22
Extrait de la publication

Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Extrait de la publication

Page 2: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE EN SANTÉ PUBLIQUE

L’exemple de la Faculté de médecine et de l’École d’hygiène de l’Université de Montréal

Extrait de la publication

Page 3: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Page laissée blanche

Extrait de la publication

Page 4: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Benoît Gaumer et Georges Desrosiersavec la collaboration de Jean-Claude Dionne

ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE EN SANTÉ PUBLIQUE

L’exemple de la Faculté de médecine et de l’École d’hygiène de l’Université

de Montréal (1911-2006)

Les Presses de l’Université de Montréal

Extrait de la publication

Page 5: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

4 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Gaumer, Benoît

Enseignement et recherche en santé publique. L’exemple de la Faculté de médecine et de l’École d’hygiène de l’Université de Montréal, 1911-2006

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 978-2-7606-2507-5

1. Université de Montréal. École de santé publique - Histoire. 2. Santé publique - Étude et enseignement (Supé-rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20e siècle. I. Desrosiers, Georges. II. Dionne, Jean-Claude, 1941- . II. Titre.

RA440.7.C32M66 2007 362.1071’171428 C2007-940169-4

Dépôt légal: 1er trimestre 2007Bibliothèque et Archives nationales du Québec© Les Presses de l’Université de Montréal, 2007

Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entre-mise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition.

Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

Imprimé au Canada en mars 2007

ISBN 978-2-7606-2085-8

e

Extrait de la publication

Page 6: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Table des matières

Abréviations utilisées 9

Avant-propos 11

Introduction 13

Chapitre 1 : Les débuts d’un enseignement spécialisé en hygiène pour les médecins et les infirmières 15

La formation des médecins hygiénistes 15

La contribution du professeur Joseph-Albert Baudouin 17

La formation des infirmières hygiénistes 18

Chapitre 2 : L’École d’hygiène, devenue l’École de santé publique 23

Pourquoi cette école d’hygiène ? 25

Une structure de pilotage autonome 27

Un enseignement très diversifié 31

Un corps professoral plutôt à temps partiel 40

Une clientèle d’abord québécoise 41

Une vocation internationale avant-gardiste 44

Un démantèlement longtemps redouté 46

Chapitre 3 : De l’Institut supérieur d’administration hospitalière au Département d’administration de la santé 51

La période de fondation 52

L’Institut supérieur d’administration hospitalière et l’École d’hygiène 57

Le Département d’administration de la santé de la Faculté de médecine 63

Les dernières années 74

Page 7: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

6 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

Chapitre 4 : Du Département d’hygiène des milieux au Département de santé environnementale et santé au travail 89

Des débuts modestes : constance, adaptation, innovation 89

Cap sur l’hygiène industrielle, la pollution de l’air et la recherche 96

Prépondérance de la toxicologie et émergence de l’analyse de risque 102

Prépondérance de la toxicologie et de l’environnement 115

Chapitre 5 : Le Département de médecine sociale et préventive 125

La situation de l’hygiène ou de la médecine sociale et préventive avant 1970 125

La mise en place du Département de médecine sociale et préventive (1970-1973) 127

Réalisation d’une double mission (1973-1981) 129

Priorité à la recherche et à la formation de 3e cycle (1981-1993) 140

Consolidation des acquis et expansion (1993-2006) 150

Chapitre 6 : Le Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS) 167

L’origine du GRIS : une reconnaissance lente 168

Structure souple de gestion et fragilité financière 173

IRIS et les 20 ans du GRIS 178

Chercheurs et paradigmes : le GRIS, une « tribu scientifique » ? 180

Production et diffusion 182

L’arrivée des chaires et le Centre Léa-Roback 184

Le GRIS à la croisée des chemins ? 187

Chapitre 7 : Le doctorat en santé publique 193

Une origine administrativement simplifiée 194

Pourquoi ce doctorat ? 196

Une organisation facilitant l’interdisciplinarité 198

Une pédagogie évolutive 201

Un Ph. D. pas toujours facile à gérer 203

Les doctorants. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? 204

Page 8: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

TA B L E D E S M A T I È R E S 7

Chapitre 8 : L’Unité de santé internationale 209

Les premières initiatives ; le soutien au développement de la Faculté de médecine de Sousse (1976-1984) 209

La gestation et la naissance de l’Unité et les premières années (1984-1996) 211

Élargissement des interventions et remise en question du statut de l’Unité (1996-1998) 213

Les années de grande expansion (1998-2006) 218

Chapitre 9 : Un secteur à la recherche de son autonomie 223

Les premières démarches et la reconnaissance officielle par la Faculté d’une mission de santé publique 224

Tentative de fusion des trois départements 228

Création d’un poste de vice-doyen à la santé publique 229

Le projet d’une école de santé publique autonome 231

La réouverture du poste de vice-doyen à la santé publique 235

Nouvelle perspective concernant le secteur de la santé publique 237

Conclusion 241

Annexes 245

Sources 259

Bibliographie 267

Les auteurs 270

Extrait de la publication

Page 9: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Page laissée blanche

Extrait de la publication

Page 10: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Abréviations utilisées

ACDI : Agence canadienne de développement international ACEHSA : Accrediting Commission on Education for Health Services

Administration.ADAS : Archives du Département d’administration de la santéALASS : Association latine pour l’analyse des systèmes de santéANQ : Archives nationales du QuébecAUM : Archives de l’Université de MontréalAUPHA : Association of University Programs in Health AdministrationBCG : Bacille de Calmette et Guérin, pour le vaccin vivant atténué

contre la tuberculoseBRI : Bureau de recherche institutionnelleCAT : Commission des accidents du travailCEDAR : Comité d’étude et d’administration de la recherche CESBES : Commission d’enquête sur la santé et le bien-être socialCHPQ : Conseil d’hygiène de la province de QuébecCHUM : Centre hospitalier de l’Université de MontréalCIE : Centre international de l’enfanceCLSC : Centre local de services communautairesCMDP : Conseil des médecins, dentistes et pharmaciensCQRS : Conseil québécois de la recherche socialeCREPUQ : Conférence des recteurs et principaux des universités

du QuébecCRSQ : Conseil de la recherche en santé du QuébecCRSSS : Conseils régionaux de la santé et des services sociauxCSST : Commission de la santé et de la sécurité du travailCUSS : Centre universitaire des sciences de la santé

Extrait de la publication

Page 11: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

10 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

DAS : Département d’administration de la santé (habituellement dénommé DASUM : Département d’administration de la santé de l’Université de Montréal)

DEPA : Diplôme d’études professionnelles approfondiesDESS : Diplôme d’études supérieures spécialisées DHM : Département d’hygiène des milieuxDHP : Diplôme d’hygiène publiqueDMTHM : Département de médecine du travail et d’hygiène du milieuDSC : Département de santé communautaireDSEST : Département de santé environnementale et santé au travailENSP : École nationale de santé publiqueÉNAP : École nationale d’administration publiqueÉRIS : Équipe de recherche interdisciplinaire en santéÉROS : Équipe de recherche opérationnelle en santéFCAR : Fonds pour la formation de chercheurs et l’aide à la rechercheFCRSS : Fondation canadienne de la recherche sur les services de santéFEP : Faculté de l’éducation permanenteFES : Faculté des études supérieuresFRSQ : Fonds de la recherche en santé du QuébecGRGT : Groupe de recherche en gestion thérapeutiqueGRIS : Groupe de recherche interdisciplinaire en santéHEC : École des hautes études commerciales de l’Université de MontréalIDÉES : Institut de développement et d’évaluation en santéIRSC : Instituts de recherche en santé du CanadaIRSST : Institut de recherche en santé et en sécurité du travailISAH : Institut supérieur d’administration hospitalièreMAH : Maîtrise en administration hospitalièreMSSS : Ministère de la Santé et des Services sociauxOMS : Organisation mondiale de la santéPNRDS : Programme national de recherche et développement en matière

de santéSPH : Service provincial d’hygièneUSI : Unité de santé internationale

Page 12: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Avant-propos

CET OUVRAGE n’aurait pas vu le jour sans les travaux antérieurs du Groupede recherche sur l’histoire des institutions de santé publique du Québec dela fin du XIX siècle à nos jours, composé de Georges Desrosiers et BenoîtGaumer, mais aussi Othmar Keel, professeur titulaire au Départementd’histoire de l’Université de Montréal. Les deux premiers chapitres ont étébâtis à partir d’un rapport de recherche et de deux articles parus précédem-ment dans le Bulletin canadien d’histoire de la médecine et la Revue d’histoired’Amérique française, signés par les trois membres du groupe et présentésdans la bibliographie. Quant au chapitre 3, il doit beaucoup au travail deCéline Déziel, jeune historienne diplômée du Département d’histoire del’Université de Montréal, décédée trop prématurément et assistante derecherche de Benoît Gaumer lors de la première publication en 1994 d’unehistoire du Département d’administration de la santé de la Faculté de méde-cine de l’Université de Montréal, publiée à compte de ce département. Lechapitre 5 sur l’histoire du Département de médecine sociale et préventiveconstitue également une reprise d’un livre enregistré officiellement auQuébec, écrit et publié par Georges Desrosiers à compte de son départe-ment. Tous ces premiers chapitres ont été enrichis par une relecture et véri-fication des principales pièces d’archives présentées à la fin de cet ouvrage,ainsi qu’au cours d’entretiens récents avec les principaux acteurs du DAS etdu DMSP. Le chapitre 4 sur l’histoire du Département de santé environne-mentale et santé au travail est entièrement nouveau, rédigé par Jean ClaudeDionne, terminant présentement un mémoire de maîtrise en histoire àl’Université de Montréal, et qui s’est joint avec bonheur aux deux premierscoauteurs. Les trois derniers chapitres sont également entièrementnouveaux, décrivant une histoire du secteur de la santé publique de laFaculté de médecine qui est encore en train de se faire et dessinant peut-êtrece qui pourrait être les contours de l’avenir. Les trois auteurs remercient

Extrait de la publication

Page 13: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

12 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

chaleureusement plusieurs acteurs actuels et passés de l’enseignement et dela recherche du secteur de la santé publique qui se sont prêtés avec bonnegrâce et en toute transparence à un entretien, contribuant à la constructionde ce livre. Il va sans dire que chacun des auteurs doit être tenu seul respon-sable des faits qu’il rapporte et des explications qu’il avance. Les auteursn’ont qu’un seul regret, c’est de n’avoir pu s’entretenir avec plus d’actrices etd’acteurs et de n’avoir pu rendre compte de la contribution de nombred’entre eux à la construction de ce secteur, chercheurs et enseignants, maisaussi le personnel de soutien, demeurés ainsi anonymes malgré notre bonnevolonté et sans oubli volontaire.

Benoît Gaumer

Page 14: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

Introduction

C’est entendu, on ne comprend l’état présent d’une société qu’en remontant à son passé.Fernand Dumont, Genèse de la société québécoise, p. 9.

AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE, les trois facultés de médecine de la province deQuébec mettent en place des enseignements spécialisés en hygiène pour lesmédecins qu’elles forment. À la Faculté de médecine de l’Université deMontréal, le cours est offert pour la première fois en 1911. Près d’un siècleplus tard, cette même Faculté peut se targuer de posséder un secteur d’ensei-gnement et de recherche en santé publique, pas seulement ouvert aux méde-cins, mais à tous les professionnels de santé, fort dynamique et souventenvié. Les trois composantes les plus anciennes de ce secteur fêtent ou ontfêté en 2005-2006 la naissance de leur organisation : 35 ans pour le Dépar-tement de médecine sociale et médecine préventive, 50 ans pour le Départe-ment d’administration de la santé, 60 ans pour le Département de santéenvironnementale et santé au travail.

Par deux fois, au cours de ces toutes dernières années, ce secteur s’estfortement structuré autour d’un vice-décanat, regroupant également sesautres composantes, le Groupe de recherche interdisciplinaire en santé,l’Unité de santé internationale et le Doctorat en santé publique. Del’hygiène publique du début du XX

e siècle à la santé publique du XXIe, les

concepts et les pratiques ont beaucoup changé dans ce domaine. Il en est demême des formes institutionnelles qu’ont pu prendre l’enseignement spécia-lisé et la recherche dans cette discipline tout au long du dernier siècle.

À l’intérieur de l’Université de Montréal, sa Faculté de médecine n’a pastoujours eu et n’a toujours pas le monopole de cet enseignement et de cetterecherche, même si elle en représente la composante principale la plusvisible. À deux reprises l’Université de Montréal a jugé bon de constituerdeux écoles affiliées pour concrétiser ces missions, indépendantes de sa

Extrait de la publication

Page 15: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

14 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

Faculté de médecine : l’École d’hygiène sociale appliquée de 1911 à 1949 etl’École d’hygiène de 1946 à 1970. D’autres facultés, comme celle des sciencesinfirmières, ou de groupes de recherche, comme le Groupe de recherche surles aspects sociaux de la prévention (GRASP), interviennent, parfois déjàdepuis longtemps, dans ce champ de la santé publique, mais l’histoire deleur organisation ne sera pas abordée, avec seulement des références à leurcontribution au développement de ce champ disciplinaire. Ce livre estd’abord une histoire organisationnelle de l’enseignement et de la rechercheen santé publique à l’Université de Montréal autour de sa Faculté de méde-cine.

L’institutionnalisation de ces deux missions et leur implantation localesont inséparables cependant du contexte sociétal dans lequel elles s’enra-cinent : québécois, canadien et nord-américain d’abord, mais aussi inter-national. De 1911 à 2006, continuité et rupture se mêlent inextricablementdans l’exercice de ces deux missions, l’enseignement ayant longtemps prédo-miné sur la recherche.

De même, déterminants internes à cette institutionnalisation et déter-minants externes à celle-ci se superposent, s’entrecroisent, se renforcentparfois, se combattent trop souvent pour expliquer son développement, toutau long de cette histoire quasi centenaire. Ces déterminants sont soigneuse-ment analysés, accordant une place centrale aux hommes et aux femmes quiont contribué à la vie de cette institution aux multiples facettes, qu’il s’agissedes enseignants, des chercheurs, des administrateurs, des acteurs politiques,mais aussi des étudiants justifiant son existence.

Benoît Gaumer

Page 16: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

CHAPITRE 1

Les débuts d’un enseignement spécialiséen hygiène pour les médecins

et les infirmières

Georges Desrosiers

LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL n’a été créée qu’en 1920.Mais ce n’était qu’une nouvelle structure administrative qui prenait la relèvede l’École de médecine et de chirurgie de Montréal, fondée en 1843, affiliéed’abord à l’Université Victoria de Cobourg en Ontario, puis devenue lasuccursale à Montréal de l’Université Laval de Québec de 1890 à 1920.L’enseignement de l’hygiène dans le programme des études médicales acommencé en 1874 et s’est donné par la suite sans interruption jusqu’en1968. Il a été repris en 1971, sous la forme d’un enseignement dit de méde-cine sociale, préventive et communautaire qui s’est continué avec desvariantes jusqu’à aujourd’hui. À cet enseignement auprès des étudiants enmédecine, s’est ajouté à partir de 1911 un enseignement spécialisé pour laformation des médecins hygiénistes et en 1925 pour la formation des infir-mières hygiénistes qui a été repris par l’École d’hygiène à partir de 1946.

La formation des médecins hygiénistes

En 1911, le gouvernement du Québec, qui venait d’autoriser le Conseilsupérieur d’hygiène à diviser le territoire de la province en 10 districts sani-taires avec un médecin hygiéniste qualifié responsable de chacun de cesdistricts, se tourna vers les facultés de médecine pour la formation de cesmédecins. C’est dans ces circonstances que la Faculté de médecine del’Université Laval à Montréal, comme celles de l’Université Laval à Québecet de l’Université McGill, mit en place son premier programme de formation

Extrait de la publication

Page 17: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

16 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

spécialisée en hygiène destiné à former des médecins hygiénistes non seule-ment pour le service provincial, mais aussi pour les services d’hygiène muni-cipaux et autres.

Le programme, appelé d’abord cours d’hygiène appliquée pour l’obtentiondu diplôme d’hygiéniste public, a changé d’appellation à plusieurs reprisesau cours de son existence. Un an plus tard en 1912, il devenait cours spéciald’hygiène pratique, puis cours spécial d’hygiène publique en 1925, pourdevenir en 1927 École d’hygiène publique, décrite comme une annexe de laFaculté de médecine, cependant avec le même personnel et le mêmecontenu, sans explication sur la raison de ce changement de structure. Enfin,en 1935, il reprendra le nom de cours spécial d’hygiène pratique.

D’une durée de neuf mois, le programme comprenait des leçons théoriqueset des démonstrations en bactériologie, en chimie, et sur les principes et lapratique de l’hygiène. Les cours de chimie et de bactériologie, donnés par lesprofesseurs de la Faculté, occupaient presque 50 % du temps des élèves.Comme il n’y avait pas encore de chaire d’hygiène durant cette période, on afait largement appel à des hygiénistes du Conseil supérieur d’hygiène et duService de santé de la ville de Montréal pour dispenser l’enseignement sur lesprincipes et les pratiques de l’hygiène. Cet enseignement comportait 36 leçonssur les principes de l’hygiène. Il est mentionné qu’on consacre plus de leçonsà l’hygiène publique qu’à l’hygiène privée. S’y ajoutaient 36 leçons et démons-trations sur la pratique journalière du médecin hygiéniste.

Telles que décrites dans l’annuaire de la Faculté, ces leçons et démons-trations portaient sur l’application de la loi et des règlements sanitaires ;l’organisation et le fonctionnement des services provinciaux et municipauxd’hygiène ; l’application des prescriptions réglementaires relatives aux mala-dies contagieuses de l’homme et des animaux communicables aux humains ;l’usage à faire des statistiques démographiques ; la manière de mener desinvestigations relatives aux eaux potables ; la surveillance des aliments(inspections des abattoirs et tueries [sic], des vacheries [sic] et des laiteries,entrepôts frigorifiques, boulangeries, etc.) ; la lutte contre la mortalitéinfantile ; la construction comprenant la surveillance et l’inspection deshabitations privées et des édifices publics ; l’inspection médicale des maisonsd’éducation et des établissements industriels ; la manière de faire des inves-tigations relatives aux réseaux d’égout ; l’organisation de l’enlèvement de lagadoue ; la manière de procéder à la vérification des nuisances ; le génie sanitaire

Extrait de la publication

Page 18: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

L E S D É B U T S D ’ U N E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É E N H Y G I È N E 17

en rapport avec les alimentations d’eau, les réseaux d’égout, la purificationdes eaux d’égout, l’habitation ; l’architecture en rapport avec l’hygiène de laconstruction ; la géologie en rapport avec les alimentations d’eau, lesméthodes de purification des eaux d’égout et d’assainissement du sol deshabitations ; l’inspection des cimetières ; et enfin la rédaction des rapports del’hygiéniste.

Ce programme qui dura officiellement jusqu’à 1938, sans modificationde son contenu, aura formé au total 27 diplômés dont 23 entre 1911-1912et 1921-1922. Il disparaît officiellement en 1939-1940 pour finalementsubir une refonte complète en collaboration avec l’Institut de microbiologieet d’hygiène de Montréal fondé en 1938. Annoncé chaque année durant laguerre pour l’automne suivant, il reparaîtra seulement en septembre 1946,comme un programme de l’École d’hygiène, servant de matrice au pro-gramme de diplôme en hygiène publique, décrit au chapitre 2.

La contribution du professeur Joseph-Albert Baudouin

En 1917, la Faculté recrutait un hygiéniste de carrière, Joseph-AlbertBaudouin, qui deviendra à partir de 1931 titulaire à plein temps de la chaired’hygiène et membre du conseil. Avec lui, l’enseignement magistral auxétudiants en médecine s’appuyant sur une base plus scientifique est complétépar des visites sur le terrain dans les services de médecine préventive commeles services de protection de la mère et de l’enfant, les services de santéscolaire, les services de santé dans les usines et les services de lutte antituber-culeuse et antivénérienne en plus des services traditionnels d’hygiène dumilieu. Il fut le premier et le seul titulaire de la chaire d’hygiène qu’iloccupa jusqu’à 1945. Après lui, jusqu’en 1968, l’enseignement continuad’être confié à des hygiénistes de carrière, mais à temps partiel. Son oeuvrecomme enseignant et chercheur est considérable et mérite d’être signalée. Lecontenu de son enseignement était très à jour, selon les critères de l’époque,et se comparait à ce qui s’enseignait dans les plus grandes facultés de méde-cine d’Amérique du Nord. De plus, il a eu le mérite de colliger toute lamatière qu’il enseignait dans un ouvrage considérable de près de 800 pages,qui a connu quatre éditions successives. Il a enseigné l’hygiène non seule-ment aux étudiants en médecine, mais à ceux des autres facultés comme lapharmacie, les sciences sociales, la chirurgie dentaire. Il a aussi participé à laformation spécialisée des médecins dans le cadre du programme décrit

Extrait de la publication

Page 19: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

18 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

précédemment, ainsi qu’à la formation des infirmières à l’École d’hygiènesociale appliquée dont il a été le premier directeur.

Pour l’enseignement pratique aux infirmières, et aussi pour vérifier surle terrain la valeur de certaines découvertes, le docteur Baudouin a créé uncentre de démonstration, couvrant le territoire de deux paroisses de l’est deMontréal en collaboration avec le Service de santé de la ville. L’activité ducentre couvrait tout le champ de l’hygiène tel qu’on le définissait à l’époque,soit l’hygiène de l’enfance, la lutte contre les maladies contagieuses,l’hygiène scolaire, la lutte antituberculeuse, l’hygiène mentale, le servicesocial, le soin aux malades à domicile et l’hygiène industrielle. Aidé desinfirmières hygiénistes et parrainé par le Conseil national de recherche duCanada, il a été le premier chercheur au Canada à expérimenter l’innocuitéet l’efficacité du vaccin BCG chez l’humain.

La formation des infirmières hygiénistes

En janvier 1925, la Commission administrative de l’Université de Montréalcréait officiellement l’École d’hygiène sociale appliquée, destinée à formerdes infirmières hygiénistes, et en confiait l’administration à la Faculté demédecine qui était déjà impliquée dans la formation supérieure des infir-mières. En effet, depuis 1923, en accord avec l’Association provinciale des

Joseph-Albert Baudouin (1875-1962) est né à Farnham dans les Cantons de l’Est. Après des études classiques au Collège de Montréal, il s’inscrit à la succursale de Montréal de la Faculté de médecine de l’Université Laval en 1896 dont il obtient un doctorat en 1900. Après avoir exercé la médecine générale pendant quelques années, il commence en 1909 une carrière d’hygiéniste au service de santé de la ville de Lachine. En 1911, il s’inscrit dans la première promotion du cours d’hygiène pratique de la Faculté de médecine.

En 1921-1922, il ira compléter sa formation en hygiène par un stage à l’Université Johns Hopkins.

En 1938, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat en sciences sociales.

En 1917, il commence une carrière d’enseignant de l’hygiène à la Faculté de médecine et dans d’autres facultés qu’il poursuivra jusqu’à 1950.

Il est le directeur-fondateur de l’École d’hygiène sociale appliquée, poste qu’il occupera de 1925 à 1941.

Extrait de la publication

Page 20: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

L E S D É B U T S D ’ U N E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É E N H Y G I È N E 19

gardes-malades, elle dispensait un cours de perfectionnement pour les infir-mières déjà diplômées d’une école de gardes-malades reconnue.

L’administration de l’École fut confiée par la Faculté de médecine, dontelle est une annexe, à un comité de direction au sein duquel siégeaientplusieurs professeurs, entre autres J.-E. Dubé professeur très engagé dans lalutte contre la tuberculose et la mortalité infantile, qui avait été le promo-teur de l’œuvre des Gouttes de lait dès l’année 1900 et de l’Institut Bruchésien 1911. Outre les professeurs de la Faculté, s’y ajoutaient des représentantsdes institutions collaborant à son maintien comme le directeur du Service desanté de la ville de Montréal Séraphin Boucher, le directeur de la Ligue anti-tuberculeuse Albert Grant Fleming, Mlle Alice Ahern, surintendante adjointedu service des infirmières de la compagnie d’assurance-vie Métropolitaine.J.-A. Baudouin en faisait aussi partie.

En 1941, Annonciade Martineau, infirmière au Service de santé de laville de Montréal, succède au docteur Baudouin comme directrice intéri-maire à mi-temps jusqu’à 1942. Alice Girard, qui deviendra en 1962 lapremière doyenne de la Faculté des sciences infirmières, prenait alors larelève jusqu’à 1947, pour être remplacée par Gabrielle Charbonneau à partirde cette année. Toutes deux étaient diplômées de la Faculté des sciencesinfirmières de la Catholic University of America, à Washington (DC). Cetteécole a formé des générations d’infirmières visiteuses jusqu’à son intégrationdans l’École d’hygiène en 1949. De 1925 à 1941, elle a compté 245 diplô-mées. Elle doit son existence à la généreuse collaboration des institutionssuivantes : le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal, la Ligue anti-tuberculeuse et de santé publique de Montréal et la compagnie Métropoli-taine.

On peut se demander ce qui a motivé la Faculté de médecine à s’impli-quer directement dans la formation spécialisée des infirmières à cette époque.On en trouve la réponse dans le prospectus de l’Université de Montréal inti-tulé Cours de perfectionnement pour les gardes-malades paru en 1924. Les spécia-listes médicaux, chirurgiens, internistes ou hygiénistes demandent desinfirmières spécialisées pour les assister. Or, dans les programmes de formationdispensés par les hôpitaux, l’enseignement est jugé insuffisant à cet égard. LaFaculté de médecine entend intervenir pour combler ce besoin.

Dès sa fondation, l’École collabore étroitement avec le Service de santéde la ville de Montréal, accueillant ses infirmières visiteuses aux cours depuériculture. Le programme des études, d’une durée de neuf mois, comprenait

Page 21: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

B I B L I O G R A P H I E 269

Malissard, Pierrick, « Les “start-up” de jadis : la production de vaccins au Canada »,Sociologie et sociétés, 32, 1, p. 93-106.

Maurault, Mgr O. (1952), L’Université de Montréal, Montréal, les Éditions des Dix.

Ministère de la Santé nationale et du Bien-être social (1974), Nouvelle perspective de lasanté des Canadiens, Ottawa.

Poirier, Y. (1987), Évolution et impact des structures de financement fédérales et provincialessur la recherche en santé au Québec, Québec, Les Publications du Québec.

Pontaut, Alain (1985), Santé et sécurité. Un bilan du régime québécois de santé et sécuritédu travail, 1885-1985, Montréal, Les Éditions du Boréal Express, 239 pages.

Roemer, M. (1977), « Schools of Public Health and their future role », Public HealthReports, 92, 5, p. 407-410.

Toupin, J. L. (1970), Schools of Public Health in the USA and Canada (Year EndingJune 1969), New York, American Public Health Association.

Extrait de la publication

Page 22: Extrait de la publication - storage.googleapis.com€¦ · rieur) - Québec (Province) - Montréal - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé publique - Recherche - Québec (Province) -

270 E N S E I G N E M E N T E T R E C H E R C H E E N S A N T É P U B L I Q U E

Les auteurs

Benoît Gaumer est diplômé en médecine et titulaire d’un doctorat ensciences humaines appliquées (histoire) de l’Université de Montréal.Professeur associé au Département d’administration de la santé del’Université de Montréal, il s’intéresse à l’histoire de la santé publique etdu système de santé du Québec et de la Tunisie. Bénéficiaire d’unesubvention du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada,il développe présentement une histoire du système de santé du Québecà la période contemporaine.

Georges Desrosiers est diplômé en médecine. Il détient une maîtrise enadministration hospitalière de l’Université de Montréal et un certificatde spécialiste en santé publique du Collège des médecins du Québec. Ila été le premier directeur du Département de médecine sociale etpréventive de l’Université de Montréal de 1973 à 1981. À la retraitedepuis 1997, avec le titre de professeur émérite, il poursuit des recher-ches sur l’histoire de la santé publique au Québec, entreprises depuis ledébut des années 1980.

Jean-Claude Dionne est diplômé en sciences (chimie) de l’UniversitéLaval. Il a travaillé dans la fonction publique québécoise d’abord à titred’hygiéniste industriel, puis en tant que spécialiste en santé et sécuritéau travail à la Commission de la santé et de la sécurité au travail, et fina-lement à titre de conseiller scientifique à l’Institut de recherche en santéet sécurité au travail. À la retraite depuis juillet 2002, il termine présen-tement une maîtrise en histoire à l’Université de Montréal.

Extrait de la publication