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Système Endocrinologie Reproduction Développement RT : Aymeric PERNOLLET Cours de sémiologie du 23/05/2011 RL : Nicolas DURSENT Pr Philippe Wicart [email protected] Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant Plan du cours I. Introduction 1. Du nouveau-né à l’adolescent et du normal au pathologique 2. Les règles de base de l’examen clinique II. Examen clinique orthopédique du nouveau-né et de l’enfant 1. Interrogatoire 2. Examen clinique du nouveau-né III. Examen du nouveau-né 1. Mobilité active 2. Examen des hanches 3. Examen des genoux 4. Examen des pieds 5. Evaluer la réductibilité clinique à la naissance IV. Examen du plus grand enfant 1. Taille, poids et proportions 2. Boiterie 3. Examen de la face 4. Examen neuro-orthopédique 5. Examen des mains 6. Mesure du volume musculaire 7. Déformation des membres inférieurs 8. Déformations torsionnelles 9. Inégalité de longueur des membres inférieurs 10. Examen de la tête 11. Examen du rachis

Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

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Page 1: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Système Endocrinologie Reproduction Développement RT : Aymeric PERNOLLET

Cours de sémiologie du 23/05/2011 RL : Nicolas DURSENT

Pr Philippe Wicart

[email protected]

Examen orthopédique

du

nouveau né et de l’enfant

Plan du cours

I. Introduction

1. Du nouveau-né à l’adolescent et du normal au pathologique

2. Les règles de base de l’examen clinique

II. Examen clinique orthopédique du nouveau-né et de l’enfant

1. Interrogatoire

2. Examen clinique du nouveau-né

III. Examen du nouveau-né

1. Mobilité active

2. Examen des hanches

3. Examen des genoux

4. Examen des pieds

5. Evaluer la réductibilité clinique à la naissance

IV. Examen du plus grand enfant

1. Taille, poids et proportions

2. Boiterie

3. Examen de la face

4. Examen neuro-orthopédique

5. Examen des mains

6. Mesure du volume musculaire

7. Déformation des membres inférieurs

8. Déformations torsionnelles

9. Inégalité de longueur des membres inférieurs

10. Examen de la tête

11. Examen du rachis

Page 2: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

I. Introduction

1. Du nouveau-né à l’adolescent et du normal au pathologique

L’examen clinique constitue la base en pédiatrie de façon générale et en orthopédie pédiatrique plus

particulièrement, il est d’importance fondamentale.

L’enfant n’exprime pas clairement les signes fonctionnels. L’enfant en consultation vient

pour des troubles mais ce pour quoi il vient n’est pas marqué sur son front. Par exemple,

l’enfant qui a mal à la hanche viendra avec une boiterie mais ne dira pas où il a mal. C’est au

pédiatre d’avoir une approche méthodique pour savoir où est le problème.

L’examen clinique oriente les examens paracliniques. De la qualité de l’approche clinique

dépend l’étude étiologique et l’orientation des examens paracliniques.

2. Les règles de base de l’examen clinique

Toujours en présence des parents ou d’un témoin et jamais seul avec l’enfant, si l’on rencontre

une résistance de la part de l’adolescent par exemple (pudeur, …) le rassurer et lui expliquer la

nécessité.

Noter dans l’observation la personne accompagnante, faire attention à la situation familiale de

l’enfant, toujours donner les informations médicales au deux parents pour éviter les discordes

(ex : haine entre les deux parents)

Nom de l’examinateur précisé systématiquement

Observation datée et signée

Quantification +++

Les enfants sont suivis en consultation et il est important de pouvoir quantifier les variables

cliniques observées de façon concrète, avec des chiffres et pas seulement avec des adjectifs (ex :

épaule gauche plus haute que la droite). L’enfant est suivi pendant toute sa croissance et il faut pouvoir

quantifier les variables cliniques car cela sera très utile au cours du suivi. Mais il n’est pas forcément

très simple de les quantifier. Ce cours a donc pour but de donner des méthodes pour le faire.

II. Examen clinique orthopédique du nouveau-né et de

l’enfant

1. Interrogatoire/Anamnèse

Antécédents familiaux

Y-a-t-il des pathologies particulières dans la famille (problèmes de hanche, rhumatismes

inflammatoires chroniques, maladie (héréditaire) de Charcot Marie) ? Il faut demander tous les

Page 3: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

antécédents familiaux qui peuvent avoir un rapport de près ou de loin avec les problèmes

orthopédiques.

Grossesse pathologique

Comment s’est passée la grossesse ? La grossesse était-elle pathologique ? pour la mère (problème

maternel qui peut retentir sur l’enfant) ? pour l’enfant ?

Terme

L’enfant est-il né à terme ou non ? Est-il né à 28 SA ou à 40 SA ? L’orientation et le diagnostic sont

différents.

Poids à la naissance

Quel était le poids de l’enfant à la naissance ? Pesait-il 600 g à la naissance ou 4,2 kg ?

Antécédents de l’enfant

Quels antécédents a eu l’enfant au cours de sa croissance ? Un enfant qui vient pour une douleur de

hanche et qui a eu une douleur d’une articulation interphalangienne 2 ans plus tôt doit faire évoquer un

rhumatisme inflammatoire chronique.

Age d’acquisition de la marche

Beaucoup d’enfants qui viennent en consultation ont des séquelles orthopédiques de pathologies

neurologiques. Si un enfant a acquis la marche à 18 mois, on peut rassurer la famille. Face à un enfant

de 8 ans qui ne marche pas bien et qui a acquis la marche à 6 ans et ½, l’approche sera différente.

Dans tous les cas il est important d’écouter les mères, leur sentiment, leur vision de l’évolution

positive ou négative de l’enfant. Les mères ont souvent raison, le médecin doit vraiment analyser leurs

propos.

2. Examen clinique du nouveau-né

L’examen clinique du nouveau-né est réglementaire. Il doit être fait à la naissance ainsi qu’à la sortie

de la maternité. Il doit être annoté dans le carnet de santé (importance du suivi).

Intérêt des photographies

Les photographies de l’enfant sont stockées et ont la même valeur que les radiographies dans le

dossier médical. La photographie de l’enfant est un examen paraclinique à part entière, qui permet

d’améliorer le suivi clinique.

Mensurations

L’examen clinique commence par les mensurations : poids, taille. Ces mensurations sont reportées sur

les courbes de taille et de poids du carnet de santé.

Pour corriger une différence de longueur des membres inférieurs, soit on rallonge le côté court soit on

raccourcit le côté long. La taille de l’enfant prévisible en fin de croissance est déterminante pour le

choix de l’opération. Le pédiatre oriente la famille dans les choix thérapeutiques et doit donc anticiper

la taille finale de l’enfant.

Page 4: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

III. Examen du nouveau-né

En pédiatrie, l’enfant doit être examiné complètement nu dans la mesure du possible. Si cela

s’avère facile pour le nouveau-né, l’adolescent ne doit en revanche pas être examiné nu et sera

examiné idéalement en sous-vêtements. Le pédiatre doit faire preuve de délicatesse.

Il faut avoir une vision clinique complète de l’enfant. Par exemple, on doit examiner le rachis d’un

enfant qui vient pour une pathologie des pieds et inversement.

Evaluer la mobilité active

Evaluer la morphologie de la face : l’enfant a-t-il une dysmorphie faciale ou non ?

Rechercher des anomalies orthopédiques (un front très peu marqué, des oreilles basses implantées…)

qui peuvent s’intégrer dans un pathologie plus générale.

Examiner le rachis

Pour examiner le rachis d’un petit enfant, il faut le faire asseoir et regarder par derrière à la recherche

d’une gibbosité.

Recherche de signes cutané

L’enfant est mis sur le ventre et on examine toute la ligne médiane de haut en bas à la recherche de

signes cutanés (angiome ou touffe de poil) qui peuvent révéler une pathologie malformative sous-

jacente vertébrale, médullaire ou vertébro-médullaire (spina bifida), sillon cutané évocateur de la

maladie des brides amniotiques.

Examen des membres supérieurs

Rechercher une raideur du coude en extension, une raideur du poignet en flexion palmaire, une raideur

des 2 coudes en flexion…

Examen des mains

Rechercher un pouce flexus adductus (pouce replié dans la paume)…

Examen des pieds

Rechercher un pied bot…

Examen des membres inférieurs

Examiner les mobilités des hanches (raideur en flexion de hanche, flessum de hanche : défaut

d’extension de hanche), des genoux (raideur des genoux en extension).

Toujours s’interroger si l’anomalie est idiopathique (localisée et bénin) ou si elle est évocatrice

d’anomalies neurologiques ou tout simplement plus générale.

1. Mobilité active

Une fois que l’inspection globale est faite, il faut examiner la mobilité active. Il s’agit à la fois de la

mobilité spontanée mais aussi la mobilité provoquée (par le réflexe de Moro par exemple qui

permet d’évaluer l’état du système nerveux).

Page 5: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

L’absence de réflexe de Moro d’un côté traduit une pathologie du membre supérieur de ce côté qui

peut être variée :

une paralysie obstétricale du plexus brachial qui est une lésion du plexus brachial au cours

de l’accouchement : diagnostic non urgent

une infection ostéo-articulaire néo-natale (ostéo-arthrite d’épaule) : diagnostic urgent

L’enfant présente dans les 2 cas une impotence fonctionnelle du membre supérieur mais c’est au

pédiatre de faire l’examen clinique précis et de demander les examens paracliniques adaptés pour faire

le diagnostic.

2. Examen des hanches (question posée en septembre 2009)

La pathologie des hanches est une pathologie très fréquente. C’est un vrai problème de santé

publique, à tel point qu’il existe un dépistage de luxation congénitale de la hanche. Examiner les

hanches de l’enfant à la naissance et avant la sortie de la maternité est réglementaire.

L’examen des hanches est réalisé avec un bébé détendu. Il faut donc commencer par détendre

l’enfant pour se donner les moyens de faire un examen clinique de qualité, si l’enfant est agité ne pas

hésiter à le rendre à sa mère le temps qu’elle le calme sinon risque de faut négatif.

Après avoir enlevé les couches de l’enfant et mis

l’enfant en décubitus dorsal sur un plan dur, on

teste l’abduction (mouvement d’écartement des 2

cuisses) des hanches fléchies à 90° en empaumant

chacun des genoux fléchis de façon bilatérale et

synchrone.

L’enfant doit être nu pour que le sillon inter-fessier

soit perpendiculaire à la table d’examen. On

écarte doucement les 2 hanches et on mesure en

degrés l’angle entre l’axe du sillon inter-fessier et

l’abduction maximale de chaque côté.

L’angle est normalement supérieur à 75° des deux côtés. Si la valeur est inférieur à 70° il y a

probablement un problème de hanche. La mesure de l’abduction hanche fléchie de façon douce est très

importante.

Après avoir fait la mesure de façon douce, il faut la faire de façon tonique pour essayer de déclencher

le stretch réflexe des muscles adducteurs. De temps en temps, on a une contraction involontaire des

adducteurs qui répondent par une activité tonique et qui constitue un frein à la manœuvre. Une petite

réponse phasique active tonique d’un adducteur d’un côté constitue un risque et signifie que

l’enfant était en adduction dans le ventre de sa mère c’est à dire qu’il avait les genous très rapprochés

(ce qui constitue une position luxante donc favorable à la luxation), ce qui implique qu’il a des

Page 6: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

adducteurs très court donc très toniques. Cela explique cette contraction involontaire et donc ce

freinage lors de la manipulation.

Il faut donc se méfier d’un stretch réflexe des muscles adducteurs, quantifier l’importance de l’angle,

le reporter dans l’observation et adapter la suite de la surveillance à cet élément en sachant qu’il traduit

une hanche à risque (mais pas une luxation congénitale de la hanche).

Manœuvre de Barlow et d’Ortolani

Pour faire les 2 manœuvres, on examine hanche par hanche contrairement à la manœuvre

précédemment décrite. Une des 2 mains saisit le bassin de l’enfant : le pouce sur le pubis et les doigts

longs (index et majeur) sur le sacrum. L’autre main empaume le membre inférieur de l’enfant en

flexion de genou à 90°. L’intérêt de fléchir complètement le genou est de maîtriser parfaitement les

rotations. On met le pouce à la face médiale de la cuisse et l’index à la face latérale de la cuisse sur

le grand trochanter.

Manœuvre de Barlow

On fait un mouvement de pronation. On appuie avec le pouce sur la face médiale de la cuisse et on

essaie de luxer la hanche à la recherche d’une instabilité. Une hanche luxable se traduit par un

ressaut de luxation : on sent la tête fémorale qui passe sur le bord postérieur du cotyle (= acetabulum)

et qui revient en place dès que l’on relâche. Ce ressaut de luxation est palpable et même audible

(« cloc cloc »).

Manœuvre d’Ortolani

C’est une manœuvre en supination. On appuie avec l’index sur le grand trochanter pour essayer de

réduire une hanche luxée : on essaie de savoir si la hanche luxée est réductible ou non. La manœuvre

d’Ortolani peut conduire à un ressaut de réduction.

Quand le bord postéro-supérieur du cotyle est

émoussé, il n’y a pas de ressaut mais un piston :

la tête fémorale part en arrière (Barlow) puis

revient en avant (Ortolani) mais on ne perçoit

pas de ressaut et pourtant anomalie tout de

même. Cela est beaucoup plus difficile à

percevoir et demande un peu de pratique.

Les difficultés de ces manœuvres sont donc les

suivantes :

Manœuvre de Barlow Manœuvre d’Ortolani

Ressaut Piston

Page 7: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

l’enfant doit être bien détendu

le ressaut n’est pas toujours perceptible et peut être remplacé par un piston

3. Examen des genoux

Un enfant avec une arthrogrypose (arthro : problème d’articulation /grypose : en griffe) peut

présenter une raideur des genoux en extension ou en flexion. Cela peut révéler une anomalie

médullaire mais pas d’anomalie au niveau du cortex.

4. Examen des pieds

Mouvements dans les 3 plans de l’espace

En orthopédie, on travaille dans 3 plans de l’espace puisque les déformations à corriger sont dans les

3 plans de l’espace. A chacun de ces plans correspond différents mouvements.

vue de profil vue supérieur

Dans le plan sagittal (plan vertical perpendiculaire au front)

mouvement de flexion plantaire : on dit pied en équin

mouvement de flexion dorsale : on dit pied en (talus) ou en calcaneus

Dans le plan transversal (plan du sol)

mouvement d’adduction en dedans

mouvement d’abduction en dehors

Flexion plantaire

EQUIN

Flexion dorsale

CALCANEUS

Position

zéro

Position zéro ADDUCTION ABDUCTION

Plan sagittal Plan transversal

Page 8: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

mouvement en varus (angle obtus en dehors) ou simplement à l’examen on dit que le talon du

patient est en varus si il regarde en dehors

mouvement en valgus (angle obtus en dedans)

Ceci est vrai pour l’arrière-pied, les genoux, les coudes. Mais pour l’avant-pied, on parle de

supination et de pronation, en sachant que la supination de l’avant-pied est en fait un varus et que la

pronation de l’avant-pied est un valgus.

Examen des pieds

Métatarsus adductus

Déformation de l’avant-pied dans le plan transversal

seulement (adduction) qui siège au niveau de l’articulation

de Lisfranc.

Pied calcaneus

Déformation de la cheville dans le plan sagittal en flexion

dorsale. Il y a trop de flexion dorsale car l’enfant était coincé

dans cette position dans le ventre de sa mère. Ce n’est pas

une déformation grave. Le défaut siège dans la cheville.

Pied convexe congénital

Luxation médiotarsienne irréductible.

Anomalie dans l’articulation transverse du tarse.

S’aider des radios pour établir le diagnostique.

VARUS

VALGUS

Position

zéro

Positon zéro SUPINATION PRONATION

Plan frontal : vue de derrière Plan frontal : vue de devant

Pied calcaneus

Page 9: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Diagnostic différentiel (pas à retenir)

L’autre diagnostic à rechercher devant un pied calcaneus est un pied convexe congénital et

inversement :

Le pied calcaneus est un pied normal avec une flexion dorsale dans la cheville. On perçoit la

grosse tubérosité du calcaneum dans l’axe du tibia. La plante du pied est normale. On ne

perçoit pas de saillie postérieure.

Dans le pied convexe congénital, on perçoit la grosse tubérosité du calcaneum (talon) non pas

dans l’axe du tibia mais très postérieur. On perçoit physiquement une saille postérieure ainsi

qu’une saillie plantaire liée à la saillie antérieure et plantaire de l’extrémité antérieure du

talus et du calcaneus.

Cet exemple illustre l’importance de l’examen clinique à la fin duquel il est clairement possible

d’évoquer un pied convexe congénital et non pas un pied calcaneus.

Pied creux

Pied bot

Déformation dans les 3 plan de l’espace avec

une déformation dans le plan sagittal : l’équin

une déformation dans le plan transversal : l’adduction

une déformation dans le plan frontal : la supination varus

A retenir ! Il faut connaître les 3 plans de l’espace, savoir qu’il existe des déformations qui

surviennent dans 1 des 3 plans, 2 des 3 plans ou dans les 3 plans, et les décrire cliniquement.

4. Evaluer la réductibilité clinique à la naissance

A chaque fois qu’on examine une déformation, il faut évaluer sa réductibilité : quelle est la

composante de la déformation qui est réductible ? quelle est la part résiduelle de la déformation dans

chacun des 3 plans de l’espace ? Dans l’observation clinique, on cote la composante en degrés qui

n’est pas réductible. On en déduit des scores importants pour évaluer la gravité, l’évolution et le

diagnostiques des anomalies.

IV. Examen du plus grand enfant

1. Taille, poids et proportions

Il faut bien mesurer :

la taille debout

Pied convexe congénital

Page 10: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Dysplasie spondilo-

métaphysaire

la taille assise (pour connaître la taille sans les membres inférieurs et mettre en évidence un

éventuel problème de proportion.)

la taille couchée en ne mesurant que la taille du tronc : des déformations vertébrales

peuvent raccourcir le tronc et on apprécie la proportion de la taille

Il faut reporter ces tailles sur des courbes de tailles .

Proportions

Il est important d’évaluer le caractère proportionnel du rachis, des membres

inférieurs et supérieurs parce que la croissance doit assurer quelque chose

d’harmonieux. Parfois, des troubles de croissance font que le rachis ou les

membres inférieurs ne grandissent pas bien.

Exemple : la dysplasie spondilo-métaphysaire est une maladie qui touche

les vertèbres et les métaphyses. L’enfant atteint de cette maladie présente un

trouble de croissance à la fois des membres inférieurs et du rachis. Il présente

une brièveté du rachis : le tronc est court et les bras arrivent très bas. Il a

une platis spondili (= vertèbres plates) du fait de cette maladie.

2. Boiterie

Boiterie d’équilibration

La boiterie d’équilibration est la vraie boiterie. Quand on marche, le bassin reste normalement droit :

quand on lève le pied droit, l’aile iliaque droite ne tombe pas et reste horizontale. Ceci est dû au

muscle moyen fessier controlatéral qui verrouille le bassin et qui évite qu’il ne tombe. Quand on fait

la fait la manœuvre de levée d’un pied, les 2 crêtes iliaques reste au même niveau, ce qui garantit la

fluidité de la marche, on doit à cette occasion vérifier que la tête reste bien dans l’axe du sillon

interfessier.

Dans la « boiterie d’épaule », la personne se dandine car le moyen fessier qui permet de verrouiller le

bassin lors d’un appui monopode ne fonctionne pas bien du fait d’une pathologie musculaire ou ostéo-

articulaire. Lorsque la personne lève un pied, l’hémi-bassin tombe du côté où elle lève le pied. Pour

rester en équilibre, le tronc s’incline du côté opposé pour éviter de partir avec le bassin et de tomber

sur le côté. Les épaules s’inclinent donc du côté où le pied est en appui (« boiterie d’épaule »).

C’est la boiterie des vieilles bigoudènes de Bretagne qui ont des luxations de hanche bilatérales !

Boiterie d’esquive

La boiterie d’esquive est la boiterie la plus fréquente.

L’enfant vient en consultation parce qu’il a mal quand il

met le pied au sol et lève le pied.

C’est un motif très fréquent de consultation qui n’est pas

facile à gérer car l’enfant ne dis pas forcément où il a

mal. Il faut évaluer l’importance de sa boiterie :

boiterie mineure ou majeure. Selon son importance, les

attitudes de bilan étiologique et thérapeutique varient.

Page 11: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Pour examiner un enfant qui vient pour une boiterie

d’esquive, on couche l’enfant sur la banquette :

rechercher un épanchement articulaire du genou

palper les différents structures osseuses accessibles : métaphyse inférieure du tibia, face

médiale du tibia, métaphyse proximale du tibia, métaphyse distale du fémur. Ces zones

sont très actives en croissance. Les pathologies infectieuses ou tumorales de l’enfant

surviennent beaucoup au niveau de ces zones très actives en croissance.

évaluer les mobilités articulaires : la mobilité du genou à la recherche d’un flessum

(limitation d’extension du genou) qui est pathologique, la mobilité de la hanche (une hanche

complètement mobile doit fléchir à 130-140° alors qu’une hanche qui fléchit à 90° est

pathologique), la mobilité de la colonne vertébrale (tour de taille très asymétrique,

inclinaison latérale, évaluation de la raideur. Attention demander au patient de toucher ses

pieds en étant debout mesure la souplesse des hanches et non celle du rachis)

palper l’abdomen : palper le versant endo-iliaque du bassin à la recherche d’une tumeur du

bassin dont le diagnostic est souvent tardif car c’est un os profond et l’analyse radiologique

est rendue difficile par les selles du cæcum à droite et du sigmoïde à gauche

3. Examen de la face

On inspecte la face de l’enfant à la recherche d’une dysmorphie faciale souvent caractéristique de

certaines pathologies.

Exemple : des cheveux soyeux, un écart entre les yeux important et un nez épaté sont des signes qui

peuvent faire évoquer un syndrome de Langer-Giedion.

4. Examen neuro-orthopédique

Les enfants venant en consultation ont parfois des pathologies neurologiques qui ne sont pas connues.

Il faut rechercher une spasticité qui est une anomalie du tonus musculaire (exagération du réflexe

myotatique) liée à une pathologie centrale (cérébrale ou médullaire). Quand on a une anomalie

centrale, on peut avoir une spasticité sur le plan moteur alors qu’une anomalie périphérique entraîne

plutôt une hypotonie. La spasticité traduit une stimulation constante des muscles par le cerveau ou la

moelle.

Certains muscles sont particulièrement touchés :

les muscles pronateurs : en mettant le bras de l’enfant en

pronation coude au corps et en lui exerçant une supination

de façon un peu vive, on peut avoir un freinage par

rapport au côté opposé (la manœuvre est faite de façon

bilatérale et comparative). Ce freinage traduit une

spasticité des pronateurs : l’enfant a peut-être une

hémiparésie ou une hémiplégie cérébrale infantile.

Marche normale Boiterie d’équilibration

Supination

Page 12: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

le triceps sural : la manœuvre est réalisée au niveau du

triceps sural par une secousse vive en flexion dorsale de

la cheville à la recherche d’une contraction. La manœuvre

est réalisée en extension de genou (on teste les muscles

jumeaux ou gastrocnémiens qui s’insèrent sur le fémur

distal) et en flexion de genou (on détend les muscles

jumeaux et on ne teste que le muscle soléaire)

les muscles ischio-jambiers : muscles qui partent du

bassin jusqu’à la jambe. On les met en tension et on

recherche des secousses spastiques en fléchissant la

hanche et en étendant le genou.

L’examen neuro-orthopédique se poursuit

en faisant marcher l’enfant sur les talons à la recherche

d’une difficulté à la marche (obligé d’écarter les bras),

d’une contraction des extenseurs (griffes d’orteil), de

déformations (rétro-pulsion du tibia, flexion de hanche et

extension du rachis pour se rééquilibrer)

en faisant le marcher sur la pointe des pieds à la recherche de varus

en le faisant se relever sans les mains après s’être accroupi à la recherche d’une difficulté

(obligé de pousser sur les mains : signe de Gowers)

L’association du signe de Gowers, des pieds varus et des griffes d’orteil signe la maladie de Charcot

Marie Tooth (neuropathie héréditaire).

5. Examen des mains

Un enfant atteint d’une amyotrophie a des muscles qui ont

fondu dans les mains.

Il faut tester en particulier le 1er

muscle interosseux dorsal

(IOD) en appuyant la pulpe de l’index sur le bord latéral du

pouce et en palpant la 1ère

commissure : on palpe normalement

un énorme muscle. Les personnes atteintes d’une neuropathie

périphérique n’ont pas ce muscle, ce qui traduit une atteinte

périphérique. On inspecte également les vallées interosseuses.

Syndrome ongle-rotule

Un enfant qui vient pour un problème de luxation de la rotule doit faire l’objet d’un examen des

mains et en particulier des ongles à la recherche d’un syndrome ongle-rotule (nail-patela syndrom).

Ce sont des enfants qui ont des pathologies des ongles et des instabilités de rotule. C‘est une maladie

autosomique dominante : on demande donc aux parents de montrer leurs ongles pour rechercher des

dystrophies unguéales.

Ce syndrome est important à diagnostiquer parce que ces sujets peuvent avoir une insuffisance

rénale. On doit donc leur faire une créatininémie pour démasquer une insuffisance rénale et débuter

une prise entre charge d’une pathologie de fond.

Extension du genou

Flexion dorsale de la cheville en

extension de genou

Palpation du 1er muscle IOD

chez un enfant atteint d’une

maladie de Charcot Marie

Page 13: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Arthrogrypose

Un enfant avec un pied bot et un pouce flexus adductus doit faire demander à la mère si elle a des

ATCD. Si la mère présente une déformation des doigts, le fils a la même maladie que la mère : une

arthrogrypose qui est une maladie neurologique qui peut être familiale. (Cependant un pied bot peut

est idiopathique).

6. Mesure du volume musculaire

La recherche d’une amyotrophie ne se fait pas seulement à l’examen des mains mais aussi à l’examen

des membres.

Il est important de savoir si un enfant qui vient pour une boiterie depuis 3 mois n’a simplement que

des douleurs de croissance ou une affection organique réelle telle qu’une tumeur. Un enfant qui a

une vraie douleur associée à une vraie boiterie présente une fonte des muscles qui sera mise en

évidence par la mesure du volume musculaire.

La mesure des volumes musculaires se fait par la mesure bilatérale et symétrique de la circonférence

de :

la cuisse : comme la cuisse est conique, on mesure la distance entre le bord supérieur de la

rotule et l’endroit où est faite la mesure de façon à ce que la mesure soit identique des 2 côtés.

la jambe : la mesure est plus facile car le mollet est oblongue et le diamètre est donc toujours

maximal.

7. Déformations des membres inférieurs

Les enfants viennent souvent pour des déformations en genu varum et

genu valgum (déformations dans le plan frontal). Cela se corrige tout

seul et il faut donc rassurer les parents.

Il est important de quantifier cette déformation dans l’observation pour

pouvoir suivre l’enfant et savoir si elle s’aggrave ou non.

Pour quantifier un genu varum, il faut mesurer la distance entre les 2

condyles chez un enfant couché avec les malléoles internes qui se

touchent.

Si la mesure paraît suspecte, il faut revoir l’enfant 1 ans

plus tard pour refaire la manœuvre. La distance inter-

condylienne couchée est un très bon index de la gravité du

varus. Les radiographies ne sont pas nécessaires !

Pour quantifier un genu valgum, il faut mesurer la

distance inter-malléolaire en position couchée aussi.

Genu varum : mesure de la

distance inter-condylienne

Page 14: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Genu valgum : mesure de la distance inter-malléolaire

Mesure de la torsion fémorale

Un genu valgum de 4-5 cm est fréquent chez les

jeunes enfants. Un genu valgum devient suspect à

partir de 8 cm.

Il est très important d’avoir ces mesures pour suivre

les enfants et comparer les mesures pré- et post-

opératoires quand on les opèrent.

8. Déformations torsionnelles

Les déformations torsionnelles sont des

déformations dans le plan transversal.

Le fémur est le siège d’une torsion fémorale et les

2 os de la jambe (tibia et fibula) sont aussi le siège

d’une torsion. Pour mesurer cette torsion, on met

l’enfant sur le ventre et on mesure l’angle cuisse-

pied pied-cuisse qui est normalement de l’ordre

de 10 à 15°. La torsion des 2 os de la jambe vers

le dehors de 10 à 15° facilite le passage du pas.

On est plus à l’aise dans la marche avec cette torsion externe des os de la jambe plutôt qu’une torsion

nulle voire une torsion interne, ce qui est le cas dans certaines pathologies. La mesure en décubitus

ventral de l’angle cuisse-pied pied-cuisse est très importante et très facile à faire.

La mesure de la torsion fémorale se fait en décubitus

ventral par la mesure par rapport à une verticale de

la rotation interne de hanche (A) : beaucoup de

rotation interne

la rotation externe de hanche (B) : peu de rotation

externe

L’enfant A a les rotules en dedans mais

les pieds dans l’axe du fait de torsions

pathologiques des 2 membres inférieurs.

Il a probablement une hypertorsion

médiale ou interne de fémur qui s’est

compensée progressivement avec le

temps d’une torsion tibiale externe.

Mesure de la torsion des os de la jambe

Cuisse

Pied

A B

Page 15: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Il est très important quand on inspecte les pieds de se soucier aussi des genoux et des rotules, pour un

suivi de pied bot, si les pieds sont dans l’axe on est content mais si les rotules regardent en dedans ou

en dehors c’est que cette remise en place des pieds s’est fait au détriment d’une torsion du fémur ou

de la rotule.

De plus il est crutial d’examiner le sillon interfessier des patients qui viennent pour auscultation de

pieds avec une anormalité car cette anormalité peut être la conséquence d’une pathologie centrale

(ex : spina bifida)

Lors d’une vérification de mobilité de hanche, avec l’enfant allongé sur le dos bien vérifier que la

jambe fléchie dans l’axe sinon cela peut être une épiphisiolise.

9. Inégalité de longueur des membres inférieurs

L’inégalité de longueur des membres inférieurs est un problème très fréquent. On mesure la

différence de longueur des membres inférieurs de la manière suivante :

On demande à l’enfant de mettre les 2 pieds au bout d’une ligne tracée sur le sol (utiliser les

carreaux) et les 2 genoux en extension.

On se place face à l’enfant et on vise sur le sol une ligne parallèle à la première (utiliser les

carreaux) et tangente aux 2 épines iliaques postérieures (EIP).

Les 2 EIP correspondent aux membres inférieurs et renseignent sur la hauteur des 2 membres

inférieurs. Si la ligne bi-iliaque postérieure n’est pas parallèle à la ligne tracée sur le sol, il y une

différence de longueur des membres inférieurs.

La différence de longueur est ensuite évaluée en compensant cette différence par une petite planchette

déposée sous le membre le plus court et de hauteur égale à la différence de longueur. Méthode ultra

sensible et ultra fiable.

Il est important de quantifier la différence de longueur des membres inférieurs de l’enfant. Les

radiographies sont inutiles pour mesurer la différence de longueur car elles irradient beaucoup et

on ne peut pas savoir si l’enfant n’a pas fléchi les genoux pendant la radiographie, ce qui donne une

fausse mesure. La mesure de la différence de longueur est clinique !

On peut aussi avoir une brièveté des membres supérieurs. On l’évalue en se mettant derrière l’enfant,

qui fléchit les coudes. On met en évidence qu’un des humérus est plus court que l’autre.

Page 16: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

10. Examen de la tête

Une plagiocéphalie est une déformation de la tête souvent due à un torticolis qui fait que l’enfant reste

toujours la tête tournée du même côté dans son lit. La gravité terrestre aboutit à une déformation de la

tête très malléable avec une plagiocéphalie occipitale d’un côté et frontale de l’autre. La

plagiocéphalie peut être médiale, latérale …

11. Examen du rachis

Inspecter l’enfant en sous-vêtements en tournant autours de lui :

le signe de la lucarne est un pli de taille asymétrique qui traduit

un problème rachidien

Apprécier la mobilité du rachis en demandant à l’enfant de se

pencher à droite et à gauche : l’enfant est-il raide, guindé ?

Tester la rotation du rachis : toutes les vertèbres doivent assurer

une rotation des épaules par rapport au bassin de 180°. Si

l’enfant a une pathologie vertébrale (tumeur, infection), la

rotation du rachis sera difficile.

Pour quantifier un déséquilibre rachidien, on tend un fils à plomb de l’épineuse de C7 et on mesure la

distance entre le sillon inter-fessier et le fils à plomb. Normalement il doit tomber pile dans le sillon

interfessier, sinon déséquilibre du rachis.

On mesure aussi la hauteur des épaules en mettant le fils à plomb horizontal afin de quantifier la

différence de hauteur entre les épaules.

Rotation vertébrale (qui va se traduire par une gibbosité)

L’élément principal de la scoliose est la rotation vertébrale dont la manifestation clinique est la

gibbosité. La vertèbre tourne du fait de la scoliose et fait tourner le reste du thorax, entraînant une

gibbosité qui se traduit par une saillie postérieure du côté convexe des côtes. On a souvent aussi une

gibbosité antérieure avec une propulsion antérieure du côté concave opposée à la propulsion

postérieure.

Chez un enfant atteint d’une scoliose thoracique, un hémithorax d’un côté est propulsé vers l’arrière

on a donc une gibbosité postérieure de ce côté tandis que l’hémithorax opposé est propulsé vers

l’avant. Chez les filles, la propulsion d’un hémithorax vers l’avant se manifeste par un sein plus

« gros » que l’autre.

Signe de la lucarne

Page 17: Examen orthopédique du nouveau né et de l’enfant

Il faut se méfier des gibbosités thoraciques supérieures qu’il est difficile de voir, en particulier chez

les filles qui ont les cheveux longs.

Il faut qualifier son côté, son niveau thoracique ou thoraco-lombaire et puis sa forme (mousse,

angulaire en lame de sabre).

Le scoliomètre (scoliometer) est un niveau à bulle qui mesure une pente gibbositaire clinique en

degrés. Il permet d’évaluer la gravité de la déformation, son aggravation ou l’efficacité du traitement.

Ne pas oublier de regarder le profil pour voir éventuellement une hyperlordose, une ciphose, .. et

toujours le quantifier. On prend le fil d’aplomb et on mesure la distance entre C7 T7 L3 et S3.

Il faut aussi faire les reflexes cutanées abdomiaux avec la pointe du marteau reflexe et on effleure la

zone péri ombilicale pour obtenir une contraction réflexe. Si l’enfant a une scoliose et ce réflexe

absent d’un côté c’est équivalent à un syndrome pyramidal. Alors que si le réflexe est absent des deux

côté absence de valeur diagnostique.

Il faut inspecter les caractères sexuels secondaires pour évaluer l’état d’avancement de la puberté du

patient, ceci a prendre en compte pour le traitement.

12. déformation du tronc

pectus excavatum : thorax en entonnoir

pectus carinatum : thorax en carène

Et pour finir avec les enfants…

Hémithorax droit propulsé en arrière Hémithorax gauche propulsé en avant

Gibbosité mousse Gibbosité en lame de sabre Scoliomètre