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Extrait de la publication

Extrait de la publication…la tête sans sourire. — Ton père est réveillé… Je n’ai pas sauté du lit comme je le fais tous les matins de Noël. Dans la voix de ma mère,

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Pierre Szalowski

Le froid modifie La trajectoire des poissons

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Szalowski, Pierre

Le froid modifie la trajectoire des poissons

ISBN 978-2-89647-043-3

I. Titre.

PS8637.Z34F76 2007 C843’.6 C2007-941199-1PS9637.Z34F76 2007

Les Éditions Hurtubise HMH bénéficient du soutien financier des insti-tutions suivantes pour leurs activités d’édition :

• Conseil des Arts du Canada• Gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au

développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ)• Société de développement des entreprises culturelles du Québec

(SODEC)• Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouverne-

ment du Québec

Illustration de la couverture : Polygone StudioMaquette de la couverture : Polygone StudioMaquette intérieure et mise en page : Martel en-tête

Copyright © 2007, Éditions Hurtubise HMH ltée

Éditions Hurtubise HMH ltée Librairie du Québec/DNM1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-LussacMontréal (Québec) H2K 3W6 75005 Paris FRANCE www.librairieduquebec.fr

ISBN 978-2-89647-043-3 (version imprimée)ISBN 978-2-89647-800-2 (version PDF)ISBN 978-2-89723-044-9 (version ePub)

Dépôt légal : 4e trimestre 2007Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives du Canada

www.hurtubisehmh.com

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À Antoni, Tom, Sophie.D’hier, d’aujourd’hui, de toujours.

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Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre.

Marie Curie

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Nulle part et partout à Montréal

Jeudi 25 décembre 1997

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que ça passe vite, noël

— Attends encore ! Ton père dort.Neuf heures dix-neuf au cadran. Je suis allé me

rasseoir sur mon lit. Cela faisait deux heures que je ne dormais plus et que j’attendais dans ma chambre. C’est une tradition familiale. Chaque année, papa ordonne que je n’apparaisse qu’après le passage du père Noël. Pourtant, j’ai onze ans et ça fait cinq ans que je n’y crois plus !

Cinq ans, c’est un secret ; pour mes parents, c’est quatre.

J’avais six ans et demi, quand Alex, mon seul ami, m’avait appris tout sourire la triste nouvelle. Je m’étais senti d’un coup basculer dans un monde où tout s’expliquait. Pour oublier ma déception, à l’école, j’avais fait la même chose qu’Alex. J’ai pris plaisir à convaincre les plus petits que le père Noël n’était qu’une invention des parents. Chez moi, j’essayais par quelques remarques de faire

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com prendre à papa et maman qu’il serait temps d’arrêter de me dire que si je n’étais pas sage, le père Noël ne m’apporterait rien. Mais quand j’ai vu le regard paniqué que ma mère a lancé à mon père, j’ai renoncé. Je ne voulais pas leur faire de peine. Des fois, il faut mentir à ses parents pour leur faire plaisir.

— Il est trop fort, ce père Noël, parce que norma-lement ça ne passe pas dans une cheminée, une voiture électrique d’un mètre de long !

Au mois d’août suivant, dans notre chalet, alors que je pêchais avec mon père, j’ai longuement fixé l’eau.

— Je ne crois plus au père Noël !Il s’est tourné vers moi, j’ai fait pareil. Il m’a

dévisagé un instant avec un petit sourire fataliste, puis il a remis un appât sur ma canne à pêche.

— C’est la vie.Papa ne fait jamais de grandes phrases. Maman

dit que c’est un homme de peu de mots. Il avait lâché ça comme s’il savait que je finirais par le découvrir, mais que ça ne devait pas venir de lui. Il n’a pas cherché à savoir qui me l’avait appris, un réflexe de policier, enfin… d’ancien policier. Il était instructeur pour les recrues de la police. Le médecin, qui en avait vu passer des courageux, lui avait diagnostiqué un léger burnout.

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— Oh là là ! Je ne comprends pas ce qui te stresse à mettre des tickets aux bourgeoises de la rue Laurier ! Et puis, ne te culpabilise pas, c’est leurs maris qui paient !

Maman, elle dit que la pression, c’est intérieur. On est seul à savoir pourquoi on se la met puis-qu’on se la met tout seul. Mon père avait quand même continué à me raconter le soir des histoires de gentils policiers qui arrêtaient de méchants motards. Puis un soir, il y a deux ans, il a arrêté. À la grande détresse de ma mère, chaque année, à la mi-janvier, il envoyait sa lettre pour motiver son refus de retourner patrouiller.

— Je n’ai plus le goût, pis je suis payé pareil !Après la pêche, quand on était revenus au chalet,

il avait chuchoté à l’oreille de ma mère. Elle avait juste pincé ses lèvres. À ses yeux, j’étais encore un enfant, mais juste un peu moins. Pour tant, dans sa classe de primaire, elle en avait vu des élèves passer l’étape de cette cruelle révélation.

— Pourquoi tu pleures, mon petit ?— Mon père, il m’a crié après parce que j’ai brisé

mon cadeau de Noël, et lui, il a pas fini de payer le crédit !

Mais là, devant elle, dans notre chalet, c’était son propre enfant. Quelque chose venait de se terminer pour toujours. Je suis fils unique. Plus jamais, avec

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mon père, elle n’a pu rejouer au père Noël. Ça, je l’ai bien compris, Noël c’est autant le plaisir des parents que celui des enfants.

Neuf heures vingt-neuf. Hier soir, le repas a duré longtemps. On était six autour de la table, moi, mes parents et Julien, le meilleur ami de mon père. Il était accompagné d’Alexandrie et d’Alexandra, ses deux jumelles insupportables. Elles ont crié tout le temps et comme elles ont la même face, j’avais l’impression que c’était toujours la même. Ma mère, ça l’avait énervée encore plus que moi.

— Alexandrie ! Alexandra !Puis là, elles s’étaient prises par le bras et avaient

chanté en dansant.— Les sirènes du port d’Alexandriechantent encore la même mélodie… wow wow… — Julien, tu n’aurais pas pu les appeler autre-

ment les sœurs jumelles ?— Mouais, mais il aurait fallu que je rencontre

leur mère ailleurs que dans une soirée Claude François… Pis, il faut que je te dise autre chose…

Chaque année, Julien nous expliquait qu’il ne fallait pas dire « sœurs jumelles », mais « jumelles », car une jumelle est obligatoirement la sœur d’une autre sœur, c’est l’effet miroir.

— Dis ? C’est laquelle, la plus belle des deux ?

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J’arrivais jamais à savoir laquelle des deux pestes me posait la question. Normal, elles sont jumelles « exactes », donc parfaitement identiques, l’une ou l’autre, c’est du pareil au même. La seule bonne nouvelle, c’est que Julien est divorcé.

— Je n’ai jamais trompé ma femme, je me suis juste trompé de femme !

Ainsi, Alexandrie et Alexandra ne chantaient la même mélodie qu’une année sur deux. Je n’ai jamais compris pourquoi ils ne s’étaient pas partagé les jumelles avec son ex-femme. Comme ils ont deux fois la même, ils auraient pu en prendre cha-cun une. Mais il paraît que les jumeaux ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre. C’est comme les parents, enfin les miens.

Je ne devrais pas le savoir, mais les jumelles auraient pu être mes sœurs. Julien était le fiancé de ma mère quand ils étaient tous les deux étudiants en éducation. Puis il a fait la bêtise de lui présenter mon père au sommet de sa forme, uniforme mou-lant les abdos, épaules plus larges que le ventre. Il venait d’entrer dans la police. Un coup de foudre, elle a dit. Papa a dit pareil. Julien, lui, il a tenté de joindre l’utile au désagréable.

— Salut Anne, Salut Martin… Je ne vais pas vous déranger plus longtemps… Ne bougez pas, j’éteins la lumière !

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Quand les jumelles se sont finalement effon-drées sur le divan du salon, ma mère est venue m’embrasser.

— Il est l’heure de se coucher…— Mais maman, c’est Noël…— Plus vite tu te couches, plus vite tu auras tes

cadeaux demain !En marchant vers ma chambre, j’ai vu mon père

et Julien ouvrir une autre bouteille. Ma mère n’était plus là. Ils avaient l’air sérieux puisque, lorsque je suis passé en les saluant de la main, aucun n’a souri. Ils avaient même l’air triste en me regardant. Ils ont dû boire une autre bouteille après puisque, lorsque je me suis réveillé dans la nuit pour aller faire pipi, ils chuchotaient toujours dans le salon.

— Les femmes tombent en amour parce qu’elles te trouvent différent. Ensuite, elles font tout pour que tu deviennes pareil…

Neuf heures trente-neuf. Toc ! Toc ! Toc ! Ma mère a ouvert la porte de ma chambre. Elle a passé la tête sans sourire.

— Ton père est réveillé…Je n’ai pas sauté du lit comme je le fais tous les

matins de Noël. Dans la voix de ma mère, il y avait de la tristesse. Sur le moment, je n’ai pas remarqué

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qu’elle avait dit « ton père » au lieu de « papa ». C’est juste sa tristesse qui m’a frappé.

En sortant de ma chambre, j’ai vu dans la cui-sine que mon père et Julien n’avaient pas bu une bouteille de plus, mais deux. Dans le salon, papa m’attendait, affalé dans son fauteuil face à la télévi-sion qui n’était pas allumée, le grand break du matin de Noël. Il m’a difficilement souri en se frot-tant la tête. Je me suis demandé s’il n’y avait pas d’autres bouteilles vides cachées sur le balcon.

Noël, c’est une fois par an, mais on n’oublie jamais nos petites habitudes. Ça m’a étonné que mes parents ne soient pas ensemble. Ma mère n’était pas assise sur l’accoudoir du fauteuil réservé à mon père, mais sur le divan plus loin. Ils faisaient deux.

On a beau avoir onze ans, c’est toujours le plus gros cadeau qu’on ouvre en premier sous le sapin. J’ai tout de suite compris que c’était une idée de maman, cette boîte de chimie. Elle m’a toujours acheté des jouets éducatifs. Pour elle, un cadeau, ça doit être utile. J’ai un an d’avance à l’école puis-qu’elle m’a appris à lire à l’âge de quatre ans. J’étais la vedette de la garderie. Aujourd’hui, je suis le bollé qui fait une tête de moins que les autres.

Il me restait à ouvrir trois cadeaux de taille presque identique. Dans ce cas-là, c’est toujours le

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Jeudi 25 décembre 1997 1 1

Que ça passe vite, Noël 13

Dimanche 4 janvier 1998 23

C’est des enfants ! 25Le froid modifie la trajectoire des poissons 33À ce moment-là, j’ai compris 39Ils s’aiment 47Et j’ai prié pour qu’il m’aide 5 1Bébé… Je t’ai, toi, bébé… 57

Lundi 5 janvier 1998 63

Ça se peut pas, des affaires de même 65La nature humaine se révèle dans la merde 77Je n’ai rien trouvé de mieux à faire 81Dans la vie, c’est chacun pour soi 85Où le ciel voulait-il en venir ? 97C’est un miracle ! 105

table des matières

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Mardi 6 janvier 1998 121

Ça se peut pour vrai, des affaires de même ? 123C’est beau, un homme qui revient 129Là, ils seront bien ! 139Arrête, tu me fais trop mal ! 153

Mercredi 7 janvier 1998 159

Business is business 161Je n’étais plus rien 171Personne ne comprend tout 177Je n’ai pas voulu attendre 183Il allait savoir 189Tu peux m’arranger ça ? 197

Jeudi 8 janvier 1998 209

La vie, des fois, c’est comme au cinéma 2 1 1Je suis un Québécois solidaire ! 225C’est grâce à la faute de la nature ! 239

Vendredi 9 janvier 1998 249

Je n’ai pas remis de bûche dans le feu 251Qu’y a-t-il de plus beau que l’amour ? 255Tout est bien qui finit bien 265

Neuf ans plus tard 277