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Etude paramétrique du dessalement de l’eau de mer par congélation sur parois froides. Youssef MANDRI 1 , Anouar RICH 1 , Denis MANGIN 1* , Claudia COGNE 1 , Alain RIVOIRE 2 , Tijani BOUNAHMIDI 3 , Ahmed BOUHAOUSS 4 1 Laboratoire d’Automatique et de Génie des Procédés (LAGEP - UMR CNRS 5007), Université Claude Bernard Lyon 1, Université de Lyon, 69622 Villeurbanne 2 CPE Lyon, 43 boulevard du 11 Novembre 1918, 69622 Villeurbanne 3 Laboratoire d’Analyse et de Synthèse des Procédés Industriels, Ecole Mohammadia d’Ingénieurs (EMI), Université Mohammed V-Agdal, Rabat, Maroc 4 Laboratoire de Chimie Physique Générale I des Matériaux, Nanomatériaux et Environnement, Faculté des Sciences, Université Mohammed V-Agdal, Rabat - Maroc * (auteur correspondant : [email protected]) Résumé - Un procédé innovant de dessalement par congélation a été développé pour remédier aux inconvénients des technologies couramment utilisées telles que l’osmose inverse ou la distillation. Le montage expérimental mis au point se compose d’un doigt de gant plongé dans une cuve double enveloppée contenant l’eau à traiter. Le procédé complet de dessalement est conduit en deux étapes : l’étape de congélation produisant un dépôt de glace sur le doigt de gant et l’étape de ressuage, effectuée après vidange de la saumure, qui consiste à purifier en profondeur la glace en opérant une fusion des zones impures. La congélation a été effectuée dans une solution stagnante ou dans une solution agitée par injection d’air. L’étude systématique de l’influence des paramètres opératoires a mis en évidence les rôles importants de vitesse de croissance de la glace et de la salinité de la solution initiale sur la pureté de la glace produite. Dans le cas dynamique, la solution semble être à chaque instant en équilibre avec la glace. Une même salinité finale de la glace peut être obtenue avec des rampes de refroidissement beaucoup plus rapides qu’en statique. Quelles que soient les performances de la congélation, le ressuage est ensuite indispensable pour atteindre la norme de potabilité. Enfin, l’évaluation économique du procédé complet de dessalement, basées sur des points de fonctionnement expérimentaux, indique que la consommation énergétique d’une petite installation pourrait être très faible en utilisant une machine frigorifique idéale fonctionnant entre l’unité de ressuage et l’unité de congélation. Nomenclature (11 points, 2 colonnes) C I salinité de la solution initiale, g.kg -1 C 1 gl salinité de la glace avant égouttage prolongé ou avant ressuage, g.kg -1 C 2 gl salinité de la glace après égouttage prolongé ou après ressuage, g.kg -1 T I température initiale du premier bain alimentant le tube, °C T F température finale du premier bain alimentant le tube, °C T re température du ressuage, °C V CR vitesse de croissance de la glace, mm.h 1 V r vitesse de refroidissement, °C.mm -1 Δt durée de la rampe de refroidissement du premier bain, h Δt cris durée de la cristallisation, h Δt re durée du ressuage, h 1. Introduction La technologie de dessalement par congélation a été proposée comme alternative de la distillation et de l’osmose inverse pour le dessalement à plusieurs reprises [1-4]. Le procédé de dessalement par congélation présente certains avantages. L’osmose inverse utilise en effet

Etude Paramétrique Du Dessalement de l'Eau de Mer Par Congélation

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Etude Paramétrique Du Dessalement de l'Eau de Mer Par Congélation

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  • Etude paramtrique du dessalement de leau de mer par conglation sur parois froides.

    Youssef MANDRI1, Anouar RICH

    1, Denis MANGIN

    1*, Claudia COGNE

    1, Alain

    RIVOIRE2, Tijani BOUNAHMIDI

    3, Ahmed BOUHAOUSS

    4

    1Laboratoire dAutomatique et de Gnie des Procds (LAGEP - UMR CNRS 5007), Universit Claude Bernard Lyon 1, Universit de Lyon, 69622 Villeurbanne

    2CPE Lyon, 43 boulevard du 11 Novembre 1918, 69622 Villeurbanne

    3Laboratoire dAnalyse et de Synthse des Procds Industriels, Ecole Mohammadia dIngnieurs (EMI), Universit Mohammed V-Agdal, Rabat, Maroc

    4Laboratoire de Chimie Physique Gnrale I des Matriaux, Nanomatriaux et Environnement, Facult

    des Sciences, Universit Mohammed V-Agdal, Rabat - Maroc

    *(auteur correspondant : [email protected])

    Rsum - Un procd innovant de dessalement par conglation a t dvelopp pour remdier aux

    inconvnients des technologies couramment utilises telles que losmose inverse ou la distillation. Le montage exprimental mis au point se compose dun doigt de gant plong dans une cuve double enveloppe contenant leau traiter. Le procd complet de dessalement est conduit en deux tapes : ltape de conglation produisant un dpt de glace sur le doigt de gant et ltape de ressuage, effectue aprs vidange de la saumure, qui consiste purifier en profondeur la glace en oprant une

    fusion des zones impures. La conglation a t effectue dans une solution stagnante ou dans une

    solution agite par injection dair. Ltude systmatique de linfluence des paramtres opratoires a mis en vidence les rles importants de vitesse de croissance de la glace et de la salinit de la solution

    initiale sur la puret de la glace produite. Dans le cas dynamique, la solution semble tre chaque

    instant en quilibre avec la glace. Une mme salinit finale de la glace peut tre obtenue avec des

    rampes de refroidissement beaucoup plus rapides quen statique. Quelles que soient les performances de la conglation, le ressuage est ensuite indispensable pour atteindre la norme de potabilit. Enfin,

    lvaluation conomique du procd complet de dessalement, bases sur des points de fonctionnement exprimentaux, indique que la consommation nergtique dune petite installation pourrait tre trs faible en utilisant une machine frigorifique idale fonctionnant entre lunit de ressuage et lunit de conglation.

    Nomenclature (11 points, 2 colonnes)

    CI

    salinit de la solution initiale, g.kg-1

    C1

    gl salinit de la glace avant gouttage

    prolong ou avant ressuage, g.kg-1

    C2

    gl salinit de la glace aprs gouttage

    prolong ou aprs ressuage, g.kg-1

    TI temprature initiale du premier bain

    alimentant le tube, C

    TF temprature finale du premier bain

    alimentant le tube, C

    Tre temprature du ressuage, C

    VCR vitesse de croissance de la glace,

    mm.h1

    Vr vitesse de refroidissement, C.mm-1

    t dure de la rampe de refroidissement du premier bain, h

    tcris dure de la cristallisation, h tre dure du ressuage, h

    1. Introduction

    La technologie de dessalement par conglation a t propose comme alternative de la

    distillation et de losmose inverse pour le dessalement plusieurs reprises [1-4]. Le procd de dessalement par conglation prsente certains avantages. Losmose inverse utilise en effet

  • des membranes onreuses et trs sensibles au problme de colmatage, qui exigent un

    prtraitement pouss de leau de mer et une maintenance importante. Le prtraitement requis par la technologie de conglation est beaucoup moins contraignant et la maintenance de

    lensemble du procd est simple. Le procd par conglation pose galement moins de problmes de corrosion et dentartrage que la distillation, compte tenu des niveaux bas des tempratures de travail. On distingue deux types de procds par conglation, cette dernire

    pouvant tre directe ou indirecte. Le principe de la conglation directe repose sur la

    formation de cristaux de glace par contact direct entre un rfrigrant et leau de mer. Ce rfrigrant peut tre leau de mer elle-mme : la chaleur est soustraite la saumure par une vaporation flash sous pression rduite. Ce procd est appel VFVC (Vacuum Freezing

    Vapour Compression) dans la littrature anglo-saxonne. La conglation directe peut

    galement tre assure par un rfrigrant secondaire: le refroidissement est obtenu par la

    dtente dun gaz comprim et froid inject directement dans la saumure. Le procd est alors appel SRF (Secondary Refrigerant Freeze). Dans le cas de la conglation indirecte, le

    refroidissement est assur par un changeur de chaleur et une couche de glace est dpose sur

    les parois froides de lchangeur. Cette couche peut tre racle, pour donner une suspension. Les cristaux sont ensuite spars de la saumure au moyen dune colonne spciale. La couche peut galement tre conserve sur la paroi froide. La sparation sobtient alors par simple vidange de la saumure.

    Quelques petites units de dessalement par conglation ont t dveloppes au cours des

    quarante dernires annes, mais la technologie na jamais t utilise commercialement pour produire de leau potable. Les units pilote de Wrightsville beach en Caroline du Nord (USA) et dEilat (Israel) utilisaient la technologie VFVC ; une unit construite en Floride (USA) tait base sur le procd SRF [5]; lusine pilote de Yanbu (Arabie Saoudite) utilisait la technologie de conglation indirecte [6].

    Nous avons choisi de travailler par conglation indirecte avec formation et conservation de

    la couche de glace sur une paroi froide. Le procd sapparente la cristallisation en milieu fondu [7-8]. Lopration se droule en deux tapes: ltape de conglation produisant un dpt de glace sur le tube initialement ensemenc et ltape de ressuage, effectue aprs vidange de la saumure, qui consiste purifier en profondeur la glace en oprant une fusion

    des zones impures. Nous verrons que le procd require une conduite trs prcise et un

    ressuage efficace pour produire de leau potable.

    2. Dispositif exprimental

    La figure 1 prsente le montage exprimental. Il se compose dun tube en acier inoxydable (1) immerg lintrieur dun cristallisoir double envelopp en verre (2). Une camra quipe dun vido zoom permet de filmer la couche de glace et fournit ainsi la cintique de croissance de la couche. Les images de la croissance de la glace sont enregistres en continu

    toutes les deux minutes et sont analyses laide du logiciel Digimizer. Deux bains thermostats sont utiliss pour ajuster la temprature des fluides frigoporteurs circulant

    respectivement dans le tube et dans la double enveloppe de la cuve. Les tempratures au

    niveau des points principaux du dispositif sont mesures et enregistres en continu laide dun systme dacquisition de donnes (Compact Field-Point avec logiciel LabVIEW de National Instrument). Aprs talonnage, une prcision de 0,05C est obtenue sur la mesure

    des tempratures dans le domaine [-10C ; 5C]. Les essais en dynamique sont mens en

    injectant un flux d'air travers une spirale en polythylne, place en bas de la cuve dans

    l'espace annulaire. Le tuyau de 5 mm de diamtre extrieur est perc de 4 trous de 0,5 mm.

    Avant son entre dans la cuve, l'air est refroidi travers un serpentin plong dans un bain

    thermostat.

  • Des solutions synthtiques eau - NaCl de diffrentes concentrations sont prpares et

    introduites dans la cuve en verre puis refroidies jusqu' la temprature initiale. La masse

    introduite est de 300g pour le mode statique et de 280g pour le mode dynamique.

    Figure 1 : Schma du pilote de dessalement par conglation

    Lensemencement de la surface du tube cylindrique par une fine couche de glace est ncessaire pour que la croissance dmarre ds le dbut de la rampe de refroidissement. La

    couche d'ensemencement a une masse denviron 3g. On rgle ensuite la temprature du tube cylindrique la temprature d'quilibre de la solution puis on l'introduit dans la cuve. On

    lance alors la rampe de refroidissement. Pour le mode dynamique, le circuit d'air est ouvert

    avant le remplissage de la cuve par la solution initiale.

    Lorsque la temprature finale est atteinte, l'tape de conglation est acheve et la solution

    concentre en sel est vacue par la vanne de fond. Le tube est rapidement amen la

    temprature de ressuage Tre qui est maintenue constante pendant toute la dure de ltape de ressuage. La temprature choisie entrane une fusion partielle de la couche, permettant de

    purifier les zones impures. Finalement, la couche de glace restante est fondue. Les solutions

    issues de la cristallisation, du ressuage et de la fusion sont analyses par extrait sec partir

    dchantillons d'environ 1ml placs dans une tuve pendant 12h 90C. Les paramtres de conduite de ltape de conglation sont donc : les tempratures initiales

    et finales dans les bains thermostats 1 et 2 qui alimentent respectivement le tube et la double

    enveloppe de la cuve, le temps de refroidissement (t), la salinit initiale de leau (Ci). Les paramtres opratoires de ltape de ressuage sont : la temprature de ressuage (Tre) applique dans le doigt de gant et dans la double enveloppe de la cuve vide et le temps de ressuage

    (tre).

    3. Rsultats exprimentaux

    3.1. Mode statique

    3.1.1 La conglation

    Ltape de conglation conduite en mode statique est principalement influence par trois paramtres : la concentration initiale de la solution, la vitesse de croissance, et le gradient

    thermique appliqu ventuellement entre le doigt de gant et la double enveloppe de la cuve

    [9].

  • La Figure 1 montre l'effet de la concentration initiale sur la puret de la couche de glace

    pour des essais conduits en l'absence de gradient thermique, en appliquant des rampes de

    refroidissement identiques dans le tube et dans la double enveloppe de la cuve. Toutes les

    conglations ont t effectues avec des vitesses de croissance moyennes voisines

    (correspondant environ 40g de glace cristallise en 20 heures, soit VCR0,12mm/h). Aprs la cristallisation et la vidange de la saumure, on a poursuivi lgouttage pendant une heure, en fixant la double enveloppe la temprature de 5C. Cela permettait aussi de refondre la

    surface de la glace contamine par la solution. Les salinits reportes sur la Figure 1 sont les

    salinits finales obtenues.

    0

    2

    4

    6

    8

    10

    12

    14

    16

    18

    20

    0 10 20 30 40 50 60 70

    Concentration initiale (g/kg)

    Co

    nc

    en

    tra

    tio

    n f

    ina

    le (

    g/k

    g)

    Figure 1. Effet de la concentration initiale de la solution sur la puret de la glace (VCR0,12mm/h).

    La Figure 1 montre galement que les salinits de la glace sont globalement leves pour la

    vitesse de croissance trs faible choisie. Ces valeurs leves sont probablement dues laspect dendritique de la couche qui favorise le pigeage de la solution mre. Des essais antrieurs,

    galement effectus en mode statique, mais en imposant un gradient thermique entre la double

    enveloppe et le doigt de gant, donnaient une glace plus lisse et moins sale [9].

    3.1.2. Le ressuage

    Lobjectif de cette partie est dtudier linfluence de ltape du ressuage sur la salinit de la glace. Le ressuage a t tudi pour trois couches de glace de salinits initiales avant ressuage

    (C1

    gl) diffrentes comprises entre 5,33 g.kg-1

    et 14,68 g.kg-1

    . Ces couches, denviron 100g, ont t obtenues en modifiant le temps et la vitesse de refroidissement lors de la conglation tout

    en appliquant un gradient thermique initial T de 2C (la temprature de la double enveloppe de la cuve est maintenue constante pour ces essais).

    Pour chaque exprience de ressuage, une nouvelle couche initiale de glace est forme en

    appliquant les conditions opratoires adquates. La figure 2 compare la concentration de la

    glace avant et aprs ressuage pour deux tempratures (Tre = -0,8C et Tre = 0C) et deux

    dures (tre = 2h et tre = 8h) de ressuage. A 0C, et pour une concentration initiale de la glace de 14,68 g.kg

    -1, le ressuage sest avr impossible durant 8 h, car la glace se dtachait du doigt de gant. Globalement, le ressuage

    amliore de faon importante la puret, et plus la glace est pure au dpart, meilleure est sa

    puret finale. A 0C et pour une dure de 8h, la concentration initiale ne semble plus avoir

    deffet ; il semble quon atteigne un seuil. Toutefois, dans ces conditions, la salinit de la glace aprs ressuage est systmatiquement nettement infrieure aux normes de l'eau potable

    qui correspondent une salinit denviron 0,5 g.kg-1.

  • 00,5

    1

    1,5

    2

    2,5

    3

    3,5

    4

    4,5

    5

    0 2 4 6 8 10 12 14 16

    Concentration de la glace avant ressuage (g/Kg)

    Co

    ncen

    trati

    on

    de l

    a g

    lace

    ap

    rs r

    essu

    ag

    e (

    g/K

    g)

    Tre=-0.8C; tre=2h

    Tre=0C; tre=2h

    Tre=0C; tre=8h

    Figure 2. Effet des paramtres de ressuage sur la puret de glace.

    Le ressuage saccompagne bien videmment dune perte de masse, qui peut devenir importante si lcart entre la puret initiale et finale de la glace est grand. Cette perte de masse est prjudiciable en termes de consommation dnergie. On rduira cette perte de masse en amliorant la puret initiale de la glace et donc en augmentant la dure de ltape de cristallisation. Un compromis entre la dure totale du procd et le rendement doit donc tre

    trouv.

    3.2. Mode dynamique

    La Figure 3 montre lvolution de la salinit des couches de glace obtenues en mode dynamique en fonction de la vitesse de croissance, pour des salinits de la solution initiale

    gale 35g.kg-1

    . Pour pouvoir comparer avec le mode statique, nous avons prsent sur la

    mme figure les rsultats obtenus en mode statique (glaces initiales utilises pour ltude du ressuage). On constate alors que lefficacit de la sparation est meilleure pour le mode dynamique.

    Figure 3. Comparaison des salinits des glaces obtenues en modes statique (T=2C) et dynamique (pas de gradient thermique impos), C0 = 35 g.kg

    -1.

    Globalement, par comparaison avec l'tude de la conglation en statique, on constate que

    l'agitation permet de travailler avec des vitesses de croissance plus leves et sans imposer de

    gradient thermique entre la double enveloppe et le doigt de gant. En dynamique, le sel rejet

    linterface glace/solution est transport par l'agitation. La concentration l'interface et par suite la concentration des poches de solution incorpores dans la couche de glace sont alors

  • moins marques. La couche de glace forme en dynamique est galement lisse. Lagitation par le bullage semble ainsi permettre de rduire les incorporations de solution en assurant une

    croissance plus harmonieuse de la couche.

    4. Bilan dnergie

    Dans cette partie, nous effectuons un bilan sur la consommation nergtique dune unit de dessalement en mode statique et en mode agit, partir de points de fonctionnement

    exprimentaux. La figure 4 prsente le schma du procd. Leau de mer est refroidie par lchange de chaleur avec leau de mer concentre et leau potable produite. Le liquide de ressuage est recycl dans lalimentation. Leau de mer charge dans le rservoir ainsi que les tubes sont ensuite refroidis jusqu la temprature dquilibre, grce une premire machine frigorifique. Leau de mer est pompe enfin vers un changeur de chaleur constitu de tubes verticaux pour raliser les tapes de cristallisation, de ressuage et de fusion.

    Figure 4 : Schma du procd de dessalement

    par conglation sur parois froides.

    Figure 5 : Cycle de rfrigration alimentant

    deux units de dessalement par conglation

    pendant la cristallisation, le ressuage et la

    fusion.

    Les tubes du cristallisoir sont connects une seconde machine thermique qui permet le

    refroidissement des tubes durant la cristallisation, et le chauffage durant les tapes de

    ressuage et de fusion. Dans le procd global, deux cristallisoirs sont donc intgrs dans le

    cycle de rfrigration de la pompe chaleur (figure 5). Pendant que le premier cristallisoir

    opre en mode de cristallisation comme vaporateur, lautre cristallisoir opre en mode de ressuage ou de fusion comme condenseur. Lvaporateur de la pompe chaleur absorbe la chaleur de cristallisation pendant la cristallisation et le condenseur fourni la chaleur ncessaire

    pour le ressuage ou la fusion.

    Le bilan dnergie dune unit de dessalement est donn dans ce qui suit (Tableau 1), en se basant sur les rsultats exprimentaux qui donnent le rendement de la conglation et du

    ressuage pour les deux modes statique et agit. Ainsi, la capacit de production deau douce de linstallation est denviron 19 m3 par cycle de 23 heures en mode statique et denviron 26,5 m

    3 par cycle de 17 heures en mode agit. On a suppos un cristallisoir de gomtrie carre

    contenant 150 x 150 tubes de 2cm de diamtre chacun, et spars dune distance de 2 cm.

  • Tableau 1 : bilan dnergie dune unit de dessalement en mode statique et en mode agit.

    Mode statique Mode agit

    Pr-refroidissement de la solution 700 kWh 709 kWh

    Refroidissement des tubes en polypropylne

    de 0C -2C 7 kWh 7 kWh

    Quantit de chaleur totale vacuer durant

    ltape de conglation 4103 kWh 4137 kWh

    Quantit de chaleur fournir pour le ressuage 2347 kWh 1681 kWh

    Quantit de chaleur fournir pour la fusion 1757 kWh 2456 kWh

    Energie consomme par les 2 machines

    frigorifiques 149 kWh 150 kWh

    Consommation des pompes P1 P5 (figure 4) 7,4 kWh 7,3 kWh

    Consommation du ventilateur pour le

    recyclage de lair utilis pour lagitation - 40 kWh

    Consommation nergtique (machines

    frigorifiques + pompes + ventilateur) par

    m3 deau douce produite

    8,3 kWh.m-3

    24 kWh.m-3

    Lnergie consomme par les machines frigorifiques est la somme de 3 termes, relatifs respectivement au refroidissement des tubes, au pr-refroidissement de la solution

    dalimentation et aux frigories ncessaire la conglation en tenant compte du coefficient de performance (COP). Ce coefficient dpend fortement de la diffrence de temprature entre le

    condenseur et lvaporateur. La machine thermique utilise pour le refroidissement de la solution et des tubes est suppose fonctionner entre -6 et 20C (le condenseur est la

    temprature de leau de mer). Dans ces conditions, le coefficient de performance est estim 14.

    Si lon considre que la machine thermique utilise pour la cristallisation et le ressuage/fusion de la couche opre entre -6 et 0C, (-6C tant la temprature de

    fonctionnement de lvaporateur et 0C est celle du condenseur), le COP est estim 59. Ce COP est trs lev grce la faible diffrence de temprature entre lvaporateur et le condenseur. Les pincements dans les changeurs sont trs faibles, car la conglation est trs

    lente.

    Du point de vue de la consommation nergtique, la conglation en mode statique se

    positionne entre losmose inverse, moins gourmande, et la distillation. Le dessalement de leau de mer par conglation peut toutefois devenir une technique particulirement intressante mettre en uvre lorsquon dispose de froid (couplage avec un appareil de climatisation, dstockage de gaz liqufi)[10].

    En mode dynamique, la consommation nergtique du systme daration est norme, compare aux deux autres postes nergtiques. Lavantage apport par le bullage sur la puret de la glace et la dure du procd est donc loin de compenser le surcot nergtique. Il est

    clair que pour dvelopper un tel procd, il est essentiel doptimiser cette agitation.

  • 5. Conclusion

    Dans ce travail, nous avons tudi la conglation comme mthode de dessalement de l'eau

    de mer. La matrise des conditions opratoires est essentielle pour obtenir une qualit et un

    rendement levs. Le mode statique est a priori intressant de par sa simplicit. L'agitation de

    la solution par les bulles d'air a permis daugmenter la vitesse de croissance et de diminuer la salinit finale de la glace. Cela a pour consquence la diminution du temps et l'amlioration

    du rendement.

    La consommation nergtique a t estime environ 8 kWh/m3 pour le mode statique et

    environ 24 kWh.m-3

    pour le mode agit. En mode agit, le bullage entrane une

    surconsommation leve, qui nest pas compense par lamlioration du rendement observe par rapport au mode statique. Le dveloppement de ce procd ncessite une poursuite des

    travaux engags en optimisant les conditions de fonctionnement en mode statique. Sa mise en

    uvre parait surtout intressante dans le cadre de revalorisation de frigories.

    Rfrences

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    Remerciements

    Ce travail est ralis dans le cadre de l'Action Intgre n MA/06/150, programme

    Volubilis, les auteurs tiennent remercier le Comit Mixte Franco-Marocain.