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  • Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traductionréservés pour tous les pays, y compris l'U.R.S.S.

    © Éditions Gallimard, igji.

  • Antoine Walteau, La Partie Quarrée (Collection Cailleux, Paris).

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    Paternité littéraire et métier de romancier.

    Un lien concret relie les chapitres de ce livre celuid'une même paternité littéraire. Il est question des romansécrits par un homme dont nous connaissons un peu plusque l'état civil. Alain-René Lesage naquit à Sarzeau enBasse-Bretagne, vécut à Paris cinquante années de vieprofessionnelle et mourut en 1747 à Boulogne-sur-Mer.Avec Crispin rival de son maître (1707) et Turcaret (1709),il donna aux comédiens-français deux des meilleurescomédies régulières de la fin du règne de Louis XIV;puis, pendant plus de vingt ans, en collaboration avecFuzelier surtout, il écrivit pour le théâtre de la Foire deslivrets en prose et en vers, mêlant dialogues, airs chantés,danses et pantomimes. Cet| apport aux arts du spectaclesera ici négligé malgré son importance dans la vie de l'auteuret son intérêt propre. Pareille exclusion accuse le carac-tère abstrait d'une étude sur les romans de Lesage. Certes,dans le cas d'un écrivain partagé entre deux genres aussidifférents, l'approche traditionnelle des historiens de lalittérature reliant l'œuvre à l'homme n'a jamais été suivieles deux thèses consacrées à Lesage au siècle dernier l'ontété l'une au théâtre de la Foire, l'autre aux romans 1.Si Lesage n'avait écrit que des comédies régulières, onles eût annexées à la pure littérature; mais on ne sauraitparler comme de livres des livrets de spectacles forains.On s'est plu à reconnaître l'influence de l'écriture théâtrale

    i. Barberet (V.), Lesage et le théâtre de la Foire, Nancy, Impr. Sor-douillet, 1887. In-8°, 266 p. Claretie (L.), Lesage romancier, d'après denouveaux documents, Paris, A. Colin, i8go. In-8°, vn-447 p.

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  • Lesage ou le métier de romancier

    sur la manière du romancier en alléguant ses comédiesrégulières, les moins originales, considérées comme spec-tacle dans un fauteuil, mais non ses livrets, qui furentpourtant rédigés de 1712à1736, dans la période où ilcomposa son chef-d'œuvre, l'Histoire de Gil Blas deSantillane (1715-1735). A la vérité, nous ne pourrions querépéter les lieux communs de l'Ancien Régime sur tragédieet comédie, sentiment et raison, noblesse et tiers étatl'inégal développement des traditions et l'attitude biendifférente du public et du pouvoir devant ces formesd'expression séparaient alors plus qu'aujourd'hui lesmétiers d'homme de théâtre et de romancier. Nous connais-

    sons trop peu de la civilisation du xvme siècle pour joindreen esprit les deux activités d'un même homme.

    La suite de ses ouvrages romanesques ne nous est pasdavantage donnée comme un tout réel ou conceptuali-sable. Elle porte la marque des changements de goût,des fluctuations politiques et sociales, du marché, de lademande, du hasard qui permit à l'écrivain d'exercer deschoix personnels. En 1715, il refusait de rédiger les Mémoiresd'une certaine Marie Petit, dont les aventures au Moyen-Orient défrayèrent la chronique mondaine; en 1731, ilacceptait de reprendre les Mémoires du flibustier RobertChevalier, dit Beauchêne. Ces choix de l'homme à traversdes sujets expriment-ils la continuité sous-jacente duromancier? Si le romancier se manifeste indirectement

    dans son activité d'écrivain, il produit surtout des textes,lesquels sont diversement originaux et aliénés selon lamatière à ouvrer et les circonstances. Malgré une prédi-lection pour les sources espagnoles (prédilection partagéepar de nombreux écrivains jusque vers 1725 et qu'expli-quent la prééminence littéraire et l'actualité politique del'Espagne), Lesage a remanié un recueil turc de contespersans et les mémoires d'un flibustier canadien, il a tra-duit une épopée chevaleresque de la Renaissance, leRoland l'Amoureux de l'Italien Boiardo. La variété de cette

    production, comparable à celle de son contemporainDaniel Defoe, s'explique par une impersonnalité qu'onne songeait pas alors à déguiser. Il s'agit d'une littératurede littérature, non dans le sens d'une littérature savanteet volontairement écrite à distance comme notre drama-

    turgie classique, mais d'une littérature utilisant des thèmes,des situations, des exemples, des maximes déjà littérai-rement élaborés. Peu à peu, au xixe siècle, mais toujoursincomplètement, la littérature d'imagination en prose

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    prit l'apparence d'une totalité vécue. Chaque livre deLesage conserve au contraire un statut particulier sonRoland l'Amoureux (1717), son Guzman d'Alfarache (1732)sont en fin de compte des traductions (infidèles), tandisque ses Nouvelles aventures de Don Quichotte (1704) pourpartie et son Diable boiteux (1707) sont des ouvrages ori-ginaux. La production littéraire de l'âge classiquedepuis la Renaissance jusqu'à la Révolution est fondéesur l'imitation, c'est-à-dire la réécriture à l'imitationrespectueuse des Anciens ou des quasi-Anciens (parl'éloignement) dans les genres traditionnels, succèdel'imitation désinvolte des Modernes dans un genre « nou-veau » et décrié, le roman. Aussi, l'image biologique dela paternité littéraire reflète assez bien la parenté stylis-tique et idéologique des romans de Lesage un air de familleunit Gil Blas et Estévanille Gonzalez, l'un, chef-d'œuvrede la littérature universelle, et l'autre, hélas!

    Chaque roman n'existe à son tour que de manière pré-caire, comme suite de phrases et de paragraphes. Poursaisir l'unité supérieure du sens, le lecteur doit recomposeret interpréter, en passant du texte au contexte et au frag-ment de texte, élucidant les allusions et sous-entendus(toujours incomplètement, par sa faute et par celle del'auteur), acceptant enfin ou refusant les suggestions.D'ailleurs, l'idée d'un rapport réciproque entre clôture etperfection de l'oeuvre était étrangère au siècle du théâtreet des jeux de hasard. Il suffit d'oublier que Gil Blas futpublié en quatre tomes, dont les deux premiers parurenten 1715, le troisième en 1724 et le quatrième en 1735, pourse mettre hors d'état d'apprécier au mieux l'ensemble dutexte. Le discours critique trouve sa justification et sanécessité dans la précarité de textes qu'on ne peut liresans reconstruire l'unité des parties et la configuration dutout. Ce discours second dépend des textes qui le suscitentet il s'en libère également, puisque le sens des textes estaléatoire dans la langue et dans le temps.

    Reconstruire l'oeuvre romanesque de Lesage, c'estd'abord la restituer au public en éditant les parties vivantes,en signalant les parties mortes, et, ce qui peut paraîtresurprenant, en défouissant des ouvrages oubliés. CarLesage est mal connu Le Diable boiteux est resté confonduavec la révision malencontreuse de 1726, les Mille et UnJours de 1710-1712 ont cessé d'être lus depuis l'époqueoù Mardrus publia sa version « fin de siècle » des Mille etUne Nuits. Il suffit de lire aujourd'hui ces Mille et Un Jours

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    pour en sentir le mérite intrinsèque et la portée historique.Leur attribution pose toutefois un difficile problème,malgré l'unanimité de la tradition des xvme et xixe sièclesquant à la part relative du traducteur, Pétis de la Croix,et de l'adaptateur, Lesage. La paternité littéraire exige,pour être juridiquement prouvée, le recours à des analyseslinguistiques et statistiques qui, vu l'état de nos connais-sances, seront ici à peine ébauchées assez, peut-être,pour faire apercevoir comment les deux paternités, litté-rale et spirituelle, renvoient à une même réalité, appré-hendée ici au niveau du signifiant, là au niveau du signifié.

    Cette tentative de restitution projette un nouvel éclai-rage sur les œuvres de la maturité et laisse dans l'ombreles œuvres de la vieillesse, Estévanille Gonzalez (1734-1741)et Le Bachelier de Salamanque (1736- 1738). Il en résulteque Lesage apparaît moins comme un précurseur (motqui n'a de sens qu'anachronique) du roman réaliste bour-geois du xixe siècle et plus comme un écrivain du derniersiècle de l'Ancien Régime, vivant la contradiction histo-rique des deux idéologies dominantes, celles de la noblesseet de la bourgeoisie, et la vivant singulièrement dans sacondition d'homme de lettres. L'appartenance temporaireobjective de l'oeuvre au mouvement philosophique en tantque prise de conscience de la contradiction éclate dans lesécrits de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence,et non, plus tardivement, dans la prétendue utopie amérin-dienne du livre IV de Beauchêne (1731), compilationhâtive et fragile. La configuration d'ensemble que dessinel'oeuvre aujourd'hui relue coïncide en gros avec la diffusiondes textes durant le xvme siècle. Les éditions originalesde Beauchêne, d'Estévanille, du Bachelier, de La Valisetrouvée (1740) et du Mélange amusant (1743) occupent àpeu près le même espace sur un rayon de bibliothèque quecelles du Diable boiteux de 1707, des Mille et Un Jourset de Gil Blas on dénombre avant 1800 trois éditions

    séparées &' Estévanille contre soixante-quinze de Gil Blas.(Il faut réserver le cas du Diable boiteux, dont la deuxièmeversion dépare la première qu'elle reproduit presqueentièrement.) Ni la fortune passée, ni le retour critique nerépondent à l'appréciation rétrospective et à l'espoir del'auteur, qui révisa dans sa vieillesse le Gil Blas et LeBachelier de Salamanque et dont les révisions textuellesne convainquent pas. L'auteur avait le droit de les faire,le lecteur a celui de les rejeter.

    Pourtant, l'identité professionnelle de l'écrivain conserve

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    un pouvoir herméneutique singulier pour le critique lesintuitions et les aveuglements d'auteur aident à révélerles structures imaginaires et les médiatisations historiquesqui pérennisent les grandes œuvres. La signification deGil Blas est éclairée par l'évolution de Lesage sur la ques-tion des Anciens et des Modernes, sur les rapports entremaître et serviteur, sur la situation de l'écrivain.

    Partisan des Modernes au début de sa carrière, il rejoi-gnit ensuite les rangs des Anciens (et non des cuistres).Son style avait vieilli peu s'en fallait, dès 1780, selonl'abbé d'Artigny, « qu'on ne traitât de français gothique lamanière d'écrire des Bougeant, des Lesage, des d'Olivetx ».L'abandon des positions modernes avait d'abord marquéun approfondissement de la pensée. C'est assez précisé-ment vers 1725, entre le troisième tome de Gil Blas et larévision du Diable boiteux, que son évolution devient lesigne du conformisme culturel les références latines sontmultipliées comme autant de preuves de respectabilitéintellectuelle et sociale, de bonne bourgeoisie, et le vieuxpédant Salzedo est, dans le second tome d'Estévanille, leparfait serviteur de la monarchie.

    Le thème des rapports entre valet et maître occupe uneposition centrale dans l'œuvre dramatique et romanesquede Lesage. Comme chez Marivaux, Diderot, Rousseau,Beaumarchais, il traduit le statu quo d'avant la Révolution.Bien entendu, dans le cadre d'une société paternaliste,le caractère inéluctable des rapports personnels n'est pasmis en question, mais seulement l'irréversibilité des rôles.L'évolution du thème chez Lesage présente trois étapessuccessives le valet remplacera le maître, le valet et lemaître ne font qu'un, le héros a un maître et un valet.On voit que la première et la troisième étape sont complé-mentaires ce qui était menace de renversement s'esttransformé en insertion harmonieuse dans l'ordre établi

    formulations également banales et inoffensives. L'étapedu valet-maître est la grande découverte de Lesage, sacontribution à l'histoire du roman et de la pensée duxvine siècle. Un Lesage vécut sans doute sur le modemythique obsessionnel de l'enfant-voyeur le personnagedu trompeur-trompé, comme Rousseau d'autre façon.Assigner cette lecture cohérente de son œuvre à un arché-type jungien ou à une motivation créatrice inconsciente

    i. Artigny (d'), Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de litté-rature, Paris, Debure, 1749-1756. In-i2,7 vol., t. III (1750), p. 41.

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    comme Charles Mauron, c'est réduire à un schéma causalunique les multiples cheminements de l'écriture. Enreconnaître du moins la validité textuelle, c'est fairesérieusement le métier de lecteur.

    Le personnage du valet-maître est l'avatar du hérospicaresque dans la France de la Régence. Gil sert en effetde nombreux maîtres dans sa jeunesse, comme les mozosde muchos amos des romans espagnols mais il n'a rien dugueux, du bouffon, de l'espiègle. L'incertaine lignéed'Hermès, qui engendra Trubert, Panurge, Péchon deRuby, Tailleboudin, Gaudichon, Scapin, Scaramouche etles larrons célèbres, Lachesnay, Guilleri dont les « grandesvoleries et subtilités » alimentent encore en 1718 la litté-rature de colportage1, Cartouche, qui fut roué en 1723,Nivet, dit Fanfaron, qui fut en 1729 « rompu vif en placede Grève avec Bauvoir, son maître d'école, Béaramon etMancion, ses complices2» tiennent même place maiseffraient moins dans le roman de Lesage que dans leJournal de Buvat, son contemporain. Moll Flanders,Jonathan Wilde appartiennent à la pègre le capitaineRolando, des premiers livres de Gil Blas, est plus libertaireque truand. Lesage reprit le type du page dans son Esté-vanille ignorait-il combien ses derniers représentantsfrançais, le page disgracié de Tristan L'Hermite et letrouvère D'Assoucy, s'éloignaient des Till Eulenspiegel,Lazarillo de Tormes, Jack Wilton (le chansonnier deThomas Nashe), du Momus d'Alberti et de l'ennuyeuxBertoldo de Julio Cesare Croce? Quant aux descendantsattardés des Pourceaugnac et autres provinciaux ridicules,les chevaliers Caissant de 17143les Pédrille del Campo de17184, ils n'amusèrent pas leurs contemporains qui pré-férèrent reprendre les anciens romans espagnols, le Laza-rillo de Tormes, le Cuzman de Alfarache de Mateo Alemânet le Buscôn de Quevedo.

    Ces livres, si éloignés dans le temps, si différents les unsdes autres, ont ceci de commun que le héros en est unbâtard conscient de sa bâtardise. Or, dans la société espa-

    1. Histoire de la vie et grandes voleries et subtilités de Guilleri et de sescompagnons, Troyes, Pierre Garnier (enregistr. du 8 juillet 171àParis),in Recueil Fontanieu, B. N., Rés. des Imprimés, t. 278.

    2. La Vie de Nivet dit Fanfaron, Paris, Jean-Luc Nyon, 1729. In-i2,48 p.

    3. Histoire du grand et véritable chevalier Caissant, Par s, Bauche,1714, attribué à Joseph Bonnet par Barbier (BN Y242 402).

    4. La Vie de Pedrille del Campo, Paris, Prault, 1718, attribué à Thi-bault par Barbier.

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    gnole des xvie et xvne siècles, le bâtard par excellenceétait le juif converti. L'aisance matérielle et la culture desconversos les dénonçaient aux hidalgos pour qui l'honriaétait bravoure, virilité et loisir, aux paysans, fiers, disaitCervantes, de leur chrétienté vieille et rance. Certes, lesfacteurs sociologiques et historiques qui favorisèrent lanaissance de la conscience picaresque échappèrent auxlecteurs d'autrefois 1> mais non la signification humaineet chrétienne des romans. La confession de sainte Thérèse

    de Jésus, une convertie, clamant l'indignité du pécheurdevant Dieu, se transforma en l'autobiographie parodiquedu picaro. Récit à la première personne et dégoût du mondeéprouvé dans l'ignominie donnèrent forme et sens auxaventures de gueux, de bouffons ou d'espiègles. Si leroman picaresque ne gagna pas l'Italie, c'est que le récità la première personne y avait déjà servi à un autre usage,humaniste et triomphal, illustré par la Vie de BenvenutoCellini; c'est que, dans le folklore et la commedia, sottiseet malice appartenaient à deux personnages complé-mentaires Polichinelle et Arlequin.

    Ce bas monde, enseignait la Contre-Réforme, nousemprisonne dans les apparences, les illusions le bâtard,privéde la grâce, tombe dans tous les pièges car il cède àtoutes les tentations que sont richesses, mariage, cléri-cature même à qui manque de foi. Guzmân, condamné auxgalères, comprend enfin et croit son histoire et jusqu'àl'image dernière de sa navigation forcée aura été la parabolede la vie humaine. Grimmelshausen fit pareillement dubâtard Simplicius Simplicissimus l'exemple du chrétienrecouvrant au terme de ses épreuves, avec l'aide desenvoyés de Dieu, la foi naïve de son enfance.

    Fielding publia en 1748 un roman d'édification plusoptimiste (l'invasion jacobite, pour les Anglais sinon pourles Écossais, fut moins cruelle que la guerre de Trente Ans).Tom Jones, l'enfant naturel, reçoit aux dépens de sondemi-frère, héritier légitime mais indigne, les biens d'Allwor-thy, leur père adoptif, et partagera avec Sophia, sonépouse, la demeure de Paradise Hall, dans un Somersetréel et symbolique aussi. Il est vrai que Tom Jones n'est pasécrit à la première personne, puisque la bâtardise y dénoncel'hypocrisie sociale du demi-frère et non la bassesse duhéros. Quant aux culbutes de Tom avec certaines créaturesde Dieu (d'où le mot picaresque a pris en anglais un sens

    i. Voir ci-dessous le chapitre iv.

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    joyeux et picturesque), elles préludent au parfait amour,comme des épreuves subies par un héros dont l'attraitphysique égale la beauté spirituelle. Le roman de l'avocatanglican, membre de la basse Église et latitudinarien,transpose donc assez fidèlement en terre protestante et aumilieu du xvme siècle le message du roman picaresqueespagnol.

    Lesage n'a pas entendu la confession du bâtard. Laza-rillo, Guzmàn, le Buscôn, Marcos de Obregôn (en qui lepage est devenu écuyer, homme d'âge et de réflexion),Estebanillo Gonzalez se sont confondus en un seul person-nage, ni bâtard, ni chrétien, ni déclassé, ni sage, ni bouffon,qui, né petit-bourgeois de province, apprend à connaîtrele monde, s'élève par ses talents de rédacteur aux premiersemplois dans les ministères et finit ses jours châtelain devillage, anobli, opulent, vénérable. Quel que soit le romanespagnol qu'on mette au centre d'un genre indéfinissableparce qu'il a constamment évolué, aucun n'autorise lecontresens génial de Lesage, par lequel la conscience descontradictions devient raison de vivre.

    Les conditions d'une pareille transformation ne s'impro-visent pas. La première, c'est le développement de l'espritlaïc en France et de l'indifférentisme chrétien. La deuxième,c'est la censure royale qui, bénigne ou sévère, « contraint»les Français dans la satire, les oblige à déguiser et à trans-poser. La troisième, c'est la guerre de Succession et l'intérêtpour les choses d'Espagne ainsi que l'existence d'unelittérature disponible, c'est-à-dire anciennement ou pointtraduite, et accessible à un demi-connaisseur qui se l'appro-prie d'autant plus librement. La quatrième, c'est l'équi-libre relatif des classes sociales que l'affaiblissement del'autorité de l'État, de l'idéologie aristocratique et de lamoralité bourgeoise permettent de saisir comme libérationde l'individu les nouvellistes ne sont plus embastillés 1.

    Gil Blas, le personnage, est un de ces individus qui,grâce à leur talent et leur souplesse, franchissaient lesbarrières sociales et de laquais devenaient secrétaires etcommis, tels Barjac, Bontemps, Gueudeville, Henriau.Gil Blas, le narrateur, c'est l'homme de lettres que sa

    i. Les rares affaires se rapportent à des libelles, des voies de fait, desatteintes aux mœurs affaire J.-B. Rousseau-La Faye en 1710, exil deVoltaire en 1716 (épigrammes contre le Régent et la duchesse de Berry),affaires Lenglet du Fresnoy en 1719, Pierre-Charles Roy en 1724, LaGrange-Chancel, abbé Desfontaines (pédérastie). Voir François Ravais-son, Archives de la Bastille, t. XII et XIII, Paris 1881-1882.

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    situation met en marge des castes et des corporations,qui regarde en spectateur impartial et amusé les piècesqui se jouent sur le « théâtre du monde ».

    Son indépendance reflète une double dépendance enversles deux couches sociales dominantes, la noblesse et labourgeoisie, qui ne demandent pas exactement les mêmesproduits intellectuels et ne procurent pas les mêmes revenus.Les mécènes, aristocrates et banquiers agrégés à la noblesse,pensionnent leurs auteurs; le public assiste pour son argentaux représentations théâtrales et achète les livres. Depuislongtemps déjà le public des salles est mêlé et les auteursreçoivent des droits et des pensions. Il convient de remar-quer, toutefois, que si les auteurs classiques touchaientleur part des recettes théâtrales, ils abandonnaient aux« libraires » (éditeurs) le profit de la vente de leurs livres.Les romans de la fin du xvne siècle furent écrits par desamateurs ou des besogneux. Lesage, le premier, semble-t-il,parmi nos grands écrivains, joignit à une pension et à sesdroits d'auteur dramatique le profit de ses transactionsavec les libraires.

    L'abbé Jules-Paul de Lyonne, fils de l'ambassadeur etministre Hugues de Lyonne, protégea Lesage jusqu'à samort, survenue en 1721. Selon l'éditeur des Œuvres choisiesde 1783, «il lui faisait une pension de 600 livres et le comblaitde présents » ( I, p. v). Ce témoignage tardif a été confirmépar la découverte d'un reçu signé de l'écrivain et conservédans les Archives de l'Assistance publique de Paris 1.Malheureusement, aucune trace de Lesage, sinon soncontrat de mariage 2, n'a été retrouvée au Minutier centraldes archives des notaires de Paris.

    Les registres de la Comédie-Française permettentaisément de calculer le montant de ses droits d'auteur 3.

    En 1707, pour Don César Ursin et Crispin rival de sonmaître, les droits s'élevèrent à 533 livres et i4 sols; en1709, pour Turcaret, à 5g8 livres et 6 sols. Crispin futrepris en 1709 puis presque chaque année pendant vingtans à partir de 1718; mais l'auteur ne touchait de droitsque sur la première série de représentations. Lesage sebrouilla avec les comédiens-français à la suite de l'affaire

    1. Voir Gabriel Laplane, « Lesage et l'abbé de Lionne », R.H.L.F.,1968, pp. 588-604.

    2. Mme Jurgens l'a découvert Étude XXIX, liasse 260, du 2 août 169,4.3. Publiés par H. Carrington Lancaster, The Comédie-Française

    1701-1774, Philadelphie, ig5i (Transactions of the American Philoso-phical Society, New Series, vol. 41! part 4, I95i).

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  • Lesage ou le métier de romancier

    de Turcaret l'intervention du duc d'Orléans avait imposéla pièce aux comédiens qui la retirèrent de l'affiche aprèsla septième représentation 1. A partir de 1712, il travaillapour le théâtre de la Foire. Brossette écrivait à J.-B. Rous-seau, en date du 1 er mars 1716 « Les Sieurs Lesage etFuzelier, que vous pouvez connaître, ont donné à louageleur esprit, et toutes les productions qui en pourront sortirpendant deux ans, à une troupe de la foire, moyennant4 000 livres chacun, le tout par contrat par-devant notaires,en bonne et due forme. » Si ce témoignage est véridique(il contient certainement une part de vérité) et comptetenu de l'augmentation du coût de la vie, la vulgaritéforaine avait du bon elle plaisait au peuple et au Régent,quifit souvent représenter des pièces de la foire au Palais-Royal.

    Sur le profit que Lesage tira de ses romans, nous avonsdeux indications disparates et maigres. En 1707, ladeuxième édition revue du Diable boiteux lui rapporta5o pistoles l'auteur rappelle sa promesse au libraire dansle chapitre xvn. Vers 1726, la veuve Ribou lui auraitavancé 100 pistoles à valoir sur le quatrième volume deGil Blas 2.

    Pour interpréter ces renseignements, il faut tenir comptede l'évolution de la production littéraire de Lesage, quicorrespond aux étapes de sa vie et de son temps. Durantles années d'apprentissage, jusque vers 1705, il vit assezmal grâce à la pension de son protecteur. Ses succès accrois-sent considérablement ses revenus jusque vers 1709,époque où il accepte de revoir pour le style, c'est-à-dired'écrire, les Mille et Un Jours, œuvre de tendance aristo-cratique comme les Mille et Une Nuits de Galland et pour

    i. Elle eut lieu le Ier mars 1709 et les recettes dépassèrent celles de lareprésentation précédente. Lintilhac a commenté cette affaire, Lesage,Paris, Hachette, 1893, pp. 72-77. Faut-il y voir un épisode d'une campagneinspirée par le gouvernement durant les années 1707-1711comme lesuggère l'abondance de publications telles que Les Partisans démasqués,Pluton maltôtier, Les Tours industrieux, subtils et gaillards de la maltôteet même Le Bonhomme Misère?

    2. Journal de la Cour et de Paris en date du 24 janvier 1733 « Lesage,auteur de Gil Blas, vient de donner la Vie de M. de Beauchêne, capitainede flibustiers. Ce livre ne saurait être mal écrit étant de Lesage; mais ilest aisé de s'apercevoir, par les matières que cet auteur traite depuisquelque temps, qu'il ne travaille que pour vivre, et qu'il n'est plus lemaître, par conséquent, de donner à ses ouvrages du temps et de l'appli-cation. Il y a six à sept ans que la Ribou lui a avancé cent pistoles sur sonquatrième volume de Gil Blas qui n'est point encore fini et qui ne le serapas de sitôt. » Rappelons que la pistole, unité de compte, valait dix livres.

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    laquelle il reçut vraisemblablement des gratifications dela Cour. A partir de 1713, il travaille pour la Foire; il netrahit pas son inspiration et parvient à l'aisance financièrepour sa famille (il a quatre enfants). Mais il continue àpercevoir une pension et reste « bien en cour ». En 1708, leduc d'Orléans était intervenu dans l'affaire Turcaret; en1715, Pontchartrain songe à lui pour revoir les papiersde Galland et rédiger les Mémoires de Marie Petit, tâchesauxquelles Lesage put se soustraire 1; en 1724» on le chargeencore de préparer avec d'Orneval un Divertissementpour le roi au voyage de Chantilly. Philippe, duc d'Orléans,était mort en décembre 1723. Lesage avait terminé quelquesmois plutôt le manuscrit du troisième tome de Gil Blas.Avec la Régence prit fin l'époque de sa maturité et de sareprésentativité. Il vieillit, s'embourgeoisa, rompit vers1726-1728 avec son fils aîné qui avait préféré la professionde comédien à celle d'avocat, il antiquisa, dogmatisa, futloué par les régents de collège qui préféraient ses romansà ceux de Prévost et de Marivaux. Sous le règne deLouis XV, le romancier vécut, assez mal, du produit deses romans et les tentatives qu'il fit pour reprendre piedà la Comédie-Française ou s'établir aux Italiens se sol-dèrent par des échecs.

    Les œuvres de la bonne époque sont celles où l'auteurtraduit dans des genres accessibles au peuple et à l'aristo-cratie leur commune lassitude de la politique et de l'idéologielouis-quatorziennes, l'irrespect et l'espérance. Ce nouvelesprit frondeur des gazettes, des cafés, des chansons, desspectacles de la Foire et des salons, mélange de gouailleet de badinage, de romanesque et de cynisme, est l'espritmême des « Lumières », qui habite le narrateur de GilBlas. La connivence repose sur la conscience de contra-dictions indépassables. En vérité, les écrivains qui passèrentau service de la classe dirigeante perdirent leur talent, carils devaient accepter un statut inférieur, tel Danchet,l'ami de Lesage. Le chevalier de Rohan et le roi de Prusserendirent à Voltaire son génie. Lesage s'était condamnéà travailler pour vivre en refusant d'écrire des opéras,des pièces fugitives, des odes et de doctes communicationspour l'Académie des inscriptions et belles-lettres; il dut à laprotection de l'abbé de Lyonne de ne pas écrire des bro-chures pour les colporteurs, ni des gazettes pour la police,ni des romans pour les seuls bourgeois.

    i. Documents cités dans Claretie, Lesage romancier, pp. 5o et 53-55.

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  • Lesage ou le métier de romancier

    Lesage fut le grand écrivain de la Régence, un maître durococo. Assurément, il répugnait à l'écriture alambiquéedes salons, à la chicorée, au bel esprit, mais aussi au senti-mental, au larmoyant. Le « naturel », pour lui, c'était l'esprità l'état naissant son dernier livre, dont la réalisation nepouvait que trahir le propos, s'intitule Mélange amusantde saillies d'esprit et de traits historiques des plus frappants(1743). Il y a dans les deux premiers tomes de Gil Blasune éducation sentimentale, il y a surtout un éveil del'esprit par le commerce de la bonne société, c'est-à-dire,parodiquement, par les laquais de petits-maîtres. Le bour-geois réprouve l'impéritie de l'aristocrate, admire sonimpertinence et parvient à l'intelligence du valet-maître.Le style rococo est le style de la contradiction reconnue,de la philosophie des Lumières, de l'esprit, de l'entre-deuxentre la bourgeoisie et la noblesse le style de la sociétéd'Ancien Régime avant la Révolution.

    En 1713parurent deux œuvres romanesques de grandmérite Les Illustres Françaises de Robert Chasles et lesMémoires de la vie du comte de Grammont d'Antoine Hamil-

    ton, la première d'inspiration plus bourgeoise, et la secondeplus aristocratique. Leur rédaction remontait d'ailleursà une dizaine d'années en arrière, ce qui en explique lecaractère un peu anachronique pour l'époque. En 1715,Lesage accordant la curiosité de Chasles pour les mœurset la désinvolture morale d'Hamilton, donnait son immor-telle Histoire de Gil Blas de Santillane. Immortelle? Deux

    siècles et demi font une courte immortalité. En ce laps detemps, néanmoins, on dénombre plus de 200 éditions deGil Blas, quelque 70 du Comte de Grammont et 3o environdes Illustres Françaises comparaison n'est pas raison.Cette préférence statistique de la postérité va toute-fois à l'encontre de la probabilité, car, si Gil Blas repré-sente mieux la vision du monde de l'époque, il s'écartebien davantage de la production romanesque moyenne.

    Les romans de Chasles et d'Hamilton dépassent leursmédiocres contemporains et démystifient l'idéologie desgenres auxquels ils appartiennent. Le roman de Lesageest radicalement coupé de la littérature française environ-nante.

    La Princesse de Clèves fut imitée par une douzaine deromancières et jusqu'au milieu du XVIIIe siècle parMlle de Lussan. Dans la grandeur nostalgique de Mme deClèves, la noblesse appauvrie et subjuguée voyait l'imagede sa condition, mais elle préférait échapper à la réalité

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  • Distances critiques

    en lisant les hauts faits des héroïnes du temps jadis. Carcette littérature sentimentale fut écrite pour les femmesles hommes faisaient la guerre. La Vie du comte de Gram-mont retrace autour d'un héros masculin trente années

    d'intrigues amoureuses de cour et prend fin en l'année 1669.C'est ici la futilité aristocratique qui est idéalisée dans lepassé, d'où l'étroitesse et la pénétrante ironie de la pein-ture.

    Rares sont les romans bourgeois, parce que le genreréaliste honteux de la Fronde s'est dégradé en anti-roman,où sont caricaturées la petite noblesse provinciale et labourgeoisie. Les fournisseurs de l'aristocratie le prati-quèrent Préchac, Nodot, Lesconvel et les grandes dameselles-mêmes, Mme de Murat, Mlle de La Force. Certainsdéclassés, Courtilz de Sandras et Eustache Lenoble, écri-virent toutefois des romans d'aventures auxquels allu-sions historiques et notations réalistes donnent quelqueépaisseur; mais ils ne surent ni développer des situations,ni dégager des points de vue. Les autobiographies déguiséesou romancées des Villiers (1696), Cavard (1702), Roselli(1704), Pignata (1710) cèdent aux poncifs romanesquessans parvenir à les intégrer à la trame du récit. Le méritede Chasles est d'avoir filé des contes sobres et originauxavec un souffle inhabituel mais l'habileté dans l'orga-nisation du recueil ne suffit pas à en faire un roman, etpuis le sérieux imperturbable du ton finit par lasser (c'estpar là surtout qu'il est « bourgeois »). Chasles n'a pu résoudrele problème de la création romanesque en s'appuyant surla seule tradition littéraire des conteurs français, lointai-nement issue de Marguerite de Navarre 1. Courtilz deSandras a pu moins encore romancer la vie quotidienneavec, pour modèles, les Mémoires de Pontis et le genre deslibelles allégoriques, auxquels faisaient défaut la culturelittéraire et la motivation du héros-narrateur. On a suggéré2

    i. L'encadrement narratif d'un groupe d'amis qui se font des contestragiques et comiques de leur vie et de celle d'autres personnes se trouvenon seulement dans les Mille et Une Nuits et recueils semblables mais

    dans des livres satiriques comme Les Partisans démasqués, ou l'Art de volersans ailes de 1707 (rééd. 1710 à la B. Méjanes C 6568).

    2. Benjamin M. Woodbridge écrit « Il a peut-être droit à un autrerang encore plus honorable [que celui de précurseur du roman historique]aujourd'hui, celui de créateur en France du roman réaliste qui prit nais-sance dans le roman politico-picaresque, rendu fameux par la vie de GilBlas à la cour d'Espagne. La critique a beaucoup insisté sur l'influenceespagnole dans l'oeuvre de Lesage; on est allé jusqu'à croire que Gil Blasn'était qu'une traduction. Il est donc bon de se rappeler que ce genre

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  • Lesage ou le métier de romancier

    que les mémoires historiques avaient ouvert la voie àGil Blas c'est oublier que les tomes de 1715sont dépour-vus de références historiques et que l'inflexion du romanen 1724 vers l'histoire « secrète » (amoureuse) est liée àla publication de nombreux mémoires historiques authen-tiques à partir de 1717.

    Lesage n'aurait pas réussi lui non plus à donner auroman français une direction nouvelle sans l'immenseressource d'une littérature déjà constituée, celle du romanpicaresque espagnol (et accessoirement du répertoiredramatique des comedias). Seules des circonstances excep-tionnelles avaient favorisé en Espagne la fusion de latradition chrétienne des confessions et sermons avec la

    tradition laïque de la nouvelle italienne. La rencontre deLesage et de l'Espagne fut sans doute privilégiée, puisqueGabriel de Brémond, Mme d'Aulnoy et le chevalier deMailly, qui eux aussi espagnolisèrent, y prirent la matièred'ouvrages à la mode ils avaient mis leur métier au servicede l'aristocratie.

    Cil Blas n'eut pas de postérité immédiate à sa gaietéenjouée succédèrent des formes d'ironie moins sourianteset plus subtiles, l'interrogation passionnée ou curieuse dudestin, le sarcasme, l'humour noir. Du moins, les grandsromans du siècle, l'Histoire du chevalier Des Grieux et deManon Lescaut, La Vie de Marianne, Candide, La NouvelleHéloïse, Les Liaisons dangereuses abordent comme CilBlas de manière détournée le conflit idéologique de l'AncienRégime.

    Mais de telles considérations dépassent le cadre duprésent ouvrage. Henri Coulet écrit « Avant la Révolution,faute d'oeuvres antiques auxquelles il puisse demanderl'idée de sa perfection, le roman ne connaît pas de chef-d'œuvre apporté par le courant d'une tradition les chefs-

    picaresque existait déjà en France, et que son inspiration primitive nedevait rien, directement du moins, aux romanciers étrangers », Gatiende Courtilz, sieur du Verger. Étude sur un précurseur du roman réaliste enFrance. Johns Hopkins Press, Baltimore P.U.F., Paris, 1925 (« TheJohns Hopkins Studies in Romance Literatures and Languages »), p. i7o.Georges May affirme « Les nombreuses références historiques que contientl'Histoire de Gil Blas de Santillane trahissent encore l'origine du genrechoisi par Lesage » et généralise « L'importance de la révolution provoquéedans l'art du romancier par l'alliance qu'il contracta vers 1700 avec l'artdu mémorialiste et de la greffe qui en résulta semble être tout aussi grandeque le rapport originel unissant le roman à l'épopée », « L'Histoire a-t-elleengendré le roman? Aspects français de la question au seuil du siècle desLumières », R.H.L.F., 1955, pp. 163 et 176.

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