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Le Protévangile de Jacques ÉVANGILES DE LA NATIVITÉ ET DE L’ENFANCE Introduction Le nom de « Protévangile » fut donné au XVI e siècle par l’humaniste français qui le publia en Occident, parce que le texte relate des événements antérieurs aux récits des évangiles canoniques. Le plus ancien manuscrit connu (Papyrus Bodmer 5) porte le titre : Nativité de Marie, Révélation de Jacques. Le livre se dit écrit par l’apôtre Jacques le Mineur, frère de Jésus selon l’Évangile, demi-frère selon ce texte. Il est très ancien (milieu du second siècle) et s’inspire librement des récits canoniques de l’enfance. L’ouvrage ne doit rien aux judéo-chrétiens, comme en témoigne son ignorance des coutumes juives. Probablement son auteur était-il d’origine païenne, issu de l’Égypte ou de l’Asie Mineure. Il rédigea son texte dans un but apologétique, pour régler, auprès des Grecs et des Juifs, la question délicate de l’incarnation de Jésus. Or, pas d’incarnation sans l’absolue pureté de Marie, non seulement vierge avant, pendant et après, mais maintenue dès sa conception dans une sorte d’état angélique, où hommes et anges prêtent leur concours. L’écrit a connu à travers les siècles une grande fortune : il a inspiré d’autres livres du même genre, dont le plus connu est l’évangile du Pseudo-Matthieu (VIe siècle), qui force le ton, côté miracles. Il est à l’origine de plusieurs fêtes liturgiques, célébration d’Anne et Joachim, Conception et Nativité de Marie, Présentation de la Vierge. L’art chrétien y a abondamment puisé. Mais surtout cette célébration de la pureté a nourri les développements ultérieurs de la mariologie. 1-5 Histoire des parents de Marie jusqu’à sa naissance. 6-9 Enfance de Marie, chez elle, puis dans le Temple. 10-16 Conception de Jésus et difficultés de Joseph. 17-21 Naissance de Jésus, épisode de Salomé. 22-25 Poursuite d’Hérode et assassinat de Zacharie. -1-

Evangile de Jacques

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  • L e P r o t v a n g i l e d eJ a c q u e s

    VANGILES DE LA NATIVIT ET DE LENFANCE

    Introduction

    Le nom de Protvangile fut donn au XVIe sicle par lhumaniste franaisqui le publia en Occident, parce que le texte relate des vnements antrieursaux rcits des vangiles canoniques. Le plus ancien manuscrit connu (PapyrusBodmer 5) porte le titre : Nativit de Marie, Rvlation de Jacques.

    Le livre se dit crit par laptre Jacques le Mineur, frre de Jsus selonlvangile, demi-frre selon ce texte. Il est trs ancien (milieu du second sicle)et sinspire librement des rcits canoniques de lenfance.

    Louvrage ne doit rien aux judo-chrtiens, comme en tmoigne son ignorancedes coutumes juives. Probablement son auteur tait-il dorigine paenne, issude lgypte ou de lAsie Mineure. Il rdigea son texte dans un but apologtique,pour rgler, auprs des Grecs et des Juifs, la question dlicate de lincarnationde Jsus.

    Or, pas dincarnation sans labsolue puret de Marie, non seulement viergeavant, pendant et aprs, mais maintenue ds sa conception dans une sortedtat anglique, o hommes et anges prtent leur concours.

    Lcrit a connu travers les sicles une grande fortune : il a inspir dautreslivres du mme genre, dont le plus connu est lvangile du Pseudo-Matthieu(VIe sicle), qui force le ton, ct miracles. Il est lorigine de plusieurs ftesliturgiques, clbration dAnne et Joachim, Conception et Nativit de Marie,Prsentation de la Vierge. Lart chrtien y a abondamment puis. Mais surtoutcette clbration de la puret a nourri les dveloppements ultrieurs de lamariologie.

    1-5 Histoire des parents de Marie jusqu sa naissance.

    6-9 Enfance de Marie, chez elle, puis dans le Temple.

    10-16 Conception de Jsus et difficults de Joseph.

    17-21 Naissance de Jsus, pisode de Salom.

    22-25 Poursuite dHrode et assassinat de Zacharie.

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  • N a t i v i t d e M a r i eR v l a t i o n d e J a c q u e s

    I.1. Les histoires des douze tribus racontent quun homme fort riche, Joachim,apportait au Seigneur double offrande, se disant : Le supplment sera pourtout le peuple et la part que je dois pour la remise de mes fautes ira auSeigneur, afin quil me soit propice.

    I.2. Vint le grand jour du Seigneur1, et les fils dIsral apportaient leursprsents. Or Ruben se dresse devant lui et dit : Tu nas pas le droit dedposer le premier tes offrandes, puisque tu nas pas eu de postrit enIsral.

    I.3. Joachim eut grand chagrin, et il sen alla consulter les registres des douzetribus du peuple, se disant : Je verrai bien dans leurs archives si je suis le seul navoir pas engendr en Isral ! Il chercha, et dcouvrit que tous les justesavaient suscit une postrit en Isral. Et il se souvint du patriarche Abraham ;sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donn un fils, Isaac.

    I.4. Alors, accabl de tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme, et ilse rendit dans le dsert ; il y planta sa tente et, quarante jours et quarantenuits, il jena2, se disant : Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que leSeigneur mon Dieu mait visit. La prire sera ma nourriture et ma boisson.

    II.1. Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler lapoitrine. Jai pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma strilit !

    II. 2. Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit : Jusqu quandte dsespreras-tu ? Cest aujourdhui le grand jour du Seigneur. Tu nas pas ledroit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que ma donn lamatresse de latelier. Je ne puis men orner, car je ne suis quune servante, etil porte un insigne royal.

    II.3. Anne lui dit : Arrire, toi ! Je nen ferai rien, car le Seigneur ma accabledhumiliations. Et peut-tre ce prsent te vient-il dun voleur et tu cherches me faire complice de ta faute.

    Et Judith la servante dit : Quel mal dois-je te souhaiter encore, de restersourde ma voix ? Le Seigneur Dieu a clos ton sein et ne te donne point defruit en Isral !

    II.4. Alors Anne, malgr son dsespoir, ta ses habits de deuil, se lava la tte etrevtit la robe de ses noces. Et vers la neuvime heure3, elle descendit sepromener dans son jardin. Elle vit un laurier et sassit son ombre. Aprs unmoment de repos, elle invoqua le Matre : Dieu de mes pres, dit-elle,

    1 Formule imprcise, qui trahit l'ignorance de l'auteur.2 Dure coutumire du jene, cf. Matthieu 4, 2.3 Trois heures de l'aprs-midi.

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  • bnis-moi, exauce ma prire, ainsi que tu as bni Sarah, notre mre, et lui asdonn son fils Isaac.

    III.1. Levant les yeux au ciel, elle aperut un nid de passereaux dans le laurier.Aussitt elle se remit gmir : Las, disait-elle, qui ma engendre et de quelsein suis-je sortie ? Je suis ne, maudite devant les fils dIsral. On mainsulte, raille et chasse du temple du Seigneur mon Dieu.

    III.2. Las, qui se compare mon sort ? Pas mme aux oiseaux du ciel, car lesoiseaux du ciel sont fconds devant ta face, Seigneur. Las, qui se comparemon sort ? Pas mme aux animaux stupides, car les animaux stupides sont euxaussi fconds devant toi, Seigneur. Las, quoi se compare mon sort ? Non plusaux btes sauvages de la terre, car les btes sauvages de la terre sontfcondes devant ta face, Seigneur.

    III.3. Las, quoi se compare mon sort ? A ces eaux non plus, car ces eaux sonttantt calmes tantt bondissantes, et leurs poissons te bnissent, Seigneur.Las, qui se compare mon sort ? Pas mme cette terre, car la terre produitdes fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur.

    IV.1. Et voici quun ange du Seigneur parut, disant : Anne, Anne, le SeigneurDieu a entendu ta prire. Tu concevras, tu enfanteras et lon parlera de tapostrit dans la terre entire.

    Anne rpondit : Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de monenfant, garon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de savie.

    IV.2. Et voici, deux messagers survinrent, qui lui dirent : Joachim, ton mari,arrive avec ses troupeaux. Un ange du Seigneur est descendu auprs de lui,disant : "Joachim, Joachim, le Seigneur Dieu a exauc ta prire. Descends dici.Voici que Anne ta femme a conu4 en son sein".

    IV.3. Aussitt Joachim est descendu, il a convoqu ses bergers, leur disant : Apportez-moi ici dix agneaux sans tache ni dfaut. Ces dix agneaux serontpour le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux bien tendres et lesdouze veaux seront pour les prtres et le Conseil des Anciens. Aussi centchevreaux, et les cent chevreaux seront pour tout le peuple.

    IV.4. Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne lattendait, aux portes de laville5. Ds quelle le vit paratre avec ses btes, elle courut vers lui, sesuspendit son cou et scria : Maintenant je sais que le Seigneur Dieu macomble de bndictions ! Voici : la veuve nest plus veuve et la strile aconu6 ! Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui se reposer.

    V.1. Le lendemain, il apportait ses offrandes : Si le Seigneur Dieu ma tfavorable, pensait-il, la lame dor du prtre me le rvlera7. Il prsenta ses4 Ou : concevra , les manuscrit hsitent. Le pass rend la conception de Marie miraculeuse commecelle de Jsus, puisque effectue en l'absence de Joachim.5 Elle le rencontra, prcise l'vangile du Pseudo-Matthieu, la " Porte dore " : l'art mdival fera la partbelle cette scne.6 Mme remarque qu' la note 4.7 Cette lame d'or tait fixe sur la tiare du grand-prtre. Elle symbolisait la gloire de Dieu, dont elle portaitle nom grav, et seuls les purs en apercevaient l'clat.

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  • offrandes, et scruta la tiare du prtre quand celui-ci monta lautel duSeigneur ; et il sut quil ny avait pas de faute en lui.

    Maintenant, dit-il, je sais que le Seigneur Dieu ma fait grce et ma remistous mes pchs. Et il descendit du temple du Seigneur, justifi, et rentrachez lui.

    V.2. Six mois environ scoulrent ; le septime, Anne enfanta. Quai-je misau monde ? demanda-t-elle la sage-femme. Et celle-ci rpondit : Unefille. Et Anne dit : Mon me a t exalte en ce jour ! Et elle couchalenfant.

    Quand les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein lenfant8 etlappela du nom de Marie.

    VI.1. De jour en jour, lenfant se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa mre lamit par terre, pour voir si elle tenait debout. Or lenfant fit sept pas, puis revintse blottir auprs de sa mre. Celle-ci la souleva, disant : Aussi vrai que vit leSeigneur mon Dieu, tu ne marcheras pas sur cette terre, que je ne tai meneau temple du Seigneur. Et elle apprta un sanctuaire dans sa chambre et ellene laissait jamais sa fille toucher rien de profane ou dimpur. Et elle invita lesfilles des Hbreux, qui taient sans tache, et celles-ci la divertissaient.

    VI.2. Quand lenfant eut un an, Joachim donna un grand festin o il convia lesgrands prtres, les prtres, les scribes, les Anciens et tout le peuple dIsral. Ilprsenta lenfant aux prtres qui la bnirent : Dieu de nos pres disaient-ils,bnis cette enfant, et donne-lui un nom illustre jamais, dans toutes lesgnrations. Et tout le peuple scria : Quil en soit ainsi ! Amen ! Et ils laprsentrent aux grands-prtres, et ceux-ci la bnirent, disant : Dieu deshauteurs, abaisse ton regard sur cette petite fille et bnis-la dune bndictionsuprme, qui surpasse toute bndiction.

    VI.3. Et sa mre lemporta dans le sanctuaire de sa chambre et elle lui donna lesein.

    Anne leva un chant au Seigneur Dieu : Je chanterai un cantique sacr auSeigneur mon Dieu, parce quil ma visite et ma enlev loutrage de mesennemis. Et le Seigneur mon Dieu ma donn un fruit de sa justice, unique etconsidrable devant sa face. Qui annoncera aux fils de Ruben quAnne donnele sein ? coutez, coutez, les douze tribus dIsral : Anne donne le sein !

    Et elle reposa lenfant dans le sanctuaire de sa chambre, sortit et servit seshtes.

    Quand le banquet fut achev, ils descendirent joyeux et ils glorifirent le DieudIsral.

    VII.1. Les mois se succdrent : lenfant atteignit deux ans. Joachim dit : Menons-la au temple du Seigneur, pour accomplir la promesse que nousavons faite. Sinon le Matre sirriterait contre nous et rejetterait notreoffrande. Mais Anne rpondit : Attendons sa troisime anne, de peurquelle ne rclame son pre ou sa mre. Joachim opina : Attendons. 8 Anne ne nourrit son enfant qu'une fois sortie de son temps d'impuret.

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  • VII.2. Lenfant eut trois ans. Joachim dit : Appelons les filles des Hbreux,celles qui sont sans tache. Que chacune prenne un flambeau et le tienneallum : ainsi, Marie ne se retournera pas et son cur ne sera pas retenu captifhors du temple du Seigneur. Lordre fut suivi, et elles montrent au templedu Seigneur. Et le prtre accueillit lenfant et layant embrasse, il la bnit etdit : Le Seigneur Dieu a exalt ton nom parmi toutes les gnrations. En toi,au dernier des jours, le Seigneur manifestera la rdemption aux fils dIsral.

    VII.3. Et il la fit asseoir sur le troisime degr de lautel. Et le Seigneur Dieurpandit sa grce sur elle. Et ses pieds esquissrent une danse et toute lamaison dIsral laima.

    VIII.1. Ses parents descendirent, merveills, louant et glorifiant le Dieusouverain qui ne les avait pas ddaigns. Et Marie demeurait dans le temple duSeigneur, telle une colombe9, et elle recevait sa nourriture de la main dunange.

    VIII. 2. Quand elle eut douze ans, les prtres se consultrent et dirent : Voicique Marie a douze ans, dans le temple du Seigneur. Que ferons-nous delle,pour viter quelle ne rende impur le sanctuaire du Seigneur notre Dieu ?

    Et ils dirent au grand-prtre : Toi qui gardes lautel du Seigneur, entre et prieau sujet de cette enfant. Ce que le Seigneur te dira, nous le ferons.

    VIII. 3. Et le prtre revtit lhabit aux douze clochettes10, pntra dans le Saintdes Saints et se mit en prire. Et voici quun ange du Seigneur apparut, disant : Zacharie, Zacharie, sors et convoque les veufs du peuple. Quils apportentchacun une baguette. Et celui qui le Seigneur montrera un signe en fera safemme.

    Des hrauts sgaillrent dans tout le pays de Jude et la trompette duSeigneur retentit, et voici quils accoururent tous.

    IX.1. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se joindre la troupe. Ils serendirent ensemble chez le prtre avec leurs baguettes. Le prtre prit cesbaguettes, pntra dans le temple et pria. Sa prire acheve, il reprit lesbaguettes, sortit et les leur rendit. Aucune ne portait de signe. Or Joseph reutla sienne le dernier. Et voici quune colombe senvola de sa baguette et vint sepercher sur sa tte.

    Alors le prtre : Joseph, Joseph, dit-il, tu es llu : cest toi qui prendras engarde la vierge du Seigneur.

    IX.2. Mais Joseph protesta : Jai des fils, je suis un vieillard et elle est unetoute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la rise des fils dIsral ?

    Joseph, rpondit le prtre, crains le Seigneur ton Dieu, et souviens-toi du sortque Dieu a rserv Dathan, Abiron et Cor. La terre sentrouvrit et lesengloutit tous la fois, parce quils lui avaient rsist. Et maintenant, Joseph,crains de semblables flaux sur ta maison !

    9 Symbole de puret. 10 Pour cette robe de crmonie, cf. Exode 28, 17-21 et 33-35.

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  • IX. 3. Trs mu, Joseph prit la jeune fille sous sa protection et lui dit : Marie,le temple du Seigneur ta confie moi. Maintenant je te laisse en ma maison.Car je pars construire mes btiments. Je reviendrai auprs de toi. Le Seigneurte gardera.

    X.1. Cependant, les prtres staient runis et avaient dcid de faire tisser unvoile pour le temple du Seigneur.

    Et le grand-prtre dit : Appelez-moi les jeunes filles de la tribu de David11, quisont sans tache. Ses serviteurs partirent, cherchrent et en trouvrent sept.Mais le prtre se souvint que la jeune Marie tait de la tribu de David et quelletait sans tache devant Dieu. Et les serviteurs partirent et lamenrent.

    X. 2. Et lon fit entrer ces jeunes filles dans le temple du Seigneur. Et le prtreleur dit : Tirez au sort laquelle filera lor, lamiante, le lin, la soie, le bleu,lcarlate et la pourpre vritable.

    La pourpre vritable et lcarlate churent Marie. Elle les prit et rentra chezelle. Cest ce moment-l que Zacharie devint muet et que Samuel leremplaa jusqu ce quil et retrouv la parole.

    Et Marie saisit lcarlate et se mit filer.

    XI.1. Or elle prit sa cruche et sortit pour puiser de leau. Alors une voix retentit : Rjouis-toi, pleine de grce. Le Seigneur est avec toi. Tu es bnie parmi lesfemmes.

    Marie regardait droite et gauche : do venait donc cette voix ? Pleine defrayeur, elle rentra chez elle, posa sa cruche, reprit la pourpre, sassit sur sachaise et se remit filer.

    XI.2. Et voici quun ange debout devant elle disait : Ne crains pas, Marie, tuas trouv grce devant le Matre de toute chose. Tu concevras de son Verbe.

    Ces paroles jetrent Marie dans le dsarroi. Concevrai-je, moi, du Seigneur,dit-elle, du Dieu vivant, et enfanterai-je comme toute femme ?

    XI.3. Et voici que lange, toujours devant elle, lui rpondit : Non, Marie. Car lapuissance de Dieu te prendra sous son ombre. Aussi le saint enfant qui natrasera-t-il appel le fils du Trs-Haut. Tu lui donneras le nom de Jsus, car ilsauvera son peuple de ses pchs. Et Marie dit alors : Me voici devant lui saservante ! Quil madvienne selon ta parole.

    XII.1. Et elle reprit son travail de pourpre et dcarlate puis lapporta au prtre.

    Et quand le prtre le reut, il la bnit et dit : Marie, le Seigneur Dieu a exaltton nom et tu seras bnie parmi toutes les gnrations de la terre.

    XII.2. Pleine de joie, Marie se rendit chez sa parente Elisabeth et frappa laporte. En lentendant Elisabeth jeta lcarlate, courut la porte, ouvrit, et labnit en ces termes : Comment se fait-il que la mre de mon Seigneur vienne moi ? Car vois-tu, lenfant a tressailli et ta bnie. 11 Encore une bourde : il n'y a pas de tribu de David.

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  • Or Marie avait oubli les mystres dont avait parl lange Gabriel12. Elle leva lesyeux au ciel et dit : Qui suis-je, pour que toutes les femmes de la terre meproclament bienheureuse ?

    XII.3. Et elle demeura trois mois chez Elisabeth. Et de jour en jour son seinsarrondissait. Inquite, elle regagna sa maison et elle se cachait des filsdIsral. Elle avait seize ans, quand saccomplirent ces mystres13.

    XIII.1. Son sixime mois arriva, et voici que Joseph revint des chantiers ; il entradans la maison et saperut quelle tait enceinte. Et il se frappa le visage et sejeta terre sur son sac et il pleura amrement, disant : Quel front lverai-jedevant le Seigneur Dieu ? Quelle prire lui adresserai-je ? Je lai reue vierge dutemple du Seigneur et je ne lai pas garde. Qui ma trahi ? Qui a commis cecrime sous mon toit ? Qui ma ravi la vierge et la souille ? Lhistoire dAdamse rpte-t-elle mon sujet ? Car tandis quAdam faisait sa prire de louange,le serpent sapprocha et surprit Eve seule ; il la sduisit et la souilla. La mmedisgrce me frappe.

    XIII.2. Et Joseph se releva de son sac et appela Marie : Toi la choye de Dieu,quas-tu fait l ? As-tu oubli le Seigneur ton Dieu ? Pourquoi tes-tudshonore, toi qui as t leve dans le Saint des Saints et as reu nourriturede la main dun ange ?

    XIII.3. Et elle pleura amrement, disant : Je suis pure et je ne connais pasdhomme. Et Joseph lui dit : Do vient le fruit de ton sein ? Et ellerpondit : Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, jignore do il vient.

    XIV.1. Et Joseph, rempli de frayeur, se tint coi, et il se demandait ce quil devaitfaire delle. Si je garde le secret sur sa faute, se disait-il, je contreviendrai laloi du Seigneur. Mais si je la dnonce aux fils dIsral, et que son enfant viennedun ange, ce dont jai bien peur, alors je livre la peine capitale un sanginnocent. Que ferai-je delle ? Je la rpudierai en secret.

    La nuit le surprit dans ces rflexions.

    XIV.2. Et voici quun ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : Netinquite pas propos de cette enfant. Ce qui est en elle vient de lEsprit saint.Elle tenfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jsus. Car il sauvera sonpeuple de ses pchs.

    Joseph se rveilla et glorifia le Dieu dIsral qui lui avait donn sa grce. Et ilgarda la jeune fille.

    XV.1. Or le scribe Anne vint le voir et lui dit : Joseph, pourquoi nas-tu pointparu notre runion ? -Mon voyage mavait fatigu, rpondit-il, et jai pass lepremier jour me reposer. Mais Anne se retourna et vit Marie enceinte.

    XV.2. Et il partit en courant chez le prtre et lui dit : Eh bien, ce Joseph donttu te portes garant, a commis une faute ignoble. -Quoi donc ? demanda legrand-prtre. Lautre reprit : Il a dshonor la jeune fille que le temple duSeigneur lui avait confie et il la pouse secrtement, sans avertir les fils12 En contradiction avec saint Luc, pour qui Marie garde prcieusement toutes choses en son cur.13 Nouvelle distraction de l'auteur. Il ne s'est pas coul quatre ans depuis la sortie du Temple, cf. p. 74.

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  • dIsral ! Et le grand-prtre lui dit : Joseph a-t-il fait cela ? Et lautrerpondit : Envoie tes gens et tu verras que la jeune fille est enceinte. Desserviteurs partirent et la trouvrent dans ltat quil avait dit. Ils la ramenrentau temple et elle comparut au tribunal.

    XV.3. Le grand-prtre lui dit : Marie, quas-tu fait l ? Pourquoi as-tu perduton honneur ? As-tu oubli le Seigneur ton Dieu, toi qui fus leve dans le Saintdes Saints et qui reus nourriture de la main des anges ? Toi qui entendis leurshymnes et dansas devant eux ? Quas-tu fait l ?

    Et elle pleura amrement et dit : Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je suispure devant sa face et ne connais pas dhomme.

    XV.4. Et le grand-prtre dit : Et toi, Joseph, quas-tu fait ? Et Josephrpondit : Aussi vrai que vit le Seigneur et que vivent son Christ et le tmoinde sa vrit je suis pur vis--vis delle. Le grand-prtre insista.

    Ne rends pas de faux tmoignage ! Dis la vrit ! Tu las pouse encachette, tu nas rien dit aux fils dIsral et tu nas pas inclin ta tte sous lapuissante main qui et bni ta postrit ! Et Joseph garda le silence.

    XVI.1. Le grand-prtre reprit : Rends-nous la jeune fille que tu avais reue dutemple du Seigneur. Joseph fondit en larmes. Le grand-prtre ajouta : Jevous ferai boire leau de lpreuve rituelle14 et votre faute clatera vosyeux.

    XVI.2. Le grand-prtre prit de leau, en fit boire Joseph puis il lenvoya audsert15, Or celui-ci revint indemne. Et il fit boire aussi la jeune fille et lenvoyaau dsert. Et elle redescendit, indemne. Et tout le peuple stonna que leurfaute net pas t manifeste.

    XVI.3. Alors le grand-prtre dit : Puisque le Seigneur Dieu na pas rvl depch en vous, moi non plus je ne vous condamne pas. Et il les laissa partir.Et Joseph prit Marie et rentra chez lui, heureux et louant le Dieu dIsral.

    XVII.1. Il parut un dit du roi Auguste qui invitait tous les habitants deBethlem en Jude, se faire recenser.

    Et Joseph dit : Jirai inscrire mes fils. Mais que faire avec cette enfant ?Comment la recenser ? Comme ma femme ? Je ne puis dcemment. Commema fille ? Mais les fils dIsral savent que je nai pas de fille. Quen ce jour donc,le Seigneur en dcide son gr.

    XVII.2. Et il sella son ne et la jucha dessus. Son fils tirait la bride et Samuelsuivait. Et ils entamaient le troisime mille quand Joseph se retourna et la vitfort rembrunie. Lenfant quelle porte, pensa-t-il, doit la faire souffrir. Il setourna une nouvelle fois et vit quelle riait. Il lui dit : Marie, quas-tu donc ? Jevois tour tour joie et tristesse sur ton visage. Et elle lui dit : Joseph, deuxpeuples sont sous mes yeux16. Lun pleure et se frappe la poitrine, lautredanse et fait la fte.

    14 L'ordalie que subissait la femme souponne d'adultre, cf. Nombres 5, 11-31.15 Que l'auteur suppose commencer aux portes de Jrusalem.16 Ce sont les incroyants et les croyants.

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  • XVII. 3. Ils taient mi-chemin17, quand Marie lui dit : Joseph, aide-moi descendre de lne. Lenfant, en moi, me presse et va natre. Il lui fit mettrepied terre et lui dit : O temmener ? O abriter ta pudeur ? Lendroit est dcouvert.

    XVIII.1. Mais il trouva l une grotte18, ly conduisit et la confia la garde de sesfils. Puis il partit chercher une sage-femme juive dans le pays de Bethlem. [Ilen trouva une qui descendait de la montagne et il lamena19.]

    XVIII. 2. Or moi20, Joseph, je me promenais et ne me promenais pas. Et jelevai les yeux vers la vote du ciel et je la vis immobile, et je regardai en lairet je le vis fig dtonnement. Et les oiseaux taient arrts en plein vol.

    Et jabaissai mes yeux sur la terre et je vis une cuelle et des ouvriers tenduspour le repas, et leurs mains demeuraient dans lcuelle. Et ceux quimchaient ne mchaient pas et ceux qui prenaient de la nourriture ne laprenaient pas et ceux qui la portaient la bouche ne ly portaient pas. Toutesles faces et tous les yeux taient levs vers les hauteurs.

    XVIII. 3. Et je vis des moutons que lon poussait, mais les moutons navanaientpas. Et le berger levait la main pour les frapper, et sa main restait en lair. Et jeportai mon regard sur le courant de la rivire et je vis des chevreaux quieffleuraient leau de leur museau, mais ne la buvaient pas. Soudain la vie repritson cours.

    XIX.1. Et je vis une femme qui descendait de la montagne et elle minterpella : Eh, lhomme, o vas-tu ? Je rpondis : Je vais chercher une sage-femmejuive. - Es-tu dIsral ? me demanda-t-elle encore. Oui , lui dis-je. Elle reprit : Et qui donc est en train daccoucher dans la grotte ?

    [Et Joseph dit la sage-femme : Cest Marie, ma fiance ; mais elle a conude lEsprit saint, aprs avoir t leve dans le temple du Seigneur. ]

    Et je lui dis : Cest ma fiance. - Elle nest donc pas ta femme ? demanda-t-elle. Et je lui dis : Cest Marie, celle qui a t leve dans letemple du Seigneur. Jai t dsign pour lpouser, mais elle nest pas mafemme, et elle a conu du Saint-Esprit. Et la sage-femme dit : Est-ce lavrit ? Joseph rpondit : Viens et vois. Et elle partit avec lui.

    XIX.2. et ils sarrtrent lendroit de la grotte. Une obscure nue enveloppaitcelle-ci. Et la sage-femme dit : Mon me a t exalte aujourdhui car mesyeux ont contempl des merveilles : le salut est n pour Isral. Aussitt lanue se retira de la grotte et une grande lumire resplendit lintrieur, quenos yeux ne pouvaient supporter. Et peu peu cette lumire sadoucit pourlaisser apparatre un petit enfant. Et il vint prendre le sein de Marie sa mre. Etla sage-femme scria : Quil est grand pour moi ce jour ! Jai vu de mes yeuxune chose inoue.

    17 Gographie fantaisiste. On notera en outre que l'auteur, qui ne fait nulle rfrence Nazareth, supposeque Joseph et Marie habitent Jrusalem. Pourquoi vont-ils se faire recenser Bethlem ?18 Premire rfrence la grotte, avec celle de Justin, Dialogues, 78.19 Les passages entre crochets reproduisent les variantes du papyrus Bodmer qui diffre en quelquespisodes de tous les autres manuscrits.20 20. Ici se place un hors-d'uvre, influenc par les contes orientaux.

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  • XIX.3. Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salom et elle lui dit : Salom, Salom, jai une tonnante nouvelle tannoncer : une vierge aenfant, contre la loi de nature. Et Salom rpondit : Aussi vrai que vit leSeigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je nexamine son corps, je necroirai jamais que la vierge a enfant.

    [Et elle sapprocha, et la disposa, et Salom examina sa nature. Et elle scriaquelle avait tent le Dieu vivant : Et voici, je perds ma main, brle par unfeu. Et elle pria le Seigneur et la sage-femme fut gurie ds cet instant.

    Or un ange du Seigneur se dressa devant Salom, disant : Ta prire a texauce devant le Seigneur Dieu. Approche-toi et touche le petit enfant, etpour toi aussi il sera le salut. Salom obit et fut gurie selon quelle avaitador, et elle sortit de la grotte. Et voici, un ange du Seigneur fit entendre unevoix.]

    XX.1. Et la sage-femme entra et dit : Marie, prpare-toi car ce nest pas unpetit dbat qui slve ton sujet. A ces mots, Marie se disposa. Et Salommit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : Malheur monimpit et mon incrdulit ! disait-elle, jai tent le Dieu vivant ! Et voici quema main se dfait, sous laction dun feu.

    XX.2. Et Salom sagenouilla devant le Matre, disant : Dieu de mes pres,souviens-toi que je suis de la ligne dAbraham, dIsaac et de Jacob. Nemexpose pas au mpris des fils dIsral, mais rends-moi aux pauvres. Car tusais, Matre, quen ton nom je les soignais, recevant de toi seul mon salaire.

    XX.3. Et voici quun ange du Seigneur parut, qui lui dit : Salom, Salom, leMatre de toute chose a entendu ta prire. tends ta main sur le petit enfant,prends-le. Il sera ton salut et ta joie.

    XX.4. Et Salom, toute mue, sapprocha de lenfant, le prit dans ses bras,disant : Je ladorerai. Il est n un roi Isral et cest lui. Aussitt Salom futgurie, et elle sortit de la grotte, justifie. Et voici quune voix parla : Salom,Salom, nbruite pas les merveilles que tu as contemples, avant que lenfantne soit entr Jrusalem21.

    XXI.1. Alors que Joseph se prparait partir pour la Jude22, une vive agitationclata Bethlem de Jude. Les mages arrivrent, disant : O est le roi desJuifs ? Nous avons vu son toile en Orient, et nous sommes venus ladorer.

    [Cette nouvelle alarma Hrode qui dpcha des serviteurs, les convoqua et ilsle renseignrent sur ltoile. Et voici, ils virent des astres en Orient et ils lesguidaient jusqu leur arrive dans la grotte et ltoile sarrta au-dessus de latte de lenfant23.]21 Sans doute pour la prsentation au temple.22 L'auteur n'a aucune ide de l'emplacement de Bethlem, de Jrusalem ni de la Jude. Certains en ontconclu, aids par d'autres indices, que l'auteur tait un gyptien qui n'avait sans doute pas voyag. Cf. Laforme la plus ancienne du protvangile de Jacques, par E. De Strycker, Socit des Bollandistes, Bruxelles1961.23 Recension incohrente. Comment les mages sont-ils la fois devant Hrode et en route vers la grotte ?Pourquoi cette allusion plusieurs toiles et une seule ? Cf. E. De Strycker, op. cit. Le Pseudo-Matthieu ajoute : Le troisime jour aprs la naissance du Seigneur, Marie sortit de la grotte,entra dans une table et dposa l'enfant dans la crche, et le buf et l'ne l'adorrent. Alors s'accomplitla parole du prophte Isae : Le buf a reconnu son matre et l'ne la crche de son matre. Ces

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  • XXI.2. Cette nouvelle alarma Hrode qui dpcha des serviteurs auprs desmages. Il convoqua aussi les grands prtres et les interrogea au prtoire : Quest-il crit sur le Christ ? demanda-t-il. O doit-il natre ? Ils rpondirent : A Bethlem en Jude. Ainsi est-il crit. Et il les congdia.

    Puis il interrogea les mages, leur disant : Quel signe avez-vous vu au sujet duroi nouveau-n ?

    Et les mages rpondirent : Nous avons vu une toile gante, parmi les autresconstellations, si blouissante quelle les clipsait toutes. Ainsi avons-nouscompris quun roi tait n Isral et nous sommes venus ladorer.

    Hrode leur dit : Partez sa recherche, et si vous le trouvez, faites-le moisavoir afin que moi aussi jaille ladorer.

    XXI.3. Les mages partirent. Et voici, lastre quils avaient vu en Orient lesconduisit jusqu ce quils fussent arrivs la grotte, et au-dessus de la tte delenfant, il sarrta24.

    Quand ils leurent vu l, avec Marie sa mre, les mages tirrent des prsentsde leurs sacs, or, encens et myrrhe.

    XXI.4. Mais comme lange les avait avertis de ne pas repasser par la Jude, ilsrentrrent chez eux par un autre chemin.

    XXII.1. Alors Hrode, voyant quil avait t jou par les mages, se mit en colreet envoya des tueurs avec mission de faire prir tous les enfants jusqu lgede deux ans.

    XXII.2. Quand Marie apprit ce massacre, saisie deffroi, elle prit lenfant,lemmaillota et le cacha dans une mangeoire btail.

    XXII.3. lisabeth, qui avait appris que lon cherchait Jean, lemporta et gagna lamontagne, et elle regardait la ronde o le dissimuler mais elle napercevaitpoint de cachette. Alors elle se mit gmir, disant : Montagne de Dieu,accueille une mre et son enfant ! Car la frayeur lempchait de monter.Aussitt la montagne se fendit et la reut en son sein, tout en laissant filtrerune clart pour elle. Car un ange du Seigneur tait avec eux et il les protgeait.

    XXIII.1. Mais Hrode cherchait toujours Jean, et il envoya des serviteurs lautel, auprs de Zacharie, pour lui demander : O as-tu cach ton fils ? Ilrpondit : Je suis le serviteur de Dieu et je demeure attach son temple.Est-ce que je sais o est mon fils ?

    XXIII.2. Les serviteurs repartirent et rapportrent Hrode ses propos. Celui-ci,furieux, scria : Son fils va donc rgner sur Isral ? Et il renvoya sesserviteurs pour linterroger encore : Dis-moi la vrit. O est ton fils ? Sais-tuque ma main a pouvoir de rpandre ton sang ? Les serviteurs partirent ettransmirent le message.

    animaux avaient l'enfant entre eux et l'adoraient sans cesse. Alors s'accomplit la parole du prophteHabacuc : Tu te feras connatre entre deux animaux. 24 toile mentionne aussi par Ignace d'Antioche (Lettre aux phsiens 19, 1-2) et le Pseudo-Matthieu.

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  • XXIII.3. Mais Zacharie lui fit rpondre : Je suis le martyr25 de Dieu. Dispose demon sang ; mais mon esprit, le Matre le recevra, parce que cest un sanginnocent qu lentre du temple tu tapprtes faire couler.

    Et vers laube, Zacharie fut assassin, et les fils dIsral ignoraient tout de cemeurtre.

    XXIV.1. A lheure de la salutation, les prtres partirent, et Zacharie ne vint pas,comme laccoutume, au-devant deux, en prononant les bndictions. Lesprtres sarrtrent, et attendirent Zacharie pour le saluer avec des prires etglorifier le Dieu trs haut.

    XXIV.2. Son retard cependant les plongea tous dans langoisse. Lun deuxsenhardit et entra dans le sanctuaire ; prs de lautel du Seigneur, il aperutdu sang fig. Et une voix retentit : Zacharie a t assassin. Son sang neseffacera pas avant que vienne le vengeur26. Ces paroles le remplirentdeffroi. Il sortit et annona aux prtres ce quil avait vu et entendu.

    XXIV.3. Rsolument, ils entrrent et constatrent le drame. Et les lambris dutemple gmirent et eux dchirrent leurs vtements du haut en bas. Ilsnavaient pas trouv son cadavre, mais ils avaient vu son sang ptrifi. Ilssortirent effrays et annoncrent que Zacharie avait t assassin.

    A cette nouvelle, toutes les tribus du peuple se lamentrent et menrent ledeuil trois jours et trois nuits.

    XXIV.4. Et aprs les trois jours, les prtres dlibrrent pour savoir quisuccderait Zacharie. Le sort tomba sur Symon. Ctait lui que leSaint-Esprit avait averti quil ne verrait pas la mort avant davoir contempl leChrist dans la chair.

    XXV.1. Et moi, Jacques, qui ai crit cette histoire Jrusalem, je rsolus, lorsdes troubles qui clatrent la mort dHrode, de me retirer au dsert, jusquce que la paix ft revenue Jrusalem. Et je glorifierai le Matre qui ma donnla sagesse dcrire cette histoire.

    XXV.2. La grce sera avec tous ceux qui craignent le Seigneur.

    Amen.

    Nativit de Marie.

    Rvlation de Jacques.

    Paix celui qui a crit et celui qui lit !

    25 Le grec martus a la fois le sens de martyr et de tmoin.26 Allusion probable l'empereur Titus qui dtruisit le Temple en 70.

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    Introduction