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Extrait de la publication… · Oh! coquine impubère, ... jaquette un crochet pour suspendre son chapeau, à la promenade. Son pantalon un peu court ce qui est rare chez les vieillards,

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LES JOURS DÉSESPÉRÉS LES SOLDATS

LES VOISINS

MALICE

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ŒUVRES DE PIERRE MAC ORLAN

LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN.LA CAVALIÈRE ELSA.

LA VÉNUS INTERNATIONALE.

SIMONE DE MONTMARTRE.

LES JEUX DU DEMI-JOUR.

A BORD DE L' « ÉTOILE MATUTINE A.LE CHANT DE L'ÉQUIPAGE.LE QUAI DES BRUMES.VILLES.

LE PRINTEMPS.GERMAINE KRULL.

LA BANDERA.

RUES SECRÈTES.

QUARTIER RÉSERVÉ.LE CAMP Domineau.

MASQUES SUR MESURE.LE BAL DU PONT DU NORD, suivi de ENTRE DEUX JOURS.FILLES, PORTS D'EUROPE ET PÈRE BARBANçON.SOUS LA LUMIÈRE FROIDE.

LA CLIQUE DU CAFÉ BREBIS, suivi du PETIT MANUEL DU PAR-FAIT AVENTURIER.

LES DÉS PIPÉs ou LES AVENTURES DE Miss FANNY HILL.CHANSONS POUR ACCORDÉON.

DINAR MIAMI.

LA LANTERNE SOURDE.

POÉSIES DOCUMENTAIRES COMPLÈTES.LE MÉMORIAL DU PETIT JOUR.LA TRADITION DE MINUIT.

MALICE, LES JOURS DÉSESPÉRÉS, LES SOLDATS, LES VOISINS.

Chez d'autres éditeurs

L'ANCRE DE MISÉRICORDE (Émile-Paul).PICARDIE (Émile-Paul).MARGUERITE DE LA NUIT (B. Grasset), épuisé.

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PIERRE MAC ORLAN

de l'Académie Goncourt

MALICELES JOURS DÉSESPÉRÉS

LES SOLDATS LES VOISINS

ruf

GALLIMARD

5, rue Sébastien-Boltln, Paris VII'

4" édition

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Il a été tiré de cette édition trente-cinq exemplaires survélin pur fil Lafuma-Navarre, dont trente numérotésde 1 à 30 et cinq, hors commerce, marqués de A à E.

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris la Russie.

@ 1956 Librairie Gallimard.

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à ANDRÉ SALMON

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I

A la pension Kreutzer, dans la ruelle des Cordiers,Loulou « la Bayerine », comme disaient les soldats,prend ses repas. Elle possède aussi une chambretapissée de papier rose. Des nœuds de ruban décorentles glaces, les portraits, tout ce qui se pend au murde cette chambre. En couvrant le toit de la pen-sion Kreutzer d'une infinité de petits coquillages,on ferait de l'intérieur de cette chambre Une boîte

à ouvrage, article « souvenir » de la classe desgalets peints de Trouville et des ronds de servietteen bois du Taunus. A la pension Kreutzer, habitentencore Marpha Pavliwzka la Polonaise, un jeunehomme, une danseuseamaigrie par la cocaïne etdes mariniers de passage qui viennent de Düsseldorfet souvent d'Amsterdam.

Ces hommes habillés d'un complet bleu foncéportent le chandail bleu foncé avec une ancre àjour sur la poitrine ils comparent leurs visages etleurs mains cuits à point avec la blancheur desnappes de la table commune de la pension Kreutzer.

Ce n'est pas pour rien que l'on paie trois centsmarks par jour dans cet établissement d'où le Rhinn'est pas visible et dont aucun-portier galonné neprotège le seuil.

Le propriétaire de la pension Kreutzer s'appelleFéli, c'est un Autrichien. Sa femme Frau Hélènes'occupe de tout; trois femmes de chambre en basde soie végétale et robes courtes assurent le service.

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L'une d'elles joué du piano et sert dans la Weinstubeattenant à la salle à manger.

Cette Weinstube possède un mobilier en osierdes fauteuils et des tables. Deux grands tableauxpeints dans la manière romantique et qui repré-sentent le Rhin à Boppard et la Tour des Sourisdevant Bingen, ornent le papier lie-de-vin à ramagesverts et noirs couvrant les murs. Un phonographejoue Puppchen, les Marches de Souza et Quand ilpartit aux colonies, avec la voix de Mayol. Danscette Weinstube fréquentent les personnages essen-tiels de ce petit drame Loulou-la-Bayerine, Minaou le Backfisch1 travaillant chez Caroline, la

modiste de la Ludvigstrasse, l'homme élégant venude France, un noir des tirailleurs marocains, M. Bilsede l'ancienne marine impériale et le peintre Maxqui reproduisit à trois cents exemplaires dix eaux-fortes représentant les attitudes les plus intimes desa maîtresse Jo, pour le plaisir des amateurs.

Un soir que Loulou-la-Bayerine chantait aupiano, un vieillard rigoleur et obséquieux pénétradans cette Weinstube et demanda un verre de

Rüdesheimer. Ce fut Lotte, la fraulein, qui le luiservit. Plus tard, elle dit en se frappant la poitrineque le fait, pourtant bien simple, d'avoir servi duvin à ce vieux monsieur sordide lui avait porté uncoup au coeur.

Elle affirmait encore qu'elle en rêverait toute lanuit et Loulou-la-Bayerine lui répondit « Lave tesmains, sotte! »

D'autres dirent encore en parlant à Lotte« C'était toi qui devais servir aux vaches leur caféau lait. Et quand ta mère te faisait nettoyer lasoue à votre cochon, c'est qu'elle pensait faire detoi une vraie fraulein. »

1. Nom familièrement donné aux jeunes filles de quatorze àquinze ans.

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Et Loulou-la-Munichoise dit encore « Ce vieux,je l'ai vu déjà. Il possède une galerie de tableauxà Düsseldorf et'un château à côté de Saint-Goar.

Ce que tu dis, avait répondu M. Féli, seraitpossible si je ne connaissais pas cet homme. Il n'estpas riche et tient une petite librairie religieuse àcôté du Holzturm. »

Et Mina, la gamine, s'était mêlée à la conversa-tion « Un jour j'ai vu ce vieux chez Caroline; ilacheta un chapeau de femme en peau blanche, unchapeau de trois mille marks.

Oh! coquine impubère, avait beuglé M. Féli,qui es-tu pour contredire un homme de mon âge? »

Mais personne, quelques mois plus tard, en 1922,ne se rappelait la figure de ce vieillard qui avait buun peu de vin et rendu Lotte pâle d'épouvante,provisoirement.

Le jeune homme venu de Paris s'appelait JeanSaint-Gréby. C'était un garçon d'une trentained'années, habillé avec soin et portant sur desépaules d'athlète un visage comme aplati, totale-ment dépourvu de poils. Le menton à peine indi-qué par une petite bosse au-dessus de la pommed'Adam faisait ressembler sa figure pâle à un siffletdistingué. Malgré cette association d'images, JeanSaint-Gréby n'était point antipathique. Il usait dequelques gestes agréables, s'habillait avec soin, etdonnait volontiers aux femmes des conseils sur leur

toilette. Là s'arrêtait apparemment sa générosité.Il était arrivé un soir de juin à Mayence. La cha-

leur suffocante rendait plus mous les tirailleurs quitraînaient leurs pieds au bord du Rhin. Des fillesen blanc, raides et sanglées dans leur jupe commedes volants sans raquettes, promenaient des Dach-

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shund goguenards et capricieux ou des petits chiensbergers. Le marchand de journaux annonçait sestitres avec des paroles qui semblaient explosivesdans l'air nocturne, si lourd que les épaules despromeneuses et des promeneurs fléchissaient sous lepoids d'une nuit trop chargée d'accessoires lumineux.

Le bourdonnement des paroles françaises des sol-dats qui rentraient dans leurs casernes dominait lerire des fillettes assemblées et jacassantes au coindes rues, fréquemment effarouchées par le timbreavertisseur des tramwaysjaunes qui frôlaient lestrottoirs.

Jean Saint-Gréby, ayant mis sa valise et ses mallesà la consigne, monta dans une calèche d'une formeancienne et se fit conduire au bord du Rhin, cher-

chant une chambre, d'hôtel en hôtel. Il parlait lalangue allemande correctement. N'ayant pas trouvéle logement qu'il désirait au bord du fleuve, ilabandonna sa voiture et pénétra au hasard dansun restaurant encore ouvert.

Des familles entouraient les tables et des femmes

blondes aux lèvres pâles buvaient du vin dans desverres à tige vert d'eau ou mangeaient des glaces enbaissant les yeux.

Le voyageur s'assit à une table vide, consulta lacarte, commanda les hors-d'œuvre et se frotta les

mains machinalement. Devant lui, par la porteentrouverte, il apercevait une autre petite salle auxbanquettes garnies de velours rouge. Un officier,français brun à la figure joviale soupait en tête àtête avec une grande fille brune et silencieuse.

Ah Fritz, disait l'officier au garçon, Fritz, tun'es pas gentil, tu me laisses tomber!

Le garçon, la bouche fendue jusqu'aux oreilles,étincelait de plaisir.

On ne fait plus attention aux vieux clients,Fritz, donne de la barbaque à Madame.

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Jean Saint-Gréby souriait, le garçon souriait et lafille qui ne comprenait pas souriait d'un sourirecomplice. Elle se leva, s'ajusta devant la glace,ondula des hanches et sortit.

Ne reste pas longtemps, dit le capitaine.La fille se dirigea vers la toilette et en passant

elle prit la main du petit bossu qui servait de chas-seur. Elle la caressa furtivement en fixant l'infirme

d'un regard humide de chienne. Saint-Gréby haussales épaules. Il prit la carte, leva la main « Ober. »Le garçon s'empressa.

Pourriez-vous m'indiquer une chambre àlouer?

Le garçon réfléchit, se frappa le front et dit«.Un moment. » Il disparut et revint tout aussitôt

avec un marchand de journaux qui vendait le Sim-plicissimus, des vieux numéros d'Éros, des cartesgalantes, des adresses de filles et de pédérastes pro-fessionnels.

Je viendrai vous prendre dans une heure, ditcet homme, et je vous présenterai à M. Féli, de lapension Kreutzer. C'est une bonne maison. Vous yvivrez tranquille tant qu'il vous plaira de rester àMayence.

Le lendemain matin, Jean Saint-Gréby s'éveilladans la chambre 7 de la pension Kreutzer. Unrayon de soleil pénétrait jusqu'à son lit comme unerègle d'or par une ouverture des volets. Saint-Gréby

se leva, ouvrit la fenêtre et les volets, mais la rueétroite endigua le flot de lumière qu'il attendait.Il se pencha à droite et à gauche. Au rez-de-chausséede toutes les vieilles maisons, des cordiers et desvanniers tenaient boutique. A gauche et dans leciel, en pleine lumière, la cathédrale rose cuisait

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dans le soleil. Des enfants pieds nus couraient surles pavés brûlants, l'apprenti boucher passait sur sabicyclette, et d'une porte voisine une voix defemme criait « Lêné. Lêné! » L'appel se terminaitsur la dernière syllabe traînée en voix de tête aiguë.Saint-Gréby, le visage congestionné par la barred'appui qui lui pressait la poitrine, regardait lespavés pointus ruisselants sous les seaux d'eau desservantes qui lavaient les boutiques.

Dans la chambre voisine une femme chantait.

Saint-Gréby tendit l'oreille, inspecta sa chambrepropre et morne et aperçut une porte condamnéequi, derrière la table de toilette, communiquait avecla chambre de la chanteuse.

Le trou de la serrure inutile était bouché avec

du papier. Saint-Gréby retira le papier et regardapar l'ouverture. Il vit Marpha-la-Polonaise qui, nue,n'ayant que ses bas blancs et ses bottines blanches,recousait des boutons à un soutien-gorge. C'étaitune belle fille, brune et souple, avec des seins degarçon et des hanches de nourrice. Saint-Gréby putla contempler à son aise dans des attitudes quirévélèrent la femme minutieusement. Puis il remit

le bouchon de papier à sa place et demeura immo-bile au milieu de sa chambre. Il se passait la paumede la main droite circulairement sur le crâne et ne

pensait à rien.Jean Saint-Gréby poussa alors un long soupir et

s'approcha de la table de toilette pour se préparerà se raser. Tendant d'une main la peau de ses jouescomme une étoffe dont on veut effacer les plis, ilpromenait le rasoir en grimaçant devant la glaceovale. Il achevait sa barbe quand un coup discretfrappé à sa porte le fit sursauter. Comme il criait« Herein! », il commit la maladresse de se couperlégèrement le bout de l'index de la main gauche.

Bon Dieu de bon Dieu de vacherie!

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Saint-Gréby jeta le rasoir et, se pressant le boutdu doigt, il se dirigea vers la porte qui s'ouvrit toutdoucement. Un vieux monsieur se glissa dans lapièce et salua timidement.

Est-ce ici, Monsieur, la chambre de Mlle Mar-

pha ?Non, Monsieur.

Ah bien! alors. excusez. excusez.

C'était un très vieil homme, coiffé d'un chapeaumelon et vêtu d'une jaquette noire dont les panstouchaient ses talons. Il portait au revers de sajaquette un crochet pour suspendre son chapeau,à la promenade. Son pantalon un peu court cequi est rare chez les vieillards, dont les pantalonstirebouchonnent toujours sur les chaussures dé-couvrait des bottines arrondies du bout et ferréesà la manière des sabots d'âne.

Saint-Gréby pressant toujours son doigt d'où lesang coulait faiblement examina la tête de l'intrus.Il lui sembla qu'il avait déjà vu le visage de cethomme qui lui apparaissait plutôt en souvenir litté-raire qu'en vieil ami de sa famille. C'était la têteclassique du vieil usurier cheveux blancs un peulongs, nez recourbé et mince; quelques poils folletsallongeaient le menton comme les radicelles d'unebetterave. En fait, ce vieil homme ressemblait à un

navet mal nettoyé; il sentait une fade odeur deterre fraîche et sa servilité donnait l'impressiond'une arme dangereuse.

Ce n'est pas ici, répéta Saint-Gréby.Alors' c'est à côté. mais vous saignez, mon-

sieur l'Étudiant, vous saignez un peu. On peut sai-gner davantage. par exemple autant qu'un cochon,mais il faut pour cela de grandes circonstances etun appareil militaire perfectionné. des lois. aussi.Vous n'allez rien mettre sur cette coupure?. unecoupure de rasoir? Voyez-vous. Montrez-moi ce mal.

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sanglant, sanguinolent devrais-je dire, autant desang au bout de votre doigt dont la perte équivautà la mort d'un mulot.

Il fit quelques pas, prit délicatement le doigt deSaint-Gréby, le porta à ses lèvres et le suça douce-ment en roulant des yeux de velours.

Suffoqué, le Français se dégagea et recula aumilieu de la chambre.

Mais déjà le vieux, secoué d'épouvante, la têterentrée dans les épaules, les mains protégeant sesfesses, se sauvait en trottinant. Il dégringola l'esca-lier en poussant de faibles cris « Holà Hola!Holala! »

II

Jean Saint-Gréby venait du village de Seine-et-Marne où il vivait en célibataire champêtre, aprèsavoir terminé une vague carrière littéraire à Paris.Il avait écrit sans goût deux ou trois romans gais.Puis, la source de l'inspiration tarie, il s'était disci-pliné au point de vivre dans le cadre assez étroitde ses petites rentes. C'était un homme sage, peuenclin à se laisser dominer par ses nombreuses lec-tures. Les femmes n'embarrassaient point sa vie. Iln'en connaissait qu'une, nommée Simone, qui habi-tait Coulommiers. C'était une dactylographe de pro-vince, qui travaillait à domicile pour des avocats etdes ingénieurs habitant la région. Saint-Gréby l'ai-dait d'un peu d'argent, lui faisait parvenir deslégumes de sa terre, et quand l'année avait étébonne, une pièce de cidre. Du gibier également, carSaint-Gréby chassait sans passion.

Cet homme habitait le village de Châteauneuf-en-Forêt, dans la maison de son père, ancien mairede Châteauneuf, et qui, pesant cent vingt kilogs,avait été nommé « le bel homme » par ses admi-

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