25
Monsieur Philippe Choffel Monsieur Francis Kramarz Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969 In: Economie et statistique, N°213, Septembre 1988. pp. 5-26. Citer ce document / Cite this document : Choffel Philippe, Kramarz Francis. Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969. In: Economie et statistique, N°213, Septembre 1988. pp. 5-26. doi : 10.3406/estat.1988.5236 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_213_1_5236

Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

  • Upload
    francis

  • View
    216

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Monsieur Philippe ChoffelMonsieur Francis Kramarz

Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis1969In: Economie et statistique, N°213, Septembre 1988. pp. 5-26.

Citer ce document / Cite this document :

Choffel Philippe, Kramarz Francis. Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969. In: Economie etstatistique, N°213, Septembre 1988. pp. 5-26.

doi : 10.3406/estat.1988.5236

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_213_1_5236

Page 2: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

RésuméEntre 1 974 et 1 980, le nombre des ouvriers non qualifiés (ONQ) diminue de près de la moitié dans lachimie, de 40 % dans le bâtiment-travaux publics et la sidérurgie. Après 1 980, les effectifs d'ONQ sonten baisse dans tous les secteurs industriels, sauf dans les industries de la viande et du lait.Dans les secteurs de biens intermédiaires qui traversent une forte récession — sidérurgie, chimie,papier-carton, matériaux de construction — les réductions globales d'effectifs sont très fortes dès 1974,et elles s'accompagnent d'une profonde recomposition de la main- d'œuvre : le nombre d'ouvriersqualifiés diminue moins vite que celui des ONQ, tandis qu'augmente celui des techniciens et que leseffectifs d'ingénieurs et de cadres restent stables. Dans toutes ces industries de process utilisantbeaucoup de capital, l'emploi ouvrier non qualifié décline, souvent d'ailleurs bien avant 1 974, sousl'effet des innovations technologiques, et notamment de l'automatisation des processus de fabrication.Après 1 980, certains de ces secteurs, la sidérurgie par exemple, après avoir renforcé leur potentieltechnique, développent leurs fonctions commerciales, créant ainsi des emplois de cadres tertiaires.Dans des secteurs de biens de consommation également très touchés par la crise, tels que le textile-habillement et le cuir, la gestion de la main-d'œuvre est plus strictement défensive : toutes lescatégories d'emplois régressent, sauf les cadres commerciaux. Ces industries mobilisent une main-d'œuvre nombreuse, dans laquelle les ouvriers non qualifiés (et surtout les ouvrières) occupent uneplace prépondérante. Dans de tels secteurs, la parcellisation des tâches reste très poussée, etl'automatisation ne pénètre pas l'ensemble des processus de fabrication.Dans les industries agricoles et alimentaires, l'aéronautique, l'armement, l'électricité, ni le premier nimême le second choc n'entraînent de chute de l'emploi. En revanche, le second choc stoppe lacroissance de l'automobile, l'électronique et la parachimie. Outre les réductions d'emplois non qualifiés,auxquelles ils n'échappent pas, tous ces secteurs relativement épargnés ont en commun, face à lacrise, le renforcement de leur potentiel technique. Certains, tels l'aéronautique, l'électronique ou laparachimie, développent de plus des emplois de cadres tertiaires, dans le but d'améliorer lacommercialisation de leurs produits, de s'informatiser ou de développer les fonctions de gestion etd'organisation.

AbstractTrends in industrial occupation levels since 1969 - Between 1 974 and 1 980, the number of unskilledworkers dropped by almost 50 % in chemicals, and 40% in the construction and steel industries. After1980, the number of unskilled workers declined in all industrial sectors, except in the meat and milkindustries.As to the sectors of intermediate goods which underwent a severe recession — steel, chemicals, paper-cardboard, building materials —, the general reductions in numbers were very high from 1 974 onwards,and accompanied a profound redistribution of the workforce : the number of skilled workers declinedless quickly than that of unskilled workers, while the number of technicians increased and that ofengineers and executives remained stable. In all of these capital intensive process industries, and evenwell before 1 974, fewer unskilled workers were employed, due to technological innovations, andespecially the automation of production processes. After 1980, some of these sectors, steel forinstance, developed their commercial functions, after they had strengthened their technical potential,thus creating jobs for executives in the tertiary sector. As to sectors of consumer goods, also badly hitby the crisis, such as textiles — apparel and leather, the management of the work force was morestrictly defensive : all categories of jobs diminished, except that of commercial executives..- Theseindustries employed a large work force, dominated by unskilled workers (and especially femaleworkers). In such sectors, tasks remained fragmented into individual operations, and automation did notpenetrate the whole production process.In the agricultural and food industries, aerospace, arms, electricity, neither the first nor even the secondoil crisis brought a drop in employment. On the other hand, the second crisis checked the growth of theautomotive industry, electronics, chemicals-related industries. Apart from the reductions in unskilledjobs, which could not be avoided, all of these relatively untouched sectors had in common thestrengthening of their technical potential, in view of the crisis. Some, such as aerospace, electronics orchemicals-related industries, developed more and more jobs for executives in the tertiary sector, inorder to enhance the marketing of their products, computerize or develop management and

Page 3: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

organization functions.

ResumenEvolución de las estructuras profesionales en la industria desde 1969 - Entre 1 974 y 1 980 el númerode obreros no calificados (ONC) disminuye en alrededor de un 50 % en la quimica y en un 40 % en laconstrucciôn, los trabajos públicos y la siderurgia. Después de 1 980 los efectivos de personal de ONCesta en baja en todos los sectores industriales, salvo en las industrias de la carne y de la leche.En los sectores de bienes intermedios que están sacudidos por una fuerte recesión — siderurgia,quimica, papel, carton, materiales de construcción global de personal es muy importante a partir de1974 y corre pareja con una profunda recomposición de la mano de obra: el número de obreroscalificados disminuye menos rápidamente que el de los ONC mientras que el de los técnicos aumenta yel de los ingenieros y ejecutivos permanece estable. En todas estas industrias de « process » queutilizan mucho capital, el empleo de obreros no calificados déclina frecuentemente mucho antes de 1974 bajo el efecto de innovaciones tecnológicas y en especial como consecuencia de la automatizaciónde procesos de fabricación. Después de 1980, algunos de esos sectores como por ejemplo lasiderurgia, luego de haber reforzado su potencial técnico, desarrolla el área de las funcionescomerciales, oreando de este modo empleos de ejecutivos terciarios. En los sectores de bienes deconsumo, igualmente muy afectados por la crisis tales como el textil, el vestido y el cuero, la gestion dela mano de obra es mes estrictamente defensiva: todas las categorias de empleos retroceden salvo lasde los ejecutivos comerciales. Estas industrias movilizan una mano de obra numerosa en la cual losobreros no calificados (y en especial las obreras) ocupan un lugar preponderante. En tales sectores, ladivision de las actividades sigue siendo muy profunda y la automatización no pénétra en el conjunto delos procesos de fabricación.En las industrias agricolas y de la alimentaciôn, en la aeronáutica, el armamento y la electricidad ni elprimero ni siquiera el segundo choque petrolero acarrearon la caida del empleo. El segundo choque,por el contrario, detuvo el crecimiento en el sector del automóvil, electronica y paraquimica. Ademâs delas reducciones de empleos no calificados que no pueden evitarse, todos esos sectores, relativamenteprotegidos, tienen en común frente a la crisis el refuerzo de su potencial técnico. Algunos como los deaeronáutica, electrônica o paraquimica desarrollan además empleos de ejecutivos terciarios con elpropôsito de mejorar la comercialización de sus productos, de informatizarse o de desarrollar lasfunciones de gestion y de organización.

Page 4: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

ADAPTATION DES STRUCTURES D'EMPLOI ET MODERNISATION DES ENTREPRISES

Evolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

La crise a accéléré les mouvements de recomposition de la main-d'œuvre

Philippe Choffel et Francis Kramarz*

Entre 1974 et 1980, le nombre des ouvriers non qualifiés (ONQ) diminue de près de la moitié dans la chimie, de 40 % dans le bâtiment -travaux publics et la sidérurgie. Après 1980, les effectifs d'ONQ sont en baisse dans tous les secteurs industriels, sauf dans les industries de la viande et du lait.

Dans les secteurs de biens intermédiaires qui traversent une forte récession — sidérurgie, chimie, papier-carton, matériaux de construction —, les réductions globales d'effectifs sont très fortes dès 1974, et elles s'accompagnent d'une profonde recomposition de la main-d'œuvre : le nombre d'ouvriers qualifiés diminue moins vite que celui des ONQ, tandis qu'augmente celui des techniciens et que les effectifs d'ingénieurs et de cadres restent stables. Dans toutes ces « industries de process » utilisant beaucoup de capital, l'emploi ouvrier non qualifié décline, souvent d'ailleurs bien avant 1974, sous l'effet des innovations technologiques, et notamment de l'automatisation des processus de fabrication. Après 1980, certains de ces secteurs, la sidérurgie par exemple, après avoir renforcé leur potentiel technique, développent leurs fonctions commerciales, créant ainsi des emplois de cadres tertiaires. Dans des secteurs de biens de consommation également très touchés par la crise, tels que le textile-habillement et le cuir, la gestion de la main-d'œuvre est plus strictement défensive : toutes les catégories d'emplois régressent, sauf les cadres commerciaux. Ces industries mobilisent une main-d'œuvre nombreuse, dans laquelle les ouvriers non qualifiés (et surtout les ouvrières) occupent une place prépondérante. Dans de tels secteurs, la parcellisation des tâches reste très poussée, et l'automatisation ne pénètre pas l'ensemble des processus de fabrication.

Dans les industries agricoles et alimentaires, l'aéronautique, l'armement, l'électricité, ni le premier ni même le second choc n'entraînent de chute de l'emploi. En revanche, le second choc stoppe la croissance de l'automobile, l'électronique et la parachimie. Outre les réductions d'emplois non qualifiés, auxquelles ils n'échappent pas, tous ces secteurs relativement épargnés ont en commun, face à la crise, le renforcement de leur potentiel technique. Certains, tels l'aéronautique, l'électronique ou la parachimie, développent de plus des emplois de cadres tertiaires, dans le but d'améliorer la commercialisation de leurs produits, de s'informatiser ou de développer les fonctions de gestion et d'organisation.

Si le double choc de 1 974 et de 1 980 a brisé la Le déclin des ouvriers non qualifiés était déjà amorcé croissance de longue période de l'industrie, il n'a cepen- au début des années soixante-dix, puisque leurs effec- dant pas provoqué de rupture dans l'évolution des tifs croissaient plus lentement que ceux des autres structures d'emploi par qualification. On assiste plutôt grandes catégories d'emplois (+ 1,9% l'an en à la suite de chacun de ces chocs à une accélération des mouvements de recomposition de la main-d'œuvre am- ^^Z^LlTZ^^ "^ ' &""°' " ployée dans I industrie (tableau 1 ). Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

Page 5: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 1

Composition par grandes catégories d'emplois de la main d'œuvre salariée de l'industrie Répartition en %

Ingénieurs Techniciens Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Autres emplois techniques Emplois techniques Cadres tertiaires supérieurs Cadres tertiaires moyens Employés qualifiés Employés non qualifiés Emplois tertiaires Ensemble

1969 2,1 4,8

44,5 33,0 0,2

84,6 2,9 3,8 6,0 2,7

15,4 100,0

1974 2,2 5,6

44,1 31,9 0,1

83,9 3,2 4,0 6,3 2,6

16,1 100,0

1980 2,8 6,8

45,5 26,7 0,2

82,0 3,9 4,7 6,9 2,5

18,0 100,0

1983 3,2 7,6

45,8 24,5 0,2

81,3 4,1 4,9 7,1 2,6

18,7 100,0

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil [1]).

Tableau 2

Evolution des effectifs salariés de l'industrie par grande catégorie d'emplois Taux de croissance annuels moyens en %

Ingénieurs Techniciens Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Cadres tertiaires supérieurs Cadres tertiaires moyens Employés qualifiés Employés non qualifiés Ensemble

1969-1974 3,6 6,0 2,4 1,9 4,5 4,0 3,7 1,6 2,6

1974-1980 2,7 2,1

-0,7 -4,1

2,1 1,4 0,0

-1,4 -1.2

1980-1983 0,7

-0,1 -3,1 -6,0 -1,4 -2,4

-1,6 -3,0 -3,3

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

moyenne, entre 1 969 et 1 974). Par la suite, les ouvriers non qualifiés seront toujours les plus touchés par la chute de l'emploi industriel, avec des baisses d'effectif de 4,1 % l'an entre 1974 et 1980 et de 6,0 % entre 1980 et 1983 (tableau 2). La baisse est tendancielle- ment du même ordre entre 1 984 et 1 987 (voir, dans ce numéro, p. 27 l'article sur les évolutions récentes des professions industrielles).

En revanche, des créations d'emplois de cadres tant techniques qu'administratifs et commerciaux se

suivent après 1 974, tandis que les emplois d'ouvriers et d'employés qualifiés ne sont nettement touchés par les réductions d'effectifs qu'à partir de 1980. La « loi » selon laquelle les emplois non qualifiés supportent davantage les réductions d'effectifs n'est jamais démentie dans le domaine de la production ; elle est également largement vérifiée dans la hiérarchie des emplois tertiaires.

Au sein des emplois d'exécution, les employés, qu'ils soient qualifiés ou non, supportent moins que les ou-

Page 6: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

- A-

vriers les effets des innovations technologiques et des baisses de l'activité. Aux niveaux de qualification plus élevés, la tendance est plutôt au renforcement ou au maintien prioritaire du potentiel technique. Cette tendance ne fera que s'affirmer entre 1980 et 1983 : les emplois d'ingénieurs progressent légèrement, ceux des techniciens restent stables tandis que ceux de cadres tertiaires refluent, au rythme de — 1,4 % l'an pour les cadres administratifs supérieurs et de — 2,4 % l'an pour les cadres administratifs moyens. Entre 1984 et 1987, alors que les réductions globales d'effectifs se poursuivent, les fonctions tertiaires et techniques tendent à se rééquilibrer. Il est probable que, à l'heure où la concurrence s'avive, les entreprises industrielles accordent en effet une importance accrue à la commercialisation et plus généralement à la recherche d'une meilleure efficacité dans leur gestion.

Ces quelques grandes tendances de l'évolution des structures de la main d'œuvre concernent l'industrie, y compris les industries agro-alimentaires, le bâtiment et les travaux publics, ainsi qu'une partie de l'énergie (1). Mais elles ne portent que sur les établissements de plus de 10 salariés. Cette restriction reste de portée mineure dans la plupart des secteurs de l'industrie, sauf dans le bâtiment où une part importante des salariés est employée dans les entreprises les plus artisanales (en 1982, 25 % dans les établissements de moins de 1 0 salariés). Le même défaut de représentativité affecte à des degrés moindres les données relatives aux industries agro-alimentaires, aux industries du bois et du meuble et à l'habillement (voir en encadré p. 30, une description des enquêtes sur la structure des emplois qui constituent la source du présent article).

Des changements plus marqués dans les secteurs les plus concentrés

On a représenté sur une carte les divers secteurs en fonction de l'évolution de leur structure d'emploi entre 1 969 et 1 983 (2). Les positions relatives des principaux secteurs ne sont pas bouleversées par les chocs pétroliers de 1974 et 1979, ni par les restructurations qui s'ensuivent (graphique I). La composition de la main- d'œuvre est un attribut structurel du secteur. Au même titre que d'autres, auxquels elle est liée, tels que la nature des produits fabriqués ou les équipements utilisés, elle ne change profondément que dans le long terme.

On peut cependant établir un classement des secteurs, en allant des plus inertes en terme de structure d'emploi à ceux qui se sont le plus transformés (tableau 3). Les secteurs dans lesquels les structures d'emploi ont le plus évolué sur les quelque 1 5 années de la période étudiée sont, en règle générale, les secteurs

LA SIDERURGIE : AUTOMATISATION ET REQUALIFICATION

DES EMPLOIS DE PRODUCTION De 1974 à 1980, 40 % des emplois d'ouvriers non qualifiés sont supprimés. Dans le même temps, le nombre d'ingénieurs et de cadres administratifs supérieurs reste pratiquement stable, et plus de 2 500 emplois de techniciens sont créés, soit un renforcement de 17,5 % de leur effectif de 1974.

De 1980 à 1983, les effectifs d'ouvriers non qualifiés régressent toujours très rapidement (— 26,5 % en trois ans) tandis que des emplois de cadres administratifs supérieurs sont créés (+6,4% sur la période), que les autres emplois tertiaires qualifiés (cadres administratifs moyens et employés qualifiés) reculent modérément (- 8,5 % et - 7,5 % sur la période), et que les emplois techniques qualifiés régressent à des rythmes voisins (de- 10% à- 14% sur la période).

Les fortes réductions d'effectifs d'ouvriers non qualifiés conjuguées au renforcement des effectifs de techniciens, particulièrement sensible jusqu'en 1980, sont principalement la traduction en termes de qualifications d'une automatisation des installations aux différents stades de la production de l'acier (hauts fourneaux, laminoirs). Les technologies dites de « process » ont figuré parmi les premiers lieux d'application de l'informatique aux activités de production industrielle. Ce type de technologies basées sur la régulation d'équipements en fonction des paramètres physico-chimiques d'une matière en transformation se prête en effet plus facilement que d'autres à l'automatisation. Des observations sur les sites de production font état de la suppression d'un grand nombre de postes de manœuvres chargés des réglages des installations. Ceux-ci ont été remplacés depuis par des dispositifs de mesures automatiques contrôlés par un nombre beaucoup plus restreint d'opérateurs de niveaux techniciens ou ouvriers hautement qualifiés [7]. Les données de l'enquête sur la structure des emplois confirment ces observations et mettent en évidence une rapide progression de la place des techniciens « surveillants et opérateurs sur installations lourdes » dans la sidérurgie. Au-delà de facteurs directement liés à l'évolution de l'outil de production, les objectifs de régularité de la qualité des produits, de diversification, de réduction des rebuts ou, plus généralement de rendement optimum des installations s'imposent avec plus de force depuis l'arrivée de nouveaux concurrents. Ces exigences nouvelles élèvent d'autant les attentes à l'égard du personnel de production auquel une connaissance plus approfondie du processus métallurgique est demandée. Pour les emplois directement liés à la production, le C.A.P. est le minimum requis à l'embauche. Les ouvriers spécialisés, lorsqu'ils ne possèdent pas une formation ou un bagage technique minimum, ne peuvent accéder aux tâches de production qualifiée et sont cantonnés à la périphérie de la production dans des tâches de manutention, parachèvement ou contrôle final avant expédition dont l'automatisation est plus difficile et plus coûteuse [7].

1 . A l'exception des charbonnages dont les principales entreprises ne sont entrées que tardivement que dans le champ de l'enquête.

2. On se limite aux évolutions sur la période 1969-1983 en raison d'un changement de nomenclature professionnelle intervenu dans l'enquête en 1984 (encadré p. 30). L'étude des évolutions récentes présentée en fin d'article utilise la nouvelle nomenclature des professions et catégories socio-professionnelles.

Page 7: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Graphique I Une carte des transformations de la structure des emplois dans les secteurs industriels (1969-1983)*

Constructions navale et aéronautique 1974

Minerais et métaux ferreux

1969

1983

1980

Techniciens

Chimie de base

Ingénieurs Axel Part d'inertie expliquée :57,5 %

1983- 1969 1980 Électricité • gaz - eau

1983

1969 Pétrole et gaz naturel

1983

1980 1983

* Pour rapprocher les évolutions de la structure de la main-d'œuvre des différents secteurs, on a eu recours à l'analyse factorielle des correspondances. Le tableau analysé est celui des chroniques des profils d'emplois de chaque secteur (en d'autres termes, les « observations » sont les « secteurs-années », tandis que les « variables actives » sont les professions). On obtient ainsi, sur le plan formé par les deux premiers axes d'inertie, une « carte » des évolutions sectorielles des structures d'emploi. On a représenté les trajectoires de chaque secteur en joignant ses projections successives sur cette carte. Le constat qui s'impose avec le plus d'évidence est celui d'une certaine inertie des oppositions structurelles. Aucune trajectoire sectorielle ne traverse la carte de part en part : les positions relatives des secteurs n'ont pas été bouleversées par les chocs de 1974 et 1979. A partir des positions occupées par les secteurs en 1974, notre carte fait apparaître un déplacement d'est en ouest pour toutes les trajectoires (même si pour celles de l'industrie du verre et des industries de la viande et du lait l'orientation dominante n'est pas celle-ci). Ces déplacements sont la traduction graphique du déclin des emplois d'ouvriers non qualifiés. Cependant toutes les trajectoires ne sont pas parallèles ; leurs orientations traduisent des modalités divergentes de recomposition de la main-d'œuvre des secteurs.

Employés qualifies

Cadres tertiaires supérieurs

Cadres tertiaires moyens

1983 Parachimie - pharmacie

1980 1974

Page 8: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

p a

DP

7955- ,7950 Bâtiment, génie civil et agricole

1974 1969

Industrie textile et habillement

1983 Ouvriers qualifiés

1980

Industrie du cuir et de la chaussure

1983 ! Industrie du verre

1\ 1980

S Minerais et métaux ferreux t ***;xn. Matériaux de construction

1969 Minerais et métaux non ferreux

Matériel de transport terrestre Fonderie et travail 1969 des métaux Imprimerie,

presse - édition 1980 Industries de la viande et du lait Papier-carton *

Construction électrique

Employés non qualifiés

'1969

t

I

1983 non qualifiés

1983 J980

1974 1974 ^"^. ̂Caoutchouc

: et matières plastiques 1980\ *s

1969 J969 Bois, meubles, industries diverses

1974 Autres Industries agro-alimentaires

1974

1969

Autres emplois techniques

Page 9: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 3

Ampleur des transformations de structures d'emplois dans les secteurs de l'industrie*

De1969à1974 De1974à1980

Industrie textile et habillement 1,3 Bois, meubles, industries diverses 2,4 Construction mécanique 2,4 Industries de la viande et du lait 3,2 Construction électrique 3,4 Minerais et métaux non ferreux *3,9 Fonderie et travail des métaux 4,3 Matériel de transport terrestre 5,1 Industrie du verre 5,6 Imprimerie, presse, édition 5,6 Matériaux de construction 5,8 Caoutchouc et matières plastiques 5,9 Bâtiment, génie civil et agricole 6,0 Papier-carton 6,4 Industrie du cuir et de la chaussure 6,4 Constructions navale et aéronautique 7,0 Autres industries alimentaires 7,8 Chimie de base, fibres artificielles 8,7 Pétrole et gaz naturel 9,4 Parachimie et pharmacie 9,7 Electricité, gaz et eau 13,4 Minerais et métaux ferreux 15,1

De 1980 à 1983

Industries de la viande et du lait 1,9 Industrie textile et habillement 2,3 Bâtiment, génie civil et agricole 3,2 Construction mécanique 3,7 Industrie du cuir et de la chaussure 4,0 Autres industries alimentaires 4,3 Parachimie et pharmacie 4,5 Electricité, gaz et eau 4,8 Minerais et métaux non ferreux 4,9 Imprimerie, presse, édition 5,1 Industrie du verre 5,3 Papier-carton 5,5 Chimie de base, fibres artificielles 5,6 Bois, meubles, industries diverses 5,9 Caoutchouc et matières plastiques 6,4 Matériaux de construction 6,7 Constructions navale et aéronautique 6,8 Minerais et métaux ferreux 6,8 Fonderie et travail des métaux 7,6 Matériel de transport terrestre 7,9 Construction électrique 8,8 Pétrole et gaz naturel 10,7

Industrie textile et habillement 3,6 Industrie du cuir et de la chaussure 7,3 Industries de la viande et du lait 7,4 Industrie du verre 7,9 Caoutchouc et matières plastiques 9,7 Electricité, gaz et eau 10,2 Constructions navale et aéronautique 10,6 Autres industries alimentaires 1 1,8 Bois, meubles, industries diverses 12,1 Bâtiment, génie civil et agricole 12,2 Parachimie et pharmacie 12,4 Matériaux de construction 12,5 Imprimerie, presse, édition 12,8 Construction mécanique 12,8 Papier-carton 12,8 Fonderie et travail des métaux 13,4 Matériel de transport terrestre 13,8 Construction électrique 15,3 Pétrole et gaz naturel 15,3 Chimie de base, fibres artificielles 18,2 Minerais et métaux ferreux 19,2 Minerais et métaux non ferreux 21,7

De 1969 à 1983

Industrie textile et habillement 5,8 Industrie du cuir et de la chaussure 6,4 Industries de la viande et du lait 7,5 Industrie du verre 10,0 Construction mécanique 17,5 Bois, meubles, industries diverses 18,0 Bâtiment, génie civil et agricole 19,8 Constructions navale et aéronautique 20,0 Caoutchouc et matières plastiques 21,1 Imprimerie, presse, édition 22,1 Autres industries alimentaires 23,1 Construction électrique 23,6 Parachimie et pharmacie 24,0 Papier-carton 24,6 Matériaux de construction 24,8 Fonderie et travail des métaux 25,1 Pétrole et gaz naturel 25,4 Matériel de transport terrestre 25,9 Chimie de base, fibres artificielles 27,5 Electricité, gaz et eau 28,3 Minerais et métaux non ferreux 28,7 Minerais et métaux ferreux 40,3

* Les secteurs sont classés par ampleur de transformation croissante. L'indicateur de transformation, utilisé mesure la distance entre les structures d'emplois de l'année initiale et de l'année finale. Pour chaque secteur, on calcule : Pld = pourcentage de l'emploi total dans la catégorie d'emploi i, l'année initiale. Prt = pourcentage, l'année terminale. L'indicateur s'écrit :

10

Page 10: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

les plus concentrés, où dominent des très grandes entreprises. La production d'électricité, de gaz et d'eau en constitue un cas extrême, mais la sidérurgie des métaux ferreux et non ferreux, la chimie de base, le pétrole ou l'industrie automobile vérifient également cette corrélation positive entre concentration et mobilité des structures d'emploi (3). A l'opposé, des secteurs beaucoup plus dispersés comme le textile et l'habillement, le cuir, l'industrie de la viande et du lait ou les industries du bois et de l'ameublement modifient très peu la structure de leur main-d'œuvre.

Pour une part, l'explication est mécanique : dans les secteurs concentrés, les créations ou suppressions d'emplois se font plutôt par embauche ou réduction d'effectifs à certains niveaux de qualification, tandis que dans les secteurs plus dispersés, les créations ou fermetures d'unités entières sont plus fréquentes ; dans ce cas, toutes les catégories de main-d'œuvre sont touchées.

Certains aspects institutionnels peuvent aussi favoriser la recomposition des structures d'emplois des secteurs les plus concentrés : la gestion de la main-d'œuvre y est beaucoup plus codifiée que dans les secteurs dispersés, les règles conventionnelles y sont plus présentes, les classifications d'emplois des conventions collectives de branches plus utilisées, les relations salariés-employeurs inscrites dans un temps plus long [2]. Sans doute une relation salariale davantage régie par des règles internes à l'entreprise que par les ajustements à plus court terme du marché du travail externe est-elle plus propice à des politiques actives de qualification de la main-d'œuvre [3]. A l'appui de cette hypothèse, les secteurs les plus concentrés sont d'ailleurs ceux qui consacrent le plus d'efforts à la formation pro

fessionnelle, et les grandes entreprises mobilisent mieux que les PME les ressources de la formation continue [4].

Un tel lien entre recomposition des structures de la main-d'œuvre et formation professionnelle met l'accent sur la contribution des mouvements de mobilité internes. Il ne faut pas oublier qu'ils ne forment qu'une des composantes aboutissant aux transformations observées. L'autre composante de ces transformations est constituée par les mouvements d'entrée et de sortie du secteur. Faute de pouvoir les mesurer, on se contentera ici de leur solde net, c'est-à-dire de la variation d'effectif global du secteur. On s'attendrait à ce que les plus importants changements dans les structures d'emplois soient associés aux variations d'effectifs les plus fortes. En fait, plusieurs secteurs dérogent largement à ce schéma, notamment le textile-habillement, les industries de la viande et du lait ou encore la sidérurgie des métaux non ferreux et le pétrole (graphique II).

3. Afin d'aider à la lecture, les secteurs sont en gras quand ils sont mentionnés à titre d'exemple de telle ou telle évolution caractéristique.

REPLACEZ VOTRE

LA FRANCE D AUJOURD HUI

NOUVEAU^

Vous voulez situer économiquement et socialement votre région ?

Alors, "LA FRANCE ET SES RÉGIONS" est l'ouvrage qu'il vous faut. Votre région y est présentée., explorée thème après thème, replacée dans l'espace européen. Pratique, facile à consulter, illustré de nombreuses cartes, "LA FRANCE ET SES RÉGIONS" a été conçu par l'INSEE pour tous ceux qui souhaitent disposer d'une information régionalisée très riche. Commandez-le sans tarder.

Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

BON DE COMMANDE à retourner au : CNGP-INSEE, BP 2718, 80027 AMIENS CEDEX

* Veuillez m' adresser .... exemplairefs) de l'ouvrage : LA FRANCE ET SES REGIONS "édition 1988"

* Format 16 X 24 cms, 120 pages, 50F. Nom ou raison sociale : Activité: Adresse : Code postal: . . . Ville: Téléphone:

Ci-joint, en règlement, la somme de ... F par : mandat [ ],chèque bancaire [ ], chèque postal [ ], à l'ordre de l'INSEE. £J

11

Page 11: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Graphique II Transformation des structures d'emploi et évolution des effectifs dans l'industrie de 1969 à 1983*

Indicateur de transformation des structures d'emplois

^^^^^^^^f

Évolution des effectifs (Taux annuel moyen) -2%

• Chaque secteur est représenté dans un plan par l'évolution des effectifs en abscisse et l'indicateur de transformation des structures d'emplois en ordonnée (la construction de cet indicateur est précisée au tableau 3).

Des structures d'emploi peu sensibles à la conjoncture...

Dans le textile-habillement, par exemple, l'emploi croît lentement avant 1974 (+ 1,7 % entre 1&69 et 1 974), diminue vivement ensuite (—18% entre 1 974 et 1 980, - 5,5 % entre 1 980 et 1 983). Pourtant, la structure de la main-d'œuvre change peu' au cours de

cune de ces trois périodes. De même, dans l'industrie de la viande et du lait, les structures d'emploi sont stables, alors que les effectifs augmentent fortement depuis 1974. Inversement, la sidérurgie des métaux ferreux ou le pétrole figurent toujours parmi les plus mobiles en terme de structure de main-d'œuvre, même avant 1974, alors que leurs effectifs variaient peu sur cette période.

12

Page 12: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

LA REVISION DES CLASSIFICATIONS CONVENTIONNELLES ET SON IMPACT SUR LA MESURE STATISTIQUE DES QUALIFICATIONS

Après avoir été pratiquement en sommeil dans de nombreuses branches depuis les classifications issues des décrets Parodi-Croizat de 1946, des négociations sur la révision et la simplification des classifications professionnelles ont été relancées par les accords de Grenelle de 1968. Sur les 49 conventions de branche couvrant plus de 20 000 salariés, 40 accords de révision des classifications interviendront entre 1968 et 1982 [8]. On observe schématiquement trois vagues de signatures : 1969 et 1 970 (7 accords), 1972 à 1975(20 accords) et 1978 à 1980. On ne peut guère imaginer que ces révisions de classification soient restées sans effet sur l'observation statistique des qualifications.

Parmi les branches industrielles les plus importantes dans lesquelles des accords ont été signés, signalons le bâtiment (1972), la métallurgie (1974-1975), les industries agricoles et alimentaires ( 1 974), puis la chimie (1978) l'ameublement (19 79) ou la transformation des matières plastiques (19 79) ; dans ces dernières branches les traditions contractuelles étaient jusqu'alors faibles.

Trois types d'accord Dans l'industrie, J. Saglio distingue trois types d'accords [8]. 1. Dans les secteurs où la négociation est faible ou difficile, les classifications de type Parodi subsistent dans leurs principes et les nouvelles classifications ne sont qu'un simple toilettage des anciennes. 2. Des accords de type « Parodi amélioré » 'se distinguent des accords Parodi « classiques » par la précision et le détail des descriptions de postes (définissant les types de machines utilisées, les tâches de l'ouvrier et l'organisation du travail dans lequel le poste est inséré). De tels accords supposent d'être fréquemment remis à jour pour suivre l'évolution technologique. Ils sont le fait de secteurs fortement syndica- lisés où la tradition de négociation est très vivante et l'homogénéité technologique grande. Le cas le plus typique est celui des imprimeries de labeur et des industries graphiques. 3. D'autres accords enfin revêtent une importance particulière car ils constituent une refonte complète de l'ancien système en rompant avec la logique des métiers sur laquelle étaient construites les classifications Parodi [9]. Ces accords introduisent une description de grands groupes de postes à l'aide de « critères classants » tels que le type d'activité, le niveau de connaissances requis, les exigences physiques, l'autonomie, les responsabilités (parmi bien d'autres cités dans les textes d'accords). Ces accords du troisième type ont été conclus dans des secteurs où l'évolution des techniques et de l'organisation du travail avaient rendu d'autant plus insolites les anciennes références aux métiers que les classifications antérieures n'avaient pas fait l'objet de mises à jour régulières. Les principaux accords de cette forme ont été signés dans les industries agricoles et alimentaires (1974), dans la métallurgie (1974-1975), puis quatre ans plus tard dans la chimie [ 1 0].

Des accords révélateurs des limites du taylorisme Elaborées dans « l 'après 1968 » et à la suite des grèves d'O. S. de l'industrie automobile des années 1971- 1972, les nouvelles classifications traduisent les limites atteintes par les modes d'organisation du travail industriel inspirées de Taylor et Ford[1 1]. Elles ont constitué un instrument dans la politique de « revalorisation du travail manuel» menée parles gouvernements d'alors. Ainsi, dans les industries métallurgiques et minières, l'ancienne structure en trois niveaux (manœuvre, ouvrier spécialisé, ouvrier professionnel) est remplacée par une structure en quatre niveaux, chacun étant subdivisé en trois échelons. Par exemple les termes de manœuvres et d'ouvriers spécialisés disparaissent, au profit des « appellations » 01, 02, 03. Les possibilités de progression indiciaire des ouvriers non qualifiés sont élargies par la création d'échelons supplémentaires et par la possibilité d'accéder à la position « P1 » qui devient ainsi une catégorie charnière regroupant à la fois d'anciens ouvriers spécialisés parmi les plus expérimentés et des professionnels dotés d'un « métier » [12]. Aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie ouvrière sont également instituées les catégories de techniciens d'ateliers permettant un prolongement des carrières des ouvriers professionnels [ 1 3]. En raison de son antériorité et du rôle de référence que le secteur des métaux joue traditionnellement dans le système français de relations professionnelles, cet accord va influer sur les classifications adoptées dans bien d'autres secteurs.

Les difficultés de la statistique pour s'affranchir des grilles conventionnelles Jusqu'à l'enquête de 1984, l'interrogation des entreprises va se poursuivre sur la base de la « Nomenclature des Emplois » dans laquelle les rubriques d'ouvriers qualifiés sont essentiellement définies par des listes de métiers, donc rendues progressivement obsolètes parles changements techniques. Les entreprises ont, sans doute, rencontré des difficultés de classement croissantes qui expliquent le gonflement d'une rubrique rebut « autres ouvriers qualifiés ». Par ailleurs, les rubriques réservées aux ouvriers non qualifiés sont intitulées « ouvriers spécialisés »et« manœuvres », appellations qui, on l'a vu plus haut, seront progressivement exclues du vocabulaire conventionnel dans de nombreux secteurs. Il est possible que des flous de classements supplémentaires en aient résulté. Malgré la logique revendiquée par la Nomenclature des Emplois de ne pas calquer sa conception de la qualification sur les hiérarchies conventionnelles, il est probable qu'une partie de la hausse des qualifications ouvrières enregistrées dans la série des enquêtes sur la structure des emplois soit, comme dans les autres instruments statistiques, la répercussion des révisions des classifications.

...et d'autres qui le sont plus

Pour d'autres secteurs, par contre, la crise semble accélérer les mutations de leur structure de qualification. Ainsi, dans la fonderie et le travail des métaux, la construction électrique et l'automobile, ou encore- dans les industries du bois, les structures d'emploi

bougent peu avant 1974, beaucoup plus après chacun des deux chocs (graphique I, tableau 3).

En revanche, les secteurs de la production d'électricité, de la parachimie pharmacie, des « autres industries alimentaires » ou encore des industries du cuir figurent parmi les moins inertes avant 1974, pour se classer ensuite parmi les secteurs aux structures d'emploi les plus stables.

13

Page 13: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 4

Composition par grandes catégories d'emploi de la main-d'œuvre salariée des secteurs industriels Répartition en % de la ligne

A- 1969

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

1,0 1.1 7,1 5,9 1.5 2,3 1,4 1,6 3,9 2,6 1.4 2,6 4,8 1,5

7,5 0,8 0,7 0,6 1.3 1,1 1.7 1.9

Techniciens

1,9 1,6

13,2 10,1 5,0 5,4 2,7 3,5 8,2 5,0 3,9 7,7

11,3 6,1

16,1 1,1 1,1 1.3 2,1 1.6 4,3 3,3

Ouvriers qualifiés

40,1 27,9 31,4 42,1 37,5 41,2 41,4 46,4 43,2 28,0 37,9 46,0 28,2 30,6

52.3 57,4 54,6 31,2 33,5 47,4 27,9 62,9

Ouvriers non qualifiés

33,6 43,3 10,1 4,1

43,5 35,0 42,9 32,7 21,9 26,3 44,4 27,1 37,8 51,1

9,8 27,7 32,7 50,3 48,2 18,9"

51,1 24,2

Autres emplois ■ techniques 0,5 0,9 0,0 0,1 0,1 0,0 0,9 0,1 0,2 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0

0,1 "0.0

0,0 1.1 0,1 0,0 0,0 0,0

Cadres tertiaires supérieurs 3,4 4,4 9.0, 3,5 1,2 2,6 2,5 2,7 3,6 6,7 2,6 3,2 3,1 1.8

2,1 2,3 2,1 3,1 2,8 9,7 2,7 1.9

Cadres tertiaires moyens 4,2 7,2

10,0 11.2 2,9 3,9 2,2 3,5 5,3

13,6 2,7 3,9 4,6 2,8

3,3 3,0 2,7 5,0 3,4 5,8 4,0 1.4

Employés qualifiés

10,9 9,3 14,2 20,9 4,8 6,5 4,1 6,3 9,4

12,5 4,9 6,6 6,8, 3,5

5,4 5,0 4,2 5,2 5,7 9,9 5.3- 3,3

Employés non qualifiés

4,4 4,4 5,0 2,1 3,3 3,1 1.9 3,2 4,3 5,2 2,2 2,9 3,4 2,6

3,4 2,7 1.9 2.2 2,9 5,6 3.0 1,1

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

Dans la construction mécanique et surtout la métallurgie des métaux non-ferreux, les transformations se produisent essentiellement pendant la période 1974-1980 ; en dehors de cette période, ils se caractérisent plutôt par une stabilité supérieure à la moyenne. Les requalifications de la période 1974-1980 tiennent en partie aux grilles de classification des emplois associés aux conventions collectives, dont les révisions ont été particulièrement importantes sur cette période dans les secteurs des métaux (sur la révision des classifications conventionnelles, voir encadré, p. 13).

Le déclin numérique des ouvriers non qualifiés, amorcé avant 1974...

Le déclin numérique des ouvriers non qualifiés (ONQ) dans la main-d'œuvre industrielle est un des traits les

plus marquants de l'évolution des structures d'emploi dans les deux dernières décennies. Il s'est produit avec une intensité variable, et se poursuit encore dans la totalité des secteurs couverts par cette étude (voir dans l'article p. 27 L'analyse des évolutions récentes). Ce mouvement n'est pas une simple conséquence de la chute des effectifs industriels. En effet, leur proportion dans l'emploi total avait reculé dans 1 7 des 22 secteurs de notre étude entre 1969 et 1974, à une époque où l'emploi salarié était encore en expansion dans tous les secteurs et que globalement l'industrie créait environ 35 000 emplois d'ouvriers spécialisés ou de manœuvres par an (tableaux 4-A et 4-B).

C'est dans les industries de process (4), où les

4. Industries utilisant des processus de fabrication en continu ; par exemple, la chimie, la sidérurgie.

14

Page 14: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 4 (suite)

Composition par grandes catégories d'emploi de la main-d'œuvre salariée des secteurs industriels Répartition en % de la ligne

B-1974

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

1,1 1,2 7.4 6,0 1,6 2,4 1,5 1,7 3,8 2,6 1.5 2,5 4,6 1,7

6,9 0,8 0,7 0,6 1,4 1,0 1,6 2,2

Techniciens

2,2 1,8

15,1 15,4 6,6 5,9 3,3 4,4 8,9 5,8 4,5 8,1

11,4 6,2

17,7 1,2 1,2 1,7 2,4 2,2 4,9 4,2

Ouvriers qualifiés

39.6 30,2 31,9 38,9 41,9 40,4 41,5 44,2 45,1 28,8 38,8 45,5 27,1 32,8

53,5 57,1 51,6 30,3 34,7 46,1 30,2 63,4

Ouvriers non qualifiés

33,3 39,9

5,6 2,8

36,2 33,6 40,0 34,4 17,6 21,7 42,3 26,8 38,4 49,3

7,7 28,0 35,1 50,8 45,2 17,8 48,5 21,2

Autres emplois techniques 0,7

-0,9 0,0 0,1 0,0 0,1 0,9 0,1 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0

0,0 0,0 0,0 0,9 0,1 0,0 0,0 0.0

Cadres tertiaires supérieurs 3,6 4,9

10.0 3,9 1,2 3,0 2,9 2,8 4,0 7,9 2,8 3,6 3,9 1,5

2,2 2,3 2,3 3,2 3,1

10,5 2,7 2,2

Cadres tertiaires moyens 4,3 7,0

10,8 12,0 3,2 4,3 2,7 3,3 5,9

15,5 2,8 4,1 4,6 2,7

3,9 3,0 3,0 5,0 3,8 6,5 4,0 1,7

Employés qualifiés

11,4 10,0 14,4 19,2 5,4 6,8 5,0 5,8

10,2 12,6 5,1 6,8 7,0 3,5

5,5 5,2 4,4 5,6 6,5

10,6 5,3 3,9

Employés non qualifiés

3,7 4,1 4,8 1,7 3,9 3,5 2.2 3,3 4,4 5,0 2,2 2,6 3,0 2,3

2,6 2,4 1,7 2,1 2,8 5,3 2,8 1,2

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

transformations technologiques et notamment le passage à l'automatisation de la production ont été plus précoces, que les emplois non qualifiés ont décliné en premier. Ainsi, dans la sidérurgie des métaux ferreux, la proportion d'ouvriers non qualifiés diminue de 7,3 points de 1969 à 1974, dans la parachimie de 4,6 points, dans le pétrole de 4,5 points, dans la chimie de 4,3 points, enfin dans le papier carton de 3 points.

En revanche, dans l'industrie du verre, la construction électrique et électronique, l'industrie textile et celle du cuir, l'emploi ouvrier non qualifié ne régresse pas avant 1974. Les trois dernières branches de cette liste sont fortement marquées par les formes taylorien- nes d'organisation du travail recourant de façon importante à une main-d'œuvre peu qualifiée, souvent féminine.

... se généralise ensuite

Après le premier choc pétrolier, le processus se généralise et s'accélère (tableau 5). Entre 1 974 et 1 980, les effectifs d'ouvriers non qualifiés sont en baisse dans tous les secteurs, sauf dans les industries de la viande et du lait. Même dans ce 'dernier secteur, ils marquent un recul relatif, puisqu'ils progressent moins vite que l'effectif global (tableau 5-B).

En six ans, le nombre des ONQ diminue de 48 % dans la chimie de base, de 4 1 % dans le bâtiment-travaux- publics, de 40 % dans la sidérurgie des métaux ferreux.

En règle générale, les ouvriers non qualifiés sont, dans chaque secteur, la catégorie de main-d'œuvre dont les effectifs diminuent le plus rapidement. Rapporté à l'évolution globale du secteur, l'écart est particu-

15

Page 15: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 4 (suite)

Composition par grandes catégories d'emploi de la main-d'œuvre salariée des secteurs industriels Répartition en % de la ligne

C-1980

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

1,1 1,4 9,8 7,1 2,0 3,3 1,7 1,6 4,9 3,1 1,8 3,4 6,1 2,3

7,9 0,8 0,7 0,8 1,7 1,3 1,8 2,7

Techniciens

2,2 2,3

18,6 17,8 9,6 9,8 3,8 4,8

11,8 6,2 5,1 9,4

13,3 8,3

20,3 1,5 1,3 2,1 3,1 2,7 6,0 4,6

Ouvriers qualifiés

42,6 34,6 27,9 36,5 47,1 45,7 44,6 47,4 48,9 30,6 43,5 47,7 28,6 36,0

50,2 57,3 54,6 33,4 40,0 43,5 33,6 66,9

Ouvriers non qualifiés

31,6 34,1 3,9 2,1

26,7 22,8 33,9 31,4 10,2 16,1 33,5 20,4 31,3 42,4

6,1 26,3 31,6 44,9 38,9 14,2 44,0 15,1

Autres emplois techniques 0,7 1,0 0,2 0,1 0,0 0,0 0,7 0,0 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0

0,0 0,0 0,0 0,6 0,0 0,1 0,0 0,3

Cadres tertiaires supérieurs 3,8 5,2 9,3 4,1 1,5 3,3 3,9 2,9 4,3 8,8 3,4 4,3 5,3 1,7

2,6 2,6 2,4 3,6 3,6

14,0 2,9 2,7

Cadres tertiaires moyens 4,8 6,9

12,4 13,4 3,7 4,3 3,3 3,6 6,9

16,5 3,2 4,7 4,9 3,2

4,6 3,6 3,4 6,1 4,4 7,6 3,8 2,0

Employés qualifiés

10,2 10,2 13,4 17,5 5,7 7,0 5,8 5,8 8,8

14,2 5,3 7,4 7,9 3,9

6,0 5,6 4,4 6,1 6,6

11,5 5,2 4,4

Employés non qualifiés

3,0 4,3 4,5 1,4 3,7 3,9 2,3 2,5 4,1 4,4 2,2 2,7 2,6 2,2

2,3 2,3 1,6 2,4 2,7 5,1 2,7 1,3

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

lièrement fort dans la chimie, les sidérurgies des métaux ferreux et non ferreux, le bâtiment-travaux publics ou encore l'énergie. On retrouve donc encore les transformations les plus rapides dans les industries de process.

Par contre, l'évolution de la part des 0NQ se rapproche bien davantage de celle de l'ensemble des effectifs du secteur dans les industries de biens de consommation (textile-habillement, bois et ameublement), ou dans la construction automobile.

Depuis 1980, la part des ouvriers non qualifiés dans l'emploi total des secteurs continue de décroître, sauf pour l'industrie de la viande et du lait (tableau 5-C). Dans la plupart des secteurs fortement utilisateurs de main-d'œuvre ouvrière non qualifiée, la participation des ONQ à l'emploi total se réduit à un rythme sensiblement identique ou en légère diminution par rapport à la

période 1974-1980. Dans le même temps, les vagues de licenciements massifs dans la sidérurgie sont terminées, si bien que les rythmes de décroissance des ONQ s'homogénéisent entre les différentes branches. Dans les secteurs qui en sont les plus fortement utilisateurs, la proportion des ouvriers non qualifiés dans l'emploi total baisse, selon les secteurs, de 2 points à 3,5 points entre 1980 et 1983 (tableaux 4-C et 4-D) (5). Parmi les secteurs structurellement moins utilisateurs de cette main-d'œuvre, un certain ralentissement du phénomène est observé dans la chimie, la parachimie, ou la construction mécanique, après les fortes réductions de la période 1974-1980. Par contre, le bâtiment-travaux-publics perd en trois ans près de 30 % de ses ouvriers non qualifiés, alors que le niveau global de l'emploi ne baisse dans ce secteur que de 1 3 %.

16

Page 16: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 4 (fin)

Composition par grandes catégories d'emploi de la main-d'œuvre salariée des secteurs industriels Répartition en % de la ligne

D-1983

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

1.1 1,6

11,4 7,4 2,1 3,3 1,9 1,6 4,7 3,2 2,0 3,7 7,2 2,4

9,2 1,0 0,8 0,9 1,8 1,5 1,8 3,1

Techniciens

2,3 2,5

21,3 19.7 10,2 11,0 4,4 4,9

12,6 6,8 5,6

10,0 14,8 9,2

21,6 1,6 1,5 2,5 3,4 2,4 6,7 4,7

Ouvriers qualifiés

42,4 35,8 26,2 35,1 48,5 46,4 45,7 49,9 50,8 31,7 45,7 48,1 29,1 38,5

47,8 57,6 55,5 35,1 40,7 42,9 35,4 66,2

Ouvriers non qualifiés

32,4 32,2 4,1 1,7

23,5 20,7 30,6 29,6 9,0

15,4 31,7 18,5 26,9 38,8

5,6 25,2 29,7 42,0 36,3 12,8 41,0 14,3

Autres emplois techniques 0,7 0,8 0,0 0,0 0,0 0,0 0,8 0,0 0,1 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0

0,0 0,1 0,0 0,5 0,0 0,0 0,0 0,4

Cadres tertiaires supérieurs 3,7 5,4 8,3 4,3 1,9 3,1 4,1 2,8 4,3 9,1 3,6 4,5 5,9 1,6

2,4 2,8 2,4 3,8 3,8

15,0 3,1 2,9

Cadres tertiaires moyens 4,6 6,9

10,1 13,4 4,0 4,4 3,6 3,1 5,6

16,2 3,4 4,8 5,1 3,1

4,3 3,7 3,8 6,3 4,6 8,0 4,1 2,1

Employés qualifiés

10,0 10,5 14,3 16,9 6,3 7,3 6,2 5,7 8,8

13,4 5,6 7,7 8,5 4,3

6,7 5,8 4,5 6,4 6,8

12,1 5,4 4,7

Employés non qualifiés

2,8 4,3 4,3 1,5 3,5 3,8 2.7 2,4 4,1 4,1 2,3 2,7 2,5 2,1

2,4 2,2 1,8 2,5 2,6 5,3 2,5 1,5

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

Face à la récession, deux types de gestion de la main-d'œuvre

Depuis 1974, les réductions d'effectifs ont été particulièrement vives dans deux types de secteurs très différents : d'une part dans ceux qui produisent des biens intermédiaires, comme la sidérurgie des métaux ferreux, la chimie, le papier-carton ou les matériaux de construction, d'autre part dans le bâtiment-travaux- publics, ainsi que dans certains secteurs produisant des biens de consommation comme le textile, l'habillement ou l'industrie du cuir et de la chaussure. Dans une même conjoncture récessive leurs structures d'emploi vont évoluer de manière différente.

La première catégorie regroupe des industries de

cess, qui font appel à des technologies capitalistiques et utilisent souvent des processus fonctionnant en continu. Les relations professionnelles y sont instituées de longue date, et la gestion de la main-d'œuvre se fait avec un horizon long. La seconde catégorie utilise beaucoup moins de capital par salarié, mobilise une main- d'œuvre où les ouvriers occupent une place prépondérante (les ouvrières dans le cas du textile, du cuir et de la confection). Les emplois y sont moins stables, car les

5. Le cas de la construction électrique et électronique est particulier : en apparence, la part des ouvriers non qualifiés y est en recul rapide (— 4,4 points en trois ans). En réalité, le secteur regroupe d'une part l'électronique professionnelle, en développement rapide, et qui fait appel à une main d'œuvre plus qualifiée, d'autre part, la fabrication d'équipements ménagers, dont la main d'œuvre est moins qualifiée et dont la part régresse sur cette période.

17

Page 17: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 5

Evolution des effectifs salariés des secteurs industriels par grandes catégories d'emplois Taux de croissance annuels moyens en %

A -Période 1969-1974

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

4,3 2,5 1,2 5,5 2,5 1,6 3,4 6,1 1,2 2,3 4,8 2,6 5,0 9,3 0,4

-0,8 0,7 6,1 3,1 0,0 5,0 4,1

Techniciens

5,7 4,5 3,3

14,5 7,6 3,0 5,2 9,1 2,9 5,5 6,3 4,1 6,0 7,3 4,0 2,5 1,8 9,3 5,1 7,7 8,8 6,2

Ouvriers qualifiés

1,6 2,3 0,8 3,4 3,9 1,0 1,3 3,3 2,1 3,0 3,8 2,8 4,9 8,3 2,4 0,2

-0,7 3,2 3,1 1,0 7,6 1,4

Ouvriers non qualifiés

1,7 -0,9

-10,8 -2,2 -2.2

0,4 -0,2

5,2 -3,0 - 1,5

2,3 2,8 6,1 6,0

-2,9 0,6 1,8 3,9 1,0 0,3 4,8

-1,4

Cadres tertiaires supérieurs 3,4 2,8 2,7 7,9 1,7 3,9 4,2 4,6 3,4 5,7 4,8 5,0

10,7 3,8 2,9 0,6 1,9 4,5 4,6 3.3 5,7 4,2

Cadres tertiaires moyens 2,4 0,0 2,2 6,6 3,6 3,2 4,9 2,5 3,7 5,1 3,9 4,2 5,9 6,1 5,2 0,1 2,4 3,8 5,0 3,8 5,6 5,3

Employés qualifiés

2,9 2,0 0,9 3,4 4,4 2.1 5,0 2,7 3,0 2,7 4,2 3,9 6,3 6,6 2,6 1,0 1,5 5,5 5,1 2,9 5,8 4,4

Employés non qualifiés

- 1,6 -1,0

0,1 1.2 3,8 3,8 4,0 4,6 1.9 1,6 2,7 1,1 3,2 4,4

-3,1 - 1,8 -2,6

3,2 1,8 0,6 4,1 3,0

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

effectifs sont plus rapidement ajustés aux variations de la production. L'organisation du travail enfin y est basée sur une parcellisation poussée des tâches.

Biens intermédiaires : renforcer le potentiel technique...

Entre tous les secteurs producteurs de biens intermédiaires et qui traversent une forte récession, les évolutions des structures de qualification se ressemblent. Mais le cas de la sidérurgie est exemplaire. En effet, parmi tous les secteurs industriels, la sidérurgie et première transformation de l'acier connaît les plus fortes réductions d'effectifs tant dans la période 1974- 1980 que dans les années 1980 à 1983 (- 3,5 % par an puis- 5,8 % par an respectivement). Ces réductions s'accompagnent d'une profonde recomposition de la main-d'œuvre (encadré p. 7). Le nombre d'ouvriers non qualifiés diminue de 40 % entre 1974 et 1980, tandis

que croît celui des techniciens et que les effectifs d'ingénieurs et cadres supérieurs restent stables.

Dans les trois secteurs — chimie, papier-carton, matériaux de construction —, on retrouve la même politique de transformation de la gestion de la main-d'œuvre ouvrière que dans la sidérurgie, avec un même résultat : l'élévation du niveau de qualification. Dans la chimie de base, les effectifs d'ouvriers qualifiés baissent de 14 % entre 1977 et 1983, tandis que les effectifs d'ouvriers non qualifiés baissent de 61 % (en 1974, 72 % des ouvriers du secteur étaient qualifiés, en 1983, 85 %). Dans les matériaux de construction et le papier-carton, le glissement est un peu moins fort : la proportion d'ouvriers qualifiés passe de 50 % à 59 % dans le premier secteur, et de 43 % à 53 % dans le second.

On retrouve aussi dans l'industrie chimique comme dans le papier-carton le même renforcement en techniciens, alors que toutes les autres catégories d'emploi régressent. Dans l'industrie des matériaux de construction la progression des effectifs de techni-

18

Page 18: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 5 (suite)

Evolution des effectifs salariés des secteurs industriels par grandes catégories d emplois Taux de croissance annuels moyens en %

B- Période 1974-1980

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

4,2 3,6 3,5 4,4

-0,1 7,6

-0,2 -4,1

2,2 5,5 0,8 3,2 4,7 5,9 2,0

-1,5 - 1,4

4,8 0,5 4,0 1,5 0,4

Techniciens

3,5 4,5 2,1 4,2 2,7

11,3 0,6

- 1,2 2,9 4,0 0,0 0,7 2,6 6,1 2,1 0,3

- 1,7 3,1 1,6 3,3 3,2

- 1,8

Ouvriers qualifiés

4,6 2,9

. "3,6 0,7

-1,6 4,1

-0,9 -1,5 -0,5

3,9 -0,2 - 1,1

0,8 2,8

- 1,3 -3,2 -1,9

1,2 - 1,0 -1,4

1,4 -2,2

Ouvriers non qualifiés

2.4 -2,0 -7,3 -3,3 -8,2 -4,3 -4,7 -4,0

- 10,4 -2,2 -4,8 -6,2 -3,5 -1,2 -4,1 -4,3 -4,4 -2,5 -5,2 -4,1 -2,0 -8,4

Cadres tertiaires supérieurs 4,4 1,5

-2.6 2,6 0,0 4,1 2,7

- 1,7 -0,8

4,7 1,0 1,3 5,4" 3,5 3,0

-1,0 -1,9

1.7 -0,3

4,3 0,6 0,6

Cadres tertiaires moyens 5,5 0,6 0,8 3,6

-1,5 2,0 1,6

- 1,1 0,7 4,0 0,2 0,4 1,0 3,9 2,8

-0,3 -0,2

2,7 -0,8

2,3 -0,9 -0,8

Employés qualifiés

1,5 1.1

-2,6 0,1

-2,8 2,7 0,5

-2,6 -4,3

4,9 -1.1 -0,5

2,0 ~ 3,2 1,1

-2,1 -3,0

0,9 -2,5

0,9 -0,9 - 1,2

Employés non qualifiés

-0,1 1,4

-2,4 -1,6 -4,5

4,2 -0,9 -7,2 -3,0

0,6 -2,0 - 1,6 -2,4-

0,4 -2,0 -3,6 -3,6

1,7 -3,3 -1,4 - 1,0 -0,8

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

ciens est également sensible, mais elle est dépassée par celle des cadres tertiaires. Dans ce secteur, l'accent est plus nettement placé, et plus tôt qu'ailleurs, sur le développement des fonctions commerciales. Parmi ces secteurs, la chimie est celui dont l'effort en recherche- développement est de loin le plus important [5]. Cette spécifité est à rapprocher de la nette progression des effectifs d'ingénieurs (de près de 14 % entre 1974 et 1980).

... puis la fonction commerciale

A partir de 1 979, la récession s'accentue et s'étend à tous les sous-secteurs composant la sidérurgie [5]. L'effort d'investissement est considérablement ralenti. Cette moindre transformation de l'outil de production n'est sans doute pas étrangère à un coup d'arrêt donné à la progression des techniciens (même si la part de ces derniers dans l'effectif global du secteur continue de croître). Dans le même temps, le secteur se renforce en cadres tertiaires, principalement en cadres technico-

commerciaux, signe d'une volonté de développer les fonctions commerciales dans une période où les parts de marché des producteurs français sont vivement convoitées.

Biens de consommation : une gestion plus défensive

Alors que les secteurs de biens intermédiaires avaient créé des emplois de techniciens ou de cadres tertiaires, rompant ainsi avec une politique purement défensive de gestion des qualifications, dans l'industrie textile, l'habillement et le cuir, au contraire, avec des réductions d'effectifs globaux de même ordre, toutes les grandes catégories d'emplois baissent de 1974 à 1983. Les entreprises semblent simplement préserver davantage certaines catégories des réductions d'effectifs que d'autres. Si, comme dans la plupart des autres secteurs, les ouvriers subissent le plus nettement les réductions d'emplois, leur sort ne semble guère dépendre de leur niveau de qualification. Il est vrai

19

Page 19: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 5 (fin)

Evolution des effectifs salariés des secteurs industriels par grandes catégories d'emplois Taux de croissance annuels moyens en %

C- Période 1980-1983

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux ■ Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Ingénieurs

-0,1 1,6 2.6 0,5

-3,6 -2,1 -0,8 -2,1 -6,8 -0,4

0.0 -0,8

4,4 -2,2

6,6 - 1,0 -0,1 - 1,6 - 1,7

1.7 -3,9 -0,2

Techniciens

2.8 1,7 2,3 2,2

-3,9 1,3 0,2

- 1.6 -3,4

0,8 -0,9 -2,0

2.6. -0,4

3,5 -3,1

1.1 0,7

-0,4 -6,3 -0,4 -3,5

Ouvriers qualifiés

1,3 -0,3 -4.3 -2.5 -4.9 -2,1 -3,5 - 1.1 -4.0 -0,8 -2,1 -3,7 -0,4 -1,7 -0,3 -5,3 -3,8 -2,4 -2,2 -2,6 -2.0 -4,9

Ouvriers non qualifiés

2,2 -3,4 -0,3 -7,4 -9,7 -5,7 -7,6 -4,7 -9,4 -3,5 -7,4 -6,9 -5,8 -6,6 - 1,2 -6.8 -6,3 -6,1 -5,8 -5,6 -5,9 -6,2

Cadres tertiaires supérieurs 0.0

-0,4 -5.7 -0,1

2,1 -4,7 -2.3 -4.7 -5,2 -0,9 -2,4 -2,7

2,3 -5,8 - 1,5 -3,5 -3,6 -2,5 - 1.8

0,4 - 1.7 - 1,8

Cadres tertiaires moyens -0,4 - 1.7 -8,4 - 1,2 -2,9 - 1,8 -1,4 -6,7

- 11,5 -2,7 -2,4 -3,0

0,4 -4,4 -0,8 -4,0 - 1.1 -3,0 -2.0 -0,4 - 1,2 - 1,9

Employés qualifiés

0,4 -0,8

0,0 -2,3 -2,6 -1,3 -2.2 -3,3 -5,3 -4,1 -2,3 -2,7

1,5 -0,7

5,4 -3,9 -3,1 -2,5 -2.8 -0,3 -2,3 -2,0

Employés non qualifiés

- 1,1 - 1,0 -4.1 -0,3 -7,6 -3,6

0,8 -3,4 -5,4 -4,0 -2,7 -3,1 - 1.8 -6,1

2,4 -6,6 -0.4 -2.7 -5,0 -0,3 -6,5 -0,1

Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

que la notion de qualification ne revêt pas ici la même signification ni la même pertinence que dans les industries fortement concentrées [6] (6).

Dans ce contexte défensif, la part des catégories tertiaires passe de 12,9 % en 1974 à 14,6 % en 1983 dans le textile-habillement, et de 1 1,4 % à 12,5 % dans le cuir. Ce sont les emplois les plus hautement qualifiés qui résistent le mieux : les emplois de cadres supérieurs et moyens régressent nettement moins que ceux d'employés. Au sein des cadres, les emplois de type commercial progressent au détriment des fonctions administratives. Les entreprises de ces secteurs ont maintenu intacte et même développé leur « force de vente ».

Les techniciens sont les moins touchés par les réductions d'emploi : leur place au sein de la structure des emplois s'accroît. Mais, de tous les secteurs industriels, le textile-habillement comme le cuir demeuraient toujours en 1983 ceux qui employaient la plus faible proportion de techniciens et d'ingénieurs. Dans ces deux secteurs, la grande stabilité des effectifs de techniciens d'organisation et de gestion de la production traduit bien la prégnance des schémas de

tion tayloriens, en particulier dans le montage des articles de confection. L'introduction de l'automatisation est encore limitée à certaines phases précises du travail, notamment la découpe, et n'implique pas le processus dans son ensemble.

Les secteurs les moins touchés par la crise...

Au cours de la période 1974-1983, cinq secteurs industriels créent des emplois, et quatre autres limitent la baisse d'effectifs à moins de 1 0 %.

Pour les secteurs qui résistent le mieux, comme les industries agricoles et alimentaires, l'aéronautique, l'armement et l'électricité, la période étudiée constitue une phase relativement homogène de croissance des effectifs : le second choc pétrolier n'entraîne pas de

6. Dans ces secteurs, et tout particulièrement dans le textile, la frontière séparant les ouvriers qualifiés des non qualifiés est d'ailleurs fort mal située par la source statistique utilisée ici.

20

Page 20: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

LA NOMENCLATURE DES EMPLOIS

Jusqu'en 1983, les établissements interrogés dans l'enquête sur la structure des emplois devaient formuler leurs réponses dans les termes de la nomenclature des emplois. Cette nomenclature en 294 postes visait plus spécifiquement « à connaître la répartition des emplois exigeant une qualification professionnelles » [14]. Les emplois n'exigeant pas de formation spécifique y étaient regroupés en une dizaine de rubriques, tandis que la description des emplois qualifiés faisait l'objet d'un plus grand détail. Dans l'article, les évolutions sectorielles de structures d'emplois sont décrites ici à l'aide d'un regroupement très agrégé de la nomenclature. Outre la distinction entre emplois techniques (ou de production) et emplois tertiaires, la nomenclature retient pour clivage essentiel, le niveau deformation normalement requis pour occuper le poste, tout en précisant que ce niveau peut être atteint par voie d'enseignement ou par expérience professionnelle. Quatre grands niveaux de qualification sont définis par référence aux niveaux de formation du système d'enseignement : 1. Les emplois de niveau cadre, exigeant normalement une formation de niveau égal ou supérieur au second cycle de l'enseignement supérieur ou assimilé. 2. Les emplois de niveau de personnel technique, exigeant normalement un niveau allant du brevet professionnel ou du Baccalauréat au niveau « bac » + trois ans d'enseignement supérieur ; 3. Les emplois de personnel qualifié, exigeant normalement un niveau CAP ou BEP ; 4. Les emplois non qualifiés, exigeant un niveau inférieur au précédent. L'application de cette grille aux emplois techniques permet donc de définir les catégories d'ingénieurs, de techniciens, d'ouvriers qualifiés et non-qualifiés, tandis que les emplois tertiaires sont regroupés en cadres tertiaires supérieurs, cadres tertiaires moyens, employés qualifiés et non-qualifiés. En exception avec l'architecture précédente, tous les emplois de l'agriculture, de la pêche et de la navigation sont regroupés sous la rubrique « autres emplois techniques », quelque soit leur niveau de qualification. Ce regroupement en neuf postes est celui utilisé dans les travaux de projections d'emplois par profession lors de la préparation du VIIe Plan [ 1 5]

Le tableau ci-contre fournit une brève explication du contenu des neuf grandes catégories d'emplois analysées dans l'article en plaçant délibérément l'accent sur les emplois les plus courants dans les entreprises industrielles.

Rubriques

Ingénieurs

Techniciens

Ouviers qualifiés

Ouvriers non qualifiés

Autres emplois techniques

Cadres tertiaires supérieurs

Cadres tertiaires moyens

Employés qualifiés

Employés non qualifiés

Désignation détaillée

Ingénieurs diplômés d'une école, de l'université, ou autodidactes, à l'exception de ceux exerçant uniquement des fonctions de direction, administratives ou commerciales. Architectes, chercheurs en physique chimie, biologie etc.

Techniciens surveillants opérateurs sur installations lourdes et d'usine. Techniciens des essais, contrôles et laboratoires. Techniciens de l'organisation du travail et de la gestion de la production. Dessinateurs industriels et du bâtiment.

Agents de maîtrise, ouvriers qualifiés, y compris de la manutention et du magasinage. Conducteurs d'engins de transport.

Ouvriers spécialisés, manœuvres, ouvriers et employés non qualifiés de la manutention et du magasinage.

Métiers de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche, marins de la navigation maritime et fluviale.

Chefs d'entreprises, cadres administratifs et commerciaux, juristes, cadres de la publicité et de l'information, médecins et psychologues d'entreprise. Cadres moyens administratifs et juridiques, comptables, analystes, programmeurs, métiers techniques de la distribution, personnel diplômé des services para-médicaux et sociaux.

Employés administratifs qualifiés, personnel de secrétariat, personnel qualifié des services comptables, pupitreurs, opérateurs de saisie, métiers qualifiés de la vente etc.

Employés de bureau non qualifiés, standardistes, métiers non qualifiés de la vente et de la distribution, personnel de nettoyage, de gardiennage et de surveillance.

chute de l'emploi. Cette croissance est même assez vive dans l'industrie de la viande et du lait ou la production d'électricité.

En revanche, le second choc pétrolier stoppe la croissance dans l'automobile et les secteurs qui lui sont en partie liés comme les métaux non ferreux ou l'électronique (seulement pour la partie équipements destinés aux ménages de ce secteur, la partie électronique professionnelle restant stable).

...renforcent presque tous leur potentiel technique...

Outre les réductions d'emplois d'ouvriers non qualifiés, auxquelles ils n'échappent pas, tous les secteurs relativement épargnés par la crise ont en commun une stratégie de renforcement du potentiel technique par la création d'emplois d'ingénieurs et de techniciens

21

Page 21: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 6

Synthèse des transformations de structures d'emplois sur la période 1974-1983 *

A

faible

DECLIN DES OUVRIERS

fort

4 en faible hausse

Développement Renforcement fonctions potentiel tertiaires technique Industries Industrie viande du verre et lait

Textile- Habillement

Cuir Chaussure

Imprimerie Pétrole Presse Gaz Edition naturel

Construction navale

et aéronautique

QUALIFICATION OUVRIERE

Développement Renforcement fonctions potentiel tertiaires technique

Autres Industries alimentaires

Caoutchouc Matières plastiques

Matériaux de Papier- construction carton

Bois Industries diverses

Développement Renforcement fonctions potentiel tertiaires technique

Bâtiment Fonderie Matériel génie- Travail transport civil des terrestre et métaux agricole

Parachimie pharmacie

Construction mécanique Electricité Gaz et eau

Construction électrique

en forte hausse ►

Développement Renforcement fonctions potentiel tertiaires technique

Lnimie de base

Minerais Minerais et et métaux métaux ferreux non ferreux

* Lecture : les secteurs sont placés en fonction de trois critères : — en colonne, selon l'évolution de la qualification ouvrière : des plus faibles hausses à gauche, aux plus fortes hausses à droite ; — en ligne, selon l'évolution de la place des ouvriers dans la main d'oeuvre : des hausses ou des plus faibles baisses sur la ligne supérieure, aux plus fortes baisses sur la ligne inférieure ; — dans chaque case, selon l'équilibre entre le développement des fonctions tertiaires et techniques parmi les cadres : des secteurs dont les effectifs de cadres tertiaires ont relativement plus progressé que ceux des ingénieurs et techniciens (à gauche de la case) à ceux pour lesquels la relation inverse est vérifiée (à droite de la case).

(tableau 6). Ce processus est présent dans les secteurs de haute technologie, qui, comme l'électricité, l'aéronautique, l'électronique, comptaient déjà en 1974 une proportion d'ingénieurs et techniciens particulièrement élevée. Il se déroule aussi dans des secteurs fortement ouvriers comme l'automobile, dans des industries de process comme les métaux non-ferreux, ou encore dans des secteurs qui combinent dans les mêmes entreprises des activités de production industrielle et de distribution commerciale impliquant une forte proportion d'emplois tertiaires, comme les « autres industries agro-alimentaires » (7) ou la parachimie-phar- macie. Suivant les secteurs, les fonctions techniques renforcées ne sont pas les mêmes (8). Dans un secteur de haute technologie comme l'aéronautique, l'accent est mis sur le développement des fonctions d'essais et d'études au détriment du dessin industriel touché par l'informatisation (tableau 7). Dans la métallurgie des métaux non ferreux au contraire, où le processus de transformation des équipements est comparable à celui de la sidérurgie, les techniciens exercent en part croissante la conduite d'installations automatisées. Les fonctions d'organisation du travail, de planning et de

gestion de la production se sont, par contre, particulièrement développées dans l'automobile, où prévalent des schémas de productions tayloriens dans lesquels les services production, méthode, contrôle ou entretien sont fortement cloisonnés.

...mais développent inégalement leurs fonctions tertiaires

Au sein de ces secteurs engagés dans un processus de renforcement de la technicité de la main-d'œuvre, la place faite aux cadres tertiaires crée d'autres clivages.

La construction navale et aéronautique, l'électronique ou la parachimie-pharmacie allient un développement significatif des emplois de cadres tertiaires à la croissance des emplois de cadres techniques. Jusqu'en

7. C'est-à-dire les industries agricoles et alimentaires à l'exception des industries de la viande et du lait : elles comprennent principalement les conserves, les produits du grain, les corps gras, les boissons et le tabac.

8. Les commentaires qui suivent ne concernent que les fonctions exercées par les techniciens. La nomenclature des emplois de l'enquête ne permet pas en effet d'établir des distinctions fonctionnelles précises pour les ingénieurs.

22

Page 22: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 7

Répartition des techniciens par fonction dans quelques secteurs industriels Répartition en %

A - Minerais et métaux non ferreux Conduite d'installations lourdes Essais, contrôles, laboratoires, production Organisation du travail et gestion de la production Dessin industriel Autres fonctions Ensemble

1969

2,8

41,7

29,5 22,7 3,3

100,0

1970

3,1

42,9

27,8 22,0 4,2

100,0

1971

3,5

43,6

26,2 22,3 4,4

100,0

1972

8,7

39,2

26,1 22,5 3,5

100,0

1973

6,4

41,7

25,6 22,2 4,1

100,0

1974

5,7

41,4

27,1 21,3 4,5

100,0

1975

6,0

40,3

28,3 19,9 5,5

100,0

1976

5,5

43,5

26,7 19,3 5,0

100,0

1977

9,5

44,5

24,1 15,5 6,4

100,0

1978

11,6

46,6

21,2 14,5 6,1

100,0

1979

15,4

45,7

20,5 13,7 4.7

100,0

1980

15,3

47,1

19,4 12,9 5,3

100,0

1981

15,7

47,3

19,3 12,4 5,3

100,0

B • Constructions navale et aéronautique Conduite d'installations lourdes Essais, contrôles, laboratoires, production Organisation du travail et gestion de la production Dessin industriel Autres fonctions Ensemble

1969

0,6

36,9

29,2 29,7 3,6

100,0

1970

0,7

39,4

29,5 27,4 3,0

100,0

1971

0,8

39,9

29,8 26,8 2,7

100,0

1972

0,6

39,2

32,1 25,4 2,7

100,0

1973

0,5

41,9

29,9 24,7 3,0

100,0

1974

0,8

41,3

29,6 25,0 3,3

100,0

1975

1,8

42,1

29,6 23,5 3,0

100,0

1976

1,8

43,2

28,7 22,9 3,4

100,0

1977

1,8

45,2

28,2 21,9 2,9

100,0

1978

1,8

- 47,0

27,7 21,0

2,5 100,0

1979

0,9

- 48,0

27,9 20,6

2,6 100,0

1980

1,3

48,4

28,5 19,4 2,4

100,0

1981

1,4

- 46,9

29,2 20,5 2,0

100,0

C - Matériel de transport terrestre Conduite d'installations lourdes Essais, contrôles, laboratoires, production Organisation du travail et gestion de la production Dessin industriel Autres fonctions Ensemble

1969

3,9

18,6

48,1 26,3 3,1

100,0

1970

4,2

19,6

48,8 25,1 2,3

100,0

1971

4,6

20,6

49,4 23,9

1,5 100,0

1972

5,0

21,1

48,5 23,9

1,5 100,0

1973

4,4

20,6

50,6 22,8

1,6 100,0

1974

4,2

21,0

50,6 22,8

1,9 100,0

1975

4,7

21,7

49,9 22,1

1,6 100,0

1976

5,0

21,0

51,8 20,5

1,7 100,0

1977

4,9

22,9

49,2 20,2 2,8

100,0

1978

4,5

23,3

50,0 19,4 2,8

100,0

1979

4,1

23,6

50,8 18,6 2,9

100,0

1980

4,1

24,4

47,6 18,2 5,7

100,0

1981

4,0

25,1

44,8 17,9 8,2

100,0

D - Industrie textile et habillement Conduite d'installations lourdes Essais, contrôles, laboratoires, production Organisation du travail et gestion de la production Dessin industriel Autres fonctions Ensemble

1969

7,2

22,2

57,1 8,4 5,1

100,0

1970

5,8

23,4

58,3 8,2 4,3

100,0

1971

5,6

24,2

56,9 8,5 4,8

100.0

1972

6,4

26,1

55,1 8,0 4,4

100,0

1973

4.8

26,2

55,2 7.6 6,2

100,0

1974

4,9

25,4

54,2 7,4 8,1

100,0

1975

5,1

26,1

53,7 7,1 8,0

100,0

1976

5.1

25,5

53,2 6,9 9,3

100,0

1977

4,9

25,2

52,2 7,4

10,3 100,0

1978

4,4

25,2

51,3 7,4

11,7 100,0

1979

4,7

25,6

50,0 7,3

12,4 100,0

1980

5,0

28,3

49,7 6,8

10.2 100,0

1981

4,8

26,7

48,5 7,1

13,0 100,0

23

Page 23: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 8

Répartition des cadres tertiaires par fonctions dans quelques secteurs industriels Répartition en %

A - Parachimie et pharmacie Gestion administrative Fonctions commerciales Informatique Autres fonctions Ensemble

1969 29,2 61,7

1.1 8,0

100,0

1970 28,8 62,3

1,4 7,5

100,0

1971 29,6 61,4 1.7 7,3

100,0

1972 29,2 61,5

1,7 7,6

100,0

1973 29,7 61,1

1.9 7,3

100,0

1974 28,9 61,9 2,1 7,1

100,0

1975 30,3 60,2 2,4 7,1

100,0

1976 31,0 59,7 2,3 7,0

100,0

1977 30,9 60,5 2,1 6,5

100,0

1978 30,7 60,2 2,2 6,9

100,0

1979 30,5 60,7

2,3 6,5

100,0

1980 30,2 61,5

2,3 6,0

100,0

1981 28,9 62.9 2,4 5,8

100,0

B - Construction électrique Gestion administrative Fonctions commerciales Informatique Autres fonctions Ensemble

1969 54,8 36,8 5,4 3,0

100,0

1970 54,0 36,9 6,0 3,1

100,0

1971 54,5 36,2 6,4 2,9

100,0

1972 53,3 37,3 6,6 2,8

100,0

J973 53,8 36,9 6,5 2,8

100,0

1974 54,3 36,6

6,4 2,7

100,0

1975 53,0 38,2 6,5 2,3

100,0

1976 53,9 37,7

6,2 2,2

100,0

1977 54,4 38,3 5,1 2,3

100,0

1978 53,7 38,5 5,4 2,4

100,0

1979 52,3 39.9 5,6 2,4

100,0

1980 51,3 40,9

5,5 2,3

100,0

1981 51,6 40,0 6,2 2,2

100,0

C - Constructions navale et aéronautique Gestion administrative Fonctions commerciales Informatique Autres fonctions Ensemble

1969 71,4 18,7 3,1 6,8

100,0

1970 74,8 14,5 4,0 6,7

100,0

1971 73,8 15,5 4,1 6,6

100,0

1972 71,1 16,8 5,3 6,8

100,0

1973 70,3 16,7 5,8 7,2

100,0

1974 67,7 19,2 6,0 7,1

100,0

1975 67,9 19,9 6,0 6,2

100,0

1976 67,8 19,5 6,7 6,0

100,0

1977 66,2 21,1 6,7 6,0

100,0

1978 64,8 22,5 6,8 5,9

100,0

1979 63,4 23,8

7,1 5,7

100,0

1980 64,5 22,8 6,8 5,9

100,0

1981 61,7 25,0 7,4 5,9

100,0

1 980, les deux types d'emplois croissent même de façon tout à fait comparable. Un triple impératif de commercialisation des produits, d'informatisation et de gestion est à l'origine de la croissance des emplois de cadres tertiaires. Dans la parachimie-pharmacie, les trois préoccupations semblent simultanément présentes et conduisent à des évolutions parallèles des emplois des trois fonctions (tableau 8). Dans la construction électrique et électronique, comme dans la construction navale et aéronautique, l'accent est davantage placé sur les fonctions commerciales et les applications de l'informatique (9).

Dans les autres secteurs les plus en expansion, un tel développement des fonctions tertiaires n'apparaît pas. Dans la métallurgie des métaux non ferreux tel que, dans les autres industries agro-alimentaires ou l'automobile, l'écart entre la progression, plus rapide, des cadres techniques et celle, plus lente, des cadres tertiaires est considérable (tableau 5). Le fossé se creuse encore lorsque les difficultés s'accroissent, à partir de 1980. Les entreprises de ces secteurs se recentrent alors sur les activités les plus directement productives et sur un développement technologique. Sans doute aussi la nature des produits fabriqués, produits de base

dans les cas des métaux non ferreux, de grande consommation dans les industries alimentaires, rend- elle possible une extériorisation des fonctions commerciales vers des entreprises sous-traitantes ou des filiales spécialisées.

Deux exceptions à la logique dominante

La priorité accordée aux emplois techniques de haut niveau, si elle constitue la logique dominante dans les secteurs en expansion, souffre cependant deux exceptions notables : l'imprimerie-presse-édition et l'industrie de la viande et du lait.

Dans l'imprimerie-presse-édition, le changement technologique est lié à l'introduction de l'informatique

9. Dans la nomenclature des emplois, seuls les cadres techniques chargés de l'application du traitement informatique à un problème particulier et les programmeurs sont classés parmi les cadres tertiaires. Les ingénieurs chargés de l'étude des projets et de la gestion des systèmes figurent parmi les cadres techniques. L'évolution des effectifs de cadres tertiaires spécialisés en informatique saisit donc plutôt l'informatisation de la gestion des entreprises que les aspects de la conception de matériels ou de logiciels dont les développements sont particulièrement importants dans l'électronique.

24

Page 24: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

Tableau 9

Evolution des effectifs salariés par profession et par secteur entre 1984 et 1987 Taux de croissance annuels moyens en %

Industries de la viande et du lait Autres industries alimentaires Pétrole et gaz naturel Electricité, gaz et eau Minerais et métaux ferreux Minerais et métaux non ferreux Matériaux de construction Industrie du verre Chimie de base, fibres artificielles Parachimie et pharmacie Fonderie et travail des métaux Construction mécanique Construction électrique de biens professionnels Construction électrique de biens ménagers Matériel de transport terrestre Constructions navale et aéronautique Industrie textile et habillement Industrie du cuir et de la chaussure Bois, meubles, industries diverses Papier-carton Imprimerie, presse, édition Caoutchouc et matières plastiques Bâtiment, génie civil et agricole

Cadres administratifs

2,3 0,9 8,4 4,2 2,9

-1,2 -0,9 -2,6 -0,1

3,7 -1,6 -1.7

2,0 -4,0

-10,0 3,2

- 1.3 -0,7 -2,5

0,8 3,0 1,1

-1,1

Ingénieurs

2,3 1,8 2,4 6,4

-3,1 1,5

-1,3 -0,2

3,4 2,4

-0,9 -2,4

3,0 -2,1 -3,2 -1,4 - 1,5 -0,8 -0,9

1,9 0,7 2,9

- 1,6

Professions intermédiaires administratives

1,6 -0,2

9,1 4,9

-1,4 0,8

-2,0 -1,0

3,3 2,0

-2,7 -2,3

3,3 -7,2 -4,8

2,7 0,1

-3,5 -0,6

0,8 1,6 0,8

-1,8

Techniciens

1,9 0,8

- 1,1 3,2 1.7 5,2

-1,8 -2,9

5,2 0,8

-0,9 -3,4 -0,2 -0,7 - 1,6 -2,1 -0,8 -2,3

0,0 0,2 2,2

-0,8 -0,3

Employés administratifs

-0,3 • - 1,5

- 1,9 2,1

-8,8 -2,7 -4,2 -4,4 -3,4 - 1,8 -2,8 -4,9 -4,7 -9,5 -7,6 -5,3 -3,8 -2,9 -3,5 - 1.7 -2,6 - 1.1 -3,2

Ouvriers qualifiés de type industriel

-0,1 -0,3

-11,4 2,2

-7,9 -3,4 -4,2

0,0 -2,5 - 1,8 -1,4 -4,0- - 1,4 -5,6 -3,4 -7,7 -3,2 -3,0 -3,1 -0,2 -0,5 -2,3 -2,8

Ouvriers qualifiés de la manutention

-3,0 0,0

-4,9 -4,6 -8,7 -5,6 -4,9 -3,7 -0,5 -2,8 -4,7 -5,8- -1.6 -9,1 -6,8

-10,0 -3,3 -2,2 -2,4 -1,2 -2,1

4,4 -3,7

Ouvriers non qualifiés de type industriel

- 1,3 -3,6

-12,4 43,7

- 15,7 -10,9 -7,7 -7,4 -0,9 -4,7 -5,1 -7,7 -7,8 -5,2 -7,6

-12,8 -6,7 -5,9 -6,4 -5,7 -5,5 - 1,4 -4,3

Source : enquête Structure des emplois. Champ : établissements de plus de 10 salariés de l'industrie (y compris énergie et bâtiment-génie civil).

et transfère vers des personnels tertiaires des tâches antérieurement effectuées par des ouvriers. Alors que ces derniers représentaient 64 % des effectifs en 1 974, leur part dans l'emploi total était tombée à 56 % en 1983, dont les trois quarts étaient qualifiés. Dans le même temps, les emplois tertiaires passaient d'un tiers à 40 % de l'emploi total. Ce processus de tertiarisation s'accompagne d'une déformation très sensible de l'emploi tertiaire vers les emplois les plus qualifiés. Cette évolution atypique tient évidemment à la spécificité du secteur : des employés et cadres administratifs (parmi lesquels les journalistes) participent de façon très directe à la production. En outre, dans ce secteur, déjà le plus « tertiaire » de l'industrie, la progression de la composante presse-édition est la plus rapide, ce qui contribue à renforcer sa spécificité.

Les industries de la viande et du lait sont le seul secteur qui contredise la tendance générale au déclin

des emplois ouvriers, puisque leur part dans l'emploi salarié passe de 73,7 % en 1974 à 75,5 % en 1983. Exceptionnel par son dynamisme dans cette période (+ 27 % de croissance de l'emploi entre 1 974 et 1 983), ce secteur l'est aussi par la stabilité de sa structure de qualifications, dont la seule déformation notable est provoquée par une moindre progression des emplois d'ouvriers non qualifiés. La plus grande sensibilité des effectifs ouvriers au niveau de la production joue ici en leur faveur, tandis que la progression des effectifs d'employés est particulièrement lente, et même stoppée à partir de 1980.

Evolutions sectorielles récentes

De 1 984 à 1 987, les effectifs continuent de décroître dans l'industrie (de - 3,2 % par an dans le champ de l'enquête Structure des emplois). Les secteurs les plus

25

Page 25: Évolution des structures professionnelles dans l'industrie depuis 1969

touchés par les réductions d'effectifs sont la sidérurgie et l'automobile ou encore les matériaux de construction, le textile et l'industrie du cuir. Par contre plusieurs secteurs, le plus souvent déjà parmi les plus dynamiques au cours de la période précédente, ne perdent que peu d'emplois depuis 1 984 (les industries agricoles et alimentaires, la production d'électricité, ou la parachi- mie-pharmacie), ou sont même légèrement créateurs d'emplois, comme l'imprimerie presse-édition.

En règle générale, la structure de l'emploi industriel continue de se transformer au détriment des ouvriers et au bénéfice des cadres administratifs et commerciaux et des ingénieurs et techniciens. En effet, la place des ouvriers diminue dans la totalité des secteurs industriels à l'exception de la production d'électricité. Ce glissement de la structure des emplois est particulièrement rapide dans des secteurs de l'industrie lourde comme la transformation des métaux ferreux ou non ferreux, ou dans un secteur en cours de restructuration comme la construction navale et aéronautique (tableau 9).

Ces réductions d'emplois ouvriers touchent en général davantage les ouvriers non qualifiés. Le contraste entre les pertes d'effectifs d'ouvriers non qualifiés et la quasi stabilité des effectifs d'ouvriers qualifiés est particulièrement net dans l'industrie du verre, dans le papier-carton ou le caoutchouc et la transformation des matières plastiques. Les secteurs où les fonctions tertiaires revêtent une importance particulière ont dans l'ensemble continué à créer prioritairement des emplois de ce type aux niveaux des cadres et des professions intermédiaires. Les secteurs les plus représentatifs de cette politique sont, la parachimie-pharmacie et la presse-édition. Mais ils sont également rejoints dans cette orientation par certains secteurs de haute technologie, qui, jusqu'alors, avaient plutôt cherché à renforcer leurs effectifs d'ingénieurs et des techniciens, comme le pétrole et la construction navale et aéronautique parexemple.

A l'opposé de ce type de développement, des secteurs des industries de base, comme les industries des métaux non ferreux ou la chimie, créent en priorité des emplois d'ingénieurs et de techniciens, ou préservent plus spécialement leur potentiel technique, comme la construction d'équipements ménagers ou surtout l'automobile, ceci au détriment de leurs fonctions commerciales et administratives. □

BIBLIOGRAPHIE

[I] « Les séries longues de l'enquête sur la structure des emplois », 1969-1983, à paraître dans la série Archives et documents de l'I N S E E .

[2] J.M. GRANDO : « Industrie et gestion de la main-d'œuvre, Formation Emploi, numéro 1, janvier-mars 1983.

[3] P.B. DOERINGER, M.J. PIORE : « Internal labor markets and manpower analysis », Heath Lexington Books Lexington, Massachussets 1971.

[4] J.L DAYAN, J.P. GEHIN et E. VERDIER : « La formation continue dans l'industrie », Formation Emploi, numéro 16, octobre-décembre 1986.

[5] M. DELATTRE : « Forces et faiblesses des secteurs industriels », Collections de l'INSEE, Série E, numéro 1 00, 1 986.

[6] M. CEZARD : « Les qualifications ouvrières en question », Economie et Statistique, numéro 1 10, avril 1979.

[7] E. KIRSCH : « Sidérurgie : des aciers de plus en plus spéciaux... de moins en moins d'ouvriers spécialisés », Bref CEREQ, numéro 6, janvier-février 1 984.

[8] J. SAGLIO : « Les négociations de branches et l'unité du système français de relations professionnelles : le cas des négociations de classification, Droit social, numéro 1, janvier 1987.

[9] A. DESROSI ERES : « Peut-on compter les ouvriers ? », in « Le travail ouvrier », les Cahiers Français, numéro 209, janvier-février 1983.

[10] A. JOBERT et P. ROZENBLATT : « Portée et limite d'un accord de branche sur les qualifications », Formation Emploi, numéro 9, janvier-mars 1985.

[II] 0. PASTRE : « Taylorisme, productivité et crise du travail », Travail et Emploi, numéro 1 8, décembre 1 983.

[12] J. MERCHIERS : « Genèse d'une classification dans l'industrie automobile », Formation Emploi, numéro 8, octobre-décembre 1984.

[13] M. CARRIERE-RAMANOELINAet P. ZARIFIAN : « Le technicien d'atelier dans la classification de la métallurgie », Formation Emploi, numéro 9, janvier-mars 1 985.

[14] M. CEZARD : « L'enquête sur la structure des emplois », in « Pour une histoire de la statistique, Tome 2/matériaux ». J. AFFICHARD, Economica, INSEE, 1987.

[15] J. AFFICHARD, M. CEZARD, A. G0Y et L THEVENOT : « Offre et demande d'emploi par profession au cours du VIIe Plan », Economie et Statistique, numéro 81-82, septembre-octobre 1976.

26