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GIANELLO Jean – 3082703 – Université Lyon 3
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La Saint Barthélémy
Introduction :
Entre 1560 et 1598, la France est touchée par huit guerres civiles opposant catholiques et
protestants (ou huguenots). Ces conflits mêlent enjeux politiques et religieux ; rivalités entre
la noblesse et le peuple. La majorité de Charles IX ne met pas fin à ces conflits et Catherine
de Médicis continue de gouverner au nom de son fils. Suite à plusieurs défaites des
protestants et face à la fureur catholique, la reine mère s'obstine à maintenir la paix et la
tolérance entre les deux religions. A partir de 1570, Charles IX s'émancipe de la tutelle de sa
mère, qui reste cependant sa principale conseillère. Le roi tente alors un dernier
rapprochement avec les protestants par l'édit de saint Germain, qui met fin à la troisième
guerre de religion (août 1570). Le parti des catholiques déterminés se renfoce à la cour autour
d'Henri d'Anjou et d'Henri de Guises, très populaire auprès des Parisiens. C'est dans ce
contexte tendu qu'est célébré le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre le 18
août 1572. La cérémonie est l'occasion de réunir à la cour la haute noblesse du royaume,
catholique et protestante, mais elle attise également les tensions dans la capitale.
Nous pouvons donc nous demander comment les tensions existantes entre catholiques et
protestants aboutissent-elles au massacre de la St barthélemy ?
Dans un premier temps, nous verrons quelles sont ces rivalités entre les deux confessions ;
dans un second temps comment se déroule le massacre et enfin, dans un dernier temps, les
conséquences de ce tragique événement.
I. Les rivalités entre catholiques et protestants 1. L'ambition croissante de Coligny et des protestants
2. Les accusations catholiques envers les huguenots
II. Le déroulement du massacre 1. L'attentat contre Coligny et la réaction des chefs protestants
2. L 'organisation et la généralisation du massacre dans Paris
III. L'impact de la St Barthélemy en France 1. L'ambiguïté du pouvoir royal et des responsabilités
2. La saison des St Barthélemy
I. Les rivalités entre catholiques et protestants 1) L’ambition croissante de Coligny et des protestants
En 1562, lorsque la guerre éclate entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny,
« l’amiral » (l.9), combat sous les ordres du prince de Condé, et perd avec ce prince la
bataille de Dreux contre le duc François de Guise.
Les armes ayant été reprises de part et d'autre en 1567, il quitte la cour avec Condé pour se
réfugier en Bourgogne, puis à La Rochelle. Il était considéré comme l'un des instigateurs de la
« poursuite de Meaux », en 1567, tentative des protestants pour saisir le roi Charles IX de
France et Catherine de Médicis.
Coligny fuit alors vers le sud avec ses troupes, échappe à Monluc et Montmorency-Damville,
et rejoignit l'armée des « vicomtes » en Languedoc. Il peut alors reprendre l'initiative, lève des
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troupes, pille les villages catholiques, prend Saint-Étienne, remporte la victoire d'Arnay-le-
Duc et remonte en 1570 jusqu'à La Charité-sur-Loire, menaçant ainsi Paris. Le roi cède et
signe la paix de Saint-Germain-en-Laye le 8 août 1570.
C’est dans ce contexte tendu qu’il revient à la Cour jusque 1572, date de cette fameuse Saint-
Barthélémy.
2) Les accusations catholiques envers les huguenots
Le duc de Guise (l.6), jeune adulte, s’apprête à devenir le chef de la maison de Guise en
représentant l’opposition catholique face au parti protestant. C’est ainsi qu’il participe
activement aux deuxième et troisième guerres de religion, aux côtés du duc d’Anjou (l.2). Il
s’illustre aux batailles de Jarnac (13 mars 1569) et de Moncontour (3 octobre 1569) et
acquiert de la renommée sans toutefois dépasser celle du duc d’Anjou.
Catherine de Médicis, la « reine mère » (l.11), pousse les protestants à accepter la paix de
Saint-Germain-en-Laye, qui ne leur accorde plus que la liberté de conscience.
Pour concrétiser une paix durable entre les deux partis religieux, Catherine tente d'organiser le
mariage de sa fille, Marguerite avec le prince protestant Bourbon Henri de Navarre. Elle doit
contrer l'influence de l'amiral de Coligny auprès de Charles IX, chef militaire des protestants
qui veut que la France intervienne directement contre l'Espagne dans la guerre aux Pays-Bas,
ce que Catherine veut éviter à tout prix.
II. Le déroulement du massacre 1) L’attentat contre Coligny et la réaction des chefs protestants
Le 22 août 1572, un attentat par tir d'arquebuse est perpétré contre Gaspard de Coligny. Celui-
ci s’en tire avec un doigt arraché et une blessure au bras gauche. Les soupçons s’orientent très
vite vers des proches des Guise. Peut-être est-il perpétré pour saboter le processus de paix.
Mais les plus exaltés y voient une punition divine.
La tentative d'assassinat de Coligny est l'événement déclencheur de la crise qui va mener au
massacre, autrement dit le « premier acte » de celui-ci. Les protestants s'élèvent contre cet
attentat contre leur chef le plus respecté, et réclament vengeance. La capitale est au bord de la
guerre civile entre les partisans des Guise et les huguenots. Pour rassurer Coligny et les
protestants, le roi vient avec sa cour au chevet du blessé, et lui promet justice. Devant la
reculade du roi face aux protestants, les Guise font mine de quitter la capitale, laissant le roi et
la reine mère dans le plus grand désarroi. Charles IX et Catherine de Médicis prennent peur de
se retrouver seuls avec les protestants.
2) L 'organisation et la généralisation du massacre dans Paris
Vers les 2 h 30 du matin, le tocsin de Saint-Germain-l'Auxerrois sonne (l.14). Coligny est la
première victime. En effet, il était rentré dans les bonnes grâces du roi, et le duc de Guise voit
l’occasion de supprimer un gênant rival, de surcroît déjà diminué par son précédent attentat. Il
vient jusque l’appartement de l’amiral, et le fait tuer par un homme de main. Le corps de
Coligny est défenestré et subira les pires outrages lors du massacre.
Les Guise, Catherine, Birague, Nevers, Retz, le duc d'Anjou, présentent au roi les plans d'un
prétendu complot huguenot (l.18-19) qui aurait exploité la naïveté de leurs fidèles pour mieux
conspirer contre le roi. Mais la Saint-Barthélemy qui devait être une opération d'élimination
limitée, un assassinat ciblé, se mue en exorcisme collectif. Trois jours de massacres au cours
desquels chaque Parisien se fait le dépositaire de la justice divine.
Chaque huguenot est un Coligny qu'il faut châtier pour être en paix avec Dieu.
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Entre 4 et 5 heures de matin, le ratissage se poursuit dans la cour du Louvre et le faubourg
Saint-Germain, où on avait rassemblé les réformés. La garde du duc d'Anjou, la bande de
Guise, les mercenaires, la milice (l.6-8) décapitent le mouvement accusé de semer le désordre
dans une France prétendument unie derrière "son roi, sa loi et son unique foi".
Le Paris émeutier des petits fonctionnaires et commerçants, fanatisés par le clergé, mêlé au
Paris des truands se jette, avec voracité, sur tout ce que la capitale compte de réformés ou
supposés tel. Ces calvinistes iconoclastes contre lesquels des torrents de haine se sont
accumulés pendant les douze années de troubles. Le calviniste, "c'est l'Autre, le différent,
l'étranger", écrit Janine Garrisson.
III. L’impact de la St Barthélémy en France 1) L'ambiguïté du pouvoir royal et des responsabilités
Dès le matin du 24 août 1572, le roi ordonne en vain l’arrêt du massacre. Il prend différentes
mesures pour rétablir l'ordre et tenter de protéger inutilement la vie des gens menacés. Le roi
envoie notamment le duc de Guise et le duc de Nevers protéger les protestants bénéficiant
d’un statut ou d’un rang particulier. C’est le cas de l’hôtel de l’ambassadeur d’Angleterre
Francis Walsingham où des protestants avaient trouvé refuge et que les parisiens exaltés
étaient en train d’assiéger. Les familiers de la famille royale comme les Crussol, Antoine et
Louise, sont protégés et les princes et les princesses de sang trouvent un abri sûr derrière les
murs du Louvre.
Le 26 août, le roi tient un lit de justice où il endosse la responsabilité de l'exécution des chefs
de guerre protestants. Il déclare alors qu'il avait voulu « prévenir l'exécution d'une
malheureuse et détestable conspiration faite par ledit amiral. »
Mais on observe que le pouvoir royal cherche à rejeter la faute sur la famille des Guise (l.40),
ce qui souligne un peu plus l’ambiguïté et le courage politique du roi Charles.
2) La saison des St Barthélemy
Averties par des témoins, des courriers de commerçants, encouragées par des agitateurs, les
villes de province déclenchèrent leurs propres massacres. Le 25 août, la tuerie atteint Orléans
par exemple, le 28 à Angers, le 31 août, à Lyon, etc. On manque de sources pour reconstituer
la violence dans d'autres villes.
La réaction des autorités est variable : parfois elles encouragent les massacres, comme à
Meaux où c’est le procureur du roi qui en donne le signal, ou encore à Bordeaux (le massacre
est organisé par le Parlement). Assez souvent, elles tentent de protéger les huguenots, en les
mettant en prison (au Mans, à Tours). Cela ne marche pas toujours, et les prisons sont forcées
et les protestants y sont massacrés (comme à Lyon, Rouen, Albi). Les gouverneurs militaires
contredisent ceux qui prétendent que le roi ordonne et approuve les massacres (ce qui ne suffit
pas toujours à les empêcher). Au total, le nombre de morts est estimé à 3 000 à Paris, et de 5
000 à 10 000 dans toute la France.
Conclusion : La démesure de la tragédie explique la difficulté qu'ont eu les contemporains à
comprendre ce qui s'était passé. Le massacre de la Saint-Barthélemy est devenu très tôt un
enjeu historiographique.
Les historiens ont cherché l'explication de la contradiction de la politique royale dans
l'antagonisme qui aurait existé entre le roi et sa mère. Jaloux de l'influence que l'amiral aurait
exercé sur son fils, Catherine de Médicis aurait commandité son assassinat, déclenchant un
phénomène qu'elle n'avait pas forcément prémédité.
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Chez les protestants, les écrivains n’hésitent pas à exagérer les chiffres des morts et à
transformer l’évènement comme résultant du seul fait religieux. Du côté catholique, les
protagonistes cherchent à se disculper en rejetant la faute sur l’autre.
En revendiquant le massacre, Charles IX en est devenu le principal responsable devant la
postérité. Denis Crouzet replace le massacre dans le contexte idéologique de l'époque : le
néoplatonisme. Par crainte de voir la guerre reprendre et une insurrection protestante éclater,
le roi et la reine mère auraient choisi d'étouffer celles-ci dans l'œuf. Le principe néo-
platonicien cher à Catherine de Médicis qui tend à conserver l'unité autour de la personne du
roi, les a poussés à sacrifier les principaux chefs protestants et à consentir malgré eux au
massacre.
Bibliographie
BOURGEON J-L., Charles IX devant la Saint-Barthélémy, 1995
GARRISSON J., 1572, la Saint-Bathélémy, 1987
CROUZET D., Les guerriers de Dieu, 2005
GARRISSON J., Tocsin pour un massacre ou la saison des Saint-Barthélémy, 1968
BOURGEON J-L., L’assassinat de Coligny, 1992
CONSTANT J-M., Les Guise, 1984
WANEGFFELEN T., Catherine Médicis : le pouvoir au féminin, 2005
JOUANNA A., Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1998