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Evaluation du patrimoine de la réserve naturelle du TM 71 Textes internationaux relatifs à la protection de la faune, de la flore et de la géologie Habitats - Faune - Flore Directive européenne n° 97/62/CE - Adaptation de la directive 92/43/CEE “Habitats-Faune-Flore” • Annexe 1 : Types d'habitats naturels d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désigna- tion de zones spéciales de conservation • Annexe 2 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la dési- gnation de zones spéciales de conservation Directive européenne n° 92/43/CEE “Habitats-Faune-Flore” • Annexe 4 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte • Annexe 5 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l'exploitation sont susceptibles de faire l'objet de mesures de gestion Convention de Berne du 19/09/1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Eu- rope • Annexe 1 : espèces de flore strictement protégées • Annexe 2 : espèces de faune strictement protégées • Annexe 3 : espèces de faune protégées dont l'exploitation est réglementée Liste rouge 2000 de l'UICN (Union Mondiale pour la Nature) inventaire mondial des espèces végétales et animales Oiseaux Directive européenne n° 79/409/CEE concernant la conservation des oiseaux sauvages • Annexe I : espèces faisant l'objet de mesures spéciales de conservation en particulier en ce qui concerne leur habitat • Annexe II : espèces pouvant être chassées : - partie 1 : dans la zone géographique maritime et terrestre - partie 2 : seulement dans les Etats membres pour lesquels elles sont mentionnées • Annexe III : espèces pouvant être commercialisées : - partie 1 : espèces pour lesquelles la vente, le transport pour la vente, la détention pour la vente ainsi que la mise en vente ne sont pas interdits Géologie Projet de recommandation (2001) au niveau du Conseil de l'Europe, d'inclure des zones d'intérêt géologique dans le Réseau Emeraude (convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe) Habitats souterrains Recommandation(1992) pour conserver des habitats souterrains présentée par la France au Conseil de l'Europe Textes nationaux et régionaux relatifs à la protection de la faune, de la flore et de la géologie Mammifères Arrêté modifié du 17/04/1981 fixant la liste des mammifères protégés sur l'ensemble du territoire Oiseaux Arrêté modifié du 17/04/1981 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire Reptiles et amphibiens Arrêté du 22/07/1993 fixant la liste des amphibiens et reptiles protégés sur l'ensemble du territoire Insectes Arrêté du 22/07/1993 protégeant certaines espèces sur l'ensemble du territoire national Flore Arrêté modifié du 20/01/1982 fixant la liste des espèces végétales protégées au niveau national Arrêté du 29/10/1997 fixant la liste des espèces végétales protégées en Languedoc-Roussillon Espèces menacées d'extinction Arrêté du 9/07/1999 fixant la liste des espèces de vertébrés protégées menacées d'extinction en France Géologie Proposition d'une stratégie nationale de reconnaissance et de protection du patrimoine géologique analogue à celle en vigueur concernant le patrimoine biologique (2002) Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002 Figure 50 : Principaux textes actuels et en projet pris en compte Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno GROTTE DU TM 71 Plan de Gestion - Réserve naturelle 87 SECTION B Evaluation du patrimoine et définition des objectifs 86 Section B Evaluation du patrimoine et définition des objectifs B 1 Evaluation de la valeur patrimoniale B 1.1 Evaluation des habitats, des espèces et du patrimoine géologique À noter que : L'évaluation de l'habitat, de la faune et la flore se base sur la liste d'espèces rares ou menacées (listes rouges, directives européennes) ou protégées (décrets et arrêtés ministériels). Pour évaluer les valeurs géologiques et souterraines de la réserve naturelle du TM 71, nous proposons de nouveaux modèles inspirés à partir de données comparatives et de textes faisant référence. Des projets parfois similaires sont en cours aux niveaux national et international. Références pour l'habitat, la faune et la flore 1 La Directive “Habitats, Faune, Flore” complète la législation communautaire de conservation de la nature mise en place avec la Directive “Oiseaux”. Elle prévoit la mise sur pied d'un réseau de zones spéciales de conservation baptisé Réseau “Natura 2000” destiné à assurer un état de conservation favorable aux espèces d'intérêt communautaire. 2 La Convention de Berne, précurseur en Europe de la protection des espèces et de leurs habitats, a servi de fondation à la Directive “Habitats”. 3 La Liste rouge de l'UICN (Union Mondiale pour la Nature) constitue l'inventaire mondial le plus complet sur l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle est utilisée par les agences gouvernementales et différents organismes (protection de la nature, ONG). Références pour la géologie et le milieu souterrain 1 Le projet relatif à la conservation de zones d'intérêt géologique (ZIG) est destiné à protéger le patrimoine européen de la Terre. Un groupe d'experts du Conseil de l'Europe propose des recom- mandations : inventorier, définir les caractéristiques, les intérêts et assurer la préservation. 2 Une stratégie nationale de reconnaissance et de protection du patrimoine géologique. Initiée par la com- mission géologie de RNF, elle s'appuie sur la loi dite “Barnier”(1995) qui prévoit que le ministre chargé de la protection de la nature arrête une liste d'intérêt géologique. 3 La proposition française pour la conservation des habitats souterrains, consiste à établir des inven- taires nationaux, recenser les habitats, lister des sites, attribuer un statut de protection. 4 Les recommandations internationales pour la gestion et la conservation des concrétions émises en 1996 par l'Association Internationale pour le Patrimoine Souterrain (AIPS). L'objectif principal est d'établir à terme un “état des lieux” du Patrimoine Souterrain Mondial.

Évaluation du plan

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Page 1: Évaluation du plan

Evaluation du patrimoine de la réserve naturelle du TM 71

Textes internationaux relatifs à la protection de la faune, de la flore et de la géologie

Habitats - Faune - Flore

Directive européenne n° 97/62/CE - Adaptation de la directive 92/43/CEE “Habitats-Faune-Flore”• Annexe 1 : Types d'habitats naturels d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désigna-tion de zones spéciales de conservation• Annexe 2 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la dési-gnation de zones spéciales de conservation

Directive européenne n° 92/43/CEE “Habitats-Faune-Flore”• Annexe 4 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte• Annexe 5 : Espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l'exploitation sont susceptibles de faire l'objet de mesures de gestion

Convention de Berne du 19/09/1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Eu-rope

• Annexe 1 : espèces de flore strictement protégées• Annexe 2 : espèces de faune strictement protégées• Annexe 3 : espèces de faune protégées dont l'exploitation est réglementée

Liste rouge 2000 de l'UICN (Union Mondiale pour la Nature) inventaire mondial des espèces végétales et animales

Oiseaux

Directive européenne n° 79/409/CEE concernant la conservation des oiseaux sauvages• Annexe I : espèces faisant l'objet de mesures spéciales de conservation en particulier en ce qui concerne leur habitat• Annexe II : espèces pouvant être chassées :

- partie 1 : dans la zone géographique maritime et terrestre- partie 2 : seulement dans les Etats membres pour lesquels elles sont mentionnées

• Annexe III : espèces pouvant être commercialisées :- partie 1 : espèces pour lesquelles la vente, le transport pour la vente, la détention pour la vente ainsi que la mise en vente ne sont pas interdits

Géologie

Projet de recommandation (2001) au niveau du Conseil de l'Europe, d'inclure des zones d'intérêt géologique dans le Réseau Emeraude (convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe)

Habitats souterrains

Recommandation(1992) pour conserver des habitats souterrains présentée par la France au Conseil de l'Europe

Textes nationaux et régionaux relatifs à la protection de la faune, de la flore et de la géologie

Mammifères

Arrêté modifié du 17/04/1981 fixant la liste des mammifères protégés sur l'ensemble du territoireOiseaux

Arrêté modifié du 17/04/1981 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire Reptiles et amphibiens

Arrêté du 22/07/1993 fixant la liste des amphibiens et reptiles protégés sur l'ensemble du territoire Insectes

Arrêté du 22/07/1993 protégeant certaines espèces sur l'ensemble du territoire nationalFlore

Arrêté modifié du 20/01/1982 fixant la liste des espèces végétales protégées au niveau national Arrêté du 29/10/1997 fixant la liste des espèces végétales protégées en Languedoc-Roussillon

Espèces menacées d'extinction

Arrêté du 9/07/1999 fixant la liste des espèces de vertébrés protégées menacées d'extinction en FranceGéologie

Proposition d'une stratégie nationale de reconnaissance et de protection du patrimoine géologique analogue à celle en vigueur concernant le patrimoine biologique (2002)

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 50 : Principaux textes actuels et en projet pris en compte

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

87SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

86

Section BEvaluation du patrimoine etdéfinition des objectifs

B 1 Evaluation de la valeur patrimoniale

B 1.1 Evaluation des habitats, des espèces et du patrimoine géologique

À noter que : L'évaluation de l'habitat, de la faune et la flore se base sur la liste d'espèces rares ou menacées (listes rouges, directives européennes) ou protégées (décrets et arrêtés ministériels). Pour évaluer les valeurs géologiques et souterraines de la réserve naturelle du TM 71, nous proposons de nouveaux modèles inspirés à partir de données comparatives et de textes faisant référence. Des projets parfois similaires sont en cours aux niveaux national et international.

Références pour l'habitat, la faune et la flore

1 La Directive “Habitats, Faune, Flore” complète la législation communautaire de conservation de la nature mise en place avec la Directive “Oiseaux”. Elle prévoit la mise sur pied d'un réseau de zones spéciales de conservation baptisé Réseau “Natura 2000” destiné à assurer un état de conservation favorable aux espèces d'intérêt communautaire.

2 La Convention de Berne, précurseur en Europe de la protection des espèces et de leurs habitats, a servi de fondation à la Directive “Habitats”.

3 La Liste rouge de l'UICN (Union Mondiale pour la Nature) constitue l'inventaire mondial le plus complet sur l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle est utilisée par les agences gouvernementales et différents organismes (protection de la nature, ONG).

Références pour la géologie et le milieu souterrain

1 Le projet relatif à la conservation de zones d'intérêt géologique (ZIG) est destiné à protéger le patrimoine européen de la Terre. Un groupe d'experts du Conseil de l'Europe propose des recom-mandations : inventorier, définir les caractéristiques, les intérêts et assurer la préservation.

2 Une stratégie nationale de reconnaissance et de protection du patrimoine géologique. Initiée par la com-mission géologie de RNF, elle s'appuie sur la loi dite “Barnier”(1995) qui prévoit que le ministre chargé de la protection de la nature arrête une liste d'intérêt géologique.

3 La proposition française pour la conservation des habitats souterrains, consiste à établir des inven-taires nationaux, recenser les habitats, lister des sites, attribuer un statut de protection.

4 Les recommandations internationales pour la gestion et la conservation des concrétions émises en 1996 par l'Association Internationale pour le Patrimoine Souterrain (AIPS). L'objectif principal est d'établir à terme un “état des lieux” du Patrimoine Souterrain Mondial.

Page 2: Évaluation du plan

HabitatsCodes

Biotope (en français) Biotope EUNIS (en anglais)CORINE EUNIS Natura

2000

31.82 F3.12 5110Formations stables xérothermophiles

à Buxus sempervirens des pentes rocheuses (Berberidion p.p.)

[Buxus sempervirens] thickets

38.31 E2.31 6520 Prairies de fauche de montagne Alpic mountain hay meadows

62.12 H3.22 8210 Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique

Central Pyrenean calcicolous chasmophyte communities

61.34 H2.63 8130 Eboulis ouest-méditerranéens et thermophiles Pyrenean calcareous screes

non défini non défini 8310 Grottes non exploitées pour le tourisme non défini

non défini H1 non définiMilieux souterrains superficiels, système

de grotte, conduits et organismes aquatiques

Terrestrial underground caves, cave systems, passages and waterbodies

non défini H1.1 à définir Entrées de grottes Caves entrances

non défini H1.2 à définir Intérieurs de grottes Caves interiors

non défini H1.221 à définir Trogloxènes vertébrés continentaux Continental subtroglophile vertebrate caves

65.4 H1.231 à définir Troglobiontes (troglobies) invertébrés Troglobiont invertebrate temperate caves

65.5 H1.24 à définir Troglophiles invertébrés Troglophile invertebrate caves

65.6 H1.25 à définir Trogloxènes invertébrés Subtroglophile invertebrate caves

non défini H1.26 à définir Grottes sans vertébré ou invertébré Caves without vertebrates or invertebrates

44.32 G1.212 91E0Forêts alluviales à Alnus glutinosa et

Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae)*

[Fraxinus] - [Alnus] woods fast-flowing rivers

41.46 G1.A46 9180 Forêts de pentes, éboulis ou ravins du Tilio-Acerion* South-eastern European ravine forests

45.3 G2.122 9340 Forêts à Quercus Ilex et Quercus rotundifolia

Supra-Mediterranean[Quercus ilex] forests

*Habitats prioritaires : habitats en danger de disparition sur le territoire européen des Etats membres

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 51 : Types d'habitats présents sur la réserve naturelle du TM 71

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

89SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

88

B 1.1.1 Habitats

À noter que : La typologie CORINE a été remplacée par la nomenclature EUNIS (European Nature Information System) développée par l'Agence Européenne de l'Environnement. Cette typologie (en anglais sur le tableau de la figure 51) est plus précise en ce qui concerne les habi-tats souterrains d'intérêt biologique.

Neuf types d'habitats sont présents :

1 Formation stable xérothermophile à Buxus sempervirens des pentes rocheuses. Située principalement autour des zones rocheuses, elle couvre environ 2% soit environ 1,9 hectares.

2 Prairies de fauche de montagne. Elles représentent environ 1% de la réserve soit moins d'un hectare et ont tendance à se refermer car elles sont de moins en moins entretenues.

3 Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique. Très présentes sur la réserve, elles oc-cupent aux alentours de 8 % soit environ 7,7 hectares.

4 Eboulis ouest-méditerranéens et thermophiles. Ils occupent environ 1% du site protégé soit un hec-tare et sont localisés au pied des barres rocheuses et des grandes combes.

5 Grottes non exploitées pour le tourisme. Elles sont en grand nombre sur la réserve (plus d'une ving-taine) totalisant plus de 11 km de développement. L'intérêt biologique est important et se carac-térise par la présence d'espèces d'invertébrés souterrains endémiques et rares (grotte du TM 71 et Sépulcrale) ainsi que plusieurs espèces de chauve-souris dont certaines encore indéterminées.Le nouveau code EUNIS détaille plus précisement les grottes : extérieurs, intérieurs, trogloxènes vertébrés continentaux, troglobiontes invertébrés des grottes tempérées, troglophiles invertébrés, trogloxènes invertébrés, grottes sans vertébrés ou invertébrés (voir figure 51).

6 Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae). Cette surface correspond à la ripisylve de l'Aude et représente moins de 2 % soit environ 1,9 hectares ; c'est un habitat prioritaire.

7 Forêts de pentes, éboulis ou ravins du Tilio-Acerion. Ce biotope est présent au dessus de la route D118 souvent mélangé à du chêne. Habitat prioritaire, il occupe environ 10 % soit 9,6 hectares.

8 Forêts à Quercus Ilex et Quercus rotundifolia. Principalement observable dans les falaises calcaires, cet habitat constitue environ 3 % du site protégé soit l'équivalent de 3 hectares.

9 Chênaie pubescente. Elle représente 70 % de l'espace préservé soit environ 67 hectares. La Di-rective européenne “Habitats, Faune, Flore” ne prend pas en compte les peuplements de chênes pubescents car ils sont très présents au sud de la Loire.

Page 3: Évaluation du plan

Invertébrés souterrains remarquablesEspèce terrestre Présence

trogloxène troglophile troglobie endémique rare relicte nouvelle

Cochlonstoma nouletti Pyrénées centrales

Abida attenuata Aude

Eukoenenia n.sp. Périodes chaudes ?

Scotolemon lespesi Pyrénées

Trichoniscoides modestus modestus

Hypnosoma sp. Pyrénées ?

Blaniulus lorifer propre à l'Aude

Lithobius sp. Aude et Ariège

Onychiurus cf. aguzouensis environsgrotte de l'Aguzou

Megalothorax massoudi environsgrotte de l'Aguzou

Calanides ?

Dolichopoda linderi

Pyrénées Orientales et Aude

Espèce aquatiqueGallobathynella sp. Pyrénées Orientales,

Aude et HéraultFormes fossiles ?

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Figure 52 : Evaluation de la faune souterraine de la réserve naturelle du TM 71d'après Franck Bréhier, Société de Biospéologie de Moulis

Dessin 6 : Serban, Dessin 7 : Lavoyer-KaufmannSynthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

91SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

90

B 1.1.1 Espèces

Introduction sur l'intérêt de la faune souterraine

Le milieu souterrain abrite une faune très spécifique, présentant des adaptations morphologiques, physiologiques ou comportementales remarquables. La mise en place de la faune souterraine est le plus souvent ancienne et n'a pu se faire qu'à partir d'espèces extérieures venues trouver refuge dans le milieu souterrain au cours d'épisodes peu favorables du fait des modifications géogra-phiques ou climatiques notables. Les glaciations, les phases pluviales et les variations du niveau de la mer pendant l'époque quaternaire sont ainsi parmi les principales raisons de cette colonisa-tion.

L'étude de ces faunes “relictes” et de leur répartition actuelle est d'un grand intérêt. Elle permet d'expliquer et de dater leur installation dans le milieu souterrain ainsi que de retracer la phylogé-nèse et de reconstituer l'évolution des groupes auxquels ces espèces appartiennent.

La faune souterraine la plus remarquable de la réserve naturelle

Parmi les 54 espèces récoltées, 13 se caractérisent par leurs spécificités :

• Gastéropodes : Cochlonstoma nouletti (Dupuy, 1850), relativement rare, est limité aux Pyré-nées centrales. Seule Abida attenuata est endémique de l'Aude.

• Palpigrades : genre Eukoenenia. Cet individu femelle, au deuxième stade larvaire, est remar-quable par le nombre de récepteurs sensoriels latéraux du prosome. Cependant un adulte serait nécessaire pour déterminer l'espèce.

• Opilions : Scotolemon lespisi (Lucas, 1869) a été recolté pour la première fois à Niaux, il a été repris depuis dans toutes les Pyrénées.

• Isopodes : Trichoniscoides modestus modestus (Racovitza) a été trouvé dans la grotte Sépu-crale. Ces animaux affectionnent les débris ligneux. La réserve s'inscrit parfaitement dans leur aire de répartition puisqu'ils peuplent les grottes de l'Ariège et de l'Aude.

• Diplopodes : Hypnosoma sp. (Ribaut, 1952). Récolté sous forme juvénile, il a été impossible de faire une détermination complète de ce genre endémique des Pyrénées. Blaniulus lorifer est une espèce troglobie fréquente dans les cavités Pyrénéennes. Les individus de la réserve appartiendraient à une sous-espèce propre à l'Aude.

• Chilopodes : Lithobius sp. Il pourrait s'agir d'après les échantillons examinés de Lithobius cavernicola (Fanzago, 1877) déjà connu des grottes de l'Aude et de l'Ariège.

• Collemboles : Onychiurus cf. aguzouensis (Deharveng, 1978) et Megalothorax massoudi (De-harveng, 1978) espèces troglobies décrites de la grotte de l'Aguzou.

• Orthoptères : Dolichopoda linderi (Dufour, 1861) est typique des Pyrénées Orientales et de l'Aude. Ce sont des animaux troglophiles qui sortent la nuit pour se nourrir de végétaux.

• Copépodes : Une espèce appartenant à l'ordre des Calanides a été récoltée dans la rivière sou-terraine du TM 71. Elle n'a pas été déterminée mais pourrait être une espèce nouvelle.

• Syncarides : Les individus récoltés appartiennent au genre Gallobathynella, localisé sur les Pyrénées Orientales, l'Aude et l'Hérault. L'espèce la plus proche géographiquement est Gallo-bathynella juberthiei (Serban, Coineau, Delamare, 1971) et provient des Pyrénées Orientales.

Dessin 6 : Gallobathynella sp.

Dessin 7 :Eukoenenia sp.

Page 4: Évaluation du plan

Flore

Nom latin Nom français DensitéStatut de protection

National Régional

Hormathophylla marcrocarpa Alysson à gros fruit 2* •Peucedanum schottii Peucédan de Schott 2* •

Orchis coriophora ssp. fragrans Orchis punaise (en périphérie) 1* •

Mammifères

Nom latin Nom français Liste Rouge

Statut de protectionInternational National

Berne Dir. Hab.

Capreolus capreolus Chevreuil B3 •Galemis pyrenaicus Desman des Pyrénées Rare B2 An2/An4 •Myoxus glis Loir B3

Rhinolophus ferrumequinum Grand Rhinolophe Vulnérable B2 An2/An4 •Rhinolophus hipposideros Petit Rhinolophe Vulnérable B2 An2/An4 •Sciurus vulgaris Ecureuil roux Sédent. strict B3 •Sorex sp. Musaraigne B3

Ursus arctus Ours brun (en périphérie) B2 An2 /An4 •Amphibiens

Alytes obsteitricans Crapaud accoucheur Statut indét. B2 An4 •Bufo bufo Crapaud commun Sédent. strict •Rana temporaria Grenouille rousse B3 An5 •Triturus helvética Triton palmé Sédent. strict B3 •

ReptilesVipera aspic Vipère aspic B3 •Natrix maura Couleuvre vipérine Sédent. strict B3 •Laserta muralis Lézard des murailles •Laserta viridis Lézard vert Sédent. strict B2 An4 •

LépidoptèrePanassius apollo Apollon En danger B2 An4 •

* Densité des individus de 1 à 4 : 1 pour une faible densité, 4 pour une abondance relative

An2 : Annexe II de la Directive européenne “Habitats, Faune, Flore”An4 : Annexe IV de la Directive européenne “Habitats, Faune, Flore”An5 : Annexe V de la Directive européenne “Habitats, Faune, Flore”

B2 : Annexe 2 de la Convention de BerneB3 : Annexe 3 de la Convention de Berne

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Figure 53 : Evaluation de la faune et de la flore de la réserve naturelle du TM 71d'après l'étude réalisée par la Fédération Aude Claire

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

93SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

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Faune de surface remarquable

La faune totalise 83 espèces inventoriées : 15 espèces sont protégées par la Convention de Berne (sept par l'annexe II et huit par l'annexe III), 8 par la Directive “Habitats, Faune, Flore” (quatre en annexe II, sept en annexe IV et une en annexe V), 15 par des textes nationaux.

Les plus représentatives et remarquables de la réserve sont les suivantes :

1 Mammifères

• Desman des Pyrénées Galemis pyrenaicus, rare et protégé (B2, An2/An4, textes nationaux).

• Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum, vulnérable, protégé (B2, An2/An4, national).

• Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros, vulnérable et protégé (B2, An2/An4, national).

• Ours brun Ursus arctus, présent en périphérie et protégé (B2, An2/An4, textes nationaux).

2 Amphibien

• Crapaud accoucheur Alytes obsteitricans, statut indéterminé et protégé (B2, An4, national).

3 Reptile

• Lézard vert Lacertra viridis, sédentaire strict et protégé (B2, An4, textes nationaux).

4 Lépidoptère

• Apollon Panassius apollo, en danger et protégé (B2, An4, textes nationaux).

Flore remarquable

La flore de la réserve représente 291 individus. Deux ont un statut de protection :

• Alysson à gros fruit Hormathophylla macrocarpa, protégée au niveau national.

• Peucédan de Schott Peucedanum schottii, protégée au niveau régional.

L'inventaire a été complété, dans le courant du printemps 2000, en explorant de nouveaux sec-teurs situés au dessus de la partie nord de la réserve et constitués pour l'essentiel de pâtures à brebis, pentes rocheuses, sous-bois et anciennes prairies en terrasse entre le village et l'église du Pech. Une espèce protégée est présente dans les terrasses, l'Orchis punaise Orchis coriophora ssp. fragrans, protégée au niveau national. Très rare dans l'Aude en dehors de la Montagne Noire.

D'autres espèces intéressantes et nouvelles méritent d'être citées : Le petit Lis Anthericum liliago, la Fritillaire des Pyrénées Fritillaria pyrenaica, la Gentiane croisette Gentiana cruciata, le Ciste à feuille de laurier Cistus laurifolius. Le Lis martagon n'est pas vraiment rare. Trifolium medium et Odondites viscosa sont remarquablement fréquents.

Page 5: Évaluation du plan

Oiseaux

Nom latin Nom français Liste Rougede France

Statut de protectionInternational National

Berne Dir. Ois.

Prunella collaris Accenteur alpin B2 •Prunella modularis Accenteur mouchet B2 •Aquila chrycaetos Aigle royal Rare B2 OI •Motacilla cinerea Bergeronnette des ruisseaux B2 •Motacella alba Bergeronnette grise B2 •Pyrrhula pyrrhula Bouvreuil pivoine B3 •Emberiza cirlus Bruant zizi B2 •Buteo buteo Buse variable B2 •Carduelis carduelis Chardonneret B2 •Cornus corone Corneille noire OII/2 •Pyrrhocorax pyrrhocorax Crave à bec rouge Indéterminé B2 OI •Accipiter nisus Epervier d'Europe B2 •Sylva atricapilla Fauvette à tête noire B2 •Garrulus glandarius Geai des chênes OII/2Corcus corax Grand corbeau B3 •Certhia brachydactyla Grimpereau des jardins B2 •Turdus viscivorus Grive draine B3 OII/2Turdus pilaris Grive Litorne B3 OII/2Turdus philomelos Grive musicienne B3 OII/2Hirondus rupestris Hirondelle des rochers B2 •Hirundus rupestris Hirondelle rustique B2 •Apus apus Martinet noir B3 •Turdus merula Merle noir B3 OII/2 •Aegithalos caudatus Mésange à longue queue B3 •Parus caeruleus Mésange bleue B2 •Parus major Mésange charbonnière B2 •Parus cristatus Mésange huppée B2 •Parus ater Mésange noire B2 •Parus palustris Mésange nonnette B2 •Dendrocopos major Pic épeiche B2 •Picus viridis Pic vert B2Fringilla coelebs Pinson des arbres B3 •Anthus trivialis Pipit des arbres B2 •Phylloscopus collybita Pouillot véloce B2 •Regulus ignicapillus Roitelet triple bandeau B2 •Erithacus rubecula Rougegorge familier B2 •Phoenicurus ochruros Rougequeue noir B2 •Sitta europaea Sittelle torchepot B2 •Tichodroma muraria Tichodrome échelette Rare B3 •Troglodytes troglodytes Troglodyte mignon B2 •

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 54 : Evaluation des oiseaux présents sur la réserve naturelle du TM 71d'après l'étude réalisée par la Fédération Aude Claire

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

OI : Annexe I de la Directive européenne “Oiseaux”OII/2 : Annexe II, partie 2 de la Directive européenne “Oiseaux”

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

95SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

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La Directive “Oiseaux”

La Directive européenne n°79/409 du 6 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sau-vages s'applique à tous les membres de la Communauté depuis le 6 avril 1981. Elle vise à assurer une protection de toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le terri-toire européen. Les Etats membres doivent maintenir leurs populations à un niveau qui réponde “notamment aux exigences écologiques, scientifiques et culturelles compte tenu des exigences économiques et récréatives”. Ils doivent en outre prendre “toutes les mesures nécessaires pour préserver, maintenir ou rétablir une diversité et une superficie suffisantes d'habitats”.

Parmi les dispositions générales de la directive concernant les oiseaux sauvages, figure notam-ment l'interdiction de les tuer ou de les capturer intentionnellement, de détruire ou d'endommager leurs nids, de ramasser leurs œufs dans la nature, de les perturber intentionnellement ou de les détenir (exception faite des espèces dont la chasse est autorisée).

En 2000, la France a déclaré 117 sites au titre de la Directive “Oiseaux”. Ils sont susceptibles d'être modifiés, à la hausse ou à la baisse suivant des analyses scientifiques plus complètes des données. La Directive “Oiseaux” considère la chasse comme une activité légitime (article 7) mais qui doit être pratiquée selon certaines règles. Les Etats veillent en particulier à ce que les oiseaux ne soient pas chassés “pendant la période nidicole, ni pendant les différents stades de reproduction et de dépendance”. En outre, les espèces migratoires ne doivent pas être chassées pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification.

Oiseaux remarquables de la réserve

Sur les 43 oiseaux inventoriés, 40 ont des statuts réglementaires internationaux ou nationaux relatif à la protection (Figure 54). Les espèces sont protégées de la façon suivante :

• 35 par la Convention de Berne (vingt huit par l'annexe 2 et sept par l'annexe 3).

• 8 par la Directive “Oiseaux” (deux par l'annexe I, six par l'annexe II).

• 36 par Arrêté modifié du 17/04/1981.

Les oiseaux les plus remarquables et notables sont les suivants :

1 L'Aigle royal Aquilla chrycaetos, protégé par la Convention de Berne (B2), la Directive “Oi-seaux” (OI), rare sur la liste Rouge de France.

2 Le Crave à bec rouge Pyrrhocorax pyrrhocorax, protégé par la Convention de Berne (B2), la Directive “Oiseaux” (OI), indéterminé sur la liste Rouge de France.

3 Le Vautour fauve Gyps fulvus, protégé par la Convention de Berne (B2), la Directive “Oiseaux” (OI), rare sur la liste Rouge de France.

4 Le Vautour pecnoptère Neophron pecnopterus, protégé par la Convention de Berne (B2), la Directive “Oiseaux” (OI), espèce vulnérable sur la liste Rouge de France.

Page 6: Évaluation du plan

Conseil de l'Europe

Projet de Recommandation du Comité permanent relative à la conservation des zones d'intérêt géologique spécial

Le Comité permanent de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe agissant en vertu de l'article 14 de la convention,

Eu égard à la Recommandation n°16 (1989) du Comité permanent concernant les zones d'intérêt spé-cial pour la conservation,

Notant que la conservation des zones d'intérêt géologique spéciale peut, du fait de leur importance spécifique et biologique, contribuer à la réalisation des objectifs de la convention,

Soulignant que la désignation des sites doit être totalement compatible avec les objectifs de la Conven-tion,

Recommande aux Parties contractantes :

1. d'inventorier les zones présentant un intérêt géologique spécial d'importance internationale, situées sur leur territoire ou placées sous leur responsabilité, et qui répondent à l'un ou plusieurs des critères suivants :

a. la zone en question présente des caractéristiques particulièrement importantes ou exceptionnelles du point de vue :

- de l'intérêt stratigraphique ;- de l'intérêt géomorphologique ;- des types de roches et de minéraux ;- du contenu des fossiles et de l'illustration de l'évolution des espèces, y compris des hominidés ;- des processus géologiques, tels que les processus tectoniques, volcaniques, métamorphiques, structurels, climatiques, érosifs, sédimentaires ;

b. elle revêt un intéret exceptionnel pour la science, la recherche, la prévision environnementale, l'éducation et les loisirs ;

c. elle a une valeur de première importance pour le patrimoine culturel et le patrimoine de la planète, y compris pour l'histoire des sciences de la Terre ;

d. elle est particulièrement représentative de l'histoire géologique d'une région ;

e. elle offre des conditions scientifiques, géologiques et physico-chimiques exceptionnelles qui ont permis l'apparition de types d'habitats inhabituels caractérisés par des conditions physiques et/ou chimiques extrêmes ou des biocénoses microbiennes particulières ;

2. de prendre les mesures nécessaires à l'adoption et à la mise en œuvre de politiques nationales pour la conservation des zones d'intérêt géologique ;

3. de prendre, par voie législative ou autrement, des mesures garantissant autant que possible que les zones mentionées au paragraphe 1 ci-dessus seront soumises à un régime approprié conçu pour main-tenir les caractéristiques spécifiques qui en ont motivé la désignation, afin de préserver une collection représentative de sites des types énumérés au paragraphe 1 ;

4. d'assurer la surveillance de ces zones et particulièrement celle des facteurs pour lesquels la conser-vation est importante, en mettant en place, le cas échéant, une coopération avec toutes les institutions concernées ;

5. si nécessaire, de marquer clairement les limites de ces zones sur les cartes, et, dans la mesure du possible, sur le terrain ;

6. d'informer le Comité permanent des progrès de la mise en œuvre de la présente recommandation, y compris de la notification des zones sélectionnées.

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 55 : Projet de conservation des zones d'intérêt géologiqued'après le groupe d'experts pour l'installation du Réseau Emeraude, Conseil de l'Europe

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

97SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

96

B 1.1.2 Géologie

Le patrimoine de la Terre : un nouveau concept

La Convention de Berne, les Directives européennes ont pour objectifs d'assurer la préserva-tion de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats. Mais si, comme la plupart des autres conventions de visée analogue, elles soutiennent la conservation de la biodiversité en Europe, elles n'abordent pas en revanche la question de sauvegarder les aspects physiques de notre pla-nète (roches, fossiles et minéraux) et la géomorphologie de sa surface (reliefs terrestres fossilisés et actifs). Cette situation est actuellement en train d'évoluer, puisque divers programmes natio-naux et internationaux en cours de développement ont pour objectifs spécifiques de reconnaître un certain nombre de zones importantes du “patrimoine de la planète” (figure 55).

Intérêts du patrimoine géologique structural local

Ils sont la conséquence du pluton granitique de Quérigut qui s'inscrit au sein de l'édifice structu-ral hercynien de cette zone axiale des Pyrénées (période de l'ère primaire comprise entre 400 et 250 millions d'années). L'architecture en entonnoir du complexe éruptif a été mise en évidence par J. Marre en 1973. L'encaissant sédimentaire primaire du pluton a été l'objet d'analyses strati-graphiques et structurales par D. Raymond et M. Weyant de 1980 à 1986. Le pluton de Quérigut est remarquable par l'abondance de ses septa métasédimentaires (métamorphismes des sédi-ments) ; leur étude a permis jadis à Lacroix de fonder sa théorie de l'assimilation et de l'endomor-phisme : apparition localisée de faciès pétrographiques lors de la cristallisation d'un magma du fait de réactions chimiques avec des enclaves ou des roches encaissantes.

Les études énumérées ci-après sont en relation directe avec la réserve naturelle du TM 71 et sont d'un grand intérêt scientifique. Elles lui ont permis de bénéficier d'un vaste descriptif lié à l'histoire géologique de ce secteur oriental des Pyrénées, elles sont l'aboutissement de longues recherches, interprétations successives et détiennent un fort potentiel pour de futures investiga-tions. Aussi, peut on considérer qu'elles ont joué un rôle significatif dans le développement des sciences de la Terre grâce en particulier aux découvertes qui ont favorisé la mise au point de nouvelles théories ou concepts.

1 Découverte d'une unité allochtone varisque dans le Haut Pays de Sault (zone axiale pyrénéenne, confins de l'Aude et de l'Ariège). Elle porte sur la détermination de deux séries stratigraphiques : l'une riche en pélites, l'autre plus carbonatée (Raymond, 1980).

2 Phénomènes de resédimentation dans le Carbonifère à faciès Culm du Haut Pays de Sault ; signification géodynamique dans la branche sud de l'orogène varisque. Le Culm autochtone montre des slum-pings, des coulées boueuses et des blocs de calcaires resédimentés d'âge dévonien à carbonifère inférieur (Raymond, Engel, 1983).

3 Individualisation de deux séries hétéropiques au sein du Dévonien et du Carbonifère inférieur de la zone axiale

pyrénéenne entre les vallées de l'Aude et de l'Ariège. Cette étude a permis de préciser la stratigraphie du Dévonien inférieur et du Carbonifère inférieur de cette zone avant d'aborder les comparaisons à l'échelle régionale. Elle a reposé en grande partie sur la recherche systématique de niveaux riches en Conodontes : une quarantaine d'échantillons se sont révélés fossilifères sur deux cents prélè-vements traités (Programme UNESCO-PIGC, Raymond, Weyant, 1982).

Page 7: Évaluation du plan

Conseil de l'Europe

Proposition de Recommandation internationalerelative à la protection des concrétions - premier texte

Le Comité permanent de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe agissant en vertu de l'article .....(texte à préciser),

Eu égard à la Recommandation n°..... du Comité permanent concernant les zones d'intérêt spécial pour la conser-vation,

Rappelant que les cavités sont très riches en concrétions et présentent souvent une grande importance du point de vue patrimonial, scientifique et esthétique car abritant des formes et des espèces minéralogiques caractéristiques du milieu souterrain,

Rappellant que le milieu souterrain présente des caractéristiques qui lui sont propres : c'est un milieu conservateur, qui ne se renouvelle pas à l'échelle humaine, qui est limité et qui est fragile,

Constatant que trop souvent les concrétions, et les grottes qui les abritent, se dégradent, en particulier dans les grottes accessibles, et qu'une partie de ces grottes a atteint un stade de dégradation critique,

Recommande aux Parties contractantes :

1. d'établir les inventaires nationaux des sites souterrains présentant un intérêt minéralogique remarquable en uti-lisant notamment les critères de sélections mentionnés à l'annexe 1 de la présente recommandation ; ces inventai-res doivent inclure en particulier :

- tous les types de cavités (naturelles et artificielles) ;- des cavités renfermant des concrétions représentatives des diverses formes de concrétions (stalactites, fistuleuses, disques, perles des cavernes...) et des différentes espèces minéralogiques (calcite ou aragonite blanches ou colorées, gypse, hydromagnésite, pyrite, galène, blende...) ;- des cavités renfermant une grande variété de concrétions ;- des cavités présentant un nombre exceptionnel de concrétions ;- les cavités qui renferment des formes ou des espèces minéralogiques rares ;- les cavités dont les concrétions sont en danger ;

2. de recenser les cavités déjà protégées ;

3. d'identifier les cavités, ou tout ou partie des cavités appartenant à un système hydrogéologique, nécessitant des mesures spéciales de conservation et d'établir la liste des formes et espèces de concrétions à protéger dans ces ensembles ;

4. d'établir une liste des sites les plus menacés de chaque pays ;

5. d'attribuer un statut de protection appropriée à une sélection de sites représentatif des principales localisations de concrétions (morphologie, minéralogie) ;

6. d'informer le Comité permanent des progrès de la mise en œuvre de la présente recommandation, y compris de la notification des zones sélectionnées ;

7. d'établir une liste de sites souterrains protégés d'importance internationale ou européenne et de proposer l'inclu-sion de ces sites dans un réseau international ou européen de réserves minérales souterraines ;

8. d'acheter les terrains (sol et sous-sol) des cavités retenues au paragraphe 7 de la présente recommandation et d'en contrôler ou d'en assurer la gestion ;

9. d'interdire le commerce (vente, achat, échange) ou l'utilisation de tout ou partie de concrétions provenant d'une cavité naturelle ou artificielle ;

10. d'assurer l'étude et le suivi scientifique des principales cavités concrétionnées ;

11. de faire procéder, avant tout aménagement d'une cavité pour le tourisme, à une étude permettant de déterminer les zones à protéger impérativement ; puis de procéder à une étude des caractéres environnementaux de la cavité afin de déterminer si les conditions d'aménagement sont compatibles avec la formation des concrétions ainsi qu'à leur conservation ;

12. de contrôler les problèmes de pollution, de génie civil, etc...en surface des cavités retenues pour la richesse de leur concrétionnement selon les critères prévus dans l'annexe 1 ;

13. de nommer dans chaque pays ou état un coordinateur, responsable du suivi de ces problèmes. Cette personne sera, avant tout, un scientifique (géologue, minéralogiste...), spécialiste des concrétions, connaissant bien la régle-mentation de son pays.

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Figure 56 : Proposition internationale sur la protection des concrétionsprésentée au congrés de l'Union Internationale de Spéléologie à La Chaux-de-Fond (Suisse), août 1997

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

99SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

98

Caractéristiques du milieu souterrain

Introduction : Il nous a paru nécessaire de présenter les caractéristiques du milieu souterrain, au titre duquel a été créée la réserve naturelle du TM 71. En effet, il n'est pas habituel que le milieu souterrain soit protégé. Il est souvent méconnu par comparaison au “patrimoine naturel de surface”. Le résumé qui suit émane de textes élaborés par l'Association Internationale pour le Patrimoine Souterrain et d'échanges avec des spécialistes du milieu souterrain karstique. Une recommandation spécifique à la protection des concrétions est en avant-projet (figure 56).

On a l'habitude de restreindre le milieu souterrain aux cavernes, parfois au réseau de fissures du karst ou aux mines anciennes. On réduit, en fait, à une vision très restrictive et anthropomor-phique ce milieu parmi les plus riches et les plus étendus. Dans le cas présent, nous considérons le milieu souterrain karstique, constitué de vides pénétrables par l'homme (grottes, gouffres, parcou-rus ou non par de l'eau souterraine), associés à des vides de beaucoup plus petites dimensions susceptibles de laisser circuler l'eau, l'air et les animaux inféodés à ce milieu. Le milieu souter-rain karstique est un milieu naturel, par opposition aux mines et souterrains constituant un milieu artificiel. Il possède des caractères spécifiques différents de ceux des milieux superficiels. De ce fait, le milieu souterrain karstique doit être étudié, aménagé et protégé selon des démarches, distinctes de celles

mises en œuvre en surface et qui soient adaptées à ses caractéristiques.

Caractéristiques du milieu souterrain karstique

1. Le milieu souterrain karstique est soumis à des échanges limités de matière et d'énergie avec l'extérieur.

2. Il est soumis à des variations de température et d'humidité de l'air très réduites comparées à celles de l'extérieur.

3. Les apports d'eau (infiltration), de chaleur et de matière organique au milieu souterrain kars-tique sont déterminés par la nature de la surface. L'épaisseur et la nature des sols, l'état de l'épi-karst (les premiers mètres de roche sous les sols et le couvert végétal conditionnent en partie ce qui se passe dans la partie souterraine.

4. Dans ses parties où l'eau circule (rivières souterraines, conduits et cavités noyés), les variations de température, de niveau de l'eau et de débit peuvent être importantes.

5. Il ne reçoit pas de lumière et ne fournit donc pas de production primaire à la base de la chaîne alimentaire.

6. Les êtres vivants qui le peuplent sont de petite taille, représentés surtout par des insectes, pour les terrestres, et par des crustacés, pour les aquatiques. Ils sont pour la plupart adaptés au milieu souterrain.

7. En France il n'existe pas de vertébrés spécifiques du milieu souterrain. Cependant le milieu souterrain peut servir à certains vertébrés d'habitat occasionnel ou habituel (chauves-souris).

8 Le milieu souterrain karstique renferme des dépôts sédimentaires, des dépôts chimiques (concrétionnements minéraux), des restes animaux et humains et des témoignages archéolo-giques variés.

Page 8: Évaluation du plan

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 57 : Classification des cavités en fonction de leur intérêt patrimonialprésentée au congrés de l'Union Internationale de Spéléologie à La Chaux-de-Fond (Suisse), août 1997

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

Les différentes parties d'une même cavité peuvent appartenir à plusieurs catégories. C'est ainsi que chaque cavité, naturelle ou artificielle, doit être gérée en fonction de sa destination (aménagement, centre de loisirs, spéléologues etc...) ainsi que de ses caractéristiques sportives et patrimoniales (archéologie, biologie, habitat, minéralogie, etc...).

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

101SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

100

Conséquences

1 Le milieu souterrain ne se renouvelle pas à l’échelle humaine : à la différence du milieu naturel exté-rieur où la végétation se renouvelle chaque année moyennant des conditions de vie minimales, le milieu souterrain préserve un patrimoine qui ne se constitue que très lentement au cours des millénaires (croissance des concrétions, vestiges historiques ou préhistoriques, etc...).

2 Le milieu souterrain est “un milieu conservateur”, en raison de la constance des paramètres cli-matiques ; c’est-à-dire qu'il conserve de façon quasi indéfinie aussi bien des vestiges de nos lointains ancêtres (art pariétal, foyer...), ou de l'ère tertiaire et quaternaire (phosphorites, ours des cavernes...) que la pollution de l'homme moderne : ordures, dégradations, graffitis, etc... Le milieu souterrain devrait être considéré comme un musée du temps.

3 Le milieu souterrain est limité : à la différence des autres milieux naturels, le milieu souterrain pénétrable par l'homme est très limité. Le visiteur est obligé de circuler dans les passages obligés que sont les galeries, les salles, les puits, etc...concentrant dans ces espaces toute la pollution due à sa présence que ce soit de façon directe (traces de pas, casse des concrétions...) ou indi-recte (effet de son métabolisme). La présence de l'homme dans le milieu souterrain modifie donc toujours plus ou moins ce milieu (accroissement de température, d'humidité, de gaz carbonique, présence de lumière, etc.)

4 Le milieu souterrain est peu connu : à la différence des autres milieux naturels où l'ensemble du domaine est accessible à l'homme, le milieu souterrain est difficile d'accès et seule une infime partie, de l'ordre de 1 % est pénétrable directement par l'intermédiaire des grottes, des gouffres. De ce fait, seule une petite partie du karst souterrain est connu directement.

5 La faune qui y vit est largement méconnue, excepté dans des régions très limitées où des études systématiques ont permis de découvrir des espèces, des genres et même des familles nou-velles. L'étude de la faune inféodée au milieu souterrain est donc loin d'être terminée. De plus il faut noter que la présence d'espèces souvent endémiques rend plus complexe l'étude des animaux peuplant le milieu souterrain.

6 Le milieu souterrain karstique recèle des concrétions minérales parfois rares, voire uniques n'ayant souvent pas fait l'objet d'études. En outre, les concrétions de grottes constituent actuelle-ment un objet d'étude très important pour la reconstitution de l'évolution des climats passés sur les continents.

7 Le milieu souterrain est fragile : la sur-exploitation des grottes touristiques met en péril la conservation du patrimoine qui s'y trouvait à l'abri. L'exemple de la grotte de Lascaux est là pour nous le rappeler. Le dérangement des sites d'hibernation ou de reproduction de chauves-souris est gravement préjudiciable à la conservation de ces espèces.

8 La conservation du milieu souterrain est intimement liée à ce qui se passe en surface. Les travaux de déboisements, de boisements, de génie civil (imperméabilisation, destruction de la couverture sédimentaire ou pédologique, destruction de l'épikarst), modifient les conditions environnemen-tales qui règnent à la surface du karst, et de ce fait peuvent avoir des conséquences importantes en profondeur sur le débit et la chimie des eaux d'infiltration, les teneurs en gaz carbonique et les variations de température. Ces paramètres influent directement sur la conservation de ce patri-moine, par exemple en favorisant la dissolution de la roche et des concrétions présentes, ou au contraire la précipitation de carbonates.

Proposition de classification des grottes

Code Type de cavités Gestion correspondante*

A Cavités d'intérêt sportif Visites spéléologiques classiques.

B Cavités-loisirs Cavités destinées aux colonies de vacances, aux centres de loisirs, etc...Encadrement spécifique (Brevet d'Etat).

C Cavités touristiques

C1 Grottes touristiques non protégées par un classement

Visites touristiques classiques.

C2 Grottes touristiques protégées par un classement (Monument Historique, Site Classé) et non gérées

Visites touristiques classiques, sans limitation.

C3 Grottes touristiques protégées par un classement (Monument Historique, Site Classé) et gérées

Mise en place d'une gestion (nombre de personne par groupe, nombre de groupe, etc...).

C4 “Grottes-Safari” Visites accompagnées par un guide compétent et titulaire des diplômes et autorisation nécessaires.

D Cavités non touristiques classées

D1 Cavités classées non gérées Cavités classées au titre de l'une des lois de 1913, 1930; 1976 ne présentant pas de gestion (quota de visites).

D2 Cavités classées et gérées Cavités classées au titre des lois de 1913, 1930, 1976 et gérées, parfois par un comité de gestion.

Dans un ensemble karstique important géré, comportant de nombreuses grottes, celles-ci peuvent appartenir à l'une ou l'autre des classifications de ce tableau.

La présence de guides spécialement formés à la gestion de ces cavités serait vivement souhaitable.

E Cavités-références Grottes présentant un intérêt exceptionnel. Ces cavités doi-vent être classées au titre de l'une ou l'autre des législations de protection ( lois de 1913, 1930, 1976 pour la France).

Leur visite ne devrait se faire qu'avec des guides spéciale-ment formés à cet effet.

E1 Cavités-références Une liste est établi sur proposition de spécialistes et après avis du C.N.P.N. et du ministère de l'Ecologie.

E2 Inscription au patrimoine de l'UNESCO

Patrimoine naturel : liste à proposer par des spécialistes des concrétions, de la karstologie, ...

Patrimoine culturel : liste à proposer par des spécialistes de l'archéologie.

F Cavités fermées Ces cavités présentent un intérêt patrimonial exceptionnel (archéologie, biologie, minéralogie, etc...).

Elles sont classées ou non et nécessitent le minimum de visites (le plus souvent des cavités à intérêt archéologique visitées par des spécialistes).

Page 9: Évaluation du plan

Photo 38 : ©Chistophe Levillain Photos : 37, 39 et 40 : Philippe Moréno Copyright ©Association TM 71 - Juin 2002

Figure 58 : Les formes minérales rares de la grotte du TM 71

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

103SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

102

B 1.2 Evaluation qualitative de la diversité

B 1.2.1 Diversité minérale

À noter que : Sur les 20 à 30 cavités-références très concrétionnées qui ornent notre pays, le TM 71 arrive dans les 5 à 10 premières places (d'après de nombreux experts reconnus).

Une concrétion de grotte, ou spéléothème, résulte de la précipitation de sels dissous dans l'eau souterraine ; les stalactites et les stalagmites sont les formes les plus classiques. Ce sont des formations minérales, présentant ou non des formes cristallines, et pouvant être colorées par des substances organiques ou minérales rares contenues dans l'eau. Les concrétions constituent l'inté-rêt primordial de la grotte du TM 71. On y rencontre plusieurs types de concrétions rares:

• L'aragonite, qui prend dans la salle des émeraudes (photo 38) une belle couleur bleue due à la présence de cuivre. Ailleurs, on observe des aragonites en boules. Sur l'ensemble des grottes connues en France, 25 seulement renferment de l'aragonite bleue et 5 de l'aragonite en boules.

• Des stalagmites à section triangulaire (photo 37), appelées également cierges prismatiques ; une dizaine de grottes en France abritent de telles concrétions.

• Le “disque sur fistuleuse” ou “cymbales” est unique au monde (photo 40). Il est constitué de 2 disques de calcite de 5 cm de diamètre séparés par un vide de 1 cm.

• Des colorations vertes dont l'origine est encore inconnue (photo 39).

B1.2.2 Diversité géologique

Les cavités comprises sur la réserve naturelle présentent une diversité morphologique représen-tative des phénomènes karstiques : porches, galeries, puits, éboulis, grandes salles, chatières, diverticules, rivière souterraine, siphons, etc... Quelques grottes présentent en outre des traces d'occupations humaines préhistoriques dont les vestiges sont d'intérêt européen. Dans la grotte du TM 71, on peut distinguer deux parties :

• La partie fossile, contenant : des concrétions classiques en abondance (stalactites, stalagmites, draperies, gours), des concrétions remarquables (excentriques, fistuleuses, perles), des concré-tions rares décrites plus haut (aragonite bleue, aragonite en boules, disques).

• La partie active hydrologiquement possède trois arrivées d'eau, d'origine encore inconnue, don-nant naissance à la rivière souterraine. Sur les banquettes du cours d'eau, différents vestiges laissés par les ours des cavernes permettent d'observer : griffades, bauges, empreintes, osse-ments.

B 1.2.3 Diversité biologique

Milieu de surface

Une première étude non exhaustive révèle des richesses floristiques et écologiques non négli-gables (p. 92-93). Ces données complètent ainsi la géodiversité de la réserve.

Milieu souterrain

Dans la grotte du TM 71, 13 espèces cavernicoles découvertes à ce jour sont remarquables : une rare, huit endémiques, une relicte et quatre probablement nouvelles (p. 90-91). Concernant la faune souterraine, nous pouvons dire qu'elle est représentative de ce secteur des gorges de l'Aude.

Photo 37 : Cierge à section triangulaire

Photo 38 : La salle des Emeraudeset ses aragonites bleues au plafond

Photo 39 : Concrétion colorée en vertorigine de la coloration inconnue Photo 40 : "Les cymbales"

Page 10: Évaluation du plan

Déboisement Usine

Déchargepublique

Charnier

Elevage

Pesticides

Station de pompage eau "potable"

Egoûts

Hydrocarbures

Infiltrations

Extension de la réserve naturelle Projection en plan de la grotte du TM 71

Extrait Scan25® IGN

250 mN

Figure 60 : Principales actions néfastes indirectes sur le milieu souterraindessin d'après Ch. Lamaison, Fédération Française de Spéléologie

Mise en forme : Philippe Moréno Copyright ©Association TM 71 - Juin 2002

Figure 59 : Protection de l'ensemble du réseau hydrogéologiquedont le réseau spéléologique est un élément

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

105SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

104

B 1.2.4 Délimitation en surface

Périmètre destiné à protéger le site naturel du TM 71

A la suite des prospections de terrain réalisées en périphérie de la réserve, de nouvelles unités se dessinent tout aussi intéressantes. Il apparait donc judicieux de mettre en place une zone de protection nouvelle, dans la partie amont, afin que les unités écologiques remarquables puissent être conservées et mises en valeur (voir p. 46 et 47). La réserve du TM 71 protège l'ensemble du réseau hydrogéologique et non seulement spéléologique actuellement exploré. Ce qui constitua, lors de sa création en 1987, une première en France.

B 1.2.5 Vulnérabilité du milieu souterrain

Le milieu souterrain, à l'abri des variations extérieures, est réputé pour ses propriétés de conserva-tion. Il présente des échanges limités avec l'extérieur ; de ce fait les variations naturelles des para-mètres environnementaux sont faibles comparées à celles de l'extérieur. C’est pourquoi l'homme par sa présence sous terre et par ses activités et comportements (figure 59), peut bouleverser, par-fois sans le savoir, les conditions naturelles. Il peut dégrader, en quelques années, un patrimoine resté intact jusque-là depuis des millénaires. Ces dégradations affectent surtout les concrétions, mais aussi les restes archéologiques, les sols souterrains et les écoulements d'eau.

Causes de la dégradation des concrétions

S'il est relativement facile de définir ce qu'est la formation d'une concrétion, il est beaucoup plus difficile de caractériser son altération et sa dégradation. En effet, les concrétions subissent au cours de leur histoire non seulement une croissance, mais aussi des transformations : leur crois-sance peut s'arrêter, reprendre, leur position ou leur forme peut changer, leur nature minéralogique peut évoluer. C'est pourquoi l'altération des concrétions n'est la plupart du temps qu'un ensemble de transformations naturelles. Mais à côté de ces phénomènes, les concrétions subissent aussi des dégradations qui, elles, sont provoquées par l'homme.

Un équilibre fragile

Tous les équilibres que l'on peut observer dans le milieu souterrain et qui sont à l'origine des caractéristiques conservatoires sont liés à des problèmes d'échanges entre la cavité, la masse rocheuse et l'extérieur. Même si les phénomènes sont complexes, on arrive globalement à un comportement simple du karst, à savoir que si les échanges sont trop modifiés, on déstabilise le milieu. C'est ce qui se produit lorsque l'homme intervient involontairement par ses actions :

• De façon directe : éclairage important dans les grottes aménagées, visites en grand nombre, élar-gissement d'ouverture ou inversement, apparition de déséquilibres créés, par exemple, par la pose d'une porte hermétique empêchant les échanges avec l'extérieur.

• De façon indirecte : travaux de génie civil en surface, rejets d'eaux usées, mises en décharges.

La capacité conservatoire

Il existe tout de même une plage de tolérance grâce à laquelle les échanges paroi-cavité et cavité-extérieur permettent aux propriétés conservatoires de la grotte de se maintenir. Il s'agit donc de ne pas dépasser les seuils de stabilité de la grotte ; la conservation de l'ensemble des valeurs patrimo-niales de l'espace souterrain peut être alors associée à la capacité conservatoire de la grotte.

Page 11: Évaluation du plan

Photo 43 : Patrick CabrolPhotos : 41, 42 et 44 : Philippe Moréno Copyright ©Association TM 71 - Juin 2002

Figure 61 : Illustrations des mesures de préservation et de sécurisation

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

107SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

106

Mesures prises pour préserver la grotte du TM 71

Introduction : Décrites en quelques lignes dans le chapitre A2.6, les mesures de préservation de la grotte du TM 71 sont maintenant détaillées. Dans la communauté des spéléologues, elles servent souvent d'exemples et de références pour la protection de grottes exceptionnelles.

Depuis la découverte, les mesures mises en place pour protéger la grotte du TM 71 sont :

1 La pose de portes aux entrées. Dans une cavité aussi fragile, il faut absolument contrôler les entrées et ce, de façon très stricte. C'est pourquoi des portes solides ont été mises en place dès la découverte aux deux entrées. L'entrée inférieure, proche de la route D118, a été complétée par une seconde porte et un système d'alarme. Ces fermetures ont un double but : tout d'abord, empê-cher que des intrus, des pilleurs, des collectionneurs pénètrent dans la caverne et ensuite éviter la surfréquentation : néophytes de clubs spéléologiques, centres de vacances et de loisirs, etc.

2 La limitation de l’accès. Nous avons vu que l'action involontaire de l'homme dans le milieu est loin d'être négligeable : en effet, il est capable de déstabiliser l'environnement souterrain. L'homme respire : absorbe de l'oxygène, rejette du gaz carbonique et de la vapeur d'eau, produit de la chaleur ; il transporte aussi des germes, des bactéries qui, introduits dans la grotte, peuvent être à l'origine de réactions biochimiques intervenant dans les processus d’altération. En conséquence, un nombre maximum de 120 personnes par an a été fixé par arrêté préfectoral ; le nombre de visites ne peut être supérieur à deux par mois. Le groupe est composé de 10 personnes maximun (8 visiteurs et 2 accompagnateurs).

3 L'accompagnement des visiteurs. Comme dans beaucoup de grottes fragiles, les visites sont enca-drées. Dans le cas de la grotte du TM 71, des personnes représentatives de différents spéléo-clubs du département de l'Aude sont agréées par la préfecture. Dans les cavités remarquables, plusieurs dizaines d'années d'expérience ont confirmé ce constat : là où les visites sont libres, il y a des souillures et des dégradations, alors que dans le cas où les visites sont encadrées par des per-sonnes compétentes, il n'y a quasiment rien à signaler. Toutes les galeries ne sont pas visitables, car trop fragiles ou trop difficiles d'accès en particulier les parties exondées au-delà du siphon qui représentent près d'un kilomètre et demi de conduits richement concrétionnés.

4 La pose d'un balisage au sol. A l'image de ce qui a été réalisé avec succès dans la grotte voisine de l'Aguzou, un premier balisage a été installé dès la découverte dans les endroits les plus sensibles. Un deuxième, plus visible, a été posé en 1996 sur près d'un kilomètre. Matérialisé au sol par deux fines bandes, il permet de faire passer tout le monde au même endroit afin de ne salir qu'une partie de la cavité. La pose de ce balisage (voir photo 44) est le moyen le plus efficace et le plus simple découvert à ce jour.

5 L'amélioration et la sécurisation de la progression. La grotte du TM 71 est une cavité facile qui ne présente pas de difficulté majeure. Néammoins, des passages ont été équipés en fixe (cordes et câbles en mains-courantes, échelles) pour des questions de sécurité mais aussi de facilité de pro-gression lors des visites à caractère scientifique ou encore pour la continuation des explorations. Des casques et éclairages électriques répondant aux normes en vigueur sont fournis gratuitement aux visiteurs. Chaque dirigeant de l'association gestionnaire ainsi que les visiteurs sont tenus de bénéficier d'une assurance responsabilité civile pour ce type d'activité. Des mesures ont été prises avec la protection civile du département et le Spéléo-Secours Français en cas d'éventuel accident.

Photo 41 : Porte de l'entrée 2 munie d'un système d'alarme

Photo 42 : Les visites s'effectuentpar petits groupes

Photo 44 : Pose d'un balisage au solPhoto 43 : Franchissement d'une vireéquipée en fixe

Page 12: Évaluation du plan

Perte

Galerie "fossile" tronquéepar l'érosion de surface Infiltration diffuse

Exutoire inactif

Exutoire de crue

Emergence active

Conduit vauclusien

Vallée

Zone épikarstique

Zone d'infiltration

Zone de battement de nappe

Zone noyéeFlux

Flux

Conduit perché inactif

Limite d'action de la karstification

Puitset méandres

Concrétionnement

Salle

NBk

SP mini

SP maxi

NBg

Aquifère karstique

Terrains imperméables

Niveau de base régional ou géographique

Niveau de base karstique (spécifique à un karst donné)

Surface piézométrique (maxi : haute, mini : basse)

NBg

NBk

SP

Niveau de base

Exutoireprincipal

Drain

Aquifèreépikarstique

Rivièresouterraine

Terrains non karstiques

Gouffre

Infiltrationrapide

Perte

Infiltrationretardée

Zoned'infiltration

Niveaupiézométrique

Karst noyé

Systèmesannexes

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002

Figure 63 : Coupe schématique idéale d'un karst barréd'après Jacques Bauer, Fédération Française de Spéléologie

Mise en forme : Philippe Moréno

Figure 62 : Représentation conceptuelle d'un système karstiqued'après A. Mangin et R. Rouch, Laboratoire souterrain de Moulis

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

109SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

108

B 1.2.5 Position dans l'unité géographique

À noter que : La réserve naturelle est située dans une vaste zone karstique : le karst du Pays de Sault (voir page 31). Pour comprendre mieux ce qu'est un karst, nous présentons un condensé issu de publications réalisées par les chercheurs du Laboratoire souterrain de Moulis et en par-ticulier son Directeur, Alain Mangin, spécialiste en hydrogéologie karstique.

Origine du karst

La formation du karst commence avec l'action d'eaux acides circulant dans les roches calcaires ; une fois dissoutes, elles laissent place à de grands vides. Ces vides liés les uns aux autres à partir de la surface, suivant une structure bien définie, constituent un karst, en référence à la région actuelle de Slovénie où le phénomène fut décrit pour la première fois, il y a près d'un siècle. Deux acteurs s'imposent pour comprendre le processus :

1 Les roches calcaires, d'origine sédimentaire et biochimique sont généralement dures et donc très cassantes ; elles se fissurent à la moindre déformation, occasionnée par exemple par des mouve-ments tectoniques. Elles se dissolvent, en présence d'eau acide, suivant des mécanismes physico-chimiques assez complexes qui réclament plusieurs jours avant de se mettre en place.

2 Les eaux acides, qui le deviennent lorsque, s'infiltrant dans le sol, elles s'enrichissent du gaz carbonique produit par l'activité biologique. Or, par leur fissuration, les calcaires possèdent une perméabilité suffisante pour permettre à l'eau de s'infiltrer et de circuler sous terre. C'est ainsi que les eaux acides élargissent par dissolution certaines des fractures et organisent ainsi des vides karstiques selon un dispositif tout à fait original dont la grotte du TM 71 fournit un excellent exemple.

L'organisation hiérarchique des karsts

L'organisation des vides karstiques résulte de la dynamique même du phénomène de dissolution appelé karstification. Il en résulte, à l'échelle du massif, une organisation hiérarchique des vides, de l'amont vers l'aval, comparable à l'organisation des réseaux hydrauliques de surface. Le karst est formé de trois zones principales :

1 Une zone épikarstique, près de la surface, où les variations climatiques et différents proces-sus (racines des arbres, dissolution, décompression) ont créé en abondance des fractures et des vides de petites dimensions. Il s'agit en quelque sorte de la “peau” du karst, où se produisent les échanges avec l'extérieur, mais également le stockage d'une partie des eaux de pluie.

2 Une zone d'infiltration où les eaux suivent deux chemins en n'occupant pas la totalité des vides. L'un, rapide, passe par les fissures élargies, l'autre beaucoup plus lent emprunte des fissures très fines.

3 Une zone noyée où l'eau s'enfonce en profondeur en occupant tous les vides. L'eau tend à s'écouler plutôt horizontalement, avec un réseau de drainage constituant les rivières souterraines. De part et d'autre, et en liaison avec elles, existent de nombreux vides de grandes dimensions, appelés “systèmes annexes de drainage”.

Page 13: Évaluation du plan

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Figure 64 : Illustrations de l'héritage géologique et climatique

Photos 45 et 49 : ©Christophe LevillainPhotos : 46, 47 et 48 : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

111SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

110

B 1.2.6 Caractère naturel/typique

Introduction : La grotte du TM 71 résulte de la coïncidence d'un héritage géologique spécifique-ment riche, d'une situation dans une zone tectonique active et d'une forte empreinte de l'histoire climatique récente.

L'empreinte tectonique

L'histoire tectonique est complexe ; elle est liée au plissement pyrénéen qui a débuté à l’Eocène (40 Ma) dans le domaine pyrénéo-provençal et qui se poursuit actuellement. Ces mouvements se poursuivent dans les Pyrénées et se manifestent par des coulissages d’ampleur régionale, une succession de phases tectoniques compressives et extensives mais surtout par une élévation importante des reliefs.

L'empreinte tectonique influe sur le développement de la karstification ; les réseaux de fractures créés par ces mouvements sont utilisés préférentiellement par les écoulements souterrains. Elle se manifeste par des ruptures nettes et visibles, comme par exemple, le miroir de faille dans la grotte du TM 71 (photo 46).

La marque des climats

Les périodes climatiques chaudes et humides sont responsables de dissolutions importantes en surface et sous terre ; elles ont produit des redistributions de matière dans le karst avec un fort concrétionnement souterrain. Les périodes sèches et froides, au contraire, montrent de faibles taux de concrétionnement ou des lacunes.

La morphologie des réseaux est dépendante des variations climatiques. En période froide (par exemple les glaciations quaternaires), les niveaux de base sont bas près des côtes du fait de l'abaissement général du niveau des mers de 100 à 150 m. Les rivières entaillent alors fortement les vallées, les réseaux karstiques s'enfoncent si les conditions géologiques et pluviométriques le permettent.

D'après Michel Bakalowicz, l'évènement messinien (6 Ma) de la fermeture et de l'assèchement de la Méditerrané a joué le même rôle mais avec une plus grande ampleur, puisque le niveau marin s'est abaissé de plus de 1000 m ; de ce fait, tous les karsts du pourtour méditerranéen, et uniquement eux, ont été particulièrement marqués par cet évènement exceptionnel.

Cependant, on ne sait pas encore si cet évènement a pu marquer les paysages pyrénéens de la haute vallée de l'Aude, et donc contribuer à la morphologie karstique de l'environnement de la grotte du TM 71. Les études en cours, en particulier conduites par le BRGM, pourraient apporter des informations sur les effets de la crise messinienne dans cette région.

Un héritage géologique typique

Tous les terrains de la réserve naturelle sont d'âge primaire. Ils sont fortement dolomitisés ; or les dolomies sont à l'origine des belles cristallisations qui font tout l'intérêt de la grotte. De plus, la minéralisation en sulfures polymétalliques, le plus souvent plomb/zinc/cuivre, présente dans ces terrains a induit localement des anomalies géochimiques qui ont produit des néoformations exceptionnelles comme les aragonites bleues.

Photo 45 : La salle du Diable témoigne de l'empreinte tectonique

Photo 46 : Détail du miroir de faille

Photo 47 : Remplissage incisé par une reprise d'érosion en bordure de la rivière

Photo 49 : Morphologie des conduits étagés au carrefour de l'amont et de l'aval

Photo 48 : Les sables et graviers,archives sédimentaires du quaternaire

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Figure 65 : Illustrations de la valeur esthétique

Photos : ©Christophe Levillain

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

113SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

112

Le caractère typique du système karstique

Les éléments du système karstique : zone épikarstique, zone d'infiltration, zone noyée, drains, systèmes

annexes au drainage jouent des rôles très différents dans le processus hydraulique global. Tous ces éléments présentent des dynamiques de fonctionnement particulières, des tailles et des formes contrastées et hébergent des concrétions différentes. En général, toutes les parties du karst n'ap-paraissent pas au complet dans les réseaux pénétrables par l'homme.

Le réseau spéléologique du TM 71 est, pour sa plus grande part, un ancien réseau de drainage karstique qui permet d'observer l'organisation des écoulements dans le karst. Ceci n'est en gé-néral pas possible dans un karst complètement actif, puisque l'eau empêche la pénétration et l'observation directe. C'est ainsi que le TM 71 fournit des sites exemplaires pour chacune de ces zones : zone d'infiltration à partir de l'entrée supérieure, zone épikarstique dans les premiers mètres de l'entrée inférieure, ancien conduit de rivière souterraine, système annexe au drainage pour la galerie des Merveilles, mais également un très bel exemple de drain actif avec la rivière souterraine.

B 1.2.7 Attraits intrinsèques

L'étrangeté du milieu souterrain

La valeur esthétique des grottes est associée au fascinant, à l'étrangeté et à l'extraordinaire du fait que souvent le développement morphologique des concrétions est étonnant. Cette étrangeté pa-rait avoir des raisons objectives. En effet, le milieu souterrain est fortement marqué par sa nature strictement minérale et l'absence totale de lumière. De plus, les processus physico-chimiques qui modèlent le paysage souterrain n'ont souvent aucune expression visible en surface. La morpho-logie des galeries (parois tourmentées ou au contraire très régularisées) sont essentiellement le résultat d'une dissolution chimique qui modèle la roche.

Les formes minérales

Elles sont l'élément esthétique le plus frappant du milieu souterrain car elles diffèrent nettement des modèles morphologiques des environnements de surface. L'expression de symétries dans les formes est un élément esthétique remarquable. Ces symétries sont présentes dans les processus physiques dirigeant le concrétionnement : ainsi la gravité se matérialise de façon évidente dans les associations stalactite/stalagmite, les terminaisons cristallines géométriquement parfaites expriment dans leurs formes extérieures les symétries internes du réseau cristallin. Dans certains cas, la symétrie se perd. L'effet est alors renforcé par le développement d'une forme bizarre, contraire à une certaine logique. C'est le cas des excentriques dont la croissance dans différentes directions, laisse l'observateur perplexe.

L'éclairage et la couleur

L'abscence totale de lumière est la caractéristique principale du milieu. Le rapport entre le visi-teur et le paysage est ainsi très différent. Il découvre lui-même cet espace souterrain par un éclairage artificiel. Alors que l'adaptation à l'obscurité se traduit souvent par une dépigmentation de la faune, on a la surprise de trouver un monde minéral généralement coloré. Les colorations des concrétions (photos 50 et 51) sont souvent remarquables par leurs nuances depuis les noirs ou rouges sombres jusqu'aux orangés, des jaunes et des blancs très purs.

Photo 51 : La galerie des Merveilles se caractérise par des concrétions très blanches

Photo 50 : La diversité des couleurs fait l'admiration des visiteurs

Page 15: Évaluation du plan

Grotte du TM 71

Secteur Fragilité Attrait LisibilitéAccès

Thèmes développésa b

Dès l'entrée 2 * * * * *

• Comportement et progression dans un milieu souterrain sensible et fragile• Spéléométrie de la cavité• Historique rapide de la découverte• La réserve naturelle du TM 71

Galerie des Merveilles *** *** *** * *

• Les mesures de protection prise dès la découverte• Les différentes caractéristiques du milieu souterrain• Explication des différentes formes de concrétions observées : cierges trian-gulaires, gours, excentriques, disques, etc...

Partie aval concrétionnée ** *** *** * *

• Observation de la diversité minérale• Origine des couleurs des concrétions• La relation surface/milieu souterrain• Les forces dominantes intervenant dans la formation des concrétions• Observation des premiers vestiges d'ours et état des connaissances• L'héritage géologique locale : granite de Quérigut, métamorphisme, calcaire primaire

La Rivière * *** *** * **

• Le creusement du réseau• L'origine de la rivière souterraine• Le karst du Pays de Sault : son explo-ration, son potentiel, sa formation.• La marque des climats• Les remplissages : observation et explication• L'ours des cavernes : bauges, osse-ments, griffades, empreintes

Siphon des griffes : prise d'un repas en commun et discussions

* ** ** * **

• Histoire plus détaillée de la découverte• La découverte aval post-siphon• Le rôle des spéléos dans la gestion de la cavité : club découvreur, CDS 11• L'association gestionnaire : les mem-bres impliqués, le rôle du conservateur, les salariés et les bénévoles• Le suivi scientifique et les projets• La place de la réserve dans l'ensemble des grottes françaises et étrangères• Les cavités-références• Les relations propriétaires/spéléos• Observation de griffages d'ours• La gestion du TM 71 : opération pilote

Salle du Diable * *** *** * *** • Observation du miroir de faille• L'histoire tectonique locale

Salle des Emeraudes *** *** **** * ***

• Observation des aragonites bleues et explication de l'origine des couleurs• Observation du disque sur fistuleuse et explication de sa formation• La suite potentielle du réseau amont• La relation métamorphisme/métaux

Fragilité - Attrait - Lisibilité : faible * moyen ** fort ***Accès - a, spéléo - b, non spéléo : facile * sportif ** difficile ***

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 66 : Analyse du potentiel d'interprétation - grotte du TM 71

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

115SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

114

B 1.3 Analyse des potentiels d'interprétation

B 1.3.1 Potentiels relatifs au milieu souterrain

La grotte du TM 71

La majeure partie des visiteurs venant découvrir la grotte du TM 71 sont des spéléologues issus de clubs français et étrangers. Pour ce public sportif et averti, le but est de voir un réseau excep-tionnellement concrétionné : aragonite bleue, pureté minérale de certaines galeries. Lors de la visite qui dure la journée, l'intérêt se porte également sur le mode de gestion de la cavité et l'im-plication des spéléologues locaux dans les différentes structures associées à la réserve naturelle.

Pour les autres visiteurs (propriétaires, techniciens, administratifs, élus locaux), c'est avant tout la découverte d'une richesse naturelle locale à valoriser tout en la protégeant. C'est aussi l'occasion dans ces visites conviviales, au delà de la sensibilisation au milieu, de montrer ce que les spéléo-logues, dans leurs activités exploratoires, peuvent apporter à la société.

Sur un total de 11 km connus actuellement, la partie visitée ne représente que 2 km. Les 9 km restant ne sont pas accessibles d'abord par manque de temps, ensuite parce que certaines galeries se dégraderaient vite au passage d'un groupe (concrétions brisées, piétinement de vestiges d'ours des cavernes) et enfin parce que certaines parties, d'un moindre intérêt, restent difficile d'accès (réseau Janine, réseau G2, Labyrinthe) ou sont en cours d'exploration (siphons, Rivière Bleue). Dès l'entrée 2 franchie, la progression s'effectue dans de vastes galeries fossiles (galerie des Merveilles, salle du Diable, salle des Emeraudes) puis dans la partie active (Rivière souterraine, Arrivées d'eau, Siphon). Tout le long du parcours des explications sont données aux endroits les plus représentatifs et remarquables. La figure 66 détaille le potentiel d'interprétation par secteur en nuançant les difficultés du cheminement pour un public spéléo et non spéléo.

Photo 52 : La rivière souterraine de la grotte du TM 71

Page 16: Évaluation du plan

Grotte de l'Aguzou

Secteur Fragilité Attrait LisibilitéAccès

Thèmes développésa b

Avant d'entrer * *

• Consigne de sécurité et de protection du mileu souterrain• Historique des découvertes• Notion spaciotemporelle• Présentation du site classé de l'Aguzou

Dès la première salle * * * * *

• Les dégradations faites au début du siècle dernier• Le concept de patrimoine géologique• Le concept de patrimoine souterrain• Progression dans un milieu sensible

Avant d'entrer dans l'Aguzou II * * * * *

• Explication sur la découverte du nou-veau réseau en 1965• Nécessité de protéger une grotte exceptionelleFormation des grottes : creusement, remplissage, cristalisation• La relation surface/milieu souterrain• Les êtres vivants dans les grottes

Salle de la DécouverteSalle du Minaret ** *** *** * **

• La profusion et la variété des concré-tions• Le développement de la grotte• Explication sur l'origine des couleurs

Salle à manger : lieu de convivialité autour d'un repas en commun

* *** *** * **

• Originalité de la visite• La gestion du site classé de l'Aguzou• Les autres espaces souterrains proté-gés• L'éducation à l'environnement• Le métier de conservateur de grotte• La place de la cavité dans l'ensemble des grottes françaises et étrangères• Les cavités-références• Le tourisme souterrain• La promotion de la grotte de l'Aguzou• Le rôle des spéléos dans la découverte

Galerie des Fleurs *** *** *** * **

• Observation et explication de la profu-sion minérale• Explication sur les mesures de protec-tion, le cheminement, le comportement• Observation et explication sur la forma-tion de cristaux rares ou remarquables• La marque des climats• Les caractéristiques du milieu• Les aspects scientifiques et les recher-ches actuelles• Ecoute du silence dans l'obscurité• Les techniques photographiques sous terre

Suivant les groupes :

• Salle des Mille et une nuits• Salle du Chaos• Salle de la Couronne de la Reine

*** *** **** * **

• Faire découvrir d'autres salles remar-quables• Observation d'aragonite massive ou en bouquets, de draperies colorées, de cierges bougeoir, de cristaux triangulai-res, etc...• Progresser plus loin dans le réseau

Fragilité - Attrait - Lisibilité : faible * moyen ** fort ***Accès - a, spéléo - b, non spéléo : facile * sportif ** difficile ***

Copyright ©Association TM 71 - Mai 2002

Figure 67 : Analyse du potentiel d'interprétation - grotte de l'Aguzou

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

117SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

116

La grotte de l'Aguzou

L'objectif poursuivi à travers les visites organisées dans la grotte de l'Aguzou est de permettre à un large public de s'émerveiller, d'admirer des formes cristallines exceptionnelles dans le plus grand respect des lieux.

De retour à la lumière, chacun à sa manière aura vécu un moment intense au contact d'un monde magique et surprenant. Le rôle des visites est également d'apporter des connaissances historiques et scientifiques dans ce domaine spécifique qu'est le milieu souterrain : exploration du réseau, formation des cristaux, creusement des cavités, êtres vivant sous terre.

Pour fédérer des actions communes liées à l'éducation à l'environnement et au tourisme raisonné, la grotte de l'Aguzou s’associe à différents projets au sein de réseaux départementaux, régionaux, nationaux et internationaux.

Pour présenter et comprendre la diversité de l'espace souterrain, trois fiches pédagogiques sont proposées aux enseignants : la découverte d'une grotte protégée, l'exploration du monde souter-rain, la formation et l'évolution d'une grotte. Ces modules d'animation originaux sont adaptés aux différents niveaux scolaires. Ils s'appuient sur des valeurs et démarches pédagogiques visant à mieux appréhender l'espace souterrain et permettre à chaque jeune de devenir acteur de sa pré-servation.

Photo 53 : La galerie des Fleurs, richement concrétionnée, permet de sensibiliserun large public à la beauté, la fragilité et le respect du patrimoine souterrain

Page 17: Évaluation du plan

Faune, flore, paysages et milieux naturels

Thèmatique en projet Fragilité Attrait Lisibilité Accès A développer

La faune *** *** * **

• Exposition dans la future Maison de la réserve• Observation sur un sentier spécifique• Le thème de l'ours• Les autres espèces remarquables : Desman, Rhinolophes, Aigle royal, etc...

La flore *** *** ** **

• Exposition dans la future Maison de la réserve• La diversité floristique de la réserve• Observation sur un sentier spécifique• Les orchidées• Les espèces remarquables et rares

Paysages et milieux naturels * ** ** **

• Exposition dans la future Maison de la réserve• Les paysages d'hier et d'aujourd'hui• Conséquence de la déprise agricole• Les unités écologiques

Géologie et paysage karstique

La géologie structurale locale * * ** **

• Exposition dans la future Maison de la réserve• Le patrimoine géologique• Le métamorphisme• Lecture de la carte géologique locale• Le granite de Quérigut• Sentier d'interprétation géologique à créer• La série allochtone du Pic d'Ourtiset• La tectonique varisque• La protection du patrimoine géologique

Le paysage karstique

Le fonctionnement du karst

** ** ** **

• Exposition dans la future Maison de la réserve• Aspects du paysage karstique• Origine et l'organisation du karst• Le karst du pays de sault : exploration, spéléométrie, potentiel, fonctionnement• La marque des climats• Création d'un sentier karstique• Les aspects scientifiques et les recher-ches actuelles

Exposition sur le monde souterrain, future maison de la réserve

*** *** *

• La grotte du TM 71 et son patrimoine• La diversité du milieu souterrain• Caractéristiques et intérêts patrimo-niaux• Aspects scientifiques• L'exploration du monde souterrain• La protection des grottes

Fragilité - Attrait - Lisibilité : faible * moyen ** fort ***Accès : facile * sportif ** difficile ***

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Figure 68 : Potentiels d'interprétations biotiques et abiotiques à valoriser

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

119SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

118

B 1.3.2 Potentiels relatifs au milieu extérieur

La surface extérieure de la réserve naturelle est dans la majorité montagneuse avec de fortes pentes, souvent boisées et entrecoupées de falaises et zones d'éboulis difficilement accessible pour un large public. Le potentiel existe pourtant ; il devrait permettre, dans ce premier plan de gestion, d'élaborer un plan d'interprétation local (objectifs, ressources et contraintes, servitudes, choix des thèmes, types de visiteurs, mise en œuvre, évaluation).

Potentiels biotiques

La faune, la flore et les paysages pourraient être abordés de deux manières :

• Par des visites thématiques de terrain, de préférence accompagnées, privilégiant l'observation de la faune, la flore ou les paysages sur des sentiers aménagés à cet effet. Une attention parti-culière sera apportée à certains lieux sensibles comme les falaises (nidification de rapaces) ou encore l'entrée de petites cavités abritant des chiroptères qu'il faut éviter de déranger (périodes d'hibernation et de reproduction).

• Par des interventions, dans la salle d'exposition de la future maison de la réserve naturelle.

Potentiels abiotiques

L'aspect géologique pourrait être détaillé de deux façons complémentaires :

1 Sur le terrain, par une lecture de la géologie structurale en bordure de routes et chemins, par la création d'un sentier karstique ou de lieux représentatifs montrant les différents aspects environnementaux (poljé, dolines, vallées sèches, canyon, lapiaz, pertes, grottes, émergences).

2 En salle, dans la future maison de la réserve où plusieurs thèmes liés au monde souterrain seraient à aborder :

• La grotte du TM 71 et son patrimoine, la diversité du milieu souterrain, la protection des grottes, l'origine et l'organisation du karst, le karst du Pays de Sault, l'exploration du monde souterrain, etc...

• La géologie pourra occuper également un espace en traitant différents aspects : la tectonique, le métamorphisme, le granit de Quérigut, la lecture de la carte géologique locale, les différen-tes roches rencontrées sur la réserve.

À noter que : La contrainte majeure de la salle d'exposition est sa faible surface (31 m2) ; un véritable plan d'aménagement intérieur devra être étudié. Peut-être, serons-nous amenés à faire des choix sur les sujets à traiter pour une meilleure lisibilité ?

Page 18: Évaluation du plan

Patrimoine lié à l'homme

Thèmatique en projet Fragilité Attrait Lisibilité Accès A développer

Histoire de la découverte et de l'exploration de la grotte du TM 71

Exposition dans la future maison de la réserve

*** *** *

• L'exploration par le groupe spéléologique de Montpeyroux

• Une aventure humaine

• La passion du monde souterrain

Les grottes préhistoriques de la réserve naturelle

Pas de visite sur le terrain

Exposition dans la future maison de la réserve

*** *** *

• L'abri de Dourgne

• La grotte sépulcrale

• La grotte des graines

• Les autres grottes préhistoriques

Monuments historiques

Privilégier les visites sur le terrain

** ** ** **

• L'église du Pech

• L'ancien château de Dournes

• Le patrimoine de la commune

Le patrimoine minier

Pas de visite dans les mi-nes mais possibilité de voir l'extérieur

Exposition dans la future maison de la réserve

** ** ** **

• Exposition dans la future Maison de la réserve

• Le patrimoine minier

• L'histoire des mines de fer

Fragilité - Attrait - Lisibilité : *faible **moyen ***fortAccès : *facile **sportif ***difficile

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Figure 69 : Potentiels d'interprétations liés à l'homme à valoriser

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

121SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

120

B 1.3.3 Potentiels humains

Historique de l'exploration

La découverte d'une grotte intéresse souvent le public. Pour la grotte du TM 71, cette mise en valeur pourrait se faire de deux façons : la première, dans la salle d'exposition de la future mai-son de la réserve, par quelques panneaux de présentation ; la seconde, sous la forme de textes et photos intégrés dans une exposition de type itinérante, présentant les différents aspects de la grotte du TM 71.

Grottes préhistoriques

Comme nous l'avons expliqué dans les chapitres précédents, la réserve possède un patrimoine préhistorique de grande importance. Par contre, celui-ci est vulnérable et il n'est pas souhaitable de montrer certaines grottes à un large public. Par contre, des reproductions de certains éléments archéologiques pourraient être envisagées sous forme de copies, moulages ou photos. La future maison de la réserve sera prête à les accueillir.

Monuments historiques

Situés en dehors du périmètre de la réserve, les deux sites majeurs que sont le château de Dournes et l'église du Pech, sont potentiellement intéressants pour une forme d'interprétation sur le terrain. Les contraintes de préservation sont moindres ; par contre des problèmes de sécurité lié aux falaises surplombant le site du roc de Dournes doivent être pris en compte lors de l'ac-compagnement du public. Le plan d'interprétation devra proposer des solutions.

Patrimoine minier

Les mines de fer, de cuivre et de manganèse font parties de l'histoire industrielle de la commune de Fontanès. Elles sont aussi situées en dehors de la réserve. Les archives de la mairie apportent quelques éléments sur les personnes bénéficiaires d'une autorisation de fouilles depuis 1853 mais peu d'écrits sur l'exploitation elle-même. Une recherche plus approfondie serait peut-être néces-saire pour être ensuite expliqué dans la maison de la réserve. Les galeries minières ont été fer-mées et l'accès y est interdit ; seules quelques entrées peuvent être montrées de l'extérieur.

Photo 54 : La Maison de la Réserve dans le village de Fontanès-de-Sault (avant travaux)

Page 19: Évaluation du plan

PYRÉNÉES-ORIENTALES

AUDE

HÉRAULT

GARD

LOZÈRE

ARIÈGE

TARN

HAUTE-GARONNE

HAUTES-PYRÉNÉES

GERS

TARN-ET-GARONNE

AVEYRON

LOTARDÈCHE DRÔME

ISÈRE

SAVOIE

HAUTE-SAVOIEAIN

RHÔNE

LOIRE

1

2

3

4 5

18

17

16

1514

1312

11109

87 6

Région Midi-Pyrénées

Région Languedoc-Roussillon

Région Rhônes-Alpes

Grotte de la Cigalère

Balme del Pastre

Gouffre d'Esparros

Grotte du TM 71

Grotte de l'Aguzou

Réseau Cabrespine-Trassanel

Barrencs de Fournes

Grotte de Lauzinas

Grotte de l'Asperge

Grotte de Pousselière

Aven du Mont Marcou

Grotte de la Clamouse

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Grotte des Demoiselles

Grotte d'Amélineau

Aven Armand

Réseau André Lachambre

Aven d'Orgnac

Grotte de Choranche

13

14

15

16

17

18

Grotte du Caroussel

Grotte de la BaumeGrotte de la Baume NoireGrotte aux Ours

Grotte de la GravetteGrotte de Hautecourt

Grotte des Sadoux

Grotte du TM 71

Saucats-La-Brède

François le Bail-Île de Groix

Falaise deCap-Romain

Haute-Provence

Hettange-Grande

Grotte du TM 71

Lubéron

Toarcien

Sites géologiques de l'Essonne

Vireux-Molhain

Sainte-Victoire

Pointe de Givet

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002

Figure 71 : Réserves relatives aux grottes et au patrimoine géologiqued'après l'Observatoire du patrimoine naturel des réserves naturelles de France - 1998

Synthèse des données et mise en forme : Philippe Moréno

Figure 70 : Projet d'inscription de 18 sites au patrimoine mondial UNESCO d'après le travail réalisé par François Bourges en collaboration avec Alain Mangin et Patrick Cabrol

Réserves créées pour la protection des grottes

Réserves naturelles géologiques nationales

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

123SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

122

B 1.4 La place de la réserve dans un ensemble d'espaces protégés

À noter que : La grotte du TM 71 est la seule cavité en France et en Europe à être protégée en réserve naturelle géologique pour son patrimoine souterrain.

Au niveau international

Parmi les cavités-références reconnues au niveau mondial, la grotte du TM 71 se positionne dans les dix premières. Elle a été retenue dans le projet d'inscription au patrimoine mondial Unesco dans un ensemble de 18 sites souterrains exceptionnels pour leur concrétionnement (figure 70).

Certaines concrétions qu'elle renferme sont uniques au monde (disque sur fistuleuse), d'autres rares comme l'aragonite bleue ou l'aragonite en boules ou peu communes comme les stalagmites à section triangulaire. D'autres éléments du patrimoine souterrain existent et sont protégés : vesti-ges d'ours des cavernes, faune souterraine, géomorphologie de la cavité, rivière souterraine.

Des inventaires et études engagés dans le cadre de l'élaboration du plan de gestion ont mis en lumière d'autres intérêts patrimoniaux à ne pas négliger : la géologie structurale et le karst, les milieux de surface, la faune et la flore, la préhistoire et l'histoire.

Au niveau national

Il existe actuellement 307 réserves naturelles en France : 150 réserves naturelles nationales (RNN) et 157 réserves naturelles volontaires (RNV). Parmi cet ensemble, 12 le sont au titre de réserve naturelle géologique nationale (RNGN) et 14 au titre de réserve naturelle volontaire géologique (RNVG). En ce qui conserve les autres grottes (figure 71), six le sont pour la préser-vation des chauves-souris : deux RNN et quatre RNV. Une autre réserve naturelle nationale, la grotte de Hautecourt, dans l'Ain, abrite une faune d'invertébrés cavernicoles.

Au niveau régional

La réserve naturelle est intégrée au réseau des espaces naturels protégés Languedoc-Roussillon. Ce réseau regroupe 37 sites protégés et gérés de la Région Languedoc-Roussillon : les réserves naturelles, les sites du conservatoire du littoral, le parc national des Cévennes, les réserves biolo-giques domaniale, un site classé et une réserve de chasse et de faune sauvage.

La région possède également 7 réserves naturelles volontaires géologiques : 3 dans le Gard (le site de Robiac, le site fossilifère Saturnin Garimond et les Gorges du Gardon), puis 4 dans l'Hé-rault (le site de Montredon, la dalle rocheuse de la Lieude, l'ancienne carrière de Coumiac, et la grotte de la rivière morte de Scio).

Au niveau départemental

La réserve est comprise dans un site Natura 2000, celui de la Haute Vallée de l'Aude et du Bas-sin de l'Aiguette. Il a été transmis, début 1999, à l'Union européenne en vue de sa désignation en 2004 comme site d'intérêt communautaire. Deux sites souterrains, les grottes de Lavalette, sur la commune de Véraza, et la grotte de la Ratepanade, sur la commune de Montredon des Corbières, ont été également proposées pour leur biotope abritant des chauves-souris.

Page 20: Évaluation du plan

R au des Escaliers

R au d'Aguzou

l'Aude

Surface de la réserve naturelle

Surface extérieure à la réserve à valoriser

Grotte du TM 71

Grotte de l'Aguzou

N 250 m

D 29

D 118

Tunnel de Dournes

Tunnels

Tunnel

Fontanès-de-Sault

EntréeGrte de l'Aguzou

EntréeGrte du TM 71

Maison de la Réserve

Objectifs liés à la conservation du patrimoine1 Protéger la grotte du TM 71 de toute action néfaste2 Conserver et préserver l'ensemble des concrétions de la grotte du TM 713 Acquérir de nouvelles connaissances sur le patrimoine souterrain

Objectifs liés au fonctionnement4 Assurer le fonctionnement de la structure et entretenir le local

Objectifs liés à l'accueil et à la pédagogie5 Faire connaître et préserver le patrimoine local

Objectifs liés aux études, recherches et explorations6 Favoriser la recherche, les études et le suivi7 Continuer l'exploration du réseau souterrain

Objectifs liés à la communication8 Proposer la conservation d'autres sites karstiques remarquables en périphérie9 Exporter et échanger les connaissances et les expériences acquises10 Poursuivre et développer l'implication du gestonnaire dans des réseaux

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002 - Février 2004

Figure 72 : Carte des objectifs à long terme

Mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

125SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

124

B 2 Objectifs à long terme

B 2.1 Objectifs relatifs à la conservation du patrimoine

• 1 Protéger la grotte du TM 71 de toute action néfaste volontaire ou involontaire.

• 2 Conserver et préserver l'ensemble des concrétions de la grotte du TM 71 qu'elles soient exceptionnelles, remarquables ou classiques.

• 3 Acquérir de nouvelles connaissances sur le patrimoine de la réserve qu'il s'agisse des milieux de sur-face ou souterrain.

B 2.2 Objectifs relatifs au fonctionnement de la structure

• 4 Assurer le fonctionnement de la structure et entretenir le local.

B 2.3 Objectifs relatifs à l'accueil du public et à la pégagogie

• 5 Faire connaître et préserver le patrimoine local qu'il soit naturel ou culturel.

B 2.4 Objectifs relatifs aux études, recherches et explorations

• 6 Favoriser la recherche, les études et le suivi dans des domaines représentatifs du milieu souterain.

• 7 Continuer l'exploration du réseau souterrain.

B 2.5 Objectifs relatifs au développement et à la communication

• 8 Proposer la conservation d'autres sites karstiques remarquables en périphérie.

• 9 Exporter et échanger les connaissances et les expériences acquises dans la gestion du milieu souterrain.

• 10 Poursuivre et développer l'implication du gestionnaire dans des réseaux nationaux et internationaux.

Page 21: Évaluation du plan

PluieNeige

Action de l'eau Facteurs locaux

Climat extérieur température volume d'eau

quantité dissoute de CaCO3

quantité transportée de CaCO3

quantité déposée de CaCO3

Climat interne de la grotte température humidité relative mouvement de l'air

Texture de la roche température et Ph de l'eau perméabilité vitesse de transfert

Dissolution de CaCO3 dans le sol dans la roche

Transfert du CaCO3à travers la roche

Dépôt du CaCO3 par départ du CO2 par sursaturation

1

2

1

11

2

Abaissement du niveau de base

Approfondissementde la vallée

Surrectiondu massif

Faille

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002

Figure 74 : Schéma du processus de concrétionnement en grotted'après Paul Dubois, géologue, Association Nationale des Exploitants de Cavernes Aménagées pour le Tourisme

Dessins et mise en forme : Philippe Moréno

Figure 73 : Evolutions et adaptations du réseau spéléologiqued'après Jacques Bauer, Fédération Française de Spéléologie

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

127SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

126

B 3 Facteurs pouvant avoir une influence sur la gestion

B 3.1 Tendances naturelles

B 3.1.1 Le développement du karst

À noter que : Les grottes de la réserve naturelle évoluent à l'échelle géologique et dépendent d'un système naturel original : le karst.

Le karst est un système naturel développé en surface et en souterrain dans des formations calcai-res ou dolomitiques. Lorsque la quantité d'eau est suffisante et qu'un potentiel d'altitude est dis-ponible (c'est le cas pour la grotte du TM71), cette eau fabrique un réseau karstique souterrain.

Les études montrent que 10 000 à 20 000 ans suffisent à la mise en place d'un karst fonctionnel alors qu'en surface 4 500 000 ans sont nécessaires aux vallées pour atteindre un équilibre mor-phologique. Il faut savoir que le réseau karstique, dans sa partie inférieure, héberge des réserves d'eau importantes mais sensibles (55 % des réserves en eau souterraines françaises sont karsti-ques).

Le développement du karst est contrôlé par :

• La géologie qui détermine la nature des matériaux rocheux (dolomie, calcaire, formations imperméables dans le bassin versant), les structures tectoniques et les directions des fractures.

• Les processus de surface qui impriment sur le karst des traces nettes autant lors de son dévelop-pement que sur ses remplissages ou ses concrétions : le climat par l'importance des précipita-tions, la nature du couvert végétal et donc la richesse en CO2 du sol, la morphologie par l'évo-lution des niveaux de base des mers ou la modification des réseaux hydrographiques.

B 3.1.2 Le processus de concrétionnement

C'est dans le sol qui surmonte les roches calcaires actuelles que l'eau puise le gaz carbonique, CO2, produit par les plantes et les bactéries ; grâce à ce CO2 l'eau dissout le calcaire en créant des ions carbonates, bicarbonates, calcium et magnésium en dissolvant la dolomie. Elle entraîne ces ions en solution en profondeur. Lorsque cette solution arrive à l'air libre dans l'espace souterrain, le CO2 s'échappe, les ions précipitent alors sous forme de minéraux s'assemblant en concrétions. Selon la composition chimique des eaux d'infiltration, le calcaire dissous peut précipiter sous deux formes minérales distinctes de carbonate de calcium (CaCO3), la calcite et l'aragonite. Ces deux minéraux cristallisent dans deux systèmes cristallographiques différents : le système rhom-

boédrique pour la calcite (les faces du cristal de base sont des losanges) et le système orthorhom-

bique pour l'aragonite (les faces du cristal de base sont des rectangles).

Les facteurs influençant la genèse des diverses formes de concrétions sont nombreux. Il faut cependant distinguer les forces dominantes (telles que la pesanteur, la pression, la tension super-ficielle, les forces de cristallisation...) des phénomènes physiques (hauteur de chute de la goutte d'eau, variations de débits, variations de la concentration en CO2 et de son gradient, variations de température, arrêts et reprise de l'alimentation en eau, présence d'impuretés dans l'eau, etc...)

Page 22: Évaluation du plan

Décret de création de la réserve naturelleArticle Texte Contraintes ou atouts Commentaires

5 Il est interdit de porter atteinte aux minéraux, concré-tions, roches...

L'élargissement de certains passages peut se poser lors de la découverte de nouvelles galeries dans la grotte du TM 71.

Une demande pourra alors être faite auprès du préfet qui consultera le comité consultatif. L’autorisation sera délivrée par le ministre chargé de l’environnement selon les modalités relatives à l’article L332-9 du code de l’environnement.

6 Les activités agricoles, pasto-rales et forestières continuent ...

Le problème est quelles ont pratiquement disparue accélérant la fermeture des milieux, la dis-parition des sentiers et chemins et l'effondrement de murets de soutainements.

Une réflexion est à mener dans le cadre du plan d'interprétation. Des solutions pouront être propo-sées après des analyses fines.

9 Tout travail public ou privé est interdit sauf ceux nécessi-tés par l'entretien de la réserve...

Les parcelles en bordure de la route D 118 sont aussi soumises à la réglementation de la réserve. L'amélioration du stationnement des véhicules en bordure de la D 118 est difficile à solutionner.

Les services de l'équipement ont été obligés de suspendre leurs travaux sur les parapets.

La solution idéale n'existe pas, il faudra trouver des compromis équilibrés en tenant compte des attentes de chacun.

11 La circulation des personnes dans la partie souterraine de la réserve est réglementée...

La réglementation sur le nombre annuel de visiteurs ainsi que l'organisation des visites dans la grotte du TM 71 sont bien accep-tée par tous.

Ce type de règlement a été bien compris par la communauté des spéléologues. Il fait référence dans la gestion raisonnée du patrimoine souterrain au niveau national et européen.

14 Toute publicité, quels qu'en soient la forme, le sup-port, le véhicule ou le moyen est interdit dans la réserve.

Mal interprété au départ, cet article du décret a posé problème. En effet, une grande partie de la population locale pensait que toute information sur la grotte était interdite alors qu'il n'en est rien.Néammoins des règles au niveau du gestionnaire ont été établies.

Le problème d’incompréhension a mis du temps à se régler. La commune, le gestionnaire, le préfet et le comité consultatif doivent être informés en amont sur les projets de diffusion d’informations (articles de presse, photos, topographies…).

Les statuts et le règlement intérieur de l’association précisent les règles établies par le gestionnaire (voir dans l'annexe)..

Propriétaires de la réserve naturelle : les particuliersArticle Texte Contraintes ou atouts Commentaires

544CodeCivil

Le propriétaire a seul le droit d'exploiter son bien, sous quelque forme que ce soit...

Lors de la création de la réserve certains particuliers ont eu l'im-pression de perdre leurs droits. Les règles de protection leur semblaient au départ très contrai-gnantes.

Pour pallier à ces malentendus, ils ont été amenés à participer à la création de la structure gestion-naire, font partie actuellement du comité consulta-tif, peuvent visiter la grotte suivant les conditions mises en place aujourd'hui.

En outre, si un propriétaire mène un projet sus-ceptible de modifier l'état de la réserve naturelle, il dépose une demande d'autorisation de travaux auprès du préfet (article L332-9 du code de l'envi-ronnement).

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002 - Octobre 2004

Figure 75 : Analyse des aspects juridiques et réglementaires

Mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

129SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

128

ou encore des contraintes environnementales (forme et nature de la voûte, des parois, du sol, etc...). La composition chimique de l'eau joue également un rôle en faisant interagir des éléments en solution qui favorisent la cristallisation dans une forme minérale plutôt qu'une autre.

B 3.1.2 Modifications naturelles de l'environnement physique

Des stalactites peuvent se casser sous l'effet de leur propre poids, il en est de même avec les concrétions massives qui reposent sur un sol argilo-sableux et qui peuvent s'enfoncer dans un remplissage sous l'effet de leur poids. On observe alors des colonnes fendues ou cassées, des planchers stalagmitiques effondrés. On pourrait admettre que les séismes jouent un rôle impor-tant dans la destruction des concrétions. Il semble que se soit quelquefois le cas, en particulier dans des zones sismiques. Mais la plupart du temps, les soutirages de la rivière souterraine à différentes périodes du Quaternaire, quelquefois des crues exceptionnelles, sont la cause majeure d'effondrements et de destruction de concrétions.

B 3.2 Tendances directement induites par l'homme

À noter que : Nous avons développé dans le chapitre B 1.2.4 (p. 105) la vulnérabilité du milieu souterrain et les mesures de protection prises lors de la découverte du TM 71.

La quasi totalité de la cavité n'a pas été, ni induite, ni modifiée, par l'activité humaine et reste l'expression des seuls processus naturels. Dans le réseau du TM 71, aucune modification affectant le site ou son concrétionnement n'est intervenue, à l'exception de quelques passages qui ont été légèrement élargis lors des explorations. Des équipements spéléologiques (mains courantes, cordes fixes, échelles métalliques) ont été mis en place par la suite pour faciliter la progression. La protection a été renforcée par des portes aux deux entrées. Un balisage posé au sol a permis de créer un cheminement unique concentrant ainsi le passage des visiteurs à un seul endroit.

B 3.3 Facteurs extérieurs

Les menaces extérieures semblent quasiment nulles à l'heure actuelle. Aucune atteinte directe ou indirecte n'est visible dans le réseau du TM 71 et les cavités limitrophes. La population locale est faible (voir p. 56-57), seul un éleveur de moutons occupe une centaine d'hectares dans la zone périphérique amont. Des analyses sur la qualité des eaux de la rivière souterraine du TM 71 sont en projet, elles permettront un premier état des lieux du réseau hydrogéologique. Par contre, deux problèmes existent sur le linéaire de l'Aude : le premier concerne le risque de fermeture du cours d'eau lié au faible débit de la rivière et le second l'ensablement du lit mineur. Cette problé-matique qui dépend directement de l'exploitation des ouvrages hydroélectriques risque d'empê-cher la reproduction des espèces piscicoles et d'entraîner la disparition d'espèces rares et emblé-matiques comme le Desman.

B 3.4 Aspects juridiques et réglementaires

Les influences juridiques sont détaillées dans le tableau ci-contre. En résumé, on peut constater deux choses : la première, que certains articles du décret ont été mal interprétés au départ et la seconde, que les particuliers, propriétaires majoritaires en surface et donc en sous-sol, gardent leurs droits malgré certaines réticences au départ de la procédure de classement.

Page 23: Évaluation du plan

R au des Escaliers

R au d'Aguzou

l'Aude

Surface de la réserve naturelle Zone périphériqueà définir

Grotte du TM 71

N250 m

Entrée 2Grte du TM 71

b. Poursuivre la préservationet la conservation des concrétionsde la grotte du TM 71

c. Compléter les connaissances acquises sur certaines espèces

e. Faire progresser les connaissances de la cavité dans différents domaines scientifques

d. Amener des connaissances nouvelles sur le patrimoine naturel

a. Continuer la protection, la conservation et l'entretien de la grotte du TM 71

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Figure 76 : Carte des objectifs relatifs à la conservation de la grotte du TM 71

Mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

131SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

130

B 4 Définition des objectifs du plan

À noter que : Ce sont des objectifs spécifiques à la réserve et non généralisables que nous déve-loppons dans ce chapitre. Ils ne correspondent donc pas à des objectifs globaux et généraux de conservation de la biodiversité ou du patrimoine naturel.

Ce premier plan de gestion doit permettre de poursuivre la protection de la grotte du TM 71 par des actions concrètes, de créer un lieu d'accueil du public, de continuer les inventaires et des études complémentaires sur les différents aspects de la réserve, prioritairement ceux liés au mi-lieu souterrain. A la suite des conclusions que nous aurons au bout de ces quelques années, nous envisagerons l'éventualité d'élargir la zone protégée mais aussi l'opportunité d'engager des études et recherches multidisciplinaires se rapportant à l'environnement souterrain.

B 4.1 Objectifs à moyens terme

B 4.1. Objectifs relatifs à la conservation du patrimoine

a. Continuer la protection, la conservation et l'entretien de la grotte du TM 71

b. Poursuivre la préservation et la conservation des concrétions de la grotte TM 71

c. Compléter les connaissances acquises sur certaines espèces

d. Amener des connaissances nouvelles sur le patrimoine naturel

e. Faire progresser les connaissances de la cavité dans différents domaines scientifiques

Page 24: Évaluation du plan

R au des Escaliers

R au d'Aguzou

l'Aude

Surface de la réserve naturelle

Surface extérieure à la réserve à valoriser

Grotte du TM 71

N 250 m

EntréeGrte du TM 71

Maison de la Réserve

Objectifs relatifs au fonctionnementf. Continuer et améliorer le fonctionnement administratifg. Maintenir le local de la réserve naturelle en bon état

Objectifs relatifs à l'accueil du public et à la pédagogieh. Créer un lieu d'accueil et d'information : la maison de réservei. Maintenir l'organisation des visites dans la grotte du TM 71j. Elaborer un plan d'interprétationk. Proposer des animations thématiques

Objectifs relatifs aux études, recherches et explorationsl. Poursuivre l'exploration spéléologique du réseau souterrain

Objectifs relatifs au développement et à la communicationm. Créer une zone de protectionn. Communiquer les connaissances et faire partager les expérienceso. Travailler en partenariat avec des structures locales, régionales, nationales et internationales

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002 - Février 2004

Figure 77 : Carte des objectifs liés à l'accueil, à la recherche et au personnel

Mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

133SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

132

B 4.2. Objectifs relatifs au fonctionnement de la structure

f. Continuer et améliorer le fonctionnement administratif

g. Maintenir le local de la réserve naturelle en bon état

B 4.3. Objectifs relatifs à l'accueil du public et à la pédagogie

h. Créer un lieu d'accueil et d'information : la maison de réserve

i. Maintenir l'organisation des visites dans la grotte du TM 71

j. Elaborer un plan d'interprétation pour mettre en valeur le patrimoine local

k. Proposer des animations thématiques

B 4.3. Objectifs relatifs aux études, recherches et explorations

l. Poursuivre l'exploration spéléologique du réseau souterrain

B 4.4. Objectifs relatifs au développement et à la communication

m. Créer une zone de protection

n. Communiquer les connaissances et faire partager les expériences

o. Travailler en partenariat avec des structures aussi bien nationales qu'internationales

Page 25: Évaluation du plan

Objectifs à long terme Objectifs à long terme relatifs à la conservation du patrimoine

1 Protéger la grotte du TM 71 de toute action néfaste volontaire ou involontaire 2 Conserver et préserver l'ensemble des concrétions de la grotte du TM 71 3 Acquérir de nouvelles connaissances sur le patrimoine souterrain de la réserve

Objectifs à long terme relatifs au fonctionnement de la structure 4 Assurer le fonctionnement de la structure et entretenir le local

Objectifs à long terme relatifs à l'accueil du public et la pédagogie 5 Faire connaître et préserver le patrimoine local qu'il soit naturel ou culturel

Objectifs à long terme relatifs aux études, recherches et explorations 6 Favoriser la recherche, les études et le suivi dans des domaines représentatifs du milieu souterrain

7 Continuer l'exploration du réseau souterrain Objectifs à long terme relatifs à la communication

8 Proposer la conservation d'autres sites karstiques remarquables en périphérie

9 Exporter et échanger les connaissances et les expériences acquises dans la gestion du milieu souterrain

10 Poursuivre et développer l'implication du gestionnaire dans des réseaux nationaux et internationaux

Objectifs du plan 2004-2008 Objectifs relatifs à la conservation du patrimoine

a. Continuer la protection, la conservation et l'entretien de la grotte du TM 71

b. Poursuivre la préservation et la conservation des concrétions de la grotte du TM 71

c. Compléter les connaissances acquises sur certaines espèces

d. Amener des connaissances nouvelles sur le patrimoine naturel

e. Faire progresser les connaissances de la cavité dans différents domaines scientifiques

Objectifs relatifs au fonctionnement de la structure

f. Continuer et améliorer le fonctionnement administratif

g. Maintenir le local de la réserve naturelle en bon état

Objectifs relatifs à l'accueil du public et à la pédagogie

h. Créer un lieu d'accueil et d'information : la maison de la réserve

i. Maintenir l'organisation des visites dans la grotte du TM 71

j. Elaborer un plan d'interprétation pour mettre en valeur le patrimoine local

k. Proposer des animations thématiques

Objectifs relatifs aux études, recherches et explorations

l. Poursuivre l'exploration spéléologique du réseau souterrain

Objectifs relatifs au développement et à la communication

m. Créer une zone de protection

n. Communiquer les connaissances et faire partager les expériences

o. Travailler en partenariat avec des structures locales, régionales, nationales et internationales

Figure 78 : Objectifs de la réserve naturelle géologique du TM 71

Copyright ©Association TM 71 - Décembre 2002 - Février 2004 Mise en forme : Philippe Moréno

GROTTE DU TM 71Plan de Gestion - Réserve naturelle

135SECTION BEvaluation du patrimoine et définition des objectifs

134

B 4.4 Choix des stratégies de gestion

La stratégie de gestion est la non intervention pour tout ce qui concerne le milieu souterrain de la réserve naturelle. Les grottes sont l'aboutissement de longs processus naturels qu'il faut laisser évoluer à un rythme géologique. Nous nous contenterons donc de protéger, observer, mesurer, et mieux comprendre ce patrimoine d'une valeur de première importance pour la science, la recherche, la prévision environnementale, l'éducation. Cela ne doit pas empêcher la surveillance des milieux de surface dont chaque modification majeure peut affecter le milieu souterrain.

B 4.5 Conclusion

À noter que : La figure 78 synthétise sous forme de tableau les objectifs à long terme et les objectifs du plan de 2004 à 2008. Il convient de dégager des actions essentielles et prioritaires à mener sur les 5 ans.

B 4.5.1 Objectifs relatifs à la conservation du patrimoine

a. Continuer la protection, la conservation et l'entretien de la grotte du TM 71

b. Poursuivre la préservation et la conservation des concrétions de la grotte du TM 71

d. Amener des connaissances nouvelles sur le patrimoine naturel

e. Faire progresser les connaissances de la cavité dans différents domaines scientifiques

B 4.5.2 Objectifs relatifs au fonctionnement de la structure

f. Continuer et améliorer le fonctionnement administratif

B 4.5.3 Objectifs relatifs à l'accueil du public et à la pédagogie

h. Créer un lieu d'accueil et d'information : la maison de réserve

j. Elaborer un plan d'interprétation pour mettre en valeur le patrimoine local

k. Proposer des animations thématiques

B 4.5.4 Objectifs relatifs aux études, recherches et explorations

l. Poursuivre l'exploration spéléologique du réseau souterrain

B 4.5.5 Objectifs relatifs au développement et à la communication

m. Créer une zone de protection

n. Communiquer les connaissances et faire partager les expériences