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Extrait de la publication… · empires à la longueur du nez de Cléopâtre. D'ailleurs, D'ailleurs, pourplus fameux le dire ne en sont passant, pas plus beaucoup heureux. de Jamais

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COLLECTION IDÉES

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Pierre Naville

Théorie

de l' orientation

professionnelleNOUVELLE ÉDITION

AUGMENTÉE

nrf

Gallimard

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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris VU. R. S. S.

© Éditions Gallimard, 1972.

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Préface à la nouvelle édition 9

THEORIE DE L'ORIENTATION PROFESSION-

NELLE

i. L'homme, la division du travail et l'orientationpro f essionnelle 13

il. Marché du travail et travail dirigé 81

in. De la division du travail à l'aptitude 104

iv. Qu'est-ce que réussir?P 106

v. Théorie de l'aptitude 141

vi. L'aspect biologique et l'aspect social de l'adap-tation 206

vu. Problèmes actuels 222

LES CONDITIONS SOCIALES DE LA RÉPARTI-

TION PROFESSIONNELLE 251

APTITUDES PERSONNELLES ET EXIGENCES

SOCIALES 2799

LE SENS DE L'ORIENTATION PROFESSION-

NELLE 295

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Théorie de l'orientation professionnelle

LA CRISE DE L'ILLUSION PROFESSIONNELLE

CHEZ L'ENFANT ET L'ADOLESCENT 307

i. Les conditions de la crise 309

ii. La cristallisation de l'illusion professionnelle 327

LE PREMIER ÉCRIT DE RARL MARX LE

CHOIX D'UNE PROFESSION 369

Considérations d'un jeune homme sur le choixd'un métier 371

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PRÉFACE A LA NOUVELLE ÉDITION

L'orientation professionnelle était naguère une préoc-cupation réservée à des cercles assez restreints de psy-chologues, d'éducateurs et d'employeurs. Aussi bienses problèmes n'intéressaient-ils que peu de monde.De nos jours, il en va tout autrement. L'orientation pro-fessionnelle est devenue le centre de pratiques et d'étudesqui s'étendent à presque tous les domaines- sociauxfonctions de la scolarité différentielle, rôle des famillesdans l'éducation, structures et rythmes de l'emploi,planification du développement industriel, diffusion desconnaissances, temps de travail et de loisir, etc. Peu à peu,les mécanismes de sélection et de promotion 'sociales, lesformes de l'apprentissage, l'éducation continue et le« recyclage » sont entrés dans ses préoccupations constantes.Bref, l'orientation professionnelle est devenue un grandproblème social qui intéresse toute la population pro-blème loin d'être résolu convenablement.

Je réimprime ici l'essentiel d'un ouvrage théoriquepublié à ce sujet en 1945. J'y ai ajouté quelques articlespostérieurs qui étendent et prolongent cette étude. Toutme porte à croire que ces textes seront mieux comprisaujourd'hui qu'il y a vingt ans. Il est vraisemblableaussi que les questions traitées acquerront plus d'impor-tance encore au cours des vingt prochaines années.

Pierre Naville.

25 février 1972.

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Théorie de l'orientation professionnelle

Théorie de l'orientation professionnelle a été édité par leséditions Gallimard en 1945. J'ai supprimé une préface etquelques conclusions pratiques. « Les conditions sociales dela répartition professionnelle » a paru dans La Vie de travailet ses problèmes, collection de la Fondation nationale desSciences politiques, en 1950. « Aptitudes personnelles et exi-gences sociales » a été publié dans The International Reviewof Education, février 1956. « Le sens de l'orientation profes-sionnelle est la préface à l'ouvrage de G. Latreille, Orienta-tion professionnelle et système scolaire (C. N. R. S., 1966).« La crise de l'illusion professionnelle chez l'enfant et l'ado-lescent » a été publié dans Enfance (janvier-février 1949) etJournal de psychologie normale et pathologique (juillet-septembre 1953). Le texte de Karl Marx qui clôt le volume estinédit en français.

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de l'orientation professionnelle.

Théorie

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CHAPITRE PREMIER

L'HOMME, LA DIVISION DU TRAVAILET L'ORIENTATION PROFESSIONNELLE

1. LE HASARD EN DISPOSE

Il est difficile de trouver un écrivain traitant de

l'orientation professionnelle qui ne commence parciter Pascal « La chose la plus importante à toute la vie,c'est le choix d'un métier. Le hasard en dispose. »Généralement, on s'arrête là. On en conclut que lehasard est un mode défectueux de répartition des pro-fessions. Il faut lui substituer autre chose, c'est-à-dire

procéder à un choix rationnel en fontion des aptitudesindividuelles. Toutefois, avant d'aborder ce point, ilconvient de relire attentivement toute la citation clas-

sique des Pensées de Pascal, qui nousintroduira sansle vouloir au cœur des problèmes que nous allons trai-ter dans ce livre.

« La chose la plus importante à toute la vie, écrit-il,c'est le choix d'un métier. Le hasard en dispose. Lacoutume fait les maçons, les soldats, les couvreurs.C'est un excellent couvreur, dit-on et en parlant dessoldats ils sont bien fous, dit-on et les autres, aucontraire il n'y a rien de grand que la guerre lereste des hommes sont des coquins. A force d'ouïr loueren l'enfance des métiers, et mépriser tous les autres,on choisit car naturellement on aime la vertu, et l'on

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hait l'imprudence. Ces mots nous émeuvent, on nepèche que dans l'application. Et la force de la coutumeest si grande que des pays entiers sont tous de maçons,d'autres tous de soldats. Sans doute que la nature n'estpas si uniforme. C'est donc la coutume qui fait cela,et qui entraîne la nature mais quelquefois aussi lanature surmonte et retient l'homme dans son instinct,malgré toute la coutume, bonne ou mauvaise. »

A y regarder de près ce texte reste passablementconfus, et même obscur. On y trouve impliqués aumoins trois facteurs des diversités professionnelles,d'ailleurs assez singulièrement emmêlés

1) le hasard,2) la coutume,3) l'influence du milieu (<t à force d'ouïr louer en

l'enfance. »).Voyons d'abord le premier point, le hasard. Pascal

n'est pas beaucoup mieux inspiré en s'y référant àpropos des métiers que dans d'autres occasions mémo-rables, par exemple, lorsqu'il balançait le destin desempires à la longueur du nez de Cléopâtre. D'ailleurs,pour le dire en passant, beaucoup de ses traits lesplus fameux ne sont pas plus heureux. Jamais sa dis-tinction de l'esprit de géométrie et de l'esprit definesse n'a paru plus contestable qu'aujourd'hui.Quant à sa défense de Jansénius contre les Jésuites.Mais là n'est point notre sujet.

Pascal affirme donc, et après lui presque tous lesorienteurs modernes, que c'est d'abord le hasard quidétermine le choix d'un métier. Mais encore faut-il

savoir ce qu'on appelle le hasard. On voit déjà qu'enaccouplant le substantif hasard et le verbe déterminer

je tends à en donner une idée qui n'était probablementpas celle de Pascal. L'opinion de Pascal est avant toutcelle d'un mathématicien du xvne siècle (que connais-sait-il réellement des métiers et de la formation pro-

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fessionnelle de son temps?), et en outre d'un mathé-maticien assez fortement attiré par le calcul toutnouveau des probabilités. Il n'est pas inutile de lesouligner, car il se peut qu'on trouve au moins paradoxalque nous récusions si nettement l'autorité d'un si grandhomme. Cependant, on devrait s'aviser de cettetournure très particulière de la pensée de Pascal, et dece qu'elle a d'unilatéral. Déjà, la croyance en Dieupouvait n'être, à son avis, que l'effet d'un pari. L'his-toire universelle, à son tour, pouvait dépendre de lavariable aléatoire représentée par la longueur du nezd'une princesse égyptienne. Rien d'étonnant quela répartition professionnelle des êtres humains lui aitaussi paru d'abord n'être que l'effet d'une distributionpurement probable, d'un jeu de hasard. L'opinionvulgaire de nos jours lui fait d'ailleurs souvent échoque l'un réussisse et que l'autre échoue c'est la loterie,entend-on répéter.

Cependant, le génie des combinaisons mathé-matiques pascalien demeurait malgré tout limitépar les impératifs sociaux de son temps. La routinedes corporations et des états, voisine par certainsaspects de celle des castes, masquait le problèmeparticulier posé par l'affectation économique et socialedes personnes. Et cepeadant, à l'intérieur des classessociales, les affectations et les mutations s'effectuaientà un rythme de plus en plus rapide et démultiplié.L'accroissement démographique jouait d'ailleurs dansle même sens. Les progrès de la division du travailcompliquaient encore ce processus, en heurtant lesdivisions traditionnelles des métiers. L'intuition de

ces phénomènes fait alors compléter à Pascal sonargumentation, et corriger les effets du hasard parceux de la coutume et des influences du milieu familial.

Prenons le mot coutume au sens qu'il avait àl'époque non celui de simple habitude, mais de mœurs

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sociales (us et coutumes, droit coutumier). En un mot,Pascal veut parler de la division du travail en corpo-rations fermées, délimitées et héréditaires. Voilà quidéjà fait contraste avec la distribution due au hasard.Cependant, même dans le régime des corporations plusou moins fermées, la probabilité pour qu'un enfantné dans la boutique d'un céramiste succède à son pèrepouvait être assez grande pour qu'on lui attribuâtd'emblée une cause directe, et c'est ce que fait Pascallui-même en incriminant finalement l'action constante

de l'entourage sur l'enfant malléable. Il ne s'agit plusalors de hasards, mais de déterminisme biologique,psychologique et social. Et pour finir, Pascal relève quece déterminisme est parfois brisé par la nature, quiretient l'homme dans son instinct « malgré lacoutume ».

En définitive, l'opinion si célèbre de Pascal qui sertde préface à presque tous les travaux sur l'orientationprofessionnelle est à la fois embrouillée et contra-dictoire. Il est impossible d'admettre que le hasard seuly soit invoqué. La coutume s'y trouve aussi incriminéesans préjudice, semble-t-il, de l'instinct.

Mais il est peu probable, étant donné ses convic-tions profondes, que Pascal ait voulu opposer auchoix par hasard ou par coutume une forme quelconquede « planification » de la main-d'œuvre. Il faut plutôtsupposer que ce qui pour Pascal s'oppose au choixpar hasard et par coutume, c'est la vocation individuelle,qui implique la soumission à une sorte de nécessitéintérieure, et non à une nécessité extérieure (sociale) 1.

1. Pascal a dit aussi a Votre âme et votre corps sont d'eux-mêmesindifférents à l'état de batelier ou à celui de duc et il n'y a nul lienqui les attache à une condition plutôt qu'à une autre. » C'est encoreune attitude probabiliste, qui d'ailleurs nie assez catégoriquementl'idée d'une destinée, d'une vocation, voire d'une aptitude. Nousen reparlerons au chapitre iv.

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Et je ne crois pas me tromper en affirmant que ceux quile citent si complaisamment envisagent la questiond'un point de vue très voisin.

Nous aurons plus loin l'occasion de reparler de cequ'on appelle la vocation lorsqu'il s'agira des apti-tudes. Pour le moment, nous nous contenterons deremarquer que parmi les éléments relevés par Pascal, unsurtout mérite de retenir l'attention c'est la coutume.

La coutume, c'est à la fois la tradition et l'immuta-bilité des hiérarchies en un sens, c'est l'habitude etla discipline. L'influence de la coutume s'exerce pardeux canaux la famille et la corporation. L'une etl'autre, parfois identifiées, inclinent et limitent lechoix de l'individu. Et elles l'inclinent en fonction

des besoins qui, de toute évidence, appartiennent à unautre secteur de l'activité humaine les besoins de

l'économie et de la société, en tant que tels. Or, Pascalnous le dit, c'est essentiellement la coutume quidécide. Autant dire que ce n'est pas le hasard pasplus au xviie qu'au xxe qui décide du choix d'unmétier, mais la structure et le niveau technique de lasociété au sein de laquelle s'exerce l'activité des individuset des classes.

2. DIALECTIQUE DES BESOINS SOCIAUX

Nous nous poserons plus tard la question de savoirquel devrait être le facteur déterminant de l'orientationprofessionnelle. Nous examinerons ce qui paraît souhai-table, et pourquoi. Nous chercherons si ces souhaitssont fondés ou non, et en quelle mesure. Nous verronsquels en sont les postulats éthiques et historiques.Pour le moment, nous nous bornerons à constater que laconception la plus en vogue de l'orientation pro-fessionnelle est celle qui revendique pour l'individu le

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droit à occuper dans la division du travail social « laplace qui correspond à sa nature, à ses aptitudes et à sonmérite u (définition de M. H. Luc, cent fois vulgariséepar la presse). Cette conception nie donc, au moinsen apparence, que les exigences sociales puissentprimer sur la « nature des individus.

Cependant, avant d'en venir à ce qui devrait être,il faut comprendre ce qui est. C'est la meilleure façonde déterminer ensuite une ligne de conduite quitienne compte objectivement de l'évolution socialeet des progrès de la technique. Toute autre attituderisque, malgré les phrases sonores et les pieuses inten-tions, de passer à côté des vrais problèmes.

Feuilletez les revues qui s'occupent d'orientationprofessionnelle ou les ouvrages de psychologie et depsychotechnique qui s'en occupent peu ou prou vousconstaterez que les conditions économiques et socialesdans lesquelles s'exerce l'orientation professionnellen'y tiennent qu'une place infime, pour ne pas direnulle. Quand elles y font allusion c'est sous une formetrès timide, conformiste au possible, parcellaireon n'en voit que le petit côté ou l'actualité. Par contre,des travaux techniques spécialisés sur tel ou tel pointsont mis en valeur sans qu'il soit jamais tenu comptedu cadre politique dans lequel ils s'effectuent. Onparle de la psychotechnique aux U. S. A., en U. R. S. S.ou en Allemagne en passant sous silence ce qui faitleur différence au point de vue de la structure poli-tique et sociale.

Lorsqu'il s'agit de la France, c'est encore pire on secroirait dans un pays d'outre-planète. La notion de« milieu », qui prend un sens de plus en plus précis enbiologie, est vidée en psychologie, et plus encore enpsychotechnique, de tout contenu concret. C'estune variable ou une constante, selon le cas, purementalgébrique. Il en résulte que, lorsque l'évolution réelle

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de la société pose des problèmes concrets, les psycho-logues et orienteurs sont déroutés, ne s'y retrouventplus, et se plaignent d'être dérangés en plein travail.Ils se conforment alors, puisqu'il n'y a pas moyen defaire autrement, mais sans en tirer de leçons, aux

impératifs politiques et sociaux du moment, sanscomprendre leurs relations concrètes avec leur propretravail, et en attendant le jour béni qui n'arriverajamais où la stabilité parfaite de l'économie per-mettra enfin à leur industrie de donner tous ses fruits.

On constate alors ceci la pratique de l'orientationprofessionnelle suit fidèlement les nécessités économiquesqui découlent des besoins des classes dirigeantes, parfoissans s'en rendre compte, et d'autres fois en le sachant,mais sans jamais l'admettre explicitement (il ne s'agitici pour le moment que de la France). Il en résultede grands doutes sur la sincérité et la valeur de sesconclusions, surtout dans l'esprit des travailleurs.On peut prendre un exemple caractéristique dansl'évolution de ces dernières années il illustre bience que nous voulons dire.

Pendant la période 1932-1937 le marché de la main-d'œuvre a été caractérisé par un chômage croissant, par-tiel ou total, surtout dans certaines branches de l'indus-

trie de transformation (mécanique, textile et bâtimententre autres). Conséquence l'orientation professionnelleeut pour tâche ofliciellement exprimée dans plusieurscirculaires du ministère du Travail de détourner

les jeunes gens des branches « pléthoriques » et deles orienter vers les autres, c'est-à-dire, essentiellement,vers le travail agricole et artisanal. En même temps onrefoulait des travailleurs étrangers, on rejetait les femmesde la production, on parlait de prolonger la scolarité,on envisageait le reclassement des chômeurs, etc.Dans toute cette période, incontestable prédominancepratique sur le développement de l'orientation profes-

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