0 0 1

Revérifier 1 0 0 0 1 0

Ridiculisants 1 0 1 0 0 0

Rissolante 1 1 0 0 0 0

Soutireurs 1 0 0 0 1 0

Tenaillante 1 0 0 1 0 0

Traînaillante 1 0 0 0 0 1

Traîtreuses 1 1 0 0 0 0

Transfigurante 1 0 1 0 0 0

199

Page 200: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

200

Vermifères 1 0 0 1 0 0

Vitupérante 1 1 0 0 0 0

Vitupérantes 1 1 0 0 0 0

Total 71 25 08 18 10 10

6.7 Annexe 7 : Liste du vocabulaire excédentaire dans L’Exproprié

N° Écart Corpus Texte

Mot

1 16.66 1267 481 je

1 15.03 457 222 mon

1 14.28 312 167 ma

1 12.00 529 217 me

1 11.02 39 38 papa

1 10.01 36 34 prairie

1 9.33 238 108 mes

1 9.26 32 30 â

1 8.69 9753 2215 .

N° Écart Corpus Texte

Mot

1 8.34 230 99 soleil

1 8.16 24 23 Seigneur

1 7.50 342 125 m'

1 7.35 391 137 ”

1 7.13 24 21 poète

1 7.10 28 23 forêt

1 6.95 16 16

Amoqrane

1 6.83 358 124 (

N° Écart Corpus Texte

Mot

1 6.74 357 123 )

1 6.44 14 14 Driss

1 6.10 489 151 j'

1 5.90 12 12 rat

1 5.90 12 12 Iboudja

1 5.82 26 19 paysans

1 5.79 123 52 mère

1 5.61 11 11 poèmes

1 5.58 25 18 étoiles

1 5.56 228 80 moi

1 5.44 17 14 folle

1 5.24 27 18 Tayeb

1 5.20 12 11 chameau

1 5.06 184 65 enfant

1 4.93 17 13 gosses

1 4.85 27 17

complètement

1 4.79 470 134 elle

1 4.73 60 28 peau

1 4.68 155 55 mer

1 4.68 8 8 temple

1 4.68 8 8 insulaire

1 4.66 1007 255 sur

1 4.60 14 11 grives

1 4.58 12 10 lauriers

1 4.58 12 10

bibliothèque

1 4.49 44 22 train

1 4.40 48 23 pendant

1 4.39 36 19 mit

1 4.37 15 11 roses

1 4.34 7 7 prirent

1 4.34 7 7 pollen

1 4.34 7 7 gosse

1 4.31 13 10 hameau

1 4.27 11 9 Méziane

1 4.23 80 32 étais

1 4.19 113 41 père

1 4.17 21 13 eus

1 4.16 16 11 lait

1 4.07 14 10 gardien

1 3.98 102 37 sang

1 3.97 6 6 Seigneurs

1 3.97 6 6 seghia

1 3.97 6 6 poème

1 3.97 6 6 orgasme

1 3.97 6 6 offrit

1 3.97 6 6 Matmata

1 3.97 6 6 Isabelle

1 3.97 6 6

iconoclaste

1 3.97 6 6 grottes

Page 201: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

1 3.97 6 6 cul

1 3.97 6 6 cigalière

1 3.97 6 6 carte

1 3.97 6 6 apparut

1 3.96 17 11 amitié

1 3.94 10 8 the

1 3.94 10 8

compartiment

1 3.94 10 8 chacals

1 3.92 8 7 pisser

1 3.92 8 7 mémoires

1 3.92 8 7

confectionner

1 3.89 44 20 ventre

1 3.84 436 117 ;

1 3.84 26 14 lune

1 3.72 24 13 vint

1 3.70 265 76 sous

1 3.68 11 8 sexe

1 3.68 11 8 français

1 3.61 54 22 vieille

1 3.60 31 15 bientôt

1 3.60 9 7 stop

1 3.60 9 7 hurler

1 3.59 72 27 langue

1 3.59 25 13 chien

1 3.58 5 5 zèbres

1 3.58 5 5 you

1 3.58 5 5 quartz

1 3.58 5 5 mioches

1 3.58 5 5

maisonnette

1 3.58 5 5 luzernière

1 3.58 5 5 Kahéna

1 3.58 5 5 défilé

1 3.58 5 5 cervelle

1 3.58 5 5 Assemam

1 3.58 5 5 agaves

1 3.56 14 9 rage

1 3.56 14 9 gardiens

1 3.56 7 6 caverne

1 3.56 7 6 alla

1 3.55 69 26 ton

1 3.52 187 56 nuit

1 3.50 17 10 vais

1 3.50 17 10 fleuve

1 3.45 12 8 paysan

1 3.41 53 21 vos

1 3.38 15 9 sûrement

1 3.31 37 16 vieillard

1 3.31 37 16 herbe

1 3.26 66 24 avais

1 3.25 8 6

compatriotes

1 3.25 8 6 bain

1 3.25 8 6 aurore

1 3.21 25 12 prit

1 3.21 16 9 regardait

1 3.21 16 9 décida

1 3.20 22 11 dis

1 3.19 19 10 nez

1 3.18 35 15

compagnon

1 3.17 6 5

randonnées

1 3.17 6 5 noyer

1 3.17 6 5 hune

1 3.17 6 5 houle

1 3.17 6 5

gendarmes

1 3.17 6 5 décidai

1 3.17 6 5 criait

1 3.17 6 5 chiffre

1 3.17 6 5 académie

1 3.17 6 5 abords

1 3.15 4 4 verbe

1 3.15 4 4 testicules

1 3.15 4 4 Tazoult

1 3.15 4 4 salaud

1 3.15 4 4 rossignol

1 3.15 4 4 promit

1 3.15 4 4 partit

1 3.15 4 4 orties

1 3.15 4 4 orifice

1 3.15 4 4 neurones

1 3.15 4 4 mine

1 3.15 4 4

indéniablement

1 3.15 4 4 grandi

1 3.15 4 4 dirent

1 3.15 4 4 dégoût

1 3.15 4 4 balancer

1 3.15 4 4 Ajdir

1 3.14 87 29 te

1 3.12 29 13 Ahmed

1 3.12 11 7 vallée

1 3.12 11 7 notables

1 3.08 195 55 tu

1 3.07 14 8 sel

201

Page 202: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

1 3.07 14 8

instituteur

1 3.05 20 10 jouer

1 3.05 17 9

professeur

1 3.03 292 77 puis

1 3.03 62 22 fille

1 3.02 97 31 suis

1 3.01 30 13 long

1 2.99 9 6 sus

1 2.99 9 6 ébats

1 2.99 9 6 agneau

1 2.98 118 36 frère

1 2.92 21 10 soif

1 2.92 21 10 dents

1 2.90 15 8 touristes

1 2.90 15 8 assaut

1 2.87 961 220 nous

1 2.87 133 39 quand

1 2.86 35 14 toi

1 2.86 7 5 vaches

1 2.86 7 5 notable

1 2.86 7 5 moelle

1 2.86 7 5 leva

1 2.86 7 5 essayait

1 2.86 7 5 dieux

1 2.86 7 5 complice

1 2.86 7 5 Club

1 2.85 61 21 …

1 2.82 32 13 doigts

1 2.80 22 10 fleurs

1 2.77 29 12

cependant

1 2.77 10 6 temples

1 2.77 10 6 Mohand

1 2.77 10 6 firent

1 2.77 10 6 /

1 2.75 13 7

apercevoir

1 2.75 5 4 vitre

1 2.75 5 4 tunnel

1 2.75 5 4 tuiles

1 2.75 5 4 prochaine

1 2.75 5 4 prêtres

1 2.75 5 4 nourrir

1 2.75 5 4 mousse

1 2.75 5 4 inspecter

1 2.75 5 4 fis

1 2.75 5 4

commençaient

1 2.75 5 4 calcul

1 2.75 5 4 aurores

1 2.75 5 4 asphalte

1 2.74 40 15

montagne

1 2.69 176 48 yeux

1 2.69 176 48 alors

1 2.68 23 10 cou

1 2.64 143 40 grand

1 2.64 20 9 venaient

1 2.64 20 9 plage

1 2.64 20 9 aussitôt

1 2.63 262 67

quelques

1 2.62 8 5 seau

1 2.62 8 5 rêvais

1 2.62 8 5 mourut

1 2.62 8 5 introduire

1 2.62 8 5 entières

1 2.62 8 5 défaire

1 2.62 8 5 abeilles

1 2.58 31 12 Ancêtre

1 2.58 11 6 revint

1 2.58 11 6 entendait

1 2.50 43 15 cri

1 2.49 2761 582 -

1 2.48 51 17 pieds

1 2.48 18 8 jusque

1 2.48 18 8 classe

1 2.48 18 8 ami

1 2.45 6 4 vider

1 2.45 6 4 refusant

1 2.45 6 4 orée

1 2.45 6 4 lançait

1 2.45 6 4 lança

1 2.45 6 4 écueils

1 2.45 6 4 ébranla

1 2.45 6 4 crapauds

1 2.45 6 4 crânes

1 2.45 6 4 cliquetis

1 2.45 6 4 catimini

1 2.45 6 4 battait

1 2.45 6 4 astre

1 2.45 6 4 aimer

1 2.44 15 7 prenait

1 2.44 15 7 oliviers

1 2.44 15 7 exil

1 2.43 44 15 dos

1 2.41 12 6 semblait

202

Page 203: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

1 2.41 12 6 mutisme

1 2.41 12 6 '

1 2.41 9 5

probablement

1 2.41 9 5 portait

1 2.41 9 5 joues

1 2.41 9 5 couvert

1 2.41 9 5 ablutions

1 2.39 85 25 vent

1 2.37 73 22 froid

1 2.36 26 10 venu

1 2.36 26 10 nuits

1 2.35 49 16 jambes

1 2.34 182 47 toujours

1 2.33 99 28 mains

1 2.33 30 11 savais

1 2.32 278 68 jour

1 2.31 34 12 belle

1 2.30 23 9 pensait

1 2.30 23 9 cour

1 2.30 23 9 burnous

1 2.30 16 7 viens

1 2.30 16 7 vague

1 2.30 16 7

connaissait

1 2.29 4 3 ya

1 2.29 4 3 volontiers

1 2.29 4 3 vespérale

1 2.29 4 3 tirait

1 2.29 4 3 succion

1 2.29 4 3 soyeuses

1 2.29 4 3 solaire

1 2.29 4 3 semence

1 2.29 4 3 sanglier

1 2.29 4 3 remarquée

1 2.29 4 3 rejoignit

1 2.29 4 3 régions

1 2.29 4 3 regardai

1 2.29 4 3 ramena

1 2.29 4 3 prêtre

1 2.29 4 3 pleurant

1 2.29 4 3 phrase

1 2.29 4 3 permettait

1 2.29 4 3 parut

1 2.29 4 3 parcourais

1 2.29 4 3 paniers

1 2.29 4 3 oliveraie

1 2.29 4 3 mordre

1 2.29 4 3 mixtures

1 2.29 4 3

missionnaires

1 2.29 4 3 mîmes

1 2.29 4 3 mettais

1 2.29 4 3 matrice

1 2.29 4 3 maman

1 2.29 4 3 Leila

1 2.29 4 3 lascars

1 2.29 4 3 lâchait

1 2.29 4 3 jupe

1 2.29 4 3 Juif

1 2.29 4 3 jugeant

1 2.29 4 3

honorables

1 2.29 4 3 gourds

1 2.29 4 3 globe

1 2.29 4 3

gendarmerie

1 2.29 4 3 faisais

1 2.29 4 3 équation

1 2.29 4 3 envoya

1 2.29 4 3 envolèrent

1 2.29 4 3 enveloppé

1 2.29 4 3

engloutissaient

1 2.29 4 3 empreinte

1 2.29 4 3 embarquer

1 2.29 4 3 dort

1 2.29 4 3 désespoir

1 2.29 4 3 démesurée

1 2.29 4 3 délit

1 2.29 4 3 décliner

1 2.29 4 3

commençai

1 2.29 4 3 chics

1 2.29 4 3 caresses

1 2.29 4 3 bons

1 2.29 4 3 bondir

1 2.29 4 3 beignets

1 2.29 4 3 auras

1 2.29 4 3 approprié

1 2.29 4 3 aphone

1 2.29 4 3 aperçûmes

1 2.29 4 3 annoncer

1 2.29 4 3 amnésique

1 2.29 4 3 amadouer

1 2.26 13 6 nerfs

1 2.26 13 6 disait

1 2.26 13 6 amas

1 2.24 20 8 entrailles

203

Page 204: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

204

1 2.23 35 12 neige

1 2.22 51 16 nom

1 2.22 39 13 eut

1 2.22 10 5 voyant

1 2.22 10 5 tripes

1 2.22 10 5 rêvant

1 2.22 10 5 propice

1 2.22 10 5 lentisques

1 2.22 10 5 langues

1 2.22 10 5 effroi

1 2.22 10 5 coulait

1 2.22 10 5 apparaît

1 2.22 7 4 turban

1 2.22 7 4 trouvai

1 2.22 7 4 suffisait

1 2.22 7 4 robe

1 2.22 7 4

psalmodier

1 2.22 7 4 pressaient

1 2.22 7 4 partîmes

1 2.22 7 4 offert

1 2.22 7 4 moustache

1 2.22 7 4 méfaits

1 2.22 7 4 langage

1 2.22 7 4 inutiles

1 2.22 7 4 furieux

1 2.22 7 4 élevée

1 2.22 7 4 déserte

1 2.22 7 4 couverture

1 2.22 7 4 boîte

1 2.22 7 4 alcools

1 2.18 4328 887 le

1 2.18 28 10 ta

1 2.18 28 10 nuages

1 2.18 17 7 cheveux

1 2.15 48 15 venait

1 2.13 21 8 écrire

1 2.13 21 8 cheval

1 2.12 65 19 premier

1 2.12 65 19 mal

1 2.12 14 6 révolte

1 2.12 14 6 pousser

1 2.11 78 22 bon

1 2.10 113 30 femme

1 2.10 25 9 gros

1 2.10 25 9 gloire

1 2.09 49 15 mis

1 2.09 29 10 pied

1 2.08 292 69 jamais

1 2.08 33 11 odeurs

1 2.08 33 11 es

1 2.06 11 5 veux

1 2.06 11 5 tombait

1 2.06 11 5 sortit

1 2.06 11 5 sérieux

1 2.06 11 5 lézards

1 2.06 11 5

finalement

1 2.06 11 5 femelle

1 2.06 11 5 drôle

1 2.06 11 5 brebis

1 2.06 11 5 arriva

1 2.05 4279 873 les

1 2.03 22 8 jeu

1 2.03 22 8 étions

1 2.02 160 40 dieu

1 2.02 8 4 versets

1 2.02 8 4 tardai

1 2.02 8 4 rigoles

1 2.02 8 4 répondit

1 2.02 8 4 religieux

1 2.02 8 4 poings

1 2.02 8 4 partis

1 2.02 8 4 nuque

1 2.02 8 4 mouton

1 2.02 8 4 devais

1 2.02 8 4 brûler

1 2.02 8 4 blessure

1 2.01 26 9 tes

1 2.01 5 3 vulgaire

1 2.01 5 3 vessie

1 2.01 5 3 vérités

1 2.01 5 3 sortirent

1 2.01 5 3 solide

1 2.01 5 3

sérieusement

1 2.01 5 3 sachant

1 2.01 5 3 rejette

1 2.01 5 3 rase

1 2.01 5 3 race

1 2.01 5 3 prêtait

1 2.01 5 3 précipita

1 2.01 5 3 pratiqué

1 2.01 5 3 perdait

1 2.01 5 3 passa

1 2.01 5 3 partaient

1 2.01 5 3 osaient

1 2.01 5 3 nœud

1 2.01 5 3

Page 205: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

moisissures

1 2.01 5 3 mettant

1 2.01 5 3 mauvaises

1 2.01 5 3 mare

1 2.01 5 3 injures

1 2.01 5 3 hurlait

1 2.01 5 3 génitrice

1 2.01 5 3 gangue

1 2.01 5 3 fusaient

1 2.01 5 3 flaque

1 2.01 5 3 filets

1 2.01 5 3 fastes

1 2.01 5 3 étouffer

1 2.01 5 3 estivants

1 2.01 5 3 errants

1 2.01 5 3 entendais

1 2.01 5 3

effectivement

1 2.01 5 3

éclabousser

1 2.01 5 3 disais

1 2.01 5 3

désappointement

1 2.01 5 3 danser

1 2.01 5 3 copain

1 2.01 5 3 colères

1 2.01 5 3 cimes

1 2.01 5 3 chars

1 2.01 5 3 chante

1 2.01 5 3 cerveau

1 2.01 5 3 centimes

1 2.01 5 3 cécité

1 2.01 5 3

caniculaire

1 2.01 5 3 bouse

1 2.01 5 3 bourg

1 2.01 5 3

bergeronnettes

1 2.01 5 3 assiette

1 2.01 5 3 arracha

1 2.01 5 3 armé

1 2.01 5 3 arbitre

1 2.01 5 3 apprit

1 2.01 5 3 agneaux

1 2.01 5 3 absoudre

1 2.01 5 3 abattait

6.8 Annexe 8 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Les Chercheurs

d’Os

N° Écart Crp. Texte

Mot

2 7.22 36 26 os

2 7.19 118 54

frère

2 6.78 25 20

étrangers

2 6.42 845 220

plus

205

Page 206: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 6.35 32 22

squelette

2 5.92 49 27

sais

2 5.90 1919 432

que

2 5.70 15 13

camions

2 5.47 18 14

viande

2 5.47 18 14

ânes

2 5.41 155 55

nos

2 5.33 26 17

vieillards

2 5.25 457 124

mon

2 5.21 196 64 ai

2 4.99 34 19

sommes

2 4.98 529 137

me

2 4.95 228 70

moi

N° Écart Crp. Texte

Mot

2 4.88 32 18

avons

2 4.86 8 8

Amaouche

2 4.84 14 11

vache

2 4.82 24 15

villages

2 4.79 10 9

lézard

2 4.76 39 20

morts

2 4.68 127 44

lorsque

2 4.55 293 82

ces

2 4.51 7 7

Anezrou

2 4.30 14 10

militaires

2 4.30 14 10

comprends

2 4.27 28 15

avions

2 4.23 245 69

hommes

2 4.19 4279 843

les

2 4.17 343 90

sont

2 4.13 6 6

Sbaâ

N° Écart Crp. Texte

Mot

2 4.13 6 6

Hand

2 4.13 6 6

consenti

2 4.13 6 6

cheik

2 4.13 6 6

Boubras

2 4.13 6 6

billet

2 4.10 8 7

accompagnent

2 4.09 46 20

montagnes

206

Page 207: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 4.05 33 16

arriver

2 4.03 4586 895

et

2 4.03 193 56 !

2 3.99 13 9

allez

2 3.98 113 37

ceux

2 3.97 51 21

guerre

2 3.96 249 68

très

2 3.91 16 10

djemaa

2 3.91 16 10

berger

2 3.90 63 24

fils

2 3.88 25 13

doivent

2 3.88 11 8

allons

2 3.79 14 9

pauvres

2 3.79 14 9

parlent

2 3.79 9 7

natte

2 3.79 9 7

Maâchou

2 3.78 657 151

ils

2 3.78 489 117 j'

2 3.78 29 14

viennent

2 3.76 288 75

ont

2 3.76 97 32

suis

2 3.74 54 21

pierre

2 3.74 23 12

saint

2 3.74 23 12

biens

2 3.72 7 6

sauce

2 3.72 5 5

Ouzerouk

2 3.72 5 5

nôtre

2 3.72 5 5

Leloup

2 3.72 5 5

drap

2 3.72 5 5

connaissaient

2 3.72 5 5

bouquet

2 3.72 5 5

Arezki

2 3.72 5 5

Abchir

2 3.67 107 34

gens

2 3.65 37 16

chèvres

2 3.59 238 63

mes

2 3.59 152 44

mort

2 3.56 166 47

avaient

2 3.52 208 56

207

Page 208: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

étaient

2 3.52 85 28

donc

2 3.47 39 16

maisons

2 3.46 22 11

douce

2 3.46 13 8

voilà

2 3.46 13 8

couscous

2 3.41 8 6

restes

2 3.41 8 6

film

2 3.41 8 6

Bouziane

2 3.41 8 6

Bordj

2 3.41 8 6

aurions

2 3.38 135 39

choses

2 3.38 40 16

jeunes

2 3.36 44 17

impression

2 3.34 80 26

femmes

2 3.32 6 5

pieuses

2 3.32 6 5

engins

2 3.32 6 5

dépotoirs

2 3.32 6 5

arrivons

2 3.31 11 7

morceaux

2 3.28 17 9

richesses

2 3.28 17 9

enfer

2 3.28 14 8

mets

2 3.28 4 4 sac

2 3.28 4 4

pioche

2 3.28 4 4

imposant

2 3.28 4 4

humides

2 3.28 4 4

fosse

2 3.28 4 4

creuser

2 3.28 4 4

chercheurs

2 3.28 4 4

carrossable

2 3.28 4 4

Bouharoun

2 3.28 4 4

bénissez

2 3.25 240 61

tous

2 3.22 260 65

fait

2 3.22 24 11

vois

2 3.16 9 6

somme

2 3.16 9 6

posé

2 3.16 9 6

208

Page 209: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

occasions

2 3.16 9 6

discussions

2 3.16 9 6

aperçois

2 3.13 47 17

vu

2 3.07 688 149

c'

2 3.05 22 10

bœufs

2 3.01 19 9

plat

2 3.01 7 5

terminée

2 3.01 7 5

pages

2 3.01 7 5

chaises

2 3.00 37 14

paradis

2 2.99 26 11

grandes

2 2.97 16 8

respirer

2 2.97 16 8

Moh

2 2.97 16 8

étranger

2 2.95 10 6

triste

2 2.95 10 6

ben

2 2.94 23 10

asseoir

2 2.91 46 16

bonne

2 2.90 84 25

route

2 2.88 5 4

sieste

2 2.88 5 4

ressembler

2 2.88 5 4

lieutenant

2 2.88 5 4

jetant

2 2.88 5 4

incroyable

2 2.88 5 4

créatures

2 2.88 5 4

agréablement

2 2.86 932 193

mais

2 2.84 112 31

voir

2 2.84 94 27

beaucoup

2 2.83 24 10

vêtements

2 2.83 17 8

tombe

2 2.83 17 8

garçon

2 2.83 17 8

blancs

2 2.81 600 129

on

2 2.80 60 19

journée

2 2.79 95 27

tant

2 2.79 14 7

vivants

209

Page 210: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 2.79 14 7

plusieurs

2 2.79 14 7

chansons

2 2.78 366 83

leurs

2 2.77 8 5

véritables

2 2.77 8 5

sainte

2 2.77 8 5

pensai

2 2.77 8 5

créé

2 2.77 8 5

coule

2 2.76 44 15

vite

2 2.76 21 9

herbes

2 2.76 11 6

squelettes

2 2.76 11 6

rappeler

2 2.76 11 6

généreux

2 2.76 11 6

fruit

2 2.74 278 65

jour

2 2.72 70 21

personnes

2 2.70 191 47

autres

2 2.70 18 8

mouches

2 2.70 18 8

formes

2 2.70 18 8

dormir

2 2.69 134 35

eux

2 2.68 300 69

bien

2 2.68 211 51

toutes

2 2.68 62 19

heures

2 2.68 41 14

chacun

2 2.68 37 13

pièges

2 2.64 342 77

m'

2 2.64 247 58

encore

2 2.64 126 33

air

2 2.64 15 7

troupeaux

2 2.64 15 7

piété

2 2.64 15 7

paraît

2 2.64 15 7

imaginer

2 2.64 15 7

grosse

2 2.62 1575 309

est

2 2.60 38 13

chercher

2 2.59 12 6

quitté

2 2.59 12 6

210

Page 211: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

posséder

2 2.59 12 6

mission

2 2.59 12 6

militaire

2 2.59 12 6

machines

2 2.59 12 6

entrée

2 2.59 6 4

servent

2 2.59 6 4

rentré

2 2.59 6 4

montagnards

2 2.59 6 4

honteux

2 2.59 6 4

habillés

2 2.59 6 4

frappe

2 2.59 6 4

faisons

2 2.59 6 4

constamment

2 2.59 6 4

comprenais

2 2.59 6 4

comble

2 2.59 6 4

ange

2 2.58 137 35

elles

2 2.58 19 8

voisin

2 2.58 19 8

ensemble

2 2.57 9 5

véhicules

2 2.57 9 5

surveiller

2 2.57 9 5

sujet

2 2.57 9 5

miel

2 2.57 9 5

gêne

2 2.57 9 5

crête

2 2.57 9 5

condition

2 2.54 43 14

famille

2 2.54 23 9

pèlerins

2 2.53 701 145

avec

2 2.53 87 24

silence

2 2.52 35 12

rouge

2 2.52 31 11

chair

2 2.51 16 7

papiers

2 2.51 16 7

oncle

2 2.51 16 7

demain

2 2.51 16 7

découvert

2 2.51 16 7

chiens

2 2.51 16 7

appareil

211

Page 212: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 2.51 16 7

abri

2 2.48 48 15

images

2 2.47 121 31

maison

2 2.45 2206 421

qui

2 2.45 66 19

avais

2 2.45 40 13

montagne

2 2.45 40 13

lendemain

2 2.44 36 12

devenu

2 2.44 13 6

vieil

2 2.44 13 6

poursuivre

2 2.44 13 6

pesant

2 2.44 13 6

belles

2 2.40 241 55 là

2 2.40 191 45

terre

2 2.40 4 3

vienne

2 2.40 4 3

transformés

2 2.40 4 3

tombés

2 2.40 4 3

tiennent

2 2.40 4 3

supplice

2 2.40 4 3

royalement

2 2.40 4 3

rogne

2 2.40 4 3

revois

2 2.40 4 3

récitants

2 2.40 4 3

progression

2 2.40 4 3

progéniture

2 2.40 4 3

prêter

2 2.40 4 3

portaient

2 2.40 4 3

naturels

2 2.40 4 3

matelas

2 2.40 4 3

mangent

2 2.40 4 3

laborieusement

2 2.40 4 3

inhabituelle

2 2.40 4 3

groupes

2 2.40 4 3

gêné

2 2.40 4 3

fusent

2 2.40 4 3

fûmes

2 2.40 4 3

fasse

2 2.40 4 3

entendent

212

Page 213: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 2.40 4 3

disperse

2 2.40 4 3

dalles

2 2.40 4 3

creusaient

2 2.40 4 3

couchés

2 2.40 4 3

colons

2 2.40 4 3

changements

2 2.40 4 3

carabine

2 2.40 4 3

brave

2 2.40 4 3

autrefois

2 2.40 4 3

auront

2 2.40 4 3

attestations

2 2.40 4 3

admis

2 2.39 292 65

puis

2 2.39 90 24

côté

2 2.39 10 5

tristes

2 2.39 10 5

pièces

2 2.39 10 5

humains

2 2.39 10 5

estomac

2 2.39 10 5

agréable

2 2.38 17 7

tenu

2 2.37 72 20

langue

2 2.36 21 8

heureusement

2 2.35 77 21

cœur

2 2.35 29 10

manger

2 2.35 25 9

rester

2 2.35 7 4

voient

2 2.35 7 4

villa

2 2.35 7 4

somnolence

2 2.35 7 4

pouvions

2 2.35 7 4

particulière

2 2.35 7 4

nues

2 2.35 7 4

hammam

2 2.35 7 4

entassés

2 2.35 7 4

devons

2 2.35 7 4

attends

2 2.35 7 4

allions

2 2.32 1304 254

ne

2 2.31 42 13

213

Page 214: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

faim

2 2.30 78 21

première

2 2.30 14 6 oh

2 2.30 14 6

occupation

2 2.30 14 6

crâne

2 2.28 553 114

même

2 2.27 74 20

soir

2 2.27 74 20

chaleur

2 2.27 18 7 soi

2 2.27 18 7

secondes

2 2.26 56 16

manière

2 2.25 26 9

vaste

2 2.25 26 9

aube

2 2.25 22 8

existence

2 2.24 43 13

heureux

2 2.22 187 43

nuit

2 2.22 39 12

malgré

2 2.22 11 5

vaut

2 2.22 11 5

piège

2 2.22 11 5

parcelle

2 2.22 11 5

nettement

2 2.22 11 5

monture

2 2.22 11 5

malheur

2 2.22 11 5

choix

2 2.22 11 5

alentour

2 2.20 35 11

compagnon

2 2.18 44 13

laisse

2 2.17 15 6

tranquille

2 2.17 15 6

tandis

2 2.17 15 6

halte

2 2.17 15 6

grosses

2 2.17 15 6

courir

2 2.17 15 6

collines

2 2.16 23 8

larmes

2 2.16 19 7

nullement

2 2.16 19 7

garçons

2 2.16 19 7

aimé

2 2.16 8 4

voisinage

2 2.16 8 4

pieux

214

Page 215: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

2 2.16 8 4

peinture

2 2.16 8 4

partis

2 2.16 8 4

palabres

2 2.16 8 4

guêpes

2 2.16 8 4

accompagner

2 2.13 36 11

premiers

2 2.12 5 3

vîmes

2 2.12 5 3

verve

2 2.12 5 3

vertes

2 2.12 5 3

tutélaires

2 2.12 5 3

signifier

2 2.12 5 3

roseau

2 2.12 5 3

retrait

2 2.12 5 3

précipité

2 2.12 5 3

personnages

2 2.12 5 3

pastèque

2 2.12 5 3

passaient

2 2.12 5 3

paître

2 2.12 5 3

osait

2 2.12 5 3

occupant

2 2.12 5 3

montent

2 2.12 5 3

méconnaissable

2 2.12 5 3

massue

2 2.12 5 3

larges

2 2.12 5 3

jouir

2 2.12 5 3

immuable

2 2.12 5 3

fournaise

2 2.12 5 3 fier

2 2.12 5 3

fausse

2 2.12 5 3

familiarité

2 2.12 5 3

entretenait

2 2.12 5 3

conseils

2 2.12 5 3

condisciples

2 2.12 5 3

comportements

2 2.12 5 3

circulation

2 2.12 5 3

brusquement

2 2.12 5 3

bouffe

2 2.12 5 3

anxiété

215

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216

2 2.12 5 3

anges

2 2.12 5 3

anecdotes

2 2.12 5 3

âmes

2 2.12 5 3

aménagé

2 2.12 5 3

affirmer

2 2.12 5 3

accablant

2 2.10 32 10

troupeau

2 2.10 32 10

silencieux

2 2.08 28 9

murs

2 2.08 12 5

sert

2 2.08 12 5

importe

2 2.08 12 5 fus

2 2.08 12 5

étable

2 2.06 24 8

source

2 2.06 24 8

parents

2 2.06 24 8

canicule

2 2.06 16 6

tourner

2 2.06 16 6

magasins

2 2.06 16 6

basse

2 2.05 46 13

met

2 2.05 20 7

pleine

2 2.04 108 26

voix

2 2.04 60 16

parmi

2 2.02 51 14

aller

6.9 Annexe 9 : Liste du vocabulaire excédentaire dans L’Invention du

Désert

N° Écart Crp. Texte Mot

3 19.55 120 119 ibn

3 17.36 94 94 Toumert

3 7.59 22 22

Marrakech

3 7.42 66 45 voyage

3 7.41 75 49 désert

3 7.18 20 20

Almoravides

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3 7.14 3131 951 des

3 6.97 22 21 Maghreb

N° Écart Crp. Texte Mot

3 6.63 46 33 sable

3 6.57 111 60 oiseaux

3 6.55 17 17

Almoravide

3 6.55 17 17

Abdelmoumen

3 6.23 21 19 corbeaux

3 6.10 15 15 Aden

3 6.05 35 26 imam

3 6.02 55 35 oiseau

N° Écart Crp. Texte Mot

3 5.86 14 14 Sanaa

3 5.80 801 272 était

3 5.62 13 13 Youcef

3 5.62 13 13 Tehouda

3 5.62 13 13

hirondelles

3 5.62 13 13 Arabie

3 5.62 13 13

Almohades

3 5.62 13 13 Alger

3 5.57 18 16 pèlerin

3 5.50 184 80 enfant

3 5.44 91 47 bêtes

3 5.37 12 12 Bejaia

3 5.10 16 14 mahdi

3 5.10 16 14

immobilité

3 5.06 28 20 el

3 4.84 10 10 disciples

3 4.83 25 18 noirs

3 4.81 489 169 j'

3 4.80 21 16 casbah

3 4.79 19 15 bâton

3 4.59 153 64 ciel

3 4.56 9 9 qat

3 4.56 9 9 dynastie

3 4.48 1309 396 du

3 4.39 37 22 fallait

3 4.36 30 19 villes

3 4.29 3524 985 l'

3 4.22 76 36 seule

3 4.17 688 219 c'

3 4.16 209 79 tête

3 4.12 20 14 berbère

3 4.12 10 9 mecque

3 4.07 16 12 vents

3 3.97 62 30 histoire

3 3.96 230 84 monde

3 3.95 191 72 terre

3 3.95 7 7 Orient

3 3.95 7 7 Okba

3 3.95 7 7 Djedda

3 3.91 4279 1172 les

3 3.87 66 31 allait

3 3.83 9 8 hôtel

3 3.83 9 8 contrées

3 3.80 342 116 m'

3 3.76 94 40 ici

3 3.76 22 14 têtes

3 3.76 22 14 terres

3 3.73 27 16 mosquée

3 3.62 6 6 Rimbaud

3 3.62 6 6 ramenait

3 3.62 6 6 parvint

3 3.62 6 6 moula

3 3.62 6 6 Kahina

3 3.62 6 6 déserts

3 3.62 6 6 chleuh

3 3.62 6 6 Biskra

3 3.62 6 6 bab

3 3.62 6 6 Amar

3 3.60 33 18

mouvement

3 3.59 109 44 arbres

3 3.59 23 14 siècles

3 3.57 44 22 savait

3 3.54 14 10 voulais

3 3.52 8 7 océan

3 3.52 8 7 murailles

3 3.52 8 7 islam

3 3.52 8 7 éternité

3 3.52 8 7 étendue

3 3.52 8 7 chauffeur

3 3.52 8 7 bec

3 3.51 12 9

Mohammed

3 3.51 12 9 dunes

3 3.49 1845 522 dans

3 3.49 10 8 royaume

3 3.49 10 8 pèlerinage

3 3.49 10 8

inébranlable

3 3.44 357 117 )

3 3.41 358 117 (

3 3.39 204 72 ville

217

Page 218: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

3 3.33 15 10 roche

3 3.33 15 10 aveugle

3 3.29 25 14 cité

3 3.29 25 14 aimait

3 3.27 13 9 nudité

3 3.26 102 40 fut

3 3.26 5 5 Yémen

3 3.26 5 5 vastitude

3 3.26 5 5 traversées

3 3.26 5 5 traque

3 3.26 5 5 Touggourt

3 3.26 5 5 Tlemcen

3 3.26 5 5 tisons

3 3.26 5 5 rectitude

3 3.26 5 5 prophétie

3 3.26 5 5 Occident

3 3.26 5 5 golfe

3 3.26 5 5 Géant

3 3.26 5 5 désolation

3 3.26 5 5 délivre

3 3.26 5 5 bouches

3 3.26 5 5 Ahaggar

3 3.22 11 8 milliers

3 3.22 11 8 mille

3 3.22 11 8 fantômes

3 3.21 18 11 naître

3 3.19 31 16 Ancêtre

3 3.19 9 7 superbe

3 3.19 9 7 parfait

3 3.19 9 7 hormis

3 3.19 9 7 argile

3 3.19 7 6 tribu

3 3.19 7 6 théologien

3 3.19 7 6 relais

3 3.19 7 6 plaque

3 3.19 7 6 migration

3 3.19 7 6 France

3 3.19 7 6

effondrement

3 3.19 7 6 constitué

3 3.19 7 6 aéroport

3 3.17 51 23 hiver

3 3.14 37 18 sortir

3 3.09 52 23 partir

3 3.07 32 16 fit

3 3.05 14 9 but

3 2.98 30 15 vit

3 2.98 12 8 souverain

3 2.98 12 8 devenait

3 2.97 22 12 eaux

3 2.95 17 10 bateau

3 2.93 63 26 faisait

3 2.92 10 7 raisin

3 2.92 10 7 quartiers

3 2.92 10 7 perdrix

3 2.92 10 7 palais

3 2.92 10 7 Nord

3 2.92 10 7 désastre

3 2.91 79 31 pouvait

3 2.91 51 22 couleurs

3 2.91 48 21 feu

3 2.90 148 52 parfois

3 2.89 28 14 désirs

3 2.87 4 4 Zahra

3 2.87 4 4

vacillement

3 2.87 4 4 trajectoires

3 2.87 4 4 Targui

3 2.87 4 4 soucoupe

3 2.87 4 4 Shamsan

3 2.87 4 4 reçut

3 2.87 4 4 possibles

3 2.87 4 4

parallélépipède

3 2.87 4 4 Ouargla

3 2.87 4 4 narguilé

3 2.87 4 4 murettes

3 2.87 4 4 mont

3 2.87 4 4 Mellala

3 2.87 4 4 largeur

3 2.87 4 4 lancés

3 2.87 4 4 jarres

3 2.87 4 4

hammadide

3 2.87 4 4 gel

3 2.87 4 4 fourmis

3 2.87 4 4 fondateur

3 2.87 4 4

éternellement

3 2.87 4 4 empire

3 2.87 4 4 égayer

3 2.87 4 4 coulé

3 2.87 4 4 approchant

3 2.87 4 4 Aghmat

3 2.87 4 4

accomplissement

3 2.86 15 9 histoires

3 2.86 15 9 bataille

3 2.86 8 6 telles

218

Page 219: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

3 2.86 8 6 Satan

3 2.86 8 6 ruine

3 2.86 8 6 routes

3 2.86 8 6 mâle

3 2.86 8 6 inventer

3 2.86 8 6 imaginais

3 2.86 8 6

dromadaires

3 2.86 8 6

correspondance

3 2.86 8 6 consommé

3 2.85 34 16 retour

3 2.84 80 31 étais

3 2.84 6 5 statue

3 2.84 6 5 sacs

3 2.84 6 5 sables

3 2.84 6 5 réel

3 2.84 6 5 prince

3 2.84 6 5 cachette

3 2.84 6 5

architecture

3 2.83 170 58 pays

3 2.77 471 142 aux

3 2.77 13 8 voyager

3 2.77 13 8 remparts

3 2.76 114 41 eau

3 2.74 38 17 voici

3 2.73 108 39 seul

3 2.73 21 11 surface

3 2.73 21 11 pattes

3 2.68 16 9 direction

3 2.68 16 9 atlas

3 2.68 16 9 aimais

3 2.68 11 7 viscères

3 2.68 11 7 guerriers

3 2.67 27 13 poussière

3 2.65 2206 598 qui

3 2.65 48 20 plein

3 2.64 42 18 jadis

3 2.64 36 16 fort

3 2.63 19 10 rivière

3 2.63 19 10 prophète

3 2.63 19 10 combat

3 2.60 9 6 errance

3 2.60 9 6 éprouvante

3 2.60 9 6 écriture

3 2.60 9 6 cruauté

3 2.60 9 6 campement

3 2.60 9 6 cadavre

3 2.60 9 6 appelait

3 2.59 71 27 force

3 2.58 14 8 pouvais

3 2.58 14 8 lecture

3 2.57 25 12 verdure

3 2.55 43 18 cri

3 2.55 40 17

simplement

3 2.54 34 15 fraîcheur

3 2.52 17 9 étranges

3 2.52 7 5 regardions

3 2.52 7 5 pistes

3 2.52 7 5 lointain

3 2.52 7 5 itinéraire

3 2.52 7 5 hermétique

3 2.52 7 5 gent

3 2.52 7 5 errances

3 2.52 7 5 écorce

3 2.52 7 5 dénuement

3 2.52 7 5 débris

3 2.52 7 5 chameaux

3 2.50 133 45 quand

3 2.48 12 7 veiller

3 2.48 12 7 plaine

3 2.48 12 7 noires

3 2.48 12 7 gorges

3 2.48 12 7 fièvre

3 2.46 23 11 pèlerins

3 2.46 23 11 furent

3 2.46 5 4 vrais

3 2.46 5 4 victorieux

3 2.46 5 4 troncs

3 2.46 5 4 simples

3 2.46 5 4 Sahara

3 2.46 5 4 promenade

3 2.46 5 4 produisit

3 2.46 5 4 porta

3 2.46 5 4 pétrole

3 2.46 5 4 persistait

3 2.46 5 4 obligés

3 2.46 5 4 marqué

3 2.46 5 4 majesté

3 2.46 5 4 localités

3 2.46 5 4 légende

3 2.46 5 4 justicier

3 2.46 5 4 intraitables

3 2.46 5 4

insaisissable

3 2.46 5 4 immensité

3 2.46 5 4 fumées

219

Page 220: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

3 2.46 5 4 fragiles

3 2.46 5 4 figuiers

3 2.46 5 4 eût

3 2.46 5 4 étals

3 2.46 5 4 escalader

3 2.46 5 4 égale

3 2.46 5 4 dromadaire

3 2.46 5 4 crêpes

3 2.46 5 4 courette

3 2.46 5 4 contes

3 2.46 5 4 conquête

3 2.46 5 4

commandes

3 2.46 5 4 chevreaux

3 2.46 5 4 chanteur

3 2.46 5 4

bruissement

3 2.46 5 4 bleues

3 2.45 38 16 insectes

3 2.45 26 12 oreilles

3 2.44 57 22 désir

3 2.44 35 15 horizon

3 2.42 67 25 celle

3 2.41 15 8 malade

3 2.40 292 89 jamais

3 2.39 74 27 chaleur

3 2.39 48 19 beau

3 2.37 42 17 aurais

3 2.37 18 9 mouettes

3 2.37 18 9 ailes

3 2.37 10 6 sud

3 2.37 10 6 oasis

3 2.37 10 6 mi

3 2.37 10 6 lèvent

3 2.37 10 6 frontières

3 2.37 10 6 bateaux

3 2.36 39 16 malgré

3 2.35 55 21 foi

3 2.35 21 10 rouges

3 2.35 21 10 parcours

3 2.35 21 10 époque

3 2.34 24 11 olivier

3 2.31 201 63 corps

3 2.30 600 171 on

3 2.30 13 7 parlaient

3 2.30 13 7 oued

3 2.30 13 7 limites

3 2.29 59 22 surtout

3 2.27 9753 2507 .

3 2.26 16 8 oublier

3 2.26 8 5 tue

3 2.26 8 5 tempête

3 2.26 8 5 serrés

3 2.26 8 5 savions

3 2.26 8 5 précise

3 2.26 8 5 note

3 2.26 8 5 métro

3 2.26 8 5 goutte

3 2.26 8 5 franchir

3 2.26 8 5 fragile

3 2.26 8 5 émanations

3 2.26 8 5 caravane

3 2.26 8 5 bornes

3 2.26 8 5 bords

3 2.25 63 23 vivre

3 2.24 34 14 étrange

3 2.23 28 12 proximité

3 2.23 19 9 exemple

3 2.22 25 11 saison

3 2.18 54 20 enfance

3 2.17 11 6 terreur

3 2.17 11 6 rang

3 2.17 11 6 invisible

3 2.16 245 74 hommes

3 2.15 78 27 ailleurs

3 2.15 35 14 telle

3 2.15 6 4 triomphe

3 2.15 6 4 trésor

3 2.15 6 4 tasse

3 2.15 6 4 soustraire

3 2.15 6 4 sœur

3 2.15 6 4 pureté

3 2.15 6 4 pêche

3 2.15 6 4 palper

3 2.15 6 4 ouvrait

3 2.15 6 4 ocre

3 2.15 6 4 natal

3 2.15 6 4 morte

3 2.15 6 4 monts

3 2.15 6 4 monticule

3 2.15 6 4 moderne

3 2.15 6 4 imposante

3 2.15 6 4

imperceptible

3 2.15 6 4 humide

3 2.15 6 4 froids

3 2.15 6 4 égard

3 2.15 6 4 efface

3 2.15 6 4 définitive

220

Page 221: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

3 2.15 6 4 collier

3 2.15 6 4 cacher

3 2.15 6 4 bouger

3 2.13 177 55 cela

3 2.13 32 13 image

3 2.13 14 7 signes

3 2.13 14 7 remous

3 2.13 14 7 froide

3 2.13 14 7 commun

3 2.11 96 32 lumière

3 2.11 26 11 contrée

3 2.11 23 10 miracle

3 2.11 23 10 chambre

3 2.11 17 8 venus

3 2.11 17 8 tapis

3 2.10 42 16 feuilles

3 2.08 39 15 eut

3 2.08 39 15 couleur

3 2.07 76 26 sens

3 2.05 4 3 vigiles

3 2.05 4 3 vigilante

3 2.05 4 3

tumultueuse

3 2.05 4 3 troubles

3 2.05 4 3 translucide

3 2.05 4 3

transhumances

3 2.05 4 3 tranchant

3 2.05 4 3 trajectoire

3 2.05 4 3 touriste

3 2.05 4 3 théologiens

3 2.05 4 3 terrassés

3 2.05 4 3 ténacité

3 2.05 4 3 téméraire

3 2.05 4 3 tambour

3 2.05 4 3

symbolique

3 2.05 4 3 secouer

3 2.05 4 3 sandales

3 2.05 4 3 salutaire

3 2.05 4 3 rythmes

3 2.05 4 3 roi

3 2.05 4 3 rochers

3 2.05 4 3 ramène

3 2.05 4 3

puritanisme

3 2.05 4 3 prostituées

3 2.05 4 3 promenait

3 2.05 4 3

préoccupait

3 2.05 4 3 prédateur

3 2.05 4 3 poussait

3 2.05 4 3 plonger

3 2.05 4 3 pleut

3 2.05 4 3 pleurs

3 2.05 4 3 pleure

3 2.05 4 3 pierreux

3 2.05 4 3 pesanteur

3 2.05 4 3 parentèle

3 2.05 4 3 oppressant

3 2.05 4 3 moiteur

3 2.05 4 3 meurtre

3 2.05 4 3 Mercedes

3 2.05 4 3 massifs

3 2.05 4 3 marchands

3 2.05 4 3 mange

3 2.05 4 3 légendes

3 2.05 4 3 lapereaux

3 2.05 4 3 lampes

3 2.05 4 3 infatigable

3 2.05 4 3 impuissant

3 2.05 4 3 gris

3 2.05 4 3 goudron

3 2.05 4 3 fracas

3 2.05 4 3 fourrure

3 2.05 4 3 figée

3 2.05 4 3 fatal

3 2.05 4 3 enlacés

3 2.05 4 3 emprise

3 2.05 4 3 dirigeait

3 2.05 4 3 déployait

3 2.05 4 3 criant

3 2.05 4 3 coranique

3 2.05 4 3 convives

3 2.05 4 3 continents

3 2.05 4 3

Constantine

3 2.05 4 3 congé

3 2.05 4 3 conduite

3 2.05 4 3 cistes

3 2.05 4 3 circulaient

3 2.05 4 3 cinquante

3 2.05 4 3 cheikh

3 2.05 4 3 chaînes

3 2.05 4 3 cessait

3 2.05 4 3 cendre

3 2.05 4 3 caroube

3 2.05 4 3 cachent

3 2.05 4 3 brûle

221

Page 222: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

222

3 2.05 4 3 brasero

3 2.05 4 3 bouillant

3 2.05 4 3 babioles

3 2.05 4 3 avion

3 2.05 4 3 avaler

3 2.05 4 3

assoupissement

3 2.05 4 3 anti

3 2.05 4 3 anonyme

3 2.05 4 3 anéantie

3 2.05 4 3 agilité

3 2.05 4 3 Afrique

3 2.04 46 17

montagnes

3 2.04 9 5 voyages

3 2.04 9 5 vertige

3 2.04 9 5 vaincre

3 2.04 9 5 supporter

3 2.04 9 5 sec

3 2.04 9 5 sauterelles

3 2.04 9 5 riches

3 2.04 9 5 revenu

3 2.04 9 5 pluies

3 2.04 9 5 ordres

3 2.04 9 5 noms

3 2.04 9 5 muscles

3 2.04 9 5 matins

3 2.04 9 5 justice

3 2.04 9 5 hivers

3 2.04 9 5 fouet

3 2.04 9 5 délire

3 2.04 9 5 cadavres

3 2.04 9 5 arrivant

3 2.01 137 43 elles

6.10 Annexe 10 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Les Vigiles

N° Écart Crp. Txt. Mot

4 30.12 245 245

Mahfoudh

4 23.03 153 153

Menouar

4 20.51 3400 1321 il

4 16.36 84 84 Ziada

4 13.88 63 63

Lemdjad

4 11.46 45 45

Skander

4 11.46 45 45 Brik

4 9.80 946 364 son

4 9.37 813 317 lui

4 9.09 30 30

passeport

4 8.38 26 26

Mebrouk

4 7.75 820 299 a

4 7.62 2761 850 -

4 7.62 22 22 maire

4 7.54 39 32

machine

N° Écart Crp. Txt. Mot

4 7.42 21 21

Mezayer

4 7.01 19 19 mairie

4 6.80 18 18 Samia

4 6.68 159 78 aurait

4 6.64 564 209 ?

4 6.36 16 16

préfecture

4 6.28 426 163 cette

4 6.28 30 24

Messaoud

4 6.26 21 19

responsable

4 6.04 20 18 police

4 5.92 36 26 sent

4 5.86 1464 458 s'

4 5.76 1575 487 est

4 5.72 23 19 général

4 5.70 16 15

secrétaire

4 5.67 1296 408 pas

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4 5.65 13 13 Younès

N° Écart Crp. Txt. Mot

4 5.65 13 13

Heidelberg

4 5.43 76 41 sait

4 5.38 1230 385 qu'

4 5.32 72 39 doit

4 5.31 19 16 cabine

4 5.29 91 46 moins

4 5.29 57 33 vient

4 5.13 11 11

commissaire

4 5.06 20 16 dossier

4 5.05 114 53 t

4 4.97 45 27 sidi

4 4.96 13 12 métier

4 4.88 809 260 sa

4 4.88 15 13 tisser

4 4.86 10 10

Scarabée

4 4.86 10 10 préfet

4 4.73 113 51 femme

4 4.70 12 11

nationales

4 4.70 12 11

invention

4 4.70 12 11 foire

4 4.70 12 11 fiche

4 4.65 24 17

questions

4 4.63 925 289 ce

4 4.63 53 29

demande

4 4.63 14 12

commissariat

4 4.62 22 16 bureau

4 4.58 9 9 inventeur

4 4.58 9 9

formulaire

4 4.57 260 97 deux

4 4.51 27 18 parle

4 4.43 11 10

douanier

4 4.37 140 58 dit

4 4.34 15 12 sortie

4 4.28 8 8

information

4 4.26 46 25 enfin

4 4.17 89 40 va

4 4.15 10 9 policiers

4 4.15 10 9 Galeries

4 4.08 14 11 répond

4 4.08 14 11

problème

4 4.01 65 31 eu

4 4.00 696 217 :

4 3.97 344 117 être

4 3.97 7 7 vigile

4 3.97 7 7 national

4 3.97 7 7

municipalité

4 3.97 7 7

administratif

4 3.96 21 14 ouvrir

4 3.95 49 25 café

4 3.94 223 81 été

4 3.93 446 146 y

4 3.88 285 99 fois

4 3.85 112 46 doute

4 3.85 24 15 crois

4 3.85 9 8 logement

4 3.84 642 200 ou

4 3.80 223 80 autre

4 3.79 22 14 port

4 3.73 20 13 semaine

4 3.69 25 15 revient

4 3.68 69 31 regarde

4 3.64 611 189 avait

4 3.63 6 6 Taïbi

4 3.63 6 6

restaurant

4 3.63 6 6

Redhouane

4 3.63 6 6

journaliste

4 3.63 6 6

incorruptible

4 3.63 6 6 guichet

4 3.63 6 6 estrade

4 3.63 6 6 article

4 3.63 6 6

appariteur

4 3.62 28 16 lettre

4 3.62 23 14 service

4 3.62 23 14 marché

4 3.60 36 19 travail

4 3.60 36 19

commence

4 3.57 14 10 produit

223

Page 224: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

4 3.54 8 7

Révolution

4 3.54 8 7 Hassan

4 3.53 12 9 policier

4 3.53 12 9 bière

4 3.53 12 9 autorité

4 3.52 1081 315 n'

4 3.52 10 8 refus

4 3.52 10 8

indépendance

4 3.52 10 8 chanson

4 3.49 272 92 vous

4 3.48 1820 510 se

4 3.48 19 12 ancien

4 3.47 125 48

moment

4 3.46 57 26 dire

4 3.42 17 11 portail

4 3.40 10897 2823 ,

4 3.40 27 15 sourire

4 3.38 58 26 pense

4 3.37 98 39 trois

4 3.36 207 72 peut

4 3.35 15 10 chef

4 3.33 134 50 avoir

4 3.32 118 45 après

4 3.32 25 14 queue

4 3.32 25 14

attendait

4 3.29 36 18 table

4 3.29 13 9

néanmoins

4 3.27 5 5 voulez

4 3.27 5 5 Etat

4 3.27 5 5 suscité

4 3.27 5 5 rez-de-

chaussée

4 3.27 5 5 Nadjib

4 3.27 5 5 Militant

4 3.27 5 5 masses

4 3.27 5 5 intrus

4 3.27 5 5

inspecteur

4 3.27 5 5 e68

4 3.27 5 5 cravate

4 3.27 5 5 chèque

4 3.27 5 5 bureaux

4 3.27 5 5 banlieue

4 3.27 5 5 Aliouate

4 3.24 23 13

situation

4 3.24 11 8 m

4 3.24 11 8 aperçoit

4 3.23 136 50 non

4 3.23 18 11

monsieur

4 3.22 51 23 années

4 3.21 60 26 point

4 3.21 9 7 nationale

4 3.21 9 7 costume

4 3.21 7 6 solution

4 3.21 7 6 quart

4 3.21 7 6 patio

4 3.21 7 6

nationalité

4 3.21 7 6 monter

4 3.21 7 6

marchand

4 3.21 7 6 coffre

4 3.21 7 6 chantier

4 3.21 7 6 barrière

4 3.18 8262 2148 de

4 3.15 21 12 intérêt

4 3.15 21 12 avez

4 3.15 16 10 débat

4 3.13 55 24 arrive

4 3.11 32 16

discussion

4 3.08 14 9 décide

4 3.08 14 9 chargé

4 3.06 19 11 émotion

4 3.05 44 20 mettre

4 3.05 27 14 société

4 3.05 27 14 capitale

4 3.02 30 15

demander

4 3.01 2430 658 une

4 3.00 22 12 chance

4 3.00 12 8

combattants

4 2.94 89 34 chose

4 2.93 10 7

remarque

4 2.93 10 7 motif

4 2.91 20 11 secret

4 2.91 20 11 connu

4 2.90 177 60 cela

4 2.88 34 16 cinq

4 2.88 15 9

224

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reprendre

4 2.88 8 6 troisième

4 2.88 8 6

résistance

4 2.88 8 6 lu

4 2.88 8 6 file

4 2.88 8 6 citoyen

4 2.88 8 6 chaise

4 2.88 4 4

vaguemestre

4 2.88 4 4 utile

4 2.88 4 4

transitaire

4 2.88 4 4 réception

4 2.88 4 4 nouée

4 2.88 4 4

négligence

4 2.88 4 4 musarde

4 2.88 4 4 maquette

4 2.88 4 4 Khaled

4 2.88 4 4 justes

4 2.88 4 4

inventions

4 2.88 4 4 humilier

4 2.88 4 4 habitués

4 2.88 4 4 guichets

4 2.88 4 4

guichetier

4 2.88 4 4 fouille

4 2.88 4 4 fichier

4 2.88 4 4 fiches

4 2.88 4 4 émet

4 2.88 4 4 écrie

4 2.88 4 4

démarches

4 2.88 4 4 convient

4 2.88 4 4 concepts

4 2.88 4 4 clientèle

4 2.88 4 4 chape

4 2.88 4 4

appartements

4 2.88 4 4

accusation

4 2.87 49 21 simple

4 2.86 23 12 période

4 2.85 6 5

travailleurs

4 2.85 6 5 savez

4 2.85 6 5

quinzaine

4 2.85 6 5

quatrième

4 2.85 6 5

populaires

4 2.85 6 5 kiosques

4 2.85 6 5 inventé

4 2.85 6 5 Hadj

4 2.85 6 5

document

4 2.85 6 5

demandent

4 2.85 6 5 déjeuner

4 2.85 6 5 confiture

4 2.85 6 5 cigarette

4 2.85 6 5 chaussée

4 2.85 6 5 bûcheron

4 2.85 6 5 avarice

4 2.85 6 5 agent

4 2.85 6 5

administration

4 2.81 59 24 ans

4 2.81 18 10 subir

4 2.81 18 10 projets

4 2.81 18 10 étant

4 2.80 29 14 rappelle

4 2.79 108 39 voix

4 2.79 13 8 rentrer

4 2.76 21 11 couteau

4 2.73 24 12 certain

4 2.73 24 12

auparavant

4 2.71 16 9 quartier

4 2.70 11 7 rendu

4 2.70 11 7

demandé

4 2.70 11 7 agit

4 2.69 120 42 chez

4 2.69 45 19 pouvoir

4 2.67 117 41

personne

4 2.66 19 10 entrer

4 2.65 114 40 celui

4 2.62 101 36 ainsi

4 2.61 14 8

importance

4 2.61 14 8 cherche

4 2.61 14 8 affronter

4 2.61 9 6 officier

4 2.61 9 6

225

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combattant

4 2.61 9 6

bienfaisante

4 2.61 9 6

arguments

4 2.61 9 6 anciens

4 2.61 9 6 allures

4 2.60 188 61 avant

4 2.60 88 32 enfants

4 2.60 25 12 dix

4 2.59 28 13 connaît

4 2.58 260 81 fait

4 2.58 37 16 quatre

4 2.58 34 15 bruits

4 2.55 17 9 vont

4 2.55 17 9 pièce

4 2.54 229 72 faire

4 2.54 89 32 presque

4 2.53 7 5 vente

4 2.53 7 5 sentit

4 2.53 7 5 Saïd

4 2.53 7 5 respect

4 2.53 7 5

reproches

4 2.53 7 5 plate

4 2.53 7 5

personnage

4 2.53 7 5 monnaie

4 2.53 7 5

matériaux

4 2.53 7 5 marches

4 2.53 7 5

explications

4 2.53 7 5 étage

4 2.53 7 5 confort

4 2.53 7 5 atteinte

4 2.53 7 5

adolescence

4 2.51 47 19 rue

4 2.51 20 10 manque

4 2.50 12 7

possession

4 2.50 12 7 meubles

4 2.50 12 7 malaise

4 2.50 12 7 légumes

4 2.50 12 7

deuxième

4 2.49 23 11 donné

4 2.48 38 16 trouve

4 2.48 35 15

aventure

4 2.48 26 12 pourra

4 2.47 32 14 dépit

4 2.47 32 14 argent

4 2.47 32 14 affaire

4 2.47 5 4

vainqueur

4 2.47 5 4 supplices

4 2.47 5 4

remémore

4 2.47 5 4 rapporter

4 2.47 5 4 quatorze

4 2.47 5 4 produits

4 2.47 5 4 parfaite

4 2.47 5 4 intéresse

4 2.47 5 4 humour

4 2.47 5 4 étroite

4 2.47 5 4 escalier

4 2.47 5 4 employés

4 2.47 5 4 éclairée

4 2.47 5 4

démarche

4 2.47 5 4 d

4 2.47 5 4 civil

4 2.47 5 4 caisses

4 2.47 5 4 bières

4 2.47 5 4 barque

4 2.47 5 4

attentivement

4 2.45 51 20 guerre

4 2.44 15 8 laissait

4 2.44 15 8 issue

4 2.42 45 18 soit

4 2.40 18 9

convaincu

4 2.40 18 9 cas

4 2.40 18 9 attention

4 2.39 10 6 réaction

4 2.39 10 6 rapports

4 2.39 10 6 lunettes

4 2.39 10 6 fumée

4 2.39 10 6 étoile

4 2.39 10 6 croit

4 2.38 21 10 effort

4 2.38 21 10 dure

4 2.35 49 19 passer

4 2.33 4281 1110 à

4 2.32 13 7

supérieur

226

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4 2.32 13 7 pipe

4 2.32 13 7 ouvert

4 2.32 13 7 né

4 2.31 553 157 même

4 2.31 100 34 ci

4 2.28 16 8 trouvait

4 2.28 16 8 surpris

4 2.28 16 8 répondre

4 2.28 16 8

magasins

4 2.28 8 5 tait

4 2.28 8 5 reproche

4 2.28 8 5 remet

4 2.28 8 5

reconnaissance

4 2.28 8 5 quinze

4 2.28 8 5 presse

4 2.28 8 5 occuper

4 2.28 8 5 journal

4 2.28 8 5

entreprend

4 2.28 8 5 content

4 2.28 8 5 attendu

4 2.28 8 5 aïd

4 2.27 60 22 reste

4 2.27 34 14 voit

4 2.26 94 32

beaucoup

4 2.26 19 9 combien

4 2.25 25 11 attend

4 2.24 176 55 peu

4 2.24 57 21 afin

4 2.24 44 17 laisse

4 2.23 74 26

aujourd'hui

4 2.22 64 23 mots

4 2.20 38 15

présence

4 2.19 145 46 déjà

4 2.19 11 6 sinon

4 2.19 11 6

possibilité

4 2.19 11 6 efforce

4 2.19 11 6 dirige

4 2.19 11 6 corde

4 2.18 68 24 esprit

4 2.18 48 18

quelqu'un

4 2.18 35 14 douleur

4 2.17 32 13

silencieux

4 2.16 6 4 zone

4 2.16 6 4 viendrait

4 2.16 6 4 victoires

4 2.16 6 4 torride

4 2.16 6 4 stratégie

4 2.16 6 4 stérile

4 2.16 6 4 soldat

4 2.16 6 4

responsables

4 2.16 6 4 reconnaît

4 2.16 6 4 rasé

4 2.16 6 4

principale

4 2.16 6 4 pouvez

4 2.16 6 4 pénétré

4 2.16 6 4 localité

4 2.16 6 4 introduit

4 2.16 6 4

interrogatoire

4 2.16 6 4

interlocuteurs

4 2.16 6 4 informer

4 2.16 6 4 gaieté

4 2.16 6 4

exécution

4 2.16 6 4

entreprise

4 2.16 6 4 ennemi

4 2.16 6 4 destinée

4 2.16 6 4 découvrit

4 2.16 6 4

contenant

4 2.16 6 4

construction

4 2.16 6 4

campagne

4 2.16 6 4 bar

4 2.16 6 4 assurée

4 2.15 135 43

maintenant

4 2.15 29 12 tôt

4 2.15 14 7 laissé

4 2.15 14 7 forte

4 2.15 14 7 élève

4 2.15 14 7 décision

4 2.15 14 7 alcool

4 2.15 14 7 agissait

4 2.13 42 16 vrai

227

Page 228: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

228

4 2.13 23 10 jardin

4 2.13 20 9

interminable

4 2.13 17 8 rend

4 2.13 17 8

professeur

4 2.13 17 8 parlé

4 2.13 17 8 obtenir

4 2.13 17 8 lance

4 2.13 17 8 forces

4 2.11 59 21 parler

4 2.11 39 15 certains

4 2.08 126 40 air

4 2.08 46 17 bonne

4 2.07 2995 777 d'

4 2.07 33 13 odeurs

4 2.06 9 5 réplique

4 2.06 9 5 remise

4 2.06 9 5 réflexion

4 2.06 9 5 politique

4 2.06 9 5 pensant

4 2.06 9 5 osé

4 2.06 9 5

informations

4 2.06 9 5 inconnue

4 2.06 9 5

exaltation

4 2.06 9 5 erreur

4 2.06 9 5

consommateurs

4 2.06 9 5 certaine

4 2.06 9 5 avis

4 2.06 9 5 aisance

4 2.06 9 5 agitation

4 2.06 4 3 voiles

4 2.06 4 3 virtuel

4 2.06 4 3 vapeurs

4 2.06 4 3 trophée

4 2.06 4 3 tabac

4 2.06 4 3 suscite

4 2.06 4 3

subitement

4 2.06 4 3 soirée

4 2.06 4 3 sévère

4 2.06 4 3 retourne

4 2.06 4 3 requête

4 2.06 4 3 remuer

4 2.06 4 3

remarquer

4 2.06 4 3 réagit

4 2.06 4 3 rampe

4 2.06 4 3 proviseur

4 2.06 4 3 policière

4 2.06 4 3 pause

4 2.06 4 3 parvient

4 2.06 4 3 participer

4 2.06 4 3

paradisiaque

4 2.06 4 3 opinion

4 2.06 4 3

nonchalamment

4 2.06 4 3 mouillé

4 2.06 4 3 menacer

4 2.06 4 3 mélangé

4 2.06 4 3 mauvaise

4 2.06 4 3 manège

4 2.06 4 3 local

4 2.06 4 3 levaient

4 2.06 4 3

interrompre

4 2.06 4 3 instar

4 2.06 4 3 ingéniait

4 2.06 4 3 honorer

4 2.06 4 3 habiter

4 2.06 4 3 gorgées

4 2.06 4 3 gardé

4 2.06 4 3 funeste

4 2.06 4 3 foudre

4 2.06 4 3 flair

4 2.06 4 3

fébrilement

Page 229: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

6.11 Annexe 11 : Liste du vocabulaire excédentaire dans Le Dernier

Été de la Raison

N° Écart Corpus

Texte Mot

5 28.81 161 161

Boualem

5 16.71 62 62

Yekker

5 9.78 10897

1852 ,

5 7.99 17 17

Elbouliga

5 7.16 14 14

librairie

5 7.11 272 83

vous

5 6.63 67 32

livres

5 6.55 12 12

Kamel

5 5.61 1820 338

se

5 5.41 930 189

par

5 5.17 5351 874

la

5 5.17 10 9

juge

5 4.99 18 12

voudrait

5 4.98 27 15

vérité

5 4.82 7 7

Kenza

5 4.68 17 11

voie

5 4.67 68 25

mémoire

5 4.64 1575 284

est

5 4.62 30 15

musique

5 4.57 53 21

Ali

5 4.57 34 16

beauté

5 4.50 10 8

certitudes

5 4.42 8 7

télévision

5 4.41 6 6

violent

N° Écart Corpus

Texte Mot

5 4.41 6 6

sonnerie

5 4.41 6 6

questionnement

5 4.41 6 6

mandoline

5 4.41 6 6

libraire

5 4.41 6 6

F.V.

5 4.36 19 11

êtes

5 4.30 820 158

229

Page 230: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

a

5 4.30 74 25

aujourd'hui

5 4.27 192 49

vie

5 4.17 343 76

sont

5 4.12 9 7

émir

5 4.04 32 14

troupeau

5 4.04 12 8

prisonnier

5 4.04 12 8

humaine

5 4.02 7 6

littérature

5 4.02 7 6

instrument

5 3.98 5 5

vitrine

5 3.90 26 12

nouveaux

5 3.88 293 65

temps

5 3.84 55 19

foi

5 3.82 117 32

visage

N° Écart Corpus

Texte Mot

5 3.78 3524 566

l'

5 3.76 20 10

humanité

5 3.72 8 6

appartient

5 3.68 62 20

fille

5 3.67 11 7

traces

5 3.63 77 23

cœur

5 3.60 293 63

ces

5 3.59 6 5

revoit

5 3.59 6 5

dogme

5 3.58 288 62

ont

5 3.57 18 9

foule

5 3.53 2206 363

qui

5 3.52 89 25

va

5 3.52 15 8

ténèbres

5 3.52 15 8

avance

5 3.50 34 13

veut

5 3.50 4 4

téléphone

5 3.50 4 4

marient

5 3.50 4 4

jugés

5 3.50 4 4

impertinence

5 3.50 4 4

hésite

5 3.50 4 4

dominer

230

Page 231: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

5 3.48 12 7

horizons

5 3.48 9 6

résister

5 3.48 9 6

communauté

5 3.47 61 19

chemin

5 3.37 58 18

savoir

5 3.36 40 14

ordre

5 3.32 20 9

tente

5 3.30 7 5

tend

5 3.30 7 5

message

5 3.27 1464 246

s'

5 3.27 10 6

morale

5 3.27 10 6

flux

5 3.27 10 6

brutalement

5 3.21 160 37

dieu

5 3.21 29 11

paysages

5 3.16 14 7

assistance

5 3.15 230 49

monde

5 3.12 5 4

slogans

5 3.12 5 4

passion

5 3.12 5 4

illumine

5 3.12 5 4

baguette

5 3.10 22 9

violence

5 3.09 11 6

secrets

5 3.09 11 6

possèdent

5 3.09 11 6

masse

5 3.07 44 14

amour

5 3.06 8 5

pourront

5 3.06 8 5

planche

5 3.06 8 5

inquiétude

5 3.06 8 5

décisions

5 3.05 269 55

si

5 3.02 15 7

éprouve

5 3.01 27 10

société

5 2.99 19 8

êtres

5 2.99 19 8

arrête

5 2.98 55 16

arrive

5 2.97 60 17

nouveau

231

Page 232: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

5 2.97 60 17

livre

5 2.95 32 11

jeunesse

5 2.93 12 6

tenue

5 2.93 12 6

répandre

5 2.93 12 6

puissant

5 2.93 12 6

formules

5 2.93 12 6

continuer

5 2.88 47 14

moindre

5 2.88 20 8

univers

5 2.87 33 11

droit

5 2.86 57 16

afin

5 2.86 9 5

tracé

5 2.86 9 5

mépris

5 2.86 9 5

couples

5 2.84 78 20

rêve

5 2.84 6 4

tremble

5 2.84 6 4

taire

5 2.84 6 4

fauteuil

5 2.84 6 4

carrément

5 2.84 6 4

bousculent

5 2.84 6 4

ballon

5 2.84 6 4

alerte

5 2.81 48 14

images

5 2.78 21 8

état

5 2.78 13 6

lettres

5 2.77 17 7

finit

5 2.76 204 42

car

5 2.74 8262 1226

de

5 2.72 35 11

douleur

5 2.68 207 42

peut

5 2.68 22 8

voiture

5 2.67 31 10

chair

5 2.66 4281 650

à

5 2.65 18 7

présent

5 2.65 18 7

intelligence

5 2.65 14 6

seront

5 2.65 14 6

ombres

5 2.62 4586 693

232

Page 233: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

et

5 2.61 7 4

renoncé

5 2.61 7 4

rendent

5 2.61 7 4

pointe

5 2.61 7 4

poésie

5 2.61 7 4

plages

5 2.61 7 4

pente

5 2.61 7 4

laideur

5 2.61 7 4

effacer

5 2.61 7 4

cordes

5 2.61 7 4

cieux

5 2.60 32 10

noir

5 2.60 4 3

traquée

5 2.60 4 3

talent

5 2.60 4 3

sagacité

5 2.60 4 3

questionnements

5 2.60 4 3

perdant

5 2.60 4 3

opposer

5 2.60 4 3

humiliation

5 2.60 4 3

hideux

5 2.60 4 3

gagnés

5 2.60 4 3

essence

5 2.60 4 3

épand

5 2.60 4 3

dépasse

5 2.60 4 3

défis

5 2.60 4 3

cousin

5 2.60 4 3

chienne

5 2.60 4 3

bravant

5 2.60 4 3

arabes

5 2.60 4 3

adversité

5 2.58 193 39 !

5 2.58 23 8

citoyens

5 2.58 23 8

cessé

5 2.57 84 20

souvent

5 2.55 141 30

devant

5 2.55 19 7

folie

5 2.53 15 6

volonté

5 2.53 15 6

visite

5 2.53 15 6

233

Page 234: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

visages

5 2.53 15 6

gigantesque

5 2.53 15 6

Créateur

5 2.53 11 5

public

5 2.52 53 14

vos

5 2.50 80 19

femmes

5 2.49 24 8

réalité

5 2.49 24 8

âme

5 2.45 20 7

pénombre

5 2.45 20 7

fini

5 2.45 20 7

espaces

5 2.42 8 4

suffi

5 2.42 8 4

sagesse

5 2.42 8 4

prêts

5 2.42 8 4

passagers

5 2.42 8 4

orateur

5 2.42 8 4

interroger

5 2.42 8 4

étire

5 2.42 8 4

constituent

5 2.42 8 4

capables

5 2.42 8 4

absolu

5 2.41 25 8

paix

5 2.41 16 6 fil

5 2.41 16 6

barbe

5 2.40 88 20

enfants

5 2.39 45 12

quel

5 2.39 12 5

soumis

5 2.39 12 5

indignation

5 2.36 201 39

corps

5 2.33 73 17

regard

5 2.33 5 3

vigilants

5 2.33 5 3

valeur

5 2.33 5 3

substance

5 2.33 5 3

repérer

5 2.33 5 3

profonds

5 2.33 5 3

poitrines

5 2.33 5 3

passager

5 2.33 5 3

parcourt

5 2.33 5 3

234

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menaçants

5 2.33 5 3

lointains

5 2.33 5 3

libérée

5 2.33 5 3

lecteur

5 2.33 5 3

injonctions

5 2.33 5 3

formé

5 2.33 5 3

flot

5 2.33 5 3

émois

5 2.33 5 3

déterminé

5 2.33 5 3

cinquantaine

5 2.33 5 3

beautés

5 2.33 5 3 agi

5 2.33 5 3

adolescents

5 2.31 57 14

désir

5 2.30 645 108

5 2.30 17 6

entend

5 2.26 946 153

son

5 2.26 22 7

loi

5 2.26 13 5

enveloppe

5 2.26 13 5

devenus

5 2.26 13 5

chemins

5 2.25 9 4

tristesse

5 2.25 9 4

résultat

5 2.25 9 4

physique

5 2.25 9 4

nécessaire

5 2.25 9 4

menaces

5 2.25 9 4

guère

5 2.25 9 4

éveil

5 2.25 9 4

épaisseur

5 2.25 9 4

délivré

5 2.25 9 4

commande

5 2.20 18 6

texte

5 2.18 54 13

haut

5 2.17 33 9

question

5 2.17 23 7

voitures

5 2.17 23 7

arrêter

5 2.16 60 14

votre

5 2.15 14 5

mosquées

5 2.15 14 5

235

Page 236: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

236

misère

5 2.15 14 5

espère

5 2.15 14 5

devenue

5 2.13 223 41

été

5 2.12 6 3

vacances

5 2.12 6 3

tremblait

5 2.12 6 3

soifs

5 2.12 6 3

retient

5 2.12 6 3

repères

5 2.12 6 3

rémission

5 2.12 6 3

plane

5 2.12 6 3

penche

5 2.12 6 3

pareils

5 2.12 6 3

obstacle

5 2.12 6 3

mécréants

5 2.12 6 3

lois

5 2.12 6 3

joue

5 2.12 6 3

impuissance

5 2.12 6 3

fonctions

5 2.12 6 3

explication

5 2.12 6 3

déchirante

5 2.12 6 3

conduit

5 2.12 6 3

citronnier

5 2.12 6 3

choc

5 2.12 6 3

auxquelles

5 2.12 6 3

antre

5 2.12 6 3

allant

5 2.11 10 4

tremblement

5 2.11 10 4

terrible

5 2.11 10 4

soumission

5 2.11 10 4

déchirante

5 2.11 10 4

nerveux

5 2.11 10 4

intéresser

Page 237: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

5 2.11 10 4

espoir

5 2.11 10 4

capable

5 2.11 10 4

atteindre

5 2.10 19 6

souvenirs

5 2.10 19 6

ouvre

5 2.09 96 20

lumière

5 2.09 29 8

lieux

5 2.09 24 7

implacable

5 2.09 24 7

idées

5 2.09 24 7

genre

5 2.06 40 10

instant

5 2.06 40 10

dernier

5 2.05 51 12

endroit

5 2.04 35 9

semble

5 2.04 35 9

fruits

5 2.04 35 9

aventure

5 2.04 15 5

science

5 2.04 15 5

honte

5 2.04 15 5

devient

5 2.04 15 5

arrière

5 2.01 25 7

saisons

5 2.01 25 7

attend

5 2.01 20 6

mètres

5 2.01 20 6

avenir

5 2.00 69 15

intérieur

237

Page 238: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

6.12 Annexe 12 : Contextes du vocable école

238

Page 239: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

239

Page 240: Etude lexicologique et pragmatique de l'oeuvre … · langue française et non de l’arabe, parce qu’ils étaient édités en France ou parce qu’ils recevaient des prix étrangers

240

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Table des matières

1 INTRODUCTION................................................................................................ 5

1.1 LITTERATURE MAGHREBINE D’ « ECRITURE »/ D’« EXPRESSION » FRANÇAISE 6

1.2 L’ŒUVRE LITTERAIRE DE DJAOUT................................................................. 13

1.3 PROBLEMATIQUE........................................................................................... 17

1.4 LE CORPUS .................................................................................................... 19

1.4.1 Préparation des données textuelles.......................................................... 20

1.4.2 L’analyse lexicométrique ......................................................................... 22

1.4.2.1 La fonction contexte .......................................................................... 24

1.4.2.2 La fonction concordance ................................................................... 25

1.5 PLAN DE TRAVAIL ......................................................................................... 27

2 PREMIERE PARTIE : ETUDE DU LEXIQUE DE DJAOUT..................... 29

2.1 CHAPITRE I : ANALYSE STATISTIQUE DU CORPUS .......................................... 30

2.1.1 La manipulation informatique.................................................................. 32

2.1.2 L’exploration du corpus ........................................................................... 35

2.2 CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU LEXIQUE................................................ 37

2.2.1 La richesse lexicale .................................................................................. 38

2.2.2 L’évolution du vocabulaire ...................................................................... 40

2.2.3 La distribution des hapax......................................................................... 45

2.2.4 Les ensembles de fréquences.................................................................... 48

2.3 CHAPITRE III : LE CONTENU LEXICAL ............................................................ 50

2.3.1 La connexion lexicale ou distance lexicale .............................................. 53

2.3.2 Analyse factorielle de la connexion lexicale ............................................ 61

2.4 CHAPITRE IV : LES SPECIFICITES LEXICALES DU CORPUS .............................. 64

2.4.1 Le vocabulaire excédentaire .................................................................... 65

241

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2.4.2 Le vocabulaire en déficit .......................................................................... 66

2.4.3 Quelques spécificités lexicales djaoutiennes............................................ 67

2.4.3.1 Les emprunts lexicaux....................................................................... 68

2.4.3.2 Les xénismes ..................................................................................... 73

2.4.3.3 Les noms propres............................................................................... 80

2.4.3.3.1 Qu’est-ce qu’un nom propre ?.................................................... 80

2.4.3.3.2 Le nom propre en linguistique.................................................... 80

2.4.3.3.3 Analyse statistique...................................................................... 85

2.4.3.3.4 Analyse onomastique.................................................................. 87

2.4.3.3.5 Typologie des noms propres de personnes................................. 94

2.4.3.3.5.1 Les noms théophores ........................................................... 94

2.4.3.3.5.2 Les noms de prophètes ........................................................ 95

2.4.3.3.5.3 Les hagionymes ................................................................... 96

2.4.3.3.5.4 Les noms propres relatifs aux croyances............................. 97

2.4.3.3.5.5 Les sobriquets...................................................................... 97

2.4.3.3.5.6 Les noms filiatifs ................................................................. 98

2.4.3.3.6 Le nom propre en interaction ..................................................... 99

2.4.3.3.6.1 Le nom propre comme élément d’une stratégie discursive100

2.4.3.3.6.2 Le nom propre comme inscription historique et géographique

101

2.4.3.3.6.3 Du nom propre à l’enfance ................................................ 103

2.4.3.4 Les néologismes .............................................................................. 104

2.4.3.4.1 Relevé statistique...................................................................... 105

2.4.3.4.2 Néologisme et implicite............................................................ 106

2.5 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................. 108

242

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3 DEUXIEME PARTIE : APPROCHE THEMATIQUE............................... 113

3.1 CHAPITRE I : LES TEXTES ET LEURS SPECIFICITES LEXICALES...................... 117

3.1.1 L’Exproprié ............................................................................................ 118

3.1.2 Les Chercheurs d’Os.............................................................................. 121

3.1.3 L’Invention du Désert............................................................................. 126

3.1.4 Les Vigiles .............................................................................................. 128

3.1.5 Le Dernier Été de la Raison................................................................... 131

3.2 CHAPITRE II : LES THEMES DOMINANTS DANS LE CORPUS........................... 134

3.2.1 Migrations .............................................................................................. 136

3.2.2 Un devoir de mémoire ............................................................................ 138

3.2.3 La terre ancestrale ................................................................................. 142

3.2.4 Enfance et territoire maternel ................................................................ 147

3.2.4.1 Enfance et village ............................................................................ 149

3.2.4.2 Le territoire maternel....................................................................... 152

3.2.5 L’engagement ......................................................................................... 154

3.2.5.1 Combat pour la femme .................................................................... 154

3.2.5.2 Combat pour l’école ........................................................................ 159

3.3 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................. 164

4 CONCLUSION GENERALE ......................................................................... 165

5 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES....................................................... 169

6 ANNEXES......................................................................................................... 179

6.1 ANNEXE 1 : FREQUENCES SUPERIEURES A 1000 .......................................... 179

6.2 ANNEXE 2 : FREQUENCES SUPERIEURES A 100 ............................................ 180

6.3 ANNEXE 3 : LE VOCABULAIRE EN EXCEDENT .............................................. 182

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6.4 ANNEXE 4 : VOCABULAIRE DEFICITAIRE ..................................................... 187

6.5 ANNEXE 5 : LES NOMS PROPRES .................................................................. 191

6.6 ANNEXE 6 : LES NEOLOGISMES ................................................................... 197

6.7 ANNEXE 7 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS L’EXPROPRIE... 200

6.8 ANNEXE 8 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LES CHERCHEURS

D’OS 205

6.9 ANNEXE 9 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS L’INVENTION DU

DESERT 216

6.10 ANNEXE 10 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LES VIGILES ... 222

6.11 ANNEXE 11 : LISTE DU VOCABULAIRE EXCEDENTAIRE DANS LE DERNIER ÉTE

DE LA RAISON 229

6.12 ANNEXE 12 : CONTEXTES DU VOCABLE ECOLE............................................ 238

244

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Table des illustrations

I. Les figures

FIGURE 1: LA FONCTION CONTEXTE ....................................................................................... 25

FIGURE 2: LA FONCTION CONCORDANCE ................................................................................. 26

FIGURE 3 : LES DIFFERENTES FONCTIONS DU LOGICIEL..................................................... 27

FIGURE 4: LA RICHESSE LEXICALE ....................................................................................... 39

FIGURE 5 : L’ACCROISSEMENT CHRONOLOGIQUE ................................................................... 42

FIGURE 6: L’ACCROISSEMENT INVERSE DU VOCABULAIRE .................................................... 45

FIGURE 7 : DISTRIBUTION DES HAPAX................................................................................. 47

FIGURE 8 : L’EXPROPRIE..................................................................................................... 56

FIGURE 9 : LES CHERCHEURS D’OS ..................................................................................... 57

FIGURE 10 : L’INVENTION DU DESERT............................................................................... 58

FIGURE 11 : LES VIGILES................................................................................................... 59

FIGURE 12 : LE DERNIER ÉTE DE LA RAISON ................................................................... 60

FIGURE 13 : ANALYSE FACTORIELLE .................................................................................... 62

FIGURE 14 : ANALYSE FACTORIELLE ARBOREE..................................................................... 63

FIGURE 15 : CONTEXTE D’UN NOM PROPRE ........................................................................ 104

FIGURE 16 : L’ANALYSE FACTORIELLE DES PRONOMS ....................................................... 119

FIGURE 17 : LA DISTRIBUTION DES VOCABLES VILLAGE ET VILLE................................. 121

FIGURE 18 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VIEILLARDS .......................... 123

FIGURE 19 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE JEUNES .................................. 123

FIGURE 20 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE JEUNESSE .............................. 124

FIGURE 21 : DISTRIBUTION DES VOCABLES VIEILLARDS ET JEUNES............................... 124

FIGURE 22 : DISTRIBUTION DU VOCABLE GUERRE ............................................................. 125

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FIGURE 23 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE MIGRATION ............................ 127

FIGURE 24 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MIGRATION ET ENFANCE............................... 128

FIGURE 25 : DISTRIBUTION DES PRONOMS JE ET IL ....................................................... 130

FIGURE 26 : ANALYSE FACTORIELLE DE L’ESPACE........................................................... 131

FIGURE 27 : DISTRIBUTION DU VOCABLE REGARD ............................................................. 133

FIGURE 28 : DISTRIBUTION DU VOCABLE ESPOIR ............................................................. 133

FIGURE 29 : DISTRIBUTION DU TERME MOUVEMENT ........................................................... 137

FIGURE 30 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MOUVEMENT ET OISEAU................................. 138

FIGURE 31 : DISTRIBUTION DU TERME MEMOIRE ............................................................... 142

FIGURE 32 : DISTRIBUTION DES VOCABLES MEMOIRE ET OUBLI ...................................... 142

FIGURE 33 : DISTRIBUTION DES TERMES HISTOIRE ET TERRE ........................................ 143

FIGURE 34 : DISTRIBUTION DES TERMES TERRE ET GUERRE ............................................ 144

FIGURE 35 : DISTRIBUTION DU TERME ERRANCE ............................................................... 145

FIGURE 36 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ERRANCE ................................ 146

FIGURE 37 : ANALYSE FACTORIELLE : ENFANCE, HISTOIRE, IDENTITE, TERRE ET

ERRANCE........................................................................................................................... 146

FIGURE 38 : ANALYSE FACTORIELLE : ENFANT, ENFANTS, ENFANCE ET ENFANCES ...... 148

FIGURE 39 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VILLE .................................... 151

FIGURE 40 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE VILLAGE ................................ 152

FIGURE 41 : DISTRIBUTION DU VOCABLE MERE ................................................................. 153

FIGURE 42 : DISTRIBUTION DU VOCABLE FEMME ............................................................... 155

FIGURE 43 : DISTRIBUTION DU VOCABLE HOMME ............................................................... 155

FIGURE 44 : DISTRIBUTION DES VOCABLES HOMME ET FEMME .......................................... 156

FIGURE 45 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 157

FIGURE 46 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 157

246

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247

FIGURE 47 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE FEMME .................................... 158

FIGURE 48 : DISTRIBUTION DU VOCABLE ECOLE ............................................................... 160

FIGURE 49 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ECOLE .................................... 163

FIGURE 50 : L’ENVIRONNEMENT THEMATIQUE DU VOCABLE ECOLE (SUITE).................... 163

II. Les tableaux

TABLEAU 1 : LES EFFECTIFS ................................................................................................ 35

TABLEAU 2: LA RICHESSE LEXICALE ..................................................................................... 38

TABLEAU 3: L’EVOLUTION DU VOCABULAIRE ......................................................................... 41

TABLEAU 4: L’ACCROISSEMENT LEXICAL : ORDRE INVERSE ............................................... 44

TABLEAU 5: LES HAPAX .......................................................................................................... 46

TABLEAU 6 : DISTANCE GLOBALE DES TEXTES DEUX A DEUX .............................................. 53

TABLEAU 7 : EFFECTIF DES FORMES COMMUNES ................................................................... 54

TABLEAU 8 : LES FORMES PRIVATIVES................................................................................. 54

TABLEAU 9 : INDICE D’INDEPENDANCE ................................................................................ 55

TABLEAU 10 : LES EMPRUNTS LEXICAUX .............................................................................. 70

TABLEAU 11 : LES XENISMES ............................................................................................... 74

TABLEAU 12 : LES NOMS DE PERSONNES .............................................................................. 87

TABLEAU 13 : LES TITRES HONORIFIQUES .......................................................................... 98

TABLEAU 14 : RELEVE STATISTIQUE DES TERMES ENFANT, ENFANTS, ENFANCE ET

ENFANCES......................................................................................................................... 147