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Extrait de la publication…Introduction à la lecture de Platon La discussion se termine en queue de poisson, par unprécises, aveu d'ignorance.par sa dialectiquePar ses impitoyablequestions

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@ Éditions Callimard, 1962.

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Les deux essais que je réunis dans ce volume nesont pas des études nouvelles. L'un, Introduction àla lecture de Platon, fut publié en 1945 à NewYork en français par Brentano's et en anglais, sousle titre Discovering Plato, par la Columbia Univer-sity Press; quant à l'autre, Entretiens sur Descartes,qui reproduit le texte des trois conférences publiquesdonnées par moi à l' Université du Caire en 1937,l'année du tricentenaire du Discours de la Méthode,

il le fut en 1937 au Caire, en français et en arabe,et en 1944 en français à New York par Brentano's.

AVANT-PROPOS

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Introduction

a la lecture

de Platon

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Le dialogue

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t. LE DIALOGUE

Lire Platon est un grand plaisir. C'est même unegrande joie. Les textes admirables où une perfectionunique de la forme se marie à une profondeur uniquede la pensée ont résisté à l'usure du temps. Ils n'ontpas vieilli. Ils sont toujours vivants. Vivants commeaux jours lointains où ils furent écrits. Les ques-tions indiscrètes et gênantes qu'est-ce que lavertu? le courage? la piété? qu'est-ce que ces termesveulent dire? questions par lesquelles Socrateennuyait et exaspérait ses concitoyens, sont aussiactuelles et, d'ailleurs, aussi embarrassantes etaussi gênantes que jadis.

C'est pour cela, probablement, que le lecteur dePlaton éprouve parfois un certain malaise, un cer-tain embarras. Le même, sans doute, qu'éprou-vaient jadis les contemporains de Socrate.

Aux problèmes posés par Socrate le lecteur vou-drait bién recevoir des réponses. Or, ces réponses,Socrate, le plus souvent, les lui refuse. Les dialogues

du moins les dialogues dits « socratiques )), lesseuls qui nous occuperont ici1 n'aboutissent pas.

1. On appelle f socratiques les dialogues de la jeunesse et de ]amaturité de Platon; dans ces dialogues Socrate joue le rôle central;

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Introduction à la lecture de Platon

La discussion se termine en queue de poisson, parun aveu d'ignorance. Par ses questions insidieuses etprécises, par sa dialectique impitoyable et subtile,Socrate a vite fait de nous démontrer la faiblesse

des arguments de son interlocuteur, l'infondé de sesopinions, l'inanité de ses croyances. mais lorsque,aux abois, celui-ci se retourne contre Socrate et luidemande à son tour « Et toi, Socrate, qu'enpenses-tu? », Socrate se dérobe. Ce n'est pas sonaffaire à lui, nous dit-il, d'émettre des opinions etde formuler des théories. Son rôle à lui, c'est d'exa-miner les autres. Quant à lui-même, il ne sait qu'unechose, à savoir qu'il ne sait rien.

On comprend sans peine que le lecteur ne sesente pas satisfait; qu'il se sente envahi par unvague sentiment de méfiance; qu'il ait l'impression,obscure mais très nette, qu'on se moque de lui.

Les historiens et les critiques de Platon 1, le plussouvent, nous rassurent. La structure générale, ainsique les particularités des dialogues socratiques et,notamment, l'absence de conclusion, s'expliquent,nous dit-on, par le fait même qu'ils sont socratiques,c'est-à-dire par le fait qu'ils reproduisent, plus oumoins fidèlement, l'enseignement même de Socrate,ses entretiens libres et non scolaires dans les rues

et les palestres d'Athènes. Le dialogue socratique,qu'il soit composé par Platon, Xénophon ou Eschinede Sphette, n'a pas pour but de nous inculquer unedoctrine que Socrate, comme tout le monde lesait, et comme, maintes et maintes fois, il nous ledit lui-même, n'a jamais possédée, mais de nous

le problème discuté est le plus souvent un problème moral; générale-ment, ces dialogues « n'aboutissent pas à une conclusion positive.

1. Pour alléger notre texte, nous en avons supprimé les notes éru-dites et les renvois ils sont inutiles pour le grand publie; quant auxspécialistes, ils compléteront d'eux-mêmes. Quant aux traductions destextes de Platon, nous les empruntons aux Éditions Guillaume Budé.

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Le dialogue

présenter une image l'image radieuse du philosopheassassiné; de défendre et de perpétuer sa mémoire;et, par là même, de nous apporter son message.

Ce message, nous dit-on, est, sans doute, un mes-sage philosophique. Et les dialogues comportent unenseignement. Mais -cet enseignement, encore unefois, n'est pas un enseignement doctrinal c'est uneleçon de méthode. Socrate nous enseigne l'usageet la valeur des définitions précises des conceptsemployés dans la discussion, et l'impossibilité d'enarriver à les posséder, sans procéder, préalablement,à une revision critique des notions traditionnelles,des conceptions « vulgaires », reçues et incorporéesdans le langage. Aussi le résultat, apparemmentnégatif, de la discussion est-il d'une valeur extrême.Il est, en effet, très important de savoir que l'on nesait pas; que le sens commun, et la langue com-mune, tout en formant le point de départ de laréflexion philosophique, n'en forment que le pointde départ; et que la discussion dialectique a juste-ment pour but de les dépasser et de les surmonter.

Tout cela est juste, sans doute. Beaucoup plusjuste même qu'on ne l'admet habituellement. Ilnous paraît certain, en effet, que les préoccupationsméthodiques dominent et déterminent toute lastructure des dialogues, restés, pour cela même, desmodèles inégalés de l'enseignement philosophique

1. En un certain sens le dialogue est la forme propre de l'investi-gation philosophique parce que, du moins pour Platon, la pensée elle-même est un « dialogue de !'âme avec elle-même »; parce que, de plus,dans le dialogue, la pensée philosophique, s'affranchissant de toutcontrôle, de toute autorité extérieure, s'affranchit également de seslimitations individuelles en se soumettant au contrôle d'une autre

pensée. Le dialogue « aboutit lorsque les interlocuteurs-investiga-teurs tombent d'accord, c'est-à-dire lorsque Socrate parvient à fairepartager l'évidence de la vérité qu'il possède à son interlocuteur. Ledialogue n'aboutit pas lorsque l'interlocuteur se refuse à l'effort, commedans le Gorgias, ou s'en avère incapable comme dans ]e Mérwn.

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Introduction à la lecture de Platon

que la « catharsis » destructrice à laquelle ils pro-cèdent constitue la condition indispensable de laréflexion personnelle, de cette véritable conversionlibératrice vers elle-même de notre âme, plongéedans l'erreur et l'oubli de soi, à laquelle nous conviele message de Socrate. Il nous paraît évident égale-ment que c'est parce que ce message est un mes-sage de vie et non seulement de doctrine etc'est à cause de cela que, le plus souvent, il nousatteint au milieu des préoccupations journalières dela vie, que l'image, que l'exemple, que l'exis-tence de Socrate occupent une place centrale dansle dialogue.

Pourtant, le malaise subsiste. Car, malgré lesexplications qu'on lui donne, le lecteur moderne

pas plus que le contemporain de Socrate nepeut admettre que ces protestations d'ignorancesoient autre chose que de l'ironie pure et simple.A tort ou à raison il persiste à croire qu'aux ques-tions qu'il pose Socrate devrait et pourraitdonner des réponses positives. Il lui en veut de nepoint le faire. Il estime toujours qu'on se moquede lui.

Nous croyons, pour notre part, que le lecteurmoderne a, à la fois, tort et raison. Il a bien rai-son de croire au caractère ironique de l'ignorancesocratique; il a raison aussi de croire Socrate enpossession d'une doctrine 1; il a raison, enfin, devoir que Socrate se moque; mais il a tort de croirequ'on se moque de lui. Le lecteur moderne a tortd'oublier qu'il est le lecteur du dialogue et non l'in-terlocuteur de Socrate. Car si Socrate se moque

1. Un Socrate purement critique nous parait invraisemblable; l'in-fluence exercée par lui sur un esprit tel que Platon serait, dans ce cas,inexplicable.

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Le dialogue

bien souvent de ses interlocuteurs, Platon ne semoque jamais de ses lecteurs.

Le lecteur moderne (le nôtre) dira probablementqu'il cesse de comprendre. Ma foi, ce n'est pas desa faute les dialogues appartiennent à un genrelittéraire très spécial et depuis fort longtemps nousne savons plus ni les écrire, ni les lire.

La perfection formelle de l'oeuvre platonicienneest un lieu commun. Tout le monde sait que Pla-ton a été non seulement un grand, un très grandphilosophe, mais encore (certains disent même sur-tout), un grand, un très grand écrivain. Tous sescritiques, tous ses historiens nous vantent unanime-ment son incomparable talent littéraire, la richesseet la variété de sa langue, la beauté de ses descrip-tions, la puissance de son génie inventif. Tout lemonde reconnaît que les dialogues de Platon sontd'admirables compositions dramatiques où, devantnous, se heurtent et se confrontent les idées et leshommes qui les portent. Tout le monde, en lisantun dialogue de Platon, sent qu'on pourrait le jouer,le porter sur la scène 1. Pourtant, on en tire rare-ment les conséquences qui s'imposent, et qui noussemblent avoir une importance certaine pour l'in-telligence de l'œuvre de Platon. Essayons donc deles formuler aussi brièvement et aussi simplementque possible.

Les dialogues on vient de le dire sontdes œuvres dramatiques qui pourraient et quidevraient même, être jouées. Or, une œuvre dra-matique ne se joue pas dans l'abstrait, devant desbanquettes vides. Elle présuppose, nécessairement,

1. On l'a fait, d'ailleurs au temps de Cicéron, les intellectuelsromains faisaient jouer les dialogues.

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7~<ro~MC([o~ à la lecture de Platon

un public auquel elle s'adresse. En d'autres termes,le drame ou la comédie impliquent le specta-teur ou, plus exactement, l'auditeur Ce n est pastout ce spectateur-auditeur a, dans l'ensemble dela représentation dramatique, un rôle, et un rôletrès important, à jouer. Le drame n'est pas un« spectacle », et le public qui assiste au drame ne seconduit pas, ou du moins ne doit pas se conduire,en pur « spectateur ». Il doit collaborer avec l'auteur,comprendre ses intentions, tirer les conséquences del'action qui se déroule devant lui; il doit en saisirle sens; il doit s'en pénétrer. Et cette collaborationde l'auditeur, du public, à l'œuvre dramatique estd'autant plus importante et plus grande que l'œuvreest plus parfaite et plus véritablement « drama-tique )). Bien piètre, en effet, serait l'œuvre théâ-trale dans laquelle l'auteur se mettrait, en quelquesorte, lui-même sur la scène, se commenterait ets'expliquerait lui-même 2. Ou, inversement, bienpiètre serait le public pour lequel une telle explica-tion, un tel commentaire autorisé, serait nécessaire.

Mais, encore une fois, le dialogue du moins ledialogue vrai, tels que le sont les dialogues socra-tiques de Platon 3, le dialogue genre littéraire etnon pas simple artifice d'exposition, comme le sontceux de Malebranche ou de Bruno est une œuvre

dramatique 4. D'où il s'ensuit que, dans tout dia-

1. En une certaine mesure son rôle, dans le drame et la comédieantique, est joué par le chœur; mais dans le dialogue, il n'y a pas dechoeur.

2. Aussi est-il ridicule, dans une œuvre dramatique de grandeenvergure, telle par exemple l'œuvre de Shakespeare, de chercherle porte-parole de l'auteur. C'est dans et par l'ensemble de l'oeuvreque s'exprime son auteur.

3. Même chez Platon, lesdialogues» de sa vieillesse ne sont pasde vrais dialogues; e. g. !e Timée, modèle dos pseudo-dialogues médié-vaux entre le magister et le tttMtpuf!

4. Le dialogue moderne, celui de Berkeley et de Malebranche, de

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Le dialogue

logue, il y a à côté des deux personnages patentsles deux interlocuteurs qui discutent un troi-

sième, invisible mais présent et tout aussi impor-tant le lecteur-auditeur. Or, le lecteur-auditeur dePlaton, le public pour lequel son œuvre fut écrite,était un personnage singulièrement averti, averti debeaucoup de choses que nous ignorons, hélas! etsans doute ignorerons toujours; et singulièrementintelligent et pénétrant. Aussi comprenait-il bienmieux que nous ne pouvons le faire les allusionsdisséminées dans les dialogues, et ne se méprenait-ilpas sur la valeur d'éléments qui nous paraissent,à nous, bien souvent accessoires. Ainsi il savaitl'importance des dramatis personae, des acteurs pro-tagonistes de l'oeuvre dialoguée. Il savait aussi, parlui-même, découvrir la solution socratique ouplatonicienne des problèmes que le dialogue,apparemment, laissait non résolus.

Apparemment. car des considérations trèssimples et, en somme, banales, sur la structure etle sens du dialogue, auxquelles nous nous sommeslivrés, il résulte, nous semble-t-il, que tout dialoguecomporte une conclusion. Conclusion non formulée,sans doute, par Socrate; mais que le lecteur-audi-teur a le devoir et est à même de formuler.

Nous craignons que le lecteur moderne ne soitpas entièrement satisfait. Pourquoi, dira-t-il peut-être, toutes ces complications? Si Socrate possèdeune doctrine, doctrine que Platon, de toute évidence,

Bruno ou de Schelling et l'on pourrait allonger la liste n'est juste-ment pas dramatique. Un des interlocuteurs Philonous ou Théophileou Philothée bien désigné par son nom même sert de porte-parole del'auteur. Le dialogue moderne à la seule exception, peut-être, deceux de Galilée (et encore) et de Hume se lit comme n'importe quelautre livre.

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