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Exposition
Jean-Luc Johannet
Bâtisseur de rêves
du 27 avril au 26 mai 2019
Manoir des Renaudières - Carquefou
Architecture sans nom, crayon et aquarelle
« Les idées me submergent et j’ai l’impression étrange d’en être le médium errant à travers ces feuilles blanches. J’invite le visiteur à voyager, dans mes châteaux féériques où règnent sans conteste des divinités et où bien sûr il est permis de rire. »
Jean-Luc Johannet
FaustPeinture à l’huile sur bois
Jean-Luc Johannetarchitecte-poète
De lui, on dirait qu’il aime les gens qui regardent, qui sont touchés par ses dessins, ses sculptures ; tant il désire les faire rêver. Avec ses oiseaux euphoriques, ses dragons, ses châteaux et
ses bateaux coulés en brique, il sculpte l’espace.
Hors du temps, l’artiste est de ces hommes dont l’oeuvre transcende les modes et les tendances du monde de l’art qui se vante et qui se vend.
Son art est un monde. Il rassemble les lieux, les temps, les éléments. Symboles et messages venus de loin, dans le temps et dans l’espace, puisés aux sources de peuples disparus, de cultures oubliées, il restitue l’essentiel de leurs dires, de leurs écritures.
Architecte, il a choisi de ne bâtir que des rêves, tel un ingénieur de l’imaginaire. Il mélange les genres, mêle les styles et les techniques, les matières et les époques.
« En fait, tout bâtiment, quel que soit son degré d’ostentation, a quelque chose à dire implicitement. Il n’y a pas d’architecture muette, mais plutôt des observateurs naïfs privés des moyens ou du désir d’aller au-delà des évidences. »
Luigi Gilbert. Jacques Couëlle : parenthèse architecturale.. Collection dirigée par Geert Bekaert. 1982.
Cathédrale de Babylone, crayon et encre de chine, 1980
Citadelle, maquette 1/10,carton récupération, Blois, février 2017
ImprévisiblesDynamiques Sculpturales
Les créations de Jean-Luc Johannet peuvent se courber, bourgeonner, se métamorphoser en oiseaux, en tortue ou palpiter pour la force du vent.
Artiste-rêveur, Jean-Luc Johannet a su rendre à̀ l’architecture le droit d’être émotionnelle, symbolique. Il étudie non seulement l’architecture mais aussi la gravure et la sculpture et milite pour une nouvelle synthèse des arts.
Ses premières oeuvres architecturales s’inscrivent dans une tendance que le critique Gilbert Luigi définit comme l’architecture-sculpture. Ce dernier pense le modèle sculptural comme une finalité quasi instrumentale1. Jean-Luc Johannet évoque lui un monde symphonique dans ses créations.
A rebours du fonctionnalisme, il fait d’Antoni Gaudí et de Ferdinand Cheval ses maîtres incontestés.
Roberta Trapani
1 Luigi Gilbert. Figures d’un langage hybride : trois exemples d’ architecture-sculpture. In : Revue de l’Art, 1987, n°76. pp. 91-93
« Un projet à ce point obsessionnelque j’en eu des hallucinations accompagnées de suées et de tremblements !lls cessaient dès que je me saisissais d’une plume et d’un crayon.»
Jean-Luc Johannet
Tracée au crayon, puis colorée à l’encre de Chine dans les années 1980, la Cathédrale de Babylone est l’une
des œuvres majeures de Johannet.
Imposante concrétion pyramidale d’architectures-sculptures, cette mégastructure surgit au milieu d’une vaste rivière et lève son sommet sur un ciel baroque, habitée par des oiseaux mécaniques et des vaisseaux ailés.
Pour la finesse du trait, la virtuosité dans le rendu minutieux des détails et l’ambiance visionnaire, ce dessin évoque l’œuvre gravée de Dürer et d’Altdorfer ou encore La destruction de la Tour de Babel de Cornelis Anthonisz (1547), mais elle s’apparente également aux productions du fantastique pictural et du genre de la fantasy.
Roberta Trapani
À gauche : Cathédrale de Babylone,crayon et encre de chine, 1980.
Architecture cyclopéennecrayon et aquarelle
Les créations de l’artiste affirment sa volonté de rompre avec la culture esthétique occidentale pour mieux épouser des formes plus fondalement mythologiques.
Ci-dessous : dessins de Jean-Luc Johannet
« L’architecte n’est autre qu’un sculpteur aux tendances démiurgiques désireux
de parfaire l’oeuvre de la Nature. »
Jean-Luc Johannet
La Terre
Tortue d’Eschyle
L’Air
L’oiseau Euphorique
L’Ether
Le Moulin
L’Eau
Eva
Le Feu
Merlin
En 1984, Jean-Luc-Johannet invente « Le jeu des cinq éléments ». Il réinterprète la théorie des quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre auquel il rajoute un cinquième symbole, l’éther.
L’artiste imagine un projet ludique où, à chaque élement, correspond une architecture cinétique aux lignes aérodynamiques.
Dans les projets de Jean-Luc Johannet, ces objets devaient être réunis à échelle humaine dans un « Parc de folie » avec à l’entrée la « Chapelle Charade ».
De tout cela, ont été réalisés en 1986, L’oiseau Euphorique et la Tortue d’Eschyle grandeur nature. Quatre tonnes de bois, quatre mètres de hauteur, quatre mois de travail ont été nécessaire pour faire éclore cet oiseau qui apporte le bonheur. L’oiseau Euphorique devient une sculpture pénétrable et ambulante, une machine volante en hommage à la fois à Clément Ader et à Léonard de Vinci.
Quant à la Tortue d’Eschyle roulante, elle est à l’image d’un enjeu de l’artiste qui est de rompre les liens entre architecture et immobilité.
Un jeuUne théorie
Cinq éléments
La Terre en tortue roulante Tortue d’Eschyle
L’eau en bateau Eva
Le Feu en arbalète-canon Merlin
L’Air en oiseau L’oiseau Euphorique
L’Ether en moulin à vent Le Moulin
Du dessinà la maquette,
de la maquetteà la sculpture
cinétique
Ci-contre : Tartaroga, dessin Ci-dessous : Tortue d’Eschyle, bois, août 1990
La réalisation de ses projets constitue pour Jean-Luc Johannet un rite de passage obligé, mais les institutions ne le supporteront pas dans cette démarche. Considérant cela comme une censure,
il choisit de devenir, alors, son propre ouvrier et de donner ainsi libre cours à son extraordinaire habilité manuelle.
Certains des grands objets qu’il construit rappellent les architectures éphémères liées à la fête et révèlent son intérêt pour les mathématiques et ses applications dans l’art. Abritant un théâtre de marionnettes, la Tortue d’Eschyle (1986) est, par exemple, un char zoomorphe dont la carapace est constituée d’un dôme géodésique, structure dont Johannet est l’un des spécialistes français.
Roberta Trapani
Les véhicules hybrides animaux entrent dans la conception des « objets-monde » de Jean-Luc Johannet. Ils sont un casse-tête pour la circulation dans les villes qu’ils encombrent aux feux rouges et sur les routes (Blois-Orleans) par leur lenteur de déplacement, traînés pléniblement mais triomphalement par un tracteur familial vétuste.
Thierry Cardon
Dessins préparatoire . Projet d’un dôme géodésique
Architecture sans nom, crayon et aquarelle
« J’attache beaucoup d’importance à l’étymologie du mot extravagant, qui vient du verbe latin « vagor » qui signifie errer çà et là, se répandre au loin ; ainsi que l’adverbe « extra » qui exprime : au dehors. Extravagant, c’est vaquer, se promener en dehors des chemins quotidiens. »
Jean-Luc Johannet
Remerciements particuliers à Jean-Luc Johannet, Thierry Cardon et Roberta Trapani.
Manoir des Renaudières - Espace d’exposition
Ouvert les mercredis, samedis et dimanches
de 14 h à 18 h
02 28 22 24 40 - www.carquefou.fr
