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Evaluation des possibilités d’exploitation des données Chiroptères collectées dans le cadre d’implantation d’éoliennes (études d’impact et suivis post-implantatoires) Roger COLY Date de soutenance : 09/08/2015 Tuteur universitaire : Mme Marie Chabrol Maîtres de stage : M. Julien Touroult, Service du Patrimoine Naturel M. Christian Kerbiriou et M. Kevin Barre, Laboratoire CESCO Muséum national d’Histoire naturelle de Paris Année 2014/2015 Master Sciences humaines et sociales Mention « Histoire et Territoires » Spécialité Dynamiques et Géographie des Territoires

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Evaluation des possibilités d’exploitation des données Chiroptères collectées

dans le cadre d’implantation d’éoliennes (études d’impact et

suivis post-implantatoires)

Roger COLY

Date de soutenance : 09/08/2015

Tuteur universitaire : Mme Marie Chabrol

Maîtres de stage : M. Julien Touroult, Service du Patrimoine Naturel

M. Christian Kerbiriou et M. Kevin Barre, Laboratoire CESCO

Muséum national d’Histoire naturelle de Paris

Année 2014/2015

Master Sciences humaines et sociales

Mention « Histoire et Territoires »

Spécialité Dynamiques et Géographie des Territoires

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Rapport de stage Muséum national d’Histoire naturelle de Paris -Service du Patrimoine Naturel 2015

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Remerciements

Je tiens à remercier dans un premier temps, toute l’équipe pédagogique et les intervenants

professionnels de la formation du Master Dynamiques et géographie des territoires de

l’Université Jules Verne de Picardie, pour avoir assuré la partie théorique de celle-ci.

Je remercie également Madame Marie Chabrol, professeur à l’université Jules Verne de

Picardie pour l’aide et les conseils concernant la rédaction de ce rapport.

Je remercie aussi l’ensemble des Dreal qui nous ont fourni les dossiers d’études d’impact et

de suivis post-implantatoires sans lesquels cette étude n’aurait pas pu être menée à bien.

Je tiens enfin à remercier tout particulièrement et à témoigner toute ma reconnaissance aux

personnes suivantes, pour l’expérience enrichissante et pleine d’intérêt qu’elles m’ont fait

vivre durant ces 6 mois de stage au sein du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris :

Monsieur Julien Touroult, Directeur adjoint du Service du Patrimoine Naturel (SPN),

Monsieur Christian Kerbiriou, et M. Jean François Julien, chercheurs au Centre

d’Ecologie et de Sciences de la Conservation (UMR CNRS 7204),

Monsieur Philippe Gourdain, Coordinateur des conventions d’études du SPN,

Mme Julie Marmet et M. Kevin Barre, respectivement chargé de mission

Chiroptères, et Doctorant au MNHN,

M. Etienne Ouvrard et M. Pierre-Emmanuel Bastien, respectivement membre de

la SFEPM1 et chiroptérologue au CPEPESC2 Lorraine, ainsi que l’ensemble des

membres du groupe de travail « éolien et Chiroptères » du groupe

Chiroptères national.

Pour le temps qu’ils m’ont consacré tout au long de cette période, sachant répondre à toutes

mes interrogations ; sans oublier leur participation au cheminement de ce rapport, je leur dis

MERCI.

Photos page de garde : D. Hoemann ; D. Neau

1 Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères

2 Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l’Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères

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Sommaire

Chapitre 1. Présentation générale : structure d’accueil et missions du stage ... 6

1.1 Structure d’accueil ................................................................................................ 6

Chapitre 2. Problématique éoliennes & Chiroptères ............................................. 9

2.1 Développement de l’énergie éolienne en France ................................................. 9

2.2 Eoliennes et Chiroptères .................................................................................... 13

2.3 Synthèse des principales recommandations SFEPM et Eurobats ...................... 22

2.4 Données d’études d’impact et de suivis .............................................................. 26

2.5 Analyse et synthèse sur les enjeux et sensibilités des parcs éoliens ................. 26

Chapitre 3. Méthodologie et résultats ................................................................... 28

3.1 Méthodologie de l’étude ...................................................................................... 28

3.2 Résultats ............................................................................................................. 30

Discussion .............................................................................................................. 48

Conclusion .............................................................................................................. 51

Bibliographie ........................................................................................................... 52

Pages web consultées ........................................................................................... 56

Table des illustrations ............................................................................................ 60

Résumé .................................................................................................................... 62

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Introduction

Aujourd’hui, à travers le monde, la consommation croissante d’énergies fossiles contribue à

l’augmentation de l’effet de serre et à la dégradation de l’environnement. Face à cette

problématique, produire de l’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables (EnR)

est alors une nécessité (Kuvleskg et al., 2007). Ainsi, en application des objectifs mondiaux

de réduction des gaz à effet de serre (GES) définis lors de la conférence de Kyoto (1997),

l’Union Européenne a fortement promu le développement des EnR. Cela s’est traduit par

l’adoption de la directive 2009/28/CE du 23 avril 2009 qui fixe des objectifs nationaux

concernant la part des EnR dans la consommation d’énergie finale des pays européens. En

France, suite au Grenelle de l’Environnement3, il a été fixé d’augmenter la production d’EnR

de 20 millions de tonnes équivalent pétrole à l’horizon 20204.

Les éoliennes, capable de transformer l’énergie mécanique du vent en énergie électrique,

font partie des alternatives de production d’énergie qui ne contribuent pas à l’émission de

gaz à effet de serre (Barclay et al., 2007 ; Kuvleskg et al., 2007). Cette alternative

permettrait, à l’échelle du parc éolien français, de réduire de 16 millions de tonnes de CO2

les émissions nationales d’ici à 2020 (EIE5 Côte de la Bouchère 2009).

Au vu de ces perspectives, le secteur de l’énergie éolienne s’est fortement développé en

France avec la construction de plusieurs parcs éoliens. Dans une optique de promotion d’un

développement durable, ces parcs constituent des leviers d’actions intéressants pour la mise

en œuvre de la politique énergétique française. Toutefois, leurs construction n’est pas

totalement exempt d’externalités négatives sur l’environnement (Erickson et al., 2002 ; Kunz

et al., 2007 ; Rodrigues et al., 2008). En effet, la présence d’éoliennes entraîne parfois des

impacts directs (mortalités dues aux collisions avec les pales du rotor) (Johnson et al., 2000 ;

Trapp et al., 2002 ; Dürr et Bach, 2004) et indirects (déviation de la trajectoire de vol des

migrateurs, action sur les proies ou les territoires de reproduction, etc.) (Reichenbach, 2002 ;

Phillips, 1994 ; Winkelman, 1989) sur la faune volante (oiseaux, Chiroptères).

Afin de favoriser une meilleure prise en compte de ces impacts et enjeux environnementaux,

les parcs éoliens sont depuis 20116 soumis au régime des installations classées pour la

protection de l’environnement (ICPE). Cette législation impose la réalisation d’une évaluation

environnementale (EIE) mais aussi la mise en place d’un suivi post-implantatoire. Ces

études consistent à l’analyse descriptive et fonctionnelle de différents thèmes

environnementaux et aux suivis de la mortalité de la faune volante (Guide EIE, 2010).

Ces évaluations sont souvent réalisées par des bureaux d’études en environnement, à

savoir des structures réalisant des prestations d’études, de conseil et d’expertises

écologiques pour le compte des développeurs éoliens et à l’intention des Dreal7. Ils mènent

notamment des inventaires faunistiques permettant de mesurer les enjeux de préservation

3 Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 4 Grenelle de l’Environnement

5 Etude d’impact environnemental

6 Décret n°2011-984 et Décret n°2011-985 7 Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Service en charge de l’instruction des demandes

d’autorisation d’exploitation des parcs éoliens)

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liés aux projets de parcs éoliens. Ces inventaires ont pour objet de collecter des informations

et des données utiles à l’évaluation des impacts et à la proposition de mesures de réduction,

d’atténuation ou de compensation. Cependant, l’agrégation de ces données et leurs

analyses à des fins d’études scientifiques sont en partie rendues difficiles par l’hétérogénéité

des approches méthodologiques utilisées par les bureaux d’études pour récolter les données

et le niveau de documentation dans la restitution de celles-ci. Depuis quelques année,

différentes recommandations ont été mises en place afin d’harmoniser et d’améliorer à la fois

la réalisation des études chiroptérologiques et la restitution des données d’inventaires

(recommandations Eurobats8 et SFEPM9).

Actuellement, la connaissance de l’impact des parcs éoliens sur les chauves-souris est

limitée et nécessite la poursuite d’études scientifiques10 sur cette thématique (Rodrigues et

al., 2008). Pour dépasser les limites inhérentes aux études locales et identifier des

tendances à grande échelle, il est nécessaire de bancariser un maximum de données

d’inventaires d’EIE et de suivis. Il est de ce fait utile de voir aujourd’hui, à partir de

l’analyse de ces dossiers, quelles sont les possibilités d’exploitation réelles des

données et quel est le degré de prise en compte des recommandations en matière

d’études chiroptérologiques.

L’objectif de cette étude réalisée dans le cadre d’un stage au sein du Service du Patrimoine

Naturel (SPN) du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris, est donc

d’appréhender le niveau de documentation des données (notamment les méthodes

d'acquisition), la cohérence des démarches méthodologiques utilisées dans le temps et enfin

la conformité de ces méthodologies d’inventaires avec les recommandations Eurobats et

SFEPM. Cette étude se situe en amont d’un éventuel travail de bancarisation et de

valorisation des données chiroptérologiques qui pourrait être mené par le SPN à la demande

des acteurs du secteur éolien et dont le but est de répondre à diverses questions sur l'impact

des éoliennes sur les chauves-souris à l’échelle nationale (ex: « Au regard des tendances

nationales des populations de chauves-souris, quels sont les impacts locaux générés par les

installations éoliennes ? »). L’idée à court et moyen terme est de garantir un niveau de

documentation suffisant des données pour permettre la réalisation d'études scientifiques à

l’échelle nationale sur les interactions entre éoliennes & chauves-souris, ceci à partir d’une

base de données statistiquement exploitable et permettant un traitement quantitatif et

standardisé des EIE et des suivis environnementaux des parcs éoliens.

Une méthodologie s’appuyant sur une grille de lecture a été mise en place afin de

caractériser la typologie des différentes informations et données chiroptérologiques

présentes dans les dossiers d’EIE et de suivis, et d’apprécier la cohérence des méthodes

d’inventaires avec les recommandations citées précédemment.

8 Accord sur la conservation des populations de chauves-souris européennes (http://www.eurobats.org )

9 Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (http://www.sfepm.org )

10 Il s’agit entre autre d’études sur la mortalité (effets potentiels sur les populations, …), la collision (identification des causes

principales, …), sur la migration (pic d’activité migratoire, …) ; le dérangement et l’effet barrière et enfin sur les mesures de réduction et d’évitement.

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Le présent rapport expose la démarche suivie durant les différentes phases de la mise en

place de cette étude ainsi que les résultats issus de l’analyse d’un certain nombre de

dossiers. Il s’articule donc autour de deux axes :

une approche analytique, correspondant à l’étude des données d’EIE et de suivis,

une approche opérationnelle, comportant des propositions en vue de la mise en

place d’un cahier des charges pour les bureaux d’études.

Chapitre 1. Présentation générale : structure d’accueil et missions du stage

1.1 Structure d’accueil

Au sein de la direction de la recherche, de l’expertise et de la valorisation (DIREV), le

Service du Patrimoine Naturel développe la mission d'expertise confiée au MNHN de Paris

pour la connaissance et la conservation de la nature. Il a vocation à couvrir l'ensemble de la

thématique biodiversité (faune/flore/habitat) et géodiversité11 au niveau français12.

1.1.1 Missions et activités

Le SPN peut être défini comme une structure à l'interface entre la recherche scientifique et

les décideurs avec comme objectif principal de contribuer à la conservation de la nature en

mettant les meilleures connaissances à disposition et en développant l'expertise13. Il assure

le suivi, la méthodologie et la validation scientifique des grands programmes nationaux

(Natura 2000, ZNIEFF14, etc.) et apporte également son soutien aux politiques de

conservation en accompagnant les partenaires (publics/privés) dans la gestion de la

connaissance et la valorisation scientifique des données. Cette valorisation conduit à des

recommandations en faveur de la biodiversité. Les actions du SPN s’inscrivent dans quatre

grands domaines :

la conception d’outils et le developpement de méthodes,

l’animation de réseaux d’acteurs,

la diffusion des connaissances,

la production de données de référence.

Ce stage s’inscrit dans une de ces missions qui consiste à la mutualisation et à l’optimisation

de la collecte, de la synthèse et de la diffusion d'informations et de données sur le patrimoine

naturel. Il s’agissait en effet d’apporter une « expertise » sur les possibilités de bancarisation

et de valorisation des données chiroptérologiques collectées dans les dossiers d’EIE et de

suivis. Pour cela, nos actions ont consisté à :

l’analyse des dossiers d’EIE et de suivis pour caractériser le niveau de

documentation des données qui s’y trouvent ;

11

Diversité du monde abiotique terrestre, géologique et sous-marin 12

http://spn.mnhn.fr/servicepatrimoinenaturel 13

http://spn.mnhn.fr/servicepatrimoinenaturel 14

Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique

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7

l’appréciation du degré de prise en compte des recommandations SFEPM et

Eurobats en matière d’études chiroptérologiques dans le cadre des EIE et des suivis

post-implantatoires.

Enfin, afin de s’approprier les techniques d’inventaires susceptibles d’être rencontrées dans

les dossiers d’EIE et de suivis, des participations à des expertises de terrain menées par des

chargés de missions du SPN ont aussi été réalisées.

Il convient de noter qu’en plus du SPN, ce stage s’est réalisé en collaboration et avec l’appui

de chercheurs de l’unité de recherche CESCO (Centre d’Ecologie et de Sciences de la

COnservation) qui s’intéressent à des questions sur l’écologie et la conservation des

Chiroptères. Les activités de recherche du CESCO s’inscrivent dans l’étude des effets des

changements globaux sur les habitats et la diversité des espèces. En France, le CESCO est

à l’origine de la mise en place de plusieurs programmes de sciences citoyennes

participatives notamment le programme Vigie-chiro qui fait partie des programmes de

l’observatoire Vigie-Nature15. Il s’agit d’un programme de suivi des populations de chauves-

souris de France.

1.1.2 Organigramme

Le SPN est composé de 75 personnes (experts naturalistes, gestionnaires de projets,

géomaticiens et informaticiens, etc.) réparties en huit pôles thématiques (Fig.1) qui travaillent

en équipes pluridisciplinaires associant expertise, recherche et développement16.

Ce stage s’est déroulé au sein du pôle conservation sous la direction de M. Julien Touroult,

responsable du pôle et Directeur adjoint du SPN et en collaboration avec M. Christian

Kerbiriou, chiroptérologue et chercheur au CESCO.

15

Programme de sciences participatives (http://vigienature.mnhn.fr ) 16

http://spn.mnhn.fr/servicepatrimoinenaturel

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8

Figure 1: Organigramme SPN (source : http://spn.mnhn.fr/servicepatrimoinenaturel/site/organisation )

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9

Chapitre 2. Problématique éoliennes & Chiroptères

Les éoliennes sont susceptibles de perturber des équilibres écologiques notamment via des

impacts de dérangement, perte d’habitat et mortalité de chauves-souris. Aujourd’hui, face au

developpement de l’énergie éolienne en France, il est essentiel de connaître et maitriser ces

impacts afin d’assurer la préservation de ces espèces. L’amélioration des connaissances sur

cette problématique passe notamment par la valorisation des données d’inventaires

recueillies sur les parcs (suivis) ou projets de parcs (EIE) éoliens.

Cette valorisation est cependant dépendante de l’homogénéité des protocoles d’inventaires

et du niveau documentation des données, d’où l’intérêt de cette étude initiée par le SPN

visant à faire un état des lieux sur ces questions.

2.1 Développement de l’énergie éolienne en France

Le développement des EnR a pour objectif de répondre aux défis environnementaux et

climatiques actuels mais aussi aux enjeux d’indépendance énergétique, de sécurité

d'approvisionnement et de coût d’accès à l’énergie (ADEME, 2013). En France, pour

atteindre ces objectifs, plusieurs mesures allant dans le sens d’une incitation à l’implantation

de parcs éoliens privés sur le territoire ont été prises (Valette, 2005). Il s’agit à titre

d’exemple du plan EOLE 2005 (piloté par EDF et l’ADEME), mis en place au milieu des

années 1990 pour la promotion de l’éolien auprès des opérateurs privés. Plus récemment, le

plan national d’action en faveur des EnR, remis à la Commission européenne en août 2010

par la France, détaille un certains nombre de mesures de soutien aux EnR (ADEME, 2014)

qui sont entre autres :

l’instauration d’un crédit d’impôt pour les moyens de production utilisant les énergies

renouvelables ;

l’obligation d’achat de l’électricité produite avec des tarifs spécifiques pour chacune

des filières (éolien, photovoltaïque, biomasse, etc.) ;

la mise en œuvre d’une régulation pour assurer un développement maîtrisé de

l’énergie éolienne en créant des zones de développement de l’éolien, etc.

Depuis quelques années, sous l’impulsion de ces mesures, on observe une croissance

régulière de la production d’énergies éoliennes en France avec comme corolaire une

augmentation du nombre de parcs (Fig. 2). Au 1er janvier 2015, la puissance éolienne

raccordée au réseau électrique français était de 9143 MW17, ce qui correspond à la

production des 800 parcs éoliens présents sur le territoire métropolitain. La Champagne-

Ardenne et la Picardie concentrent aujourd’hui le plus grand nombre de parcs éoliens en

France avec une puissance installée respectivement de 1571 et 1430 MW.

17 France Energie Eolienne (http://fee.asso.fr )

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10

Toutefois, ces implantations ou projets d’implantations éoliens ont provoqué l’émergence de

forces d’opposition nombreuses au sein de la société française. Ces oppositions sont pour la

plupart dominées par un argument environnemental : l’implantation d’éoliennes constituerait

une agression caractérisée contre les paysages et plus largement l’environnement (Valette,

2005) avec notamment des impacts négatifs de plus en plus documentés sur l’avifaune et les

chauves-souris (Rodrigues et al., 2008).

2.1.2 Réglementation d’implantation d’éoliennes en France

Face aux controverses et pour une meilleure prise en compte de ces impacts

environnementaux, plusieurs mesures et textes réglementaires ont été mis en place. Il s’agit

notamment de la loi Grenelle 2 qui a fait entrer à partir de 2011 les éoliennes dans le champ

des ICPE. Cette nouvelle réglementation impose18 désormais aux promoteurs éoliens, la

réalisation d’une évaluation environnementale afin de garantir une meilleure prise en compte

des enjeux environnementaux et la mise en place d’un programme de suivi post-

implantatoire pour évaluer le taux de mortalité (avifaune et Chiroptère) des parcs éoliens.

2.1.2.1 Séquence Eviter, Réduire, Compenser (ERC)

La séquence ERC est une doctrine qui existe en France depuis la loi du 10 juillet 1976 sur la

protection de la nature et qui figure dans le droit communautaire (directives de 1985

concernant l’étude d’impact des projets et de 2001 concernant l’évaluation environnementale

des Plans et directives «Habitats, faune, flore» et « oiseaux », directive cadre sur l'eau...).

Il s’agit d’une doctrine consistant à adopter, dans le cadre de la mise en place d’un projet

susceptible de présenter des impacts sur le milieu naturel, une démarche visant d’abord à

éviter, ensuite réduire et, en dernier recours, compenser les impacts environnementaux

pouvant être occasionnés. Pour ce qui concerne la problématique éolienne et chauves-

souris, l’application de cette doctrine passe par des mesures telles que :

la prévention de la destruction des gîtes,

18

Cette obligation et fonction des caractéristiques du parc

Figure 2 : Evolution de la puissance installée en France en MW (Source : RTE, ADEME 2014)

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11

l’élimination des facteurs d'attraction des chauves-souris,

l’utilisateur d’effaroucheurs acoustiques, visuels et électromagnétiques,

la compensation de la destruction des habitats, etc.

L’objectif principal de cette doctrine est d’inciter les maîtres d’ouvrages à prendre en compte

les enjeux environnementaux le plus en amont possible lors de la conception des projets. En

effet, comme l’indique le MEDDE19 en 2012, les questions environnementales doivent faire

partie des données de conception des projets au même titre que les autres éléments

techniques, financiers, etc. Cela passe par la réalisation d’une EIE qui a pour finalité de

définir, à partir d’une évaluation et d’une expertise environnementale, les meilleurs scénarios

d’implantation permettant de limiter au maximum les impacts négatifs. Aussi, cette EIE

permet de proposer des stratégies à long terme pour réduire les impacts environnementaux

au cours de la période de fonctionnement. Dans le cadre des projets éoliens cela permet en

effet d’intégrer et d’anticiper certains risques inhérents à ces installations tels que la mortalité

sur la faune volante.

2.1.2.2 Etudes d’impacts environnementales et suivi post-

implantatoire

L’étude d’impacts environnementale est une démarche visant à intégrer l’environnement

dans l’élaboration d’un projet, d’un document de planification ou d’un plan ou programme, et

ce dès les phases de réflexions20. Elle consiste à l’étude et l’analyse des composantes

environnementales dans leur globalité : population, faune, flore, habitats naturels, sites et

paysages, biens matériels, facteurs climatiques, continuités écologiques, équilibres

biologiques etc., ainsi que les interactions entre ces éléments. La conduite d’une EIE de

projet éolien suit un processus itératif définit par le MEDDE dans le guide de l’étude d’impact

sur l’environnement des parcs éoliens de 2010 (Fig. 3).

Une étude d’impact de qualité est réalisée selon un processus itératif. L’étude est

19

Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie 20

http://www.developpement-durable.gouv.fr

Figure 3 : Démarche générale de la conduite de l'étude d'impact (Source : MEDDE, 2010)

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12

Pour les projets éoliens, l’EIE présente une grande importance pour l’appréciation des

enjeux sur la faune volante (avifaune, Chiroptères). En effet, du fait de leur mode de

déplacement, ces espèces présentent une vulnérabilité face aux éoliennes. Les inventaires

et expertises lors de l’EIE permettent donc de mieux anticiper les impacts futurs que

pourraient occasionner les parcs éoliens sur ces groupes. L’EIE prévoit dans le cadre de

l’évaluation des enjeux liés à ces groupes faunistiques, une analyse en deux étapes : un pré-

diagnostic réalisé par une approche large, puis un diagnostic plus précis qui constitue une

étude approfondie de l’état initial. Des aires d’études spécifiques sont définies pour chacune

de ces phases d’étude (Fig. 4). Pour ce qui concerne plus spécifiquement les chauves-

souris, il s’agit de l’aire d’étude intermédiaire ou éloignée (10 à 30 km) pour le pré-diagnostic

et l’aire d’étude rapprochée (200m à 2 km autour de l’implantation potentielle) pour le

diagnostic (MEDDE, 2010). Ce diagnostic se fait à travers des prospections de gîtes, des

relevés acoustiques et des relevés des habitats favorables aux chauves-souris et doit

prendre en compte l’ensemble du cycle biologique des chauves-souris (cf. 2.2.1). Dans la

restitution des données d’inventaires, il est important : de relever les conditions

météorologiques (température, vitesse du vent, couverture nuageuse, humidité), de détailler

précisément la méthodologie et le matériel utilisés pour la récolte des données d’activité des

chauves souris, ainsi que le nombre de contacts pour chaque espèce (cartographiés par

catégorie et par secteur de la zone d’implantation potentielle) (MEDDE, 2010). Ces

descriptions ont pour but d’apprécier la pertinence des conclusions de l’EIE et aussi les

possibilités d’exploitation et de comparaison des données d’inventaires.

Figure 4 : Différentes aires d'études d'une étude d'impact (Source : MEDDE, 2010)

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13

En plus de L’EIE, le classement en ICPE des projets éoliens introduit l’obligation pour les

maîtres d’ouvrage de réaliser un suivi environnemental. En effet, l’article 12 de l’arrêté du 26

août 2011 précise l’obligation pour l’exploitant de réaliser, au moins une fois durant les trois

premières années, un suivi environnemental permettant d’estimer la mortalité de l’avifaune et

des Chiroptères due à la présence des aérogénérateurs puis de le renouveler tous les dix

ans21. Ce suivi permet de déterminer les impacts des éoliennes et les différentes espèces

concernées (Rodrigues et al., 2008).

La mise en place d’un suivi post-implantatoire nécessite de disposer d’un référentiel de

comparaison dans le temps (connaître la situation préalable à l’implantation des éoliennes)

et/ou dans l’espace (effectuer une comparaison avec un site témoin). Aussi, tout comme

pour l’EIE, l’application d’une méthode d’étude standardisée est très importante pour obtenir

des résultats exploitables ou pour faciliter des comparaisons d’une année sur l’autre et vis-à-

vis d’autres parcs éoliens. Cependant, en dépit d’une lente amélioration des pratiques

relatives à l’étude d’impact, constatée depuis plus de trente ans désormais, leur qualité reste

cependant dans bien des cas insuffisante (MEDDE, 2011).

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre étude. Celle-ci s’intéresse à la cohérence des

approches méthodologiques et l’analyse du niveau de documentation des données

d’inventaires et des informations relatives aux chauves-souris présentes dans ces dossiers

d’EIE et de suivis. La finalité de l’étude est de faire un état des lieux sur ces questions et

d’avancer des propositions pour faciliter la bancarisation des données chiroptérologiques. A

terme, cela pourrait permettre d’améliorer à travers des études scientifiques à grande

échelle, les connaissances sur les interactions entre éoliennes et chauves-souris.

2.2 Eoliennes et Chiroptères

2.2.1 Biologie des Chiroptères

Les chauves-souris sont des mammifères de l’ordre des Chiroptères. Il existe à travers le

monde, plus de 1200 espèces, dont 34 espèces décrites en France métropolitaine (Arthur et

Lemaire, 2009). Elles ont des mœurs nocturnes et pratiquent le vol actif. On les rencontre

dans des habitats variés : milieu souterrain, crevasse, fissure, paroi rocheuse, habitations

humaines etc. Ces espèces présentes sur le territoire métropolitain se déplacent par

écholocation (Van Laere, 2008) ont et un régime insectivore plus ou moins spécialisé

(Barataud, 2012). Les techniques de chasse varient en fonction des espèces : capture des

proies en vol, à la surface de l’eau, chasse à l’affût à partir d’un perchoir, glanage sur le

feuillage et à même le sol.

Sous les climats tempérés de l’hémisphère nord, leur cycle biologique est divisé en quatre

grandes périodes (Fig. 5).

21

http://www.legifrance.gouv.fr

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14

De fin novembre à début mars, les chauves-souris sont regroupées dans des gîtes tels que

des grottes, des carrières souterraines, des ponts ou des arbres pour hiberner selon les

espèces. Le printemps est marqué par leur reprise d’activité et par leur transit vers les gîtes

d’été. À partir de fin mai, les femelles se regroupent pour la fin de la gestation et la mise bas.

Chez la plupart des espèces européennes, les mâles sont dispersés et isolés. Les

accouplements ont lieu à la fin de l’été. La stratégie de reproduction des chauves-souris,

caractérisée par une forte survie des adultes, une fécondité faible et une maturité sexuelle

relativement tardive leur confère une relative protection contre certains aléas climatiques,

mais induit également de faibles capacités de renouvellement des populations. Cette

stratégie rend donc les chauves-souris particulièrement fragiles aux perturbations telles que

la disparition de leurs gîtes, la destruction et la dégradation de leurs habitats, etc. Du fait de

cette vulnérabilité, les espèces présentes en France métropolitaine sont toutes intégralement

protégées par l’arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères

selon l’article L.411-1 du code de l’environnement.

2.2.2 Rôles et importance des chauves-souris

Dans les régions tempérée, l’un des rôles principaux des chauves-souris est la régulation

des pestes agricoles (Culter et al., 2006 ; Charbonnier et al., 2014). Elles contribuent ainsi à

l’équilibre des écosystèmes de part cette action sur la limitation des pullulations d’insectes.

La préservation des chauves-souris aujourd’hui, au-delà de ces services rendus, se justifie

pleinement du fait de leur contribution à la diversité biologique de notre patrimoine (Rizet,

2007). Toutefois, comme pour plusieurs espèces à travers le monde, leur préservation est

rendue difficile par les nombreuses menaces qui pèsent sur elles. L’amélioration des

connaissances sur ces menaces est donc aujourd’hui primordiale pour garantir la protection

à long terme de ces espèces.

Figure 5 : Cycle de vie des chauves-souris (Source : Gourmand, non daté)

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15

2.2.3 Principales menaces

Outre les menaces pouvant être qualifiées de naturelles : prédation (Léger, 1987) et climat

(Arthur et Lemaire, 2005), les principales menaces qui pèsent sur les chauves-souris sont

d’origine anthropique. Il s’agit entre autre de :

l’utilisation de produit toxique22 (Swift et Racey, 1986),

la destruction et la modification des milieux naturels,

l’impact des parcs éoliens...

La mortalité des Chiroptères induite par les éoliennes est bien documentée dans la littérature

naturaliste et scientifique (Rodrigues et al., 2008). Plusieurs hypothèses ont été formulées

pour expliquer cette mortalité (cf. 2.2.3.2). Aujourd’hui, l’intérêt des études menées sur cette

thématique réside dans le fait qu’elles permettent de mieux comprendre les causes de cette

mortalité ceci afin de pouvoir disposer d’outils dans le futur permettant de mieux y faire face.

2.2.3.1 Mortalité due aux éoliennes

Les premiers cas de mortalité liés aux éoliennes ont été rapportés dès les années 70 (Hall et

Richards, 1972). Ces constats ont conduit à la mise en place d’études relatives à l’impact

des parcs éoliens sur les chauves-souris d’abord aux Etats-Unis (Osborn et al., 1996 ;

Puzen, 2002 ; Johnson et al., 2003). En Europe, plusieurs études relatives à cette

thématique ont aussi été entreprises (Bach et al., 1999 ; Bach, 2001 ; Rhamel et al., 1999 ;

Dürr 2002, 2004, 2007; Brinkmann, 2006 ; Lekuona 2001 ; Benzal et Moreno, 2001, Alcade,

2003 ; Dulac, 2008). Ces études font état d’une mortalité relativement importante (Fig. 6).

22

Effet direct ou indirect (diminution de la disponibilité en proie)

Figure 6 : Bilan des cas de mortalité de chauves-souris liés aux éoliennes en France et en Europe au 15 janvier 2009 (Rodrigues et al., 2009)

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16

Plusieurs études montrent que sur certains sites, les niveaux de mortalité sont suffisamment

significatifs pour ne pas être considérés comme accidentels (Brinkmann et al., 2006). Cette

mortalité est plus importante sur les chauves-souris que sur les oiseaux (Dürr, 2007). En

Allemagne par exemple, 1414 cas de mortalité touchant des Chiroptères ont été recensés,

contre 1251 pour les oiseaux (Dürr, chiffres de janvier 2011). Sur le site de Bouin en France,

les proportions sont semblables avec 77 Chiroptères pour 68 oiseaux (Dulac, 2008). Pour

tenter d’expliquer ces taux de mortalité, plusieurs hypothèses ont été proposées.

2.2.3.2 Causes probables de la mortalité des chauves-souris

L’attrait des chauves-souris pour les parcs éoliens peut s’expliquer par deux hypothèses. En

premier lieu, il apparaît que les chauves-souris en recherche de proies sont attirées par le

mouvement des pales, pour des raisons encore mal connues, mais probablement par simple

curiosité (Cryan et Barcley, 2009). Ensuite, la structure d’une éolienne dans un espace

ouvert ressemble fortement à un arbre potentiellement pourvu en cavités que pourrait

rechercher des Chiroptères arboricoles en déplacement (Kunz et al., 2007). Cependant, il

convient de noter que cette attractivité des éoliennes est largement discutée. A l’échelle d’un

parc éolien il est possible qu’il y ait un phénomène d’évitement de la part des chauve-souris

(Millon et al,. 2015).

Les causes de mortalité peuvent être liées soit à des chocs directs avec les pales, soit à des

phénomènes de barotraumatisme (Baerwald et al., 2008 ; Seiche, 2008 ; Baerwald et

Barcley, 2009 ; Cryan et Brown, 2007 ; Cryan et Barcley, 2009) qui consistent à des

variations de pression à proximité immédiate des éoliennes entrainant la rupture des

vaisseaux capillaires (pulmonaires essentiellement) et provoquant une hémorragie létale

sans contact avec la pale. Ce phénomène explique l’absence de lésion externe fréquemment

constatée au niveau des cadavres récupérés sous les éoliennes.

D’autres hypothèses ont aussi été proposées, telles que (Rodrigues et al., 2008) :

la non-perception du danger (cris d’écholocation des espèces migratrices trop faible

pour détecter les éoliennes ou trop grande vitesse de rotation des pales),

une concentration d’insectes plus forte autour de la nacelle, ce qui incite les chauves-

souris à chasser dans cette zone.

2.2.4 Synthèse des méthodologies généralement utilisées dans les

études chiroptérologiques

Dans le cadre des EIE et des suivis post-implantatoires, l’évaluation de l’activité

chiroptérologique autour des éoliennes s’effectue à travers plusieurs protocoles. Dans

l’optique d’apporter des réponses sur l’impact des éoliennes et les causes de la mortalité des

chauves-souris, l’harmonisation de ces protocoles et des modalités de restitution des

données brutes est nécessaire. Il convient avant d’appréhender ce niveau d’harmonisation,

de faire une synthèse et une description des différentes méthodologies et protocoles

d’inventaires chiroptérologiques généralement utilisés.

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2.2.4.1 Méthodologies

2.2.4.1.1 Prospections et recherches de gîtes

La recherche de gîtes consiste à effectuer des prospections de jour sur des sites favorables

à l’accueil de Chiroptères. La détection de la présence de chauves-souris se fait par

observations directes (comptage des individus, guano, traces au sein des gites...) ou

indirectes (parfum musqué, odeur ammoniaquée…) des animaux (Ibéné et al., 2007).

L’identification directe des espèces peut se faire de jour à partir de critères morphologiques

lorsque celles-ci sont au repos ou en hibernation (photo 1). Des comptages peuvent alors

être réalisés pour apprécier la population fréquentant le gîte.

Toutefois, si cette méthode permet de récolter des informations précieuses dans le cadre

des EIE et des suivis avec une simplicité de mise en œuvre, il faut souligner les risques de

dérangements dommageables qu’elle peut entraîner pour les chauves-souris. Pour les gîtes

de reproduction, des comptages en sortie de gîtes sont préconisées. Ces comptages

peuvent notamment être réalisés à l’aide de cameras infrarouges.

2.2.4.1.2 Capture

Cette technique consiste principalement à installer un dispositif, généralement des filets,

pour capturer des chauves-souris sur leurs territoires de chasse, sur leurs zones

d’abreuvage, en transit, ou à proximité de leurs gîtes. Cela permet d’une part d’inventorier

une partie des espèces présentes, notamment celles qui ne peuvent être identifiées qu’à

partir de critères morphologiques, mais aussi d’identifier le genre, l’âge et le statut

reproducteur des individus capturés. Ces informations peuvent être importantes pour

caractériser la population fréquentant le site.

Néanmoins, les données ne peuvent pas être exploitées de manière quantitative sans

marquage individuel (technique peu utilisée en France). De plus, il a été mis en évidence

qu’un bon nombre d’individus réussissent à éviter les filets et certaines espèces, notamment

les espèces de haut-vol, sont très rarement capturées avec les dispositifs classiques. Enfin,

Photo 1 : Gîte de Murins de Bechstein (Source: L. Arthur)

Photo 2 : Tas de guano sur le gîte d'un Grand Murin (Source : P. Jourde)

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18

le succès de cette technique est fortement lié aux conditions météorologiques et à l’effort de

capture (surface de filets, nombre d’heures et de jours d’échantillonnage, etc.), ces

paramètres doivent donc être pris en compte dans les analyses.

La capture est la méthode la plus invasive pour les chauves-souris car elle peut provoquer

un stress et un dérangement des individus ou des populations échantillonnées. L’utilisation

de cette méthode d’inventaire, du fait du statut de protection des chauves-souris, nécessite

de disposer d’une dérogation préfectorale ou ministérielle.

Les captures sont souvent conduites en combinaison avec la détection des ultrasons afin

d’obtenir un meilleur échantillonnage des espèces présentes (Schmidt et al., 2003, Johnson

et al., 2004).

La capture peut aussi être utilisée pour réaliser un suivi des chauves-souris par radiopistage.

Pour cela, un émetteur est fixé sur le dos de l’animal capturé. Celui-ci sera suivi pendant

plusieurs jours, voire plusieurs semaines, à l’aide d’antennes et de récepteurs afin d’identifier

les gîtes utilisés et de caractériser les zones de chasse et de transit fréquentées.

Néanmoins, cette technique nécessite des moyens humains et techniques couteux et lourds

à mettre en œuvre.

2.2.4.1.3 Détection des ultrasons

Cette technique est fondée sur le repérage et l’identification des chauves-souris d’après

leurs émissions ultrasonores propre à chaque espèces ou groupe d’espèces. On utilise pour

cela des appareils capables de transcrire, de manière audible, les ultrasons émis par celles-

ci (photo 3). Les analyses effectuées à partir de ces appareils permettent d’évaluer l’activité

des chauves-souris sur un site donné afin de prévoir l’impact possible sur les populations

locales (Schmidt et al., 2003). Il existe trois procédés de détection ultrasonore : l’hétérodyne,

l’expansion de temps et la division de fréquence dont les principes sont expliqués dans le

tableau suivant.

Hétérodyne

Cette technique se base sur la comparaison du son initial émis par la chauve-souris avec le son interne et

modulable de l’appareil. De cette comparaison résulte un signal restitué par le détecteur qui sera interprété

directement sur le site d’inventaire par l’observateur.

Expansion de

temps

Elle consiste à enregistrer les émissions ultrasonores dans une mémoire digitale et à restituer la séquence au

ralenti, ce qui la rend audible aux oreilles humaines. Le son peut être analysé de façon fine car la structure, le

rythme et l’intensité du signal sont conservés (Tanguy et Gourdain, 2011).

Division de

fréquence

Cette technique permet de diviser par 10 ou 20 la fréquence d’un signal de manière à le rendre audible. Ce système

fonctionne sur une large bande de fréquences, ce qui permet de ne manquer aucun contact acoustique (Barataud,

1996). Cependant, les sons perçus dans ce cas sont atténués en intensité, et leur structure altérée, ce qui rend

l’écoute inconfortable et inefficace pour l’identification. Cette méthode est généralement utilisée que pour réaliser

des enregistrements en continu ou lors de points d’écoute pour quantifier l’activité.

Tableau 1 : Principe des trois procédés de détection ultrasonore

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19

La détection ultrasonore fournie des données intéressantes permettant d’évaluer un indice

d’activité des espèces présentes. Cependant, il est important de ne pas s’appuyer que sur

des données acquises au détecteur pour proposer des stratégies et des conclusions sur les

impacts potentiels d’un parc éolien. En effet, il est impossible de distinguer formellement

certains taxons, les systèmes d’écholocation chez les Chiroptères étant dépendant dans

chaque cas de leur environnement immédiat, et des obstacles qu’ils rencontrent (Barataud,

2005). Aussi, la détection des espèces dépend de l’appareil utilisé notamment de sa

distance de détection maximale. Il convient donc pour une efficacité dans les inventaires

chiroptérologiques, d’associer plusieurs méthodes.

2.2.4.2 Protocoles

2.2.4.2.1 Points d’écoute

Cette technique se base sur le même principe que celui des Indices Ponctuels d'Abondance

(I.P.A.) mis en place à l’origine par Blondel, Ferry et Frochot en 1970 pour l’étude de

l’avifaune. Pour l’étude des chauves-souris dans le cadre d’un projet de parc éolien, le

protocole consiste à la réalisation d’écoutes « manuelles » à l’aide de détecteurs d’ultrasons

(ex : D240x de Pettersson) sur des points fixes définis sur l’aire d’étude rapprochée.

L’observateur reste immobile sur un point fixe durant une durée déterminé. Les points

d’écoute sont répartis en fonction des habitats de l’aire d’étude rapprochée. La disposition de

ces points de manière régulière ou aléatoire permet d’échantillonner de grands espaces. Ce

protocole permet de fournir une approche quantitative et relative des peuplements en

Chiroptères. Il est ainsi possible d’effectuer une comparaison inter-biotope des résultats

obtenus par des analyses statistiques. Les constantes à respecter pour les points d’écoutes

sont : la durée d’écoutes, la localisation des points et leurs répartitions homogènes sur

l’ensemble des milieux.

Photo 3 : Détecteur Pettersson D240X et signal sur le logiciel batsound (Source : Sylvain Vigant)

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20

2.2.4.2.2 Transects

Pour les chauves-souris, ce protocole d’inventaire consiste à réaliser un parcours à pied ou

en voiture, à vitesse modérée et régulière sur la zone d’étude, en notant l’ensemble des

contacts. Comme pour les points d’écoute, l’activité chiroptérologique est mesurée à partir

de détecteurs manuels. Cette technique fournit des indices d’abondance calculés en fonction

de la distance parcourue ou du temps passé sur le site. Elle est particulièrement adaptée à

la réalisation d’inventaires d’espaces restreints où elle permet une prospection relativement

exhaustive. Les constantes à respecter lors des transects sont : la distance et la vitesse de

prospection.

2.2.4.2.3 Enregistrements en continu (en altitude et au sol)

La différence principale avec les deux autres protocoles cités précédemment est

essentiellement le temps d’écoute. Ce protocole permet en effet des écoutes sur des durées

relativement importantes, ce qui permet d’accéder facilement à des informations sur la

phénologie horaire ou saisonnière.

Il s’agit d’enregistrements automatiques réalisés à partir de détecteurs de type : SM223,

anabat etc. Ces enregistreurs peuvent être positionnés au sol pour des suivis ponctuels ou

intégrés à des dispositifs en hauteur (mât de mesure, éoliennes, ballon captif, arbres) pour

des suivis continus sur de longues périodes. Les écoutes « en altitude » dans le cadre des

inventaires chiroptérologiques permettent d’inventorier les espèces de haut vol et

caractériser l’activité des chauves-souris à différentes hauteurs. La hauteur du dispositif

d’inventaire en altitude doit représenter la hauteur des éoliennes prévues ou installées sur le

parc.

Le SM2 (Wildlife Acoustics®) et l’anabat (Tytley electronic®) sont des appareils complets

intégrant un détecteur à ultrasons et permettant d’enregistrer directement les signaux captés

sur des cartes mémoires de grande capacité. Les données récupérées sur site ou

téléchargées à distance sont analysées sur ordinateur à l’aide de logiciels spécifiques. Le

SM2 permet une identification plus fine par le recours possible à une analyse des sons en

expansion de temps.

23

Song Meter 2

Photo 4 : Dispositif d'inventaire SM2 (à gauche) et ballon captif pour enregistrement en altitude (à droite) (Source : http://davidsbatblog.blogspot.fr)

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21

Les protocoles cités précédemment permettent de recueillir des données pour apprécier

l’activité des chauves-souris. La standardisation des protocoles (durée des points d’écoutes,

vitesse de prospection des transects...) est cependant nécessaire pour garantir l’exploitabilité

des données, le suivi des impacts et la comparaison des données chiroptérologiques issues

de parcs éoliens différents. De même, afin de faciliter l’exploitation des données collectées, il

est important d’avoir suffisamment d’informations sur ces données (conditions

météorologiques, matériels…) et l’effort de recherche (nombre de jours d’inventaires,

distance parcourue…) pour pouvoir apprécier la pertinence des études et des données.

2.2.4.2.4 Protocole de suivi de mortalité

En France, dans un document de 2004, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a

recensé les méthodes auxquelles il pourrait être fait appel dans le cadre d’un observatoire

national de l’éolien en France. Parmi elles, une méthode dédiée au suivi de la mortalité des

oiseaux est présentée. Ce protocole décrit ci-dessous est aussi utilisé pour les chauves-

souris (Fig. 7).

Le principe repose sur la recherche de cadavres. Les recherches s’effectuent à pied sous les

éoliennes et dans un carré de 100 mètres de côté. Le nombre de passages nécessaires doit

être défini en fonction de la visibilité, c’est à dire du couvert végétal présent (André, 2004).

Des piquets sont posés à une distance de 25 mètres chacun sur une longueur de 100

mètres. La prospection s'effectue le long des lignes ainsi matérialisées, la distance

parcourue étant alors de 900 mètres pour chaque éolienne.

Pour estimer la mortalité d’un parc par rapport aux données de mortalité brute de cadavres

découverts, plusieurs estimateurs ont été développés, à savoir aux États-Unis (Erickson

2000 ; Huso 2010), au Royaume-Uni (Jones, 2009), en Allemagne et Pays-Bas (Brinkmann

et al., 2011, Limpens et al., 2013) en Suisse (Korner Nievergelt et al., 2011) et au Portugal

(Bastos et al., 2013). La plupart d’entre eux comprennent maintenant un facteur de

Figure 7 : Plan d'échantillonnage pour la recherche de cadavres

de chauves-souris (Source : André, 2004)

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correction du pourcentage d’aire effectivement prospecté (Rodrigues et al., 2008). Du fait de

la variation considérable des résultats en fonction de la formule d’extrapolation utilisée, il est

conseillé de tester plusieurs méthodes.

Le protocole de la LPO s’appuie sur une méthode d’estimation simple : la formule de

Winkelmann (André, 2004). Elle est basée sur la détermination et l’utilisation de plusieurs

coefficients d’erreurs et de corrections :

P : temps de disparition d’un cadavre. Il s’agit du taux de prédation en fonction du

temps écoulé. Pour l’estimer, il faut réaliser un test avec des cadavres d’oiseaux ou

de chauves-souris.

Z : taux de découverte. Ce coefficient varie en fonction du couvert végétal. Il

correspond au nombre de carcasses découvertes par rapport au nombre de

carcasses déposées.

A partir de ces paramètres, on applique la formule d’estimation suivante :

N estimé = (Na - Nb) / (P*Z*O*D)

Na : nombre total de cadavres découverts lors du suivi / Nb : nombre de chauves-souris dont la mort n’est pas imputable aux

éoliennes / O : nombre d’éoliennes suivies ou la surface prospectée / D : nombre de jours de recherche, fonction de P.

2.3 Synthèse des principales recommandations SFEPM et Eurobats

Le comité consultatif d’Eurobats a développé des recommandations générales au niveau

européen pour la planification et les évaluations environnementales des projets de parcs

éoliens. En France, suite à ces préconisations, la SFEPM a mis en place en 2012 un

document de synthèse qui s’inscrit dans cette même logique et qui vise à « encadrer » les

inventaires pour la réalisation des états initiaux des projets de parcs éoliens. Ces

préconisations de la SFEPM complètent le Guide de l’étude d’impact sur l’environnement

des parcs éoliens établi par le MEDDE en 2010.

Ces recommandations peuvent servir de liste de référence utile aux autorités locales pour

s’assurer, lors de l’examen des demandes de permis de construire, que les projets ont tenu

compte de la présence éventuelle de chauves-souris et des impacts des éoliennes sur les

Chiroptères (SFEPM, 2012).

Sur le plan méthodologique, ces recommandations ont pour but de standardiser les

protocoles d’études chiroptérologiques afin de permettre, la comparaison entre les différents

parcs éoliens. Cette standardisation devrait permettre de faciliter l’exploitation des données

d’inventaires recueillies.

Pour chacune des phases d’étude (pré-diagnostic, diagnostic et suivi), le comité Eurobats et

la SFEPM ont proposé des normes et une démarche méthodologique précise. Il existe une

recommandation propre au site d’implantation qui a trait à la distance du parc par rapport

aux zones forestières. Cette distance est de minimum 200 m.

Une des approches de notre étude constituait à évaluer la prise en compte de ces

recommandations dans les dossiers d’EIE et de suivis. Cette partie de notre étude vise donc

à faire une synthèse de ces recommandations et à identifier les principaux paramètres

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23

pouvant être utilisés comme points de comparaison avec les dossiers d’EIE et de suivis

analysés lors de notre étude.

2.3.1 Pré-diagnostic et diagnostic

Pré-diagnostic

Il s’agit d’une étude dont l’objectif est d’identifier quelles sont les espèces connues dans

l’aire locale et quels sont les éléments du paysage utilisés par les chauves-souris (Rodrigues

et al., 2008).

Le comité Eurobats préconise dans le cadre du pré-diagnostic, une recherche

bibliographique sur au moins 10 km autour du parc éolien et la réalisation d’une sortie de

terrain, c'est-à-dire une étude préliminaire sur site. Plusieurs sources d’informations peuvent

être consultées pour identifier les habitats potentiels des chauves-souris sur le site et à

proximité, et pour identifier l’existence de données sur les chauves-souris dans cette zone.

Ces sources peuvent être entre autres :

des photographies aériennes / cartes / cartographie des habitats,

des cartes de répartition des espèces,

des données de gîtes et d’espèces observées,

des voies connues de migration, etc.

Ces informations peuvent être obtenues auprès de structures telles que : les Groupes

Chiroptères régionaux (en général liés à la SFEPM) ; les associations naturalistes ; les

Muséums d’histoire naturelle ; les bureaux d’études, les DREAL, etc. Le croisement entre les

différentes informations recueillies lors du pré-diagnostic permet de mieux planifier le

diagnostic.

Diagnostic

Dans le cadre des recommandations Eurobats, il est préconisé pour le diagnostic de réaliser

des écoutes acoustiques (manuelles et automatiques) au sol et en altitude et des recherches

de gîtes. Il est aussi recommandé d’utiliser d’autres méthodes d’inventaires tels que le

radiopistage et aussi si nécessaire les captures (uniquement en forêt ou dans des zones à

forte diversité paysagère) (Rodrigues et al., 2008). Les écoutes acoustiques qui permettent

d’avoir des informations sur l’activité des chauves-souris doivent être réalisées dans un

rayon de 1 km autour de chaque éolienne proposée. Pour ce qui concerne les gîtes, leur

utilisation saisonnière doit être précisée dans un rayon de 10 km et une recherche active de

gîtes de parturition, de regroupement automnal ou d’hibernation dans un rayon de 5 km doit

aussi être réalisée.

Comme vue dans le point 2.2.1, les chauves-souris ayant un cycle biologique complexe,

l’ensemble de leurs phases d’activité doivent être étudiées. Le comité Eurobats a défini pour

le diagnostic un calendrier permettant d’étudier l’ensemble des périodes biologiques avec un

effort de recherche précis pour chaque phase (cf. Tableau 2).

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24

Phases d’activité Période Nbre de jour/ semaine Durée

Transit gîtes post-hibernation24

15/02-30/03 1 2h

Migration de printemps 15/03-15/05 1

4h plus 1 nuit complète en Mai pour étudier aussi

l'activité des populations

Activité de population (couloir de vol, terrain de

chasse etc.) concentration sur les espèces de haut

vol

01/06-15/07 4 Nuit complète

Dispersion des colonies (migration automne) 01/08-30/08 1 4h plus 2 nuits complètes

Gîtes et territoires d'accouplement 01/09-31/10 1 4h plus 2 nuits complètes

en Septembre

Déplacement entre les gîtes de pré-hibernation25

01/11-15/12 1 2

Il convient de noter que ce calendrier doit être adapté en fonction de la situation

géographique de la zone d’étude. Au niveau national, la SFEPM a aussi défini des périodes

d’études chiroptérologiques simplifiées pour le diagnostic qui se basent aussi sur le cycle

biologique des chauves-souris. Les périodes de prospection optimale proposées sont :

Printemps (avril à mai : Transit des gîtes d’hibernation vers les gîtes de mise bas),

Eté (juin à août : Mise bas et élevage de jeune),

Automne (septembre à mi-octobre : Transit des gîtes de mise bas vers les gîtes

d’hibernation et/ou les gîtes de regroupement automnal).

Sur l’ensemble de ces périodes, la SFEPM préconise un effort de prospection minimum de

six relevés de terrain.

Concernant les recommandations méthodologiques, le même type de détecteur doit être

utilisé pour les protocoles d’enregistrements acoustiques au sol et en altitude. Pour ce qui

est des écoutes manuelles, il est préconisé pour les points d’écoute, une durée de dix

minutes, ce qui permet d’avoir une image pertinente de l’activité des espèces (SFEPM,

2012). Cette durée d’écoute doit être identique sur les différents points afin de permettre la

comparaison des données d’activité de manière temporelle (nombre de contacts par heure).

Le recensement de l’activité chiroptérologique devra idéalement aussi permettre de

distinguer les contacts de chauves-souris en chasse et en transit. Aussi dans le but de

permettre un meilleur suivi de l’activité dans le temps, la localisation des points d’écoute sera

de préférence identique d’un relevé à l’autre. Concernant les transects, il est aussi important

que les durées d’écoutes effectives soient identiques. Des transects en véhicule à très faible

allure (25 km/h) peuvent aussi être réalisés lorsque la zone à prospecter est grande.

Toutefois, pour des inventaires sur des EIE de projets éoliens, il est préconisé d’effectuer

des transects à pieds. Le parcours suivi lors des transects doit être conçu pour traverser

24

S’applique principalement dans le sud de l’Europe pour Miniopterus schreibersii, Rhinolophus euryale et Myotis capaccinii 25

Idem.

Tableau 2: Période d'étude et effort de prospection pour chaque phase du cycle biologique des chauves-souris (Source : Rodrigues et al., 2008)

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25

l’ensemble des milieux présents et se répartir de manière homogène sur l’aire d’étude

rapprochée.

2.3.2 Suivi post-implantatoire

Tout comme pour les EIE, la standardisation des méthodes de suivis est nécessaire pour

produire des résultats comparables. De plus, il convient de noter que le suivi des impacts

n’aura de valeurs scientifiques uniquement s’il prend en compte le statut originel des

chauves-souris de la zone, avant la construction du parc éolien (Rodrigues et al., 2008). Une

étude de type BACI (mesure des impacts avant, pendant et après construction) est donc

nécessaire.

Le comité Eurobats préconise un plan de suivi exhaustif sur au moins les trois premières

années de fonctionnement. Ce suivi doit se concentrer sur au moins 4 thèmes de recherche

à savoir : la perte d’habitats, la migration et l’analyse du comportement des chauves-souris

et enfin la mortalité.

Perte d’habitats, migration et comportement

Les trois premières thématiques peuvent être réalisées par des études au détecteur

d’ultrasons au sol (en manuel et en automatique) et en altitude autour du parc et des suivis

de gîtes connues identifiés lors du diagnostic. L’étude du comportement et la migration peut

se faire par des observations visuelles et par l’utilisation de caméras infrarouges.

Ces études doivent aussi être menées sur un site témoin ayant les mêmes caractéristiques

que le parc afin de pouvoir comparer les résultats. Au final, l’analyse des résultats doit

permettre d’avoir une idée sur l’évolution de l’indice d’activité, l’attractivité du site et la

modification des couloirs de vol des chauves-souris et aidera également à comprendre les

résultats du suivi de mortalité.

Mortalité

Le suivi de mortalité tout comme celui de l’activité doit aussi être mené sur au moins les trois

premières années de fonctionnement du parc éolien. Idéalement la recherche de cadavres

devrait se faire sur un rayon égal à la hauteur totale de l’éolienne.

Toutefois, dans la plupart des cas, ce n’est pas possible en raison de la végétation ou

d’autres obstacles (Rodrigues et al., 2008). Il est donc possible de se concentrer sur une

surface plus petite avec un rayon de recherche minimum de 50 m.

Pour ce qui concerne l’effort de recherche, il faut prendre en compte le fait que plus le temps

est court entre deux recherches, plus le nombre de cadavres retrouvés est élevé, car plus

petit est le biais lié au charognage (Rodrigues et al., 2008). Le dossier Eurobats préconise

donc d’effectuer une recherche tous les trois jours.

Le nombre d’éoliennes à contrôler dépend de la taille du parc. Idéalement l’ensemble des

éoliennes doit être contrôlé. Cependant, pour les parcs très importants, un choix peut être

fait sur les éoliennes à échantillonner. Ce choix peut se baser sur les résultats du diagnostic

de l’étude d’impacts.

Quand un cadavre est trouvé différents paramètres doivent être notés : l’espèce, la position

du cadavre (coordonnées GPS, direction par rapport à l’éolienne, distance au mât, le numéro

de l’éolienne), son état (frais, de quelques jours, pourris, ou reste), type de blessure,

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26

évaluation de la date de décès, hauteur de végétation (Rodrigues et al., 2008). Aussi, du fait

de leurs probables effets sur les niveaux d'activité des chauves-souris et donc le nombre de

cadavres, il est important de noter les conditions météorologiques entre les visites, ainsi que

les phases de la lune.

Une fois le nombre de cadavres quantifié, il faut une estimation de la mortalité « réelle » qui

intègre les biais liés au protocole de recherche (taux de prédation, taux de découverte…)

pour avoir un bon aperçu de la mortalité d’un parc. Il existe différents algorithmes pour

réaliser cette estimation. Beaucoup d’entre eux sont basés sur la formule de Winkelman,

réalisée pour les oiseaux (Rodrigues et al., 2014).

2.4 Données d’études d’impact et de suivis

L’activité chiroptérologique est définie en nombre de contacts. Pour les projets éoliens, cette

activité doit être quantifiée en altitude et au sol et rapportée, en fonction des protocoles, à

une unité de temps ou de distance. Ceci permet d’obtenir un indice d’activité qui donne un

aperçu sur l’abondance des chauves-souris sur l’aire d’étude. Aussi, les inventaires

acoustiques doivent avoir pour finalité, la caractérisation de la richesse spécifique, du

pourcentage de séquences de capture de proie, de l’indice d'activité par habitat et enfin de

l’indice d'activé par espèce et par saison. L’ensemble de ces données doivent être indiquées

dans les dossiers d’EIE et de suivis de population de même que les effectifs quantifiés lors

des recherches de gîtes (SFEPM, 2012).

Pour les suivis de mortalité, les données brutes correspondent au nombre de cadavres

trouvés. A partir de ces données, une estimation du taux de mortalité doit être effectuée en

prenant en compte les biais liés à la recherche des cadavres (cf. 2.2.4.2.4) pour avoir un

résultat représentatif de la mortalité « réelle ».

Lors de la restitution des données d’EIE et de suivis, la SFEPM préconise de noter

l’ensemble des caractéristiques méthodologiques. Ces informations (métadonnées)

permettent en effet de documenter les données obtenues et d’avoir des informations sur

l’effort de prospection. Il s’agit entre autre d’informations telles que : le type de détecteur

utilisé, la durée d’écoute effective totale des enregistrements, le nombre de points d’écoute

et la durée d’écoute effective par point, le nombre et la distance des transects, etc.

Les informations relatives aux relevés de terrain (dates et heures de présence, conditions

météorologiques, etc.) doivent aussi être indiquées.

Au final, l’analyse des données d’inventaires doit permettre d’apprécier l’activité des

chauves-souris sur le site, d’étudier les relations entre les caractéristiques du milieu et des

chauves-souris et de voir les fluctuations des effectifs. Cette analyse permettra de tirer des

conclusions sur les enjeux et la sensibilité chiroptérologique du site étudié.

2.5 Analyse et synthèse sur les enjeux et sensibilités des parcs éoliens

La finalité de l’étude chiroptérologique des projets éoliens est d’identifier les risques liés à

l’installation des éoliennes. Pour cela, il convient d’évaluer les enjeux et la sensibilité des

chauves-souris présentent sur le site d’implantation.

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27

La mise en évidence des enjeux nécessite la réalisation d’inventaires représentatifs et

l’évaluation de la patrimonialité des espèces. Cette patrimonialité est définie par les statuts

de protection et de conservation. Il s’agit des statuts identifiés au niveau international et

national par l’UICN26 et aussi au niveau régional. Le croisement des données de terrain et de

l’étude patrimoniale permet de définir ces enjeux qui peuvent être : très faibles, faibles,

moyens ou forts, et le type d’activité recensé dans chaque habitat (transit, chasse).

La sensibilité des chauves-souris face aux éoliennes est quant à elle mise en évidence par

les connaissances sur l’écologie des espèces inventoriées en lien avec la problématique

éolienne (comportement de chasse, hauteur de vol, espèce migratrice, etc.) et les

connaissances sur les impacts avérés (SER27-FEE28 / SFEPM / LPO, 2010). Le croisement

du niveau d’enjeu et de sensibilité permet de qualifier le risque induit par un projet éolien

(cf. Tableau 3). Ce risque concerne généralement la mortalité. En effet, les risques liés au

dérangement ou à la perte d’habitats sont très peu connus et constituent aujourd’hui des

priorités en matière de recherche (Rodrigues et al., 2008). L’analyse du risque doit aussi

prendre en compte la notion d’effets cumulés. Cependant, l’étude des effets cumulés s’avère

souvent délicate à prendre en compte pour les chauves-souris. Cette analyse ne peut être

réalisée que si des données exploitables existent au niveau des autres projets situés à

proximité, d’où l’intérêt de l’harmonisation des protocoles et la documentation des données.

Suivant les résultats obtenus lors de l’évaluation des risques, des mesures peuvent être

proposées pour éviter, réduire et compenser les impacts potentiels. Cependant, la

pertinence des mesures dépend de la démarche méthodologique mise en place lors des

inventaires.

26

Union internationale pour la conservation de la nature 27

Syndicat des énergies renouvelables 28

France Energie Eolienne

Tableau 3 : Evaluation du risque par espèce en fonction de l'enjeu et la sensibilité (SER-FEE/SFEPM/LPO, 2010)

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28

Chapitre 3. Méthodologie et résultats

3.1 Méthodologie de l’étude

La démarche adoptée a consisté d’une part en la mise en parallèle des approches

méthodologiques appliquées dans les dossiers d’EIE et de suivis avec les recommandations

Eurobats et SFEPM et d’autres part, à l’analyse du niveau de documentation des données

d’inventaires (Fig. 8). Pour cela, nous avons d’abord procédé à la mise en place d’une grille

de lecture sous la forme d’un tableur Excel regroupant les principales préconisations en

matière d’étude chiroptérologique (cf. Tableau 4) et les informations29 essentielles à la

documentation des données d’inventaires sur les chauves-souris (cf. Tableau 5).

Phases d’études Recommandations

Pré-diagnostic

- recherche bibliographique (sur minimum sur 10km),

- étude préliminaire sur site.

Diagnostic

- inventaire sur l’aire d’étude rapprochée (200m à 2km),

- prise en compte des calendriers d’étude Eurobats et SFEPM (cf.

page 23),

- études au sol, en altitude et recherches de gîtes sur 5km.

Suivi

- suivi population plus suivi de mortalité,

- trois années de suivi minimum,

- contrôle de l’ensemble des éoliennes (pour les petits parcs),

- surface de recherche des cadavres (minimum > 50m),

- suivi hebdomadaire de la mortalité.

Protocoles Informations

Points d’écoute et

transects

- matériel,

- nombre de points d’écoute et de transects,

- durée d’écoute effective,

- distance des transects

- vitesse de prospection pour les transects.

Enregistrements au sol et

en altitude

- Matériel,

- nombre de nuits d’enregistrement,

- durée totale des enregistrements,

- hauteur (pour les études en altitude).

29

Ces informations sont dépendantes du protocole d’inventaire ayant permis l’obtention de la donnée.

Tableau 4 : Principales recommandations Eurobats et SFEPM

Tableau 5 : Informations sur la donnée et l'effort de prospection

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29

Recherches de gîtes

- rayon de recherche,

- méthodes (observations visuelles ou recherches d’indices de

présence),

- nombre de sites prospectés.

Suivis mortalité

- intervalle de temps entre les prospections,

- surface prospectée par éolienne,

- nombre d’éoliennes contrôlées,

- hauteur de la végétation,

- durée par éolienne,

- distance par rapport au mât des cadavres trouvés,

- numéro de l’éolienne,

- état de la carcasse et type de blessure,

- taux de prédation et taux de découverte.

Une fois la grille constituée, la confrontation des dossiers avec celle-ci a permis à travers

une notation simple de constituer une base de données. Cette notation consiste à renseigner

pour chaque critère de la grille, le code « 1 » si la recommandation est prise en compte ou si

l’information sur la donnée est indiquée dans le dossier et le code « 0 » pour l’inverse. La

présence d’informations relatives au contexte des relevés de terrain (dates et heures de

présence, conditions météorologiques, etc.) a aussi été évaluée pour chaque dossier. Du fait

du caractère explicite des critères retenus, la part de subjectivité dans la notation a été

réduite au maximum. En effet, les critères pris en compte dans la grille ne peuvent ni être

interprétés ni soumis à l’avis du lecteur et reposent entièrement sur la constatation ou non de

la prise en compte d’une recommandation ou de la présence d’une information

méthodologique dans les dossiers. La base ainsi constituée a par la suite fait l’objet d’une

analyse et d’une interprétation afin de dégager sur le lot d’études analysées, des conclusions

sur la cohérence des études avec les préconisions et le niveau de documentation des

protocoles d’inventaires.

L’objectif de ces analyses est de faire un état des lieux sur la typologie des informations

chiroptérologiques présentes dans les dossiers d’EIE et de suivis afin de pouvoir, en fonction

des conclusions, mettre l’accent sur les points à améliorer afin de garantir le respect des

préconisations et l’exploitabilité des données. Ceci pourrait permettre la comparaison des

EIE

Suivis

Grille de

lecture

La cohérence avec les

préconisations ? Intégration

Analyse et

interprétation pour

identifier :

La typologie des méthodes

et des protocoles ?

Le niveau de documentation

des données est-elle suffisant?

Figure 8 : Synthèse de la démarche méthodologique

Code «1»= oui / information

accessible dans le dossier

Code «0 »= non / information pas

accessible dans le dossier

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30

résultats de différents parcs éoliens et l’amélioration des connaissances sur l’impact des

éoliennes sur les chauves-souris à l’échelle nationale.

3.2 Résultats

3.2.1 Recueil des dossiers d’études d’impact et de suivis

La première phase de cette étude a consisté à recueillir des dossiers d’EIE et de suivis. Pour

cela, des contacts par mail puis téléphoniques ont été établis avec des structures pouvant

disposer de ces dossiers. Il s’agit : des Dreal30, DDT31, UT32, syndicats du secteur éolien

(ex : FEE33) et associations de protection de la nature. A l’exception de la région Aquitaine

dépourvue d’éoliennes, l’ensemble des Dreal de France métropolitaine a été contactée. Ces

démarches nous ont permis de recueillir quarante huit dossiers d’EIE et cinquante deux

dossiers de suivis post-implantatoires (cf. Tableau 6) sur une période allant de 2004 à 2014.

Le mode de transmission et d’acquisition des dossiers varient en fonction des structures

(Fig. 9) : envoie par mail, clés USB, CD ou téléchargement en ligne sur les sites internet des

Dreal. Les études uniquement disponibles en version papier ont nécessité un déplacement

pour la consultation sur place des dossiers.

Une part relativement importante de dossiers n’a pas pu être recueillie au vu du nombre de

parcs présents en France (134134 parcs en métropole). En effet, on note une réticence de

30

Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement 31

Direction Départementale des Territoires 32

Unité territoriale 33

France Energie Eolienne 34

SOeS d’après ERDF, RTE, EDF-SEI, CRE et les principales ELD (Chiffre du 31 mars 2015).

Région EIE Suivis Nombre de parcs par

région

Nord-pas-de

Calais

12 - 97

Pays de la Loire 7 23 115

Languedoc-

Roussillon

12 - 98

Picardie 6 - 115

Midi-Pyrénées 4 - 51

Poitou-Charentes 2 - 60

Centre 5 - 91

Lorraine - 25 82

Auvergne - 2 39

Bretagne - 2 156

Total 48 52 904

Figure 9: Modalités d'acquisition des dossiers d'EIE et de suivis

18%

10%

23%

49%

Figure 9 : Modalités d'aquisition des dossiers d'EIE et suivis

En ligne (site internet des Dreal)

Deplacement

Envoie (cles USB, CD)

Mail

Tableau 6 : Synthèse des dossiers obtenus par région

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31

certaines structures contactées à transmettre ces dossiers. Les difficultés d’accès à un grand

échantillon de dossiers nous ont donc obligé à en analyser un nombre restreint.

3.2.2 Typologie des méthodes d’inventaire et de suivi

Etudes d’impact

L’expertise chiroptérologique dans le cadre des EIE de projets éoliens a pour objectif la

qualification et la quantification de l’activité des Chiroptères afin d’évaluer les risques

potentiels (SFEPM, 2012). Pour cela, plusieurs types de méthodes d’études peuvent être

mises en place : études acoustiques, captures, recherches de gîtes, radiopistage, utilisation

de caméra infrarouge et la trajectographie. L’analyse de l’ensemble des dossiers d’EIE a

permis de mettre en évidence la prédominance de deux méthodes d’inventaires (Fig. 10). Il

s’agit des études acoustiques et des recherches de gîtes.

Dans le cadre des études acoustiques, quatre types de protocoles sont fréquemment utilisés

par les bureaux d’études dans les dossiers analysés :

points d’écoute,

transects,

enregistrements au sol,

enregistrements en altitude.

L’efficacité des inventaires dépend de la combinaison de plusieurs méthodes et protocoles.

La SFEPM préconise à cet effet d’effectuer lors du diagnostic chiroptérologique des études

acoustiques actives (points d’écoute et transects) et passives (enregistrement au sol et en

altitude) et de réaliser des prospections pour la recherche de gîtes. Cinq

% d

e d

os

sie

rs

Etu

des

acoustiq

ues

Recherc

he

s

de g

îtes

Captu

res

Tra

jecto

gra

phie

C

am

era

infr

aro

uge

Figure 10 : Pourcentage de chaque méthode d'inventaire sur l'ensemble des dossiers analysés (dossiers d’EIE et suivi population, n=75)

Poin

ts

d’é

coute

Tra

nsects

Enre

gis

trem

ents

au s

ol

Enre

gis

trem

ents

en a

ltitude

% d

e d

os

sie

rs

Figure 11 : Pourcentage de chaque protocole d'inventaire sur l'ensemble des dossiers analysés)

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32

protocoles/méthodes d’inventaires doivent donc dans l’idéal être mise en place. Afin

d’évaluer l’impact de la publication de ces préconisations sur le nombre de méthodes et

protocoles utilisés en moyenne lors des études chiroptérologiques, nous avons réalisé une

étude comparative entre les dossiers d’études d’impact réalisés avant 201235 et ceux

réalisés après. Le résultat de cette analyse (Fig. 13), réalisé à partir d’un test de Mann-

Whitney-Wilcoxon donne une différence non significatif (p-value=0.39) entre ces deux

périodes. La mise en place de ces préconisations n’a donc pas influé de façon significative

sur le nombre moyen de protocoles utilisés. Sur l’ensemble des études analysées, seul un

dossier présente une étude chiroptérologique associant l’ensemble des 5

méthodes/protocoles cités précédemment. Pour le reste, les proportions des différentes

associations36 sont représentées dans la figure 12.

On s’attend assez naturellement que la diversité d’habitat influence significativement la

diversité chiroptérologique et donc qu’il soit nécessaire de mettre en œuvre un plus grand

nombre de méthode d’inventaire. Afin d’étudier si la proportion des différents degrés de

combinaison (x1 à x5) varie en fonction du type d’habitat présent dans la zone d’étude

rapprochée, nous avons procédé à un test statistique. Trois grands types d’habitats on été

pris en compte (milieu bocager, milieu boisé et Open field). Les résultats de ce test (Tableau

7) montrent une différence significative (p-value = 0.02*, test exact de Fisher) entre les 5

niveaux d’association en fonction du type de milieu. On peut donc en conclure que les

caractéristiques du milieu naturel ont une influence sur le choix des protocoles et inciteraient

les bureaux d’études à mettre en place (ou non) plusieurs protocoles ou méthodes

d’inventaires lors du diagnostic.

35

Année de la publication des recommandations SFEPM. 36

x1 (1 seul protocole/méthode utilisé) ; x2 (2 protocoles/méthodes) ; x3 (3 protocoles/méthodes) ;

x4 (4 protocoles/méthodes).

Avant 2012 Après 2012

No

mb

re d

e p

roto

co

les

0

10

20

30

40

x3 x2 x4 x1

Figure 13 : Evolution du nombre de protocoles moyen par dossier avant et après 2012

Figure 12 : Pourcentage de dossiers en fonction du nombre de protocoles/méthodes utilisés

% d

e d

os

sie

rs

n= 48 n= 27

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33

L’analyse détaillée des résultats montre une association méthodologique plus importante (en

termes de nombre de protocoles utilisés) au niveau des zones boisées (Fig. 14). Ce résultat

pourrait être relié au degré de sensibilité de ce type de milieu pour les chauves-souris qui

tendrait à inciter les bureaux d’études à mettre en place plusieurs protocoles/méthodes

d’inventaires afin de mieux prendre en compte les risques au niveau des parcs situés dans

cet habitat à fort enjeux.

Suivi post-implantatoire

Les suivis environnementaux consistent à collecter et analyser des observations et des

mesures répétées dans le temps dans le but de détecter des tendances d’évolution (Elzinga

et al., 1998 ; Yoccoz et al., 2001). Les deux principaux types de suivis mis en œuvre sont :

les suivis de mortalité qui représentent 49% des dossiers et les suivis de population (19%).

Dans environ 32% des dossiers de suivi analysés, on retrouve l’association des deux

méthodes. Cette combinaison, préconisée par Eurobats et la SFEPM, outre le fait qu’il

permet d’avoir des informations sur la perte d’habitats (ex : terrain de chasse), le

comportement des chauves-souris et la mortalité, favorise une meilleure compréhension des

paramètres qui peuvent être à l’origine du taux de mortalité pouvant être constaté sur un

parc. L’analyse comparative effectuée pour voir s’il y a une augmentation significative du

nombre de dossiers associant les deux méthodes avant et après les préconisations SFEPM

a permis de mettre en évidence une différence significatif entre les deux périodes (p-value =

0.005**, test de Kruskal-Wallis). On retrouve en effet à partir de 2012 plus d’études associant

les deux méthodologies de suivi (Fig. 15).

Milieu Bocager

Milieu boisé

Open Field

Test de Ficher

Cinq méthodes

0 1 0

p-value

=0.02*

Quatre méthodes

0 6 2

Trois méthodes

3 4 10

Deux méthodes

4 4 7

Une méthode 0 0 7

Nombre d’études

7 15 26

0

2

4

6

8

10

12

Milieu bocager Milieu boisé Open Field

x5

x4

x3

x2

x1

0

20

40

60

80

100

Avant 2012 Aprés 2012

SM ou SP

SM plus SP

n=27

n =25

Tableau 7 : Nombre de dossiers pour chaque degré d'association en fonction du milieu

Figure 14 : Représentation graphique du nombre de dossiers pour chaque degré d'association en fonction du milieu

Figure 15 : Pourcentage de dossier ayant fait l'objet d'un suivi de mortalité (suivi mortalité (SM) ou de population (SP)) et ceux ayant fait l'objet d'une association des deux méthodes de suivi avant et après

2012.

% d

e d

os

sie

rs

No

mb

re d

e d

os

sie

rs

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34

La pertinence des résultats des suivis dépend aussi de la cohérence des méthodologies

dans le temps. Cette règle est généralement respectée car on retrouve sur l’ensemble des

dossiers de suivi analysés, une homogénéité des méthodes et protocoles d’inventaires

utilisés d’une année sur l’autre. Ceci permet en effet de pouvoir établir des conclusions

pertinentes et objectives sur les impacts des éoliens sur les chauves-souris, de part l’analyse

de l’évolution des critères étudiés (mortalité, activité, etc.).

Tout comme pour les EIE, les données recueillies lors des suivis post-implantatoires doivent

être suffisamment documentées pour permettre leurs exploitations. On s’est donc attaché,

dans le cadre de cette étude, à évaluer le niveau de description des différents protocoles

dans les dossiers.

3.2.3 Niveau de documentation des protocoles dans les dossiers d’EIE et

de suivis

L’amélioration des connaissances sur la biodiversité est étroitement liée à la disponibilité des

données naturalistes produites par un grand nombre d’acteurs et selon des modalités

hétérogènes (Marsh et Tedham, 2008). Aujourd’hui, si l’un des enjeux centraux est de rendre

ces données naturalistes mobilisables, l’information sur leurs modalités d’acquisition est

déterminante pour connaitre leurs champs d’application et évaluer un niveau de confiance

(Ichter et al., 2014). Pour cela, la description des méthodes et protocoles ayant permis le

recueil des données est nécessaire. Cette description consiste à indiquer des informations

telles que : le plan d’échantillonnage, l’effort de prospection, la période, la date et l’heure

d’inventaire et aussi, suivant les protocoles, d’autres informations telles que : le nombre de

points d’écoute ou de transects, la distance des transects, la durée effective d’écoute, la

hauteur d’écoute, le matériel utilisé, la surface prospectée (pour les recherches de

cadavres), etc. L’ensemble de ces informations est en effet utile au processus de validation

des données car permettant de tirer des conclusions sur les biais observateurs, la

détectabilité des espèces, les possibilités de vérification à posteriori des données recueillies,

etc. Dans l’optique d’une mise en place d’une base de données à partir des données

chiroptérologiques présentes dans les dossiers d’EIE et de suivis de projets éoliens, il était

important d’appréhender le niveau de description des protocoles et méthodes d’inventaires

utilisés dans ces dossiers. En effet, la possibilité de mettre en place à terme un processus

d’évaluation pertinent de l’impact des éoliennes sur les chauves-souris à l’échelle nationale à

partir de cette base dépend fortement du niveau de documentation des données.

3.2.3.1 Plan d’échantillonnage et effort de prospection

L’indication du plan d’échantillonnage dans les dossiers d’EIE et de suivis permet de garantir

la reproductibilité de ces études. Cette indication consiste à préciser la zone dans la quelle

s’est effectuée l’étude et les repères ayant servis aux différents protocoles (localisation des

points d’écoute, transects, gîtes, etc.). La disposition de ces informations est nécessaire pour

pouvoir réaliser des études comparatives permettant d’identifier l’évolution de l’activité ou de

la mortalité chiroptérologique. L’autre information utile à la description des protocoles,

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35

principalement pour apprécier le niveau de connaissance de l’activité et / ou la mortalité, est

l’effort de prospection. En effet, la représentativité des résultats obtenus dépend fortement

de la pression d’inventaire qui doit être intégrer en cas de comparaison. L’indication de cette

information est donc nécessaire pour pouvoir juger de la valeur des données recueillies.

On a donc pour chaque dossier, analysé la présence d’indications concernant ces deux

éléments. Pour le plan d’échantillonnage, on retrouve généralement des représentations

cartographiques avec une délimitation de la zone d’étude et la localisation des différents

points, transects ou gîtes inventoriés. Cette information est, à l’exception de quelques

dossiers de suivi de mortalité, accessible dans l’ensemble des dossiers analysés.

En ce qui concerne l’effort de prospection, on a pour chaque protocole, analysé la présence

d’informations concernant différentes indications reprises dans le suivant.

Les résultats obtenus (Fig. 16) montrent que la description de ces informations dans les

dossiers n’est pas toujours assurée. En effet, suivant les protocoles, on trouve sur le lot de

dossiers analysés, à l’exception des études en altitude, un pourcentage plus ou moins élevé

d’études dans les quelles le(s) information (s) n’est (ne sont) pas accessible (s).

Type de

Dossiers

Protocoles Indications

EIE

Points d’écoute Nombre de points d’écoute

Transects Nombre de transects et distance des transects

Etudes en altitude Nombre de points d’enregistrements

Etudes au sol Nombre de points d’enregistrements

Recherches de gîtes Rayon de recherche

Suivi

Suivi mortalité

Surface prospectée ; nombre d’éoliennes contrôlées;

intervalle de temps entre les prospections ; la durée

moyenne par éolienne.

Nom

bre

de p

oin

t s

d’e

nre

gis

trem

ent

en a

ltitude

Nom

bre

de p

oin

t

d’e

nre

gis

trem

ent

au s

ol

Nom

bre

de p

oin

ts

d’é

coute

Rayon d

e r

echerc

he

des g

îtes

Nom

bre

de

transects

Dis

tance d

es

transects

% d

e d

os

sie

rs

Figure 16 : Pourcentage de dossiers dans lesquels l'effort de prospection pour chaque protocole est accessible.

Tableau 8 : Synthèse des critères d'appréciation de l'effort de prospection par protocole ( il s'agit de voir si ces information sont présentes ou pas dans les dossiers d'EIE ou de suivis)

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36

Les informations dont on a le moins accès sur les dossiers sont généralement le nombre de

transects effectués, la distance des transects et le rayon de recherche des gîtes.

En ce qui concerne les suivis de mortalité, on retrouve aussi pour trois des quatre

informations analysées, des dossiers dans lesquels celles-ci ne sont pas mentionnées. II

s’agit de la surface prospectée par éolienne (absent dans 12% des dossiers analysés), la

durée moyenne par éolienne (46%) et de l’intervalle de temps entre les recherches de

cadavres (5%). L’information sur le nombre d’éoliennes contrôlées est quant à elle indiquée

sur l’ensemble des dossiers.

L’intervalle de temps entre les passages lors des suivis de mortalité est un facteur important

dans l’appréciation de la qualité et de la représentativité des résultats. En effet, plus le pas

de temps entre les contrôles est petit, plus le nombre de cadavres récupérés est élevé et par

conséquent plus le biais de prédation est faible (Rodrigues et al., 2008). L’analyse

comparative réalisée sur le nombre de cadavres découverts sur des suivis hebdomadaires

(H) et sur des suivis mensuels (M) dans les dossiers analysés, confirme cette affirmation

(Fig. 17). On note en effet une différence significative (p-value = 0.03*, test de Mann-

Whitney-Wilcoxon) du nombre de cadavres découverts entre les deux intervalles de suivi.

Sur l’ensemble des dossiers de suivi de mortalité, les études ayant été menées sur un

intervalle de temps hebdomadaire ont permis de trouver plus de cadavres. Cependant, cette

pré-analyse pourrait être affinée en prenant en compte d’autres paramètres qui peuvent

influer sur le nombre de cadavres tels que : la période de l’année, l’abondance de

Chiroptères sur le site etc.

La présence d’informations sur le nombre de passages (nombre de jours/nuits d’inventaires)

lors des expertises chiroptérologiques des EIE a aussi été analysée. Cette information est

indiquée sur l’ensemble des dossiers. Les recommandations de la SFEPM concernant le

nombre de nuits minimum (6 nuits) nécessaire pour avoir une bonne évaluation de l’activité

chiroptérologique ne sont toutefois pas respectées dans certaines études. Les analyses

effectuées pour essayer d’avoir une idée de l’évolution du nombre de nuits moyen

d’inventaires avant et après la publication des recommandations de la SFEPM ont mises en

évidence une différence non significative entre ces deux périodes (p-value = 0.71, test Mann-

Tableau

Figure 17 : Nombre annuel de cadavres découverts en fonction de l'intervalle de temps entre les prospections.

No

mb

re d

e c

ad

avre

s

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37

Whitney-Wilcoxon). Toutefois, on note en moyenne environ 6 nuits d’inventaires sur chacune

de ces deux périodes (Fig. 19). On observe cependant pas une différence dans la proportion

d’études qui ne respectent pas cette recommandation entre les deux périodes (p-value=

0,89, Binomial test).

L’évaluation de l’effort de prospection en fonction de l’habitat nous a cependant permis de

noter une différence significative du nombre de nuits/jours moyen d’inventaire entre les

différents types d’habitats (p-value = 0.004**, Kruskal-Wallis test). On note en effet en

moyenne, une pression d’inventaire plus importante au niveau des parcs situés sur des

zones boisées (Fig. 18). Les études réalisées sur des parcs situés sur des zones d’Open

field37 comptent qu’en elles en moyenne un nombre de nuits/jours d’inventaires plus faible.

3.2.3.2 Description détaillée des métadonnées

Outre l’effort de prospection et le plan d’échantillonnage, la description des protocoles

nécessite l’indication d’informations sur la durée effective des écoutes de chaque protocole,

la vitesse de prospection pour les transects et la hauteur des écoutes en altitude. A ces

éléments s’ajoutent les informations relatives aux conditions climatiques (minimum :

température, vent et pluie), aux dates & heures d’inventaires et aux matériels utilisés. A

l’exception des indications concernant le type de matériel utilisé, on note pour l’ensemble

des autres éléments, un pourcentage de dossiers plus ou important dans lesquelles ces

informations ne sont pas mentionnées (Fig. 20).

37

Habitat à faible enjeux pour les chauves-souris

Avant 2012 Après 2012

No

mb

re d

e

jou

rs/n

uit

s

No

mb

re d

e

jou

rs/n

uit

s

Figure 19 : Nombre de nuits/jours d'inventaires en fonction des deux périodes

Figure 18 : Nombre de nuits/jours d’inventaires en fonction des trois types d’habitats (B= milieu bocager ; F= milieu

boisé ; O= Open field)

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38

Des manques sont aussi notées dans l’indication des informations de terrain à s’avoir les

conditions climatiques et les dates/heures d’inventaires. En effet, celles-ci ne sont pas

mentionnées dans respectivement 42 et 14 % des dossiers analysés. L’absence

d’informations sur les dates et les heures d’inventaires empêche toute possibilité d’évaluer la

phénologie horaire ou saisonnière des chauves-souris et d’apprécier si l’ensemble des

périodes du cycle biologique des chauves-souris ont été prises en compte lors des

inventaires. Il s’agit donc d’informations très importantes qui conditionnent l’activité des

Chiroptères (Erickson et al., 2002) et dont l’absence peut fortement nuire à l’interprétation et

l’analyse des données.

Concernant les protocoles de suivis de mortalité, on retrouve aussi en fonction des

informations utile à la description des données issues de ces suivis (cf. tableau 5), un

pourcentage plus ou moins important de dossiers dans les quels certaines d’entre elles ne

sont pas mentionnées (Tableau 9).

Critères % de dossiers dans

lesquels l’information est absente

Type de blessure et

coordonnées des cadavres

100%

Phases lunaires 92%

Taux de disparation et le taux

de découvertes

73 %

Conditions climatiques 66 %

Hauteur de la végétation 54¨%

Distance des cadavres par

rapport au mât

32%

Duré

e d

’écoute

des t

ransects

Vitesse d

e

pro

spectio

n d

es

transects

Duré

e d

es

enre

gis

trem

ents

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ol

Duré

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oin

ts

d’é

coute

Haute

ur

des

écoute

s e

n

altitude

Duré

e d

es

enre

gis

trem

ents

en a

ltitude

Figure 20 : Pourcentage de dossiers dans lesquels les critères de description des métadonnées ne sont pas indiqués

Tableau 9 : Pourcentage de dossiers dans les quels certains critères de description des données de suivi de mortalité ne sont pas indiqués.

% d

e d

os

sie

rs

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39

3.2.3.3 Synthèse sur le niveau de description des protocoles

Protocoles études d’impact et suivi de population

Afin d’appréhender le niveau de description globale des différents protocoles, on a mis en

place un indice (degrés de description pour chaque protocole) allant de [0 - 1] calculé en

faisant le rapport entre le nombre d’indications mentionnées dans chaque dossier pour

chaque protocole et le nombre total d’informations retenues comme étant nécessaires à la

description de chaque protocole. Ce nombre est de sept38 pour les points d’écoutes, neuf39

pour les transects, sept40 pour les enregistrements au sol et neuf41 pour les enregistrements

en altitude. Plus l’indice tend vers 1 plus le niveau de description est bon. Les résultats issus

de l’analyse de ces indices montrent une différence significative (Fig. 22) dans la description

des différents protocoles (p-value<0.0001***, test de Kruskal-Wallis). On note en effet un

indice de description moyen du protocole par transects sensiblement plus faible que les

autres protocoles d’études.

Les analyses effectuées sur l’indice obtenue pour les points d’écoute (protocole choisi à titre

d’exemple car étant le plus utilisé) en fonction des bureaux d’étude ont permis de mettre en

évidence le fait que la description des protocoles est très souvent dépendante du bureau

d’études. Le test statistique réalisé sur les indices moyens obtenus par sept bureau d’études

ayant au minimum réalisés trois études (dossiers) montre en effet une différence significative

(p-value = 0.03, test de Kruskal-Wallis) du niveau moyen de description entre certains

d’entre eux (Fig. 23). Ce résultat confirme une remarque que l’on a pu faire lors de la lecture

des dossiers qui est que très souvent, les bureaux d’études ont une trame de présentation

de leurs rapports et résultats identiques d’une étude à l’autre. On a donc de ce fait une

description des protocoles qui peut être considérée comme étant « bureau d’études

dépendant ». Cela conduit à une hétérogénéité dans la restitution et la description des

données d’inventaires, ce qui est problématique dans le cadre de l’exploitation des données

d’EIE et de suivis. En effet, à l’avenir, en fonction des parts de marché obtenues par des

bureaux d’études effectuant des descriptions sommaires de leurs protocoles, on peut se

retrouver avec un nombre important de dossiers « inexploitables » ou difficilement

exploitables. Il est donc important de proposer une trame de restitution complète et

homogène des données à l’intention de l’ensemble des bureaux d’études afin de limiter au

maximum les biais dans la description de celles-ci.

38

Plan d’échantillonnage ; nombre de passages ; nombre de points d’écoute ; durée des écoutes ; matériel utilisé ; conditions

climatiques ; date et heure d’inventaire. 39

Plan d’échantillonnage ; nombre de passages ; nombre de transects ; durée des écoutes ; matériel utilisé ; conditions

climatiques ; date et heure d’inventaire ; distance des transects ; vitesse de prospection. 40

Plan d’échantillonnage ; nombre de passages ; nombre de points d’enregistrements ; durée des enregistrements ;

matériel utilisé ; conditions climatiques ; date et heure d’inventaire. 41

Plan d’échantillonnage ; nombre de passages ; nombre de points d’enregistrements ; durée des enregistrements ;

matériel utilisé ; conditions climatiques ; date et heure d’inventaire, hauteur d’écoute.

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40

.

L’indice moyen de description des différents protocoles ne varie pas significativement entre

la période avant et après 2012 (Tableau 10). Toutefois, comme le montre la figure 21, on a

en moyenne un indice de description qui peut être considérée, à l’exception de quelques

dossiers, comme étant satisfaisant pour les points d’écoute, les enregistrements au sol et les

enregistrements en altitude. De plus, pour ces protocoles, on a un pourcentage de dossiers

avec indice de description égal à 1 qui est entre 30 et 60%, donc des dossiers dont les

données sont potentiellement exploitables. Ici, le terme « potentiellement » a été

délibérément choisi car en plus du bon niveau de description, l’autre paramètre essentiel à

l’exploitation des données est la disposition de données brutes et détaillées issues chaque

protocole. Il s’agit là de l’analyse de la typologie, point qui sera abordé dans la partie 3.2.4.

0

10

20

30

40

50

60

70

PE TR EA ES

Indice [0,1 - 0,4]

Indice [0,5 - 0,9]

Indice [1]

Figure 22 : Indices du degré de description des différents protocoles d’écoutes acoustiques (EA= enregistrement en altitude ; ES=enregistrement au sol ; PE= points d’écoute ;

TR= transects

% d

e d

os

sie

rs

Figure 21 : Représentation graphique du pourcentage de dossiers ayant pour chaque protocole obtenue différents

degrés de description.

Figure 23 : Indices du degré de description obtenu par sept bureaux d’études anonymes pour les points

d’écoute

Ind

ice

Ind

ice

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41

Suivi de mortalité

L’analyse du niveau de description des protocoles de suivi de mortalité s’est faite suivant la

même logique que celle définie pour les protocoles d’EIE. L’indice pour chaque dossier a été

calculé en fonction de la présence ou non de douze informations (Tableau 12). Les résultats

de cette analyse montrent contrairement au protocole d’EIE, une évolution significative de

l’indice moyen de description des protocoles de suivi de mortalité (p-value = 0.008**, test de

Kruskal-Wallis) entre les deux périodes retenues (Fig. 24).

Protocole P-value (avant et après 2012)

Point d’écoutes p-value = 0.89

Transects p-value = 0.67

Enregistrement au sol p-value = 0.29

Enregistrement en altitude

p-value = 0.12

Points d’écoute Recherches de

gîtes Enregistrements

en altitude Enregistrements

au sol Transects

Durée des écoutes

[0,51]

Nombre de sites prospectés

[0,31]

Durée des écoutes [0,6]

Durée des écoutes [0,36]

Distance des transects [0]

Conditions climatiques

[0,60]

Rayon de recherche

[0,48]

Conditions climatiques

[0,8]

Conditions climatiques

[0,84]

Vitesse de prospection

[0,07]

Nombre de points d’écoute

[0,60]

Méthodes

[1]

Nombre de points d’écoute

[1]

Nombre de points d’écoute

[0,84]

Durée des écoutes

[0,07]

Plan d’échantillonnage

[0,72] -

Plan d’échantillonnage

[1]

Plan d’échantillonnage

[0,84]

Nombre de points transects

[0,14]

Nombre de passages

[0,72] -

Nombre de passages

[1]

Nombre de passages

[0,89]

Plan d’échantillonnage

[0,31]

Date et heure d’inventaire

[0,78] -

Date et heure d’inventaire

[1]

Date et heure d’inventaire

[0,89]

Conditions climatiques

[0,51]

Matériel utilisé

[1] -

Hauteur d’écoutes

[1]

Matériels utilisé

[1]

Date et heure d’inventaire

[0,77]

- Matériel utilisé

[1] -

Nombre de passages

[0,77]

- - - - Matériel utilisé

[1]

-

+

Tableau 10 : Résultat des tests réalisés pour comparer l’indice de description des différents protocoles avant et après 2012 (test de Kruskal-Wallis)

Tableau 11 : Synthèse du niveau d’accessibilité des différentes informations pour chaque protocole. Indice [x] calculé en faisant la moyenne pour chaque information sur l’ensemble des dossiers. Les informations sont indiqués du moins

accessibles au plus accessibles.

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42

3.2.4 Typologie des données dans les dossiers d’EIE et de suivi

En fonction des méthodes d’inventaires utilisées, deux types de données peuvent être

obtenus sur les chauves-souris. Il s’agit des données d’activité, obtenues par les méthodes

d’écoutes acoustiques et les données d’effectifs, pouvant être obtenues par des méthodes

telles que la recherche de gîtes et les captures. L’objectif du recueil de ces données est de

définir précisément les enjeux chiroptérologiques de l’aire d’étude rapprochée. Dans ce but,

la SFEPM indique qu’il est nécessaire dans le cadre des études acoustiques de :

quantifier la richesse spécifique et l’activité en altitude (enregistrement automatique),

quantifier la richesse spécifique et l’activité au sol (enregistrement automatique),

quantifier la richesse spécifique et l’activité recueillie de manière manuelle (points

d’écoute et transects),

croiser les résultats des différentes méthodologies.

L’analyse de l’ensemble des dossiers d’EIE et de suivis de population a permis de mettre en

évidence le fait que la restitution des données d’inventaires de façon détaillée n’est pas

appliquée dans un nombre relativement important de dossiers. Les problèmes observés

sont généralement de trois ordres. D’abord, on retrouve dans certains dossiers, l’absence

d’informations quantitatives sur les inventaires. On n’y note en effet comme seule indication

sur les chauves-souris, des données de présence/absence, ce qui rend impossible toutes

possibilités d’études comparatives sur les activités chiroptérologiques. Ensuite, un autre

problème rencontré concerne le manque d’indications précises sur certaines informations

qualitatives telles que : les habitats dans lesquels les espèces ont été contactées et aussi les

descriptions concernant les types d’activités des espèces inventoriées (chasse, transit).

Suivi de mortalité

Coordonnées des cadavres [0]

Type de blessure [0]

Phases lunaires [0,07]

Etat de la carcasse [0,25]

Conditions climatiques [0,35]

Hauteur de la végétation [0,35]

Taux de prédation [0,39]

Taux de découverte [0,39]

Description de l’occupation du sol [0,53]

Durée par éolienne [0,64]

Distance par rapport au mât [0,67]

Numéro de l’éolienne [1]

-

Ind

ice

Figure 24 : Indice du degré de description des protocoles de suivi de mortalité avant et après 2012

Avant 2012 Après 2012

Tableau 12 : Synthèse du niveau d’accessibilité des différentes informations du protocole de suivi de mortalité

+

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43

Enfin, l’une des dernières remarques porte sur le niveau de synthèse des données (plus au

moins important en fonction des bureaux d’études) et le mode de restitution de celles-ci. Il

s’agit on peut dire aujourd’hui d’une des difficultés majeures liées à l’exploitation des

données d’inventaires présentes dans les dossiers d’EIE et de suivis. En effet, dans certains

dossiers, les données sont présentées de façon synthétique, c'est-à-dire des croisements de

données issues de plusieurs protocoles, ce qui réduit fortement les possibilités d’analyser de

façon détaillée la richesse spécifique et l’activité observées au sol, en altitude et par habitat.

Le mode de restitution des données (tableau de données brutes ou de synthèses,

représentations graphiques de données brutes/synthèses, commentaires présentant les

résultats) a aussi un impact sur l’exploitabilité des données. La restitution des données sous

forme de tableaux de données brutes et détaillées pour chaque protocole est généralement

la forme de restitution qui permet de garantir une extraction et une exploitation facile des

données. Cependant, force est de constater que ce mode de restitution n’est utilisé que sur

un très faible nombre de dossiers. Très souvent, on a plutôt des restitutions sous la forme de

tableaux de synthèse, de représentations graphiques (avec parfois simplement des

indications de proportions), et même plus difficile à exploiter encore, des commentaires. Ce

dernier mode de restitution, outre le fait qu’il ne garanti pas la possibilité de pouvoir extraire

des informations exploitables, présente aussi comme inconvénient d’être chronophage car

nécessitant une lecture détaillée d’une bonne partie des dossiers.

Pour les suivis de mortalité, les données concernant le nombre de cadavres découverts sont

généralement accessible42 est indiquées dans les rapports. Cependant, les analyses

statistiques (extrapolations des données brutes) nécessaires pour estimer la mortalité

« réelle » ne sont pas toujours effectuées (Fig. 25). En effet, dans un nombre relativement

important de dossiers analysés, seul les données brutes sont présentées et aucune

information43 permettant de réaliser des extrapolations à partir de formules mathématiques

ne sont indiquées. Toutefois, on note depuis 2012, une augmentation significative (p-value =

0.02*, test de Kruskal-Wallis) du nombre d’études dans lesquels ces estimations sont

réalisées (Fig. 26).

42

Il s’agit généralement de dossiers pas très volumineux et très souvent centrés sur deux problématiques (mortalité avifaune

et Chiroptères) 43

Exemple : taux de découverte, taux de prédation, pourcentage de couvert végétal, etc.

24%

43%

33% Extrapolation

Pas d'extrapolation

Pas de cadavres

0

2

4

6

8

10

12

Après 2012 Avant 2012

Extrapolation

Pas d'extrapolation

Figure 25 : Pourcentage de dossiers avec et sans extrapolation

Figure 26 : Représentation graphique du nombre de dossiers avec et sans extrapolation avant et après 2012

No

mb

re d

e d

os

sie

rs

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44

3.2.5 Prise en compte des préconisations SFEPM et Eurobats

Le premier objectif des recommandations Eurobats et SFEPM est de faire prendre

conscience aux concepteurs et aux développeurs de la nécessité de tenir compte des

chauves-souris et de leurs gîtes, lors de l’évaluation des projets éoliens (Rodrigues et al.,

2008). Pour cela, des lignes directrices concernant la réalisation des différentes phases de

l’étude chiroptérologique (pré-diagnostic, diagnostic et suivi) ont été proposées. Ces

recommandations concernent principalement l’effort de prospection, les périodes d’études et

la démarche méthodologique. Dans le cadre de notre étude, on a pour chacune des phases

d’études, analysé le degré de prise en compte de ces recommandations sur l’ensemble des

dossiers.

Lors du pré-diagnostic, les recommandations principales consistent à la réalisation d’une

analyse bibliographique sur un rayon de 10 km autour du site d’implantation et une étude

préliminaire sur site. Cette étude a pour but d’identifier ou de confirmer des structures

potentielles de la zone d’étude susceptibles d’être utilisées par les chauves-souris. L’analyse

effectuée sur l’ensemble des dossiers d’EIE nous a permis de constater qu’aucun dossier n’a

fait l’objet d’étude préliminaire. Sur les dossiers analysés, la phase du pré-diagnostic se

limite principalement aux recherches bibliographiques.

Pour évaluer la prise en compte des recommandations concernant la phase de diagnostic et

celle du suivi, on a aussi procédé à la mise en place d’un indice44 d’appréciation (cf. Tableau

13). Trois degré de prise en compte ont été établis : bon, moyen et faible.

Phases d’étude Recommandations Appréciations

Diagnostic

Inventaire sur l’aire d’étude rapprochée

(200m à 2km),

Bon : l’ensemble des recommandations sont prises

en compte (la note finale est donc de 3/3= 1)

Moyen : lorsque la note finale est comprise entre

[0.5 et 0.9]

Faible : lorsque la note finale est comprise entre

[0.1 et 0.4]

Prise en compte des calendriers d’étude

Eurobats et SFEPM

Etude au sol, en altitude et recherche de gîte sur 5km

Suivi

Suivi mortalité plus suivi population Bon : l’ensemble des recommandations sont prises

en compte (la finale note est donc de 5/5=1)

Moyen : lorsque la note finale est comprise entre

[0.5 et 0.9]

Faible : lorsque la note finale est comprise entre

[0.1 et 0.4]

Surface de recherche des cadavres

(minimum > 50m),

Années de suivis (minimum 3)

Suivi hebdomadaire de la mortalité.

Contrôle de l’ensemble des éoliennes

L’analyse des dossiers suivant ces critères nous a permis de voir que pour ce qui concerne

le diagnostic, un seul dossier respectait l’ensemble des critères. Pour le reste, 23% des

dossiers ont un indice faible et 74% un indice moyen. On note toutefois une évolution

significative (p-value = 0.03*, test de Kruskal-Wallis) de l’indice moyen après 2012 (Fig. 28).

44

Indice calculé en faisant le rapport entre le nombre de recommandations respectées et le nombre total de recommandations

pour chaque phase.

Tableau 13 : Principales recommandations lors des phases de diagnostic et de suivi

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45

Pour les recommandations concernant le suivi de mortalité, la même tendance a aussi été

notée avec là aussi une évolution significative de l’indice après 2012 (p-value<0.0001***, test

de Kruskal-Wallis) (Fig. 29).

Diagnostic sur l’aire d’étude rapprochée

Prise en compte des périodes

d’étude SFEPM

Prise en compte des périodes d’études

Eurobats

Association méthodologique

Indice moyen pour chaque

recommandation du diagnostic

[0,83]

[0,79] [0,64] [0,55]

Avant 2012 Après 2012

0

2

4

6

8

10

12

14

[0,3] [0,4] [0,5] [0,6] [0,7] [0,8] [0,9]

0

5

10

15

20

25

30

[0,4] [0,6] [0,8] [1]

Ind

ice

Ind

ice

Avant 2012 Après 2012

Figure 28 : Indice du degré de prise en compte des recommandations relatives au diagnostic avant et après 2012

Figure 29 : Indice du degré de prise en compte des recommandations relatives au suivi avant et après 2012

Figure 27 : Nombre de dossiers pour chaque degré de prise en compte des recommandations relatives au diagnostic

Figure 30 : Nombre de dossiers pour chaque degré de prise en compte des recommandations relatives au suivi

No

mb

re d

e d

os

sie

rs

No

mb

re d

e d

os

sie

rs

Tableau 14 : Synthèse du degré de prise en compte des recommandions pour le diagnostic. Indice [x] calculé en faisant la moyenne de chaque recommandation sur l’ensemble des dossiers. Les recommandations sont

présentées du « plus respectées » au « moins respectées ».

- +

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46

3.2.6 Modèles de restitutions des données

Comme nous l’avons vu précédemment, le format de restitution et le niveau de

documentation des données présentes dans les dossiers analysés sont très variés avec des

degrés de descriptions plus ou moins bons en fonction des bureaux d’études. Pour apporter

une aide à l’analyse des résultats et l’interprétation des données brutes, il était nécessaire de

proposer des modèles standardiser de restitution des données. Ces modèles (présentés ci-

dessous) visent à garantir dans le futur, l’homogénéité des données dans les dossiers d’EIE

et de suivis. Ils pourraient notamment être joints aux annexes de ces dossiers.

Restitution des données d’EIE et de suivis populations

Tableau de données : Points d’écoute

Tableau de données : Transects

45

Un transect pouvant traverser plusieurs types de milieux, il sera nécessaire de différencier les contacts par milieu.

Contrôle de l’ensemble

des éoliennes

surface de recherche des

cadavres (minimum > 50m),

années de suivis (minimum 3)

suivi hebdomadaire de

la mortalité.

Suivi mortalité plus suivi de population

Indice moyen pour

chaque recommandation

du suivi

[0,92] [0,87] [0,73] [0,65] [0,39]

Date Conditions

météorologiques

Heure :

début / fin

N°PE (si

possible

coordonnée

géographique)

Type

d’habitat

Matériels Espèces Nombre de

contacts

Activité

Exemple

07/08/15

T°C / Vent/ pluie

20h-20h10 Point N°1 Habitat1 Ex : D240X Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

20h15-20h25 Point N°2 Habitat 2 Ex : D240X Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

09/10/15 T°C / Vent/ pluie Début-fin Point N°(n) Habitat (n) (x) détecteur (x) Sp (x) contacts Activité

Date Conditions

météorologiques

Heure :

début / fin

N° transect

et distance

Type

d’habitat

traversé 45

Matériels Espèces Nombre de

contacts

Activité

Exemple

07/08/15

T°C / Vent/ pluie

20h-20h20 Transect N°1

300m

Habitat1 Ex : D240X Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

20h15-20h30 Transect N°2

250m

Habitat 2 Ex : D240X Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

09/10/15 T°C / Vent/ pluie Début-fin Transect N°(n)

(x) m

Habitat (n) (x) détecteur (x) Sp (x) contacts Activité

- +

Tableau 15 : Synthèse du degré de prise en compte des recommandions pour les suivis. Indice [x] calculé en faisant la moyenne de chaque recommandation sur l’ensemble des dossiers. Les recommandations sont présentées du « plus

respectées » au « moins respectées ».

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47

Tableau de données : Enregistrements au sol

Tableau de données : Enregistrements en altitude

Tableau de données : Recherches de gîtes

46

Donner des indications moyennes sur les conditions climatiques durant la durée totale d’enregistrement. 47

Idem.

Date Conditions

météorologiques

Heure :

début / fin

N°PE (si

possible

coordonnée

géographique)

Type

d’habitat

Matériels Espèces Nombre de

contacts

Activité

Exemple

07/08/15

T°C / Vent/ pluie46

20h- 00h Point N°1 Habitat1 Ex : SM2 Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

20h15-00h15 Point N°2 Habitat 2 Ex : SM2 Sp1 (n) contact Ex : transit

Sp2 (n) contact Ex : chasse

09/10/15 T°C / Vent/ pluie Début-fin Point N°(n) Habitat (n) (x) détecteur (x) Sp (x) contacts Activité

Date Conditions

météorologiques

Heure : début

/ fin

N°PE Hauteur Type

d’habitats

Matériels Espèces Nombre de

contacts

Activité

Exemple

07/08/15

T°C / Vent/ pluie47

20h- 00h Point

N°1

50m Habitat1 Ex :

Anabat

Sp1 (n) contact Ex :

transit

Sp2 (n) contact Ex :

chasse

20h15-00h15 Point

N°2

50m Habitat 2 Ex :

Anabat

Sp1 (n) contact Ex :

transit

Sp2 (n) contact Ex :

chasse

09/10/15 T°C / Vent/ pluie Début-fin Point

N°(n)

(x) m Habitat (n) (x)

détecteur

(x) Sp (x) contacts Activité

Date Conditions

météorologiques

Localisation

gîtes

Distance par

rapport au parc

Type de

gîtes

Espèces Effectifs

Exemple

07/08/15

T°C / Vent/ pluie

Gîte N°1

Ex : Eglise Notre

Dame

300m Ex :

hibernation

Sp1 (n) individu

Sp2 (n) individu

Gîte N°2 4000m Ex :

parturition

Sp1 (n) individu

Sp2 (n) individu

09/10/15 T°C / Vent/ pluie Gite N°(n) (x) m Type de

gîtes

(x) Sp (x) contacts

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48

Restitution des données de suivis de mortalité

Tableau de données : Suivi mortalité

Date Conditions

météorologiques

Heure :

début /

fin

Eolienne

Surface

prospectée

P48

Z49

Hauteur

végétation

Espèces Nombre de

cadavres50

Estimation

mortalité51

Exemple

12/09/15

T°C / Vent/ pluie/

phase lunaire

10h-

11h

E1

10000m²

1/10

8/10

nulle

Sp1 (n) cadavres (n) cadavres

Sp2 (n) cadavres (n) cadavres

T°C / Vent/ pluie/

phase lunaire

17h-

18h

E2

10000m²

1/10

8/10

30 cm

Sp1 (n) cadavres (n) cadavres

Sp2 (n) cadavres (n) cadavres

19/09/15

T°C / Vent/ pluie/

phase lunaire

Début-

fin

E (n)

(x) m²

P

Z

(x) cadavres (x) cadavres

Discussion

Dans le cadre des EIE et des suivis de populations, les inventaires chiroptérologiques

s’effectuent aujourd’hui majoritairement à partir des écoutes acoustiques et des recherches

de gîtes. La « faible » utilisation de méthodes d’inventaires telles que les captures, le

radiopistage, l’utilisation de camera infrarouge et la trajectographie peut en partie s’expliquer

par le coût relativement important du matériel nécessaire à la mise en place de ces

méthodes et, dans le cas particulier des captures, les contraintes techniques et

administratives liées à l’obligation de disposer d’une autorisation préalable. Face à ces

contraintes, le choix des bureaux d’études se tourne donc souvent vers des techniques plus

faciles à mettre en place et moins onéreuses. De même, au niveau des protocoles

d’inventaires, on note aussi que comparé aux écoutes effectuées au sol (transects, points

d’écoute et enregistrements au sol), on a un faible pourcentage de dossiers (16%) dans

lesquels des écoutes en altitude ont été réalisées. Cette méthode nécessite en effet la mise

en place de dispositifs particuliers (ex : mâts de mesure, ballon captif, etc.) permettant

l’évaluation de l’activité chiroptérologique en altitude. Il convient toutefois de noter que dans

le cadre d’études chiroptérologiques sur des projets éoliens, la réalisation de ce type

d’écoute, bien que contraignant, est nécessaire car permettant d’avoir des indications sur

l’activité des chauves-souris au niveau de la zone d’action des rotors et éventuellement

d’identifier certaines espèces de haut vol difficilement détectable au sol et des voies de

migration.

Les protocoles d’inventaires communément utilisés lors des EIE et des suivis de population

sont des méthodes dites de « Distance Sampling » (que l’on pourrait traduire par « méthode

d’échantillonnage par la distance »). Il s‘agit de protocoles dont le fondement théorique

repose sur l’hypothèse que la probabilité de détection des individus présents sur un site est

48

Taux de prédation 49

Taux de découverte 50

L’état des cadavres et le type de blessure doit aussi être mentionnés 51 La formule utilisée doit aussi être indiquée.

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49

fonction de la distance à l’observateur (Besnard et al., 2010). Bien qu’adapté aux chauves-

souris, il s’agit toutefois de protocoles qui nécessitent un nombre d’observations relativement

important pour être exploitable. De plus, pour les suivis de population, l’évaluation des

perturbations occasionnées par les éoliennes nécessite la comparaison des résultats

obtenus avec un site « témoin ». Il s’agit là d’une des principes de la démarche BACI «

Before-After Control Impact » qui permet d’étudier l’impact d’une perturbation ou d’une

mesure de gestion. L’application de cette démarche lors des suivis permet de fournir une

base de données à partir de la quelle des études scientifiques pourraient être mises en place

afin d’améliorer les connaissances sur les interactions entre les éoliennes et les chauves-

souris. Cependant, l’analyse des dossiers de suivis dans le cadre de notre étude à mis en

évidence, l’absence d’études comparatives sur l’ensemble des dossiers analysés. En effet,

sur ces dossiers, les suivis consistent principalement à des inventaires au niveau de l’aire

d’étude immédiate et on ne retrouve pas d’indications relatives à l’état initial (si une étude

d’impact a été réalisée) ou à un site témoin au cas contraire. Ceci rend donc difficile toutes

possibilités d’évaluation de la dynamique des populations de chauves-souris avant et après

l’installation des éoliennes et donc de tirer des conclusions sur des perturbations

éventuelles.

Ce constat, pose aujourd’hui la question de la pertinence des mesures proposées afin

d’éviter, réduire, ou de compenser les impacts des éoliennes sur les chauves-souris. En effet

la qualité de ces mesures dépend fortement de la cohérence des méthodes et protocoles

utilisés.

Le protocole de suivi de mortalité s’apparente lui à « un recensement ». Idéalement, c’est

une méthode qui doit se limiter aux espèces détectables à 100% donc plutôt de tailles

importantes, peu mobiles et sur des surfaces de tailles limitées (Besnard et al., 2010). La

mobilité et la surface de recherche ne pose principalement pas de problème du fait que les

recherches portent sur des cadavres et sur des surfaces de 10000 m² autour de chaque

éolienne généralement. Le principal biais lié à ce protocole est la détectabilité des cadavres.

Pour limiter ce biais des estimations à l’aide de formule mathématiques sont nécessaire.

Bien qu’on note une amélioration dans la réalisation de ces estimations dans les dossiers de

suivis de mortalité ces dernières années, on trouve cependant dans une part relativement

importante de dossiers, de simple présentation de données brutes qui sont difficilement

exploitables du fait qu’elles ne donnent pas une indication fiable d’un point de vue statistique

sur la mortalité « réelle ».

Les analyses effectuées sur le niveau de description des protocoles et données d’inventaires

des dossiers d’EIE et de suivis mettent en évidence des difficultés d’accès à certaines

indications méthodologiques. Ces difficultés varient en fonction des protocoles et des

bureaux d’études. On a en effet un niveau moyen de description des transects qui est

sensiblement faible comparé aux autres protocoles d’études. Ce résultat pourrait peut-être

témoigner d’une application généralement non standardisée de ce protocole par les bureaux

d’études, à l’origine des manquements dans la description précise de la démarche mise en

place. L’hétérogénéité des modes de restitution et de présentation des protocoles et

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50

données d’inventaires par les bureaux d’études constitue aussi une des principales limites à

la bancarisation et à la valorisation de données présentes dans les dossiers d’EIE et de

suivi. Aujourd’hui, en associant les deux paramètres essentiels à l’exploitation des données

qui sont : la bonne description des protocoles et la présence de données brutes et

documentées, on se retrouve au vu des résultats de notre étude avec des quantités très

faibles de dossiers qui pourraient être mobilisés pour réaliser des études complètes à

l’échelle nationale sur l’impact des éoliennes sur les chauves-souris.

A cela s’ajoute d’autres contraintes liées notamment à l’acquisition même des dossiers. En

effet, les démarches entreprises dans le cadre de cette étude nous ont amené à être

confronté à certaines difficultés d’accès aux dossiers d’EIE et de suivis. Plusieurs raisons

liées entre autres aux dommages environnementaux que peuvent mettre en évidence ces

dossiers expliquent en partie ces difficultés. Ceci nous a dans le cadre de notre étude

contrains à analyser un nombre restreints de dossiers. Cependant, l’un des biais lié à cette

étude, réalisée sur un échantillon réduit de dossiers, est en partie réduit par le fait que celle-

ci s’est faite sur un panel d’une trentaine de bureau d’études. Ce permet d’avoir une vision

assez large des différentes formes de présentation des dossiers d’EIE et de suivi et de

réalisation des études. Les trames de présentation étant relativement identiques pour

chaque bureau d’étude d’un dossier à l’autre, cela nous permet donc de pouvoir émettre des

hypothèses sur l’exploitabilité d’un grand nombre de dossiers.

Il convient de noter que ces dossiers doivent normalement être rendus publics. Il faut donc

aujourd’hui faciliter leur accès, notamment à travers des archivages numériques au niveau

des sites internet des Dreal, chose qui existe mais qu’il faudrait peut-être améliorer.

Parallèlement aux études sur le niveau de description des protocoles et données

d’inventaires, l’autre volet de ce travail portant sur l’évaluation du degré de prise en compte

des préconisations en matière d’études chiroptérologiques nous permis de faire le constat

suivant : bien qu’ayant peu de dossiers dans lesquels l’ensemble des préconisations sont

respectées, on remarque une amélioration du degré moyen de prise en compte de celles-ci

au cours du temps. En effet, plusieurs études comparatives réalisées à partir de statistiques

descriptives entre la période précédent les recommandations SFEPM et la période d’après

nous ont permis de constater des différences significatives qui témoignent des efforts

réalisés par les bureaux d’études ces dernières années pour apprécier au mieux les enjeux

chiroptérologiques lors des EIE et des suivis. Cependant, d’autres test statistiques plus

« robuste » de type GLM52 doivent être mené pour évaluer au mieux l’impact réel de ces

recommandations et identifier des corrélations éventuelles avec d’autres paramètres.

52

Modèle linéaire généralisé

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51

Conclusion

L’étude des Chiroptères dans le cadre des projets de parcs éoliens présente un enjeu

important. En effet, ces espèces sont vraisemblablement avec les oiseaux, les plus

impactées par les éoliennes parmi les différentes composantes naturelles. Actuellement,

dans un cadre réglementaire, les professionnels de l’éolien effectuent un nombre important

d’études sur les chauves-souris afin d’appréhender ces impacts. La finalité de ces études est

de proposer, suivant les enjeux chiroptérologiques mis en évidences lors des inventaires,

des mesures d’évitements, de réductions et/ou de compensations. Ces études constituent

des sources d’informations permettant d’améliorer les connaissances sur les impacts des

éoliennes sur les chauves-souris. Cependant, les démarches et analyses réalisées dans le

cadre de cette étude sur les possibilités d’exploitation « réelle » des données

chiroptérologiques présentes dans ces études ont permis de mettre en évidence certaines

difficultés qui sont aujourd’hui principalement de trois ordres :

l’accessibilité des dossiers,

le niveau de description des données,

le mode de restitutions des données.

Un très faible nombre de dossiers présentent à l’heure actuelle des descriptions complètes

permettant de garantir l’exploitabilité des données d’inventaires qui s’y trouvent. Avant

d’entreprendre des démarches de bancarisation et de valorisation des données, il est avant

tout nécessaire que les bureaux d’études améliorent la description de leurs protocoles et

données d’inventaires mais aussi qu’ils mettent en place des démarches de suivi complet de

type BACI afin qu’à l’avenir, des quantités importantes de dossiers puissent être mobilisables

dans le cadre de la valorisation et l’amélioration des connaissances sur les impacts des

éoliennes sur les Chiroptères. Les modèles de restitution proposés dans cette étude pourrait

à ce titre être utilisés afin d’harmoniser la restitution des données chiroptérologiques dans

les dossiers d’EIE et de suivi. Cette démarche peut aussi être menée pour d’autres groupes

faunistiques et floristiques.

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57

Table des matières

Remerciements............................................................................................................. 2

Sommaire..................................................................................................................... 3

Introduction .................................................................................................................. 4

Chapitre 1. Présentation générale : structure d’accueil et missions du stage ....................... 6

1.1 Structure d’accueil ................................................................................................... 6

1.1.1 Missions et activités .............................................................................................. 6

1.1.2 Organigramme ..................................................................................................... 7

Chapitre 2. Problématique éoliennes & Chiroptères .......................................................... 9

2.1 Développement de l’énergie éolienne en France ........................................................ 9

2.1.2 Réglementation d’implantation d’éoliennes en France ............................................ 10

2.1.2.1 Séquence Eviter, Réduire, Compenser (ERC) .................................................... 10

2.1.2.2 Etudes d’impacts environnementales et suivi post-implantatoire ........................... 11

2.2 Eoliennes et Chiroptères ........................................................................................ 13

2.2.1 Biologie des Chiroptères ...................................................................................... 13

2.2.2 Rôles et importance des chauves-souris ............................................................... 14

2.2.3 Principales menaces ........................................................................................... 15

2.2.3.1 Mortalité due aux éoliennes .............................................................................. 15

2.2.3.2 Causes probables de la mortalité des chauves-souris.......................................... 16

2.2.4 Synthèse des méthodologies généralement utilisées dans les études

chiroptérologiques ....................................................................................................... 16

2.2.4.1 Méthodologies ................................................................................................. 17

2.2.4.1.1 Prospections et recherches de gîtes ................................................................ 17

2.2.4.1.2 Capture ........................................................................................................ 17

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58

2.2.4.1.3 Détection des ultrasons .................................................................................. 18

2.2.4.2 Protocoles ....................................................................................................... 19

2.2.4.2.1 Points d’écoute ............................................................................................. 19

2.2.4.2.2 Transects ..................................................................................................... 20

2.2.4.2.3 Enregistrements en continu (en altitude et au sol)............................................ 20

2.2.4.2.4 Protocole de suivi de mortalité ....................................................................... 21

2.3 Synthèse des principales recommandations SFEPM et Eurobats ............................... 22

2.3.1 Pré-diagnostic et diagnostic ................................................................................. 23

2.3.2 Suivi post-implantatoire ....................................................................................... 25

2.4 Données d’études d’impact et de suivis ................................................................... 26

2.5 Analyse et synthèse sur les enjeux et sensibilités des parcs éoliens ........................... 26

Chapitre 3. Méthodologie et résultats ............................................................................ 28

3.1 Méthodologie de l’étude ......................................................................................... 28

3.2 Résultats .............................................................................................................. 30

3.2.1 Recueil des dossiers d’études d’impact et de suivis ............................................... 30

3.2.2 Typologie des méthodes d’inventaire et de suivi .................................................... 31

3.2.3 Niveau de documentation des protocoles dans les dossiers d’EIE et de suivis .......... 34

3.2.3.1 Plan d’échantillonnage et effort de prospection ................................................... 34

3.2.3.2 Description détaillée des métadonnées .............................................................. 37

3.2.3.3 Synthèse sur le niveau de description des protocoles .......................................... 39

3.2.4 Typologie des données dans les dossiers d’EIE et de suivi ..................................... 42

3.2.5 Prise en compte des préconisations SFEPM et Eurobats ...................................... 44

3.2.6 Modèles de restitutions des données .................................................................... 46

Discussion .................................................................................................................. 48

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59

Conclusion ................................................................................................................. 51

Bibliographie............................................................................................................... 52

Pages web consultées ................................................................................................. 56

Table des illustrations .................................................................................................. 60

Résumé ..................................................................................................................... 62

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60

Table des illustrations

Liste des figures

Figure 1: Organigramme SPN (source : http://spn.mnhn.fr/servicepatrimoinenaturel/site/organisation ) ................ 8

Figure 2 : Evolution de la puissance installée en France en MW (Source : RTE, ADEME 2014) .......................... 10

Figure 3 : Démarche générale de la conduite de l'étude d'impact (Source : MEDDE, 2010) ................................. 11

Figure 4 : Différentes aires d'études d'une étude d'impact (Source : MEDDE, 2010) ............................................ 12

Figure 5 : Cycle de vie des chauves-souris (Source : Gourmand, non daté) ......................................................... 14

Figure 6 : Bilan des cas de mortalité de chauves-souris liés aux éoliennes en France et en Europe au 15 janvier

2009 (Rodrigues et al., 2009) ................................................................................................................................ 15

Figure 7 : Plan d'échantillonnage pour la recherche de cadavres de chauves-souris (Source : André, 2004) ...... 21

Figure 8 : Synthèse de la démarche méthodologique ........................................................................................... 29

Figure 9: Modalités d'acquisition des dossiers d'EIE et de suivis .......................................................................... 30

Figure 10 : Pourcentage de chaque méthode d'inventaire sur l'ensemble des dossiers analysés (dossiers d’EIE et

suivi population, n=75) ........................................................................................................................................... 31

Figure 11 : Pourcentage de chaque protocole d'inventaire sur l'ensemble des dossiers analysés) ...................... 31

Figure 12 : Pourcentage de dossiers en fonction du nombre de protocoles/méthodes utilisés ............................. 32

Figure 13 : Evolution du nombre de protocoles moyen par dossier avant et après 2012 ...................................... 32

Figure 14 : Représentation graphique du nombre de dossiers pour chaque degré d'association en fonction du

milieu ..................................................................................................................................................................... 33

Figure 15 : Pourcentage de dossier ayant fait l'objet d'un suivi de mortalité (suivi mortalité (SM) ou de population

(SP)) et ceux ayant fait l'objet d'une association des deux méthodes de suivi avant et après 2012. ..................... 33

Figure 16 : Pourcentage de dossiers dans lesquels l'effort de prospection pour chaque protocole est accessible.

.............................................................................................................................................................................. 35

Figure 17 : Nombre annuel de cadavres découverts en fonction de l'intervalle de temps entre les prospections. 36

Figure 18 : Nombre de nuits/jours d’inventaires en fonction des trois types d’habitats (B= milieu bocager ; F=

milieu boisé ; O= Open field) ................................................................................................................................. 37

Figure 19 : Nombre de nuits/jours d'inventaires en fonction des deux périodes .................................................... 37

Figure 20 : Pourcentage de dossiers dans lesquels les critères de description des métadonnées ne sont pas

indiqués ................................................................................................................................................................. 38

Figure 21 : Représentation graphique du pourcentage de dossiers ayant pour chaque protocole obtenue

différents degrés de description. ............................................................................................................................ 40

Figure 22 : Indices du degré de description des différents protocoles d’écoutes acoustiques (EA= enregistrement

en altitude ; ES=enregistrement au sol ; PE= points d’écoute ; TR= transects ...................................................... 40

Figure 23 : Indices du degré de description obtenu par sept bureaux d’études anonymes pour les points d’écoute

.............................................................................................................................................................................. 40

Figure 24 : Indice du degré de description des protocoles de suivi de mortalité avant et après 2012 ................... 42

Figure 25 : Pourcentage de dossiers avec et sans extrapolation .......................................................................... 43

Figure 26 : Représentation graphique du nombre de dossiers avec et sans extrapolation avant et après 2012 ... 43

Figure 27 : Nombre de dossiers pour chaque degré de prise en compte des recommandations relatives au

diagnostic .............................................................................................................................................................. 45

Figure 28 : Indice du degré de prise en compte des recommandations relatives au diagnostic avant et après

2012 ...................................................................................................................................................................... 45

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61

Figure 29 : Indice du degré de prise en compte des recommandations relatives au suivi avant et après 2012 .... 45

Figure 30 : Nombre de dossiers pour chaque degré de prise en compte des recommandations relatives au suivi45

Liste des photos

Photo 1: Gîte de Murins de Bechstein (Source: L. Arthur) ..................................................................................... 17

Photo 2: Tas de guano sur le gîte d'un Grand Murin (Source : P. Jourde) ............................................................ 17

Photo 3: Détecteur Pettersson D240X et signal sur le logiciel batsound (Source : Sylvain Vigant) ....................... 19

Photo 4: Dispositif d'inventaire SM2 (à gauche) et ballon captif pour enregistrement en altitude (à droite) (Source

: http://davidsbatblog.blogspot.fr) ........................................................................................................................... 20

Liste des tableaux

Tableau 1: Principe des trois procédés de détection ultrasonore .......................................................................... 18

Tableau 2: Période d'étude et effort de prospection pour chaque phase du cycle biologique des chauves-souris

(Source : Rodrigues et al., 2008) ........................................................................................................................... 24

Tableau 3: Evaluation du risque par espèce en fonction de l'enjeu et la sensibilité (SER-FEE/SFEPM/LPO, 2010)

.............................................................................................................................................................................. 27

Tableau 4: Principales recommandations Eurobats et SFEPM ............................................................................. 28

Tableau 5: Informations sur la donnée et l'effort de prospection ........................................................................... 28

Tableau 6: Synthèse des dossiers obtenus par région .......................................................................................... 30

Tableau 7: Nombre de dossiers pour chaque degré d'association en fonction du milieu ...................................... 33

Tableau 8: Synthèse des critères d'appréciation de l'effort de prospection par protocole ( il s'agit de voir si ces

information sont présentes ou pas dans les dossiers d'EIE ou de suivis) .............................................................. 35

Tableau 9 : Pourcentage de dossiers dans les quels certains critères de description des données de suivi de

mortalité ne sont pas indiqués. .............................................................................................................................. 38

Tableau 10 : Résultat des tests réalisés pour comparer l’indice de description des différents protocoles avant et

après 2012 (test de Kruskal-Wallis) ....................................................................................................................... 41

Tableau 11 : Synthèse du niveau d’accessibilité des différentes informations pour chaque protocole. Indice [x]

calculé en faisant la moyenne pour chaque information sur l’ensemble des dossiers. Les informations sont

indiqués du moins accessibles au plus accessibles. ............................................................................................. 41

Tableau 12 : Synthèse du niveau d’accessibilité des différentes informations du protocole de suivi de mortalité . 42

Tableau 13 : Principales recommandations lors des phases de diagnostic et de suivi .......................................... 44

Tableau 14 : Synthèse du degré de prise en compte des recommandions pour le diagnostic. Indice [x] calculé en

faisant la moyenne de chaque recommandation sur l’ensemble des dossiers. Les recommandations sont

présentées du « plus respectées » au « moins respectées ». .............................................................................. 45

Tableau 15 : Synthèse du degré de prise en compte des recommandions pour les suivis. Indice [x] calculé en

faisant la moyenne de chaque recommandation sur l’ensemble des dossiers. Les recommandations sont

présentées du « plus respectées » au « moins respectées ». .............................................................................. 46

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62

Résumé

Le développement des parcs éoliens présente des externalités négatives sur certaines

espèces comme les Chiroptères. Face à ce constat, de plus en plus d’études sont réalisées

dans un cadre réglementaire pour apprécier au mieux les impacts potentiels (études

d’impacts) ou réels (suivis post-implantatoires) des éoliennes sur ces espèces. Cependant,

l’hétérogénéité des approches méthodologiques et des modes de restitutions des données

d’inventaires de ces études a conduit à la mis en place de certaines recommandations à

l’échelle nationale et internationale. L’objectif de cette étude est d’évaluer le niveau de prise

en compte de ces préconisations et d’analyser à l’aide d’une grille de lecture, le degré de

description et la cohérence des protocoles utilisés. Les résultats de ces analyses montrent

aujourd’hui, une amélioration globale dans la réalisation des différentes phases d’études

chiroptérologiques lors des études d’impact et des suivis. Toutefois, des efforts doivent être

faits au niveau de la description et de la documentation des protocoles, ceci afin de garantir

à moyen terme, l’exploitabilité des données d’inventaires pouvant être extraites de ces

dossiers.

Mots clefs :

Etude d’impact, suivi post-implantatoire, Chiroptères

Abstract

The development of wind farms has negative externalities on certain species like bats.

Consequently, more and more studies are performed in a regulatory framework to fully enjoy

the potential impacts (impact studies) or real (post-implantation followed-up) of wind turbines

on these species. However, the heterogeneity of methodological approaches and modes of

refunds inventory data from these studies led to the set-up of some recommendations at

national and international level. The objective of this study is to assess the level of

consideration of these recommendations and analysis with a reading grid, the degree of

description and the coherence of protocols used. The results of these analyzes are now

showing, an overall improvement in the realization of the different phases of bats studies

during environmental impact study and post-implantation-follow up. However, efforts must be

made in the description and documentation of protocols, in order to ensure in the medium

term, the exploitability of the inventories data’s that can be extracted from these files.

Key words :

Environmental impact study, post-implantation-follow up, bats