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Congrès annuel de la Société fran¸ caise de chirurgie de la main / Chirurgie de la main 32 (2013) 426–491 431 échecs, il nous est possible de préciser certains facteurs pronostics. Ainsi, concernant les lésions initiales trois éléments apparaissent péjoratifs : – des lésions ostéoarticulaires, 3 patients sur 4 ont conduit à un mauvais résultat a fortiori en cas d’atteinte de l’appareil extenseur ; – une étiologie infectieuse. Par contre, le délai de prise en charge, la sensibilité du doigt et le rayon atteint ne sont pas apparus discriminants. Sur le plan technique, le choix du transfert ne semble pas impacter les résultats, par contre un délai entre les deux temps inférieur à deux mois, ou des pro- blèmes de cicatrisation imposant la réalisation d’un lambeau altèrent nettement les résultats. Même si la méthodologie de notre étude a ses limites, la connaissance de ces facteurs pronostics est importante avant d’engager un patient dans un pro- gramme chirurgical long dont un échec potentiel doit être mis en balance avec des options palliatives (superficialis finger, arthrodèse, amputation) qui restent fonctionnellement acceptables. http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.014 CP013 Allongement par plastie en Z du flexor digitorum profundus au niveau du poignet (zone 5) dans le traitement du Jersey finger. Étude anatomique et évaluation de l’avancement obtenu L. Chanel a,, A. Andre a , F. Lauwers b , J.-L. Grolleau a a Service de chirurgie plastique, de reconstruction et des brûlés, CHU Rangueil, Toulouse, France b Laboratoire d’anatomie Rangueil, faculté de médecine Rangueil, Toulouse, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Chanel) Mots clés : Jersey finger ; Étude anatomique ; Allongement tendineux Introduction.– L’avulsion du flexor digitorum profundus de son insertion distale ou Jersey finger est un traumatisme souvent méconnu en urgence. Classique- ment, au-delà de 3 semaines, le moignon tendineux rétracté ne permet pas une réinsertion osseuse directe. Un allongement par plastie en Z en zone 5 sur l’index a été proposé par Sawaya et al. Nous avons réalisé une étude anatomique afin d’évaluer l’avancement tendineux ainsi obtenu sur les doigts longs. Méthode.– L’avulsion tendineuse par section du flexor digitorum profundus de son insertion distale était recrée sur 17 mains de cadavres frais. Une plastie en Z de 3, 4 ou 5 cm a été réalisée au poignet et après section du vinculum court, l’avancement était mesuré poignet en extension 0 . Résultats.– Soixante-huit plasties tendineuses ont été réalisées. L’avancement moyen a été de 1,5 cm [max : 2,5 cm–min : 0,5 cm], 2,33 cm [max : 3,2 cm ; min : 1,3 cm] et 2,45 cm [max : 3,5 cm ; min : 1,7 cm] pour respectivement une plastie en Z de 3, 4 et 5 cm. L’avancement tendineux de l’annulaire et du majeur a été limité par le lombrical (2 cas) ou par les adhérences synoviales au canal carpien (16 cas). Il n’a jamais été limité pour l’index. Discussion.– L’avancement du flexor digitorum profundus, obtenu par une plas- tie en Z de 4 cm au niveau du poignet, semble être une technique intéressante pour la réinsertion du tendon lorsqu’il est rétracté. Le meilleur résultat est obtenu au niveau de l’index. Cette technique pourrait être proposée comme alterna- tive à une chirurgie palliative ou à une greffe tendineuse. Quant aux autres rayons, l’avancement limité par l’effet quadrige de Verdan et les adhérences synoviales démontre l’importance de la relation des tendons entre eux et avec leur environnement sur la physiologie de flexion des doigts. http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.015 CP014 Évaluation rétrospective monocentrique de greffes nerveuses conventionnelles réalisées en urgence dans le cadre de perte de substance des nerfs collatéraux digitaux palmaires J. Chevrollier , B. Pedeutour , F. Dap , G. Dautel Service de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur, centre chirurgical Emile-Gallé, Nancy, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Chevrollier) Mots clés : Nerf ; Greffe ; Doigt Introduction.– Les lésions nerveuses avec perte de substance sont fréquentes dans les traumatismes des doigts. Une suture par greffe nerveuse reste alors l’intervention de référence. A l’heure où prolifère l’utilisation des guides de repousse nerveuse, notre objectif était d’étudier rétrospectivement les résultats cliniques des greffes nerveuses et la morbidité du site donneur, chez une série de patients adultes opérés en urgence. Patients et méthode.– Tous les patients opérés entre 2008et 2012, en urgence, d’une perte de substance nerveuse par greffe nerveuse ont été convoqués. L’évaluation comportait un interrogatoire et un examen clinique du doigt greffé et du site donneur. Un examen objectif de la sensibilité était également effectué, comportant un test au mono filament et un test de Weber. Les résultats étaient exprimés selon la classification du British Medical Research Council BMRC. Résultats.– Seize patients ont été revus, 3 femmes et 13 hommes. L’âge moyen lors de l’accident était de 39 ans (18 à 78 ans). Tous les patients ont été opérés à j0 ou j1 du traumatisme. La taille de la perte de substance nerveuse était en moyenne de 38 mm (15 à 60 mm). Quatre sites donneurs ont été utilisés : nerf cutané latéral de l’avant-bras (12 cas), portion terminale du nerf interosseux postérieur (1 cas), portion terminale du nerf interosseux antérieur (1 cas) et nerf collatéral digital issu d’un doigt banque (2 cas). Chez 94 % des patients, il y avait une lésion de l’artère collatérale homolatérale. Celle-ci a été réparée dans 19 % des cas. Dans 56 % des cas, il y avait d’autres lésions associées (tendineuse, osseuse ou perte de substance cutanée). L’évaluation du site donneur retrouvait un taux de morbidité subjectif relative- ment faible et concernait les patients chez qui le nerf cutané latéral de l’avant-bras avait été prélevé. 3 cas, soit 25 % des patients greffés sur ce site donneur, signa- laient une gêne à l’interrogatoire (2 cas d’hypoesthésie symptomatique dans le territoire du nerf cutané latéral de l’avant-bras, 1 cas d’hypersensibilité de la cicatrice du prélèvement). L’examen clinique n’a mis en évidence aucun cas de névrome. Aucune gêne esthétique n’a été rapportée. Une hypoesthésie objective dans le territoire du nerf prélevé était en revanche constatée dans la majorité des cas chez des patients ne rapportant aucune plainte. Concernant le doigt greffé, 88 % des patients déclaraient ne ressentir aucune gêne pendant le sommeil, 69 % aucune gêne dans les activités de la vie quotidienne et 50 % aucun retentissement sur les loisirs. Parmi les 14 patients toujours en activité, la reprise au même poste fut possible dans 9 cas. Un aménagement du poste de travail ou un reclassement professionnel a été nécessaire dans 5 cas. Dans 3 cas, celui-ci était en lien direct avec un trouble sensitif déclaré par le patient ; dans les 2 autres cas, il était dû aux séquelles d’autres lésions associées. La douleur du doigt greffé était de 0,6 (0 à 5) sur l’Échelle Visuelle Analogique. Il s’agissait de douleurs neuropathiques à type de paresthésies ou dysesthésies retrouvées chez 8 patients. L’évaluation par le test au mono filament retrouvait 31% de retour à une sen- sibilité normale, 25 % de diminution du toucher léger, 25 % de diminution de la sensibilité de protection, 1 cas d’absence de sensibilité de protection et 1 cas de perception de piqûre et/ou de pression profonde. Au test de Weber, 50 % des patients avaient une distance de discrimination entre deux points inférieure à 6 mm, 6 % de 6 à 10 mm et 44 % percevaient un seul point. Selon la classification du BMRC on obtenait 50 % de S4, 6 % de S3+, 19 % de S3, 12 % de S2 et 12 % de S1. Conclusion.– Notre série retrouve 56 % de très bons résultats (S3+ et S4) et aucun patient S0. Ces chiffres justifient l’utilisation de cette technique. Cependant, la morbidité du site donneur n’est pas nulle. Le recours à d’autres thérapeutiques ayant le souci d’obtenir les mêmes résultats sans conséquence sur le site donneur est donc licite. http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.016

Évaluation rétrospective monocentrique de greffes nerveuses conventionnelles réalisées en urgence dans le cadre de perte de substance des nerfs collatéraux digitaux palmaires

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Page 1: Évaluation rétrospective monocentrique de greffes nerveuses conventionnelles réalisées en urgence dans le cadre de perte de substance des nerfs collatéraux digitaux palmaires

Congrès annuel de la Société francaise de chirurgie de la main / Chirurgie de la main 32 (2013) 426–491 431

échecs, il nous est possible de préciser certains facteurs pronostics. Ainsi,concernant les lésions initiales trois éléments apparaissent péjoratifs :– des lésions ostéoarticulaires, 3 patients sur 4 ont conduit à un mauvais résultata fortiori en cas d’atteinte de l’appareil extenseur ;– une étiologie infectieuse.Par contre, le délai de prise en charge, la sensibilité du doigt et le rayon atteintne sont pas apparus discriminants.Sur le plan technique, le choix du transfert ne semble pas impacter les résultats,par contre un délai entre les deux temps inférieur à deux mois, ou des pro-blèmes de cicatrisation imposant la réalisation d’un lambeau altèrent nettementles résultats.Même si la méthodologie de notre étude a ses limites, la connaissance deces facteurs pronostics est importante avant d’engager un patient dans un pro-gramme chirurgical long dont un échec potentiel doit être mis en balance avecdes options palliatives (superficialis finger, arthrodèse, amputation) qui restentfonctionnellement acceptables.

http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.014

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Allongement par plastie en Z du flexordigitorum profundus au niveau du poignet(zone 5) dans le traitement du Jersey finger.Étude anatomique et évaluation del’avancement obtenuL. Chanel a,∗, A. Andre a, F. Lauwers b, J.-L. Grolleau a

a Service de chirurgie plastique, de reconstruction et des brûlés, CHURangueil, Toulouse, Franceb Laboratoire d’anatomie Rangueil, faculté de médecine Rangueil, Toulouse,France∗Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Chanel)

Mots clés : Jersey finger ; Étude anatomique ; Allongement tendineuxIntroduction.– L’avulsion du flexor digitorum profundus de son insertion distaleou Jersey finger est un traumatisme souvent méconnu en urgence. Classique-ment, au-delà de 3 semaines, le moignon tendineux rétracté ne permet pas uneréinsertion osseuse directe. Un allongement par plastie en Z en zone 5 sur l’indexa été proposé par Sawaya et al. Nous avons réalisé une étude anatomique afind’évaluer l’avancement tendineux ainsi obtenu sur les doigts longs.Méthode.– L’avulsion tendineuse par section du flexor digitorum profundus deson insertion distale était recrée sur 17 mains de cadavres frais. Une plastie enZ de 3, 4 ou 5 cm a été réalisée au poignet et après section du vinculum court,l’avancement était mesuré poignet en extension 0◦.Résultats.– Soixante-huit plasties tendineuses ont été réalisées. L’avancementmoyen a été de 1,5 cm [max : 2,5 cm–min : 0,5 cm], 2,33 cm [max : 3,2 cm ; min :1,3 cm] et 2,45 cm [max : 3,5 cm ; min : 1,7 cm] pour respectivement une plastieen Z de 3, 4 et 5 cm. L’avancement tendineux de l’annulaire et du majeur a étélimité par le lombrical (2 cas) ou par les adhérences synoviales au canal carpien(16 cas). Il n’a jamais été limité pour l’index.Discussion.– L’avancement du flexor digitorum profundus, obtenu par une plas-tie en Z de 4 cm au niveau du poignet, semble être une technique intéressantepour la réinsertion du tendon lorsqu’il est rétracté. Le meilleur résultat est obtenuau niveau de l’index. Cette technique pourrait être proposée comme alterna-tive à une chirurgie palliative ou à une greffe tendineuse. Quant aux autresrayons, l’avancement limité par l’effet quadrige de Verdan et les adhérencessynoviales démontre l’importance de la relation des tendons entre eux et avecleur environnement sur la physiologie de flexion des doigts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.015

CP014

Évaluation rétrospective monocentrique degreffes nerveuses conventionnelles réaliséesen urgence dans le cadre de perte de

substance des nerfs collatéraux digitauxpalmairesJ. Chevrollier ∗, B. Pedeutour , F. Dap , G. DautelService de chirurgie plastique et reconstructrice de l’appareil locomoteur,centre chirurgical Emile-Gallé, Nancy, France∗Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Chevrollier)

Mots clés : Nerf ; Greffe ; DoigtIntroduction.– Les lésions nerveuses avec perte de substance sont fréquentesdans les traumatismes des doigts. Une suture par greffe nerveuse reste alorsl’intervention de référence. A l’heure où prolifère l’utilisation des guides derepousse nerveuse, notre objectif était d’étudier rétrospectivement les résultatscliniques des greffes nerveuses et la morbidité du site donneur, chez une sériede patients adultes opérés en urgence.Patients et méthode.– Tous les patients opérés entre 2008 et 2012, en urgence,d’une perte de substance nerveuse par greffe nerveuse ont été convoqués.L’évaluation comportait un interrogatoire et un examen clinique du doigt grefféet du site donneur. Un examen objectif de la sensibilité était également effectué,comportant un test au mono filament et un test de Weber. Les résultats étaientexprimés selon la classification du British Medical Research Council BMRC.Résultats.– Seize patients ont été revus, 3 femmes et 13 hommes. L’âge moyenlors de l’accident était de 39 ans (18 à 78 ans). Tous les patients ont été opérésà j0 ou j1 du traumatisme. La taille de la perte de substance nerveuse était enmoyenne de 38 mm (15 à 60 mm). Quatre sites donneurs ont été utilisés : nerfcutané latéral de l’avant-bras (12 cas), portion terminale du nerf interosseuxpostérieur (1 cas), portion terminale du nerf interosseux antérieur (1 cas) et nerfcollatéral digital issu d’un doigt banque (2 cas). Chez 94 % des patients, il y avaitune lésion de l’artère collatérale homolatérale. Celle-ci a été réparée dans 19 %des cas. Dans 56 % des cas, il y avait d’autres lésions associées (tendineuse,osseuse ou perte de substance cutanée).L’évaluation du site donneur retrouvait un taux de morbidité subjectif relative-ment faible et concernait les patients chez qui le nerf cutané latéral de l’avant-brasavait été prélevé. 3 cas, soit 25 % des patients greffés sur ce site donneur, signa-laient une gêne à l’interrogatoire (2 cas d’hypoesthésie symptomatique dans leterritoire du nerf cutané latéral de l’avant-bras, 1 cas d’hypersensibilité de lacicatrice du prélèvement). L’examen clinique n’a mis en évidence aucun cas denévrome. Aucune gêne esthétique n’a été rapportée. Une hypoesthésie objectivedans le territoire du nerf prélevé était en revanche constatée dans la majorité descas chez des patients ne rapportant aucune plainte.Concernant le doigt greffé, 88 % des patients déclaraient ne ressentir aucune gênependant le sommeil, 69 % aucune gêne dans les activités de la vie quotidienneet 50 % aucun retentissement sur les loisirs. Parmi les 14 patients toujours enactivité, la reprise au même poste fut possible dans 9 cas. Un aménagement duposte de travail ou un reclassement professionnel a été nécessaire dans 5 cas.Dans 3 cas, celui-ci était en lien direct avec un trouble sensitif déclaré par lepatient ; dans les 2 autres cas, il était dû aux séquelles d’autres lésions associées.La douleur du doigt greffé était de 0,6 (0 à 5) sur l’Échelle Visuelle Analogique.Il s’agissait de douleurs neuropathiques à type de paresthésies ou dysesthésiesretrouvées chez 8 patients.L’évaluation par le test au mono filament retrouvait 31 % de retour à une sen-sibilité normale, 25 % de diminution du toucher léger, 25 % de diminution dela sensibilité de protection, 1 cas d’absence de sensibilité de protection et 1 casde perception de piqûre et/ou de pression profonde. Au test de Weber, 50 % despatients avaient une distance de discrimination entre deux points inférieure à6 mm, 6 % de 6 à 10 mm et 44 % percevaient un seul point.Selon la classification du BMRC on obtenait 50 % de S4, 6 % de S3+, 19 % deS3, 12 % de S2 et 12 % de S1.Conclusion.– Notre série retrouve 56 % de très bons résultats (S3+ et S4) et aucunpatient S0. Ces chiffres justifient l’utilisation de cette technique. Cependant, lamorbidité du site donneur n’est pas nulle. Le recours à d’autres thérapeutiquesayant le souci d’obtenir les mêmes résultats sans conséquence sur le site donneurest donc licite.

http://dx.doi.org/10.1016/j.main.2013.10.016