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DEUX Exposition de l’Artothèque 2005-2006 Frédérique DARRAS

Exposition de l’Artothèque 2005-2006€¦ · Entre l’apparition et la non-apparition (non pas la disparition), c’est une sorte de « flou artistique » (au sens positif du

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DEUX Exposition de l’Artothèque

2005-2006

Frédérique DARRAS

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Philippe CHOCQ

Petit vélo huile sur toile

12 x18 2 éléments extraits d’une série de 14

1989

Sans titre huile sur toile

65 x 54 2004

16 années séparent ces deux œuvres

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L’ARTISTE : repères biographiques

Né en 1958 à Paris. 1977-78 Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris 1978-82 arts plastiques, université de Strasbourg Depuis 1983 professeur d’arts plastiques Vit et travaille en Charente-Maritime. Expositions personnelles 1988 galerie éditions du Faisan, Strasbourg 2003 salle associative, La Noue, Sainte Marie de Ré Expositions collectives 1978 atelier Yankel, maison des Beaux-Arts, Paris 1982 espace d’art et de communication Attitude, Strasbourg 1983 Exhibition 83, association Plein Pied, Strasbourg 1984 Art Zoo, musée zoologique, Strasbourg

1988 Argo 88, 2ème foire d’art contemporain de Rillieux-la-Pape Dialog, 10 Jahre Podium Kunst, Schramberg, Allemagne Opération « Ateliers », circuit d’atelier d’artistes, Strasbourg Expo off, ancienne laiterie, Strasbourg Art et Artisanat, théâtre Victor Hugo, Bagneux

1989 L’Art Evolution, collège Montciel, Lons-le-Saunier 1995 24 x 30, galerie de l’Orme, Champagnole 2003 Le mouvement, collège Briand, Lons-le-Saunier

TEXTE de L’ARTISTE Quelques images éparpillées. C’est de la « Peinture », on peut dire que ça implique d’abord le corps, à la fois dans sa réalisation et sa perception. Cela apparaît justement plus nettement dans les grands formats. Embrasser la surface ou la tenir dans la paume de la main. C’est travaillé par couches successives (cela peut durer plusieurs mois) sans programmation préétablie. Les couleurs et encore les couleurs. Plusieurs toiles sont menées de front. La peinture à l’huile est marquée historiquement et bourrée de défauts. Appréciables moments de faiblesse. Les embus, par exemple, ces phénomènes d’absorption de l’huile par la couche inférieure, vont produire des discontinuités d’aspect de la surface qui en font quelque chose de difficilement reproductible et de difficilement regardable comme peut l’être une peinture accrochée trop haut dans un endroit mal éclairé. Que de peintures faites pour ne pas être vues, qu’elles soient dans les grottes, des tombes ou des cabinets privés. Il en est de même des digressions iconographiques. Curieux, ce « premier » dessin d’enfant qui représentait une vache, et ceux qui initièrent les différentes séries (un vélo, une maison, deux jambes, un dos, un nu). Sur cette peinture, c’est une ortie, arrachée au fond du jardin, qui est représentée. Le modèle, comme on le dit pour un nu, si proche soit-il, ne peut être effleuré sans risque. Mais ce n’est probablement pas le sujet…

Montpellier –de- Médillan le 12 février 2006

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

. • Le thème de la représentation : - Le vélo - L’ortie

Deux œuvres figuratives traitant de sujets du quotidien, choisis pour leur « proximité » et leur banalité. Ils ne sont que prétextes au questionnement.

• Le questionnement : - Le dessin d’enfant ( c’est quoi ? c’est bien ? c’est mal ? ça se fait comment ? peut on en faire en n’étant plus enfant ? …) - La relation entre l’image et la peinture : la question de la picturalité (à quel moment cesse t-on de regarder le reflet de la réalité pour enfin regarder la peinture …)

Il produit et interroge des peintures d’approche difficile, celles « faites pour ne pas être vues »…

• La technique : Deux huiles sur toile

• Le procédé / Le dispositif : - Tout d’abord une surface mate qui permet de lire l’émergence de la représentation, l’amorce du dessin. Puis, un chemin de croix en 14 stations, probablement réalisées simultanément et pouvant être parcourues sans ordre préétabli. Aucune des toiles ne propose une représentation complète mais l’ensemble des 14 en forme probablement une… - Un hasard contrôlé, l’embus volontaire, garde à distance le sujet de la représentation, l’image, et ne le laisse entrevoir qu’après que la peinture - objet, ait d’abord questionné le spectateur. Le face à face est unique mais nécessite une mobilité du spectateur.

Entre l’apparition et la non-apparition (non pas la disparition), c’est une sorte de « flou artistique » (au sens positif du terme) traité à chaque fois en correspondance avec le questionnement du moment. A chaque fois le spectateur se déplace pour percevoir l’œuvre dans sa globalité.

• Le format : - La petite dimension rappelle celle des dessins d’enfants, faits à leur échelle et trop peu valorisés pour qu’on leur accorde un grand format, bien que la série, vue dans son ensemble, contrebalance l’effet produit par chaque élément. - Le second format, plus traditionnel (raisin) a été choisi en rapport avec un questionnement sur la surface, sur la picturalité : il est à l’échelle du peintre (adulte) et du spectateur, bien que demeurant encore modeste.

C’est une surface de peinture qui est soit « tenue dans la paume » soit « embrassée ». Le rapport à la peinture est physique, corporel pour l’artiste, qui est plus concerné par l’œuvre « en devenir », que dans l’application d’une recette ou d’une méthode pour atteindre un objectif préétabli. (comme pour une image) …et aucune ne comporte d’encadrement ce qui révèle la tranche (peinte), et la châssis : c’est une objet-peinture.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres séparément…pour mieux les rapprocher par la suite.

Petit vélo • Quelle(s) différence(s) voyez vous entre les deux éléments présentés ? Que s’apportent – ils l’un à l’autre ?

= Des éléments apparaissent ? des éléments disparaissent ? Peut-on parler d’une représentation complémentaire ?

• S’il y avait un autre « vélo » avant et un autre après ….imaginez et décrivez = C’est une série : chacun est un essai, raté ou réussi …pour atteindre quel objectif ? = ou bien c’est une suite : ils ont été faits dans un ordre donné et montrent une évolution, un progrès …vers quoi ?

• S’il y en avait 10, 12, 14 ... raconteraient-ils quelque chose ? = Les laisser imaginer puis leur raconter l’histoire de cette série : le thème, l’ensemble de 14, le travail en simultané, l’ordre aléatoire d’accrochage, et donc la possibilité d’en extraire deux sans démembrer l’œuvre. Sans titre …mis en rapport avec l’œuvre de Fanny Gagliardini « 1 et 1 = 4 » • Quelles sont les similitudes ? = Couleurs : des œuvres sombres, où la couleur bleue est proche du noir. Un support obscur d’où jaillit un élément lumineux. = Brillance : l’embus en surface d’un coté, le miroir en sous-couche de l’autre, le jeu avec la lumière dans les deux cas. = Lisibilité : cette lumière en surface semble être là pour empêcher de voir la représentation (l’ortie)….et si elle était la clé de l’œuvre, le révélateur de l’essentiel, tout comme pour Fanny Gagliardini = Déplacement : la gêne force le déplacement et oblige à regarder l’objet-peinture, à se questionner sur le « comment c’est fait » Les deux ensemble • Trouvez les points communs ? (par rapport aux autres œuvres de l’exposition)

= La matière présente dans l’épaisseur ou le geste de l’artiste. = L’absence de cadre qui fait apparaître la toile et le châssis (la genèse de l’objet) = La représentation est comme une apparition, difficilement lisible. = Le déplacement : à raison de 14 vélos, il faudrait effectuer un cheminement de l’une à l’autre tandis que devant « Sans titre » un pivotement est nécessaire. Dans les deux cas, image brouillée et matière forte nous amènent à nous rapprocher de la toile.

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Laurent CHAOUAT- JUNG

Un thé au Sahara Encre de Chine, gouache, crayon de couleur, crayon de papier sur papier

10 x x10 (hors encadrement) issu de la série « Un thé au Sahara »

2002

Notes en passant Encre de Chine, acrylique, papier japon ou vitrail marouflé sur papier

Et tendu sur châssis. 50 x 20

issu de la série « Icare » 2005

3 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques

Né en France en 1964, il a 42 ans. En 1982, après une formation en Arts appliqués et en Gravure dans l’atelier Zwy Milshtein, Laurent Chaouat-Jung commence a exposer un travail de gravure. 1990 : Galerie Corinne Timsit à Paris. 1999 : SAGA à Paris

Mois de l’Estampe à Paris Depuis cette époque, l’artiste est représenté et édité par les Editions Rémy Bucciali de Colmar.

2002 : L’œuvre Dessin de l’artiste est présenté désormais en permanence à la galerie Brun Leglise à Paris. Participation à « L’Invitation au voyage » en octobre 2002 puis octobre 2005.

TEXTES de L’ARTISTE Texte n°1 : Point de départ : un mot, un livre, un paysage, un arbre, les portes rouillées d’un hangar, un visage, un murmure…Tout ou presque rien. Une grande idée ou un détritus. Je regarde, j’écoute, je gratte avec mon ongle, j’hésite, je ferme les yeux. Et puis avec un peu de chance, le dessin prend le relais… Un thé au Sahara : un livre de Paul Bowles. Entre lumière et ténèbres. Sûrement comme le désert. Des formes, des bruits, des odeurs. Souvent des femmes qui attendent. Hiératiques. Une patience de Sphinx. Et puis la vie qui soudain grouille. L’immensité cède sa place aux ruelles. Des veines, un labyrinthe. Impossible d’en comprendre le secret. Se laisser porter, peut-être emporter… Les mots de l’écrivain et mes souvenirs. Mes premières années, la Tunisie. Il n’en reste rien, et pourtant…Les dessins sont là, évidents. Série : Répéter un dessin puis un autre. Le même sujet, le même format, les mêmes crayons. Entre rituel et superstition. Parce que la simplicité se cache derrière l’épuisement. Parce que l’on est jamais le plus fort. Alors on se dit que certains combats se gagnent peut-être à l’usure. Format : petit format, grand format ? Question d’humeur, plutôt de geste. La main ou le corps. La tête se fait oublier. Et puis comme le promeneur, on change de lieux

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Ma boite de crayon de couleur Caran d’Ache : C’est suisse, donc c’est bien… Couvercle en métal cabossé, une photo de Mont Blanc, les restes d’un auto-collant. 48 couleurs c’est déjà ça (j’en ai une de 250 couleurs ! Mais elle est cachée, je n’ose pas l’entamer) Elle est à portée de mains depuis 1973 et je voudrais l’emporter dans ma tombe. Les seuls crayons qui sont toujours là depuis le début : doré, argenté et un violet vraiment bizarre. Texte n°2 : Après la série Un thé au Sahara, ma volonté était de m ‘éloigner de la figuration. J’ai cherché cette distance par rapport à la représentation, en faisant évoluer ma façon de travailler. Le découpage des dessins et la recomposition par collage ou la superposition de papiers très fins (comme l’œuvre présentée) m’ont permis d’intégrer dans mon travail une part de « hasard contrôlé » et de « défaire » des dessins initialement figuratifs. Prendre comme point de départ de mes recherches le mythe d’Icare est une envie qui date de l’époque durant laquelle j’utilisais la technique de l’encaustique. Je me servais alors de cire chaude pour coller (déjà !) des papiers très fins. J’avais l’impressions de fabriquer des ailes de papier. Il aura fallu que j’arrête d’utiliser de la cire (présente aujourd’hui seulement comme vernis) pour qu’Icare, ou son évocation, s’invite dans mes dessins.

18 février 2005

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Le thème : - La Tunisie - Icare

Deux thèmes « littéraires » qui ne sont pas liés à un modèle tangible. Pas de représentation antérieure prise comme référence.

• Le questionnement : - La représentation d’un souvenir dont les réminiscences se sont d’abord concrétisées à la lecture d’un livre : des mots sur les sensations, des images sur les mots…des sensations en image. - La perte de la représentation : s’en éloigner afin de revenir à l’évocation.

C’est un questionnement sur la représentation.

- Le crayon de couleur et de papier est travaillé en hachures et apporte des effets de transparence, de superposition, créant la profondeur.

• La technique : Encre de Chine noire pour le dessin Gouache ou acrylique pour les couleurs opaques et saturées, les surfaces. - C’est à l’encre de Chine que sont faites les hachures puisqu’il n’y a pas de crayon, mais

c’est grâce au travail du collage, où s’alternent les parties dessinées, peintes, repeintes et redessinées, qu’apparaît l’effet de profondeur.

• Le procédé/ le dispositif : - Une accumulation de gestes sert à affiner une représentation sur un même support même si les superpositions comportent le risque de mener à la perte de lisibilité. - L’accumulation de dessins, de papiers translucides, a pour but de « défaire » les dessins initiaux (figuratifs), en utilisant le « hasard contrôlé ».

Ces techniques mixtes sont superposées et non juxtaposées : les couches sont perceptibles et révèlent la mise en œuvre, mais surtout elles produisent une belle spatialité.

• Les couleurs : - la palette comporte les ocres et jaunes ainsi que le blanc afin d’évoquer la lumière ou le sable. Le bleu en contrepoint vient marquer l’ombre (fraîche) et par conséquent révèle la lumière. - Le bleu, unique couleur, est choisi pour son pouvoir symbolique et sa spatialité. Il est le ciel.

C’est un bleu outremer qui se répète dans ces deux oeuvres. Ici, l’artiste révèle qu’il fonctionne par rapport au plaisir visuel que lui provoque une couleur autant que par rapport à son rôle d’identification. Il semble apprécier particulièrement cette nuance de bleu.

• Le format : - le carré du format photo (6x6) évoque ces images que l’artiste auraient pu trouver dans l’album photo de son enfance …s’il avait existé. - le format vertical très étiré fait référence aux estampes japonaises, très spatiales, permettant un balayage du regard de la terre au ciel. Il favorise la sensation d’ascension…et celle de chute

Les petits formats sont plus adaptés au travail du graveur ou du dessinateur. Le rapport au support est, en général, moins violent, moins physique, la gestuelle moins ample.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Que voyez vous ? (Ne pas donner le titre) = Des triangles / du bleu et du jaune/ C’est peut-être une tente, une montagne, des cailloux…il y a un paysage, du soleil, le désert,… de l’eau ? = Des carrés de bleu / des dessins en noir Des ailes, des oiseaux, une feuille d’arbre, des fenêtres ? Qu’est ce qui rend l’image difficile à lire ? = Il y a plein de lignes et de taches de couleur qui « débordent », qui passent les unes sur les autres. = Il y a des morceaux qui passent les uns sur les autres aussi, on voit mal parce qu’on voit plusieurs choses en même temps. Dans les deux cas, il y a une série de superpositions, une accumulation de gestes, d’étapes. C’est comme un souvenir qui ne revient pas complètement ou quelque chose qu’on a mal regardé et on n’en connaît que la silhouette ou des morceaux. Si on vous dit le titre « Thé au Sahara » ? = Les formes : une tente, une personne assise en tunique, des tasses de thé au premier plan, inondées de lumière = L’espace : on distingue la ligne d’horizon dans le paysage. Il y a un triangle plus petit donc peut-être plus éloigné de nous. = Les couleurs : bleu du ciel, jaune du sable et du soleil. Si on vous dit le titre « Notes en passant » extrait de la série « Icare ». ? (expliquer Icare) = Les formes : une aile et un morceau de ciel ou une fenêtre. = La couleur : le ciel. = L’espace : c’est une chute ? On est dans le ciel, il y a l’aile, plusieurs fois, elle ne semble par bouger. On est à la verticale

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Joël DESBOUIGES

Sagacité Sérigraphie n°25/30 sur papier

Original à l’acrylique 100 x 70

issu de la série « Albarelli » 1994

Naturalisation 10 Collage (bleu de bavoir), encre/acrylique/gouache, pastel gras ?, sur papier.

100 x 70 issu de la série « Resserres »

2005

11 années séparent ces deux oeuvres

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L’ARTISTE : repères biographiques né en 1950 à Mailhac-sur-Benaize, en Haute-Vienne. Il vit et travaille à Purgerot en Haute-Saone et enseigne la peinture à l’école régionale des Beaux-Arts de Besançon. Récentes expositions personnelles : 1996 : Galerie Bernard Jordan, Paris 1997 : Galerie d’Art Contemporain, Saint-Yriex 2000 : Galerie A contrarion, Limoges 2002 : - Musée Baron Martin, Gray ; - Musée Minal, Héricourt ; - Centre d’Art Contemporain, Besançon ; - Musée du Château, Montbeliard ; - Victor Hugo Etxea, pasaia Donibane (Espagne) ; - Le Laboratoire, Vesoul. 2003 : Galerie Georges-Pompidou, Anglet

A venir 2004 : - Musée "L’Orangerie" Limoges ; - CAUE Limoges – galerie A contrario ; - Centre Jean Gagnant Limoges

TEXTE de L’ARTISTE Dimanche, il pleut. Enfin ! On a toujours déconseillé aux peintres d’écrire sur leur travail, alors il me reste à écrire pour résister, mieux tourner le dos au bavardage, écrire tout en évitant d’opposer la peinture aux mots au nom de la connaissance ou de la pratique. Vous le savez, j’ai toujours travaillé à la campagne, j’ai besoin du calme qu’elle procure pour ne pas déserter mon atelier ? J’ai souvent souhaité que la peinture intéresse tout le monde, le plus important n’étant pas la peinture mais le tableau. Dès que je choisis un format je commence à peindre, je ne sais pas ce que je vais trouver face à mes certitudes mais je sais ce que je souhaite éviter, contourner. Les tableaux « Anacoluthes » (1996-2004) que vous connaissez, et les « Resserres » forment un ensemble unifié par la trame de la toile qui annihile toutes les saturations colorées, toutes les matières, les brillances et autres effets. Mes travaux d’avant 1996, souvent réalisés jusqu’à l’épuisement du corps, me permettent aujourd’hui d’aspirer au silence, de commettre des actes décidés. Les jeux avec tous les artifices de la peinture sont refusés, j’ai envie de comprendre une peinture moins indécente, plus fragile. Aujourd’hui je n’ai plus dans la tête la finalité de mon œuvre, je ne dirige plus rien, je conserve mon indépendance, ma révolte et mon envie de remettre en cause des systèmes. Je refuse tous les ghettos, je refuse toutes les modes qui priveraient la peinture de rencontre avec des yeux, des critiques, des analyses, des vies. Le

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peintre ne doit pas attendre, il doit provoquer. Le peintre doit défendre la formule de Jean-Paul Sartre « il est condamné à être libre ». Avec la peinture j’ai appris l’absence de théorème, de règle, de formatage et compris l’importance de l’échange, du partage, et de la tolérance. Il ne faut donc jamais détruire une forme, une couleur quand elles sont le reflet d’un moment, il faut essayer de les comprendre et plutôt travailler autour, avec elles. Aucune règle, aucun pouvoir ne pourra interdire aux enfants de peindre, la peinture continuera de respirer, elle aura toujours des instants d’exaltation et soulignera des attentes interminables. Le peintre est-il entièrement responsable de ses actes ? Il croit souvent bien faire, mais le résultat n’est pas toujours celui attendu. Alors est-il le seul signataire du tableau exposé ? La peintre est-il victime ou coupable ? Depuis 1972 j’additionne les séries, pour avoir, sans doute, l’air d’être en route, toujours sur le chemin et ainsi échapper au sentiment d’être arrivé. Depuis 1996 je peins des tableaux comme on fait de furtives confidences comme si je souhaitais qu’ils deviennent les compagnons du silence. La surface de la toile est une organisation de formes abstraites ou de silhouette identifiables très épurées. La peinture se fait au dos du tableau, la couleur transpire à travers la toile, elle refuse la lumière, cette lectrice éternelle de la peinture. Entre les quatre coins du format mon approche est semblable à celle du collage, j’amalgame toutes les trouvailles formelles dans le seul but de recréer de la mémoire. Une simple recherche, plus liée à la magie des rencontres qu’aux règles de la composition. Reconnaître les mises en page décalées, les cadrages décentrés, rester attentif, faire avancer, construire, détruire, effacer les savoirs. Peindre en écoutant le temps du plaisir, cela peut sembler narcissique que d’écouter le temps de sa peinture, mais cela permet de mieux comprendre ce que sera le devenir du tableau. Le peintre ne peut vivre qu’en fonction du coup de pinceau à venir. Essayer de comprendre comment la peinture fait pour passer du statut de recherche singulière à celui du tableau produit dans la réflexion, sans tenir compte de la part de virtuosité. Dans les « Resserres » comme dans les « Anacoluthes » la difficulté de ces rêveries reste de maîtriser l’infime saturation de la couleur et d’aborder avec justesse l’insignifiant détail de contraste qui fera de la forme une perfection. Celle-ci a encore plus de pouvoir et semble plus parfaite quand elle refuse tous les outils qui pourraient le contraindre dans ses limites et que seule la main lui donne la vie. Ainsi chaque moment de peinture est un apprentissage où je constate que je ne sais rien, que je ne suis rien sur cette route de la vie et de la peinture. Dans les dernières toiles « Anacoluthes » (2003-2004) les formes abstraites semblent flotter, sans destination. Avec la série récente des « Resserres » j’aimerais faire passe tout l’indistinct et tout l’inaccessible qu’il y a dans la mort qui se cache dans ces corps suspendus. Ces tableaux pourraient s’appeler « je me souviens » : je me souviens des gibiers suspendus et de mon grand père. Si ce souvenir est le premier que je retiens enfant de mes rencontres avec la mort, je le retrouve avec émotion et gravité symbolique dans les peintures du XVIIe siècle et principalement chez Alejandro de Loarté (1590-1626) en Espagne et Jacopo Chimenti (dit Empoli, 1551-1640) en Italie. Ces tableaux imposent le silence et interrogent tous les hommes angoissés par l’inexorabilité de la mort. Alors peindre pour momifier le temps, se remettre en cause, additionner une succession de séries de tableaux comme une succession de saisons, se régénérer comme l’arbre accueille tous les ans de nouvelles feuilles, toutes semblables mais jamais identiques, attendre la surprise en provenance de la toujours passionnante aventure picturale, attendre le moment où la mort disparaît dans ces silhouettes d’oiseaux suspendus donnant ainsi à la peinture le privilège de leur redonner la vie. Ne pas peindre des tableaux dans l’espoir de les rendre incontournables, mais simplement pour qu’ils ne soient pas superflus (super flous) car peindre est comme dit François Julien au sujet de la vie, « hors sens ». Des tableaux comme des interludes où vole, pour très peu de temps, un papillon, symbole de l’aspect éphémère de la vie, une peinture qui doit constamment se transformer mais jamais se perdre. La peinture m’a appris a me méfier de mon savoir, j’ai peut-être aujourd’hui moins à prouver, mais toujours à apprendre. Si la peinture nous parle du silence de l’atelier, évoque des échanges discrets, des analyses secrètes, elle reste une grande et belle étendue sauvage, avec des parcelles rebelles, plus résistantes, qu’il nous faut parfois conquérir voire asservir.

Purgerot (Haute-Saône) 2 octobre 2005

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Les titres :

Littéraires, ils permettent une seconde lecture de l’œuvre, révélant comme une iconographie personnelle, un code de lecture : - Naturalisation : taxidermie mais aussi, changement d’identité. Resserre : réserve, entrepôt, grange… - Sagacité : clairvoyance et perspicacité…ce que l’on croit voir n’est pas ce que l’on regarde.

• Le thème : - 2 œuvres figuratives - 2 natures mortes : les vases et l’oiseau mort.

• Le questionnement : - Le plein / le vide : le traitement de l’espace autour du motif, derrière lui,…en tant que motif. - La mémoire, la mort, l’éphémère : le grand-père, le tableau de chasse, le papillon.

Saisir l’insaisissable, le vide, la mort…l’absence et lui donner corps, celui de la peinture.

• Le procédé/ le dispositif : - Le cadre re-délimitant l’intérieur du support, l’espace de travail, le lieu de la représentation. - L’arrière plan en aplat de couleur ou en collage, sous couche d’un travail graphique. - La composition centrée, l’une sur le vide, l’autre sur le plein par accumulation. - La « sortie » : une ligne sort du cadre et permet le passage entre les deux espaces.

• La technique : - La peinture (bien que nous soyons en présence d’une sérigraphie réalisée à partir de cette peinture).

- Suppression des effets de peinture (coups de brosse apparent, éclaboussure, repentir ..bien que le « faire » demeure encore présent.

- Les techniques mixtes, dont la peinture.

- la dualité « surface / ligne » et le refus de la picturalité pour un traitement plus dessiné du motif.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres alternativement.

Que voyez vous dans la seconde oeuvre ? = un oiseau dessiné deux fois à l’envers. Et si l’on vous dit que dans la première, on regarde aussi les choses à l’envers … ? = c’est un arbre ? ! Non, c’est à l’envers non pas parce que le haut est en bas, mais parce le plein est en fait le vide…ce sont deux formes côte à côte et l’on voit l’espace entre elles : = des falaises (paysage), des épaules (humains), des tables, des vases (objets)…..on peut facilement imaginer le hors champ de ces deux éléments ; Et l’oiseau, pourquoi est-il la tête en bas et pas le papillon ? = l’un est mort et l’autre pas. Les deux fois, est-il représenté de façon identique ? = une fois il est dessiné, silhouette vide, une fois c’est un aplat de noir sans détails à l’intérieur de la forme….le plein, le vide…

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Sophie DODANE

Symbole Collage de toile, huile, « gravure » avec une pointe dans la matière

et ardoise 30 x 22 1980

Mesures Collage de photocopies/dessins à l’encre/estampes, peinture/encre/vernis,

fusain, plâtre ou colophane, carton et papiers divers, marouflé sur toile tendue sur châssis

160 x 120 2004-2005

25 années séparent ces deux oeuvres

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L’ARTISTE : repères biographiques Cette artiste vit et travaille à Besançon, ville où elle a obtenu en 1980 le diplôme national d'expressions plastiques à l'école des beaux arts. De nombreuses expositions ont eu lieu à Besançon, Genève, Lausanne et à l'île Maurice. Coté technique.... elle est plus que "mixte"... encres, pigments, dessins, acrylique, collages....

TEXTE de L’ARTISTE "L'on peut apprécier le degré de civilisation des peuples d'après l'état plus ou moins supportable des femmes dans l'organisation sociale. Dans tous les domaines, du matériel au spirituel, la femme de l'Egypte pharaonique fut considérée comme l'égale de l'homme. Les Egyptiennes occupèrent les plus hautes fonctions de l'état, ce qui n'est pas le cas dans la plupart des démocraties modernes. Elles bénéficièrent des conditions de vie bien supérieures à celles que connaissent de nos jours des millions de femmes. Mères, femmes au travail, épouses, femmes au pouvoir sont l'essence de l'amour de la vie, de la sagesse, de la dignité et de l'espoir. A toutes les femmes et les hommes d'hier, d'aujourd'hui et de demain."

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Le thème : - La première œuvre serait apparemment non-figurative et ne présenterait qu’un jeu formel. - La seconde est figurative par l’utilisation d’une iconographie reconnue et joue sur la répétition de motifs humains pour traiter d’un sujet en trois volets : l’Egypte, l’égalité homme / femme, le pouvoir.

Motif récurrent du cercle : symbole universel, élément de langage, … .

• Le support : - Le support est l’ardoise, il est particulier et contribue à l’identité plastique de l’œuvre : il donne la couleur, la forme, la taille, la matière… Mais les œuvres réalisées sur des ardoises actuellement sont replacées sur un support papier et encadrés par une marie-louise.

Le support s’assagit et s’adapte aux contraintes d’accrochage.

- Le support de l’œuvre semble être une feuille de papier marouflée sur une toile tendue sur un châssis : la toile semble être ici un support de présentation de l’œuvre qui en standardise l’accrochage.

• Couleurs : Bleu, blanc, vernis apportant une teinte jaune sale/ocre.

Utilisation commune des techniques mixtes, propices à l’accumulation.

• Le procédé/ le dispositif : - La superposition, le recouvrement : de la toile sur l’ardoise, du papier sur la toile, du papier sur le papier (disposition en tuiles… ?), photocopies sur photocopies, retouche à la main sur images.. - Les « passages » d’une feuille à l’autre, qui font le lien ou marque les séparations : papier découpé, tracé fait à la main, matière…

-Présence forte du « fragment » juxtaposé ou superposé.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Quelle est la principale différence qui vous saute aux yeux ? = le format. On passe d’un format plus petit que la moyenne à un très grand format, aussi grand voire plus que l’homme. Qu’est ce que ça change ? C’est la même chose en plus grand ? = on doit y mettre plus d’énergie, on y implique son corps en entier alors que la première œuvre se travaille au poignet. Que remarque t-on concernant la matière de ce support ? = l’ardoise à une forme naturelle que l’artiste n’a pas contrarié. Elle apporte sa couleur sombre et est directement travaillée. Son épaisseur détermine l’épaisseur de l’œuvre. Sa présentation a nécessité une attention particulière car elle n’était pas évidente. = la feuille sur laquelle le collage a été fait est un assemblage de plusieurs feuilles. Elles ont été marouflées sur une toile de tissu métis, sans enduit, afin de proposer une présentation lisible et plus standard : format rectangulaire, plat, lisse, traditionnel (en art).

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Fanny GAGLIARDINI

Avec flash Sans flash

Miroir Mine de plomb ou fusain, encre, collage et arrachage sur papier

72 x 41 1990

Réfléchissant Huile sur toile et miroir intégré dans le châssis

100 x x100 2005

15 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques Née le 17 juillet 1947 Ateliers : 77 « La corne » Route du Château 01280 Prévessin-Moëns Les Forges de Baudin 39230 Sellières Expositions personnelles : 1987 « Regarder plus haut » Ferney-Voltaire 1989 « tout ce qui est en bas est en haut, tout ce qui est en haut est en bas » Ferney-Voltaire 1993 « Matière noire, lumière blanche » Genève 1999 « Le noir et le blanc magnifient la couleur » Brétigny 2001 « Chant des champs 1» La Fraternelle, Saint Claude 2002 « Portes », IUFM, Lons le Saunier 2004 « Chant des champs 2» Estrée 2005 « Du sable à la lumière », Besançon Expositions collectives : 1999 « Arts Echange », Lons le Saunier/ Allemagne Invitation au voyage 2003 6eme Triennale de l’Estampe, Chamalières

Salon d’art contemporain de Besançon. 2004 « Les Doigts d’Art » : installation in situ, Salins les Bains. 2005 ARCO Biennale des Arts Plastiques en Franche Comté, Besançon

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TEXTES « Entre le visible et l’invisible, je cherche. » « L’intérieur, l’hors, L’inattendu, l’inconnaissable, Me parle, me construit, Me pousse vers ce à quoi je tends … » Textes de Joël Blonde : Première œuvre « Une silhouette dessinée, peinte à l’encre. Personnage réel ou fictif ? Des manques, pas des réserves, des superpositions comme autant de « pelures / peaux » pour vêtir sans dire jamais ce qui advient à la surface ..et .notamment pas de lecture possible du visage. Face à face énigmatique, image plutôt qu’icône. Étude de la figure dans l’attitude, réflexion dans la posture, fascination, illusion. Image altérée, miroir brisé, ce que l’œuvre ne dit pas, curiosité. Et pourtant, petit détail, la signature de l’artiste est inscrite comme sur le repentir, l’esquisse d’un vêtement, et inversée (haut en bas) ! » Seconde œuvre « Surface uniforme, monochrome, étendue lisse pour le regard distrait pouvant s’égarer, attentif pouvant s’arrêter : au-delà de la surface de l’œuvre, quelque part en-dessous, éclats de brillance, miroir. Pour quelle réflexion ? Dans ce cas l’image virtuelle est inaccessible ou empêchée et l’approche de l’œuvre orientée vers sa matérialité. Double réflexion : qu’est ce qui est donné à voir par l’œuvre ? »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Représentation : - La première œuvre est figurative et représente un personnage en pied. - La seconde est non-figurative et présente un monochrome bleu sombre, quasiment noir

Chacune dépasse sa propre évidence : ce n’est pas l’individu lui-même mais son reflet qui est représenté tandis que sous le monochrome une image essaie d’exister.

• Le support : - 2D, le papier traditionnel - 3D, le châssis est pris dans sa totalité, surface et tranche, voire même intérieur : assemblage d’un miroir, un châssis, une toile peinte et de la lumière …

• Le procédé/ le dispositif : - Le simulacre présenté propose l’illusion du reflet, et donc de la réflexion. Les conventions en font une représentation ayant subi une altération par rapport à l’élément réel réfléchi : la distance entre réalité et reflet est ici produite par le travail de recouvrement et d’arrachage. Ce qui manque et nous leurre, c’est l’absence du sujet réfléchi. - Nous sommes en présence d’un véritable reflet de l’environnement de l’œuvre, mis en œuvre grâce au miroir. Du reflet ne subsistent, perceptibles, que des fragments lumineux, l’image existe mais n’est pas perçue par notre œil au travers de la toile. Le sujet du dispositif n’est pas le reflet mais le chemin qui nous mène à lui.

Les deux réalisations mettent en œuvre un reflet.

• Le questionnement : Il s’agit du dialogue entre l’œuvre, ou plutôt sa surface, et l’extérieur de l’œuvre (devant, autour, derrière), vers une autre dimension : - entre le reflet et l’élément reflété qui se situe virtuellement en face, dans l’axe, à notre place. Pour le premier, le visage dans le reflet ayant disparu, l’appropriation est possible. Pour le second, le reflet étant masqué par la toile, il ne reste plus qu’à l’imaginer.

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- par le regard qui traverse la toile en direction du miroir dans une action la révèle,

alors que d’habitude elle est un écran. On est enfin derrière la peinture, vers un au-delà insaisissable… (L’arrachage de la surface de la feuille était une esquisse du principe.) - Le reflet est occulté par la toile mais le miroir est capable - ce qu’un simulacre ne peut faire -de renvoyer les rayons lumineux hors de l’œuvre, vers les murs qui entourent le spectateur…ainsi, l’espace initialement plan, occupé par le monochrome, devient un espace 3D

Les couleurs : • La palette est sombre, essentiellement composée de noir, bleu sombre et terres.

• Le format : Le premier petit format nous renvoie encore au monde des images alors que le second est de l’ordre de l’expérience interactive : les déplacements en modifie la perception et nous sommes absorbés dans celle-ci.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES D’après le titre, que manque t-il à cette œuvre ? = le reflet ou le modèle, le produit du principe du miroir, la réalité et l’image. Pourquoi est-il absent ? = la composition ne permet pas de placer le double dans l’axe, en face…cette place est celle que nous occupons. Nous sommes soit le modèle et ceci est notre reflet, soit le reflet de ce modèle. Où est le miroir ? = C’est la feuille qui fait office de miroir. Si l’œuvre propose un reflet de la réalité, il s’agit donc bien de l’image. Dans la seconde œuvre, l’objet miroir est physiquement présent : où ? = Il est intégré dans le châssis. Et l’image ? = On ne la voit pas. Le spectateur en fait logiquement partie mais elle se dérobe à nos yeux car l’œuvre fait obstruction. Et que nous propose l’œuvre à la place ? Pourquoi cacher le reflet ? = Pour nous obliger à regarder derrière la surface, à voir la réalité physique de l’œuvre, la toile, la surface, le châssis,

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Isabelle JOBARD

La faune Peinture sur carte postale, collage de timbre, marqueur et

scotch sur plaques de verre prises dans un encadrement de bois blanc 35 X 35

1994

Les autres Sacs plastiques et pull-overs Envahissant le hall du CDDP

2006

12 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques 1960, naissance dans le Jura 1977, avec d’autres lédoniens, elle forme une troupe de théâtre. 1987, elle démissionne de son poste d’institutrice pour se consacrer uniquement à son activité artistique. C’est une artiste autodidacte. 1990, elle commence un travail de création d’objets décoratifs sur commandes. Depuis 2002, elle multiplie les classes à PAC des classes maternelles à celles de collège. 2004, elle reçoit le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Passionnée de théâtre, elle poursuit parallèlement un travail de scénographe au Musée de Lons le Saunier, dans les centres culturels comme celui de Drancy et avec les associations comme le Festival d’Idéklic

TEXTES Annette Griesche / Emilie Oursel, Le Pavé dans la marre (Besançon) : « Le travail d’Isabelle Jobard consiste à porter un regard poétique sur les objets quotidiens. Elle les met en espace dans un jeu subtil avec les mots et leurs multiples significations. L’artiste travaille majoritairement in-situ, en intégrant les objets découverts sur place. Elle propose une réflexion sur la production de sens par la ré-installation des objets .» « Elle investit un lieu et s’approprie son histoire par les objets. Attachant un regard curieux sur les moindres petites brisures de forme, de mélange ou transformation de teinte et de texture, elle choisit et dispose des choses muettes et immobiles comme des personnages de théâtre. Tissu, bois, béton, plastique sont mis en scène avec humour et poésie pour nous interroger sur le sens de la condition humaine. » « Le théâtre recouvre une part importante de son inspiration. D’abord comédienne, elle s’épanouit ensuite dans le travail de scénographie. Ce qui l’intéresse est de créer une ambiance autour des objets. Leur donner des rôles, des humeurs. Arrangeant la lumière et les compositions, elle étudie les relations entre les formes et les mouvements qui s’en dégagent, « comme un ballet » dit-elle »

Texte cités par l’artiste, Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1967 : « Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l’un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, tenir dans ses bras une porte. …le bonheur d’empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l’un de ces hauts obstacles d’une pièce; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l’œil s’ouvre et le corps tout entier s’accommode à son nouvel appartement. D’une main amicale il la retient encore, avant de la repousser décidément et s’enclore, ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l’assure. »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitude en seconde lecture…et inversement

• Le support : - La carte postale n’est travaillée qu’au verso ; même le timbre est repositionné sur cette face, contre toute attente. Il s’agit donc bien d’une œuvre en 2D malgré le potentiel de départ du support utilisé. - L’installation (envahissante) met le spectateur au centre d’un dispositif composé de volumes qui jalonnent un parcours durant lequel il redécouvre l’espace architectural occupé. C’est une réalisation en 3D.

• La technique : - La peinture recouvre de couleur le support et modifie les formes présentes dans l’image tandis que le collage est celui d’une image : la manipulation est plutôt picturale. - La matière plastique sert à recouvrir et à modifier la masse molle des pulls : la manipulation est un croisement entre l’assemblage (deux objets, deux matières) et le modelage (le travail à la main, sans outils), c’est un travail de sculpteur.

• Le procédé/ le dispositif : - L’objet est le point de départ de ces deux œuvres ; non pas son image mais son intégration réelle en tant qu’élément du dispositif : « carte postale / timbre / scotch / cadre » et « sac / pull / lieu ». - Il s’agit d’un détournement ludique de la fonction de l’objet et de son apparence. Déformation et transformation s’effectuent par le biais du recouvrement et du masquage. - Bien que réduite au statut de verso, la carte est le centre d’un dispositif transparent lui aménageant un micro-espace qui préfigure les installations…

• Le questionnement : Dans les deux cas, il s’agit de faire naître une nouvelle identité qui sera confirmée par le regard du spectateur : quelle est cette nouvelle faune ? qui sont ces autres ? le pull devient anatomie, animal, du paysage émerge une poche…et que va t-il émerger de cette poche ?

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• Les couleurs : Dans les deux cas, des éléments colorés émergent d’une poche blanche…blanc anonyme, blanc originel…origine de nouveaux mondes.

DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Trouvez l’objet qui est le point de départ de chaque œuvre ? = une carte postale et des pulls. Chaque objet a été transformé, on a changé sa forme, son, aspect…comment ? = la peinture à recouvert en sélectionnant une partie de l’image, changeant sa forme et sa couleur. = le sac plastique recouvre la couleur du pull et modèle sa matière molle en lui donnant une autre forme. Comparez les titre « La faune », et « Les autres » : = Il s’agit d’animaux ou d’êtres vivants recréés par le biais de ces manipulations. Quel est l’élément visuel commun ? quel semble être son rôle ? = la poche blanche qui pourrait être la chrysalide, le cocon, le placenta….dans lequel s’effectue une sorte de gestation.

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Christian LOPEZ

Sans titre Gouache sur papier

22 X 16 1988

Etude pour figure de baigneur Fusain sur papier

80 x 60 2006

18 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques Aucun document fourni.

TEXTE Texte de Joël Blonde : « Du blanc, du noir, des gris et puis l’or comme auréole pour une icône. C’est une peinture : icône/figure, l’allusion est perceptible. La transparence, dans la peinture, qui permet la profondeur et apporte l’espace, structure le champ de vision, inscrit le temps du regard, comme pour une méditation, une contemplation. Ce qu’il faut pour l’avènement de l’image d’un visage, d’un personnage. L’idée d’une esquisse est donnée et l’étude, déjà à l’ouvrage pour l’artiste, définit le tracé, cisèle le trait, plus incisif, identifiant ainsi la figure du baigneur. Et d’autres images, par la thématique révélée et composante de l’histoire de l’art, adviennent. »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Le thème : - œuvre apparemment non-figurative composée de points et de traits. Le titre ne donne aucun indice et n’incite pas le spectateur à chercher la représentation. - œuvre figurative faisant référence au thème classique du grand nu (Matisse, Ingres..) bien que représenté dans une posture qui lui confère un certain anonymat : le sujet se concentre sur le dos et les fesses.

• Le questionnement : La représentation humaine est, semble-t-il, le point départ de ces deux œuvres. La distance entre le jeu plastique et la représentation n’est pas la même et offre une plus grand évidence dans le dessin que la peinture; pourtant, quand on dissocie l’ensemble des formes composant ces « représentations », ce sont les mêmes

• La technique : - La peinture à la gouache est travaillée en transparence, par un jeu de surfaces, de formes et de graphismes se superposant. Ces différentes couches créent une sensation de spatialité ainsi qu’un cheminement dans la lecture, lent et silencieux. - Le dessin au fusain est réalisé à l’aide d’un graphisme épuré, sans variations dans les effets. Forme et fond sont d’une grande planéité. La rencontre se produit avec évidence tant par la frontalité du point de vue choisi que par la simplicité du traitement.

• Le format : - la première œuvre, peinte, est comme une icône, humble et précieuse à la fois, petite et dorée.

- La seconde est la reprise d’un dessin plus petit, réalisé cette fois-ci dans un geste plus ample : c’est un format « physique », qui nécessite une mise en œuvre plus énergique lors de la réalisation et garde le spectateur à distance.

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• Le langage plastique : - Les couleurs tout d’abord : malgré une dominante sombre et terne, l’une des deux est colorée et comporte notamment du doré, tandis que l’autre est un dessin stricto sensu, noir et blanc (pas même de gris).

- Le geste est calme et posé dans la peinture, tout en retenue, en rapport avec le format ; il est incisif et brutal dans le dessin, malgré la planéité de l’ensemble, la ligne taille dans la feuille comme dans une matière et le rendu est sculptural.

- Les formes, malgré l’écart dans la qualité du geste, appartiennent aux deux mêmes familles : des point, des ronds, des demi-cercles d’une part, des traits, des droites, de l’autres. Pas de détails, pas de complexité mais au contraire une certaine épuration de la représentation...ou du jeu plastique.

DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Quelles formes sont communes à ces deux œuvres ? = Droites et demi-cercle ou cercle. Ces œuvres représentent un personnage, le retrouve t-on facilement ? Pourquoi ? = Non, pas dans la première. Les formes sont trop indéfinies alors que dans le grand dessin, il y a plus de lignes et de formes utilisées pour représenter un fragment de corps : il est plus détaillé. Essayez de retrouver l’anatomie humaine… Dans la seconde œuvre, si le dessin est plus abouti, qu’est ce qui à disparu ? = la couleur. Sert-elle a mieux identifier le personnage ? = non, elle est arbitraire. Que dire de cette œuvre alors ? = la représentation n’est qu’un prétexte, le jeu est essentiellement plastique, un jeu de couleur et de formes.

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Nathalie NOVI

Jeanne dans les étoiles Epreuve d’artiste

Eau forte et aquatinte 40 x 50 1987

Le songe de Constantin Planche originale illustrant le livre du même nom

Pastel gras 32 x 46 2005

18 années séparent ces deux œuvres

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L’ARTISTE : repères biographiques

Née le 5 octobre 1963 à Saint-Mihiel dans la Meuse. Elle a vécu sa petite enfance en Afrique. Elle étudia aux Beaux-Arts de Nancy puis à ceux de Paris, dans un atelier de gravure en taille-douce. En tant que peintre, elle aborde le thème de l’enfance, c’est tout naturellement alors qu’elle se penche vers la littérature Jeunesse. En tant qu’auteur-illustrateur, Nathalie Novi a publié son premier ouvrage en 1997 aux éditions Nathan, intitulé La Fête foraine, un hommage à Jacques Tati, son héros. Depuis, elle connaît un succès grandissant avec ses ouvrages essentiellement publiés chez Didier jeunesse, Thierry Magnier et Rue du Monde. Bibliographie : Fred et Fred / Sébastien Joanniez. - Sarbacane, 2005

Le bois des arbres / Pierre Grosz. - Paris Musées (Sans fées ni dragons), 2005 Un éléphant peut en cacher un autre / François David. - Sarbacane, 2005 Les roses de cendre/ Erik Pouley-Reney. - Syros (Les uns les autres), 2005 Le songe de Constantin / Jo Hoestlandt. - Syros, 2005. Sous le grand banian / Jean-Claude Mourlevat. - Rue du monde, 2005 L’âne Canaillou / Willy Boulnois. - Bayard, 2005 Le bouquet de rose / Claude Helft. - Desclée De Brouwer, 2004 Les douze manteaux de maman / Marie Sellier. - Adam Biro, 2004 Les plus beaux contes nomades / Josette Daum. - Syros, 2004 Miriam ou les voix perdues / Jo Hoestlandt. - Syros, 2004 Les plus belles comptines italiennes / Liliana Brunello, Magdeleine Lerasle, Aurélia

Fronty, ill. Nathalie Novi, ill. Cécile Hudrisier, ill. - Didier jeunesse, 2004 Les quatre saisons de Rose / Rascal. - Rue du monde, 2004 La Belle au bois dormant / Jacob et Wilhelm Grimm. -Nathan, 2003 Charlie Charlot / Michelle Humbert. - Desclée De Brouwer, 2003 Au bonheur des enfants, le magasin des tout-petits / Dominique Brisson. - La

Martinière jeunesse, 2003 Dieu, c’est qui / Marie-Hélène Delval. - Bayard, 2003 Les jardins de l’île / Jean Siccardi. - Lo Pays d’Enfance, 2003 La photo qui sauve / Jeanine Teisson. - Syros, 2003 Le collier de rubis / Annie Pietri. - Bayard, 2003 La flûte enchantée / Wolfgang Amadeus Mozart, Jean-Pierre Kerloc’h. - Didier, 2003 Un mouchoir de ciel bleu / Jo Hoestlandt. - Thierry Magnier, 2003 On n’aime guère que la paix / Jean-Marie Henry, Alain Serres. - Rue du monde,

2003 L’été d’Anouk / Erik Poulet. - Syros (Tempo), 2003 Dame Hiver / Wilhelm Grimm. - Didier, 2002 La Gazelle aux yeux d’or / Jean Siccardi. - Albin Michel Jeunesse, 2002 Moi, Ming / Clotilde Bernos. - Rue du monde, 2002 Mon amant de Saint-Jean / Léon Agel, Emile Carrara. - Didier, 2002 A l’ombre de l’olivier / Magdeleine Lerasle. - Didier, 2001 Le Conte des oiseaux / Azadée Nichapour. - Desclée De Brouwer, 2001

La Géante solitude / Jo Hoestlandt. - Syros Jeunesse, 2001 Jeanne et Ferdinand : l’enfant et la mode / Claude Fauque. - Thierry Magnier, 2001 Et patati et patata / Pierre Coran. - Milan, 2001 Maudit corbeau / Thierry Lenain. - Nathan, 2001 L’Oiseau bleu / Blaise Cendrars. - Rue du monde, 2001 Rimes choses / Pierre Coran. - Milan (poche cadet), 2001 Portraits en pied des princes, princesses et autres bergères des contes de notre

enfance/ Jo Hoestlandt. - Thierry Magnier, 2001 Un voleur dans le désert / Odile Weulersse. - J’ai lu Jeunesse (Aventure), 2001 La Reine de l’île / Anne-Marie Pol. - Hachette Jeunesse, 2001 Si j’étais riche, dit Jonathan / Jo Hoestlandt. - Presses pocket, 2001 Une ou deux chéries pour Jonathan ? / Jo Hoestlandt. -Presses pocket, 2001 Le Coeur de Violette / Michel Piquemal. - La Martinière, 2000 Feu de joie et autres poèmes / Louis Aragon. - Gallimard Jeunesse, 2000 Le Château fort et le château faible / Jo Hoestlandt. - Syros Jeunesse, 2000 Le Petit être / Jeanne Benameur. - Thierry Magnier, 2000 Le Roi Arthur / Henry Purcell. - Harmonia Mundi : Thierry Magnier, 2000 Carnac ou le Prince des lignes / Jean Rouaud. - Seuil, 1999 Et les petites filles dansent ... / Jo Hoestlandt. -Syros/Amnesty International, 1999 La Fenêtre de neige / Nadine Brun-Cosme. - Nathan, 1999 Square des Batignolles / Thierry Lenain. - Thierry Magnier, 1998 La Belle au bois dormant / Jacob Grimm ; Wilhelm Grimm. - Nathan, 1998 Fête foraine / Nathalie Novi. - Nathan, 1997 Histoires pour tous les jours / Collectif. - Nathan, 1997 L’Horloger de l’aube / Yves Heurté. - Syros/Documentation Française, 1997 Quelqu’un que tu aimais est mort / Agnès Auschitzka. - Bayard Jeunesse, 1997 L’Amour hérisson / Thierry Lenain. - Nathan, 1996 Le fils de la tempête et autres contes /Praline Gay-Para. - Syros (paroles de

conteurs), 1995 Découvrir la Bible / jean Debruynne. - Bayard, 1994 La chasse aux enfants / Bertrand Solet. - Syros (Les Uns les autres), 1993 Pad-Ington tombe de haut / François Garnier. - Syros, 1993

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TEXTES de L’ARTISTE « Ce livre est né de ma rencontre avec une fresque magnifique de Piero della Francesca, peinte dans l’église San Francesco à Arezzo en Italie. On l’appelle « Le songe de Constantin ». J’ai parlé de mon émerveillement à Jo Hoestland qui m’a écrit cette histoire…qui vous a écrit cette histoire, mais j’ai quand même eu envie de vous écrire un mot sur tout ce que j’ai ressenti devant ce petit page : Tout est dans l’inclinaison. Arezzo est une place que je dévale. Emouvante et bouleversante, elle me lie en son centre et m’entraîne dans ses dédales pentus, medépose au pied de la simplissime Chiesa di San Francesco. Je pénètre, le cœur battant, dans la sombre fraîcheur de cet écrin hanté par l’intemporalité de Piero della Francesca, l’un de mes peintres préférés. C’est là, tout au fond de l’ombre : la sublissime fresque de « La légende de la sainte Croix »…Piero pour de vrai. La lumière de Toscane presque palpable, la vibration colorée qui me coupe le souffle, une multitude de personnages aux gestes arrêtés se pressant dans le silence. Je suis pétrifiée, chamboulée, bouleversée à mon tour j’entends Bach, j’entends Mozart, je découvre l’insoupçonnable. Qu’importe la légende, qu’importe l’histoire, je suis une enfant touchée par le merveilleux, émue aux larmes. Et puis le voilà, il est là, assis au pied du lit carmin, sous une tente pointue, le visage penché, offert à sa main gauche, il rêve, il pense, il songe. D’emblée je le baptiste Constantin. Je ne vois plus que lui, il incarne à jamais désormais « Le songe de Constantin ». J’oublie l’histoire, la vraie, j’oublie que Constantin est en fait cet empereur endormi à l’aube de la guerre, à l’orée de la paix, éclairé par la grâce d’un ange bienveillant. Je regarde « Mon Constantin » qui me regarde et j’aime à imaginer que Piero s’amusa à le peindre rêveur afin d’apporter à la légende un autre imaginaire, une histoire à plusieurs voix. » Texte du livre correspondant à ce pastel (Jo Hoestland) : « Pour atteindre le secret tambour, le petit page court Il court comme dans un rêve, sans changer de place. C’est la rue qui dévale sous ses pieds, les maisons qui défilent, il court, et le ciel descend jusqu’à lui pour le porter aussi. Il court et un cheval aux sabots enveloppés de chiffons, pour ne faire aucun bruit, le rejoint dans la nuit. Il monte sur son dos ou, plutôt, c’est le cheval qui se glisse sous lui. Texte de Nadine Rayssac (décembre 1997): « Mon enthousiasme pour le travail de Nathalie Novi est né à Oyonnax, où elle participe à une exposition sur le conte. Elle expose aux côtés de Jean Claverie et d’un “vieux” complice, Godjo dont on dit dans le Jura qu’il est le gentil Godjo… Elle a prêté de joyeux panneaux animés, des grands personnages grandeur nature, sortis d’une fête perpétuelle. Ils accueillent les visiteurs qui peuvent se faire photographier, à l’ancienne, et prêter leurs traits à la jolie bergère de Nathalie. L’exposition présente quelques-uns de ses petits pastels originaux, modestement travaillés sur papier kraft, illustrant l’Amour hérisson écrit par Thierry Lenain et paru chez Nathan. Je l’aime, tu l’aimes, il et elle l’aiment et vous l’aimerez cet Amour hérisson dont les exemplaires s’arrachent pendant la durée de l’exposition. Paola court, jambes fines, robe au vent sur un chemin jaune et sinueux, accrochée à une baudruche en forme de cœur. Les vignettes et les pleines pages se succèdent fidèles au texte tourmenté de Lenain. Itinéraire douloureux de Paola dont les parents ont divorcé – ciseaux – va-et-vient entre les foyers – éloignement – regrets – rêve – baiser – l’autre femme. Nathalie nous livre sa version d’Adam et Ève ; pense-t-elle à celle de Masolino ou de Masaccio dans la chapelle Brancacci à Florence ? Et enfin un petit hérisson, tendre et piquant. Toscane Nom magique, elle aime passionnément, et c’est dans cette lumière qui plaît à tous les artistes qu’elle aimerait vivre quelque temps, peut-être pour saisir quelques paysages doucement vallonnés, pour rompre avec certains verts tranchants et donner de la douceur à ses pastels. Le quattrocento italien est une source : elle cite Giotto, certaines ombres naïves sur les fresques de Florence… des personnages. Jura. Elle vit devant une campagne au large horizon, limité par une falaise toute jurassique, dans une sorte de maison forte, haute et protectrice. Son atelier, fourre-tout magique, est comme éclairé par des lucioles, ses pastels. Les originaux sont lumineux, ils racontent des morceaux d’histoire, des fées se précipitent dans un grand froufrou vers le berceau de la Belle au bois dormant ; une frise pour fêter le 1er avril…, des cartes de vœux ou des faire-part dont on rêve d’être le destinataire et bien sûr

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les livres, merveilleux supports. L’envie tortille de retourner tous les cadres alignés contre le mur et qui cachent la production personnelle de Nathalie, artiste illustratrice. Certains, huit d’entre eux, sont partis à Los Angeles, pour une exposition internationale d’œuvres d’illustrateurs organisée par un éditeur américain. Voilà pour le cadre, notre illustratrice vit dans une douce retraite… et dans notre monde. Celui de la publicité et de la communication d’entreprise auxquelles elle prête son imaginaire joyeux et les couleurs vives de ses pastels.

Elle anime chaque semaine un atelier de dessin dans la ville voisine de Moirans-en-Montagne. Ses élèves, enfants et grands, rayonnent des deux heures passées avec une Nathalie protectrice et admirée. Pourtant elle ne semble couver vraiment du regard que son petit Quentin, né avec une couronne que sa maman d’un coup de crayon a rapidement transformé en chapeau, car il faut le dire, elle raffole des chapeaux.

Imaginons-la encore au festival du Bouche-à-Oreille dans la Petite Montagne. Quand arrive l’été, les amis organisent concerts, concours de peinture, repas de sorcières… et moult repas médiévaux. Rêve et contes…, gastronomie villageoise. L’affiche qu’elle leur a dédiée est couronnée d’un grand ciel bleu où des nuages montgolfiers n’effraient pas une foule complice, avide d’histoires… de rêves si bien transportés dans ses pastels.

La fête La Fête foraine, c’est le titre du premier livre écrit et illustré par elle, paru en septembre chez Nathan. Elle aurait voulu l’appeler “Jour de fête” en hommage à Jacques Tati, à qui elle rêve de consacrer un livre. Il est l’inspirateur, sa grande silhouette domine l’atelier. De lui sans doute sont inspirés bien des personnages toujours renouvelés par Nathalie Novi, les pieds solidement arrimés au sol, étirés vers le ciel, vers un ballon, vers le soleil ou une planète inconnue. Mais le rêve, le jeu les emportent et ils sont happés, bras tendus, en dehors du cadre. Ces personnages charmants s’arrachent à leur ombre, partie intégrante de leur corps, écho vert, prune, brun à leurs mouvements, répétition attendrissante de couettes, de jambes légères et de jupettes soulevées. Balthus Parlons-en des jupettes… Nathalie Novi aime le grand maître de la Rossinière. Elle apprécie son travail d’enchanteur. Elle connaît bien la vie de Balthus, aristocrate raffiné inspiré par Bonnard. Comme lui, elle sait l’influence déterminante de son enfance sur les thèmes de son œuvre et peut-être, comme lui, voit-elle tout avec ses yeux d’enfant. Que d’admiration quand elle évoque le lent travail de composition de Balthus, son inspiration à contre-courant, dans la lignée des grands maîtres italiens, loin des modes de l’abstraction. Les petites filles de Nathalie Novi s’accoudent aux tables, lisent dans le mystère, remontent leurs genoux de manière désinvolte. Parenté.

Littérature de jeunesse. Sur la table, sous une ampoule, un faisceau éclaire la future page, les couleurs brillent, sont vives et pourtant elles savent aussi exprimer la douleur, la mort. Un auteur connu a même renoncé à voir son texte illustré par Nathalie Novi tellement les images lui paraissaient chargées de profondeur ! Nathalie travaille généralement sur des commandes venues des éditeurs. Le texte lui est transmis avec les exigences techniques. Son vrai travail de lecture commence, puis elle crayonne des esquisses, ayant déjà conçu toute sa mise en page, tous les personnages et leurs mouvements. Après accord des éditeurs, elle se lance dans le travail du pastel. Elle avoue, sereine, avoir de plus en plus d’idées, enrichie par des thèmes toujours nouveaux, des sources d’inspiration très diverses. Maman d’un petit garçon de trois ans, elle n’a aucune difficulté à tester histoires et illustrations. Elle aime beaucoup le travail de certains auteurs de littérature de jeunesse et sait que dans un avenir très proche, des projets aboutiront avec un travail plus complice que ce qu’elle a fait jusqu’à présent. »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Représentation : On retrouve dans ces deux œuvres, figuratives, la représentation d’un cheval, d’un cavalier et d’une nuit étoilée.

• Iconographie : - le personnage est une petite fille imaginaire qui porte un des prénoms imaginés pour l’ enfant que l’artiste pourrait avoir un jour. Nathalie Novi n’illustre pas encore à cette époque. Son travail de gravure est autobiographique et déjà dominé par la nostalgie de l’enfance, les deux étant présents ici à travers cet enfant imaginaire. - le personnage reprend le nom de l’empereur Constantin de la fresque de Piero della Francesca à Arezzo (ainsi que le turban et la tunique) mais l’histoire écrite par Jo Hoestland en fait un jeune page. Nathalie Novi illustre ce récit en faisant probablement à nouveau référence à son propre univers, à sa vie, à son enfant existant, au travers de ce jeune garçon.

• La technique : - L’eau forte est la technique apprise en atelier pendant la fin de sa formation aux Beaux-Arts de Paris. Le traitement est assez enlevé, la ligne est répétée, comme pour un croquis, à l’état de recherche. - Le pastel gras à pris le pas sur la gravure durant les années qui ont suivi. L’œuvre présentée est plus aboutie et présente une précision étonnante pour cette technique travaillée au doigt. Les contours sont lisibles et les motifs nombreux, variés et minutieux.

• La couleur : - Le noir et blanc est spécifique de la technique de l’eau forte mais on peut utiliser des encres colorées, ce que Nathalie Novi n’a pas choisi de faire. L’œuvre garde ainsi tout sont aspect d’esquisse. - C’est une œuvre où la couleur est travaillée et utilisée avec un rare plaisir et une grande maîtrise : les accords sont inattendus et subtils. C’est une nuit multicolore avec un faux aspect terreux et un véritable feu d’artifice en sous couche et en arrière plan.

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• Le point de vue : - La plongée place l’horizon à mi hauteur et donne autant d’impact au sol qu’au ciel. Le regard se porte plus particulièrement sur le cheval et notamment la couverture qui sert de selle. - La hauteur de la prise de vue est celle d’une personne au sol, le regard à l’encolure du cheval. Le ciel prédomine la composition. Les étoiles et les autres motifs le remplissant sont mis en valeur.

• Le mouvement et la position : - C’est un cheval qui s’arrête : il est introduit par l’ombre, coupé sur la gauche, qui le retient en arrière, son mouvement est figé à l’avant du corps, les pattes tendues, raides, comme pour freiner, il est arrivé au centre de la composition comme s’il avait atteint la fin de sa course. Le personnage tourne la tête à l’opposé et demeure anonyme : Jeanne n’est pas vraiment là… - Celui-ci est sur le départ : le côté gauche de la feuille fait buttoir, l’espace s’ouvre vers la droite, dans le sens de son avancée, vers une course possible, et même si les muscles sont à l’arrêt, comme figés, l’encolure fortement tendue en avant suggère un mouvement imminent. Le jeune page est tourné vers nous, le visage éclairé, identifiable.

Dans les deux cas le personnage et son cheval occupent le centre de la composition et sont tournés vers la droite.

• Source de lumière : Dans les deux cas, elle vient de la droite, dans le sens du trajet du cheval et dans le sens de lecture de l’œuvre.

• Le décalage : Le traitement décoratif des étoiles apporte un décalage qui trouble les liens avec la réalité : d’un côté elles sont traitées en tant que motif de la couverture du cheval…absentes du ciel, ce sont les seules faisant directement référence au titre ; de l’autre, elles occupent bien le ciel mais laissent la part belle aux fleurs et aux oiseaux…les étoiles se parent de couleurs et de formes inattendues et décorent le ciel. Le rêve est au rendez-vous.

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DES ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Jeanne semble arriver de sa course et Constantin va partir…qu’est ce qui nous le montre ? = la place dans le cadre : l’ombre du cheval de Jeanne est coupée, retenue en arrière, le cheval de Constantin a de la place pour prendre son élan. = le mouvement du cheval : le premier est en train de freiner avec ses pattes avant, le second tend l’encolure en avant. = le dessin est vif dans le premier et statique pour le second. Les étoiles sont – elles conformes à ce qu’on attend ? = celles de Jeanne sont représentées sur la couverture, plus que dans le ciel…ou alors, nous avons deux façons de représenter les étoiles (points lumineux ou motif décoratif) = celles de Constantin sont noyées dans un ensemble de motifs incongrus (oiseaux, fleurs, spirales, taches de couleurs), véritable feu d’artifice décorant le ciel. Comparez le dessin dans ces deux œuvres, le geste, la ligne… = dans le dessin en noir et blanc, la ligne est enlevée, l’artiste est en pleine recherche. Le résultat donne un effet de mouvement et de flou. = dans le second, la ligne est définitive, plus statique, plus appliquée ; elle semble au service de la couleur qui domine cette réalisation : c’est elle qui apporte les vibrations visuelles rendant cette œuvre vivante.

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Anne Marie QUÉMAR

Le tissu social

Collage de lettres, de mots issus de magazines, peinture blanche à la caséine, mine de plomb, sur papier

28 x 35 (hors encadrement) 1999

Pulsation 2

Collage de lettres issues de magazines, calligraphie, peinture blanche à la caséine, mine de plomb, sur papier

50 x 65 2005

6 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques Née le 1er octobre 1942 à Saint Denis, île de la Réunion. 1969 – 1973 : activités de plasticienne dans le cadre d’une démarche théâtrale menée par Jean Hurstel, au Comité d’Entreprise Alsthom à Belfort, puis à Montbéliard en animation de quartier, atelier de sculpture fer et de masque dans l’esprit du Bread and Putter theater . 1973 – 1975 puis 1984 – 1987 : activités collectives au sein du « Groupe Couleur » à Belfort, visant à mettre en relation architectes, coloristes conseils et collectivités locales (coloration de lieux publics) 1979 : agrégation d’arts plastiques. 1981 : DEA en arts plastiques de l’université de Strasbourg. - Enseigne à l’IUT de Montbéliard en Service et Réseaux de Communication. - Conférences, projections de films sur l’Art dans le cadre d’associations (Ecole d’art de Belfort, Université Ouverte), le thème abordé étant les rapports entre les arts et la société. Expositions de groupe : 1982 « 10 lieux dits » CAC Montbéliard 1997 « Le collage, art de la mutation » et « Les terres blanches » CICV Hérimoncourt 1999 Semaine des Arts, Belfort et ARCO l’invitation au voyage (Jura) 2000 « La galerie des Extravagances », Hotel Sponek à Montbéliard, tenture de 4m2 faite de tricots de papier journal et de sacs plastiques. 2001 Musée du carton à Mesnay 2002 ARCO, l’invitation au voyage (Jura) 2004 Atelier Ouvert à Belfort et MJC de Arbois 2005 2nd Biennale d’Art Contemporain de Besançon. Expositions personnelles : 1997 Galerie Traje de Besançon 2005 La Grenelle Courchaton (Haute Sâone)

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TEXTE de l’artiste « Voir l’éloquence du langage convenu des médias Rendre « beaux » les massacres du Rwanda, la misère du monde, m’a profondément irritée. Jusque là, j’utilisais mots et images des quotidiens comme matériau privilégié pour réaliser des assemblages « paperistiques et poussiéreux » . Je mis alors ce matériau au service de ma saine colère. Papier journal, colle, ciseaux, crayons, encres typographiques, photos découpées déchirées : « Un art de l’actualité » Mots et images se sont « mis » en marche, comme cette jeunesse européenne derrière les drapeaux, après la chute du mur de Berlin. Un « journal de bord » s’est alors constitué que le centre International de la Création Vidéo à Hérimoncourt m’a permis de montrer lors de l’exposition « Le collage art de la mutation » En mai 1997,à Besançon, ce journal de bord a été réexposé entouré « d’échassiers » tricotés avec le fil même de l’actualité sorte de sculpture sur pattes, pour « veiller à ne pas détricoter le tissu social ». De ces formes ou images, cottes de maille, sculpture, ou livres objets, des mots se sont mis à jouer à cache-cache, apparaissant, disparaissant, s’entrechoquant, échangeant leurs sens, puis s’escamotant comme sur la scène du théâtre de l’actualité. J’ai, alors, voulu « retricoter » mots, typographies et dessins. Une forme d’écriture poétique Aléatoire, est alors advenue. Ce n’est pas du « copier-coller », mais du « regarder » et « tordre ».

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Le fil détricoté est tordu, La métaphore du tricot, pourrait dort bien s’appliquer à ce monde dans lequel nous vivons. « Alors se tricote la résilience…parce qu’elle noue sans cesse un devenir intime et le devenir social » (Picasso à propos des collages de son ami Braque) Les formes prises par ces « poèmes » sont cousines des phylactères, proches des formes brèves de la poésie, le « sens » important moins que la richesse graphique. Un autre « sens » se glisse alors, dans l’interstice. Je me suis mise à beaucoup « rêver »… d’autres cultures, d’autres arts, de la calligraphie, des haïkus. De petits « signes » sont alors advenus. Les uns, proches des idéogrammes chinois, d’autres de la calligraphie persane, de l’arabe… De très mystérieuses et énigmatiques rencontres se sont écrites Je me suis aussi beaucoup raconté d’histoires ! sur mes petits formats. Parfois nées d’une sorte de mouvement, d’un rythme ou d’une accélération issus de la dynamique typographique. J’ai beaucoup détourné et collé ces caractères existants. Actuellement je sculpte, j’entremêle, ces arabesques du C, ces cédilles, ces trous du E, du G, J’incorpore « corps », « graisse », « fût » des caractères. De ce babil, je m’essaye à dérouler le fil d’une écriture nouvelle dont « l’œil puisse écouter » (Paul Valéry) la petite musique interne… » 2004

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• Le thème : Le mot, l’Écrit, sous forme de typographie et de calligraphie sont les matériaux de départ. L’actualité travestie par les médias, transformée par la puissance évocatrice des mots… Puis dans un second temps, la puissance évocatrice de l’écrit.

• Le questionnement (point de vue) : - Il s’agit tout d’abord de travailler sur le signifiant du mot, le sens dégagé. La métaphore mise en mots et en image simultanément (les lignes de mots, le fil de l’actualité, formant un nœud visible, tricotant un tissu d’idées) porte un discours social. Références : Rouan, les Surréalistes (cadavres exquis), les Affichistes… - Le mot est vu au travers de sa forme, de ses qualités graphiques. Un simulacre d’écriture est mis en forme, sans message préétabli : les rencontres et les associations d’idées émergeant sont les fruits aléatoires et poétiques d’une recherche principalement plastique. Références : Rouan, la calligraphie arabe, Michaux…

• La technique : 3 couches : Le dessin à la mine de plomb et le collage de typographies se complètent. Un voile de caséine blanche vient partiellement masqué/ transformé /révéler la sous-couche

• Le dispositif : - Le collage est composé comme une image. Il précède le voile de caséine : le tracé finalise la représentation. Images et mots sont perceptibles en même temps et en total accord et forment un « texte-image » - Le dessin est composé comme un texte, suivant des lignes, créant des rythmes. Il précède le voile de caséine : le collage final se met en place en accord avec la sous-couche existante pour créer un tricot de lettres. Calligraphie et typographie composent ensemble un « texte sans mots »

Transparence : Le jeu du caché- révélé est présent dans les deux réalisations grâce au voile caséine et il aide à intégrer le dessin et la typographie. Tricotage : Par la superposition des couches et les effets de transparence, l’artiste entremêle les techniques et crée des fils, des nœuds, des tissus, des tricots… Affirmation de la matérialité de l’œuvre : Le support est mis en évidence dans les deux réalisations : il n’est pas complètement couvert et présente un aspect irrégulier.

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Des ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Si on part du principe que ces deux œuvres sont faites à partir de mots, de lettres découpées dans des journaux…

Ces mots/ces lettres sont-ils visibles ? Pourquoi ? = Le blanc qui masque …et qui révèle. = Les accumulations, les superpositions des lettres (de journaux). = Le dessin qui est dessus ou dessous et qui se mélange au reste. Ces deux œuvres racontent-elles quelque chose ? = oui, par les mots lisibles et leur rencontre (cadavre exquis) = oui, par le simulacre du texte, d’une calligraphie issue d’une civilisation inconnue, oubliée, d’un code (Michaux) Ces deux œuvres représentent-elles quelque chose ? = un nœud dont chaque mot ou rangée de mot est un fil. = Un tricot, un maillage, un texte : les lettres s’entrelacent pour former les mots / boucles et les mots forment des lignes /rangées et les lignes un texte /tricot.

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Yves RÉGALDI

Sans titre Huile (et sable) sur toile

60 x 74 1990

Sans titre Huile (et sable) sur toile

65 x 54 2005

15 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques

Né le 12 août 1956 à Dole. Elève des Beaux-Arts de Beaune. Etudes musicales et participation à diverses formations de Jazz 1990 : voyage en Afrique. Prix de peinture de la ville de Lons le saunier : l’œuvre rejoint le fonds de l’artothèque. Salons et expositions : Salon Vendémiaire de Morez Salon d’art contemporain de Dole Salon d’Art et de Littérature de Lons le saunier Salon d’Auxonne Galerie Turenne à Troyes Espace contemporain de Dole Galerie Jean Jaurès de Lons le saunier Galerie Cournot de Gray

TEXTE de L’ARTISTE

« Je vise à mettre en œuvre tous les éléments, matières, formes, couleurs, textures ayant a priori un contenu sonore et poétique. Je m’intéresse au primitivisme, à son utilisation de la couleur et de la forme dans leur pureté » Texte de Jacques Ancet : « Au bout du chemin Caminante no hay camino, Se hace camino al andar. Voyageur il n’y a pas de chemin On fait son chemin en marchant. Antonio Machado.

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Fiction visuelle Tout regard sur la peinture suppose une fiction visuelle dont l’œil réussit difficilement pour ne pas dire jamais, à se passer si forte est pour lui l’habitude et la nécessité de construire, de reconnaître, de parler ce qu’il voit - donc de toujours s’inventer une histoire à son propos. Ce travail fictionnel, relativement discret dans la peinture figurative pour des raisons évidentes, se révèle par contre particulièrement actif lorsque le regard, hors de tout repère familier, doit reconstruire pour son propre compte un espace afin d’éviter de se perdre dans l’angoisse proliférante du non nommable et de l’insignifiant. D’où ce sentiment d’ouverture, d’entrée dans un monde comme à l’état naissant offert par certaines oeuvres non figuratives. Car leur caractéristique centrale, prises qu’elles sont entre le refus de l’image et le désir d’un rapport non médiatisé au réel, est de repousser la figuration tout en ne cessant, pourtant, de la susciter. Une figuration paradoxale L’œuvre d’Yves Regaldi est de celles-là. Il y a dans le travail de cet artiste une évolution tranquille comme assurée d’elle même vers une rigueur et une économie qui en exaltent la densité. Dans ses tableaux récents (Chambres, paysages) qui occupent les murs avec un calme et un poids dénués de drames, de postures et de discours ( on en connaît, même dans les oeuvres dites “abstraites”) , quelques verticales et horizontales sombres (noires) sur fond souvent clair (blanc, crème, gris) engendrent immédiatement pour le spectateur un embryon de spatialité prolongé et développé par un double travail: celui du fond dont la matière picturale largement monochrome s’anime, se surcharge d’épaisseurs qui lui donnent une présence physique; celui de quelques formes plus ou moins géométriques - carrés, rectangles, barres, Traits ou traces à peu près continues, avec lesquelles peuvent ou non coïncider des taches ou masses chromatiques ouvrant sur la surface vivante de la pâte autant de points de fuite ou le regard ne peut manquer d’engager aussitôt son activité imageante. De ce double mouvement simultané - travail de matière, travail de formes et de couleurs - naît ce qu’on pourrait appeler une figuration paradoxale qui fait la force de cette peinture; d’un coté on ne reconnaît rien, aucune image, aucune chose ou objet nommables, aucune forme convenue. De l’autre, on voit, des espaces, des lieux, mais comme à l’état d’ébauche, comme en formation par l’organisation de quelques traces, de quelques signes, par l’intensité de quelques couleurs. Chambres, paysages L’œil, en effet, à besoin de très peu de choses pour figer le monde dans cette lisibilité qui en fait aussitôt un spectacle. Tout le travail de Regaldi, comme d’un certain nombre d’autres artistes dont il est proche, vise à détourner ce processus de son cours habituel (nommer, classer, représenter) afin d’en utiliser l’énergie à son profit. Parce que le regard ne reconnaît plus rien, le voilà disponible pour une activité moins servile, plus créatrice: non plus rapporter lignes, traces, couleurs à un certain nombre de figures prédéterminées parce que déjà cataloguées (table, corps, bouquet, montagne, etc.) Mais engendrer à travers elles des formes non encore reconnaissables mais comme sur le point de l’être sans toutefois l’être vraiment. Ainsi, par exemple, l’apparition constamment différée de ce qu’en vertu de la fiction visuelle dont il a été question au début, on pourrait, ici, appeler chambre. Comme celle suggérée par ce carré blanc, presque aux dimensions de la toile, délimitant la clôture d’un espace qu’ouvre sur un hypothétique dehors la clarté nocturne d’un bleu intense saturant tel rectangle étroit dressé sur l’épaisseur blanche du fond; ou comme cette construction de lignes d’où semblerait naître on ne sait quel meuble dans la luminosité calme et jaune de quelque improbable “intérieur”. Surgissement de ce qui pourrait être aussi paysage: vaste format presque carré au gris brumeux ( fumée, brume ou désert ) , barré un peu au-dessus de sa partie médiane par une bande couleur brique débordant d’une pâte grise, comme tel horizon de plateaux ou de tables rocheuses émergeant d’une épaisseur de nuages... Chaque tableau offre ainsi à l’œil son propre espace de médiation et d’invention, sa proposition du monde - d’un monde ou l’austérité froide des paysages du Jura natal du peintre s’allie à la chaleur intense ( ocres orangés, bleus vifs) de cette terre africaine ou il ne cesse régulièrement de revenir comme à une inépuisable origine . Au bout du chemin Et c’est là, sans doute que réside la singularité de l’œuvre d’Yves Regaldi. Dans ce croisement de visuel et de tactile, de rigueur et d’abandon, de modernité et de mémoire - dans cette alliance ou, comme dans tout art véritable, se joue la rencontre d’une présence et du monde. Un monde qui, répétons- le, n’est pas donné une fois pour toutes, mais ne cesse de se construire dans la patience d’un travail: traces, signes dans la pâte (sable? Paroi de pierre? ), bleu et blanc dans le cadre obscur ( fenêtre? Montagne? Neige?) , attentes, imminences ... Peut être, au fond, toute peinture ne serait-elle que cela: les choses ont perdu leur nom et elles le cherchent dans le mouvement que se fraye un corps à travers matières, formes, couleurs. C’est pourquoi, comme chez de Staël à qui l’on pense parfois, elles ne sont pas au départ mais au bout du chemin. »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

• L’ absence de titre : Elle confirme au premier abord l’idée que c’est une œuvre non-figurative car elle corrobore le style géométrique et épuré, éloigné de tout réalisme.

• La technique : Huile et sable, introduit dans sa pratique depuis son retour d’Afrique, sur toile.

• Le procédé/dispositif : - L’intégration de sable dans la peinture permet de travailler une matière, des reliefs, des épaisseurs, comme un sculpteur modelant la terre. - La gravure en creux dans la pâte re-dynamise cet ensemble massif, lui redonne de la nervosité, re-affirme l’existence de la ligne, du dessin. - Les superpositions d’épaisseurs, au fur et à mesure que les formes s’imbriquent et s’échelonnent, donnent l’impression d’un travail en 3D comme un bas-relief.

- Les couleurs D’une part sombres, salies, austères…des gris colorés, du bleu, un ton brique : elles sont obscures et étouffantes sauf le carré et le triangle clairs qui fonctionnent comme des respirations. D’autre part claires, chatoyantes, harmonieuses, presque esthétiques…des tons crème, un bleu plus outremer, un ton rouille : elles sont lumineuses et spatiales. La ligne bleue et rouille, plus sombre, qui traverse le format, attire et bloque le regard. - Le geste Brutal et affirmé, volontaire, il redouble les cernes, et charge l‘œuvre. Le cerne est appuyé, il enferme. C’est un ensemble énergique fait d’accumulations. Dans l’œuvre suivante, il est discret, léger, calme, presque hésitant. Le cerne est réduit à une ligne fine à peine tracée.

L’horizontale colorée est travaillée avec des débordements maîtrisés, des frottements délicats qui donnent un effet de flou. C’est un ensemble épuré réalisé à l’économie.

• Langage plastique :

- Les formes géométriques (triangle, rond, rectangle, carré, ligne droite) elles composent l’essentiel du vocabulaire plastique de ces deux œuvres. Leur grande échelle ne permet pas la mise en place de détails (indices de représentation) et la composition semble être un pur jeu formel.

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• Le format : • La spatialité :

Bien qu’orientés différemment, ils ont les mêmes proportions. L’horizontalité du premier nous ramène au sol et nous écrase, la verticalité du second nous élève et nous dirige vers le ciel.

- Le blanc est enfermé et cerné. Les cernes noirs sont gravés sur le tracé. Les lignes ferment les espaces, les formes touchent les bords du format et fragmentent l’espace : c’est un espace fermé, de proximité qui semble proche de nous…la matière vient à nous et nous étouffe. Seul le carré et le triangle blancs ouvrent cet espace comme des fenêtres. - Le blanc sert de fond « inachevé », posé ton sur ton, débordant. La ligne horizontale ne peut achever de scinder l’espace en deux : c’est un espace ouvert, où l’air circule et où le regard peut s’éloigner vers une sorte d’horizon. • La représentation/ le thème :

Puisqu’il s’agit de deux œuvres figuratives, nous sommes bien en présence de deux espaces de natures opposées : N’ avons nous pas la « chambre » d’un côté, avec sa structure tridimensionnelle et sa fenêtre ouverte sur le monde et la lumière ? N’est ce pas le « paysage » qui s’ouvre sous nos yeux, immense étendue vierge, à peine rythmée par quelques éléments naturels ou construits ? C’est au spectateur de nommer ces espaces.

Des ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres simultanément.

Quelle(s) forme(s) retrouve t-on dans les deux peintures ? = le carré, une ligne(horizontale), un rectangle ? Ce carré est-il complètement identique ? = l’un est clair sur fond sombre et l’autre est sombre sur fond clair. Si l’une des ces peintures doit représenter une chambre, un intérieur, et l’autre un paysage, un extérieur, laquelle ? Pourquoi ? Quels sont les indices ? = la première est un intérieur, il est sombre et la fenêtre révèle la lumière extérieure. (carré = fenêtre ; ligne de sol) = la seconde est un extérieur, il fait clair il y a une construction et un horizon.( carré = construction ; ligne d’horizon)

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Dominique SOSOLIC

A l’écoute de la vague Gravure en taille douce, pointe sèche, n°17/85 sur papier

34,5 x 33 1984-85

Ut pictura poésis (la poésie est comme une peinture) Gravure sur cuivre, burin, manière noire, aquatinte, n°33/100 sur papier.

30 x 40 2004

20 années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques

Né à Ornans en 1950 Etudie à l’Université de Paris I-Sorbonne. Graveur et professeur agrégé d’Arts Plastiques. Expositions collectives : 1976 Prix de la société industrielle à la Biennale de la Gravure de Mulhouse. 1978 Sélection française de la Biennale Internationale de Cracovie Yamada Art gallery (Japon) 1980 Représente la France à New York « Les maîtres de la manière noire » en Belgique 1982 Premier prix de la Triennale Européenne de la gravure à charleville. 1984 Premier prix de la Biennale de Dignes-les -Bains 1985 Représente la France à la Biennale Européenne de la Gravure à Copenhague 1986 Invité d’honneur de la Biennale d’Ermont (Paris) 1988 Représente la France à la Biennale Internationale de Cracovie 1989 … Expositions personnelles : Besançon, Epinal, Montbéliard, Moutiers, Strasbourg, Vesoul, Musée Denon de Chalon sur Saône, Centre Culturel de Toulouse, Brasov (Roumanie)…

Illustration de livres : L’œuvre de Michel Bernanos pour le Bibliophiles Comtois L’œuvre complète d’Arthur Rimbaud pour le Club du Livre de Paris.

TEXTE de L’ARTISTE Première œuvre : « Au début des années 1970 j’ai suivi des cours de l’historien d’art René Huygues au « Collège de France » à Paris. Ses propos étaient alors relatifs à son dernier livre « Formes et forces ». Dans cet ouvrage, il donne une vision binaire de la lecture de l’œuvre d’art, il nous éclaire sur ce que l’on peut appeler une complémentarité dialogique entre statisme et dynamisme. Dans la gravure « A l’écoute de la vague », il y a à gauche le mouvement, le bouillonnement, à droite la forme arrêtée, la forme figée de la vague. L’ouverture du coquillage (symbolisant le pavillon de l’oreille) est orienté paradoxalement vers le silence cristallin de l’instant, du temps suspendu. Dans la partie inférieure, il y a le reflet qui, de part la relative uniformité du graphisme, s’abstrait de la confrontation évoquée ci-dessus…c’est le calme des profondeurs opposé aux bruits du monde. »

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Seconde œuvre : « La poésie est comme la peinture, comme la gravure…elle s’apprécie de près et de loin (Référence à Horace) Hommage à Léon Battista Alberti (1404-1472), théoricien de la Renaissance qui publia en 1435 son traité « De pittura » dans lequel il définit de manière mathématique les règles de la perspective mono focale. La gravure est divisée en deux parties. A gauche, le chaos originel, …la procréation. En haut, un dodécaèdre régulier, figure géométrique à douze faces. Dans le « Timée » de Platon, le démiurge s’en serait servi pour tracer l’épure de l’univers. L’octaèdre, sur le coté gauche, est le solide qui représente l’air, par un de ses sommets il dirige notre regard vers le lieu de la représentation. Dans le drapé on devine un corps de femme présent sous forme de nymphe, le regard est voilé. Il fait face à l’anse de l’aiguière représentant une femme cambrée, l’imago…premier élément accrochant la lumière. L’aspect galbé de l’aiguière évoque les rondeurs féminines, la procréation ; La montre (oignon) est le seul élément de la gravure qui ait un reflet (effet de miroir), elle n’a qu’une aiguille, l’autre aiguille a été subtilisée par le Putto (angelot) pour nous indiquer la direction du point de fuite (le temps nous indique l’espace) Les fourmis en désordre sont au nombre de 26 (lettres de l’alphabet). J’ai choisi ces insectes car ils sont noirs, représentés ici en noir sur blanc tout comme les caractères typographiques. Par ailleurs, l’entomologiste nous apprend que sur notre planète, la masse des fourmis et des termites est supérieure à la masse de tous les mammifères vivants sur terre…d’où la présence du pèse-lettres qui fait écho à cette considération. Le Putto est placé à l’articulation de la gravure, son œil est exactement au milieu de la largeur (la perspective est une question de regard). Il est assis sur trois livres, sur la tranche de l’un d’eux est écrit « Les muses », référence à Socrate. A droite, l’ordre, la raison,… la création. Les objets représentés évoquent les principes fondamentaux de l’esthétique de la Renaissance basés sur la notion de mesure et de connaissance :

- Le livre est une architecture rigoureuse, objet de connaissance, culture et spiritualité. - La disposition rigoureuse des lettres qui forment les mots …le texte (relation avec les fourmis ordre-désordre) - Le pèse-lettres (mesure de masse) - Le fil à plomb (verticalité et stabilité)

A partir du Quattrocento, l’œuvre d’art s’affirme plus que jamais comme une illusion. Pour souligner cette « tromperie », j’ai introduit plusieurs aberrations formelles : - Le fil à plomb comporte deux fils ce qui rend son utilisation problématique. Dans cette gravure la lumière vient de la gauche, or, l’ombre du fil à plomb (qui est claire ) est placée

à gauche. - Le texte est écrit sur la plaque de cuivre (support »topos » de la représentation) et non pas sur le livre. - Le plateau pèse-lettres est pincé dans la tranche du livre, les graduations sont inversées, il est donc inopérant. - Le livre au bas de la gravure est glissé de manière illogique sous une dalle, une impossibilité qui a ici une fonction symbolique : on passe d’un monde à l’autre. - Le XII de la montre n’est pas placé au niveau du remontoir. Le reflet de l’aiguille est faux, son orientation se justifie par la position du point de fuite.

Le texte. Il se présente inversé, il faut donc se munir d’un miroir pour le lire. Ce miroir, physiquement présent, qui permet de comprendre l’aspect novateur de la perspective (espace) est le pendant de « l’effet de miroir » relatif à la montre (temps) Colonne de droite : un texte qu’Alberti aurait pu écrire pour justifier l’importance de la perspective mono focale. Il est complété de quelques citations relatives à la beauté et à l’artiste. Colonne de gauche : une liste d’artistes de la Renaissance ayant utilisé la perspective en particulier dans les peintures d’ « Annonciation ». L’ombre du fil à plomb coupe le nom de Raphaël, artiste qui s’est affranchi très rapidement de ce mode de représentation. Au bas de cette colonne, il y a le titre de la gravure et ma signature. Sur cette page, le nom d’Alberti et le point de fuite sont situés sur deux des points stratégiques de la gravure (nombre d’or) Les écrits de Daniel Arasse (historien d’art spécialiste de la Renaissance) ont nourri ma réflexion. En guise de remerciement j’ai gravé son nom dans un pli du drapé (en bas à gauche). J’émettais le secret espoir de lui offrir cette gravure. J’ai terminé mon travail le dimanche 14 décembre, le jour même de son décès, emporté trop jeune par une sale maladie. Mes gravures s’inscrivent dans la ligne droite des préceptes de l’art classique (selon Cicéron) : instruire, persuader, émouvoir, l’image prenant appui sur la rhétorique…un positionnement esthétique pour le moins anachronique en ce début de vingt et unième siècle !!! »

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ÉCARTS et SIMILITUDES Les points qui ont été relevés comme des écarts au premier abord, comportent parfois des similitudes en seconde lecture…et inversement

La complexité n’est pas la même, tant dans l’ampleur du projet que dans le nombre de techniques combinées, malgré tout, la manière noire, qui est reconnue comme étant des plus difficiles, est présente dans les deux projets.

• La technique : Les deux sont des gravures, ce qui implique que ce sont des multiples et qu’il existe une matrice. Le travail du graveur est de longue haleine, surtout pour obtenir un tel résultat qui nécessite un projet précis, une technique maîtrisée (perspective, ombre, reflet, dégradé…), et une minutie extrême.

• Couleur : - « A l’écoute.. » est réalisée à la manière noire, qui permet d’obtenir de beaux veloutés, des surfaces d’un noir profond d’où l’on peut faire jaillir la lumière et la pointe sèche est la technique du dessin, apportant les lignes. - « Ut pictura … » comprend en plus un travail de certaines parties à la colophane, donnant à la surface de la matrice le granuleux qui permet de créer des surfaces colorées… Cet apport de couleur est cohérent par rapport à la complexité supérieure de ce projet. La palette reste sobre malgré tout : elle est composée d’un bleu et d’un terre de Sienne qui sont décomposés du ton le plus dilué au plus saturé.

Les deux formats ont une superficie proche. Ce sont des gravures de belles dimensions bien qu’elles paraissent encore terriblement petites par rapport à la richesse des composants et à la minutie nécessaire.

• Le format :

- Le carré permet une division gauche-droite (dynamisme et statisme) et haut-bas bruit et silence) équilibrée…..un écho parfait dont le centre est le pavillon de « l’oreille » - le rectangle horizontal est le format du paysage et du récit, de la lecture gauche-droite. Il permet de diviser la lecture en deux temps(dynamisme et statisme, chaos et ordre, pro-création et création).

Les deux œuvres sont très réfléchies et leur composition est complexe, notamment la seconde gravure. C’est une démarche qui fait référence au travail des artistes de la Renaissance, aux artistes précédant le XXème siècle, siècle de l’improvisation, de l’énergie gestuelle, du hasard, de l’aléatoire…

• Le dispositif : - la première gravure fonctionne par le biais des associations d’idées (oreille, nautile, vague ), associations formelles et thématiques : l’image est le lieu de l’émergence de la poésie et fonctionne comme tel car malgré la maîtrise technique développée pour construire le dispositif, le sens (simple et unique) s’échappe et permet d’introduire d’autres images spontanées, d’autres histoires… - la seconde possède une iconographie élaborée, extrêmement codifiée, comprenant des symboles repris et des symboles inventés ou réactualisés. On est proche du rébus ; le message est rédigé par le biais des indices présents dans la composition. Il s’agit de dénoncer l’illusion de l’image, écho reconstruit, restructuré, rationalisé de la réalité. C’est un dispositif plus intellectuel, plus complexe et qui a pour but de transmettre des savoirs.

• Le questionnement : C’est une réflexion sur l’image, la représentation, sur la façon de faire émerger le sens à partir de l’image.

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Des ENTRÉES pour QUESTIONNER les ŒUVRES Nous proposons de questionner ces deux œuvres alternativement.

Quelles sont les deux principales différences qui vous sautent aux yeux ? = le noir et blanc ou la couleur = le motif central unique et la composition riche de gauche à droite. Dans quel ordre et sens lisez vous la seconde œuvre ? = de gauche à droite, comme un texte. Dans quel ordre et sens lisez vous la première œuvre ? = de haut en bas, comme un reflet. Que voyez vous dans cette image ? = coquillage, vague, oreille, le tout en une forme. ..et puis l’horizon, la mer, le ciel, un bateau : c’est une évocation sur le thème de la mer qui ne ressemble à rien de connu mais qui réunit plusieurs anecdotes concernant ce sujet. La seconde gravure évoque t-elle un seul thème ? = elle semble composée d’éléments sans lien (carafe, fourmis, fil à plomb…) qui se lisent successivement et semblent former un récit. On dit des choses. Le jeu des erreurs : trouvez les aberrations présentes dans la seconde œuvre. (vous pouvez vous aider du texte de l’artiste pour les repérer) - l’heure à la montre. - les chiffres du pèse-lettre. - le livre pris sous la dalle. - la lumière : gauche ou droite ?

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Pierre Yves MATHIEU

Revigny Photographie argentique

Plus ou moins 30 x 40 1990

Sans titre (l’inauguration du sculpteur Jens Boettcher) Photographies argentiques et verre cathédrale

3 issus d’une série de 12 Plus ou moins 30 x 40

Négatifs de 1993 et tirages de 2006

Trois années séparent ces deux œuvres.

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L’ARTISTE : repères biographiques

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TEXTE de L’ARTISTE « Jusque-là le verre cherchait à être transparent. À peine y est-il parvenu qu’il se trouble, ne laissant passer que la lumière et une réalité transformée par les vagues, ou les larmes qu’on verse sur sa jeunesse disparue. Ce grain du verre cathédrale reste témoin des constructions des années soixante. J’étais petit enfant et je m’en souviens. Seule la jeunesse supporte la pleine transparence. L’âge venant, les éclairages les sourires détournés sont mieux venus, la bougie, l’obscurité, le silence, l’horizon la mer une balustrade. Je prends pour référence la photo que Kertesz a prise à 78 ans à La Martinique, depuis un balcon donnant sur la mer, séparé du balcon suivant par une plaque de verre trouble. Derrière cette plaque se profile le voisin, méconnaissable et d’autant plus présent qu’il est la seule disparité dans un univers géométrique. C’était en 1972. Le terme «verre cathédrale» entre en scène, évoquant ces édifices érigés pour faire reculer la mort. Le «ça a été» de Roland Barthes, déjà très discutable lors de l’argentique, est supplanté par l’image pour rire, l’image opaque, le tas de chiffre qui va de 0 jusqu’à 1. Symboliquement nous voici cloisonnés. Le mot « vérité » nous a depuis longtemps joué des tours. Parmi mes négatifs non tirés, j’ai choisi un format 120. Utilisé avec un appareil 4,5 cm sur 6, cela fait 15 clichés. J’en ai écartés 3. Il en reste 12. Sur 11 tirages, avant de les insoler j’ai posé verticalement soit une, soit deux plaques de verre cathédrale de quinze centimètres de large, et qui ont un grain de grosseurs différentes. Cela fait quatre transformations, selon que l’on mette sur l’émulsion la face rugueuse ou la face lisse. J’ai tiré la douzième sans le marbre translucide. Elle fait partie des trois nécessaires à «DEUX». J’ai choisi les clichés de l’inauguration du sculpteur Jens Boettcher à la «Cadrerie» à Besançon en 1993; et ce négatif parce qu’une photo fait état du même empilement horizontal que je crée grâce aux deux plaques de verre cathédrale chez les 11 autres. Pour l’exposition «DEUX», je présente trois de ces clichés. »