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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE Second cycle- Promotion sortante ------------------------------------- Option : « Administration» ------------------------------------------------------------------ PROMOTION HARENA Mémoire de Fin d’Etudes pour l’Obtention du Diplôme de Maitrise ès Sciences Economiques ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE DU DECOLLAGE RAPIDE DES PAYS DE L’ASIE DE L’EST Par : Mademoiselle ANDRIANONY NyAinaIanjatina Date de soutenance : 22 Avril 2016 Encadreur : Docteur RAMIARISON Hery Professeur des Universités Avril 2016

ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

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Page 1: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

Second cycle- Promotion sortante

-------------------------------------

Option : « Administration»

------------------------------------------------------------------

PROMOTION HARENA

Mémoire de Fin d’Etudes pour l’Obtention du Diplôme de

Maitrise ès Sciences Economiques

ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

DU DECOLLAGE RAPIDE DES PAYS DE

L’ASIE DE L’EST

Par : Mademoiselle ANDRIANONY NyAinaIanjatina

Date de soutenance : 22 Avril 2016

Encadreur : Docteur RAMIARISON Hery

Professeur des Universités

Avril 2016

Page 2: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE
Page 3: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Comme il est écrit, « Je t’instruirais et te montrerai la voie que tu dois suivre ; Je te

conseillerai, j’aurai le regard sur toi» (Psaumes 32 :8), mes remerciements s’adressent en

premier lieu à notre Dieu tout puissant source de sagesse, de connaissance ainsi que de santé.

Ensuite, ce mémoire n’aurait jamais pu être réalisé sans l’aide et le concours d’autrui.

Ainsi, je tiens à exprimer mes vifs remerciements à tous ceux qui ont participé de près

ou de loin, à l’élaboration de ce travail.

- A Docteur RAMIARISON Herinjatovo qui, malgré ses multiples occupations,

nous a consacré son temps en donnant conseils et instructions dans l’élaboration de ce

travail ;

- A Monsieur le Chef de Département Economie et tous les professeurs du

département Economie ;

- Ma famille, mes parents et mes amis qui m’ont accordé soutiens et conseils ;

Remerciements

Page 4: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa

FMN : Firmes Multinationales

ISE : Industrialisation par Substitution aux Exportations

ISI : Industrialisation par Substitution aux Importations

IUT : Institut Universitaire de Technologie

NEI : Nouvelles Economies Industrielles

NPI : Nouveaux Pays Industrialisés

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OIT : Organisation Internationale du Travail

PIB : Produit Intérieur Brut

PISA: Programme for International Student Assessment

R et D : Recherche et Développement

USD : United State Dollar

Liste des abréviations

Page 5: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Figure 1 : Rente différentielle et état stationnaire ............................................................. 7

Graphique 1 : Les stades de croissance économique de 20 pays .................................... 25

Graphique 2 : Croissance annuelle du PIB(%), Corée du Sud ........................................ 34

Graphique 3 : Poids de l’électronique dans le secteur industriel..................................... 42

Graphique 4 : Emploi et productivité apparente du travail dans l’industrie électronique

coréenne........................................................................................................................... 43

Tableau 1 : Synthèse des théories traditionnelles de la croissance ................................... 8

Tableau 2 : Différence entre modèle keynésien et classique........................................... 13

Tableau 3 : Taux de destruction du capital productif selon les différentes branches

industrielles...................................................................................................................... 35

Tableau 4 : Accroissement des inscriptions scolaires en Corée depuis 1945 .................. 40

Tableau 5 : Taux de croissance des facteurs de production et leur contribution à la croissance

économique...................................................................................................................... 41

Tableau 6 : La recherche-développement dans l’électronique coréenne ......................... 44

Tableau 7 : Dépenses de l’Etat, en % du PIB (1960-2010), Moyenne sur 5 ans centrée sur

l’année indiquée............................................................................................................... 46

Tableau 8 : Les principaux indicateurs d’activité de l’économie coréenne : leur évolution de

1957 à 1960 ..................................................................................................................... 47

Tableau 9 : Hong Kong : caractéristiques de quelques branches manufacturières ......... 51

Tableau 10 : Singapour : quelques branches manufacturières ........................................ 52

Liste des tableaux etgraphiques

Page 6: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Tableau 11 : Evolution comparée des déterminants de la structure de production

au sein du système manufacturier des NPI de l’Asie (1960-1974,

taux de croissance annuel moyen en %) .......................................................................... 53

Tableau 12 : Classement des dragons de l’Asie vers la fin des années 1980 .................. 55

Tableau 13 : Les champions de la croissance industrielle entre 1980 et 1991…………56

Page 7: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Les trois classes des physiocrates :La classe des agriculteurs (paysans et fermier), la classe

des propriétaires fonciers (propriétaire de la terre) et la classe stérile (artisans, commerçants)

Chaebols :Une structure de conglomérat d'entreprises qui a pris naissance en Corée du Sud

dans les années 1960. Le mot «Chaebol» signifie «entreprise familiale» ou «monopole» en

coréen.

Classe capitaliste : Fraction de la collectivité qui détient toute la richesse sociale. Minorité

qui possède tout le capital.

Croissance démographique : Augmentation de l’effectif d’une population au cours d’une

période donnée compte tenu des mouvements migratoires et de la croissance naturelle.

Déflation : Situation dans laquelle l'activité économique d'un pays est ralentie, caractérisée

par une baisse des prix, des salaires, une réduction de la masse monétaire engendrant à leur

tour une baisse de la demande, de la production, de l'emploi

Division du travail : Désigne la répartition des activités de production entre différentes

entités spécialisées dans des domaines complémentaires.

Droit de propriétés :Droitd'user,dejouiretdedisposerd'unbiendefaçontotale, en

étantreconnucommelepropriétairedecebien.

Hyperinflation :Une forme atypique d' inflation qui se manifeste par une hausse extrêmement

rapide des prix qui tend à éroder la valeur réelle de la monnaie d'un pays

Industrialisation par substitution aux importations :Le pays va produire de lui-même ce

qu'il importait se mettant en situation d'indépendance par rapport aux autres pays d'où il

importait

Industrie légère :Transformation des productions de l'industrie lourde en produits semi-finis

et en produits finis

Glossaire

Page 8: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Industrie lourde :Désigne en général les activités nécessitant, pour exister, l'emploi d'outils

et de capitaux très importants

Offre globale :Ensemble de laproductionde biens et services, quelle que soit leur nature, mis

sur le marché par les entreprises d'un pays pendant une période donnée, à un niveau de prix

donné

Plein emploi :Décrit une situation de l'économie dans laquelle d'une part, toute personne

désirant travailler occuperait effectivement un emploi, et d'autre part toutes les capacités

matérielles de production seraient utilisées.

Politiques conjoncturelles :Politique à court terme de l'Etat dans le domaine économique.

Limitée dans le temps, elle a pour objectif d'infléchir une conjoncture considérée à risque et

ainsi favoriser la stabilité de l’économie : croissance, inflation, chômage, équilibre extérieur.

Politique expansionniste : Politique menée par un gouvernement lorsqu'il tente de relancer

l'économie, notamment par des mesures fiscales ou monétaires. L'Etat peut alors réduire les

taux d'intérêt des crédits ou investir dans les services publics pour créer de l'emploi et espérer

réduire sa dette publique par les futures entrées fiscales ou par les effets de la consommation

Rendements d'échelle : Représentent l'accroissement de l'efficience (faire avec moins de

moyens) à la suite de l'augmentation des facteurs de production

Surproduction : Production dépassant la demande des consommateurs, en particulier dans les

secteurs où l'élasticité de la demande trop faible ne permet pas une augmentation rapide de la

consommation.

Système de brevets :Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire

un droit d'interdire à un tiers l'exploitation de l' invention objet du brevet à partir d'une certaine

date et pour une durée limitée (20 ans en général).

Zaibatsu : Conglomérat d’entreprises au Japon

Page 9: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

PARTIE 1: LES APPROCHES THEORIQUES DE LA CROISSANCE .......... 3

CHAPITRE 1 : LES THEORIES TRADITIONNELLES DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE……………………………………………………………………………..4

Section 1: Les théories classiques ....................................................................................... 5

Section 2: L’approche postkeynésienne (1939) .................................................................. 9

Section 3: Le modèle néoclassique de Solow (1956)........................................................ 11

CHAPITRE 2 : LES THEORIES DE LA CROISSANCE ENDOGENE…………………14

Section 1: Les nouvelles sources de la croissance ............................................................ 14

Section 2: Les implications de la nouvelle théorie de la croissance ................................. 17

Section 3 : La place de l’Etat ............................................................................................ 19

CHAPITRE 3 : LA THEORIE DE LA CROISSANCE DE ROSTOW…………………...22

Section 1 : Les 5 étapes de la croissance........................................................................... 22

Section 2 : Le décollage .................................................................................................... 26

PARTIE 2: LES PRINCIPAUX FACTEURS A L’ORIGINE DU DECOLLAGE

RAPIDE DES PAYS DE L’ASIE DE L’EST ................................................ 30

CHAPITRE 1 : HISTOIRE DU DECOLLAGE DE LA COREE DU SUD………….........31

Section 1: La Corée du Sud sous la domination Japonaise ............................................... 32

Section 2: La première république coréenne ..................................................................... 33

Section 3: Le décollage avec Park Chung Hee ................................................................. 35

Section 4: La Corée du Sud de maintenant ....................................................................... 37

Sommaire

Page 10: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 2 : LE MODELE DE L’ASIE DE L’EST DE L’ETAT

DEVELOPPEUR ......................................................................................... 38

Section 1: Accumulation de capital humain en Corée du Sud .......................................... 38

Section 2: Accumulation de technologies en Corée du Sud.............................................. 42

Section 3: Complémentarité Etat/marché.......................................................................... 46

CHAPITRE 3 : ETAT ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT EFFICIENTES……….48

Section 1 : Les stratégies industrielles des pays de l’Asie ................................................ 48

Section 2 : Les résultats de la stratégie de promotion des exportations ............................ 54

Page 11: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Parmi les nouveaux pays industrialisés, les premiers qui ont atteint la phase de

décollage1sont appelés « les quatre dragons de l’Asie». Il s’agit de la Corée du Sud ; Hong

Kong ; Singapour et Taiwan. En 1960, la Corée du Sud était plus pauvre que le Ghana ainsi

que de nombreux pays d’Afrique ; le revenu par hab itant à Taiwan était inférieur à celui du

Brésil et quatre fois plus faible qu’en Argentine ; Hong Kong et Singapour n’étaient pas très

riche, ces pays étaient tous au départ des fabricants de produits de bas de gamme (petite

quincaillerie, bibelot, gadget…). Cependant, les économies de ces quatre pays sont entrées

très rapidement dans une phase de décollage. En effet en moins d’une génération (1960-

1980),2 le revenu par habitant est multiplié par quatre, ces croissances économiques sont

accompagnées d’une amélioration des indicateurs de développement humain qui se situent

désormais aux premiers rangs du monde en développement. Comparé à l’Amérique Latine ou

à l’Afrique, la croissance de ces pays a été près de trois fois plus rapide.

D’où la problématique qui se pose est de savoir les principaux facteurs qui ont permis

un développement économique rapide de ces pays de l’Asie, quelles sont les institutions

économiques qu’ils ont privilégié, quelles politiques de développement ont-ils appliqué ?

Deux hypothèses méritent ainsi d’être testées : la première est que l’Etat développeur

serait le principal facteur de leur croissance économique et la deuxième est que le miracle

asiatique est dû à des stratégies de développement efficientes.

L’objectif principal de cette étude est de montrer que le développement économique

est primordialement endogène .C’est de cette manière ces NPI ont pu redresser leurs

économies.

1 Troisième phase dans les étapes de la croissance, si un pays a atteint cette phase, on peut dire qu’il est

développé 2 Jean Raphael C.,Marc L., «Le modèle de l’Asie de l’Est», Recherches internationales , Janvier-mars 2014, p. 122

Introduction

1

Page 12: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Le cadre de ce présent travail, dans le temps se limitera à partir des années 60 jusqu’à

maintenant : les pays de l’Asie de l’Est ont décollé à partir des années 60.Dans les années 80,

ils ont suivi les modèles économiques développés par le Japon d’où une importante

industrialisation dans les années 90 et aujourd'hui, ils jouissent d'un niveau de vie comparable

à celui des pays de l'Union européenne ou du Japon.

Dans ce travail, la méthodologie utilisée sera la méthode positive avec une causalité

simple, c’est-à-dire qu’on va expliquer les causes des faits et des phénomènes économiques,

puisque on va seulement analyser le décollage des pays Asiatiques par les facteurs, une

relation univoque entre cause et effet.

La première partie de ce devoir sera consacrée à une approche théorique notamment

les théories de la croissance économique et la deuxième partie aux facteurs explicatifs d’un

décollage rapide des pays de l’Asie de l’Est.

2

Page 13: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Partie 1: Les approches

théoriques de la croissance

3

Page 14: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Pour définir la croissance économique, on se réfère souvent à la définition de François

Perroux définissant la croissance comme un processus continu et soutenu d’élévation du

PIB réel d’un pays dans le temps, la croissance économique est un phénomène quantitatif

d’accumulation de richesse3. Les pays présentant les meilleurs indicateurs de bien-être et de

développement sont ceux qui présentent les meilleures performances en termes de

croissance.Le taux de croissance se définit alors comme la variation relative du PIB en

volume d’une année sur l’autre4.

Depuis plus de deux siècles, les économistes s’interrogent sur les causes de la croissance,

d’où dans cette première partie, on va analyser les différentes théories sur la croissance en

avançant d’une part les théories depuis les classiques jusqu’à la théorie de la croissance

endogène et d’autre part la théorie des stades de Rostow en approfondissant la notion de

décollage économique.

3François P., «Dictionnaire économique et social», Hatier, 1990

4 Calcul du taux de croissance: PIBt – PIBt-1/PIBt-1 X 100

4

Page 15: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 1 : LES THEORIES

TRADITIONNELLES DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE

Dans ce chapitre premier, plusieurs théories de la croissance seront présentés, allant

des auteurs classiques du 18ème siècle en passant parles enseignements du modèle de Harrod-

Domar, les postulats de la théorie néoclassique notamment de Solow et en terminant avec les

théories contemporaines de la croissance : les théories endogènes.5

Adam Smith, David Ricardo ou Thomas Robert Malthus ont leur propre point de vue sur

les sources de croissance économique, Adam Smith est surtout connu pour sa théorie sur la

division du travail, Ricardo pour «les rendements décroissants» et son fameux «état

stationnaire» et Malthus pour sa loi de la population.

1. Adam Smith (1723-1790)

Adam Smith, considéré comme étant «le père de l’économie politique»6 dans son ouvrage

«Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations» en 1776 considère que le

moteur de la croissance économique réside dans la division du travail, consistant à repartir un

travail complexe entre différents travailleurs spécialisés pour simplifier la tâche de chaque

travailleur.

5 Ou encore nouvelle théorie de la croissance

6Selon l’expression de Jean Baptiste Say

Section 1: Les théories classiques

5

Page 16: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Le travailleur sera plus habile dans l’exécution d’une tâche spécialisée, le temps de

production sera plus courte, l’utilisation des machines facilitera le travail… conduisant ainsi à

une hausse de la productivité du travail7, donc de la croissance en général. La productivité

d’une entreprise tend à augmenter grâce à la division du travail, il en a déduit la loi des

rendements croissants du travail. Pour illustrer sa théorie, il a donné l’exemple de la

manufacture d’épingles8 où un seul ouvrier ne peut à lui seul fabriquer un épingle mais quand

il fait appel à d’autres mains d’œuvres, le travail se facilite, la production augmente : «Un

ouvrier lire le fil à la bobille, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième

empointe, un cinquième est employé à émoudrele bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est

elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière;

blanchirles épingles en est une autre; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les

papiers et d'y bouterles épingles»9

2. Thomas Robert Malthus (1766-1834)

Thomas Robert Malthus est un des auteurs classiques ayant une vision pessimiste en ce

qui concerne la croissance. Il évoque comme David Ricardo qu’à un moment donné, la

croissance stagne et n’augmente plus, il n’y aura plus de profits, c’est l’état stationnaire. Il a

expliqué ce postulat par «la loi de la population», la population suit une suite géométrique10

tandis que les ressources suivent une suite arithmétique. Donc les ressources te ndent à être

insuffisantes pour nourrir toute population, et dans le cas où il n’y aura plus de ressources,

c’est l’état stationnaire.

La solution pour soutenir la croissance à long terme est donc des politiques de contrôle de

naissance comme celles adoptés en Chine à travers la politique de l’enfant unique. 11

7La productivité du travail est le rapport entre un volume de production réalisé et la quantité de travail

employé (en heures ou en effectifs) 8La manufacture d’épingles se fait en huit étapes successives

9Adam Smith, «Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations» , 1776, Édition Folio Essais,

1976, p. 38-39. 10

La population doublera tous les vingt-cinq ans 11

La politique de l 'enfant unique est la politique publique de contrôle des naissances mise en œuvre par la

Chine de 1979 à 2015

6

Page 17: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

3. David Ricardo (1772-1823)

David Ricardo est également pessimiste en ce qui concerne la croissance. Il explique son

postulat par la théorie des rendements décroissants de la terre.

La répartition des revenus va stimuler les investissements car plus il y a des profits, plus les

agents économiques vont investir, mais cette répartition des revenus ne crée pas toujours des

investissements en raison des rendements décroissants.

Source : Balaguer R. «Rente différentielle et prix des matières premières», Thèmes

économiques 2009, p. 5

Chaque terre mise en culture est moins fertile que la précédente, les terres cultivées en

premier seraient plus rentables que celles qui sont cultivées en derniers. Plus les terres

cultivées augmentent, plus les propriétaires terriens auront de rente 12 , mais le prix de la

production va augmenter, d’où l’augmentation des prix des produits, les travailleurs vont

demander plus de salaire pour pouvoir se procurer les produits, les profits diminuent et quand

ils atteignent zéro, c’est l’état stationnaire.

12

Somme versée au propriétaire de la terre en contrepartie de l’utilisation de la terre

Figure 1: Rente différentie lle et état stationnaire

7

Page 18: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Adam Smith

Thomas Robert

Malthus

David Ricardo

Source de croissance

Division du travail

Contrôle

démographique

Répartition des

revenus créant de

l’investissement

Rendements

Rendements

croissants du travail

Rendements

décroissants des

ressources

Rendements

décroissants de la

terre

Vision

Optimiste

Pessimiste, tendance

à l’état stationnaire

Pessimiste, tendance

à l’état stationnaire

Source : Auteur

Tableau 1: Synthèse des théories traditionnelles de la croissance

8

Page 19: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Ce modèle de croissance économique a été développé par Roy Harrod et EvseyDomar13,

contrairement aux auteurs classiques, ils ont étudié la croissance économique sous de

nouveaux aspects notamment en se penchant plus sur l’investissement et la stabilité de la

croissance à long terme.

1. L’instabilité de la croissance

Selon Harrod, il existe trois taux de croissance.

D’abord, il y a le taux de croissance effectif correspondant au taux de croissancede la

productioneffectivement observé. En d’autres termes c’est le taux qui se réalise réellement.

Ensuite, le taux de croissance nécessaire, un taux non observé, c’est le taux qui assure

l’équilibre entre l’épargne et l’investissement.

Et enfin le taux de croissance naturel correspondant au taux auquel l'économie devrait croître

pour assurer le plein emploi14 en l'absence de progrès technologique, il correspond au taux de

croissance démographique.15

Il y aura une croissance équilibrée avec plein emploi si ces trois taux sont égaux, leurs études

ont montré que l’égalité est rare, ils ont déduit que la croissance est stable sur «le fil du

rasoir», c’est-à-dire que le chemin de la croissance équilibrée est très étroit et elle relève du

hasard. L'économie peut à tout moment tomber dans le déséquilibre, sans espoir de revenir à

l'équilibre.

13

Dans un article intitulé « An essay in dynamictheory» en 1939, repris et complété en 1948 dans « Toward a

dynamiceconomics» et en 1947 dans « Expansion and employment» publié dans l’American Economicreview 14

Le terme « plein emploi » décrit une situation de l 'économie dans laquelle d'une part, toute personne désirant travailler occuperait effectivement un emploi, et d'autre part toutes les capacités matérielles de

production seraient utilisées. 15

Marc M., « Nouvelles théories économiques». Thèmes et débats, juin 2002,p.64

Section 2: L’approche postkeynésienne (1939)

9

Page 20: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Dans la plupart des cas, les déséquilibres s’installent, il s’agit du déséquilibre sur le marché de

biens et services est l’écart entre le taux de croissance effectif et le taux de croissance

nécessaire ; et le déséquilibre sur le marché du travail est l’écart entre le taux de croissance

nécessaire et le taux de croissance garanti.

2. La double influence de l’investissement

L’investissement est à la fois une composante de l’offre et de la demande car en

investissant, les entreprises augmentent la capac ité de production notamment l’offre, mais

elles achètent également des machines ou autres moyens de production à d’autres entreprises,

donc l’offre et la demande tendent à augmenter, et s’ils augmentent au même rythme, la

croissance est équilibrée, mais ce n’est pas toujours le cas.

Si la demande est supérieure à l’offre, les entreprises vont chercher à accroître leurs capacités

de production pour répondre à l’excès de demande. Or, en investissant, elles créent une

demande supplémentaire. Il est alors probable que l’excès de demande s’intensifie au lieu de

se réduire. Inversement, si l’offre est supérieure à la demande, les entreprises risquent de

réduire leurs dépenses d’investissement, donc de réduire plus amplement la demande.

Deux situations sont alors possibles : si l’offre est supérieure à la demande, alors l’économie

se retrouve en surproduction16, elle s’éloigne du plein emploi et elle risque de connaître une

déflation17. Inversement, si la demande est supérieure à l’offre, l’économie subit alors des

tensions inflationnistes. Harrod et Domar ont également montrés que les autorités publiques

ont un rôle à jouer dans la croissance à long terme en veillant à ce qu’elle soit équilibrée. En

assouplissant et resserrant ses politiques conjoncturelles 18 , l’Etat va ajuster la demande

globale de manière à ce qu’elle s’équilibre avec l’offre globale 19.

16

Productionplusélevéequelebesoinréeldumarché.

17 La déflation est un phénomène de baisse générale des prix constatée sur une périodesuffisamment longue

de plusieurs trimestres. Elle est la conséquence d'une demande globale qui ne suffit pas à absorber la quantité de biens et services produits par l 'économie. 18

Une politique conjoncturelle est une politique à court terme de l 'Etat dans le domaine économique. Limitée

dans le temps, elle a pour objectif d'infléchir une conjoncture considérée à risque et ainsi favoriser la stabilité de l’économie : croissance, inflation, chômage, équilibre extérieur. 19

On appelle offre globale ou offre agrégéel 'ensemble de laproductionde biens et services, quelle que soit leur

nature, mis sur le marché par les entreprises d'un pays pendant une période donnée, à un niveau de prix donné.

10

Page 21: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Contrairement aux perceptions des postkeynésiennes, le modèle de Robert Solow opte

pour une croissance équilibrée20, dépendant du progrès technique qui est exogène.

1. Les hypothèses du modèle

Le modèle de croissance de Solow se fonde sur l’hypothèse que les facteurs de production

sont substituables21 mais il n’y a pas de substitution totale et ils connaissent séparément de

rendements décroissants, par contre les rendements d’échelles22 sont supposés constants. Il

pose également comme hypothèse que les facteurs de productions sont utilisés de manière

efficace par tous les pays et que le taux de croissance de la population n’influence pas

l’économie.

Donc le modèle déduit trois prédictions :

Augmenter la quantité de capital23 augmente la croissance : plus il y a de capital, plus

la main d’œuvre augmente sa productivité

Les pays pauvres accumulent moins de capital donc connaissent des rendements plus

faiblement décroissants, donc ils peuvent connaitre un taux de croissance plus élevé

que les pays riches, d’où les revenus des pays en voie de développement peuvent

potentiellement converger progressivement à ceux des pays riches

En raison des rendements décroissants, les économies vont atteindre un point où toute

augmentation des facteurs de production n’engendrera plus d’augmentation de la

production par tête

20

La croissance équilibréeest une croissance économique dont tous les éléments progressent de concert, c’est-à-dire qu’il n’y a absolument pas de tensions inflationnistes. Cette vision de la croissance tend donc à la stabilité des prix et à l’égalité entre taux de chômage et taux de chômage structurel . 21

Solow R., « A contribution to the theory of economic growth»,MIT press, 2010, p.65 22

Les rendements d'échelle représentent l 'accroissement de l 'efficience (faire avec moins de moyens) à la suite de l 'augmentation des facteurs de production. Les économies d'échelle traduisent la baisse du coût moyen de

production consécutive à une hausse de la production. 23

Signifie investir

Section 3: Le modèle néoclassique de Solow (1956)

11

Page 22: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

2. Les implications du modèle

2.1. Tendance à l’état stationnaire et le rôle du progrès technique

Solow s’intéresse surtout au capital par tête dont la variation tend vers zéro dans un état

stationnaire.

Solow retrouve l’idée des classiques selon laquelle l’économie converge vers un état

stationnaire 24 , c’est-à-dire que la croissance tend peu vers zéro et l’économie risque

finalement de se retrouver dans une situation où la production n’augmente plus mais stagne.

Et aussi, le progrès technique permettra aux travailleurs de produire plus avec la même

quantité de facteurs, qu’il considère comme exogène.

2.2. L’appauvrissement de l’économie

Le modèle de Solow met en évidence l’existence d’un lien entre un fort taux

démographique25 et la pauvreté. En effet, une hausse de la démographie, toutes choses égales

par ailleurs, entraine une diminution du capital par tête k 26.

2.3. L’enrichissement de l’économie

D’autre part, une hausse du taux d’épargne s, toute chose égale par ailleurs, entra inera

une hausse du capital par tête k, et donc une hausse de la richesse.

Dans le modèle se Solow, les économies qui épargnent davantage possède des niveaux de vie

plus élevés que celles qui épargnent moins. La hausse de l’épargne entraine également une

augmentation temporaire du taux de croissance économique.

24

Voir section 1 25

Fluctuationdeladémographiesur une périodedonnée,

prenantencomptelesmouvementsmigratoiresetlacroissancenaturelle.

26 k = K/L

12

Page 23: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Harrod-Domar Solow

Facteurs de production Capital et travail sont à

coefficients fixes

Capital et travail sont à

coefficients variables

Equilibre Equilibre instable Equilibre stable

Facteurs de stabilité Etat Marché, régulation

automatique

Source de la croissance Exogène Exogène

Progrès technique Exogène Exogène

Source : Auteur

Tableau 2: Différence entre modèle keynésien et néoclassique

13

Page 24: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 2 : LES THEORIES DE LA

CROISSANCE ENDOGENE

Apparu à la fin des années 1980, pour remettre en cause le modèle néoclassique de Solow,

notamment l’hypothèse que le progrès technique est exogène, les nouvelles théories de la

croissance économique vont intégrer d’autres facteurs explicatifs de la croissance tels que le

progrès technique, les externalités, les rendements croissants, l’effort de recherche, la

formation, les dépenses publiques.

Selon les auteurs de la croissance endogène, le modèle néoclassique n’est pas faux, il est juste

incomplet dans le sens que ce dernier ne tient pas compte du capital humain.

Certes, contrairement au modèle néoclassique, la technologie est endogène, les rendements

sont croissants. Les thèses libéraux sont caractérisées par des rendements décroissants donc

normalement les revenus des pays pauvres devraient converger vers celui des pays riches ; or,

la réalité montre que ce n’est pas le toujours les cas.

Cette section sera attribuée aux sources de la croissance selon les auteurs de la nouvelle

croissance, que ce soit le capital physique pour Romer 1986; le progrès technique en 1990 ;

le capital humain pour Lucas et le capital public pour Barro

Section 1: Les nouvelles sources de la croissance

14

Page 25: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

1. Le capital physique Romer (1986)

Le capital physique désigne l’équipement dans lequel investit une entreprise pour la

production de biens et de services. En investissant dans de nouveaux équipements, une firme

se donne les moyens d’accroître sa propre production mais également celles des autres firmes

concurrentes ou non27. L’explication à ce phénomène réside dans le fait que l’investissement

dans de nouvelles technologies est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la

pratique.

Parmi les formes d’apprentissage, on peut citer l’amélioration des équipements en place,

l’augmentation de la compétence des travailleurs.

Si plusieurs firmes augmentent en même temps leurs investissements elles vont connaître une

croissance plus forte que celle qui résulterait pour chacune de leur propre investissement :

chacune profite du développement des autres, en accumulant du capital chaque firme acquiert

des connaissances qui bénéficient aussi aux autres firmes : l’apprentissage par la pratique et la

diffusion du savoir qui éliminent la décroissance des rendements parce qu’ils ont un effet

externe positif.28

2. Le progrès technique (Romer, 1990)

Paul Romer met l’accent sur la recherche-développement, c'est-à-dire l'accumulation

de capital technologique. Pour innover, un chercheur utilise le savoir qui est disponible à son

époque ; et en innovant, il accroît le savoir disponible pour les autres chercheurs, notamment

ceux des générations futures29.

27Smriti C.,«The Endogenous Growth Theory: Models and Policy Implications»,Growth Models

28

Dominique G., «Croissance endogène : les principaux mécanismes»,Revue Persee, 16 octobre 2015, p.45 29

Dominique G., «Croissance endogène : les principaux mécanismes»,Revue Persee, 16 octobre 2015, p.46

15

Page 26: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Le progrès techniqueest réintégré au cœur de la croissance, ce n'est plus un « résidu ».

L'innovation est alors une activité à rendement croissant qui augmente le stock de

connaissances, et le « débordement » de ces connaissances finit par être bénéfique à tous. Les

firmes sont alors interdépendantes, la « course à l'innovation » de chaque firme bénéficie à

l'ensemble des firmes et tire l'économie vers la croissance.

3. Le capital humain (Lucas, 1995)

En 1988, les travaux de Lucas avaient pour but de prouver que la croissance était

endogène contrairement au modèle néoclassique, le mot clé dans ses travaux est le capital

humain, l’accumulation du capital humain augmente la productivité.

Son modèle est basé sur l’idée que les agents économiques en travaillant acquièrent des

expériences, donc l’échange débute quand ils abandonnent leurs salaires pour augmenter leur

productivité future en d’autres termes leurs salaires futurs. 30

Le capital humain désigne l’ensemble des capacités apprises par les individus et qui

accroissent leur efficacité productive. Chaque individu est en effet, propriétaire d’un certain

nombre de compétences, qu’il valorise en les vendant sur le marché du travail. Par exemple,

l’éducation, est un investissement dont l’individu attend un certain retour.

Par ailleurs le capital humain n’a pas des rendements décroissants parce que le niveau de

connaissance d’un individu est d’autant plus efficace que celui des autres (avec lesquels il

communique) est plus élevé.

«La productivité individuelle est fonction de l’efficacité de l’équipe dans laquelle il travaille.

La connaissance est partagée et chaque connaissance nouvelle entraîne l’apparition de

connaissances supplémentaires... Le rythme de croissance d’une économie dépend donc

forcément de la part des ressources qu’elle consacre au système de formation et aux dépenses

d’éducation.»31

30

Dominique G.,«Croissance endogène : les principaux mécanismes», Revue Persee , 16 octobre 2015, p.47 31

Arnaud D., « La croissance, theme 1, Grands problèmes économiques contemporain»,p. 15

16

Page 27: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

4. Le capital public (Barro, 1990)

En théorie, le capital public n’est qu’une forme de capital physique. Il résulte des

investissements opérés par l ’Etat et les collectivités locales. Le capital public comprend

également les investissements dans les secteurs de l’éducation et la recherche. 32

Robert Barro souligne le rôle joué par l’investissement public, c'est-à-dire l'accumulation de

capital public, dans la croissance : les infrastructures publiques (routes, aéroports, éclairage

public, réseau de distribution d’eau, etc.) stimulent la productivité. Or, avec la croissance,

l’Etat prélève davantage de taxes et d’impôts, donc il peut financer de nouvelles

infrastructures. Donc, un cercle vertueux est à l’œuvre : l’investissement public favorise la

croissance et la croissance favorise en retour l’investissement public.

Les théories de la croissance endogène vont mettre en évidence surtout le rôle du progrès,

de l’innovation de la connaissance, puisque contrairement aux anciennes théories, les

rendements y sont croissants.

1. Les rendements croissants de la connaissance

La nouvelle théorie de la croissance ne nie pas que les rendements des facteurs de

production sont décroissants mais cela se limite juste dans le cadre de la théorie marginaliste,

une théorie où l’économie est en équilibre, où les seules facteurs de productio n sont le capital

et le travail. La nouvelle théorie de la croissance va élargir ce point de vue en y intégrant

d’autres sources de la croissance.

32

Arnaud D., « La croissance, theme 1, Grands problèmes économiques contemporain»,p. 15

Section 2: Les implications de la nouvelle théorie de la

croissance

17

Page 28: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Tant que les idées se développent et se créent de jour en jour ; nombreux problèmes de

blocage de la croissance se résolvent. Les connaissances et les idées ont fait passer le monde

d’une société pauvre en technologie à une société où les conditions de vie ne peuvent exister

sans la technologie.

La nouvelle théorie de la croissance ne s’oppose pas complètement à la théorie de la

croissance traditionnelle ; les faits ont juste montrés que les sociétés à rendements croissants

se sont plus développées que les sociétés à rendements décroissants.

La technologie ne cesse de progresser, l’ordinateur d’autrefois s’est aujourd’hui transformé en

des ordinateurs de plus en plus sophistiqués….qui ne cessera d’impressionner l’homme, ce

qui prouve bel et bien la théorie des rendements croissants, non seulement que la technologie

ne cessera de progresser à travers le temps mais aussi à travers l’espace.

2. Le processus de la destruction de la création

Selon Schumpeter, la recherche d’un profit de plus en plus élevé va inciter les firmes à

innover davantage, de chercher de nouvelles technologies afin d’être toujours le plus

compétitif. De nouveaux produits vont automatiquement créer un monopole, donc l’économie

n’est plus en équilibre.

Dans son point de vue, l’économie change en fonction de la poursuite d’un profit

monopolistique pour toujours accroitre les innovations.

De nouvelles idées vont détruire les précédentes d’où le terme «destruction de la création»

18

Page 29: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

«L’important est de créer un environnement institutionnel qui supportera le

changement technologique» (Romer 1994a, p.21)

Le marché ne peut régler toute l’activité économique, le marché pure et parfaite n’est qu’une

simple théorie, dans la plupart des cas, des imperfections envahissent le marché, travailler de

pair avec l’Etat est donc une nécessité pour la croissance économique.

L’Etat est le principal garant de la croissance économique, les débats théoriques sur

l’intervention de l’Etat ont tous montré que son intervention ou non dans l’économie assure

l’avenir économique d’un pays. Que ce soit en élaborant des politiq ues convenables ou en

minimisant ses occupations dans certains secteurs, néanmoins, les théoriciens de la nouvelle

croissance vont montrer que les rôles de l’Etat dans l’économie surtout dans l’accumulation

de capital vont assurer davantage la croissance économique.

1. Accumulation de capital humain

Par des politiques de formation ou d’éducation, l’Etat va améliorer l’efficacité du capital

humain et peut même faciliter l’accumulation de connaissance et d’expérience.

Des politiques d’éducation vont assurer une génération future capable de tirer l’économie de

plus en plus vers le haut, des politiques d’anticipation qui vont déterminer à l’avance l’avenir

d’une nation.

Les formations et apprentissage sont des sources de capital humain et aussi procurent des

externalités positives que les travailleurs acquièrent en travaillant au sein d’une entreprise

innovante, et la mobilité du travail va encore entrainer plusieurs externalités positives.

Section 3 : La place de l’Etat

19

Page 30: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

2. Accumulation technologique

L’Etat a également un important rôle à jouer dans l’accumulation technologique, non

seulement en organisant un système de brevets33, mais aussi en participant lui-même à l’effort

de recherche-développement.

L’Etat doit aussi définir les droits de propriétés34 pour que les innovations ne puissent se

détruire rapidement.

L’accumulation technologique rendra la production plus efficace, plus efficiente, et surtout

plus compétitive au niveau international.

3. Intervention en cas de monopole et externalités

Selon la thèse néoclassique, l’Etat doit intervenir pour réguler le marché de sorte qu’il soit

toujours en équilibre, mais la réalité pour les adeptes de la nouvelle croissance économique

est que le marché n’est pas toujours en équilibre, l’économie est en mouvement et la

recherche d’un profit toujours plus haut va créer automatiquement un marché en monopole.

Néanmoins, tant pour les libéraux que pour les nouvelles théories de la croissance, le

monopole et les externalités que ce soit des externalités positives ou négatives sont considérés

comme des imperfections du marché, la nouvelle théorie de la croissance va se ranger du côté

des libéraux en soutenant l’intervention de l’Etat dans les monopoles et les externalités.

33

Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit d'interdire à un tiers l 'exploitation de l 'invention objet du brevet à partir d'une certaine date et pour une durée limitée (20 ans en

général). 34

Droitd'user, dejouiretdedisposerd'unbiendefaçontotale, en étantreconnucommelepropriétairedecebien.

Cedroitdepropriétéestnéanmoinsentourépardesrèglesfixéesparlaloi.

20

Page 31: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

4. Les biens publics et les infrastructures publiques

Les infrastructures publique sont considérées par Barro comme des facteurs endogènes de

croissance d’où une nécessité d’une intervention de l’Etat.

L’Etat achète des produits et offre des services publics gratuits (financés par des impôts ou

des emprunts) qui améliorent la productivité du capital et du travail dans chaque entreprise.

Les dépenses publiques d’infrastructure ont un effet externe positif.

5. Politiques industrielles appropriées

L’Etat peut favoriser la croissance sur longue pér iode en menant une politique industrielle

appropriée. Des politiques industrielles favorables à l’économie d’un pays. En effet,

l’industrie est le principal moteur de l’économie, les échanges avec l’extérieur vont stimuler

les investissements publics qui sont très favorables au développement et à la croissance

économique.

21

Page 32: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 3 : LA THEORIE DE LA CROISSANCE

DE ROSTOW

Dans ce troisième chapitre, la première section sera consacrée aux différentes phases

de la croissance économique qui sont la société traditionnelle, les conditions préalables au

décollage, le décollage, la marche vers la maturité et l’ère de la consommation de masse. La

deuxième section approfondira la notion de décollage.

En premier lieu il y a la société traditionnelle, ensuite vient les conditions préalables au

décollage, le décollage est l’étape suivante suivi de la marche vers la maturité et enfin l’ère de

la consommation de masse.

1. La société traditionnelle

Cette première phase de la croissance est caractérisée par une société agricole, où la

science et la technologie ont selon Rostow des caractères «prénewtonniennes», c’est-à-dire

que les machines, équipements et techniques sont très faiblement utilisées et même que tout

espoir de progrès n’y est pas envisagée.

Néanmoins, cette phase n’exclut pas l’augmentation de la production, mais le souci c’est

qu’en l’absence de technologie, cette dernière est limitée. Les ménages survivent grâce aux

rendements des terres, des terres qu’ils ont hérité de leurs ancêtres, qui ont une valeur très

importante et qu’ils supposent transférer aux générations suivantes, les cultures et les liens

familiaux sont fortement privilégiés, une société hiérarchique où le pouvoir appartient aux

propriétaires des terres.

Section 1 : Les 5 étapes de la croissance

22

Page 33: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

2. Les conditions préalables au décollage

C’est la phase où la société se prépare à décoller, autrement dit, c’est une «transition»

entre la société traditionnelle et le décollage.

Le passage d’une société essentiellement agricole pour une société d’industrie, d’une société

organisée autour des régions pour plus se préoccuper de la nation voire plus large encore 35,

d’une société où plus on a d’enfants, plus la richesse est grande pour une société contrôlant le

taux de natalité, des revenus des propriétaires de terres passant entre les mains de l’Etat, où la

valeur des hommes ne sera plus en fonction de son clan mais de ses fonctions, la technologie

sera le principal facteur de décollage.

L’investissement croit davantage en se transformant, certes, pour investir, il faudrait des

personnes capables de manipuler la technologie et la science en vue d’accroitre la production,

il faut des institutions qui sont prêtes à prêter des sommes importantes pour soutenir les

investissements, et l’industrie en concurrence ouvrira les portes des investissements en

capitaux étranger et national.

L’Etat a également un rôle à jouer, dans le domaine de l’infrastructure publique, considérée

comme des investissements de long terme car ils sont amortis en long terme, considérée

également comme des bénéfices collectifs qui amélioreront les conditions de vies de la

population.

3. Le décollage

Selon Rostow, «le décollage est la période pendant laquelle la société finit par renverser

les obstacles et les barrages qui s’opposaient à sa croissance régulière», c’est la période durant

laquelle les pays arrivent à renverser les obstacles et barrages s’opposant à leur croissance

régulière.

La croissance devient un phénomène naturel, de plus en plus de technolo gies sont utilisées

pour accroitre la production surtout dans le domaine de l’agriculture et de l’industrie. Le taux

d’épargne et d’investissement passent de 5% à 10% ou plus du revenu national.

35

Regional, national, international

23

Page 34: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Des industries nouvelles se développent dont les profits sont réinvestis, de nouveaux

investissement qui s’élargissent via les institutions financières, le secteur privé. L’agriculture

est totalement modernisée voire complètement transformée.

Rostow a donné quelques exemples, il peut s’agir :

- D’une innovation technique majeure qui entraîne des externalités positives par

exemple le cas du Japon en 1910

- De l’environnement international : des pays qui deviennent plus favorable par

l’ouverture des marchés, l’amélioration des termes de l’échange, par des importations

massives de capital par exemple les NEI d’Asie, les dragons d’Asie.36

4. La marche vers la maturité

A la suite de la phase de décollage où la société entame une longue période de progrès

soutenu. L’économie se développe à un rythme important dans tous les secteurs

économiques qui jusqu'alors n'avaient pas décollé. Le volume des investissements passe de

10 à 20% du revenu national. Les industries lourdes (charbon, sidérurgie, industries

mécaniques) cèdent progressivement leur place aux industries de machines-outils, aux

industries électriques et chimiques. Le commerce international se structure autour des

spécialisations et de la division internationale du travail. 37

Selon Rostow, « D’un point de vue formel, on peut définir la maturité comme l’étape au

cours de laquelle l’économie prouve qu’elle est en mesure d’aller au-delà des industries qui

l’ont fait démarrer à l’origine et d’assimiler et d’appliquer efficacement à toute une gamme

de ressources – sinon à la totalité d’entre elles – les découvertes qui étaient à la pointe de la

technologie de l’époque. C’est la phase où l’économie montre qu’elle possède les

ressources techniques et l’esprit d’initiative nécessaire pour produire, sinon tout ce dont

l’industrie est capable, du moins tout ce qu’elle décide de produire»38

36

Lassina K., «chap 4: la notion de décollage ou «take-off»»,p.3 37

Lassina K., «chap 4: la notion de décollage ou «take-off»», p.110 38

Rostow W., « Les étapes de la croissance économique –le manifeste non communiste-» Édition Seuil, Paris 1963

24

Page 35: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

5. L’ère de la consommation de masse

Dans cette dernière phase, les principaux secteurs moteurs de l’économie changent

davantage pour produire des biens de consommation durables.

En effet, quand une société a atteint la phase de la maturité: le salaire réel par tête augmente

d’une telle sorte qu’ils augmentent leur consommation en produits de premières nécessités, de

nourriture ou d’habillement, les structures de la force de travail changent dans le but

d’augmenter la population active urbaine, de diminuer le chômage, de jouir des fruits de la

maturité.

En plus de ce changement de l’économie, la société étend les progrès technologiq ues vers une

dimension sans fin.

Source:Rostow W., «The world economy, history and prospect, Macmillan», 1978

Graphique 1 : Les stades de croissance économique de20 pays

Décollage

Vers la maturité technologique

Forte consommation de masse

Grande Bretagne

Etats-Unis

France

Allemagne

Suède Japon

Russie Italie Canada

Australie Argentine

Turquie Brésil Mexique

Iran Inde

Chine Taiwan Thaïlande

Corée du Sud

1780 180020 40 60 80 1900 20 40 60 1980

25

Page 36: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Dans ce graphique, le premier pays qui s’est décollé est la Grande Bretagne, atteignant sa

phase de maturité dans les années 1800, pour arriver à la dernière phase dans les années 1900.

Ensuite vient les Etats Unis, qui ont décollé à peu près 40 ans après l’Angleterre, marchant

vers la maturité dans les années 1840, mais néanmoins ils ont atteint la dernière phase de la

croissance avant la Grande Bretagne. Les troisièmes pays qui ont accumulé toutes les

conditions des 5 stades de Rostow sont la France et l’Allemagne dont le premier a décollé peu

de temps avant les Etats Unis, ces deux pays ont été suivis par le Japon. Concernant les

dragons de l’Asie, le Taiwan a décollé vers la fin les années 1950 et la Corée du Sud vers le

début des années 1960.

Le décollage est l’étape où le phénomène de croissance est normal, où le taux

d’investissement passe de 5% jusqu’à 10%, où la création d’une ou plusieurs importants

secteurs de l’industrie de la transformation ayant un taux de croissance élevé est de plus en

plus fréquentes et où un appareil politique, social et institutionnel maintient la croissance

durablement.

1. Les secteurs moteurs du décollage

Les secteurs moteurs du décollage varient suivant les pays, par exemple en Grande

Bretagne, c’est surtout l’industrie du coton qui a amorcé son décollage.

Pour les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Canada, la Russie, la Suède, le Japon, les

chemins de fer ont fortement contribué à leur décollage car les chemins de fer ont abaissé les

coûts de transport et l’existence de voies ferrées a accru le commerce et la production, il y a

également le développement d’industrie moderne du charbon, du fer et de la construction

mécanique.

Section 2 : Le décollage

26

Page 37: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

En Russie, Japon, Allemagne, Chine, la modernisation des forces armées a accéléré leur

croissance.

Un autre secteur est la production de matières premières et denrées alimentaires dans la

mesure où ils sont accompagnés de techniques modernes et de transformation, tel que le

décollage de la Suède où l’industrie de bois s’est transformée en industrie de pâte de bois.

Pour l’Australie, l’Argentine et la Turquie c’est surtout l’accélération de la production

intérieure de bien de consommation qui leur a fait grimper à la troisième échelle dans les

étapes de la croissance.

2. Les caractéristiques du décollage

Les deux premières caractéristiques du décollage sont la modification de la répartition du

revenu et le réinvestissement des bénéfices dans les secteurs en expansion rapide.

Par exemple au Japon dans l’ère du Meiji39, les rentes de la terre, normalement doivent être

versées aux propriétaires ; mais pour une répartition de revenu plus équitable, il existe des

sommes qui sont versées à l’Etat, ce dernier utilisera cette somme pour financer les secteurs

moteurs de l’économie et les propriétaires terriens dont les rendements sont décroissants

préfèreraient investir dans le commerce et l’industr ie. Quant au réinvestissement des

bénéfices, cela peut se faire également par le biais de l’exportation, par exemple, les pays en

voie de développement ont utilisés leurs ressources pour créer des grandes industries

d’expansion rapide des exportations pour financer les importations et les dettes extérieures.

D’où le rôle des relations extérieures dans le décollage. Aucun pays ne peut se développer s’il

n’y a aucun échange avec l’extérieur, les pays les plus développés se sont développés

principalement par le biais du commerce de capitaux, tels que les Etats-Unis, Canada,

Suède…ces pays sont dépendants de l’investissement étranger pour accroitre le bien-être

social par tête.

39

Pendant l 'ère Meiji de 1867 à 1912, le Japon va se moderniser et conquérir un empire colonial. Le Japon adopte des institutions politiques imitées des pays européens et des États -Unis tout en conservant un rôle

important à l 'empereur (le Tenno). Il va développer son industrie en important les méthodes et les techniques occidentales.

27

Page 38: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

La troisième caractéristique du décollage est le développement des institutions fina ncières40,

pour permettre à l’Etat, aux entreprises et aux ménages de pouvoir accéder à des fonds plus

importants par des financements à long terme. Les institutions financières doivent mobiliser

l’épargne, utiliser les ressources dans les secteurs productifs.

Ensuite, il faut augmenter la demande de produits domestiques, les rendements ne peuvent

croitre que s’il y a augmentation de la demande, cette augmentation peut en effet se produire

si les revenus sont redistribués entre ceux qui investissent.

Les technologies sont de plus en plus présentes dans cette phase, l’agriculture n’est plus un

secteur de subsistance mais un secteur commercial, qu’il faut améliorer par les techniques de

production. Quand l’agriculture et l’industrie reçoivent un part importante d’innovation, ces

secteurs se développement très rapidement pour influencer positivement le taux de croissance.

L’Etat a également un rôle à jouer dans les dépenses de technologies, les recherches et

développement, pour encourager les nouveaux entrepreneurs…

Et enfin, la période du décollage est courte, approximativement entre deux ou trois dizaines

d’années.

40

Une institution financière est une institution publique ou privée, qui assure une mission économique ou financière et qui fournit des services financiers à ses clients

28

Page 39: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Pour conclure cette première partie, les classiques ont montrés que les déterminants de

la croissance varient suivant les auteurs, il y a ceux qui ont une vision optimiste comme Adam

Smith connu pour sa théorie de la division du travail, en accumulant plus de main d’œuvre et

de techniques, le travail se facilite, et accroit la production donc la croissance économique. Et

il y a ceux qui ont une vision pessimiste comme David Ricardo ou Robert Malthus, tôt ou tard,

la production stagne et le profit n’augmentera plus.

Dans les années 1940, Roy Harrod et EvseyDomar des auteurs postkeynésiens vont avancer

l’instabilité de la croissance et l’éxogeneité du progrès technique. Suite à ses auteurs, Solow

va opter pour la stabilité de la croissance.

Les nouvelles théories de la croissance vont encore intégrer d’autres sources de la croissance.

Rostow a une perception assez différente de la croissance économique, selon lui, la croissance

suit cinq étapes, le décollage est la troisième phase dans la théorie de la croissance de Rostow,

ce dernier a affirmé qu’un pays peut être appelé NPI s’il a franchi cette troisième étape.

Néanmoins, pour démontrer dans la partie suivante le rapide décollage des pays de l’Asie de

l’Est, l’étude va se ranger du côté des théories de la nouvelle croissance.

29

Page 40: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Partie 2: Les principaux facteurs à

l’origine du décollage rapide des

pays de l’Asie de l’Est

30

Page 41: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, nul ne pouvait anticiper que le centre

de gravité économique est en train de se déplacer de l’occident vers l’Asie du Sud-Est, tandis

que l’Europe se préoccupe de sortir d’une récession économique, l’Asie continue sa marche

vers la maturité économique. Ce miracle asiatique, est dû à un Etat fort, développeur,

appliquant des stratégies de développement efficientes. D’où dans cette deuxième partie, on

verra 3 chapitres, le premier rappellera le processus de décollage d’un dragon de l’Asie

notamment la Corée du Sud, le deuxième mettra en évidence que l’Etat développeur est un

des principaux fondements de leur croissance rapide, et le dernier chapitre les stratégies

d’industrialisation.

31

Page 42: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 1 : HISTOIRE DU DECOLLAGE DE

LA COREE DU SUD

Nombreux sont les NPI de l’Asie de l’Est mais un dont la croissance a été remarquable

est la Corée du Sud, sous les traces du Japon, environ 20 ans après la guerre, elle se situe

parmi les premiers rangs dans les statistiques mondiales.

Ce premier chapitre montrera un bref historique du décollage rapide de la Corée du Sud,

depuis la colonisation, la première république en passant par le régime de Park Chung Hee et

en terminant par un aperçu de la Corée du Sud de maintenant.

La Corée du Sud fut colonisée par le Japon en 1905, renforcée par un traité

d’annexion 41 en 1910, la Corée du Sud fut sous domination Japonaise. Appliquant des

politiques dictées par ce dernier, qui étaient surtout la propagation de l'éducation élémentaire,

le développement de l'économie mal organisée et promotion de la culture japonaise en

réservant la culture coréenne42.

Le Japon exploite au maximum la Corée sur tous les domaines possibles, notamment d’ ordre

économique, si on ne peut citer que création de la TōyōTakushokuKabushikiKaisha

(compagnie orientale de mise en valeur) en 1908 ; la création de la Banque de Chosen en

1909, avec imposition d'une monnaie unique, le yen coréen, en 1910, la mise en place d’un

système bancaire favorable aux intérêts japonais (Bank of Korea, KoreaIndustry Bank), la

délocalisation des zaibatsus dans les années 1930, afin d'industrialiser la Corée après 1937.

41

C’est à dire rattachement 42

Dominique R.,« Le développement économique de la Corée du Sud depuis 1950»

Section 1: La Corée du Sud sous la domination Japonaise

32

Page 43: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Dans le domaine de l’agriculture, cette exploitation Japonaise s’illustre par l’appropriation par

les Japonais d’une part toujours plus grande de la production de riz, 25% de la production

agricole utile est aux mains des colonisateurs, les conditions de vies des coréens se dégradent

de plus en plus au profit d’un intérêt des Japonais.

En même temps, une industrialisation se débute, les infrastructures sont l’une des priorités

Japonaise, 25 000 km de routes et 5000 kilomètres de chemin de fer sont construits, de

grands ports sont aménagés à Incheon, Pusan, Ulsan. Afin de disposer d'une main-d'œuvre de

qualité, le Japon crée de nombreuses écoles : le nombre d'enfants allant à l'école passe de 20

000 à 900 000 de 1910 à 1937, des centrales hydro-électriques sont construites. Enfin, les

richesses minières sont exploitées, et en partie transformées sur place, devenant d'importantes

régions industrielles. L’emploi industriel se développe : l’on compte 1,5 millions de

travailleurs de l’industrie en 1945 contre 50 000 en 1911 ; en août 1945, plus de 4,1 millions

de Coréens travaillent hors de leur pays d’origine, dont 1,26 millions au Japon.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Corée se divisa en deux : la Corée du

Nord et la Corée du Sud.

La première république de la Corée du Sud fut proclamée en 1948, avec le premier président

SygmanRhee soutenu par les Etats-Unis, exerçant le pouvoir d’une manière autoritaire,

finissant son mandat en 1960.

1. La stratégie de substitution aux importations

SygmanRhee a adopté la politique d’industrialisation par substitution aux importations

(ISI), le pays va produire de lui-même ce qu'il importait se mettant en situation

d'indépendance par rapport aux autres pays d'où il importait.

Section 2: La première république coréenne

33

Page 44: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

La Corée veut se doter d’une industrie lourde, des biens d’équipements pour alimenter leur

industrie légère, pour diminuer les importations et ainsi équilibrer la balance des paiements,

cette stratégie sera également utilisée dans l’agroalimentaire et le textile, ces deux secteurs

représentent 55% de la production industrielle en 1955. L'industrie était centrée sur la

transformation du coton et la production sucrière et de farine de riz. Le secteur manufacturier

ne représentait encore que 10% du PNB en 195543.

Les résultats de l’industrialisation par substitution aux importations se sont mis en évidence à

partir des années 70, cette stratégie a été appuyée par la banque mondiale, celui-ci remettra en

cause sa décision dans les années 70, puisque la réalité a montré que pendant 2 ans de 1977 à

1979, 80% de tous les investissements de l’Etat furent consacrés à l’élaboration de cette

politique, entrainant un grand endettement, pour les banques et pour les entreprises privés,

tout épargne est puisée.

Source : Banque Mondiale

Graphique 2 : Croissance annuelle du PIB (%), Corée du Sud

20, 00

10, 00

0, 00

-10, 00 1965 1970 1975 1980 1985 1990

1990

34

Page 45: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

De 11,82% en 1977, la croissance annuelle du PIB a passé de 8,39% en 1979 pour -1,89% en

1980 cette chute étant due non seulement à des politiques inefficaces mais également à la

crise économique pétrolière. La politique d’industrialisation autocentrée sur les importations a

renforcé la voie vers la dégradation de l’économie Coréenne, le taux de croissance du PIB a

chuté de plus de -15%, la consommation intérieure a été insuffisante pour absorber les

importations, les résultats ont été réalisé dans l’immédiat.

2. La guerre de Corée

La guerre eut des conséquences terribles, détruisant toute espérance de reconstruction de

la Corée du Sud, les dommages s’avèrent très élevés.

Industrie métallurgique 26

Industrie mécanique 32

Industrie chimique 24

Industrie textile 67

Industrie céramique 20

Industrie alimentaire 30

Imprimerie 75

Source : Samsung

Après la guerre de Corée, on peut constater que non seulement la population a été gravement

touchée, 150 000 morts, 250 000 blessés, 3 millions de disparus, les estimations vont jusqu’à

un million de morts, mais également l’économie est en difficulté de se redresser, surtout

l’industrie comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus.

Les industries les plus productives en capital présentent des taux de destruction massive, dont

le plus touché est l’imprimerie, le textile, la mécanique et l’alimentaire.

Tableau 3: Taux de destruction du capital productif selon les différentes branches

industrielles (en % du total)

35

Page 46: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

La guerre de la Corée a détruit tout effort de reconstruction, les méthodes de SygmanRhee

n’ont pas su relever l’économie, réélu en mars 1960, il est renversé un mois plus tard, une

nouvelle constitution est élaborée, Park Chung Hee prend le pouvoir.

1. La stratégie de substitution aux exportations

La stratégie de développement industriel à caractère exogène consiste à un libre choix

laisséauxexportateursd'utiliserdesbiensintermédiaires importés ou domestiques,

exemptiondedroitsdedouane sur les inputsimportés,exemptionde taxes indirectes, tant surles

inputsque sur leproduitfinal,absencedemesure fiscale,

discriminatoireappliquéeàrencontredesexportationsdeproduitsprimaires.

Le régime de Park Chung Hee veut faire de la Corée du Sud un pays capable de compter sur

ses propres industries, ouvrant la voie aux investisseurs et aux capitaux.

2. Décollage dans les années 1960

Les résultats de cette politique ont permis à la Corée du Sud de décoller dans les années

1960, de 1960 à 1977, le revenu par tête augmente de 7,4% en moyenne, le PIB de 9,3% en

moyenne par an, en même temps, les exportations passent de 3,3% du PNB en 1960 pour 48%

en 1977, et les exportations manufacturières qui ne représentait que 1% des industries

manufacturières représentera 96% en 1977.

Kubo et Lewis, ont expliqué que l’accès sur les exportations est à l’origine du miracle Coréen,

dans les années 1955-1963,1963-1970et1970-1973. Lesexportations ont

contribuéàexpliquerunepartgrandissantedutauxdecroissancedel'output coréen

(lespourcentagesexpliquésseraient de respectivement, 10% 22% et 56%),

lesexportationsauraientcontinuéàexpliquerprèsde 56% delacroissanceéconomiquecoréenne

aucoursde lapériode1974-1978.44

44

Alain A., Maxime A.C., « Les nouveaux pays industrialisés : Stratégies de développement industriel – le cas de laCorée du Sud et du Brésil »,Études internationales, 1982, p.237

Section 3: Le décollage avec Park Chung Hee

36

Page 47: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

En 1953, après la guerre de Corée, rares étaient ceux qui espéraient encore que la

Corée du Sud pouvait se remettre de la guerre. « A Séoul, les conseillers américains

désespéraient de l’avenir de la Corée du Sud»45 . Ruiné, le PIB est au niveau des pays les plus

pauvres d’Afrique ou d’Asie, un pays encore à base agricole, où la population rurale

représente 75% de la population totale jusqu’au début des années 1950.

Et pourtant, soixante ans plus tard, le voilà devenu la 13ème économie mondiale, abritant des

leaders mondiaux des nouvelles technologies, comme Samsung, LG ou Hyundai.

Il se situe aux premiers rangs pour l’électronique, la construction automobile et navale ou

encore la sidérurgie. Sa croissance atteint près de 3 %, son taux de chômage est légèrement

inférieur à 4 % et son excédent commercial a atteint un niveau record en 2013, à 32 milliards

d’euros.

45

Jean-Raphaël C.,Marc L., « Le modèle de développement de l’Asie de l’Est»,Recherches internationales, janvier-mars 2014, p. 123

Source : Taey-Gyun P., Dominique B., «W.W. Rostow et le discours sur l 'économie en Corée du Sud dans les années 1960»,Revue Persee, 2006

Section 4: La Corée du Sud de maintenant

37

Page 48: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 2 : LE MODELE DE L’ASIE DE L’EST

DE L’ETAT DEVELOPPEUR

L’Etat développeur est un Etat où le gouvernement se préoccupe intimement de la

planification économique. Cela peut s’illustrer par les cas des pays où les économies

croissent à un niveau très rapide comme ceux des NPI de l’Asie. Dans ce deuxième chapitre,

nous allons mieux approfondir cette notion d’Etat développeur, dans le cadre de la croissance

endogène et des analyses empiriques des rôles de l’Etat dans les pays de l’Asie de l’Est.

Selon la théorie de la croissance endogène, l’Etat n’est pas neutre dans la croissance, il peut

favoriser l’accumulation du capital humain par une politique de formation et d’éducation

facilitant l’accumulation de connaissances et d’expériences. Il a aussi un important rôle à

jouer dans l’accumulation technologique par le biais des recherches-développement. Selon

Barro, les infrastructures sont considérés comme des facteurs endogènes de la croissance,

d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat.

Donc en rapport avec les théories endogènes de la croissance, l’Etat développeur met surtout

l’accent dans les techniques et l’éducation. Cette politique pour accumuler davantage du

capital humain conformément aux théories de la croissance endogène.

Dans cette section, nous prendrons le cas de la Corée du Sud, les théories de la croissance

endogène ont effectivement montrés le rôle essentiel du capital humain dans la croissance.

L’évolution du capital humain dans la Corée du Sud date depuis l’époque colonia le, dont les

effets se sont font sentir sur la croissance économique.

Section 1: Accumulation de capital humain en Corée du

Sud

38

Page 49: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

1. Evolution du capital humain

L’accumulation du capital humain dans la Corée du Sud remonte à l’époque coloniale, les

Japonais ont obligé les Coréens à se soumettre à leur système éducatif, tels que l’interdiction

de l’enseignement privé, l’éducation primaire obligatoire pour tous…Les résultats ont été

bénéfiques, en 1942, environ les 40% des enfants Coréens sont entrés dans l’école élémentaire,

des universités furent construites46, des universités dans un cadre d’infrastructure moderne.

Dans la première constitution de la Corée du Sud, la loi sur l’éducation (1949) préconisait la

gratuité et l’obligation de l’école de base. Des mesures radicales furent prises pour refonder

une éducation moderne :

création d’écoles normales et formation rapide d’enseignants en coréen ;

réforme et unification de la structure du système éducatif ;

création de manuels pour le primaire ;

développement de l’école secondaire et de l’enseignement supérieur ;

lutte contre l’analphabétisme des adultes.

Après la guerre, des efforts de reconstruction rapide du système éducatif sont entrepris, et

c’est à partir des années 70 l’enseignement primaire explose, dont les effectifs atteignent en

quelques années près de quatre millions d’élèves accueillis dans 5 544 écoles. L’enseignement

professionnel s’améliore de plus en plus.

46

Exemple: Keijoimperialuniversity

39

Page 50: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Type d’écoles 1945 1952 1955 1960 1965 1970 1975

Elémentaires 1 366 024

(100)

2 369 861(173) 2 947 436(216) 3 622 685(265) 4 749 301(362) 5 749 301(421) 5 599 074(410)

Secondaire de

base

291 648 (100) 475 342 (163) 528 614 (181) 751 341 (258) 1 318 808

(452)

2 066 823

(709)

Secondaires

de 2ème

cycle

50 343

(100)

59 421 (100) 141 702 (281) 164 492 (327) 254 095 (505) 315 367 (626) 648 149

(1 287)

Lycées

professionnels

33 171

(100)

74 463 (224) 118 911 (358) 99 071 (299) 172 436 (520) 275 015 (829) 474 868

(1 432)

Enseignement

supérieur

7 819

(100)

34 089 (436) 80 089 (1 028) 101 045

(1 292)

141 626 (1

811)

193 591

(2 476)

296 640

(3 794)

Indice base 100 entre parenthèses

Source : A partir des statistiques de McGinn et al (1980), dans Aimé Herinjatovo R. « Les

rôles des conditions initiales dans la croissance économique rapide de l’après-guerre en Asie

de l’Est : le cas de la Corée du Sud» p. 13

Ce tableau met en évidence que les nombres d’inscription scolaire ne cessent d’augmenter,

que ce soit au niveau de l’école élémentaire, de l’école secondaire, lycée ou université.

Durant 30 années, les inscriptions au niveau de l’école élémentaire de 1.366.024 à la fin de la

guerre devient 5.599.074 en 1975 soit de 410% ; l’école secondaire de base de 709…le plus

impressionnant est le boom de l’’enseignement supérieur, seulement de 7819 en 1945 a

augmenté de 296.640 soit de 3794 augmentation en base 100, l’éducation supérieur est le

principal levier de l’accumulation de capital humain, selon la banque mondiale «siles pays en

développement n’ont pas accès à un enseignement supérieur plusétendu et de meilleure

qualité, ils auront de plus en plus de difficulté à tirer partide l’économie mondia le fondée sur

les connaissances».

Dans les années 1980 et 1990 se poursuivent la performance de la qualité de l’éducation, la

formation des enseignants est devenu une priorité, les examens d’entrées deviennent hyper

sélectif, l’apprentissage est en réponse aux changements rapides des sciences et des

techniques…

Tableau 4: Accroissement des inscriptions scolaires en Corée depuis 1945

40

Page 51: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

2. Capital humain, éducation et croissance

1960-74 1960-66 1966-70 1970-74

Taux de croissance annuel du PNB et des facteurs (%) PNB 9,07 7,25 10,78 10,41

Capital 7,19 3,75 10,43 9,27

Travail 3,55 2,11 6,26 3,06

Education 1,18 1,72 0,82 0,73

Répartition de la croissance du PNB par facteur (%) Capital 2,88 1,5 4,17 3,71

Travail 2,13 1,27 3,76 1,84

Education 0,71 1,03 0,49 0,44

Résidu 3,35 3,45 2,36 4,15

Contribution des facteurs dans la croissance du PNB (%)

Capital 31,8 20,7 38,7 36,6 Travail 23,5 17,5 34,9 18,1

Education 7,8 14,2 4,5 4,3

Résidu 36,9 47,6 21,9 40,9

Source : A partir des statistiques de McGinn et al (1980), dans Aimé Herinjatovo R. « Les

rôles des conditions initiales dans la croissance économique rapide de l’après-guerre en Asie

de l’Est : le cas de la Corée du Sud» p. 15

La part de l’éducation dans la croissance peut être illustrée par le tableau ci-dessus, elle est

obtenue en multipliant le taux de croissance annuel moyen de l’indice de la qualité

de l’éducation par la part des rémunérations du travail dans la valeur ajoutée nationale 47.

47

Aimé Herinjatovo R. « Les rôles des conditions initiales dans la croissance économique rapide de l’après -guerre en Asie de l’Est : le cas de la Corée du Sud» p. 15

Tableau 5 : Taux de croissance des facteurs de production et leur contribution à la

croissance économique

41

Page 52: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Cette contribution de l’éducation dans la croissance économique est de 7,8% dans les années

1960 pour 14,2% la période de 1960 à 1966. Ce qui met en évidence que dans c’est dans les

années de décollage de la Corée du Sud qu’elle a accumulé le plus de capital humain, cette

accumulation va tirer sa croissance vers le haut.

Dans les années 60, avec la stratégie de promotion des exportations, la Corée n’a depuis

cessé d’accumuler de la technologie. Appuyé par l’Etat, les politiques entrepris par celui-ci a

permis à un grand essor de l’industrie électronique Coréenne, les dépenses en recherche et

développement ont été priorisé, sans oublier les stratégies d’appel de technologies étrangères.

1. Evolution de l’industrie électronique Coréenne

Source: Electronic Industries Association of Korea, Electronics Industry of Korea, 1991

Source: Electronic Industries Association of Korea, Electronics Industry of Korea, 1991

Section 2: Accumulation de technologies en Corée du Sud

Exportations

Emploi

Valeurajoutée

30

25

20

15

10

5

0 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991

30

25

Graphique 3: Poids de l’électronique dans le secteur industriel

coréen

42

Page 53: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

L’électronique constitue une branche de l’industrie manufacturière les plus intensives en

capital, quasi- inexistante dans les années 60, l’électronique a pris une place importante dans

l’industrie Coréenne suite à la stratégie de promotion des exportations adoptées par l’Etat.

En effet, de 10% par rapport au total de la production industrielle au début des années 1980,

la part de l’électronique n’a cessé de croitre, pour 27% en 1991. Avec une production de 35

milliards de dollars en 1992, la Corée est arrivée à se situer au 6ème rang mondial dans

l’électronique.

Cette part de l’électronique dans l’industrie joue dans l’ordre en faveur des semi-conducteurs,

et du matériel informatique, la première représente environ les 30% de la part de

l’électronique et l’autre 14%.

Source: Electronic Industries Association of Korea, Electronics Industry of Korea, 1991

Graphique 4 : Emploi et productivité apparente du travail dans l’industrie

électronique coréenne

Productivité

Emploi

400

350

300

250

200

150

100

50 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991

Base 100=1991

43

Page 54: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Dans un même temps, plus les techniques sont présentes, plus la main d’œuvre est

performante, entrainant la hausse de la productivité.

L’Etat accumulateur de technologie et promoteur de l’industrie via une politique

d’exportation a tiré l’électronique de la Corée du Sud de plus en plus vers le haut.

2. Effort en recherche et développement

Dans l’analyse des travaux de Romer, inspirés des travaux de Schumpeter, c’est

l’innovation, la technologie et la recherche développement qui constituent les facteurs de la

croissance, plus les efforts de recherche et développement sont importants, plus la croissance

est forte.

Pour la Corée du Sud, l’Etat a été le principal garant du développement de la RetD nationale,

par des politiques préétablies, notamment :

- Le financement de plusieurs instituts spécialisés dans le support technologique et

administratif

- Seules les technologies jugées nécessaires et stratégiques sont importées

- Tous les produits visés doivent avoir un contenu technologique élevé 48

1985 1991

Centres de RetD (cumul) 50 445

RetD/chiffre d’affaires 3,80% 4,80%

Part du personnel affecté à la RetD dans l’électronique par

rapport à l’ensemble du secteur manufacturier

32% 41%

Investissements en RetD (en milliards de dollars) 0,2 1,2

Source: Electronic Industries Association of Korea, Electronics Industry of Korea, 1991

48

Raphael G. « La Corée du Sud sur l’échiquier mondial de l’électronique» Economie Prospective Internationale , 1993 p.63-64

Tableau 6 : La recherche-développement dans l’électronique coréenne

44

Page 55: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

En 1965, l’Etat assurait 90% de la RetD, ce qui a conduit au décollage de l’économie, mais

dans les années 1990, les secteurs privés ont pris le relais avec 30%, puisque les grandes

entreprises ont réussi à se doter de leurs propres laboratoires de RetD.

Dans l’électronique, les investissements en RetD de 0,2 milliards de dollars en 1985 ont passé

de 1,2 milliards de dollars en 1991. Parallèlement, pour les trois puissants groupes de

l’électronique Coréenne (Samsung, Goldstar, Daewoo), la RetD est passée de 5% du chiffre

d’affaire en 1988 pour 8% en 1991.

3. Appel de technologies étrangères

Pour se faire, les politiques suivantes ont été adoptées par l’Etat Coréen.

D’abord, dans les années 1960, une politique de formation et d’apprentissage dans les filiales

des entreprises étrangères permettant l’acquisition de savoir- faire pour un grand nombre de

techniciens et d’ingénieurs ; qui, ensuite, ont créé leur propre entreprise ou ont rejoint les

conglomérats coréens.

Dans les années 1970, création de joint-ventures : Samsung avec Sanyo ; Goldstar avec

Hitachi…

Dans les années 1990, achat de licence constituant une source importante d’appropriation de

technologies nouvelles.

45

Page 56: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

L’Etat intervient puisque le marché à lui seul ne peut réguler toute l’activité économique,

notamment en présence d’imperfection du marché.

1. Contrôle des dépenses publiques

Une des difficultés des pays sous-développés est le contrôle des dépenses publiques, dans

ces pays les dépenses de l’Etat sont énormes, et il est très difficile d’avoir un solde budgétaire

positive, néanmoins, dans les périodes de décollage des pays de l’Asie de l’Est, les dépenses

publiques ont tendance à diminuer.

Source : Penn World Tables ; Hors investissement pour la Défense Nationale, Ratios à prix

courants

Section 3: Complémentarité Etat/marché

Tableau 7 : Dépenses de l’Etat, en % du PIB (1960-2010)

Moyenne sur 5 ans centrée sur l’année indiquée

(%) 1960 1970 1980 1990 200 2010

Corée 14,4 11,1 8,5 5,4 5,5 6,3

Taiwan 28,2 20,3 17,6 13,2 10,6 9,7

Hong-Kong 1,1 4,4 3,8 3,2 3,4 3,1

Singapour 6,3 11,5 9,7 8,3 10,1 10,1

Thailande 5,6 6,3 7,8 5,8 6,6 7,6

Malaisie 5,3 6,4 6,4 5,5 4,7 5,5

Indonésie 14,4 10,5 10,9 9,6 6,9 10

46

Page 57: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Prenons le cas des dragons du Sud, dans les années de l’après-guerre, le pays qui a dépensé le

plus est Taiwan, même l’Etat Taiwanais dépense plus que les autres pays de l’Asie de l’Est,

ces dépenses ont tendance à se diminuer, de 28,2% en 1960, de 13,2 en 1990. Si la Corée du

Sud dépense 14,4% en pourcent du PIB en 1960, ces dépenses vont aussi diminuer de 59%.

2. Politique de stabilisation

Durant les années 1957-1960, l’Etat a adopté des politiques de renforcement de la

collaboration Etat-Entreprise, en particulier dans l’industrie du coton, sucre et farine.

Des politiques de stabilisation des prix, du taux de change et des finances publiques ont été

également adoptés, c’est-à-dire un ensemble de politique économique établie par le

gouvernement Coréen pour soutenir l’activité économique.

Année

Taux de croissance annuels

Taux de

change

won/dollar

De la masse

monétaire

Des prix à la

consommation à

Séoul

De la production

industrielle

1957 20 23,2 15,6 50

1958 32,6 3,6 10,3 50

1959 20,9 3,2 14,7 50

1960 5,3 8,1 8,9 65

Moyennes

1953-56 73,4 45,3

1957-60 19,7 7,7

Source : Samsung

Tableau 8: Les principaux indicateurs d’activité de l’économie coréenne : leur évolution

de 1957 à 1960

47

Page 58: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Ces politiques entrepris par l’Etat Coréen vont stimuler le taux de croissance de la production

surtout de la production industrielle.

Durant les années 1957-1960, le taux de change est fixe, le prix à la consommation diminue

de 13,79% et le taux de croissance annuel de la production industrielle est favorable.

Des politiques de contrôle de la masse monétaire, va également stimuler la croissance de la

production industrielle.

48

Page 59: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 3 : ETAT ET STRATEGIES DE

DEVELOPPEMENT EFFICIENTES

Plusieurs stratégies de développement se sont succédé à partir de la seconde moitié du

XXème siècle.L’accomplissement de ces stratégies va se dérouler des années 1950 jusqu’au

début des années 1980. Dans ce dernier chapitre, notre étude se focalisera sur les politiques de

développement utilisées par les dragons de l’Asie après la deuxième guerre mondiale. Dans

une première section, des stratégies d’industrialisation se tournant vers la promotion des

exportations et en dernière section, les résultats de ces stratégies.

En Asie du Sud-Est, l’exemple la plus approprié d’un rapide décollage est celui du

Japon, même si le Japon après avoir subi plusieurs dommages durant la deuxième guerre

mondiale où son revenu par habitant était comparable à celui du Brés il, plus de trois fois

inférieur à celui de l’Argentine et neuf fois inférieur à celui des Etats-Unis49

Depuis, le Japon n’a cessé de croître, pour dépasser l’Argentine en 1966, et atteindre un PIB

par habitant équivalent à 90 pour cent de celui des États-Unis en 1991, le modèle Japonais a

été suivi plus tard par d’autres pays de l’Asie du Sud-Est notamment par les dragons

asiatiques.

49

Source : Maddison (1995)

Section 1 : Les stratégies industrielles des pays de l’Asie

49

Page 60: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Nombreux sont les stratégies industrielles qui se sont succédées à partir des années 1950, les

pays du tiers monde vont optés pour une stratégie au détriment de l’agriculture, les pays de

l’Amérique Latine, de l’Asie et de l’Afrique comme le Sénégal ou le Kenya vont choisir les

industries par substitution aux importations 50 , l’Inde et l’Algérie pour les industries

industrialisantes51, Hong Kong et Singapour dans les années 50 vont initier la stratégie de

promotion des exportations, ils vont être suivis par la Corée du Sud et le Taiwan dans les

années 1960-1970.52

1. La stratégie de promotion des exportations

En comparant les pays nouvellement industrialisés, l’industrie des quatre dragons de

l’Asie a vraiment été spectaculaire, grâce à une stratégie d’industrialisation axée sur la

promotion des exportations manufacturières. Même s’il ne faut pas oublier que ces pays ont

également adoptés des stratégies d’importation.

La promotion des exportations consiste à remplacer progressivement les produits primaires

par des produits manufacturés pour développer les exportations, remplacer les exportations de

produits traditionnels par des produits de plus en plus innovants, des produits plus intensives

en capital, passer de l’industrie légère53 à l’industrie lourde54 en y injectant de plus en plus de

technologies nouvelles.

50

Substitue la production nationale aux importations 51

Construire une industrie par l’amont, par une politique volontariste de l’Etat à travers la planification publique 52

Philippe D., «Les stratégies de développement», Pearson Education France, 2008, p.486, 487, 488 53

L'industrie légère est la transformation des productions de l 'industrie lourde en produits semi -finis et en produits finis ; 54

Le terme d'industrie lourde désigne en général les activités nécessitant, pour exister, l 'emploi d'outils et de capitaux très importants.

50

Page 61: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

1.1. Hong Kong tourne son industrie vers l’électronique

Exportation/vente

(totales en%)

K/L

(indice)

1973 1976 1973

Vêtements 97,1 72,6 40

Textiles 49,7 196

Machines et appareils électriques et électroniques 85,8 84,0 46

Industrie manufacturière 66,2 66,9 100

Source : A. Gallez et J.-L. Troupin, Les pays en développement de l'Asie de l'Est et du

Sud-Est dans la perspective d'une Nouvelle Division Internationale du Travail, Etudes

et Documents, n° 8003, t. I et II, Institut d'Etude des Pays en Développement,

Louvain-La-Neuve, 1980

Pour Hong Kong, les branches les plus intensives en capital sont dans l’ordre, le textile,

l’industrie manufacturière, les machines et appareils électriques et électroniques et les

vêtements.

Hong Kong dont l’exportation de vêtements était la principale branche de son industrie,

(97,1% en 1973), en 1976, s’est tourné vers les machines et appareils électriques et

électroniques à savoir 84,0% des exportations. L’exportation de vêtements a diminué de 72,6.

En 1976, concernant les autres branches comme les machines et appareils électriques et

électroniques, l’industrie manufacturière, elles assurent également une grande part des

exportations manufacturières qui sont intenses en main d’œuvre et en capital.

Tableau 9: Hong Kong : Caractéristiques de quelques branches manufacturières

51

Page 62: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

1.2. Singapour

.

1972 1974 1978-1979

Machines et appareils électriques et électroniques 86,6 87,8 89,4(1978)

Machines non électriques 49,6 73,9 46,5(1979)

Raffineries de pétrole 48,9 67,4 69,7(1978)

Equipements de transport 41,6 50,6 25,9(1979)

Source : Kunio Yoshihara, Foreign Investment and Domestic Response : a Study of

Singapore's Industrialisation, Singapore, Eastern Universities Press, 1976; Ting Wen Lee,

Technology Transfer Aspects of MNF'S Direct Investment, University o f New York, 1977,

et Ministry of Trade Industry, Economic Survey of Singapore, 1979, op. cit., 1980.

Les principales branches manufacturières de Singapour sont les machines et appareils

électroniques à savoir 86,6% en 1972 pour atteindre 89,4% en 1978, les autres branches

manufacturières viennent après. Contrairement à Hong Kong, l’électronique a toujours été la

principale branche de son industrie, sa stratégie de promotion des exportations consiste à

accroitre davantage le part de l’électronique dans l’exportation.

Ce fait est aussi observé en Corée du Sud, la répartition par groupe des produits d’exportation

est également modifiée entre 1970 et 1977, en faveur des machines et appareils électriques,

des produits métalliques, du matériel de transport au détriment des vêtements, des arts

manufacturés divers et du bois. A Taiwan, on note également la même progression.

Tableau 10: Singapour : quelques branches manufacturières

52

Page 63: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

2. Observation des intensités des facteurs de production

1960-1965 1965-1970 1960-1970 1970-1974

Corée du Sud

VA/L 4,4 10,0 7,6 6,6

K/L 0,0 3,0 1,7

VA/K 2,9 6,8 5,1

W/L 1,8 20,0 11,8 3,4

Taiwan

VA/L 5,7 10,8 8,2 8,7

K/L 6,7 8,3 7,5

VA/K -0,9 2,3 0,7

W/L 5,6 4,0 4,8 8,1

Hong Kong

VA/L 7,3 3,9 5,6

K/L 16,4 1,7 8,9

VA/K -7,8 2,0 -3,1

W/L 7,1 4,5 5,8

Singapour

VA/L 3,3 0,04 1,7 7,4

K/L 1,9 -3,9 -1,0

VA/K 1,4 4,1 2,7

W/L 2,7

Source : Calculsd'après : E. K. Y. Chen, Hyper-Growtb in Asian Economies, Londres,

MacMillan, 1979 ; Department of Statistics, op. cit., Singapour, 1979 ; Directorate-

General of Budget, Accounting and Statistics, Executive Yuan, op. cit., Taipeh,

République de Chine, 1978, section « Industry and Commerce » pour les années 1 970-1

973 ; Council for Economic Planning and Development, Executive Yuan, Taïwan

Statistical Data Book, 1979, Taipeh, République de Chine, 1979, pour les années 1970-

1973; Wontack Hong, op. cit., 1976; Wontack Hong, Trade and Subsidy Policy and

Employment Growth in Korea, Séoul, République de Corée, Korea Development

Institute, 1976, Interim Report; Yung Chul Park, op. cit., 1980, tableaux 8 et 9, pp. 23

et 24.

Tableau 11: Evolution comparée des déterminants de la structure de production au

sein du système manufacturier des nouveaux pays industriels de l’Asie (1960-1974,

taux de croissance annuel moyen en %)

53

Page 64: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

VA/L : Valeur ajoutée par travailleur ; estimation de la productivité du travail

K/L : Stock de capital par travailleur, estimation de l’intensité capitalistique

VA/K : Valeur ajoutée par stock de capital, estimation de la productivité du capital

W/L : Salaire et rémunération par travailleur

Les nouvelles orientations de l’industrie manufacturière vont augmenter la productivité du

travail. En effet, à Taiwan et en Corée, cette accélération de la productivité du travail va

débuter aux environs de 1965, pour la Corée de 4,4% entre 1960 et 1965, l’estimation de la

productivité du travail va devenir de 10,0% de 1965 à 1970, pour la Taiwan de 5,7% à 10,8%.

Dans ce tableau, l’estimation de la productivité du travail et le stock de capital par travailleur

sont nettement supérieurs à la productivité du capital et la rémunération par travailleur, cela

signifie que les rendements de la main d’œuvre sont responsables des gains de productivité

élevés dans ces pays, une main d’œuvre éduquée, motivée et encadrée. En même temps, le

taux d’utilisation du capital a augmenté, en raison des conditions du travail tel que pour la

Corée du Sud de 2,9 en 1960 pour un taux de 5,1 en 1970. Ces gains de productivité de travail

vont être récupérés sous forme de profit par les entreprises locales et étrangères dans la

mesure où ces derniers ne revendiqueraient qu’un faible pouvoir d’implantation et

transfèreraient du surplus vers le secteur industriel tout cela accompagnée d’une main

d’œuvre abondante, assureront le maintien des salaires à un niveau faible pour augmenter

davantage les profits.

54

Page 65: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Les indicateurs économiques montrent que la stratégie tournée vers l’exportation des pays

de l’Asie de l’Est ont plus fait croitre leur économie que la stratégie de substitution aux

importations. En effet, dans les classements des exportations mondiales, les quatre dragons

Asiatiques assurent une grande part ; et se classent parmi les champions de la croissance

industrielle.

1. Place des dragons de l’Asie dans les exportations mondiales

Classement dans les

exportations mondiales

(rang)

Solde positive de la balance

de paiement courant (en %

du PIB)

Corée du Sud 12 6,9

Singapour 13 17

Hong Kong 11 3,5

Taiwan 18 4

Source : OLSEM Jean-Pierre, « Economie industrielle», Armand Colin, Paris 1991, p 159-

168

On peut en déduire que la stratégie de promotion des exportations en Hong Kong a bel et bien

été un grand facteur de décollage, en orientant leur exportations vers les produits

manufacturés surtout dans l’électronique, de 1973 à 1988, Hong Kong est classé 11ème parmi

les pays exportateurs du monde, il tient la première place parmi les dragons de l’Asie, en 1988,

une solde positive de la balance de paiement courant a été constaté de 3,5% du PIB.

Section 2 : Les résultats de la stratégie de promotion des

exportations

Tableau 12: Classement des dragons de l’Asie vers la fin des années 1980

55

Page 66: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Pour Singapour, cette stratégie lui a permis de grimper au 18ème rang dans les exportations

mondiales pour une part de 1,5%, une solde positive de la balance de paiement courant en

1988 a été de 17% du PIB.

La Corée du Sud connu pour les constructions navales et l’exportation de chaussure se

positionne en 12ème place dans les exportations mondiales, et le Taiwan se positionne après la

Corée, ces deux pays avec Hong Kong assurent les 2% des exportations mondiales.

Corée du Sud 12,4

Indonésie 12,3

Chine 11,1

Malaisie 9,6

Thaïlande 4,4

Arabie Saoudite 8,1

Pakistan 7,8

Turquie 7,2

Singapour 7,0

Inde 6,7

Sri Lanka 6,3

Tunisie 6,2

Japon 5,6

Italie 2,9

Allemagne 1,9

Source : JUDET Pierre, « Emergence asiatique, un modèle planétaire», décembre 1997, p.4

Le pays Asiatique le plus mis en exergue est la Corée du Sud dont la croissance industrielle

par an est de 12,4%, le deuxième dragon de l’Asie dans ce tableau est le Singapour avec un

taux de 7,0% par an. Ces résultats remarquables sont suites à des stratégies industrielles

efficientes, les deux autres dragons de l’Asie figurent pas très loin après cette liste.

Tableau 13: Les champions de la croissance industrielle entre 1980 et 1991 (%par an)

56

Page 67: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

On remarque également que le centre de gravité de la croissance industrielle mondiale est

généré par les pays en développement de l’Asie, ni les Etats Unis ni l’Europe ne figurent dans

cette liste.

La promotion des exportations des quatre dragons de l’Asie a également été suivie par

certains pays de l’Amérique Latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique et dans les années

80 par d’autres pays Asiatiques tels que Chine, Malaisie, Thaïlande, mais elle n’a été

bénéfique que pour les pays qui ont su faire évoluer d’une manière progressive leurs

exportations. Ainsi, pour les pays de l’Amérique Latine, leur dette extérieure s’accroit dans

les années 1970, 1980 ; pour la Thaïlande et la Malaisie, ils se sont trouvés dépendant des

firmes multinationales.

En guise de conclusion de cette deuxième partie, parmi les pays de l’Asie de l’Est, le

décollage le plus impressionnant est la Corée du Sud, suivi des trois dragons, des bébés tigres

et des autres pays. C’est pourquoi le premier chapitre de ce présent travail s’est focalisé sur un

bref historique de l’économie de la Corée du Sud, spécialement le rôle de l’Etat, les politiques

entrepris par celui-ci pour tirer davantage la croissance économique vers le haut.

Les années miracles sont aux environs des années 1960, pour la Corée du Sud, le

gouvernement était dirigé par Park Chung Hee, contrairement à l’ancien régime, la stratégie

d’industrialisation durant ces périodes est l’ISE ; dont les résultats sur la croissance

économique a été très favorable.

A part l’ISE ; l’Etat des pays Asiatiques est qualifié d’Etat développeur accumulant à travers

le temps de plus en plus de capital humain et de technologie, travaillant de pair avec le

marché pour réguler l’économie.

Effectivement, ces politiques de développement lève le taux de croissance, permettent à ces

pays de se ranger avec les grands pays, d’être de plus en plus compétitif sans oublier

l’apprentissage des futures NPI.

57

Page 68: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

En guise de conclusion générale, nombreux sont les économistes qui se sont interrogés

sur les principales facteurs de la croissance économique, en partant des classiques jusqu’aux

nouvelles théories de la croissance des années 1980, chaque auteur a apporté leurs perceptions,

certains sous un regard pessimiste, pour certains la croissance est exogène et pour d’autres

qu’elle est endogène, néanmoins, c’est cette dernière que nous avons retenu pour analyser le

rapide décollage des quatre dragons de l’Asie. Le décollage des dragons de l’Asie a vraiment

été remarquable. Les recherches ont même montrés que vu la situation de ces pays, ils ne

peuvent pas décollés, or, en moins de 20 ans, ils sont passés de l’extrême pauvreté pour

arriver au niveau des pays développés même plus ; ensuite, les recherches ont également

montrés que leur modèle de développement ne peuvent êtres imités par d’autres pays, mais la

réalité a montré qu’ils ont été suivi par les bébés tigres, plusieurs pays émergents notamment

les pays de l’Afrique. Les facteurs de leur rap ide décollage, conformément aux nouvelles

théories de la croissance est d’abord leur Etat développeur, privilégiant le capital humain, le

capital physique, le capital publique et surtout la technologie.

Et ensuite des stratégies industrielles datant d’après la deuxième guerre mondiale, des

stratégies tournés surtout vers la promotion des exportations, n’excluant pas évidemment les

stratégies par substitution aux importations ni les investissements étrangers, mais la

particularité de ces pays surtout de la Corée du Sud est qu’elle sait quand dire non aux

étrangers.

Certes, le miracle asiatique est de nature endogène, la principale contribution de l’Etat, des

experts nationaux sont les principales sources de croissance.

Conclusion

58

Page 69: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Aimé Herinjatovo R., « Les rôles des conditions initiales dans la croissance économique

rapide de l’après-guerre en Asie de l’Est»

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Revue Cairn, 2001

Page 71: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

Remerciements………………………………………………………………………………….

Liste des abréviations…………………………………………………………………………..

Liste des tableaux et graphiques……………………………………………………………….

Glossaire…………………………………………………………………………………………

Sommaire ……………………………………………………………………………………….

Introduction ................................................................................................................................ 1

PARTIE 1: LES APPROCHES THEORIQUES DE LA CROISSANCE ................................. 3

CHAPITRE 1 : LES THEORIES TRADITIONNELLES DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE……………………………………………………………………………..5

Section 1: Les théories classiques ....................................................................................... 5

1. Adam Smith (1723-1790)......................................................................................... 5

2. Thomas Robert Malthus (1766-1834) ...................................................................... 6

3. David Ricardo (1772-1823) ..................................................................................... 7

Section 2: L’approche postkeynésienne (1939) .................................................................. 9

1. L’instabilité de la croissance .................................................................................... 9

2. La double influence de l’investissement ............................................................... 10

Section 3: Le modèle néoclassique de Solow (1956)........................................................ 11

1. Les hypothèses du modèle...................................................................................... 20

2. Les implications du modèle.................................................................................... 21

2.1. Tendance à l’état stationnaire et le rôle du progrès technique ........................ 12

2.2. L’appauvrissement de l’économie .................................................................. 12

2.3. L’enrichissement de l’économie ..................................................................... 12

Table des matières

Page 72: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 2 : LES THEORIES DE LA CROISSANCE ENDOGENE………………….14

Section 1: Les nouvelles sources de la croissance ............................................................ 23

1. Le capital physique Romer (1986) ......................................................................... 15

2. Le progrès technique (Romer, 1990)...................................................................... 15

3. Le capital humain (Lucas, 1995) ............................................................................ 16

4. Le capital public (Barro, 1990) .............................................................................. 17

Section 2: Les implications de la nouvelle théorie de la croissance ................................. 17

1. Les rendements croissants de la connaissance ....................................................... 17

2. Le processus de la destruction de la création ......................................................... 18

Section 3 : La place de l’Etat ............................................................................................ 28

1. Accumulation de capital humain ............................................................................ 19

2. Accumulation technologique.................................................................................. 20

3. Intervention en cas de monopole et externalités .................................................... 20

4. Les biens publics et les infrastructures publiques .................................................. 21

5. Politiques industrielles appropriées........................................................................ 21

CHAPITRE 3 : LA THEORIE DE LA CROISSANCE DE ROSTOW…………………...22

Section 1 : Les 5 étapes de la croissance........................................................................... 22

1. La société traditionnelle ......................................................................................... 22

2. Les conditions préalables au décollage .................................................................. 23

3. Le décollage ........................................................................................................... 23

4. La marche vers la maturité ..................................................................................... 24

5. L’ère de la consommation de masse ...................................................................... 25

Section 2 : Le décollage .................................................................................................... 26

1. Les secteurs moteurs du décollage ......................................................................... 26

2. Les caractéristiques du décollage ........................................................................... 27

Page 73: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

PARTIE 2: LES PRINCIPAUX FACTEURS A L’ORIGINE DU DECOLLAGE RAPIDE

DES PAYS DE L’ASIE DE L’EST ......................................................................................... 30

CHAPITRE 1 : HISTOIRE DU DECOLLAGE DE LA COREE DU SUD………….........41

Section 1: La Corée du Sud sous la domination Japonaise ............................................... 32

Section 2: La première république coréenne ..................................................................... 33

1. La stratégie de substitution aux importations......................................................... 33

2. La guerre de Corée ................................................................................................. 35

Section 3: Le décollage avec Park Chung Hee ................................................................. 36

1. La stratégie de substitution aux exportations ......................................................... 36

2. Décollage dans les années 1960 ............................................................................. 36

Section 4: La Corée du Sud de maintenant ....................................................................... 37

CHAPITRE 2 : LE MODELE DE L’ASIE DE L’EST DE L’ETAT DEVELOPPEUR ......... 38

Section 1: Accumulation de capital humain en Corée du Sud .......................................... 38

1. Evolution du capital humain .................................................................................. 48

2. Capital humain, éducation et croissance ................................................................ 41

Section 2: Accumulation de technologies en Corée du Sud.............................................. 42

1. Evolution de l’industrie électronique Coréenne ..................................................... 42

2. Effort en recherche et développement.................................................................... 53

3. Appel de technologies étrangères........................................................................... 45

Section 3: Complémentarité Etat/marché.......................................................................... 46

1. Contrôle des dépenses publiques............................................................................ 46

2. Politique de stabilisation ........................................................................................ 47

Page 74: ETUDE SUR LES FACTEURS A L’ORIGINE

CHAPITRE 3 : ETAT ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT EFFICIENTES…….49

Section 1 : Les stratégies industrielles des pays de l’Asie ................................................ 49

1. La stratégie de promotion des exportations............................................................ 50

1.1. Hong Kong tourne son industrie vers l’électronique ...................................... 51

1.2. Singapour ........................................................................................................ 61

2. Observation des intensités des facteurs de production........................................... 53

Section 2 : Les résultats de la stratégie de promotion des exportations ............................ 55

Conclusion ................................................................................................................................ 58

Bibliographie…………………………………………………………………………………….

Table des matières ........................................................................................................................