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  • Extrait de la publication

  • CAHIERS CHARLEVOIX

    5;

    ETUDES FRANCO-ONTARIENNES

    Extrait de la publication

  • La Societe Charlevoix

    La SocieteCharlevoix est une amicale vouee al'etudede l'Ontario francais. FondeeaSudbury en 1992,

    elle se compose d'universitaires de Sudbury, d'Ottawaet de Toronto, appartenant ades disciplines dlfferentes(sociologie, Iitterature, histoire, econornie, ethnologie).

    L'electton des membres se fait par cooptation, aI'unanlmitedes voix. Elle honore la mernolre du jesulte

    Pierre-Francols-Xavier de Charlevoix (1682-1761)qui a Iaisse des observations remarquables

    sur Ie territoire ontarien.

    Depuis 1995, la SocieteCharlevoix publieles Cahiers Charlevoix. Etudes franco-ontariennes,

    un collectif exclusivement devoluala diffusion des travaux de ses membres.

    Membres

    l er fauteuil: Gaetan Gervais (1992; cofondateur)2e fauteuil: Jean-Pierre Pichette (1992; cofondateur)

    3e fauteuil: Fernand Dorais (1992-1997; cofondateur)4e fauteuil: Rene Dionne (1992-1999)

    5e fauteuil: Fernand Ouellet (1993)6e fauteuil: Roger Bernardt (1993-2000)

    7e fauteuil: Michel Gaulin (1998)s- fauteuil: Yves Frenette (2001)

    Membres emerites

    Fernand Dorais (1998)Rene Dionne (1999)

    Roger Bernard (a titre posthume, 2000)

    Extrait de la publication

  • CAHIERS CHARLEVOIX

    5.;

    ETUDES FRANCO-ONTARIENNES

    Yves FrenetteFernand OuelletMichel Gaulin

    Gaetan GervaisJean-Pierre Pichette

    SudburySociete Charlevoix

    etPrise de parole

    2002

    Extrait de la publication

  • Donnees de catalogage avant publication (Canada)

    CahiersCharlevoix

    Annuel.1 (1995)-Publ. en collab.avec:Prisede parole.ISSN1203-4371ISBN 2-89423-149-0 (volume 5)

    1. Canadiensfrancais - Ontario- Periodiques. 2. Francais (Langue) -Ontario- Periodlques. 1.SocieteCharlevoix II. Titre: Etudes franco-ontariennes.

    FC3100.5.C31FI059.7.F83C31

    971.3'00411'4005 C95-932868-8

    En distribution au Quebec:

    ~RlSEI '61~PAROLE

    Diffusion Prologue1650,boul. Lionel-BertrandBoisbriand (Qc)J7H IN7(450)434-0306

    Prise de parole se veut animatrice des arts lltteraires en Ontariofrancais: ellese metdone au service des creatrices et createursIitteralres franco-ontariens.

    La maison d'editlon beneficic de l'appuidu Conseil des Arts del'Ontario, du Conseil des Arts du Canada,de Patrimoine Canada(Programme d'appui aux langues officielles et Programme d'alde audeveloppement de l'industrie de l'edltionl, du Partenariatintcrministerlel avec les comrnunautes de langue officielle et de la Villedu GrandSudbury.

    Conception de la couverture: Le Groupe Signature

    Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationreservespour tous pays.

    Copyright © Ottawa, 2002Editions Prise de paroleC.P. 550, Sudbury (On) CANADA P3E 4R2

    ISBN 2-89423-149-0ISSN 1203-4371

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

    Vedette principale au titre : Cahiers Charlevoix Annuel 1 (1995)-Publié en collab. avec: Prise de parole. ISSN 1203-4371 ISBN 2-89423-149-0 (volume5)1.Canadiens français-Ontario-Périodiques. 2.Français (Langue)-Ontario-Périodiques.1.Société Charlevoix II.Titre : Études franco-ontariennes.FC3100.5.C31 971.3'00411'4005 C95-932868-8FI059.7.F83C31 Diffusion au Canada : Dimédia

    Ancrées dans le Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole appuient les auteurs et les créateurs d’expression et de culture françaises au Canada, en privilégiant des œuvres de facture contemporaine.

    La maison d’édition remercie le Conseil des Arts de l’Ontario, le Conseil des Arts du Canada, le Patrimoine canadien (programme Développement des communautés de langue officielle et Fonds du livre du Canada) et la Ville du Grand Sudbury de leur appui financier.

    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Copyright © Ottawa, 2002 Éditions Prise de paroleC.P. 550, Sudbury (Ontario) Canada P3E 4R2www.prisedeparole.ca

    ISBN 2-89423-149-0 (Papier)ISSN 1203-4371 (Papier) ISBN 978-2-89423-666-6 (PDF)

    Conception de la couverture : Le Groupe Signature

  • AVANT-PROPOS

    par Jean Pierre Pichette

    La parution de ce cinquieme numero des Cahiers Charlevoixcoincide avec le dixieme anniversaire de fondation de notreSociete. Respectant I'esprit des traditions qui a preside alanaissance denotre coliecui, notre secretaire, Michel Gaulin,a juge opportun, et les membres ontaussitot rati~e sapropo-sition, d'of~cialiser ie systeme des iauteutls, selon ie modeleetabli par notre ainee, la Societe des Dix. Desormais lespages iiminaires denoscanters reproduisent le nom de tousles societaires quiont fonde ouquiont ete eius al'un des dtxfauteuils que pourraii compter la Societe Charlevoix. lusqu'ace jour, et mane si notre nombre, par suite de deux demis-sions et d'un deces. se limite acino membres en regie, iiuitmembres ont occupe des iauteuiis.

    Au cours de l'automne 2001, la Societe Charlevoix a pro-cede aI'elecuon de son huitieme assode, Yves Frenette, quiestprofesseur audeponement d'Histotre, duCollege untversi-taire Glendon de Toronto. Nos lecteurs attentifs auront noteque la contribution dunouveau venu s'aioute ordinairementala toute ~n du cahier et que, pour evner que son auteur ylangutsse inde~niment, elle progresse de numero en numerovers la premiere place. Une telle rotation assure d chacun desmembres la possibtltt« d'occuper d tour de role toutes les

  • CAHIERS CHARLEVOIX 5

    places, de la demiere d la premiere, pourvu que celui-ciproduise ie nombre d'articles necessaire. C'est donc exception-nellement que ie premier article de notre benjamin ~gure entete decenumero. Mais lanature deson propos i'exige, car i!a prepare un article-hommage d notre premier membre dis-paru. Dans Ie panorama qu'l! brosse de la carriere de RogerBernard, if rappelle quel intellectuel engage iletait etcombienderangeai: la these, qu'it avait concue, de l'emergence d'uneidentite bilingue dans la francophonie minoritaue. A traversles ecrits dusociologue, notamment DeQuebecoisaOntarois,l'enquete Vision d'avenir, et ses articles sur i'exogamie et lestransferts linguistiques publtes dans nos canters, comme sestravaux pionniers sur les sentiers migratoires, tels qu'its semanifestent dans Le Travail et l'espoir, Frenette retrace lagenese et ie cheminement de cette pensee, sans condescen-dance cependant, avec ses forces etses faiblesses, en signalantsurtout la re~exion et les discussions que cet «tnteliectuei dei'Ontario tnmcats» aura su provoquer. Une bibliographie del'ceuvre de Roger Bernard accompagne cet article.

    Les quatre iravaux, quicomposent la section «etudes» dece cahier; ont, dans une version anterieure accordee auxcirconstances, fait l'objet de communications dans Ie cadredu colloque international «Le Passage du Detroit»; tenue dl'Universite de Windsor, du 19 au 21 juillet 2001, cetterencontre intellectuelle prenait place parmi les grandes cele-brations du tncentenaire de la fondation de Detroit en 1701et soulignatt, bien sur, la presence fran~aise dans ie sud-ouest de l'Ontario. Ce fut, pour la Societe Charlevoix, unepremiere participation collective de tous ses membres d uncolloque international etaussi la premiere tentative d'orienternos travaux autour d'une tiiematique commune bien circons-crtte. Dans l'ensembie. l'experience s'est averee heureuse.

    Fernand Ouelletouvre lasection «etudes ». Allant d l'en-contre des theses egalitartstes (Dechene, Greer) ou partiel-lement egautaristes (Paquet etWallot, Courville) quiontcourspour expliquer les socieies nouvelles, notre doyen examine

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  • AVANT-PROPOS

    les «disparites socio-ethniquesr et les «hierarchies de laterre» qu'i! constate avant1871 dans les cantons deMaldenet de Sandwich, dans Ie sud-ouest ontarien. Cet article faitsuite d son analyse de la population de Hawkesbury etd'Alfred, dans l'est ontarien, ouilavait specifiouement abord«cette question. Parmi les nombreux facteurs qui sont aucceur desa discussion etquipermettent de rendre compte desecarts entre les groupes ethniques, le moment de I'arriveedans la region a une importance substantielle. St les Cana-diens franfais avaient ete les derniers venus dans l'Est, tlsfurent les premiers dans ie Sud-Ouest, cequi leur donna unepreponderance cenaine. Mais d'autres facteurs jouent aussiun role important, notamment l'age et Ie lieu d'ortgine, lareligion et l'alphabetisation. Sans negliger aucun de ceselements, tnais en considerant en outre les pratiques ante-rteures dedistribution des terres, d partir desources diverses- aveux et denombrements, terriers, recensements -,Fernand Ouellet montre que les inegalites sontstructurelles,que lathese egaluariste «relive beaucoup plus dumythe quede la realite », car i'evolution du Quebec, comme celle deMalden et de Sandwich avant 1871, n'est «qu'un aspect delaproliferation des inegalites socio-economiques etsociocul-turelles d tous les niveaux».

    Michel Gaulin porte son regard sur un curieux recueii dela tin du XIxe steele, Le Detroit des legendes, un ouvragepublie en anglais par Marie Caroline Watson Hamlin. IIconsidere d'un point de vue Iitteraire tant l'edition originalede 1883 quela traduction que Richard Ramsay en a faite en1991. Bien que les donnees biographioues surl'auteur soienttncompletes et les references utilisees pour l'elaboration del'ouvrage scient vagues et ne donnent guere prise duneconfrontation des sources, notre collegue sonde les themeslegendaires et les allusions histonoues des trente et un recitsdu livre pour de~nir l'image que i'ecrivain donne de laregionduDetroit. II etablit encore unparallele entre Ie travail de cetecrivain et les activites des artisans du mouvement iiuetaire

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  • CAHIERS CHARLEVOIX 5

    de Quebec, qui, dans les decetmies precedentes, miserentaussi sur des maieriaux populaires du mime ordre pourcreer leurs ceuvres itueraires.

    Apres un article consacre aux «iumelies Dionne», qu'il adeveloppe en un livre important, ce qu! lui a valu ie grandprix duSalon dulivre deToronto, le Prix Chrtstine-Dumitrtu-Van-Saanen 20001, notre collegue Gaetan Gervais passed'une famille paysanne d un personnage issu de la noblessecanadienne. II s'agi: de vercheres Boucher de Bouchervillequi, durant la periode 1803-1816, mena des aaivites com-merciales dans le Haut-Canada et, panicuiierement, dansles environs d'Amherstburg, un fort bruannique siiue enaval de Detroit. Par I'etude du Journal qu'i! laissa. notrecollegue apprecie la place que tenatt encore Ie commerce desfourrures et examine les rouages du commerce de detail,mats, surtout, ilpeut montrer comment, pour maintenir sonstatut social, la noblesse canadienne devait s'appuyer surdes reseaux sondes de connaissances etde relations et, dansle cas deBoucherville, comment ses relations avec unhommed'affaires en vue, Quetton deSaint-Georges, etd'autres aris-tocrates et mtlitaires que sa famille avait frequentes, luipaverent la voie dans le monde du commerce de detail autemps de la Guerre de 1812.

    Deson cote, Jean-Pierre Pichettes'interesse d un rituel dumariage ires vivant et colore en Ontario fran~ais, la «dansesurles bas », connu dans ie Sud-Ouest dans une variante, la«danse dans l'auge ». Pour cerner les principales manifesta-tions et saistr i'evolution d'une pratique rarement rapporteeau Canada Irancats et qui n'avait jamais ete etudiee enOntario avant cette etude, il a ordonne une enauete et faitappel d de nombreux collegues et d des collaborateurs etu-diants. La comparaison des centaines de temoignages reunis,franco-ontariens etcanadiens-trancais, lui permet dedecrire

    1 GaetanGervais, Les ]umelles Dionneet l'Ontartofranfais (1934-1944), Sudbury,Prise de parole, «Ancrages», 2000, 246 pages.

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  • AVANT-PROPOS

    les formes particulieres et regionales du rituel - la dansedans l'auge, dans une cuve et sur ses bas-, de suivre leurevolution et d'apprecier leur degr« de vitalite dans les mi-lieux minoritaires. L'examen des conditions historiques quiontsoutenu cette coutume - connue au temps des Papineau-, etduclimat culturel favorisant sa duree et son expansionmet en evidence la necessite en ethnologie d'un terrain per-manent, qui, en plus d'enrichir la connaissance, participe dl'abolition des prejuges.

    Entu: on trouvera une nouvelle rubrique d la ~n de cecahier, «chronique», ou pourront ~gurer occasionnellementdes nouvelles denotre Societe. Nous dedions lapremiere d laSociete des Dix. Depuis quelque temps, nous avons etablides liens avec cette celebre association de chercheurs: parti-cipation d des lancements, rencontres amicales, echanges depublications. Dans son nutnero de 2001, ie cinquante-cinquieme desa collection inauguree en 1936, la Societe desDix consacrait quelques pages d la presentation de notreSociete et des Cahiers Charlevoix, rendant cette collabora-tion un peu plus palpabie'. Nous sommes heureux, d notretour, desaluer nos homologues et depresenter d nos lecteursla Societe des Dix, d'autant plus que c'est en Ontario, dOttawa precisement, que fut cree en 1884 ie Cercle des Dix,qui devait plus tard inspirer la fondation de cette contrerie,maintenant sexagenaire, et certainement venerable.

    2 Fernand Harvey, «Chroniquede fa recherche. La Societe Charlevoix», dansLes Cahiers des Dix, Quebec, La Societedes Dix; Sainte-Foy, LesEditions LaLiberte, n° 55,2001, pp. [331]-332.

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  • HOMMAGE

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  • ROGER BERNARD

    Extrait de la publication

  • ROGER BERNARD,

    INTELLECTUEL DE L'ONTARIO FRAN~AIS

    Yves Frenette

    Departement d'histoireCollege universitaire Glendon

    Cahiers Charlevoix 5,2002, pp. 13-43

    Extrait de la publication

  • SOMMAIRE

    INTRODUCTION ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 15I - LA GENESE D'UNE PENSEE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 17

    II - DE QUEBECOIS A ONTAROIS 19III - L'IDENTITE BILINGUE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 24IV - EXOGAMIE ET TRANSFERTS LINGUISTIQUES 28V - LE SPECIALISTE DES MIGRATIONS 30

    VI - LE SAVANT ET LE MILITANT ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 35CONCLUSION •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 37L'CEuvRE DE ROGER BERNARD ••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 39

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    Extrait de la publication

  • ROGER BERNARD,

    INTELLECTUEL DE L'ONTARIO FRANC;AIS

    INTRODUCTION

    «Ie poursuivrai inlassablement mon travail intellectueljusqu'a la fin de rnacarriereen retenant l'hypothese que jecontribue peut-etreal'invention lntellectuelle'.» C'est parces mots que Ie sociologue Roger Bernard concluait en1995 une reflexion sur la pratique de la recherche enOntariofrancais. Cinqans plus tard, ildecedaitsubitement,la Grande Faucheuse venant Ie surprendre au momentouil s'appretait acontribueral'invention intellectuelle d'uneautre facon qu'ill'avait fait[usque-Ia. Eneffet, ilvoulait selancer dans une aventure d'ecrlture de nature intimisteenredlgeant un livre fonde sur des carnets de notes noircislors d'un voyage en France au printemps de 19982 • Deja,en 1994, il nous avait confie etre un peu fatigue de creuserles memes ornleres.

    Mais Iedestin en decida autrement et l'Ontario francaisse souviendra de Roger Bernard comme d'un intellectuel

    1 Roger Bernard, «Reflexions d'un chercheur», dans Jacques Cotnam et al.,dir., LaFrancophonie ontarienne. Bilan et perspectives de recherche, Ottawa, LeNordir, 1995, p. 339.2 Robert Yergeau, «Avant-propos», Roger Bernard,A la defense de Montfort,Ottawa, LeNordir, 2000, p. 7.

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    Extrait de la publication

  • YVES FRENETTE

    engage dans l'elaboration d'une these capitale pour lesetudes franco-ontariennes et canadlcnnes-francalses, celIede l'emergenced'une ldentlte bilingueau sein de la societefranco-ontarienne et des autres mlnorites de langue fran-calse dispersecs sur Ic territoire canadien. Oualifiee depessimiste par les uns et de reallstc par les autres, la thesede I'ldentitebilingueet son corollaire, la «secondarisatlon»de la langue francaise, ont fait de Roger Bernard unCassandre dans certains milieux. On l'a accuse d'etre un«determtntste» qut ne regardait que les chlffres. C'est ladeformer une pensee riche, complexe, paradoxale merne.

    Roger Bernard derangeatt, en particulier les militantsqui pensaient avec les «tripes» et qut accusaient leurscompatriotes d'etre tndtfferents envers la langue et la cul-ture francatses. Pour lui, les Franco-Ontariens exhibaientun comportement rationnel, explicablepar l'analyse theo-rique. Celle-ci etalt seule garante d'une action lucide: «Al'etape de la refrancisation, lesgensd'actiondoiventprendrele temps de poser les bonnes questions s'lls esperent trou-ver des reponses satisfaisantes et proposer des strategiesvalables. L'actionefficace passe par une reflexion serieuse'.»En fait, Bernard aimait deranger et il y avait chez lui uncote pamphletalre, commeen font foi ses critiquesal'egardde ses collegues chercheurs, qu'il jugeait pusillanimes:

    Proceder aun bilan critique [..] est probablement une entre-prise perilleuse qut risque de decupler Ie nombre de mes detrac-teurs: ceux-ci n'heslteront pas arelancer l'attaque. Ce sera debonne guerre! Du choc des idees, des ideologies et des clans,surgiront surcment des problernatiquesnouvelles, qui alimente-ront les recherches des jeunes chercheurs. Assez de complai-sance et de courbettes! Redressons-nous! L'heure est aux defis,des defismethodologlques et intellectuels. Fini Ie mlserablllsmede ces pauvres chercheurs des comrnunautes minoritaires, quisont supposement pris entre l'arbre et l'ecorce [.. ]4.

    3 Roger Bernard, De Quebecois d Ontarois. Lacommunaute iranco-ontarietme,Hearst, LeNordir, 1988, pp. 10-11.4 Id., «Reflcxions d'un chercheur», p. 327.

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    Extrait de la publication

  • ROGER BERNARD, INTELLECTUEL DE L'ONTARIO FRAN

  • YVES FRENETTE

    les comportements linguistiques de ses compatriotes duNord et decide d'y consacrer un autre mernolre de mai-trise, qui sera soutenu aI'Ilniversite d'Ottawa en 1978 7•

    Les recherches qu'il effectue alors sont cruciales dansl'elaboration de sa pensee, puisqu'il developpe des ideesqui deviendront la base de ses ecrtts ulterieurs. En effec-tuant des entrevues aHearst,aKapuskasing et aCochrane,Bernard constate que, aI'extericur du foyer, de l'egllse pa-roissiale et de l'ecole elementaire, les Franco-Ontariensmontrentune nette propensionautiliser l'anglais, dans uncontexte ou les mediasde langue anglaise dominent. Toute-fois, en y regardantde plus pres, il se rend compte que lesindividus nes au Quebec emploient lc francais plus souventque ceux nes en Ontario. Surtout, il peut etabllr des corre-lations entre le contexte dernographique et la langued'usage: plus les francophones sont minoritaires, plus ilsutilisent l'anglaisdans leurviequotidienne; l'anglicisationest ainsi plus poussee aCochrane, qui compte 44,5% defrancophones, qu'a Kapuskasing, qui en compte57,7%, etelle est beaucoup moins avancee aHearst, ou les franco-phones representent 80% de la population. Dans les troisvilles, cependant, les Franco-Ontariens lntervlewes parBernard s'entendent sur le fait qu'etre bilingue constitueI'elementessentiel de leur culture.

    Enseignant, chercheur et administrateur, Roger Bernardressenttoutefois un malaise, etant incapable d'assumer sonrole d'intellectuel dans un milieu qui, a l'exterieur desmurs du college, «n'en avait cure?». Bernard sera «gueri»lorsde ses etudes doctoralesal'unlverslteMcGill au debutdes annees 1980. En cotoyant des intellectuels comme

    7 Roger Bernard,LeComportement Imguisiique des Canadiens trancais de troisvilles du nord-est de l'Ontario, Memoire de maitrise (sociologie), Unlverslted'Ottawa, 1978, 179 p.8 Yergeau, op.cit.,p. 8. Le malaise de Bernardn'est pas sans rappeler celuidusociologue quebecois Fernand Dumont. Voir son Recit d'une emigration.Memoires, Montreal, Boreal, 1997, 268 p.

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    Extrait de la publication

  • TABLE

    CAHIERS CHARLEVOIX 5

    AVANT-PROPOS

    Jean-Pierre Pichette 5

    HOMMAGE

    ROGER BERNARD, INTELLECTUEL DE L'ONTARIO FRAN~AIS

    Yves Frenette.............................................................. 13

    ErUDES

    DISPARITES SOCIO-ETHNIQUES ET HIERARCHIES DE LA TERRE EN

    PERSPECTIVES: DU POSTE DE DETROIT AUX CANTONS

    DE MALDEN ET DE SANDWICH, COMTE D'EsSEX (1871)Fernand Ouellet 47

    CREANCE POPULAIRE ET NOSTALGIE DU PASSE: LE DETROIT DES

    LEGENDES, DE MARIE CAROLINE WATSON HAMLIN (1884)Michel Gaulin........................................................... 141

    FOURRURES, COMMERCE ET GUERRE: VERCHERES DE BOUCHERVILLE

    DANS LE HAUT-CANADA (1803-1816)Gaetan Gervais 153

    «DANSER SUR SES BAS». REMANENCE D'UNE SANCTION POPULAIREDANS LE RITUEL DU MARIAGE FRANCO-ONTARIEN

    Jean-Pierre Pichette 229

    CHRONIQUE

    LA SOCIETE DES DIX

    Notes rassernblees par Jean-Pierre Pichette 315

    323

  • Extrait de la publication

    C1TITRECRÉDITSAVANT-PROPOSROGER BERNARD, INTELLECTUEL DE L'ONTARIO FRANÇAISINTRODUCTIONI - LA GENÈSE O'UNE PENSÉE

    TABLE DES MATIÈRESC4