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Kheolia 44 rue René Boulanger 75010 PARIS [email protected] Tél : 01 43 42 21 26 27 allée du Roussillon 31770 COLOMIERS [email protected] Etude prospective : Quel jardin en 2020 ? Interviews menés auprès des faiseurs de tendance Mars 2010

Etude prospective : Quel jardin en 2020 · 2016-07-12 · légumes et mes fruits, j’ai plaisir à les récolter ». Les plantes ont une fonction dans le jardin de 2020 ; les fruits

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Kheolia 44 rue René Boulanger – 75010 PARIS

[email protected] Tél : 01 43 42 21 26

27 allée du Roussillon – 31770 COLOMIERS

[email protected]

Etude prospective : Quel jardin en 2020 ?

Interviews menés auprès des faiseurs de tendance

Mars 2010

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Estelle Faure, présidente de l’UNEP Midi-Pyrénées : « Un jardin libre et maîtrisé » Le jardin de 2020 est épuré et champêtre. C’est le retour à des choses simples, sans sophistication, avec utilisation de matériaux bruts, issus de récupération, de transformation. L’intérêt pour l’environnement va pousser à réutiliser des objets avec bon sens dans les créations. Le particulier est en recherche de simplicité et d’authenticité. L’image des jardins de nos grands parents, avec des objets bien réutilisés et bien aménagés qui en faisaient tout l’attrait est une tendance forte, c’est un type d’aménagement qui accentue le charme des petits espaces. On revient à des formes libres et naturelles, en laissant faire la nature, moins artificielles, sans trop d’interventionnisme. Même dans la création, on utilise des matériaux simples, comme le tressage de certaines plantes pour servir de supports à d’autres. Dans le jardin de 2020, on pratique peu voire pas de traitement : on introduit la vie et la biodiversité dans les petits espaces. Les professionnels anticipent déjà cette tendance en préconisant la réduction de l’usage des produits phytosanitaires. Des plantes disparues ou mal aimées réapparaissent, en laissant la part belle aux plantes qu’on avait tendance à éradiquer, comme les chardons ou les orties, à l’instar des coquelicots remis au goût du jour. On va également rechercher des plantes pour leurs vertus thérapeutiques. On assiste au retour des cucurbitacées, des pâtissons, une culture potagère et ouvrière pratiquée pour ses côtés plaisants et utiles. Il suffit de regarder le succès du site des légumes oubliés, développé à côté de Bordeaux. Les gens sont ravis de retrouver des légumes anciens, qu’on ne trouve pas sur les marchés. Les variétés sont simples, robustes, elles correspondent au graphisme, à l’esprit et à l’esthétique champêtre, ne demandent pas d’efforts pour l’entretien. Les périodes de « mode » de certaines espèces, comme celle des pins parasols ou des magnolias disparaissent. On choisit des plantes variées, plus petites. Les plantes exotiques ne sont pas rejetées, mais elles sont simples, comme les figuiers de barbarie. On prend le temps de voir grandir les plantes, dans des espaces libres mais maitrisés

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Une nouvelle répartition géographique des espèces végétales Les zones climatiques se déplaçant du sud vers le nord, les professionnels se préparent et anticipent ces phénomènes ; ils orientent les choix et observent bien les comportements des végétaux. Dans la création, la conception et la production, en tenant compte des changements climatiques et notamment des évolutions de la répartition en eau, on va chercher des espèces plus endurantes. Le concept de « jardin utile » On va observer dans les jardins la création d’espaces réservés à l’alimentaire : petits arbres fruitiers, légumes… même dans des espaces de dimension réduite : « Je produis mes légumes et mes fruits, j’ai plaisir à les récolter ». Les plantes ont une fonction dans le jardin de 2020 ; les fruits et légumes pour s’alimenter, les fleurs pour leurs couleurs, leurs arômes et leur rôle dans la chaine de biodiversité, le grand arbre pour son ombrage. On assiste à un vrai retour aux évidences et aux valeurs simples. Tant par recherche de goût, mais aussi par souci d’économie et de protection de l’environnement, il est probable que de plus en plus de gens possédant un espace, même réduit, exploitent eux-mêmes ce que la terre peut leur proposer. De l’art utile dans les jardins On intègre des objets de récupération dans nos jardins, mais aussi des matériaux dont on détourne l’usage. Par exemple, des troncs sculptés servent de support, deviennent des lampes ou des nichoirs. Dans le même esprit, je pense que les couleurs sont naturelles, chaudes, comme le vert anis ou le chocolat. C’est un retour au cocooning. Continuité entre intérieur et extérieur Le jardin est une pièce à vivre. Si c’est une terrasse, c’est un lieu qu’on exploite et qu’on utilise à part entière. De la même manière, l’extérieur entre dans les maisons, avec des zones « nature ». Il existe des interactions entre les zones de l’habitat. Les designers vont loin dans l’insertion de la nature dans la maison : des poteries réceptacles de plantes retombantes, des sphères suspendues avec des plantes à l’intérieur, dans un style 60’s remis au goût du jour. Le mobilier est plurifonctionnel : on voit de plus en plus des mobiliers qui conviennent tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, les matériaux utilisés résistent à des usages extérieurs. Le mobilier de jardin se sophistique et s’embellit, à tel point qu’il peut être utilisé aussi à l’intérieur. Cette tendance s’accentue, elle s’ancre dans nos modes de vie. On profite de plus en plus de l’extérieur.L’éclairage est aussi un élément ambivalent, utile et esthétique. Il devrait continuer à se développer. Le jardin, le balcon ou la terrasse sont des espaces bien conçus, bien fait, quelle que soit leur taille. D’ailleurs, le jardin de 2020 est plus réduit que celui d’aujourd’hui. Vers un âge d’or des bassins d’agrément

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Les espaces d’eau ont davantage vocation à rafraîchir qu’à proposer un support de baignade. La piscine nécessite de l’entretien et s’intègre mal dans le paysage : elle constitue aujourd’hui une contrainte. Il est probable qu’elle évolue, voire qu’elle cède du terrain aux bassins pour baignade, par filtration naturelle. Ces derniers fonctionnent mieux au nord de la Loire qu’au sud, du fait des températures. Un enjeu de 2020 est sans doute d’améliorer les techniques de filtration naturelle pour promouvoir ce type d’aménagement dans les jardins, même dans les petits espaces et à adapter selon les régions. Les petits bassins devraient changer d’allure, demander moins d’entretien et s’intégrer dans le paysage. Le retour des animaux dans les jardins J’imagine une orientation vers l’adoption d’animaux dans les jardins. Dans la recherche d’authenticité, le particulier intègre des poules et leurs abris, récolte les œufs. En fonction de la taille des jardins, on peut imaginer un mouton, une chèvre, un âne. L’animal de ferme redevient animal de compagnie, y compris dans les milieux urbains. C’est une tendance que l’on constate dans l’aménagement des espaces urbains par les collectivités. L’entretien du jardin, enjeu de 2020 : L’entretien du jardin se mesure au travers de son aménagement, au travers des matériaux qu’on va utiliser, des végétaux qu’on va y trouver. 2 axes se profilent, parfois contradictoires:

- Créer des espaces libres et champêtres, qui privilégient le naturel et allègent l’entretien. Les tailles seront douces, sans formatage.

- Développer des outils qui gèrent à la place de l’homme, comme les tondeuses

autonomes. La technologie fait son entrée dans les jardins. En complément de l’ultra technique, on met à disposition des particuliers des outils plus ergonomiques, moins lourds, qui occasionnent moins de nuisances sonores, utilisent moins d’énergie. L’énergie sera davantage solaire, hydraulique, électrique. Les avancées sont déjà sensibles dans le domaine professionnel.

Le jardin, reflet socio-économique de nos modes de vie En France, les jardins sont très fermés, bordées de haies et de clôtures. La conjoncture économique actuelle renforce la tendance au repli sur soi, avec un décalage entre les discours prônant ouverture et solidarité et des attitudes plutôt individualistes. En 2020, on devrait voir cohabiter deux tendances :

- L’aménagement de son jardin, de son balcon, de sa terrasse comme une bulle, une sphère privée, un espace où l’on cultive ses racines et son besoin de retour aux sources ;

- La mutualisation de certains espaces, par exemple pour créer des potagers, en périphérie des villes et le développement des jardins familiaux.

Il faut également tenir compte de l’influence de l’aménagement des espaces publics qui sont de nature à créer du lien social.

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A l’heure actuelle, le nombre de projets d’aménagement est en nette diminution. On dépense peu pour son jardin. Une fois cette conjoncture de crise passée, le jardinier amateur organisera des phases de travaux et des priorités dans ses aménagements. Il réalisera lui-même les aménagements les plus plaisants. Le « coaching » a été tenté il y a quelques années, sans succès. En 2020, le jardinier amateur devrait être plus réceptif à ce type d’offres. Dans tous les cas, la terre reprend sa valeur. 2020 : âge mûr de l’écologie, vers une réflexion plus raisonnée L’information est complexe, parfois paradoxale, sur les « bons gestes » et les « bons usages », dans une recherche de protection de l’environnement auquel on se montre de plus en plus sensible. Si les réflexions sont encore balbutiantes, les particuliers commencent à se poser des questions sur la production de leur propre énergie. Par exemple, l’offre de réservoir d’eau, de filtration et de purification devrait s’accentuer. Les messages devraient se clarifier et la tendance vers l’attitude écologique va se renforcer, sans les excès que l’on connaît aujourd’hui. On est encore dans l’apparence, « être écolo » est une attitude valorisante. En 2020, cette attitude sera devenue un mode de vie, les concepts seront acquis et intégrés. On demandera à justifier l’origine des produits, leur composition. Les références au bilan carbone, à la déforestation, aux conséquences de l’usage des produits seront naturelles. Le décloisonnement des filières Aujourd’hui, les acteurs des domaines de la conception, de la production et de la réalisation mènent des travaux communs au service des collectivités. Les liens se renforcent, on mutualise les connaissances. Ce modèle est transposable aux métiers plus dédiés aux particuliers, qui sont en demande d’informations. Sans confondre toutes les filières, on crée des passerelles qui influencent les choix et les tendances. Dans ce domaine, les plateformes d’expérimentation, comme « plante & cité », permettent d’orienter les tendances. Dans la perspective de contribuer à la protection de l’environnement, on rend l’offre plus cohérente et plus harmonieuse sur l’ensemble des filières, au niveau des produits, des mobiliers, des plantes, les modes d’alimentation et de traitement.

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Jean-Yves Puyo, architecte DPLG, urbaniste OPQU, vice-président de l’association des professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées : « Le jardin, lieu de créativité, d’écologie et de lien social » Le retour de la nature en ville Le rapport à la terre est différent selon qu’on évoque le jardin ou les balcons et terrasses. Dans l’univers des balcons et des terrasses, on est aujourd’hui dans des décors, avec des plantations réalisées hors sol, en pot, « sous intraveineuse », et une utilisation excessive d’eau. Du fait du réchauffement climatique, les approches vont évoluer : on va notamment davantage planter en pleine terre en faisant grimper des végétaux à partir des jardins de rez-de-chaussée pour protéger du soleil les terrasses, balcons et les appartements des étages supérieurs. Les plantes, comme les glycines, vont courir d’un balcon à l’autre. Ces évolutions vont participer du retour de la biodiversité en ville. Le rapport à la terre, même en ville, va se renforcer. En effet, l’une des problématiques de 2020 est de retrouver des espaces de nature dans la ville, y compris en façade. Les façades vont s’épaissir. Des immeubles collectifs vont être réhabilités en réalisant des isolations par l’extérieur, qui permettent de diminuer la consommation d’énergie. Il sera alors envisageable d’ajouter des balcons et des terrasses, avec des structures indépendantes, ainsi que des options de végétalisation par l’extérieur. Les balcons peuvent aussi devenir des loggias, des vérandas, où l’on peut réguler les ambiances, voire cultiver des plantes en décalage avec les saisons. On assistera aussi au retour de la « nourriture naturelle dans la ville ». Même si les plantations alimentaires restent anecdotiques, elles vont contribuer à redonner un sens aux saisons et aller à l’encontre d’une certaine artificialisation de nos vies. La tendance à la culture de tomates ou de fraises se renforce, on cultive des citronniers, des clémentines, avec un prolongement sur les jardins partagés et jardins familiaux.

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Le retour de la nature dans les villes passe par la baisse de l’utilisation de produits phytosanitaires qui nuisent à la biodiversité et alimentent les pollutions. Sur ce concept et sous un autre aspect, on note par exemple l’émergence de listes de végétaux à privilégier, pour leur rusticité et leur faible besoin en arrosage, et ceux à éviter dans les éco-quartiers. Les villes denses ne peuvent se construire qu’avec des espaces de compensation et des espaces de nature de grande dimension, publics. Ces espaces de compensation ont vocation à constituer des zones de promenade et de loisir, mais aussi à être des lieux d’accueil de la faune et de la flore. Bien situés, ils tempèrent la chaleur des cœurs de ville. La taille des espaces extérieurs privés diminue, les espaces partagés se multiplient Du fait des lois qui s’imposent d’ici 2020, tant dans le domaine de l’utilisation de l’espace –loi SRU-, mais également de limitation de la consommation d’énergie et d’une prise de conscience des coûts dans leur globalité, les particuliers accepteront d’avoir un jardin de dimension réduite mais réellement intime, ou un simple balcon, si celui permet d’accueillir une table et devient ainsi une pièce supplémentaire. Les habitats individuels évoluent. On assiste au retour des maisons individuelles mitoyennes avec façade sur la rue et de vrais jardins privés à l’arrière. Ce type de constructions est en effet bien moins consommateur d’espace, de voierie et de réseaux que la réalisation de maison au centre de terrain. On pourra optimiser le nombre de maisons individuelles sans gaspiller d’espace. Un « bon jardin » se divise en trois éléments : un espace terrasse, véritable séjour supplémentaire, un espace de jeu et un espace de production potagère, forme d’agriculture de proximité, qui peut se prolonger dans les jardins partagés, voire sur des espaces publics. Par exemple, sur la réalisation d’un éco-hameau, les futurs propriétaires ont choisi de limiter la surface de leurs jardins privés à 3 fois la superficie de leur habitat, pour privilégier un espace partagé de 7 hectares pour développer potagers, vergers et grandes cultures. Ces jardins, plus petits, seront d’autant plus raffinés. C’est l’enseignement que l’on tire de l’observation des jardins des pays voisins, ceux du nord en particulier. Plus l’espace est limité, plus s’y développe la qualité. Le développement durable, une préoccupation intégrée par les architectes et les urbanistes Dans ses trois dimensions sociale, économique et écologique, le développement durable est une préoccupation de plus en plus intégrée par les professionnels de l’aménagement du territoire et de l’habitat, qui devancent les problématiques. Les efforts pédagogiques sont initiés auprès de la population, avec de nombreuses actions auprès des plus jeunes, comme celle lancée par l’association Format A4 dans le domaine des micro jardins à l’école. Si aujourd’hui on peut estimer que la prise de conscience écologique concerne 15% de la population, cette part devrait évoluer dans les années à venir, notamment auprès des plus jeunes qui grandissent avec cette préoccupation. En 2020, avec les logiques d’éco-quartiers notamment, l’espace public devrait influencer l’espace privé, alors que c’est aujourd’hui le contraire : le public singe le privé par manque d’intervention des concepteurs paysagistes.

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Dans les années à venir, on devrait voir les particuliers prendre en charge la gestion d’espace, qu’il soit public ou privé, sous l’influence des usages dans les pays nordiques. Sous l’influence des lois, contraignantes en matière de protection de l’environnement et d’utilisation économe de l’espace, et d’une dimension pédagogique renforcée, les particuliers vont évoluer dans leurs attitudes et traduire en acte leur prise de conscience écologique. La part de population concernée devrait augmenter. Les concepts de nature, de territoire, de cycle de vie sont davantage partagés par les gens qui possèdent un jardin. Ils sont mieux sensibilisés aux problématiques environnementales, du fait de leur confrontation quotidienne au milieu naturel. Evolution des clôtures des jardins On devrait davantage s’orienter vers des systèmes de clôture plus subtils : des haies composées d’arbustes de différentes essences qui varient au fil des saisons; esthétiquement et en accueil de biodiversité, des systèmes de bois tressé… Une alternative est également la construction de murs, sur lesquels on fait pousser des arbres fruitiers : vignes, pêches… Le mur sert de conduite végétale, il permet de faire mûrir les fruits plus vite, puisqu’il restitue de la chaleur. L’enjeu est de retrouver dans nos villes une cohérence et une qualité de séparation entre voisins. Le mur a l’avantage de constituer une barrière phonique entre voisins, il permet de mieux cohabiter et d’assurer une vraie liberté individuelle. Le jardin, pièce de vie extérieure et espace de créativité Le jardin de 2020 est composé d’un bel arbre qui procure de l’ombre, il est planté de prairies fleuries qui ne nécessitent d’être tondues que deux fois par an, il a un aspect champêtre, il accueille une petite faune. On choisit davantage des essences locales, qui nécessitent peu d’arrosage. On travaille avec les paillis pour limiter l’évaporation du sol. On s’oriente vers une certaine rusticité des plantations. On évite les pelouses, consommatrices d’eau, les plantes allergènes et les invasives. On privilégie des plantes aromatiques, des plantes à vertus curatives. On trouve dans le jardin de 2020 différents matériaux qui jouent avec le végétal et l’eau. On fait de l’ombre avec des toiles tendues, on détourne l’usage des matériaux. Le jardin est un lieu de créativité, bien plus libre que l’intérieur des maisons. Concernant l’eau, on l’imagine en cascade ou stagnante, comme des « mini mares », sources de biodiversité. La récupération de l’eau pluviale va se généraliser très rapidement pour l’arrosage, l’alimentation des WC voire du lave-linge. La piscine devrait décliner : elle suppose une gestion, un entretien, un coût et une pollution sonore pour seulement quelques mois d’utilisation. On devrait s’orienter davantage vers des bassins plus petits, comme des jaccuzzis, pour se rafraîchir, dans une recherche de bien-être. On imagine aussi un développement des brumisateurs, y compris sur les balcons et terrasses. Le jardin, les balcons et terrasses comprennent des espaces de rangement pour les vélos, leur rangement doit se situer au plus près de l’entrée du jardin ou de l’immeuble collectif. Pour l’arrosage, les systèmes de détection d’humidité dans le sol pour ne déclencher les arrosages automatiques qu’en cas de nécessité se généralisent. Ce type de système procède de la volonté d’économiser l’eau, même lorsque l’eau de pluie est récupérée.

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Le compostage individuel, y compris sur les balcons, va également se généraliser. Il est intégré dans les nouveaux programmes d’habitat. Le jardin espace écologique et catalyseur de lien social Le jardin d’aujourd’hui est parfois devenu un produit. Il est le reflet de nos modes de vie et de consommation. Comme on change de cuisine, on change de jardin, sans respecter l’évolution lente nécessaire. En voulant aller vers la nature, on crée des espaces artificiels. C’est l’un des paradoxes de nos sociétés actuelles. Les prises de conscience écologiques devraient influer sur ces comportements dans les années à venir et contribuer à redonner de l’authenticité aux espaces extérieurs. Les particuliers, amateurs éclairés, membres d’associations, lecteurs de revues militantes dont le nombre croît, vont avoir une influence sur les politiques et les professionnels en faveur de la création d’espaces plus écologiques. L’autre conséquence de ces évolutions est l’incitation à l’échange : les particuliers vont davantage partager les bonnes pratiques, mais aussi leurs surproductions ; le jardin devient vecteur de lien social. Déclin des zones commerciales à horizon 2030 L’usage de la voiture individuelle diminuant, du fait des coûts et des pollutions engendrées, les commerces de proximité vont continuer à se développer. Les grandes surfaces des zones commerciales commencent à subir des baisses de fréquentation.

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Frédéric Denhez, journaliste scientifique, conférencier, écrivain– « Pour évoluer, il faut apprendre à expérimenter » Le jardin français, identique en toute région Le jardin français d’aujourd’hui n’est pas représentatif de son territoire. Il est identique, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, planté des mêmes thuyas, des mêmes troènes, de plantes hybrides qui poussent vite et font écran avec les jardins voisins. Les essences natives sont oubliées, au profit de plantes hybrides vendues uniformément sur l’ensemble du territoire. On les fait pousser sans tenir compte des sols, on y adjoint des engrais, des pesticides, pour les adapter au milieu, quel qu’en soit le prix. Ce jardin est très représentatif de notre société, où, depuis une trentaine d’années, on a artificialisé les milieux pour les adapter à quelques variétés. On met la terre en situation de supporter toutes nos plantations, sans égard pour les nécessités naturelles. Des évolutions contraintes par la diminution de la disponibilité en eau Demain, le jardin va changer. L’un des facteurs de ce changement est la contrainte de la disponibilité de l’eau en été. La masse d’eau déversée aujourd’hui pour l’arrosage ne sera plus disponible. L’amenuisement de cette disponibilité va sélectionner les espèces rustiques, qu’elles soient locales ou non. C’est ainsi que le gazon va disparaître, au profit de plantes qui s’enracinent mieux dans le sol et s’avèrent moins gourmande en eau. C’est le cas de certaines prairies, qui, de plus accueillent une biodiversité accrue. Les contraintes des prairies Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la prairie ne facilite pas l’entretien. Certes, on n’entretient pas une prairie avec la régularité avec laquelle on tond un gazon, mais les périodes de fauche, environ deux fois par an, se révèlent indispensables pour ne pas mettre le sol à nu. L’exercice est aussi plus difficile que la tonte.

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Le fauchage a pour résultat l’augmentation des déchets, dont il faut tenir compte. Si l’espace est suffisamment vaste, on laisse un tas de compost, en alternative au dépôt en déchetterie. Cette gestion des déchets constitue une contrainte, qui est éloignée de la conception du jardin plaisir, espace qui nous éloigne des contraintes de la vie. Paradoxalement, moins on entretient un jardin, plus il faut l’entretenir, le laisser faire doit être encadré. Au niveau industriel, il pourrait être imaginé la création d’une filière de valorisation organique, comme il en existe à Lille. L’enjeu serait d’organiser une filière intégrée, avec ramassage des déchets verts, pour alimenter en permanence des usines de méthanisation et dont les résidus seraient utilisés à des fins de compost, revendus aux agriculteurs ou aux particuliers. Conséquences de la limitation des biocides Les réglementations européennes et françaises limitent l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture. Si elle n’existe pas encore, cette réglementation devrait s’étendre aux jardins privés dans les prochaines années, pour encadrer plus strictement les utilisations. Il faut ajouter à cela que le coût de ces produits étant indexé sur le prix du pétrole, leur cherté va diminuer le nombre des utilisateurs. Sans ces produits, les contraintes du jardin vont s’accroître et être de plus en plus chronophages. Le vrai naturel, ce n’est pas le produit bio –mal utilisé, il s’avère toxique- mais la main et le râteau. On devrait en conséquence voir se développer les emplois de jardinier, comme dans le monde agricole. Il faudra nécessairement plus de jardiniers pour entretenir les jardins. Il faut également prendre en considération les évolutions vers des échaudages automnaux et les coups de gels tardifs, qui ne vont pas disparaître. Les fruitiers, les plantes à fleur devront faire l’objet d’attention renouvelée. L’enjeu des prochaines années sera d’opérer un retour à des plantes plus rustiques, peu gourmandes en eau, plus robustes, plus résistantes, notamment aux coups de gels tardifs, et qui nécessitent peu ou pas d’entretien. Parmi ces plantes plus rustiques, notons que les essences locales ne résisteront pas forcément au défaut de disponibilité en eau, il faudra peut-être les réadapter. Il faudra aussi veiller aux effets des plantes invasives. Le potager, redécouverte de la terre C’est à travers le potager que l’on redécouvre le rapport à la terre, son aspect charnel. Il procure un bien-être psychologique dont on redécouvre les vertus calmantes. Il est aussi un objet d’observation enthousiasmant pour les enfants. Toutefois, compte tenu de l’entretien qu’il exige, il reste une activité marginale. Le potager est un phénomène de mode mais ne devrait pas perdurer en l’état. Le jardin, reflet de notre société en modèle réduit Pour parvenir à un jardin plus authentique, composés d’essences locales, de plantes résistantes, il faut réapprendre la notion de temps, regarder les choses se faire et s’abandonner à un certain laisser faire maîtrisé. Il faut aussi envisager d’y consacrer un temps plus important. Or, ce type d’attitude est très éloigné de nos mœurs actuelles, en recherche de « jardin facile et satisfaisant». Notre société refuse l’effort, à moins qu’il soit couronné d’un succès immédiat. Nous ne sommes pas prêts à supporter les contraintes de

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la nature. Notre société est davantage basée sur des concepts d’artificialité, de recherche de satisfaction immédiate et d’hygiénisme. Ces valeurs se traduisent dans les jardins par leur apparence : lisse, propre, contrôlée. C’est un lieu reposant, qu’aucun élément dissonant ne vient perturber. Il constitue un lieu d’isolement, de jeu, d’accueil de sa sphère privée. Il est le reflet de l’individualisme de masse, un lieu de repli sur soi, mais semblable à tous les autres. Dans l’idéal social, le jardin est grand et très entretenu. C’est à travers cette analyse que l’on constate le décalage entre la prise de conscience environnementale et sa mise en œuvre, chez soi. Un vaste champ des possibles Nous traversons actuellement une période où nous nous situons entre deux civilisations. Notre notion du temps, linéaire, nous condamne à attendre une fin apocalyptique. Cette notion s’oppose à celle, cyclique, qui régit les sociétés orientales. Cette dernière acception s’avère plus adaptée à un monde qui change. Il faut apprendre à oser expérimenter, s’autoriser l’échec, se confronter au fragile, à l’aléatoire. Le jardin peut devenir un champ expérimental. L’enjeu est de parvenir à ressentir du bonheur dans un espace qui ne sera valorisant que sur le long terme, en ayant laissé la nature se développer selon ses propres cycles, en acceptant de découvrir chaque année un lieu nouveau. Or, le jardin est devenu une véritable pièce supplémentaire, que l’on entend maîtriser comme son intérieur. On peut envisager deux évolutions opposées :

- Le jardin devient le dernier endroit artificiel et maîtrisé, à une époque où tout nous échappe ;

- Le jardin devient une terre d’expérimentation aléatoire. C’est tout l’enjeu de l’évolution de notre système qu’illustre le jardin. Nous sommes au début de la phase de recherche.

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Louis Benech, paysagiste – « Le jardin de 2020 reflète nos priorités » Le jardin s’adapte à un contexte Pas un jardin ne se ressemble. Il est fonction des situations géographiques –exposition, taux d’humidité, climat en général-, de contraintes d’espace et de lumière. En ville il faut par exemple s’adapter à une certaine gamme de contraintes, au manque de lumière, à des environnements restreints. Les jardins des villes est différent du jardin des périphéries, fausses ou vraies ruralités, sans même aller jusqu’à des considérations scientifiques, relatives à des écosystèmes ou des notions de biodiversité. L’adaptation au contexte est aussi fonction de période. Dans les jardins que je crée, se mêlent des plantes sophistiquées, horticoles, à des plantes trouvées sur les talus des bords de route. Une tendance à la simplicité, des plantes natives et de cycle long privilégiées Actuellement, l’heure est au retour à une certaine simplicité, une envie de moins d’artifice, ou d’un artifice ayant une capacité à autosuffisance, voire autogestion. Il s’agit de concevoir des jardins où l’on minimise l’entretien. Cette tendance est liée au fait que le nombre de personnes qui jardinent augmente, tout en étant de plus en plus éloignés de la terre. Les jardiniers d’aujourd’hui, dans leur grande majorité, ne sont plus des ruraux et n’ont qu’une connaissance partielle et superficielle de la terre. Ils ne sont plus habitués au monde végétal. Il faut ajouter à cela le fait que le rythme de nos vies s’accélère, avec peu de temps à consacrer à l’entretien de nos jardins. On choisit, mêlées à des plantes plus sophistiquées, des flores de proximité, des plantes natives, adaptées à un biotope. Dans ce sens, les graminées connaissent, depuis 20 ans, un certain succès. Elles sont reconnues pour leur esthétisme, pour leur aspect libre et sauvage qui les rend sympathique, mais aussi parce qu’elles ont un effet allongé dans le temps. Leur cycle, donc leur présence végétale, dure 6 mois environ, contre 3 semaines maximum de floraison pour n’importe quelle fleur.

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Faciles d’entretien, les graminées ne nécessitent une taille qu’une fois par an, et répondent donc à l’exigence de simplicité de nos modes de vie d’aujourd’hui. Elles s’adaptent au climat de toutes les régions de France, aussi bien en milieu méditerranéen que montagnard, en privilégiant les essences locales et les variétés en fonction des sols et des besoins en eau. Certaines sont considérées comme des mauvaises herbes, mais sont jolies et requièrent un entretien minimum. De plus, sur les marchés, de nouveaux clones sont régulièrement disponibles, qui permettent de multiplier les variétés. Par exemple, en milieu urbain, on cherche des feuillages persistants ; or ceux-ci sont souvent sombres. On découvre donc avec plaisir l’existence de feuillages persistants panachés, qui rendent les jardins d’hiver moins tristes. Une envie de douceur, un entretien facile Dans un monde perçu comme dur, l’envie est de donner de la douceur, de la sérénité, du calme, d’éviter l’agression. Ce ne sont pas les couleurs qui importent, elles sont fonction des circonstances, en nuançant les gammes. Il s’agit d’une impression générale, d’inscrire un jardin dans un paysage, avec des entretiens faciles, ou faciles à déléguer. Il convient de toujours tenir compte de la longévité d’un jardin qui ne pourrait plus être entretenu, par défaut d’argent, par exemple ; ce peut être le cas chez un particulier, mais aussi pour des pouvoirs publics. Souvent, le jardinier répare, il est plus rarement appelé pour prévoir ou concevoir. Tendance à l’économie Il avait été proposé, au stade concours pour la cour du Carrousel du Jardin des Tuileries, au début des années 90, de concevoir un jardin « exemplaire » qui se contenterait de la pluviométrie ordinaire, donc sans pelouse, où la nécessité d’arroser disparaitrait. Si ces propositions avaient fait rire, à l’époque, elles sont devenues une nécessité. On passe donc du « green » au « brown », une apparence en devenir dans les jardins. Globalement, la tendance à l’économie s’ancre : économie d’eau, mais aussi de l’énergie en général, disparition progressive d’une certaine chimie. Dans les rayons des magasins, les produits chimiques vont disparaître, sauf cas extrême. Un marché disparait, laissant la place à un autre, plus adapté, non néfaste à l’homme, dans une idée de progrès. L’homme est en capacité d’inventer, y compris pour réparer les erreurs du passé. Le jardin, terre d’expérience Le jardin est un espace expérimental. Chaque expérience sert à valider une hypothèse et autorise de nouvelles expériences, tant dans le domaine public que privé. Dans d’autres parties du monde, avec d’autres cultures, les façons de jardiner sont différentes. Par exemple, au Japon, sur des surfaces équivalentes, on compte 10 fois plus de jardiniers. On a copié des jardins japonais, sans réussir à les égaler. Quand les apparences ne sont pas ridicules, ces jardins à la japonaise adoptent parfois un comportement propre ; le défaut d’entretien offre des possibilités de développement différent. Ce goût de la synthèse et de l’introduction- bon nombre de nos plantes sont d’origine étrangère et se sont adaptées-, associé à une curiosité certaine, ont crée nos jardins actuels. Aujourd’hui, la tendance est à conserver la plante là où elle vit spontanément, dans son site. Notre rapport à la nature évoluant, nous allons chercher à réparer nos erreurs, en privilégiant les plantes qui ont

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survécu et sont devenues locales. Nous allons utiliser ce qui fonctionne pour dépolluer puis évoluer, une fois les sols assainis, vers des essences natives ou devenues spontanées, mêlées à des plantes plus exotiques et plus sophistiquées. Dans l’idée de bon sens, le mur végétal ne devrait pas se démultiplier, car il nécessite un entretien et une biodiversité peu naturels. Il vaut mieux imaginer un retour de la plante au sol, qui fabrique ses propres racines. Observation des cycles différenciés Aujourd’hui, on constate une tendance à la surplantation. Dans la course contre le temps, nos envies de visualiser les résultats s’accélèrent, on ne se projette que dans un futur assez proche. C’est pourquoi dans les jardins, on a tendance à mélanger des plantes à cycle de vie court et d’autres à vie lente. A terme, ce mélange provoque une disparition, accélérée mais normale, de certaines plantes. Il s’agit simplement d’assurer une bonne cohabitation entre espèces et de choisir des plantations en fonction des usages. Le jardin informel, jouant sur la nature et la campagne pour se l’approprier, peut apparaître comme un laisser aller, mais est travaillé en soustrayant des espèces pour créer des vides, des fuites, de l’horizon. Ce n’est pas une reproduction de la nature, mais une observation des écosystèmes, pour s’approcher d’un entretien minimum. Ce concept s’oppose aux jardins d’après-guerre, artificiels, utilisant de la chimie et de la mécanique. Les goûts évoluent, l’esthétique d’aujourd’hui est ce qui apparaissait hier comme un laisser-aller. Un potager, par goût du goût C’est sans doute davantage par plaisir, par envie de légumes et fruits ayant le goût de ce que l’on a soi-même cultivé, que par nécessité économique, que les jardiniers amateurs retrouvent l’envie de créer des potagers. Ce qui a du sens et constitue une réalité économique, c’est de cultiver des herbes aromatiques. Cette tendance devrait s’ancrer. Le jardin, reflet de nos priorités Aujourd’hui encore, les gens ont envie de tout avoir, avec toujours moins de moyens et de temps. Dans les 10 à venir, on ne devrait pas gagner en sagesse, mais on devrait savoir mieux définir nos priorités et affiner nos choix. Le jardin aura une fonction principale : un usage « épicurien », un usage « sérénité », un usage « dérivatif ». Comme le vocabulaire s’est allégé dans les maisons, le décor s’est épuré – on est passé du concept de l’armoire à celui du placard, puis du porte-manteau-, le jardin va se simplifier. Les espaces, de plus en plus restreints, incitent à organiser ses priorités, en améliorant la qualité. La concurrence sur les produits se fera, sur le marché, sur la qualité. Le lieu raconte une histoire à la fois, mais évolue au fil du temps : au potager succède le jardin des enfants, puis à celui du calme, de la créativité, de la rêverie, de la fantaisie. Le jardin répond à un besoin à un instant T puis évolue vers une autre destination. Enfin, dans le jardin, les éléments vont répondre à des besoins pratiques : une chaise qui se déplace facilement, un transat dont la durée de vie est allongée… Là encore, la qualité devrait primer sur le jetable. L’éclairage va évoluer vers le « tout photovoltaïque », les gaines dans le sol vont disparaître. Les jardins vont être équipés de plus en plus de compostières, ce qui est au moins souhaitable. De même, les récupérateurs d’eau devraient se multiplier.

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Patrick Nadeau, designer– « Le monde du vivant est dans tous les espaces » Des frontières poreuses entre les espaces Le mouvement naturel est celui de l’intégration : les différents espaces de vie quotidienne, domestique, travail, commercial, public, intègre le vivant. Le plus souvent, il s’agit de végétal, mais le vivant ne se réduit pas au végétal. Auparavant, on trouvait la maison au centre du jardin. Par proximité, la serre s’est approchée de l’espace intérieur. Les techniques de plus en plus sophistiquées permettent d’imbriquer de plus en plus intimement les différents espaces. Le concept de jardin évolue à partir de cette idée d’imbrication, de mixité, de contagion, même si l’on peut considérer qu’il restera un concept à part entière. A l’échelle de la ville, les jardins publics, autrefois enclaves dans la ville s’intègrent de plus en plus. Le végétal est présent sur des lieux comme les marchés, les lieux de concert. Les espaces urbains vont même jusqu’à traverser les bâtiments, pour former des passages, proposer des placettes… Les frontières entrent les espaces sont de plus en plus poreuses, ils s’interpénètrent. A une échelle plus petite, on retrouve également cette interpénétration. C’est le cas par exemple du mobilier, mixte, qui contient des matières organiques permettant de le faire changer de couleurs, grâce à la lumière. Le jardin, une notion refondée Dans le jardin, on trouve d’autres éléments que du végétal. C’est par essence un lieu où l’on s’évade, où le mobilier peut contribuer à la création de rêve, par ses composants organiques qui s’intègrent dans un rythme.

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La notion même de jardin est en cours de refondation. Nous sortons d’une période de mouvement moderne, avec les planificateurs de la ville qui ont fait disparaitre la notion de jardin au profit de celle d’espaces verts. Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans un moment d’expérimentation. L’Allemagne en est une bonne illustration, avec ses espaces laissés en friche, où la nature reprend ses droits. Mais il ne faut pas oublier que la nature peut être hostile, que la ville a été conçue pour s’en protéger. Une des conséquences de cette évolution, positive, est la tendance au rapprochement les différents corps de métier –architectes, urbanistes, paysagistes, designers- mais aussi les habitants pour concevoir globalement les lieux de vie, en assurer une composition cohérente, plus harmonieuse, plus réfléchie. Le végétal, matière architecturale Par ses qualités structurales, formelles, plastiques, sensibles, le végétal est une matière architecturale très contemporaine. Il peut être utilisé pour réaliser des toitures, des façades, des séparations à l’origine même des projets, et non a posteriori. C’est une matière utilisable tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Dans les recherches sur les matériaux, qui ont des textures particulières et permettent d’organiser des flous, des changements de couleurs…, il serait intéressant d’approfondir celles sur le végétal en tant que matériau architectural. La purification de l’air par les plantes, un leurre marketing Le discours sur les plantes pour purifier l’air est très marketing, car pour y parvenir, les techniques sont très complexes. Il ne suffit pas d’un mur végétal pour purifier l’air, c’est faux. Il semble que la promotion de ces techniques soit assurée dans la seule recherche de rentabilité. Or l’écologie est à l’opposée de ce concept. L’écologie consiste à regarder comment une plante fonctionne, comment elles s’adaptent à un milieu, optimisent les qualités du milieu et en tirer des enseignements. C’est cette logique qu’il faut privilégier. Avant de vouloir leur faire remplir un rôle, les faire travailler pour nous procurer de l’air frais, il faut considérer les plantes pour leurs qualités intrinsèques, pour ce qu’elles procurent en termes de qualités environnementales, psychiques, mentales. L’évolution des murs végétaux Les murs végétaux ont connu un grand succès à travers le monde. Visuellement, les résultats sont très spectaculaires, mais la composition est peu naturelle : les plantes utilisées sont pour la plupart exotiques, ils sont donc peu économes en eau, utilisent beaucoup d’engrais… Par ailleurs, ils sont très semblables les uns aux autres. L’évolution consisterait à concevoir ce même type de réalisation mais avec des plantes locales, plus petites, celles qui poussent naturellement sur les murs, celles que le vent porte. Les murs seraient ainsi bien plus singularisés. C’est le design qui pourrait contribuer à en faire des réalisations spectaculaires, grâce à la lumière, la mise en forme, la superposition de strates. Le résultat pourrait être tout aussi fabuleux mais beaucoup plus écologique : moins exigeant en eau, en substrat, sans entretien. C’est une réappropriation du naturel, auquel on associe une technique et une apparence contemporaine. On magnifie le naturel, la simplicité, grâce à une mise en scène, en s’inspirant de l’ikebana. Le design a toute sa place pour assurer un lien entre essences locales, écologie et aspect visuel contemporain. On pourrait même imaginer une mise en scène de la façon dont les murs évoluent, par la lumière, un dévoilement petit à petit, voire des éléments artificiels biodégradables, qui s’effaceraient au moment où les plantes naturelles poussent.

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Ce type de mise en scène permet de ne pas négliger la notion d’instantanéité dont on a besoin. Ces murs, tous différents, contribuerait à casser l’uniformité de villes qui ont toute tendance à se ressembler. L’intégration du minéral dans les jardins Le végétal n’est pas l’unique composante des jardins. C’est à travers lui qu’on est relié aux saisons, au rythme du temps. Le minéral pourrait aussi être mis en valeur, à l’image des jardins zen japonais. C’est un matériau qui valorise les éléments extérieurs, l’environnement sensible : ombres, chant des oiseaux…Sur un balcon, une forme d’architecture pourrait permettre d’entendre le bruit du vent, de voir le passage des nuages…Par exemple, on peut imaginer des peintures, des textures qui changent avec les saisons, auxquelles on intègre du végétal. Ces techniques organiques s’inspirent d’ailleurs directement du vivant. Redonner du sens à l’espace extérieur, un enjeu pour 2020 On a actuellement tendance à reproduire à l’extérieur exactement ce qu’on trouve à l’intérieur. La cuisine à l’intérieur est reproduite à l’extérieur, la chaise club est la même. Cette conception revient à ne pas se poser la question du confort, qui n’est pourtant pas le même entre ces deux espaces. Les émotions procurées par l’extérieur –odeur, chaleur, lumière- ne sont plus mises en valeur, elles sont même oubliées. C’est pourtant dans des subtilités qu’on pourrait faire des recherches de mobilier extérieur, comme la conception d’une couverture qui pourrait permettre de sentir l’herbe sans avoir le désagrément d’être mouillé par une terre humide. La matière plastique a en ce sens fortement contribué à cette assimilation. Les recherches sur les matériaux résistants aux contraintes climatiques, utilisant des techniques différentes, ont été stoppées du fait d’une production massive de mobilier en plastique. L’éclairage par les plantes Aujourd’hui, des recherches sont en cours pour faire de l’éclairage à partir de certaines algues phosphorescentes. Avec un stimuli électrique très limité, on parvient à créer des éclairages qui qualifient la lumière. Le végétal est ainsi utilisé comme réflecteur et diffuseur de lumière. Les sources lumineuses sont placées à l’intérieur des végétaux, qui modifient des ambiances. Dans les villes, on cherche à baisser le niveau de luminosité, en privilégiant la qualité de l’éclairage, différencié selon les lieux. Cette recherche s’applique aussi aux espaces des particuliers. L’étalement de l’espace urbain Depuis une vingtaine d’année, l’espace urbain a fortement progressé. La ville est de plus en plus désirable. La tendance est à créer de nouvelles centralités dans les villes, dans les périphéries. Il existe des pays où les mégapoles englobent des parcelles de campagne, on voit des fermes faire partie intégrante des villes. On a inversé une tendance, en créant des campagnes dans les villes. L’enjeu politique consiste à développer une qualité urbaine en s’éloignant de plus en plus du centre originel.

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Des techniques sophistiquées pour se rapprocher de l’authentique Le designer se pose la question de l’accompagnement de ce qu’il peut observer, pour aider les gens dans leurs tâches quotidiennes. Il s’agit de comprendre, d’aller dans le sens des choses et de proposer des solutions qui facilitent la vie. Dans ce monde assez artificiel, l’authenticité n’existe plus. On est en recherche, grâce à des techniques très sophistiquées, de naturel et d’authenticité. Il s’agit de créer des objets au service de l’homme, simples, qui accompagnent quotidiennement, que l’homme maîtrise. La tendance est davantage à proposer des matériaux, des objets, psychologiquement proche de l’homme, utilisant des matériaux « amis », comme la terre, qui n’agresse pas, qui fait partie de notre histoire. Dans ce domaine, le designer joue un rôle de révélateur. Il est un intermédiaire entre le monde scientifique et le grand public. Il rend le monde compréhensible et appréhendable, en décodant les choses, pour permettre aux gens d’être acteurs de techniques qu’ils maîtrisent. Economiser l’eau Je travaille actuellement à la conception d’une maison entièrement végétalisée, une sorte de coque, n’utilisant que des plantes locales, et qui doit fonctionner sans arrosage. Elle est dotée d’un récupérateur d’eau de pluie, relié à de petits brumisateurs. A travers cette technique, on met l’eau en scène, on montre sa préciosité, on révèle son parcours. De nouveaux outils, porteurs de sens L’outil doit trouver sa juste place et son utilité, sans créer de contraintes supplémentaires. Il faut permettre une libre appropriation des outils. La tendance est à abandonner les outils des années 6o à 80, faussement ergonomiques. L’outil se simplifie, il joue son rôle de facilitateur, il a du sens. Le mur vertical va considérablement se développer dans les années à venir, notamment du fait du coût du m2. Une culture du mur vertical est à imaginer, avec des outils adaptés, des systèmes d’arrosage, des réflexions sur la manière dont on transporte les graines. Comme on cultive aujourd’hui son jardin horizontal, on devra permettre de jardiner au quotidien en vertical. L’espace privé, lieu d’expression de liberté Le jardin est un lieu d’envie de liberté. C’est là que sont par exemple nées les Folies, des architectures sans aucune utilité, expression de fantasme. C’est le plaisir de créer de l’espace pur, sans fonction, sans destination. On s’est d’ailleurs inspiré de ces créations pour faire de la décoration intérieure. Il existe des exemples de liberté d’expression dans des jardins familiaux, par exemple à Saint Denis. Chacun y a construit son univers. L’enjeu est de valoriser la création, non de tenter de la normaliser.

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Claude Lopez, ExecutiveVice President, International, and Chief Marketing Officer– « Un secteur au confluent de multiples tendances » Un marché sous exploité Aux Etats-Unis encore plus qu’en Europe, notre vision du marché a été réévaluée à travers le prisme de la crise économique. Nous pensions notre secteur résilient, inélastique, il s’est avéré positif en période de récession. Le jardinage est une activité de loisirs peu coûteuse, qui concurrence, en termes de dépenses, le poste informatique ou vacances, avec un retour sur investissement bien supérieur. Le cadre de vie constitue une priorité pour les consommateurs et le jardin fait partie intégrante de ce cadre de vie. Dans une période de récession, on investit dans son cadre de vie, faute de pouvoir envisager d’autres types de dépenses plus importantes. Au-delà, la prise de valeur d’une maison dont le jardin est bien entretenu est de l’ordre de 10 à 20%. Les propriétaires ont de plus en plus conscience de cet élément financier. Le jardinage est une tendance de fond aujourd’hui manifestement sous exploitée. Il existe un décalage sensible entre l’âge du consommateur qui pratique aujourd’hui cette activité et l’âge de celui qui la pratiquera demain. C’est aujourd’hui un retraité, ce sera demain un leader d’opinion. De même, si l’activité est plutôt masculine aujourd’hui, elle se révèlera nettement plus féminine demain. Cette hypothèse est d’ailleurs validée par nos actionnaires, qui jugent notre potentiel plutôt que nos résultats actuels.

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Accélération d’une tendance alimentaire « grow your own » Nous allons assister au développement d’une tendance « grow your own », qui dépasse le concept du potager tel qu’on le conçoit. Le consommateur urbain, féminin, va redécouvrir les vertus de la culture de denrées alimentaires, non seulement dans son jardin, mais également sur sa terrasse, son balcon, ou même dans sa cuisine. Cette culture ne sera donc plus uniquement réservée aux possesseurs d’espace extérieur. De plus en plus, la question de la consommation –plante ou « prêt à consommer »- va se poser au moment de l’acte d’achat. Le goût, le plaisir, voire le gain financier à faire pousser soi-même, sont des tendances qui deviennent de plus en plus prégnantes. Dans la grande distribution alimentaire de 2020, on trouvera ce type de produits « prêt-à-planter », traduction du concept « grow your own », dans le rayon fruits et légumes. On peut d’ailleurs le comparer, à l’inverse, avec les rayons « épicerie » développés dans les jardineries. En Angleterre, on vend par exemple des « grow bags » qui contiennent une terre particulièrement fertile, qui facilite grandement la culture des fruits et légumes. Cet exemple de solutions est de nature à favoriser l’essor de ce type de culture alimentaire. La visibilité accrue de la biodiversité Fleurs, semences, légumes vont demain avoir des utilisations multiples. Ces éléments servent non seulement à décorer et se nourrir, mais également à réguler la biodiversité. Le rayon animalerie va se développer selon une nouvelle logique, pour attirer la faune « désirable » chez soi, logique qui existe déjà aux Etats-Unis ou en Angleterre. Des technologies de nourriture pour oiseaux permettent d’attirer les espèces désirables, tout comme certaines semences de fleurs attirent les insectes utiles, qui eux-mêmes luttent contre les nuisibles. L’enjeu est de pouvoir recréer chez soi un coin de nature privilégié, avec une flore et une faune sauvages. Les végétaux comme rempart contre le carbone Les végétaux, plantes, herbes, gazons, séquestrent du carbone. Selon cette propriété, on peut établir une hiérarchie entre les végétaux. Ainsi, un gazon bien nourri séquestre davantage de carbone qu’un jardin mal entretenu, qu’un arbre en 20 ans, et évidemment bien davantage que le même espace goudronné ou recouvert de gravier. Le message est donc que chacun, en cultivant bien son jardin, peut contribuer à réguler l’environnement. L’enjeu des prochaines années consiste à orienter l’action des particuliers vers ce type d’attitude, à l’instar des habitudes prises en matière de tri des déchets. Ces questions environnementales, au cœur des préoccupations, ont de multiples traductions : évolution des réserves d’eau et systèmes d’arrosage, compostage… Parmi les végétaux, le gazon, plus que l’herbe, a un haut niveau de rendement écologique. Lorsqu’il est nourri d’engrais; le gazon nécessite moins d’eau et répond donc aussi à l’exigence d’économie de la ressource. Le succès inéluctable des OGM Parce qu’ils vont permettre une multitude de goûts, de variétés, pour des coûts bien inférieurs à ceux pratiqués aujourd’hui, les cultures OGM vont se généraliser. La barrière passéiste sera franchie, quel que soit le temps nécessaire pour s’engager dans cette voie.

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Aux Etats-Unis, des travaux sont actuellement menés sur des gazons génétiquement modifiés, résistants aux herbicides ou à l’urine d’animaux, par exemple. Les travaux des semenciers sont en progression pour les usages domestiques, avec l’objectif de minimiser l’échec des cultures dans les jardins. L’avenir des produits chimiques Américains et Français se situent à deux extrêmes par rapport à la perception des produits de synthèse. Pour les premiers, priorité est accordée à la culture rapide et efficace, avec une préoccupation environnementale peu sensible. Les seconds, au contraire, ont développé une méfiance surdimensionnée. Entre ces deux extrêmes, il existe une attitude raisonnable, pour un entretien « raisonné » du jardin. Les produits de synthèse vont aider à l’amélioration de l’entretien. Parce que les produits de synthèse permettent d’accroître le rendement environnemental, le bénéfice de leur utilisation est supérieur à leur toxicité. Il existe des études scientifiques apportant la démonstration de cette hypothèse. Aujourd’hui, l’image des produits chimiques en général est dégradée, sans distinction entre les types d’utilisateurs -jardiniers ou agriculteurs- et de produits – engrais ou produits phytosanitaires-. Or, les jardiniers amateurs ont une consommation dérisoire des produits chimiques, si bien que l’impact environnemental est infime. D’autre part, le carbone séquestré par un jardin bien entretenu est supérieur au rejet des engrais (nitrate, phosphate, calcium) dans le sol. Les technologies à libération lente, répondant aux besoins précis de la plante, permettent d’utiliser jusqu’à quatre fois moins de produit. De même que l’agriculture a développé le concept d’agriculture raisonnée, on peut imaginer celui de jardinage raisonné, avec une utilisation intelligente des produits, chimiques ou biologiques. Si l’on considère que le consommateur a besoin d’une panoplie de produits, de la prévention au traitement, il faut lui proposer un éventail de solutions adaptées. Par exemple, à la problématique des mauvaises herbes, la réponse offerte par le paillage devrait suffire, sans avoir à utiliser de désherbant chimique dans bon nombre de cas. Entre ces deux solutions, se trouve celle des produits naturels, efficace pour un certain nombre de problématiques. Dans ce contexte d’offres produits, le rôle du professionnel est prépondérant pour expliquer, informer, conseiller. Avec des produits plus sophistiqués, de moins en moins toxiques pour l’environnement, des dosages mieux adaptés, l’utilisation de produits de synthèse ne nuit pas à l’environnement, voire, au contraire, améliore sa qualité par une séquestration de carbone optimisée. Le débat sur les utilisations des produits de synthèse, de même que la réglementation, vont se réguler. Les industriels, qui ont utilisé des techniques de commercialisation très offensives dans les années 90, vont inviter désormais à des consommations modérées, raisonnées, de l’ensemble des produits actifs, chimiques ou naturels. La façon de commercialiser, mais aussi celle de communiquer, vont évoluer dans les prochaines années. Les investissements en R&D sont essentiels dans ce processus. L’enjeu d’une communication pédagogique et innovante Le rôle des industriels est également de promouvoir une certaine communication pédagogique, de multiplier les outils marketing innovants et efficaces, de favoriser les échanges entre jardiniers amateurs.

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Aux Etats-Unis, les blogs et plateformes de discussion sur le jardinage connaissent un succès impressionnant. Par exemple, 2 millions de consommateurs par an conversent et échangent leurs bonnes pratiques sur le site de Scotts. L’intervention de notre webmaster se limite à apporter des informations complémentaires, voire corriger des informations erronées. En France, nous venons de mettre en test une « help line » dans un rayon, sur le produit round up. Le consommateur est mis en lien audio et vidéo avec un spécialiste avec lequel il peut dialoguer. Ce type de solutions innovantes pour la diffusion d’informations est une tendance d’avenir. La communication de demain se basera davantage sur des médias technologiques. Ils se révèlent efficaces en termes de pédagogie et véhiculent une image de modernité. L’industrie doit jouer un rôle pour valoriser les bénéfices du jardinage sur la santé, le bien-être, le plaisir. Vers une évolution de la distribution Les zones commerciales, telles qu’on les connaît aujourd’hui, relèvent davantage d’un concept des années 70 que de 2020. L’expérience du consommateur dans la plupart des circuits de distribution non spécialisés jardin est peu valorisante. Dans les rayons mal entretenus se juxtapose un trop grand nombre de produits, agencés de manière peu attractive. Le consommateur n’y trouve ni aide, ni conseil. La distribution n’est pas au niveau du consommateur d’aujourd’hui. Pour 2020, l’amélioration doit être sensible, l’enjeu est de faciliter la vie de l’utilisateur en simplifiant ses achats et en lui apportant toutes les informations nécessaires. Les efforts doivent se concentrer sur la présentation, le design et la pédagogie. Pour servir le jardinier de 2020, qui sera davantage féminin, une filière de livraison à domicile est une voie à explorer.

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Jean-Luc Charruault, directeur général, Terrena Grand Public– « Le jardin thématique se décline à l’envie » Les évolutions attendues : taille, destination, organisation Le jardin de 2020 est sous l’influence de trois tendances fortes :

- Il évolue par sa taille, qui diminue. Le coût du terrain augmentant, une option pour les particuliers et pour les promoteurs consiste à proposer et à choisir un jardin plus petit.

- Il revêt une dimension plaisir pour laquelle on ne veut pas consacrer beaucoup de temps. Il doit être simple et efficace, « je plante, j’ai un résultat rapide et qui ressemble à ce que j’attends ». C’est particulièrement vrai pour une cible jeune.

- Le jardin est fractionné en trois espaces distincts : une partie potagère, une partie terrasse, accueillant table et salon de jardin, un espace de jeu. Il est équipé d’une cabane de jardin, d’un récupérateur d’eau, d’un composte.

Le potager, enjeu écologique et économique Si le potager répond aujourd’hui à un phénomène de mode, il va continuer à se développer dans les années à venir. Le potager traduit la volonté, si ce n’est le besoin, de retour à la terre. Il est aussi une source d’économie, au regard du coût des légumes qui ne cessent d’augmenter. Les distributeurs et les producteurs devront réussir à apporter des produits faciles à mettre en œuvre, faciles à cultiver, sans ajout de produits phytosanitaires et avec des rendements aussi rapides que possible. L’enjeu est de proposer des plantes plus robustes, mais aussi de remettre au goût du jour des variétés plus anciennes, qui s’avèrent plus résistantes. Puis il s’agit de convaincre les jardiniers amateurs, qui prennent en général les mêmes variétés de tomates ou de pommes de terre, d’essayer d’autres variétés, voire d’autres types de légumes ou de fruits. Il faut parvenir à faire évoluer les consommateurs dans leur choix, en prenant en compte la dimension de stress que tout changement implique.

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Un jardin avec peu d’arbres J’imagine le jardin de 2020 planté de peu d’arbres. Les grands arbres ont un cycle lent, il faut s’armer de patience pour les voir atteindre une taille acceptable. Ils ont un coût plus élevé que bon nombre d’arbustes. Enfin, dans des jardins dont les tailles diminuent, ils trouvent difficilement leurs places. J’imagine davantage les jardins plantés d’arbustes à fleurs, à feuilles colorées, ou fruitiers, qui permettent de jouer sur la décoration. Tous les ans, de nouvelles variétés sont proposées. Le jardin de 2020 est davantage écologique La dimension de prise de conscience environnementale se traduit au jardin par plusieurs évolutions comportementales, notamment par l’arrêt d’utilisation des produits chimiques. Ceux-ci auront probablement disparu des rayons d’ici 2020. Il faudra changer d’habitudes de traitement des végétaux, des terrains, des allées. Il faudra adapter son comportement à de nouveaux produits, moins efficaces, mais qu’on utilisera peut-être plus souvent. Peut-être acceptera-t-on un aspect un peu plus négligé. L’écologie se traduit aussi par l’économie d’eau, qu’on la récupère, et/ou qu’on plante des espèces moins gourmandes en eau. Le paillage joue un rôle dans cette économie, de même que les technologies d’arrosage goutte à goutte. Sa qualité devrait continuer à évoluer, avec l’utilisation de nouveaux matériaux. L’exemple à suivre est celui des sociétés d’autoroute, qui ont lancé des programmes de recherche pour créer des espaces plantés avec des végétaux robustes, sans traitement et économes en eau. On peut aussi imaginer, mais dans une tendance moins marquée, que le consommateur soit influencée par la provenance des plantes. Il choisira alors des plantes moins exotiques pour ne pas alourdir un bilan carbone, par exemple. C’est une autre façon d’envisager la démarche écologique. Une autre application concerne le gazon. Il est un lieu d’observation sensible de la biodiversité dès lors qu’on le laisse pousser et que des fleurs apparaissent. Le gazon qui sera proposé en 2020 se tondra moins souvent, on le laissera pousser davantage, il sera moins exigeant en eau. Il pourra se conjuguer à des espaces plus champêtres, à certains endroits du jardin. Les jardins sont peu différenciés selon les régions On peut noter qu’à par quelques habitudes régionales, les jardins français, dans leur ensemble, présentent une certaine uniformité. Les phénomènes régionaux sont de plus en plus lissés, les variétés proposées étant identiques sur l’ensemble du territoire. Cette tendance est accentuée par le phénomène de multiplication des déplacements, générant l’envie de reproduire dans son jardin ce que l’on a découvert au cours de ses voyages. En conséquence, les professionnels devront proposer des plantes exotiques plus robustes. Mais on peut aussi imaginer que celles qui périront seront remplacées, et permettront de changer l’aspect du jardin, pour une nouvelle déco dans un nouvel univers. L’objectif est de proposer au client le produit dont il a envie à un instant T.

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Le jardin, prolongement de la maison En 2020 encore plus qu’aujourd’hui, l’univers du jardin est corrélé à celui de la maison. Les deux espaces se rapprochent en matière de décoration. Ce sont les designers qui, de plus en plus, créent la mode du mobilier, même s’il s’agit de mode peu chère, à l’instar du succès que connaît Ikéa en mettant en avant les designers. Aussi peut-on imaginer qu’une tendance serait la déclinaison de jardins à thème. Cette tendance existe déjà à l’intérieur des maisons, comme en témoignent les décorations mises en valeur dans les grandes enseignes de bricolage comme Leroy Marlin ou Castorama. Ainsi apparaît le jardin –ou la terrasse- méditerranéen, le jardin zen, le jardin anglais… Selon qu’on est urbain ou rural, moderne ou classique, on se verra proposer des choix de thèmes qui correspondront à nos goûts. Le jardin illustre le besoin de créer un univers chaud, un cocon. Pour le secteur du paysage, l’enjeu est de proposer des concepts clef en main, en offrant au client un plan de jardin, des plantes, du mobilier. Pour les jardineries, comme il existe le service à la personne, on peut imaginer le service au jardin, avec conception, mais aussi livraison et plantation. Dans le même ordre d’idée, on peut aller jusqu’à imaginer le caractère interchangeable du jardin de 2020 : comme on change une tapisserie, on change de jardin. Cette démarche est facilitée par la nature annuelle d’une grande partie de plantes. Une autre variante serait d’imaginer un jardin plus mobile, avec davantage de plantes en pot, que l’on déménage régulièrement. On constate déjà le développement du marché de la poterie, de taille de plus en plus grande et de couleurs multipliées. C’est alors la structure même du jardin qui évolue. Le jardin est la cinquième pièce de la maison, dont on ferme la porte quand on ne l’utilise plus. Aujourd’hui, les plantations sont réalisées en fonction des aléas météo, les dates de plantation ne sont plus respectées, y compris par les professionnels. Le jardin, le balcon ou la terrasse, ressemble à celui qui l’a crée, il révèle une identité. L’important est d’être à l’aise dans le style qu’on aura choisi. L’espace est plus facile à concevoir qu’auparavant, mais il est peut-être moins maîtrisable, du fait de la dimension écologique. Tout dépendra du thème que l’on aura choisi. Dans ce contexte, les journaux ou émissions de télévision, mais aussi internet et l’ensemble des outils de communication jouent un rôle de plus en plus important. On devrait voir le nombre de supports se multiplier. Matières minérales et points d’eau, éléments structurants de l’espace On retrouve en extérieur tout ce que l’on utilise en décoration intérieure. Ainsi sont proposés des matériaux différents : bois, plastique, minéral, objets de décoration, alu… La présence de ces matériaux permet notamment de multiplier les couleurs, à l’instar des abris de jardin qui déjà proposent des couleurs plus vives. Que ce soit une piscine, enterrée ou hors sol, un jacuzzi ou encore un bassin naturel, le point d’eau vient en structuration du jardin, dont il constitue un élément très personnalisé.

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Des outils de plus en plus performants Si les outils de désherbage, comme la binette, ne devrait pas connaître d’évolution majeure, on peut imaginer de réels progrès dans les outils plus techniques : des systèmes d’arrosage plus performants, des tondeuses électriques ou solaires autonomes, des systèmes automatisés d’éclairage… Dans le domaine agricole, l’exemple à suivre est celui des tracteurs pilotés par GPS, capables de planter, nourrir, arroser une graine. L’avenir des zones industrielles Les enseignes, en lien avec les élus, mettent en œuvre des moyens conséquentes pour mieux accueillir leur clientèle, lui proposer des environnements plus agréables. C’est ainsi qu’on voit apparaître des bâtiments végétalisés, plus uniformes, plus esthétiques. L’enjeu est de créer des pôles attractifs, où se juxtaposent les enseignes de spécialistes. L’avenir est en effet à la spécialisation. Les consommateurs sont en recherche d’experts, pour lesquels ils sont prêts à parcourir des kilomètres. Pour la jardinerie, l’espace est une nécessité, on l’imagine difficilement en centre ville. Mais son éloignement est compensé par le fait que c’est un lieu de promenade, que l’on visite de manière décontractée, où l’achat d’impulsion est plus tangible que pour d’autres secteurs.

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Martial Lemaire, maire adjoint à Courcouronnes, chargé des Travaux et de la Gestion de l'Espace Public, Vice-président de la Communauté d'Agglomération– « Une démarche durable au cœur du renouveau urbain » L’influence entre espace public et privé se renforce Avec la prise de conscience en matière de développement durable, l’influence du Grenelle de l’environnement et les exigences nouvelles qu’il a fait naître, le politique a aujourd’hui pris une autre dimension, qui va se renforcer dans les années à venir, en matière d’économie d’énergie. Le politique a un rôle pédagogique : il doit montrer à la population, concrètement, ce dont on est capable dans ce domaine en termes de réalisation. C’est une démarche initiale attendue. Pour parvenir à une évolution partagée, où politiques et particuliers s’influencent l’un l’autre, il faut pérenniser les échanges. Aujourd’hui, dans nos 8 conseils de quartiers, auxquels participent environ 400 habitants* de la commune, nous avons donné priorité aux échanges pour travailler au développement harmonieux de la commune. Une préoccupation écologique plus prégnante A travers ces conseils de quartier, on constate que la préoccupation écologique est bien plus prégnante qu’au début des années 2000, où elle était supplantée par les questions d’ordre sécuritaire. En attestent le succès des compostages individuels, des concours annuels de fleurissement, celui des jardins familiaux ou encore la levée des interdictions de cultiver des potagers dans un nombre grandissant de copropriétés. A travers le succès des jardins familiaux, on perçoit une réalité de cette prise de conscience environnementale quelles que soient les classes sociales concernées. Les particuliers utilisent moins de produits phytosanitaires –dont ils évaluent mieux les coûts-, s’enquièrent des produits utilisés par les entreprises en charge de la gestion des espaces verts publics.

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Une politique de l’eau, à laquelle la population est sensible, est en cours d’amélioration. Elle ne se limite plus au stockage de l’eau à des fins de gestion, mais elle est réfléchie pour permettre une réutilisation des eaux usées. Cette avancée est visible dans bon nombre de communautés d’agglomération à qui cette compétence est dévolue. Une démarche durable au cœur du redéveloppement urbain Un autre signe de ce retour aux valeurs de nature est perceptible à travers le succès des marchés, qui dénote le besoin de produits frais, mais aussi bio. C’est également un témoignage du besoin de lien social. Au-delà, on constate que la prise de conscience du développement durable est de plus en plus globale : elle est plus sensible au niveau environnemental, mais ne s’y réduit plus. Elle existe aussi au niveau social et économique. Dans le cadre du renouveau urbain, un atelier d’urbanisme a été créé, pour penser collectivement la ville de demain. Il est composé de professionnels de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage, mais également de particuliers et d’élus. Cet atelier fait écho à la volonté de concertation, mais aussi à celle de répondre aux demandes de «plus de vert » dans la ville, notamment, ici, dans sa zone la plus urbaine. Actuellement, dans une phase projet, la réflexion est ouverte à toutes les options pour la construction d’un éco-quartier. Comme dans d’autres villes, ce nouvel éco-quartier a vocation à devenir une zone mixte, où cohabitent logements, emplois, commerces, zones de nature. La tendance qui s’ancre est de réfléchir, en matière d’urbanisme, selon une conception plus globale, plus territoriale. C’est pourquoi la communauté d’agglomération constitue aujourd’hui le bon niveau de réflexion. *Courcouronnes compte 14 595 habitants selon le recensement de 2006.

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Benoit Lanusse, urbaniste au Grand Toulouse, auteur et animateur d’un blog dédié à l’urbanisme - « rendre la ville à nouveau attractive » Le jardin, reflet de nos modes de vie Le jardin a de multiples fonctions : ornement, à destination propre mais aussi de l’extérieur, plaisir, jeu, rassemblement, repas… Une fonction oubliée, d’ordre climatique, est en train de réapparaître : offrir un coin frais, où l’on peut faire la sieste. Plus largement, il va s’agir de rafraîchir la ville grâce aux espaces extérieurs, dont les jardins font partie. Aujourd’hui les villes, très minéralisées, captent la chaleur et chauffent. Pour les rafraîchir, on va augmenter le nombre d’arbres plantés, supprimer des surfaces minéralisées, tendre des voiles dans les ruelles pour les ombrager. On va reconfigurer les jardins, selon des principes bioclimatiques simples, qui vont non seulement contribuer à les rafraîchir en eux-mêmes, mais aussi influer sur les intérieurs, grâce à des circulations d’air appropriés. L’eau est également un élément pris en compte. Les lois sur le traitement des eaux évoluent, avec des obligations de traitements sur les terrains, mais aussi la redécouverte, de l’importance des fossés et des cours d’eaux, l’utilité d’aménagement de bassins. Ce sont des tendances qui s’ancrent et se développent. Plusieurs éléments sont à prendre en considération pour imaginer des évolutions :

- La tendance, ces dernières années, est au repli sur soi, une tendance perceptible dans les jardins. Dans les mairies, de nombreux permis de construire sont déposés pour obtenir l’’autorisation de construire des murs autour des maisons. Si les autorisations ne sont pas données, les particuliers utilisent des paillasses pour empêcher les regards extérieurs. Cette tendance se renforce du fait de la fragmentation toujours plus importante de la société.

- Les questions de rapport entre public et privés se posent notamment sur les logements collectifs. Les espaces verts sont souvent considérés a minima par les promoteurs. Les constructions sont réalisées pour optimiser le bâti, les espaces verts sont en général résiduels, sans fonction. C’est l’un des éléments sur lesquels on pourrait évoluer.

L’impact de la politique foncière et de la défiscalisation Trois facteurs jouent aujourd’hui particulièrement en défaveur de la valorisation des espaces verts.

- certaines règles d’urbanisme sont peu adaptées, comme celle qui impose un espace de retrait entre la rue et la maison. De ce fait, les espaces non construits sont inutilisables et font l’objet de peu de réflexion de la part des promoteurs, l’obligation ne portant que sur le nombre de mètres carrés dédiés aux espaces extérieurs ;

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- les projets en défiscalisation pèsent fortement sur la qualité des constructions. Les propriétaires, qui sont éloignés, accordent peu d’importance à la qualité de leurs biens, la priorité est à la démarche financière ;

- A l’exception notable de quelques unes, les collectivités ne mènent pas de politique foncière. Elles achètent rarement les terrains lorsqu’ils ne sont pas encore constructibles au prix du foncier agricole. En ne jouant pas ce rôle, elles laissent la compétition s’instaurer sur les prix des terrains, dont la valeur est 10 à 20 fois supérieure lorsque le terrain est devenu constructible. Les préemptions publiques, trop rares, permettraient de mieux maîtriser l’aménagement du territoire. C’est l’un des enjeux de 2020. Le changement est long, 10 ans seront nécessaires pour voir les premiers effets d’une telle politique.

Loi SRU, récente et partiellement appréhendée Les orientations générales de la loi SRU, si elles ne s’appliquent pas directement aux particuliers, imposent désormais un diagnostic et la réalisation d’un projet avant de passer à la construction, pour les promoteurs. Dans ce sens, le passage d’un schéma directeur à un schéma de cohérence territorial –SCOT-, constitue une évolution vers une politique d’aménagement du territoire plus conséquente. Il s’agit de prendre en compte les éléments d’aménagement du territoire à une échelle plus grande et de réaliser un suivi, assuré par les syndicats pérennisés dans ce rôle. Ces changements sont récents, le temps de latence ne permet pas de voir encore, à ce jour, les effets de ces évolutions. Les enjeux : abandonner la politique de défiscalisation, adapter la politique foncière L’un des leviers de changements dans la construction est de créer les conditions du retour à la construction de qualité, dans un objectif d’habitat et non de placement financier. En 2009, 2/3 des biens vendus l’ont été en défiscalisation. Ces logements défiscalisables, peu qualitatifs, sont conçus selon des modèles dupliqués : mono-orientés, sans celliers, balcons utilisés à des fins de stockage, souvent équipés de piscine collective qui ont grevé les budgets de construction. Des éléments permettent d’imaginer des évolutions dans les politiques conduites : évolution sur la législation de l’isolation, prise en compte des situations géographiques des biens, économie de l’espace, prise en considération du développement durable dans ses dimensions sociales et économiques, au-delà de la seule notion environnementale. Ces contraintes devraient se renforcer et impliquer des changements dans les modes de vie et de consommation. Aujourd’hui, seuls des signaux faibles émergent : réduire la consommation de l’espace, poser la question des déplacements, prendre conscience des coûts économiques et humains des politiques menées ces dernières décennies, notamment l’augmentation de la distance entre domicile et travail, en augmentation depuis 1975*. Dans le Tarn, une expérience a été conduite, exemplaire dans les enseignements que l’on peut en tirer. En 2001, le maire a pris la décision d’aménager 40% de véritables pistes cyclables sur les voies de la commune, s’engageant à faire contrôler chaque année, l’évolution du projet et sa qualité. Il racontait l’exemple d’un couple aux revenus modestes dont les habitudes ont changé grâce à ce nouveau mode de déplacement. D’abord interloqué par la construction d’une piste aux abords de sa maison, le couple a assisté aux premiers passages devant son domicile. Puis il s’est équipé de vélos, a finalement vendu

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l’un des véhicules devenu inutile. Il a alors pris conscience de la baisse des dépenses dans ce domaine, réinvesties dans les loisirs. Rendre la ville attractive Si, pendant longtemps, les villes ont été l’objet de convoitise, l’objectif de devenir propriétaire a profondément modifié les modes de vie de ces dernières décennies. Les particuliers ont fait souvent le choix de s’éloigner de leur famille, de leurs amis, de leur travail, pour accéder à la propriété à des prix abordables. Les conséquences de ces éloignements sont à constater dans le délitement de la vie sociale dans les communes, les organisations complexes dans la vie quotidienne et une augmentation des dépenses de tous les jours, notamment en termes de transport*. L’enjeu aujourd’hui est de redonner aux gens l’envie de la ville, avec, en conséquence, une économie d’espace à gérer. En matière d’urbanisme, l’heure est encore au fractionnement de la ville et à la ghettoïsation. Les ensembles immobiliers ne sont pas ouverts sur leurs quartiers. C’est cette tendance qu’il convient de renverser, en créant des zones mixtes, en rupture avec les habitudes précédentes. Ces zones sont à la fois des lieux d’habitation, mais aussi d’emploi, de commerce, de loisirs. Les promoteurs vont devoir réapprendre à concevoir des projets mixtes, avec des commerces en rez-de-chaussée, des bureaux et des logements dans les étages supérieurs. L’un des signes de ces évolutions est la réintroduction de superettes dans les centres-villes. Avec le vieillissement de la population et les enjeux de diminution des coûts, le retour vers les villes semble inexorable, le mouvement est en cours. Il convient de rendre la ville désirable, et non de provoquer les retours par la peur. Les priorités sont donc de créer des logements de qualité –le succès des normes HQE en témoigne- à des prix abordables, dans des environnements plaisants, où la nature est présente, et des systèmes de transports adaptés. Les infrastructures doivent également être adaptées : faciliter la traversée des artères, proposer des pauses le long des trajets, grâce à des bancs dont le design aura été revu pour permettre aux ainés de se relever facilement… La ville devra aussi penser à l’accueil de ses jeunes, aujourd’hui l’objet de peu d’attention. Impact sur les espaces extérieurs Ces évolutions auront un impact sur les jardins, les balcons et les terrasses, tant dans leur fonction que dans leurs aménagements, avec un rôle plus important et plus positif. On découvre ainsi le rôle de tampon thermique que créé le balcon. Les évolutions sont à chercher dans le domaine de la qualité et non de la quantité. Dans les projets immobiliers, on peut créer des ambiances désirables sur des espaces restreints. Les espaces collectifs viendront élargir les lieux extérieurs accessibles. Ce sont des espaces de transition, partagés, sur lesquels on installe des barbecues, des halles pour déjeuner dehors… On note également le retour des potagers dans les espaces partagés. Des recherches sont actuellement en cours, par exemple à Rennes. Un projet « + 6°» a été lancé, posant la question de rendre la ville viable malgré le réchauffement climatique. Des idées ont émergé, comme le remodelage des rues en tenant compte de l’évolution des déplacements –place des piétons, des vélos, accès aux personnes handicapées…-

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Il s’agit aussi de redécouvrir les espaces naturels à l’intérieur des villes ou aux périphéries, sans forcément chercher à les urbaniser. On note par exemple que les fleuves regagnent leurs lettres de noblesse. La densification ne devra pas se faire au détriment des espaces verts, qui devront au contraire se développer et être accessible ; il faudra par exemple envisager l’ouverture des parcs plus tard le soir, laisser des espaces champêtres se développer, redécouvrir les essences locales, privilégier les plantes qui nécessitent peu d’entretien. Parfois les tendances sont contradictoires, mais aussi complémentaires. C’est le concept de « dialogique », d’Edgar Morin. Par exemple, se justaposent les concepts de « retour aux sources » et des visions industrielles et commerciales des espaces urbains. Il faut apprendre à concilier les tendances, les unes n’excluant pas forcément les autres, avec une échelle des possibles considérable. Il faut apprendre à laisser les logiques dialoguer entre elles et accompagner les effets de balancier. Il semble que nous soyons sur un chemin. Zones commerciales en déclin Pendant longtemps, les collectivités locales ont été schizophrènes, en contribuant à créer des zones de concurrence déloyale à l’extérieur des villes. Aujourd’hui, il semble que les hypermarchés, qui drainent les consommateurs vers les zones commerciales, soient délaissés au profit des superettes de centres villes. Cette tendance devrait se confirmer dans les prochaines années. La question va être alors de savoir que faire de ces zones abandonnées. *Trajet moyen entre domicile et travail : 15 km en 1975, 19 en 1999, 26 aujourd’hui. Les cadres parcourent en moyenne 18 km, les ouvriers 40.

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Francis Ginestet, rédacteur en chef de Lien Horticole– « Moderniser l’image du jardinage » Deux types de population, deux concepts de jardin En 2020 cohabiteront deux types de jardin. On trouvera d’une part celui de l’actif, urbain ou péri-urbain. Cet espace, de taille restreinte, est fréquemment un balcon ou une terrasse. Son propriétaire y consacre peu de temps. C’est une pièce à vivre, décorée et facile d’entretien. Cette pièce est synonyme de bien-être, d’accueil mais aussi de confort à l’extérieur. La présence des végétaux est cosmétique, ils donnent une ambiance. D’autre part, on trouvera le jardin de celui qui a du temps et un certain pouvoir d’achat, souvent retraité. Coût en constante augmentation de l’immobilier obligeant, la maison avec terrain devient, de plus en plus, l’apanage de ceux qui auront travaillé toute leur vie. Dans ce type d’habitat, l’espace extérieur est plus grand, la notion de terre prend de l’importance, celle de jardinage également. S’il ne s’investit pas lui-même, le propriétaire fait intervenir des professionnels pour aménager et entretenir cet espace (le secteur sera créateur d’emplois dans ce domaine). Il a un mode de consommation raffinée, il est disponible pour cultiver ses plantes. La dimension écologique est plus prégnante, des objectifs de collection de plantes, de valorisation du patrimoine président à l’aménagement du jardin. Deux types de population, deux concepts de jardin, mais sans réelle distinction sur le territoire. Les différences régionales se lissent de plus en plus. L’une des raisons expliquant ce phénomène d’uniformité est la perte de contact avec la terre de la nouvelle génération. Les espaces extérieur et intérieur sont en relation Petit à petit, on a vu la pièce à vivre s’ouvrir sur l’extérieur, avec l’aménagement de baies vitrées, puis de terrasses. Dans les constructions des dernières années, la continuité entre salon et terrasse est totale. Sur les terrasses, les sols, les mobiliers, sont de plus en plus sophistiqués, on voit apparaître des cuisines, des matériaux comme des voiles pour se protéger du soleil. Cet espace est devenu essentiel dans la structure du logement. Dans la conception actuelle de nouveaux quartiers, en périphérie des villes, où il est question de densifier sans retomber dans les travers des périodes précédentes, on organise des

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décalages entre les niveaux pour permettre à chacun d’avoir un espace extérieur bien individualisé et aménageable. Les végétaux sont en évolution Les aménagements extérieurs évoluent, comme les intérieurs ont autrefois évolué, sous influence du design nord-européen, avec ses lignes sobres et épurées. Cette tendance a ringardisé le mobilier sombre et tarabiscoté de nos parents. Réservé d’abord à une élite, cette influence s’est largement démocratisée. Avec cette mutation du mobilier, dans un univers dépouillé, les plantes d’intérieur traditionnelles baroques, comme les cyclamens ou les azalées, ont du mal à exister. Les spécialistes hollandais ont su répondre à cette tendance avec les exotiques –orchidées, anthuriums…- qui connaissent aujourd’hui un succès certain, tandis que les gammes françaises ont été plutôt déqualifiées. Aujourd’hui, l’enjeu consiste, pour les pépiniéristes français, à anticiper l’adaptation des végétaux extérieurs à la tendance du mobilier extérieur. La réponse est encore balbutiante, la gamme adaptée à ces nouveaux types de jardin reste à définir, à sélectionner. Cette nouvelle génération de végétaux se caractérise par son aspect graphique, épuré, évolutif, surprenant. Les formes sont plus taillées, les graminées sont présentes. Des touches graphiques de végétaux vont occuper tous les espaces à l’extérieur, horizontaux ou verticaux. Le succès du potager dépend des innovations techniques Aujourd’hui, le jardin nourricier connaît un succès qui a été fulgurant. On peut s’interroger sur la pérennité de cette tendance, qui dépendra avant tout de l’innovation technologique. L’entretien du potager est difficile. Or le nouveau consommateur ne supporte pas l’échec, il faut lui apporter des solutions qui le mettent en situation de succès, en lui proposant des variétés plus résistantes, dans une culture totalement bio.. Le succès de cette tendance est conditionné par la difficulté à maintenir un potager, le temps nécessairement consacré au potager pouvant lasser l’amateur. La prise de conscience écologique se vérifie à plusieurs niveaux Elle se traduit d’abord par la baisse d’utilisation de produits chimiques, réussite du travail de communication sur la toxicité des produits, pour soi-même et pour l’environnement. Si les produits chimiques ne disparaissent pas, leur utilisation s’avérant parfois indispensable en agriculture, ils évoluent vers des dosages de plus en plus fins et des produits de plus en plus sophistiqués. Les progrès effectués permettent d’utiliser certains produits, comme les engrais retard, sans crainte pour l’environnement. Sous un autre aspect, on voit apparaître une tendance à la (re)découverte de la biodiversité, de la faune, de la flore. Le jardin est le lieu où toutes les composantes de la nature se mettent à vivre, c’est un coin de nature qui suscite l’enthousiasme. Autre lien avec la prise de conscience environnementale, le fait qu’aujourd’hui, faute de moyens et avec le spectre de la disparition d’énergie fossile en ligne de mire, de moins en moins de familles avec deux enfants s’éloignent des villes. Cette dimension semble être prise en compte par les collectivités, qui réinventent le jardin public, y compris le potager. On

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voit apparaître des trames vertes, avec des voies aménagées de végétaux dédiés aux piétons, aux cyclistes. Le succès des éco quartiers témoigne aussi de la volonté de retour de la nature en ville ; c’est un signe de la prise de conscience environnementale, mais il n’atteint pas la puissance que l’on peut constater chez nos voisins nord-européens, en Allemagne notamment. Le manque d’envergure de ce type de projet est sans doute lié au défaut de concertation entre les différents corps de métiers, mais aussi parce que l’utilisateur n’est pas, en France, placé au cœur des processus. L’eau est disponible pour les végétaux Le jardin, dans son acception la plus commune, n’est pas très dispendieux eau. Avec des aménagements de stockage et de redistribution adaptés, voire d’épuration là où on a de l’espace, la disponibilité en eau ne devrait pas avoir d’influence particulière sur le jardin de 2020. L’évolution du secteur passe par la modernisation de son image Le secteur est dynamique et porteur. Pour continuer à se développer, il va devoir faire preuve de créativité, revisiter ses gammes, s’adapter aux nouvelles fonctions du jardin, décoration, loisir, jardinage ou encore fonction nourricière. Les végétaux devront être plus résistants, pour permettre de minimiser l’entretien, et donc la disponibilité qu’exige un jardin. On devra également offrir davantage de services, mieux accompagner les consommateurs. Aujourd’hui, l’actif a perdu la culture horticole, c’est un frein au développement du secteur. Les actifs, voire les jeunes retraités, sont démunis face à un jardin, ils risquent l’échec et peuvent en conséquence se détourner du jardin. L’enjeu déterminant pour l’ensemble du secteur est de transmettre la culture horticole à travers de la formation, de l’information, du conseil. Certains secteurs ont réussi à le faire, comme celui de la cuisine. Alors qu’il était devenu plutôt ringard de cuisiner, le secteur s’est, depuis une dizaine d’années, totalement modernisé grâce à certaines stars, un travail d’image, des émissions de TV, une nouvelle génération de livres qui ne ressemblent en rien à ceux auxquels on avait accès précédemment. La cuisine a été repositionnée, redynamisée grâce à ces efforts. Aujourd’hui, le cuisinier amateur est accompagné dans ses moindres étapes ;il trouve sur internet toutes les réponses à ses questions. De même, l’image du jardin doit se moderniser, apparaître plus ludique, donner envie aux gens d’essayer, les prendre par la main L’offre est aujourd’hui éparpillée, on trouve des informations sur les sites mais ils n’ont pas la puissance de ce que l’on trouve en cuisine. Les émissions de télévision, si elles ont le mérite d’exister, sont légères, farfelues, à des horaires peu accessibles. Elles ne sont pas populaires, au contraire des émissions de bricolage, par exemple. Emissions de TV comme journaux ne touchent aujourd’hui qu’une population déjà sensibilisée. Ce chantier est incontournable mais coûteux. Les pépiniéristes en posture de succès Contrairement aux jardineries, les pépiniéristes n’ont pas de structures lourdes et ne souffrent pas de longues périodes d’inactivité. Les producteurs détaillants ont une

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organisation plus souple, avec des personnels qui travaillent à la production quand ils ne sont pas en jardinerie. Les gammes proposées sont certes plus faibles, mais ce sont des commerces de proximité qui travaillent leurs propres produits, avec une dimension écologique et régionale attractives. Spécialistes de proximité, représentant environ 20% des parts de marché de ventes de végétaux d’extérieur, ils sont en posture de succès.