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Travail B1 Julie Harnois
Le grand mouvement de centralisation ressenti dans l’intégralité du milieu artistique sous
le règne de Louis XIV fait l’unanimité de plusieurs études. La volonté politique de
développer une musique strictement et proprement française1 devient progressivement le
fait d’armes d’un principal intéressé, Jean-Baptiste Lully (1632-1687), qui s’approprie la
tâche de créer une musique reflétant les goûts de la haute société française et de son
souverain : majesté, grâce et plaisir. À la fois musicien et homme d’affaires, Lully
utilisera son ingéniosité et ses acquis pour se rapprocher du roi et du pouvoir2, et pour
acquérir une autorité telle qu’elle lui permettra d’exercer un monopole sans précédent sur
la musique française durant plus de quinze subséquentes années.
Plusieurs musicologues, dont notamment Henry Prunières3 et Lionel de la
Laurencie4, se sont penchés sur la vie de Lully, sa personnalité et sa musique. La
profusion d’éléments biographiques contenus dans ces éminents ouvrages recèle un
nombre impressionnant d’informations et permet une meilleure compréhension de
l’homme qu’était Jean-Baptiste Lully. Toutefois, cette abondante littérature présente, à
mon avis, certaines lacunes : elle ne donne pas les détails véritables de l’ampleur du
pouvoir politique accordé à Lully; pouvoir exercé principalement vers la fin du XVIIe
siècle. Je dirais même que les qualités politiques de l’homme qu’était Lully semblent en
être occultées. En effet, à ce jour on n’a pas véritablement révélé, au terme d’une analyse
1 Chrystelle T. Bond, “Louis XIV, Dance Teacher” vol. 27, no. 9 (2005, www.proquest.com), 82
2 Manfred F. Bukofzer, “Music in the Baroque Era” (New-York: W. W. Norton & Company, 1947), 152
3 Henry Prunières, « Lully : Biographie critique illustrée de douze planches hors texte. Les Musiciens célèbres », (Paris : Librairie Renouard, édition Henri Laurens, 1910)
4 Lionel de La Laurencie, Lully (Paris: F. Alcan, 1919)
sociopolitique rigoureuse, les façons dont cet être opportuniste a su freiner
l’épanouissement de la vie musicale française, plus particulièrement à Paris.
Dans la présente étude, j’examinerai une suite d’actions politico-musicales
menées par Lully qui, au cours de son séjour à la cour du roi Louis XIV, ont eu des
conséquences néfastes, possiblement dévastatrices, sur le développement de la musique
en France. Pour ce faire, il me paraît essentiel de présenter ma perception des actes
autoritaires du compositeur, au moyen d’une liste chronologique. Par la suite, je
m’appuierai sur des propos contenus dans deux communications publiées au XXe siècle,
issues de sources savantes, mais pas nécessairement de disciplines strictement
musicologiques. Le fait que ces écrits soient les seuls en langue française qui coïncident
avec ma propre réception de Lully laisse entrevoir, ne serait-ce que de façon
embryonnaire, le phénomène de l’historicisme parfois outrageux que peut exercer la
suppression de faits par le truchement des institutions. Enfin, une analyse de ces
communications me permettra, je l’espère, d’exposer l’ampleur du pouvoir sociopolitique
du compositeur et de mettre à jour l’ordre de grandeur de la victimisation de certains de
ses contemporains, dont Charpentier5 et Molière6.
5 Matthew Boyden, Nick Kimberley, Joe Staines « The Rough Guide To Opera », (London : Rough Guides, 2002.), 23
6 Henry Prunieres, « La vie illustre et libertine de Jean-Baptiste Lully», (Paris : Librairie Plon Paris Henry, 1929)