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1 Bull. SOC. Chim. Belg., 68, pp. 388-400, 2 fig. (1959) 3‘ ETUDES CONFORMATIONNELLES DETERMINATION NOUVELLE DE LA CONFIGURATION DES COUPLES DES ~THYLCYCLOHEXANOLS ET DES DIMETHYLCYCLOHEXANOLS G. CHIURDOGLU, A. CARDON (*), W. MASSCHELEIN (*) (Bruxelles) R~uME Les spectres infra-rouges du cyclohexanol, du 1 -methylcyclohexanol, des couples d’isombres cis et trans des 2-, 3-, 4-, m6thylcyclohexanolsY des 3,3,5- trimethylcyclohexanols, des 1,2-, 1,3-, et 1,4-dimtthylcyclohexanols sont relevds dans le domaine des nombres d’ondes de 3750 a 750 cm-l. Les absorp- tions du groupement hydroxyle sont ttudiks plus particulibrement. Une etude semi-quantitative des absorptions Y (OH), dues aux hydroxyles libres et associks, permet la determination de la position du groupement hydro- xyle dans la moltcule. En effet, un groupement OH equatorial s’associe plus quantitativement que I’hydroxyle axial correspondant. L’application de la rbgle de Barton permet ensuite la determination de la configuration des iso- meres au travers de leur conformation privilkgike. Pour tous les alcods BtudiBs, sauf pour le couple 1,3-, il y a accord entre cette determination et celles effectudes prk6demment. Pour les 1,3-dim6thylcyclohexanols, les con- figurations antbrieurement attribuks doivent ttre inversks. La determination des bandes 6 (OH) par la mkthode de deutkration rkvhle l’existence de plu- sieurs absorptions dues a ces vibrations. Aucune caracteristique de ces absorptions en rapport avec les configurations des molkules envisagks n’a pu Ctre d6gagk. La presence de plusieurs bandes v (GO) est observk. Elles appartiennent a des absorptions qui suivent la loi de Beer-Lambert. I.es associations intermolkculaires ne fournissent, dbs lors, aucune explication valable pour ces dedoublements. L’hypothbse de l’h&tBrogBnBitk conforma- tionnelle est retenue comrne explication plausible de ces phtnombnes. L’epim6risation des cyclohexanols secondaires par la mkthode au sodium se traduit par des transformations quantitatives de I’isombre le moins stable en I’isombre le plus stable. I - DI~TERMINATIONS ANTE~IEURES DES CONFIGURATIONS DES CYCLA- NOLS, OBJET DE CE TRAVAIL Un moyen non ambigu de ditermination des configurations d’un couple d’isomb-es cis-trans, est la mithode stirdochimique (*) Actuellement, titulaire d’une bourse de spkialisation de 1’IRSJA.

Études Conformationnelles. Détermination Nouvelle De La Configuration Des Couples Des Méthylcyclohexanols Et Des Diméthylcyclohexanols

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1 Bull. SOC. Chim. Belg., 68, pp. 388-400, 2 fig. (1959)

3‘ ETUDES CONFORMATIONNELLES

DETERMINATION NOUVELLE DE LA CONFIGURATION DES COUPLES DES ~THYLCYCLOHEXANOLS ET DES DIMETHYLCYCLOHEXANOLS

G. CHIURDOGLU, A. CARDON (*), W. MASSCHELEIN (*) (Bruxelles)

R ~ u M E

Les spectres infra-rouges du cyclohexanol, du 1 -methylcyclohexanol, des couples d’isombres cis et trans des 2-, 3-, 4-, m6thylcyclohexanolsY des 3,3,5- trimethylcyclohexanols, des 1,2-, 1,3-, et 1,4-dimtthylcyclohexanols sont relevds dans le domaine des nombres d’ondes de 3750 a 750 cm-l. Les absorp- tions du groupement hydroxyle sont t tudiks plus particulibrement. Une etude semi-quantitative des absorptions Y (OH), dues aux hydroxyles libres et associks, permet la determination de la position du groupement hydro- xyle dans la moltcule. En effet, un groupement OH equatorial s’associe plus quantitativement que I’hydroxyle axial correspondant. L’application de la rbgle de Barton permet ensuite la determination de la configuration des iso- meres au travers de leur conformation privilkgike. Pour tous les alcods BtudiBs, sauf pour le couple 1,3-, il y a accord entre cette determination et celles effectudes prk6demment. Pour les 1,3-dim6thylcyclohexanols, les con- figurations antbrieurement attribuks doivent ttre inversks. La determination des bandes 6 (OH) par la mkthode de deutkration rkvhle l’existence de plu- sieurs absorptions dues a ces vibrations. Aucune caracteristique de ces absorptions en rapport avec les configurations des molkules envisagks n’a pu Ctre d6gagk. La presence de plusieurs bandes v ( G O ) est observk. Elles appartiennent a des absorptions qui suivent la loi de Beer-Lambert. I.es associations intermolkculaires ne fournissent, dbs lors, aucune explication valable pour ces dedoublements. L’hypothbse de l’h&tBrogBnBitk conforma- tionnelle est retenue comrne explication plausible de ces phtnombnes.

L’epim6risation des cyclohexanols secondaires par la mkthode au sodium se traduit par des transformations quantitatives de I’isombre le moins stable en I’isombre le plus stable.

I - DI~TERMINATIONS ANTE~IEURES DES CONFIGURATIONS DES CYCLA- NOLS, OBJET DE CE TRAVAIL

Un moyen non ambigu de ditermination des configurations d’un couple d’isomb-es cis-trans, est la mithode stirdochimique

(*) Actuellement, titulaire d’une bourse de spkialisation de 1’IRSJA.

~TUDES CONFORMATIONNELLES 389

exacte (l). Elle ne peut Ctre appliquCe aux Bdifices cyclohexaniques que nous envisageons, a savoir : les 2-,3-,4-mCthylcyclohexanols, les 3,3,5-trimCthylcyclohexanols, les 1,2-, 1,3- et lY4-dimCthyl- cyclohexanols. En effet, pour ces alcools, les deux isombres de chaque couple sont soit dCdoublables, soit mCso (couple 1,4-). La mCthode chimique relative (synthbse non ambigue), a CtC appli- qute avec succbs dans le cas des 3-mCthylcyclohexanols (2). La rbgle empirique de von Auwers (3) permet l’attribution des formes cis et trans aux stCrCoisombres cyclohexaniques. D’aprbs cette rbgle, pour un couple donne, l’isombre cis prCsente une tempbrature d’Cbullition, un indice de rbfraction et une densite plus 6levCs que le trans correspondant. On a montrC que les attributions faites de cette manibre sont gCnCralement fausses dans le cas des Cdifices cyclohexaniques 1,3-disubstituCs (4). D’autres mCthodes de dCter- mination de configuration consistent a ttudier les vitesses d’estiri- fication des alcools, de saponification des esters ou d’oxydation chromique.

Les configurations des cyclohexanols tertiaires Ctudib dans ce travail ont CtC Ctablies prCcCdemment par l’un de nous(5) au moyen de la rbgle de trans-dimination d’eau. Cette rbgle postule que le passage d’un dialcoylcyclohexanol tertiaire 2i 1 ’hydrocarbure CthylCnique correspondant est plus rapide lorsque l’hydrogbne tertiaire et l’hydroxyle (et par condquent les deux groupements alcoyles), sont en trans.

I1 - ANALYSE CONFORMATIONNELLE

La notion de configuration (relative) est une notion classique dCflnie 2i partir de l’hypothkse de la plankit6 du cycle hexacarbonk. Actuellement, cette notion perd de sa signification au profit de celle de la conformation. Dans ce travail, nous comparons finale- ment les rksultats des dkterminations antdrieures des configurations avec ceux des dkterminations basCes sur l’analyse conformation- nelle. I1 convient dbs lors, d’utiliser conjointement l’une et l’autre de ces deux notions.

(l) M. MOUSSERON et R. GRANGER, Bull. SOC. Chim. Fr., 5, 1618 (1938). (2) D.S. NOYCE et D.B. DENNEY, J. Am. Chem. SOC., 74, 5913 (1952). e) K. von AUWERS, Ann., 420, 84 (1920).

N. L. ALLINGER, Exp., 10, 328 (1954). G. CHIURDOGLU, Bull. SOC. Chim. Belg., 47, 241 (1938).

390 G . CHIURDOGLU, A. CARDON ET W. MASSCHELEIN

la moins stable la plus stable

I1 est actuellement admis que pour un Cdifice cyclohexanique de forme chaise (nous nkgligerons les tautomkres de forme biiteau), il y a un Cquilibre dynamique de conversion Cquatoriale-axiale. Dks lors, on ne peut plus associer ii chaque configuration une con- formation unique. Conformation signifie - rappelons-le - tout arrangement spatial des atomes d'une molCcule, arrangement

Position privilCgiQ du

TABLEAU I

Application systkmatique de la r&Ie de Hassel-Barton aux conformations possihles de quelques m&iplcyclohexanols s fkrkoisomkres

I

Stereoisomkres

Cyclohexanol 1 a a ~

cis-2-methyl-

CH3 I trans-2-methyl-

trans-3-methyl-

cis-4-methyl-

trans-4-methyl-

equat.

axial.

equat.

equat.

axial.

axial.

equat.

~TUDES CONFORMATIONNELLES 39 1

cis-3,3,5- -trimethyl-

trans-3,3,5- -trimethyl-

lm8thyl-

cis- 1,2- -dimethyl-

trans-l,2- -dimethyl-

cis-1,3- -dimethyl-

trans-I ,3- -dimethyl-

cis- 1,4- -dimethyl-

trans-l,4- -dimethyl-

a equat. H3

kquat.

equat.

H3c lei OH

axial.

rialisable par rotation autour d’une liaison simple et susceptible d’avoir une durie d’existence finie (6).

I1 s’agit de diterminer prialablement la conformation privili- giCe pour chaque configuration puisque celle-ci reflkte le mieux

(6 ) M.S. NEWMAN, Steric Effects in Organic Chemistry (J. Wiley, 1956) Chap. I W.G. DAUBEN et K. S. PITZER, Conformational Analysis.

392 G. CHIURDOGLU, A. CARDON ET W. MASSCHELEIN

les propriCtCs chimiques et physiques du cornpod. Pareille dCter- mination est possible grBce a la rbgle de Hassel-Barton ( 7 . 9 .

D’aprks celle-ci, la position Cquatoriale des substituants d’un Cdifice cyclohexanique confbre a ce dernier une plus grande stabi- lit6 que la position axiale. De plus, lorsque pour un des isom&res du systbme considCrC la position axiale d ’un substituant est requise, l’isomkre possCdant le groupement le moins volumineux en cette position est le plus stable. En admettant avec Barton qu’un grou- pement mCthyle est plus volumineux qu’un groupement hydroxyle, l’application de la rbgle susmentionnie conduit aux risultats expri- mts dans le tableau I.

L’examen de ce tableau montre que distinguer un cyclanol cis de son isombe trans revient ii mettre en tvidence la position Cquatoriale ou axiale de l’hydroxyle.

111 - APPLICATION DE LA SPECTROM~TRIE INFRA-ROUGE A LA D~TERMINATION DES CONFIGURATIONS DES M~THYLCYCLOHEXA- NOLS

1) Vibrations v (C-0) Dans la strie des stkrols, il a CtC montrk que la vibration

v(C-O)H absorbe a des nombres d’ondes diffkrents suivant que le groupement hydroxyle se trouve en position 6quatoriale ou axiale (940J1). Le nombre d’ondes serait plus ClevC pour un hydro- xyle Cquatorial que pour un hydroxyle axial. Toutefois, quelques exceptions sont actuellement connues (12). De plus, la localisation justifde des vibrations v (C-0) est gtndralement assez difficile. Dans le cas des dicalols, les absorptions v(C-0) deviennent complexes; cependant, la rbgle se vCrifie encore en gros(13).

(7) 0. HASSEL, Quart. Rev., 7, 221 (1953). (*) D.H.R. BARTON, Exp., VI, 316 (1950); ibid. Suppl. 11, 121 (1955). (9) A. FURST, H.H. KUHN, R. SCOTINI et H.H. GUNTHARD, Helv. Chim.

(lo) A. R.H. COLE, J . Chem. SOC., 4969 (1952). (11) A.R.H. COLE, R.N. JONES et K. DOBRINER, J . Am. Chem. SOC., 74,

(11’) H.H. ZEISS et M. TSUTsuI, J . Am. Chem. Soc., 75, 897 (1953). (12) I.L. ALLSOP, A.R.H. COLE, D.E. WHITE et R.L. S. WILLIX, J . Chem. SOC., 4868 (1956). (13) W.G. DAUBEN, H. HOERGER et N.K. FREEMAN, J . Am. Chem. Soc.,

Actu, 35, 951 (1952).

557 (1952).

74, 5206 (1952).

GTUDES CONFORMATIONNELLES 393

Nous avons localisi, pour nos alcools, les bandes v(C-0) par comparaison entre eux des spectres de ces alcools, des alcools deutiris et des hydrocarbures correspondants.

Les valeurs des nombres d’ondes sont rdsumies dans le ta- bleau 11. Les attributions faites ne peuvent pas Ctre considiries c o m e absolument certaines. Elles sont cependant suffisamment probables pour montrer qu’en sirie cyclohexanique proprement dite on ne peut plus appliquer la rkgle proposie en sirie des stdrols.

En ce qui concerne I’explication de la multipliciti des bandes v(C-O), elle n’est actuellement p,as dtablie. Des dddoublements causes par les associations intermoliculaires ne semblent pas se prisenter, itant donni que les absorptions considirdes suivent la loi de Beer-Lambert.

TABLEAU I1 Nombres d’ondes v (C- 0) des cyclanols

Alcools

cyclohexanol cis-2-methyl- t rans-2-mkthyl- cis-3-methyl- trans-3-mbthyl- cis-4-mkthyl- trans-4-mt5thyI- cis-3,3,5-trim6thyl trans-3,3,5-trim&hyl- I-mkthyl- cis-1 ,2-dim&hyl- trans-I ,2-dimethyl- cis-1 ,3-dimCthyl- trans-I ,3-dimCthyl- cis- 1 ,4-dim&hyl- trans-I ,Cdimethyl-

Position du OH

equa t . axiale Bquat. 6quat. axiale axiale tquat. Bquat. axiale axiale Bquat. axiale axiale Bquat. equat. axiale

1069, 973 (1029), 972 1036 1048, 1023 (1041), 995, 946 988 1051, 1010 1082, 1026 (1020), 997, 952 968 (*) 1114, (1012), 990, 981 1007, 1000 (983) 1026, 946 1127, 1010 1127, 1017, 1005 1024, 1012

(*) I1 nous semble que la bande vers 1120 cm-l consid6rk par Zeiss et Tsutsui c o m e etant une absorption v(C-0) est au fait due B une vibration 8(OH). L’intensite de cette bande est, en effet, fortement diminude dans le spectre de I’alcool deut6re (I1 ’).

Pour expliquer la multipliciti des absorptions v (C-0) nous pouvons suggirer l’hypothbse de I’hCtCrogCniitC conformationnelle.

394 G . CHIURDOGLU, A. CARDON ET W. MASSCHELEIN

Chaque stCrCoisombre se prisenterait sous plusieurs confor- mations i~ l’iquilibre et serait de durCe d’existence finie (14*15.16917).

Cependant, les donnCes que nous possCdons actuellement sont insufisantes pour conclure. Le problbme est h 1’Ctude.

2) Vibrations 8(OH)

Les absorptions dues aux vibrations 8(OH) ont pu Ctre loca- lisCes par comparaison des spectres des alcools avec ceux des alcools deutCrCs. Elles sont rCsumCes dam le tableau 111.

TABLEAU 111

Vibrations 8(OH)

8(OH) cm-l I OH 1 Alcools

cyclo hexanol cis-2-m&hyl- trans-2-mkthyl- cis-3-mc5thyl-

trans-3-methyl- cis4-methyl- trans-Cmdthyl- cis-3,3,5-trimbthyl- trans-3,3,5-trim&hyI- 1 -methyl- cis- 1 ,ZdimCthyl- trans-l,2,-dim&hyl- cis-l,3-dim&hyl- trans- 1,3-dimCthyl- cis- 1 ,4-dim&hyl- trans-1 ,4-dimethyl-

e a e e

a a e e a a e a a e e

1288,1264,1252, 1225 1317,1266,1226,1064 l278,1267,1245,1209,I141,1071 1333,1309,1296,1262,1240,1223,1213,

1 I49 1383, 1297 1275,1256,1227 1288,1237,1215,1144 1291,1280,1256,1239,1153,1120 1218,1152 1219, I122 1299,1236, 146,1087

082, 1058, (1294-1250) 1216, 1106, 1111,1070 1332 1235,1222, 149, I 118,1079 1308,1239,1221,111 I, 1080 l a !

Aucune caractkristique Cvidente de ces bandes en rapport avec les configurations des alcools n’a pu Ctre dCgagCe. Nous avons renoncC h une Ctude plus approfondie par manque de donnCes

(14) S. WINSTEIN et N.J. HOLNESS, J. Am. Chem. SOC., 77, 5562 (1955). (16) M.I. BATUEV, A.A. AKHREM, A.D. MATVEEVA et I.N. NAZAROV,

(la) E. L. ELIEL et C.A. LUCKACH, J. Am. Chem. Soc., 79, 5986 (1957). Doklady Akad. Nauk. SSSR, 117,423 (1957).

(l’) R. A. PICKERING et c. c. PRICE, J . Am. Chem. sot., 80, 4931 (1958).

ETUDES CONFOMATIONNELLES 395

adkquates, attendu que ces vibrations sont dCj A assez complexes et ma1 comprises chez les alcools aliphatiques les plus simples(18,19).

3) Vibrations v(0H) Les spectres infra-rouges des alcools en solution dans un

solvant non polaire prksentent A cBtC de la bande v(0H) des mono- meres (Y= f 3620) d’autres absorptions dues A l’alcool associC intermolCculairement par formation de liens d’hydrogene. Ces associations dependent de la concentration en alcool et conduisent A des abaissements variables du nombre d’onde. La complexit6 de la bande associCe v(OH), traduit la coexistence de polymkres varies.

I1 est connu, qu’en strie aliphatique, les effets d’encombrement stCrique au niveau du . groupement hydroxyle dkfavorisent forte- ment les associations intermolCculaires (20). D’un autre cGtC, la diffkrence de rCactivitC des cyclohexanols stCrCoisomkres (vitesse d’estbrification des alcools, vitesse d’hydrolyse des esters corres- pondants vitesse d’oxydation chromique des alcools), est inter- prCtCe en admettant des effets stCriques plus importants au niveau d’un hydroxyle axial que d’un hydroxyle Cquatorial. On pouvait, d b lors, prCvoir qu’un alcoylcyclohexanol A hydroxyle Cquatorial s’associerait plus fortement que son isombre A hydroxyle axial.

L’Ctude quantitative des associations intermolCculaires au moyen de la spectroscopie infra-rouge, devait donc permettre un nouvel examen des configurations de la sCrie des alcoyl- et des dialcoylcyclohexanols choisis. Les crithres employCs sont les valeurs des coefficients d’absorption molaire apparents de la bande mono- mere (pour cette grandeur I’erreur devient considCrable et les dCter- minations de configuration peu certaines pour les spectres A concen- tration petite), et les rapports des surfaces des bandes Y(OH) ass. et v(0H) mon. soit sur une Cchelle en % de transmission S2/S1, soit sur une Cchelle de densit6 optique S‘z/S; (*).

C8) G.B.B. M. SUTHERLAND, Disc. Fur. SOC., 9, 774 (1950). (le) A.V. STUART et G.B.B.M. SUTHERLAND, J. Chem. Phys., 24, 559

(1 956). (*) Les mesures S2, S1, S#2, Spl n’ont aucune signification absolue. Ces,

valeurs, exprim6es en cm2 (surfaces des bandes mesurkes au planimttre) sont fortement dkpendantes des conditions expkrimentales. Toutefois, le. rapports S , / S , et S / e / S ’ l sont reproductibles, pour une concentration donnk

(’O) F.A. SMITH et E.C. CREITZ, J. Res. Natl. Bur. Stand., 46, 145 (1951).

TABLEAU 1V Donnees concernant les absorptions v(0H) d'une sPrie d'alcoylcyclohexanols Attribution de la configuration. Solutions 0,525 M duns CCI, (sauf en cas

d'indication contraire)

trans-2-meth ylcyclohexa- no1

_ _ ~ cis-3-methylcyclohexanol

trans-3-rn~thylcyclohexa- no1

cis-2-rn8thylcyclohexanol 1 a 1 22 I 5,02 1 6 1 - volatil : cis ~~ ~

I

e 18 8,5 ~ 8,5 + volatil : trans-

e 13 22,8 ~ 36,6 ~ + votlail : cis (2)

a 19 I 14,l 19,4 1 -volatil :trans (2)

---______ -______- -

j

I -1 cis-3,3,5-trim6thylcyclo- hexanol e 16

--- trans-3,3,5-trirnkthyI-

cyclohexanol a 29,5

cis-4m6thylcyclohexanol 1 a ~ 21 1 12,2 I 16,4 I - votalil :cis

I 19,7 ~ 20 ' F = 37O2: cis

7,35 1 7,5 F = 5801 : trans

trans-4-methylcyclohexa- 1 no1 ~ e 1 15 ~ 22,4 ~ 27 1 + volatil : trans

cis-I ,3-dirnethylcyclo- hexanol

trans-l,3- dimethylcyclo- hexanol

cis-1 ,4-dimCthylcyclo- hexanol (0,262 M)

trans-I ,4-dim6thylcyclo- hexanol (0,262 M)

-

a 20,8 8,l ~ 7,6 1 + volatil : trans

e 15,3' 13,3 1 12 1 -volatil : cis

2,77 1 - -volatil : cis e 15

--

----

+ volatil : trans a 18,9 5,3 1 -

cis-1 ,2-dirnethylcyclo- hexanol 1 e 1 13,5 6 ~ 6,5 I -volatil :cis@)

trans-1 ,2-dirnBthylcyclo- hexanol i a 1 28,61 2,77 ~ 1,6 + volatil : trans

I~TUDES CONFORMATIONNELLES 397

I1 rtsulte du tableau IV que tous les couples Ctudiis, sauf les 1,3-dim~thylcyclohexanols, conduisent 21 la meme configuration que celle prCctdemment Ctablie. Pour ce qui est de 1,3-dimCthylcyclo- hexanols, nous constatons que les attributions cis et trans, faites dans ce travail sont en dCsaccord avec les dkterminations anti- rieures basCes sur la rbgle de trans-Climination (5). Les conforma- tions probables des l ,3-dimtthylcyclohexanols itant celles ci- dessous :

Cis. trans.

on peut constater les faits suivants. a) En vertu de la rkgle de Barton, le trans-l,3-dimCthylcyclo-

hexanol est conformationnellement moins stable que l’isombe cis correspondant. Dbs lors, en accord avec la proposition d’Allin- ger (4)’ le dCrivC trans doit prCsenter des valeurs d’indice de rCfrac- tion, de densitt et de tempCrature d’dbullition plus tlevtes que le cis. Ceci est en opposition avec les attributions faites au moyen de la regle de von Auwers, telle qu’elle a CtC CnoncCe au dipart. Les valeurs des viscositts (9, et les donntes spectroscopiques qui s’attachent aux trans- et cis-I ,3-dim~thylcyclohexanols prksentent une mCme signification : les configurations anttrieurement attri- buCes doivent Ctre inverskes.

b) Par la rkgle de trans-dimination classique on considhait, par dkfinition, l’isomkre trans c o m e &ant celui pour lequel la dtshydratation est la plus aide. Par la suite, le mtcanisme des rtactions d’klimination ayant CtC prtcisC (21)’ il est apparu que cette propriCtt est l’apanage des alcools cyclohexaniques 21 hydroxyle axial. I1 en risulte que dans le cas des 1,3-dimCthylcyclohexanols, l’isombre cis se dbshydratera le plus facilement.

Cet ensemble de faits nous autorise 2t rejeter les configurations attribuCes anttrieurement aux 1,3-dimCthylcyclohexanols et resttes en vigueur jusqu’h ce jour. En conclusion, le plus volatil des

(al) M.L. DHAR, E.D. HUGHES et C.K. INGOLD, J. Chem. Soc., 2093 (1 948).

398 G. CHIURDOGLU, A. CARDON ET W. MASSCHELEIN

1,3-dim6thylcyclohexanols est l’isombre cis et le moins volatil l’isombre trans.

IV - PART~E EXP~RIMENTALE

A. Matbriel expbrimental 1. Les 2-, 3- et 4-mPthylcyclohexanols. Le couple ortho provient des

collections du laboratoire, les couples meta et para nous ont ete aimablement ckdks par Mr le Professeur R. Cornubert de Nancy.

2. Les 3,3,5-trirnkthylcyclohexanols. Ce couple de produits de provenance commerciale a ete purifik par recristallisation dans du benzhe jusqu’a ce que chacun des isomhres accuse une temperature de fusion maximum et invariable F - 3702 F, = 5801. Les inipuretes cetoniques sont elirninees au moyen du riacif de Girard.

3. Les 1,2-, 1,3-, et I,.l-dimCthylcyclohexanols. Ces couples d’isomtres proviennent d’un travail anterieur (6).

4. DeutPration des alcools. La deutbration des alcools a kte realiske par Cchange direct avec de l’eau lourde (*). L’alcool (env. 0,5 g) est rnis en contact avec 1 rnl de D 2 0 et on agite vigoureusernent durant 4 h. Aprts decantation, on prelbve la couche alcoolique. Les rendements de deuteration sont d’environ 75 %.

5 . EpimPrisation des alcools seconduires par la mkthode au sodium. Par epimerisation des methylcyclohexanols secondaires par la methode au sodium decrite par Ungnade (22), des transformations quantitatives (en considerant que les limites de precision des dosages infra-rouges est de 5 :< env.), de l’isomtre le moins stable en isomtre le plus stable sont observkes. Dans les m&mes conditions, l’isombre le plus stable ne subit aucune transformation. Les produits des reactions sont analyses par comparaison de leur spectre infra-rouge avec ceux des isomhres purs correspondants.

B. Spectres injra-rouges (*) 1. Appareillage. Hilger H 800. Prisme NaCI. Cellule NaCI, 0,l mm

d’kpaisseur. Fente 0,36 mm B 1000 cm-l. Auto Slit Control 30. Enregistreur Brown, gain 4, damping 1,5. Vitesse 97 cm-’ par minute.

2. Echantillons. Les spectres des alcools ont ete relevCs en solution dans le tktrachlorure de carbone analytiquement pur, conserve sur tamis mol6cu- laires. Les concentrations en alcools etaient de 0,787 M., 0,525 M., 0,262 M., 0.13 1 M. Toutefois, pour le trans 1,4-dimethylcyclohexanol la concentration des solutions n’exchdait pas 0,393 M. cause de la solubilite relativement faible de cet alcool.

(*) Nous devons celle-ci a l’obligeance de Monsieur Coeckelbergs,

(*) Enregistres au laboratoire de spectroscopie mol6culaire de Mr. Professeur a 1’Ecole Royale Militaire.

Th. DOEHARD, Professeur a I’Institut Meurice-Chimie. E. H. UNGNADE, J . Org. Chem., 13, 361 (1948).

~ T U D E S CONFORMATIONNELLES 399

Fig. 2 - Spectres des 1,2-dirnethylcyclohexanols cis- et trans-. Solutions 0,787 M. dans CCI,.

400 G . CHIURDOGLU, A. CARDON ET W. MASSCHELEIN

L’absorption due au solvant a BtB cornpensee au moyen d’une cellule rnicrornetrique. La region de 1600 a 1500 cm-l est choisie pour ceci.

V. CONCLUSIONS

Une mCthode rapide et non destructive de dktermination de la configuration des alcools cyclohexaniques est proposke. Elle est susceptible d’Ctre Ctendue i d’autres cyclanols, les stCrols en particulier.

Les configurations antkrieurement attribuCes sont confkmCes, i l’exception du couple des 1,3-diniCthylcyclohexanols. Pour ces derniers, il est prCcisC que les attributions prCcCdemment faites doivent Ctre inverskes.

Note ajoutke lors de la correction des Ppreuves. - Dam une communication pride, M. I. Batuev, H:A.

Akhrem et A. V. Kamernitzki (Institut Chimie Organique de 1’AcadCmie des Sciences S S S R) nous signalent Ctre arrives B cette mCme conclusion en ce qui concerne les 1,3-dimCthylcyclo- hexanols mais par voie chimique. - Cette publication &ant sous presse, a paru un travail de I .

Alkonyi (Ber., 92: 1130 (1959)) relatif aux 3,3,5-trimCthylcyclo- hexanols. Cet auteur arrive a m mCmes conclusions que nous.

* * * Nous remercions Mademoiselle L. de Brouckbre, Directeur

du Service de Chimie GCn6rale 11, ainsi que Monsieur R.Cornubert, Professeur 2i 1’UniversitC de Nancy, pour l’aide qu’ils nous ont apportke.

Notre reconnaissance va 2i Monsieur Th. Doehard, Professeur i 1’Institut Meurice-Chimie, pour les utiles discussions que nous avons eues avec lui.

Le Fonds National de la Recherche Scientifique a bien voulu nous (G.C.) accorder un Credit de Recherches. Nous lui en savons gre .

UNIVERSIT~ LIBRE DE BRUXELLES FacultC des Sciences

Laboratoire de Chimie Ghbrale I1

CommuniquC b la SociCtC Chimique de Belgique Ie 14 avril 1959.