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Extraits de textes, nouvelles, informations recueillis par UBUNTU
SOMMAIREL’inégalité parmi les plus
élevées au monde
2 Maryse Condé
3 Référendum en Nouvelle
Calédonie
4 Election à l’OIF
5/6 France et Paul Biya
7 Et le Yemen?
8 Femmes tunisiennes
9 Migrants à Rennes
10 Changement de focale
11 Jeanne Vialle
12 Liss Kihindou
13 Controverse littéraire
14 Chinua ACHEBE
15Lyonel Trouillot
16 Achille Mbembé
17 Aminata Aïdara
18 Jacques Roumain
19 Chantal Epée
20 Léonora Miano
21 David Diop
22 à 25 Dossier du mois
Nelson Mandela
26 Décoloniser les Arts
27 no comment
EDITO
L’inégalité parmi les plus élevées au monde
Achille M’Bembé, l’historien philosophe qui fait autorité
et anime avec Elwine Sarr les « Ateliers de la pensée »
à Dakar ne manque jamais, quand il exprime son
espoir du développement du continent africain, de faire
état des contradictions et difficultés actuelles qui
pourraient retarder sinon empêcher la venue de temps
nouveaux dans l’histoire de l’Afrique.
Notre dossier du mois - consacré en hommage à
Nelson Mandela - en témoigne à travers le film "le
Procès contre Mandela et les autres« où il apparaît
que, pendant 25 ans au pouvoir, l'ANC n’a pas tenu les
promesses de Mandela et a déçu la majorité de la
population noire sud-africaine victime des exactions et
des turpitudes notamment du président Jacob Zuma,
maître en corruptions de 2009 à 2018.
De 1999 à 2008 était apparue aux côtés de la
bourgeoisie blanche une bourgeoisie noire ; ni l'ANC,
ni le parti communiste, ni les syndicats sud-africains
n'ont remis en cause l'ordre économique et social. Au
contraire, les privatisations multipliées ont interdit
l’accès à la terre et l'égalité des revenus entre les
différents groupes de populations n'a pas progressée
depuis la fin de l'apartheid et l'Afrique du Sud connaît
un taux d'inégalité parmi les plus élevés au monde. FLH
Nb : UBUNTU est un atelier de la MIR et, naturellement, ce
mensuel s’adresse d’abord à ses associations dont nous
attendons les réactions pour un courrier des lecteurs –
également ouvert à tous les lecteurs et lectrices dont les avis
contribuerons à enrichir nos contenus…
en lice pour le
Goncourt, le
Renaudot, le Médicis,
le Fémina, et le Prix
Interallié. UBUNTU
l’invitera à Rennes.
Chère Maryse…
…Je me souviens d'une de tes visites en Haïti, au début des années 70….Tu
n’étais pas encore la romancière célébrée dans le monde entier pour Ségou, cette
évocation douce-amère de l’Afrique, mais déjà une intellectuelle redoutable qui
pourfendait les mythes. À ce moment-là je me nourrissais de mythes et d’épopées,
et j’avais peur de te rencontrer. Ce que je saurai rapidement c’est la grande
tendresse, cette nappe phréatique qui irrigue tout ton être et t’empêche souvent
de sombrer dans le désespoir. Tes livres, malgré tout, sont gorgés de soleil. De ce
soleil qui tire les arbres vers le haut. Tes livres sont faits de ces arbres qui
dansent dans l’éternel été de nos vies. Je me souviens qu’apprenant que j’étais
mal logé à New York tu m’as invité dans cet appartement que l’université de New
York avait mis à ta disposition. On a passé trois jours à causer. Je nous revois, toi,
ton mari et moi discutant d’Haïti, d’écriture, de cuisine antillaise, de voyages et de
traduction. J’étais à l’endroit où je voulais être, avec l’impression que je vivais un
moment inoubliable. Je m’attendais à tout moment à voir apparaître Toni
Morrison. Mais aussi Richard, cet homme qui partage ta vie depuis si longtemps, à
la fois ton mari et ton traducteur, je crois qu’une bonne part de ce prix lui revient.
Je le vois rougir et faire ce geste désinvolte de la main, comme pour chasser la
mouche de la vanité. Et je sais que tu descends, seule, au fond de la mine. Pour
remonter à la surface c’est la main de Richard que tu attrapes. Tu la sais sûre. Il y
a à peine deux semaines, j’étais à Manosque avec Alain Mabanckou pour le
festival littéraire et tu as enregistré un mot d’amitié à notre endroit. J’étais
abasourdi de te voir dans ce lit d’hôpital en train de sourire tout en articulant
péniblement un sentiment si puissant. D’où tires-tu, Maryse, ce lait de tendresse?
Pour tous ceux qui se rappellent d’un éclat de colère, d’un regard sombre et
ombrageux ou d’une critique acerbe qui s’allonge dans une diction lente, je me
souviens de ce sourire qui fleurit sur des lèvres si sensuelles.
Voilà que près de 35 ans après Ségou la gloire est revenue. Je sens d’ici ton
regard voilé mais où brille tout au fond la fierté d'une petite fille si turbulente
qu’on la croyait insolente. C’est l’image que je garde de toi: une petite fille qui
casse tout sur son passage parce qu’elle est submergée par une émotion qui
l’entraîne vers une mer d’encre.
Dany Laferrière, Bazas, 12 octobre 2018
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES
RESPECT MADAME CONDÉ
L'information a fait le tour des réseaux sociaux. Maryse
Condé a remporté hier le Prix Nobel
"alternatif" de littérature. Mais la presse française
ne s'en est pas fait l'écho ou si peu. Jointe au téléphone par
son amie Gerty Dambury, écrivaine guadeloupéenne comme
elle, Maryse Condé a commenté ce silence médiatique par
ces mots: "Cela me conforte dans ce que je pense. Je ne
suis pas une Française. Je suis une colonisée. Si ça avait
été un des leurs, ça aurait été différent !!"
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES
Le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ne consiste pas en un processus de décolonisation
La Nouvelle-Calédonie, lors de l’assaut d’Ouvea, a frôlé la guerre
civile. Ce fut l’intelligence de Jean-Marie Tjibaou et de Jacques
Lafleur anti-indépendantiste de se serrer la main et de trouver un
accord sur dix ans signé, en 1988, sous l’autorité de Michel
Rocard –, dont le principe était de donner du temps à chacun
pour essayer de convaincre l’autre. Malheureusement, Tjibaou a
été tué en 1989 par un extrémiste kanak.
Au cours de ces dix années, on a trouvé l’idée, pour éviter un
référendum « couperet », qui aurait pu relancer les conflits, de
signer un autre accord – l’accord de Nouméa, en 1998 : vingt
années supplémentaires pour continuer à améliorer la situation
de la Nouvelle-Calédonie, dans une autonomie accrue, et
permettre à chacun de défendre son point de vue. Au bout de
cette période, un référendum était prévu. Il se tient ce
dimanche 4 novembre.
Angélique Stastny, docteure en sciences politiques, montre que les accords ne
respectent pas le droit à la souveraineté des Kanak . LE MONDE | 01.11.2018 et l’article d’
Ouest-France du 02/11 dévoile une situation fort inégale entre blancs et kanak .
Extraits : La mondialisation a brouillé tous les repères. Les gens ont tout perdu,
leur culture, leur façon de cuisiner ou d’élever leurs gosses. Les gamins sont sur
Internet ou dehors, la maman joue au bingo et le papa, on ne sait pas où il est.
La Nouvelle-Calédonie peut être considérée comme un pays riche. Mais les
écarts de revenus sont énormes. Les 10% des plus riches ont 8 fois plus que les
10% des plus pauvres. En Métropole, le rapport n’est que de 1 à 3. Les
inégalités commencent dès l’école. Bon an, mal an on compte 15% de
bacheliers Kanaks contre 55% d’Européens. En 2014, seuls 5% des Kanak
étaient diplômés de l’enseignement supérieur. Il n’y a pas ou peu de médecins
ou d‘avocats. A Hienguène, à 400km au Nord, après trente minute de pistes
poussiéreuses, on atteint la tribu Tiendanite, fief de la famille TJIBAOU et on
mesure l’étendue du gouffre qui sépare Nouméa la blanche du reste de l’île.
« ça ne fait que 10 ans qu’on a l’électricité et on se lave à l’eau froide. 70% des
familles sont autosuffisantes et consomment ce qu’elles cultivent. »
« Le vivre-ensemble, c’est les caldoches qui parlent de ça. Nous, on le
subit. La vérité, c’est que nous sommes toujours colonisés. »
Étrange élection de la secrétaire générale de l’OIF
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES
Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise, élue présidente de
l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avec
le soutien de la France et des pays africains.
La Francophonie, c’est quoi?
Le Rwanda anglophone pour diriger la Francophonie?
Un article de RFI permet de mieux comprendre les raisons qui ont poussé
la France à appuyer la candidature Louise Mushikiwabo, à la tête de
l’OIF, contre l’avis des personnalités françaises et des organisations de
défense des droits de la personne. Il n’est pas seulement question de
« valeurs démocratiques » et de « candidature portée par l’Afrique »,
comme se plaisent à le déclarer les responsables français, mais aussi
d’inavouables enjeux économiques et géopolitiques. Antoine Glaser,
spécialiste de l’Afrique, rappelle que l’Hexagone s’est toujours servi de
l’OIF comme un instrument pour défendre ses intérêts.
Emmanuel Macron a soutenu la candidature de la Rwandaise pour tenter
de faire oublier les erreurs de l’armée française lors du génocide rwandais
de 1994 et la Francophonie serait comme un cadeau de Paris au pays
des mille collines afin de normaliser leurs relations.
Mais surtout « pour le pragmatiste Emmanuel Macron, normaliser les
relations avec le Rwanda permettra à la France de reprendre sa place
dans la région économiquement stratégique des Grands Lacs où les
Américains sont omniprésents depuis Bill Clinton », observe le journaliste
Pascal Airault, coauteur d’un ouvrage sur la Françafrique.
Or il est avéré que le Rwanda doit en partie son développement à son
rôle de « passeur » pour les multinationales des minerais dont le coltan
pillés dans le KIVU voisin. En outre, Paul Kagamé est régulièrement
accusé de violations des droits de l'homme.
Enfin il a remplacé le français par l'anglais obligatoire à l'école. Et le
Rwanda a rejoint le Commonwealth, pendant anglophone de l'OIF.
D'ailleurs Paul Kagame avait annoncé la candidature de sa ministre en
anglais. Etrange non ?
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES -
Président du Cameroun depuis 1982, Paul Biya est né en 1933 à
Mvomeka’a, dans le sud du pays. Après l’obtention d’une licence de
droit public à Sciences Po Paris, il rentre au Cameroun en 1962 et
débute son ascension politique. Premier ministre d’Ahidjo en 1975, il le
remplace à la tête de l’État 6 ans plus tard. En octobre 2018, il est
réélu pour un 8ème mandat…
Le destin de Paul Biya est depuis toujours lié à la France. C’est elle qui occupe
et administre son pays lorsqu’il voit le jour, en 1933. Des prêtres français
dirigent le petit séminaire où il est scolarisé. Il étudie en France où il devient l’un
des protégés de Louis-Paul Aujoulat, ancien médecin missionnaire au
Cameroun, ex-député et ministre de la IVe République.
Louis-Paul Aujoulat a aussi parrainé et placé Ahmadou Ahidjo à la tête du
Cameroun, en 1960, à l’indépendance. La France comptait sur cet homme lige
pour l’aider à conserver le contrôle du pays, riche et stratégiquement bien situé.
Entre 1955 et 1960, au cours d’une longue guerre impitoyable, elle a éliminé ses
opposants, dont les leaders nationalistes Ruben Um Nyobè, tué le 13 septembre
1958 par son armée coloniale, et Félix Moumié, empoisonné à Genève en
novembre 1960 par un de ses espions. En 1962, Paul Biya devient chargé de
mission à la présidence et succédera en 1982 à Ahmadou Ahidjo. La France est
alors son principal partenaire dans tous les domaines.
Depuis la politique africaine de la France a beau se moderniser, l’histoire de la
France en Afrique centrale, et au Cameroun en particulier, continue de hanter
les relations entre ces deux pays et leurs citoyens. La répression du mouvement
nationaliste – dont la mémoire n’a jamais été soldée –, le soutien au régime
alors qu’il était menacé par l’opposition en 1992, le silence face aux divers
épisodes de répression, vis-à-vis notamment des leaders anglophones
enfermés depuis dix mois sans avoir vu leurs avocats, attestent auprès de
nombreux Camerounais du soutien jamais démenti de la France à un régime
désormais honni par beaucoup. Les vieux réflexes de la Françafrique se
transmettraient-ils de génération de diplomates en génération de diplomates ?
La diplomatie française dans la région est donc inefficace, dans la défense des
intérêts français comme des citoyens camerounais. Elle ne défend que les
intérêts d’une élite prédatrice. Il est temps que ceux qui la mettent en œuvre
rendent des comptes.D’après Marie-Emmanuelle Pommerolle science-po à Paris 1Sorbonne et Institut des mondes africains.
« La France est perçue comme ayant une
influence significative sur le régime Biya »
Plusieurs jours après l’annonce de sa réélection,
Paul Biya a reçu une lettre de félicitations
d’Emmanuel Macron. Il l’a publiée sur sa page
Facebook officielle, dimanche 29 octobre au soir.
Très vite, des internautes et des médias
camerounais ont jugé qu’elle était fausse. Or, le
document est authentique... mais n’avait
aucunement vocation à être rendu public.
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES -
Premier problème, la lettre est signée le 25 octobre 2018, mais n’est
publiée que le 29 octobre à 19 h 18. La lettre a-t-elle été envoyée par
bateau pour avoir un si grand retard et atterrir au palais d’Étoudi en pleine
nuit au moment où les services de la poste sont déjà fermés? Deuxième
problème, la signature d’Emmanuel Macron apposée sur la lettre publiée
par Paul Biya ressemble à une mauvaise caricature d’imitateur amatateur.
Troisième problème, la lettre ne porte pas les armoiries de la France alors
que la première lettre publiée portait bien l’entête d’un document officiel.
Dans toutes ambassades de la France , le Quai d’Orsay et l’Elysée, tous
les documents officiels administratifs, les formulaires, portent bien ces
armoiries.
Plus grave, la lettre de félicitations attribuée au
président chinois n’est même pas signée, n’a
aucun cachet, ni armoiries. Même chose pour
celle attribuée à la Turquie. Le plus bizarre est
que toutes ces lettres ont été publiées le même
jour, comme si elles avaient été portées par le
même facteur qui est parti en France, a bifurqué
en Turquie, s’est envolé en Chine, pour ramener
ces courriers dans la même valise.
Alors que la justice française vient de traquer des
faussaires présentés par le gouvernement
camerounais comme les observateurs de
Transparency International ou les brigands de
Paul Barthélemy Abondo alias Paul Biya qui ont
fabriqué les fausses lettres de félicitations.
Lettre de la Chine
De la clarté des relations diplomatiques!?!
Ventes d’armes et pétrole : Le dilemme coupable de la France…Emmanuel Macron et le prince héritier MJS à l'Élysée, le 10 avril 2018
Et le Yemen?
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES
François Hollande écrivait d’or qui revendiquait Le devoir de vérité (Stock) mais
qui devenait, six ans après ces propos lucides, le président de la Ve République
le plus assidu auprès de la monarchie absolue saoudienne. Et comme sous
Hollande, le président Macron aligne sa politique moyen-orientale sur les
intérêts de Riyad. Et quand il déclare que l’arrêt des ventes d’armes ne peut
dépendre de la question de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, il feint
d’oublier celle de la guerre du Yemen.
Depuis un an et demi, des responsables d’ONG humanitaires sont reçus à
l’Élysée pour évoquer la tragédie engendrée par la guerre au Yémen (10 000
morts, 3 millions de déplacés, 10 millions victimes de la famine) et se plaindre
des abondantes ventes d’armes françaises à des dictatures, notamment aux
pays du golfe persique et à l’Égypte ainsi que des fournitures de police aux
démocratures africaines. Des conseillers les écoutent attentivement et semblent
même « approuver messages d’alertes et recommandations ». Pourtant,
invariablement, ils constatent n’avoir été ni entendus ni considérés.
L’Arabie saoudite, monarchie théocratique absolue, peut bombarder des civils
au Yémen, emprisonner des militants de la démocratie et des droits des femmes
et exécuter un nombre croissant de condamnés; elle peut appauvrir sa
population pendant que ses élites se gorgent de yachts et de châteaux à
l’étranger - la France ne hausse jamais la voix!
La proposition de commission d’enquête sur les ventes d'armes françaises au
Yémen, soutenue depuis juillet par une soixantaine de députés, n'a toujours pas
été concrétisée. Le député LREM Sébastien Nadot, à l'origine de cette
résolution déclare : « Le ministre Le Drian a fait le nécessaire pour que cela soit
bloqué. ». La ministre des Armées, Florence Parly, affirme que les armes
récemment vendues par la France à l’Arabie saoudite ne sont pas utilisées dans
le conflit au Yémen et prétend même que l’Hexagone est un "fournisseur
modeste" du régime saoudien. A quoi Amnesty International répond, après
enquête, que les armes vendues par la France sont utilisées en violation du
« Traité du Commerce des armes » et de « la position commune européenne ».
La France est le 3ème exportateur d’armes au monde
« Considérer ne pas savoir ce qui se passe ne fait pas de nous des
ignorants mais des complices »
Celui-ci a tant œuvré pour l’émancipation des femmes en leur accordant
le statut personnel, l’abolition de la polygamie, le droit de vote, le planning
familial, etc…
Un plateau d’intervenantes de haut niveau réuni par Le Nouveau
Magazine Littéraire : Najet Fakhfakh, Bochra Belhadj Hamida, Dalenda
Largueche, Alya Menchari…Elles sont romancière, députée, universitaire,
première femme commandant de bord en Afrique…Toutes des
combattantes conscientes du chemin parcouru depuis soixante ans et
aussi vigilantes pour préserver les acquis et les nouvelles luttes à mener.
La vigilance quand en août 2013, il a fallu que les femmes tunisiennes
descendent massivement dans la rue pour défendre leur statut personnel
alors attaqué …Et elles ont fait reculer le pouvoir en place à cette période
cruciale de l’après Ben Ali !
Les nouvelles luttes à entreprendre comme celle de la loi sur l’égalité
homme – femme devant l’héritage que porte actuellement la députée
Bochra Belhadj Hamida…
Le débat se termina par un échange magnifique entre deux jeunes
femmes d’à peine vingt ans et leurs aînées à la tribune…Les
jeunes leur rendant hommage tout en les invitant à se joindre à elles afin
de mener ensemble de nouveaux combats. Tout ceci exprimé avec
beaucoup de tendresse, de reconnaissance et une très forte maturité
politique. Les femmes tunisiennes sont en première ligne pour se
défendre contre les dangers de déstabilisation qui les menacent…non
seulement conscientes de leur mission mais elles en sont fières !
La première du cycle de conférences organisé dans la
perspective du Sommet de la Francophonie de Tunis
2020, s’est déroulée le 16 avril à l’Institut Français de
Tunisie (IFT). Quoi de plus naturel que de consacrer
ce débat au thème emblématique des femmes
tunisiennes et de leur rapport à Bourguiba, premier
Président de la Tunisie indépendante et l’un des pères
fondateurs de la Francophonie dans le monde.
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES
Femmes tunisiennes l’héritage de Bourguiba
Depuis le mercredi 17 octobre, le
Groupe Logement 1410 a pris le
relais du « Collectif de soutien aux
personnes sans-papiers » qui
réalisait des « occupations amies »
pour accueillir les migrants à la rue
et a réquisitionné un immeuble d’
Archipel habitat dans le Blosne, pour y loger une soixantaine de
personnes à la rue. Cet immeuble, inhabité, est sous-loué aux sapeurs-
pompiers d’Ille-et-Vilaine pour leurs exercices. L’opération s’est déroulée sans
violence et aucune évacuation n’a été faite par la police. Le départ des pompiers
a laissé de nouvelles places libres pour les habitant·e·s. Certaines personnes
qui n’étaient pas arrivées à temps ont pu s’y s'installer. Il n'y a maintenant plus
de place libre... et pourtant, certains témoignent être venus à l'invitation du 115 !
Une cuisine commune a été installée au deuxième étage, pour créer un espace
de vie commun. Les habitants sont invités à s'organiser eux-mêmes sur leur lieu
de vie. Une habitante propose que chaque étage soit responsable de l'entretien
de ses parties communes, le rez-de-chaussée entretenant les abords.
Le GL1410 recherche une association pour signer une convention avec Archipel
Habitat et la Mairie de Rennes est sollicitée pour prendre en charge les fluides
eau et électricité On s’interroge cependant sur les lourdes responsabilités à
assumer jusqu’à la date de fin de la convention, le 15 janvier prochain.
Enfin, il est nécessaire de continuer à mettre la pression sur les pouvoirs
publics. Si nous avons réquisitionné cet immeuble, c'est parce que l'Etat ne
respecte pas ses obligations : l’hébergement des personnes à la rue
relève de la compétence de l’État. Malgré tout, des centaines de personnes
se retrouvent sans solution à Rennes : des enfants, des femmes, des
hommes. ». Les actions à mener seront discutées lors de la prochaine
assemblée générale du GL1410.
ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES - ACTUALITES -
Réquisition pour loger des migrants à Rennes jusqu’à Noël
Si vous souhaitez rencontrer les habitant·e·s ou apporter des dons - on a
besoin de quoi cuisiner, de produits d'entretien, de matelas... - vous
êtes bienvenu·e·s !
MEMOIRE - MEMOIRE - MEMOIRE - MEMOIRE - MEMOIRE
Changement de focale. Et si – proposait France culture le 8 octobre -
pour une fois, on essayait de comprendre l’Europe en allant voir ailleurs... du
côté de l’Afrique par exemple, ce continent dont elle a tracé - arbitrairement - les
frontières. Observer l’Europe depuis l’Afrique, c’est faire un pas de côté
bienvenu pour voir notre Vieux continent d’un nouvel œil. les regards croisés
entre « l’Europe » et « l’Afrique » sont plus complexes et éclairants que l’on ne
pourrait croire. Avec Souleymane Bachir Diagne, qui pense l’Afrique sous
tous ses aspects, dans sa relation avec l’Europe, et depuis aussi sa philosophie
du langage et de la traduction, on entre dans le vif de tous ces sujets.
« Africa ». La conquête arabe a islamisé ce nom en le transformant en «
arabiya », qui est devenu le nom de tout ce qui se trouvait à l’ouest de
l’Egypte. (…) C’est le Moyen Age, avec les premières circumnavigations
(...), qui a progressivement continentalisé le nom d’Afrique. Donc le nom
est à la fois interne et externe.
On oublie une chose [...] le 20e siècle s'est ouvert sur un génocide et
s'est terminé par un génocide et le continent africain a eu le triste
privilège d'en être le théâtre (Héréros à partir de 1904 et Tutsis 7 avril au
17 juillet 1994). Toutes les langues sont équivalentes et toutes les
langues sont complètes. (…) L’exceptionnalisme européen, ça a été l’idée
que les langues européennes étaient exceptionnelles et avaient un
privilège pour ce qui était de dire l’être, la raison, la rationalité, les valeurs
universelles, etc. (…) Les autres langues avaient à peine un statut de «
parlée ». (…) Les autres langues non européennes étaient définies par un
manque. (…) Le monde d’après Bandoeng, c’est l’affirmation et le rappel
que toute langue est complète. Toutes les langues sont équivalentes, et
toutes disent et expriment un visage de l’aventure humaine, toutes disent
le monde.
La construction de l’Afrique comme « une » Afrique
est extérieure à l’Afrique. Le nom même d’Afrique
appliqué à la totalité du continent, c’est un acte de
nomination européen. (…) Le coin d’Afrique qui était
appelé « Afar » était du côté de Carthage : le nom
originel est interne. Mais on sait que c’est l’empire
romain qui appelait la région d’Afrique du NordSouleymane Bachir Diagne
Jeanne VIALLE, oubliée même dans son
pays, victime d’une catastrophe aérienne en 1953 près de
Bordeaux. Un dispensaire à Brazzaville, un autre à Pointe-
Noire, une rue à Bacongo où elle a vécu, une association et
une résidence à Marseille portent son nom. Sa sépulture se
trouve à Brazzaville, dans la plus grande indifférence des
Congolais malgré ses actions et combats en faveur de la
libération de la femme et de l’Afrique.
MEMOIRE - MEMOIRE - MEMOIRE - MEMOIRE
Native de Ouesso au Congo-Brazzaville, le 27 Août 1906, ayant vécu en
Centrafrique, puis grandi en France, Jeanne VIALLE fut l’une des très rares
sénatrices noires entre 1947 et 1952. Son père, Michel VIALLE, employé de la
Compagnie Française du Haut-Congo dans la SANGHA, faisait le commerce du
caoutchouc et de l’ivoire. Sa mère, s’appelait Thérèse TCHILOUMBOU, tante
maternelle du premier prélat local, évêque de Pointe-Noire de 1975 à 1986.
De passage à Brazzaville où elle venait régulièrement rendre visite à sa mère,
elle découvre la situation de filles abandonnées, crée un dispositif législatif pour
les secourir et crée une Association soutenue par un Fond d’investissement
pour se doter de structures d’accueil et d’hébergement. Elle soutient
personnellement des jeunes filles dont l’une Hélène BOUBOUTOU fut la
première bachelière en France en 1954 et une autre Bernadette BAYONNE fut
une des premières femmes ministre en 1984.
En Centrafrique, forte d’une audience grandissante par ses actions et combats,,
elle entreprit de créer un parti, l’Association pour l’Evolution de l’Afrique Noire, le
27 Juillet 1946 permettant l’entrée aux Chambres d’une trentaine de députés et
sénatrices et l’adoubement de Barthélémy BOGANDA qui écrivit « Madame
Jeanne VIALLE apportera beaucoup à notre pays. Elle en comprend les besoins
profonds et m’aidera à réaliser nos plus chers désirs ». Ce parti, classé à
gauche, regroupait en son sein de futurs membres du Rassemblement
Démocratique Africain, le RDA, tels que Jean FÉLIX -TCHICAYA, Félix
HOUPHOUET-BOIGNY, Fily DABO CISSOKHO. Elle fonda l’Espoir
Oubanguien en 1948, coopérative destinée à la construction et à la fourniture de
logements dans le quartier de la « Kouanga.
Des désaccords politiques concernant les trois coopératives appartenant à
BOGANDA, DARLAN et VIALLE, elle fut réélue en 1948 mais s’aliéna le soutien
de BOGANDA ce qui causa sa défaite en 1952 avant son décès en 1953.
Liss Kihindou, congolaise née à Brazza, LOUNDA Inès StellaSandrine, fille d’enseignant et elle-même enseignante, publie deslivres - romans, essais, nouvelles. Elle œuvre pour la promotion dela littérature africaine en général, congolaise en particulier. Critiquelittéraire active et reconnue, elle anime un blog :http://lissdanslavalleedeslivres.blogspot.com/
Nous la retrouverons tous les mois.
LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE - LIRE
Ne vous posez plus de questions, ne restez pas à quai... Prenez le
bateau qui va vous conduire vers les rivages désirés, espérés... Ce
bateau, c'est la publication d'une anthologie multilingue de poésie
congolaise. L'appel à textes est lancé depuis plusieurs mois.
60 textes sont attendus pour marquer les 60 ans de l'indépendance du
Congo-Brazzaville, pour rendre hommage à la littérature congolaise, pour
redonner à la poésie la place d'élection qui a été longtemps la sienne...
Textes à envoyer à Liss Kihindou ([email protected]) et/ou Frédéric
Ganga ([email protected]) et/ou UBUNTU ([email protected]
Partagez l'info à tous les poètes et poétesses du Congo que vous
connaissez.
Répondez-vous aux critères suivants ?
- Vous avez des racines congolaises et vous
en êtes fier/fière
-La poésie est un langage que vous
affectionnez, que vous utilisez
- Vous êtes séduit(e) par l'idée de rendre
hommage à vos racines congolaises à travers
les langues du pays
- Les mots, leur sens ou leurs sons... tout vous
parle et peut nourrir votre inspiration...
Pour une ANTHOLOGIE MULTILINGUE DE POESIE
CONGOLAISE (langues du Congo/français).
Dim 25/11 : Marché aux livres africains aux Lices
LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE - LIRE
Controverse à propos de littérature africaine
je suis plus perturbé que je le pensais par cette histoire de
LaRéus Gangoueus qui a reçu les menaces de la part de
l'avocat de Fatou Diome suite à un article de Abdoulaye
Imorou. Est-ce parce que je connais leur
actions/engagements/passion pour ce qui est de mettre en
avant les littératures des Afriques que je suis encore plus
révulsé ? Faut-il arrêter ces trucs de lire pour "promouvoir la
littérature africaine". Il faut revenir à la lecture pour le plaisir.
Retirer de tout acte de lecture la notion d'engagement.Joss Doszen
Sami Tchak
Les auteurs africains majeurs n'en ont rien à foutre des
critiques africains car ils savent bien que ceux ci n'ont aucun
impact sur leur capacité ou non à vendre. Leur public est
occidental ou afro-occidental. Un papier moyen dans
Libération ou Télérama les conduirait à la jouissance quand
un article dithyrambique d'un africain titillera à peine leur
égo. Ce que tu écris là est une évidence, Joss : les auteurs le
savent, les éditeurs le savent, ils savent où se situent les
véritables instances de légitimation et de promotion commerciale des livres.
Personne n'ignore que c'est dans le système franco-français que sont légitimés
ou non des auteurs africains francophones, qu'aucun d'eux n'a émergé à partir
d'un circuit afro-africain. Le jour où les auteurs sauront faire la différence entre
l'eau, d'un sens profond, qu'on leur sert à boire dans leur famille et le
champagne mondain, peut-être les attitudes seraient-elles différentes. Le milieu
littéraire est un milieu de compétitions, d'émulation, de rivalités, de jalousies, de
haines, d'affinités électives... S'ils ne se lisent pas entre eux ou n'ont qu'une
solidarité par réseaux (parce que entre amis qui se sont choisis, des auteurs
font des choses entre eux, ce qui est d'ailleurs une bonne chose), ce n'est pas
avec les blogs des critiques qu'ils viendraient soutenir qui que ce soit. Peu, très
peu parmi nous lisent les textes des autres et surtout en disent un mot sur leur
page (il n'y a aucune obligation de lire les autres, on lit ce qu'on veut lire, qui on
veut lire, heureusement). Chaque écrivain est dans son monde et dans ses
réseaux. Ce qui est normal, logique. Il n'en sera jamais autrement et il n'y a
aucune raison qu'il en soit autrement.
Dim 25/11 : Marché aux livres africains aux Lices
Chinua ACHEBE
"Des auteurs comme l'Américain Ernest
Hemingway ont représenté la population noire
africaine comme des sauvages et sont ainsi à
l'origine d'un immonde blasphème, disait Achebe.
C'est pourquoi j'ai décidé de tenter d'écrire des
livres où les personnages étaient des Africains
comme je les connais". « Tant que les lions
n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de
la chasse glorifiera toujours le chasseur ».
« L’homme n’est homme que parce qu’il fait partie de la nature. Chinua
Achebe nous invite à retrouver l’humilité, l’humus de ce qui nous a
façonné. Ce qui fait que je suis ce que je suis, c’est que j’ai appris des
gestes simples. Regarder, écouter, toucher, sentir. L’œuvre d’Achebe est
l’œuvre du ralentissement, voir même de l’alentissement. Chinua Achebe
a une écriture oralisée. Apparemment simple, comme tout le monde rêve
d’en écrire. Il se fait tour à tour griot, chantre de la terre. Il donne terre, il
donne corps à cette langue. » Gaston-Paul Effa
Dans le village ibo d'Umuofia, Okonkwo est un homme
écouté dont la puissance et le courage sont vantés par
tous, un fermier prospère qui veille sur ses trois
épouses et sur ses huit enfants, un sage guerrier
jouissant de la confiance des anciens. Son monde
repose sur un équilibre cohérent de règles et de
traditions, mais l'extérieur s'apprête à violer cette réalité
qui semblait immuable : les missionnaires d'abord, les
colons britanniques ensuite vont bouleverser irrémédia-
blement l'existence de tout un peuple. Tragique roman à la langue
limpide, « Le monde s'effondre » rend hommage à l'Afrique précoloniale
à l'aube de sa décomposition. Chinua Achebe devenait l'un des premiers
lions du continent à prendre la plume.
D’après France culture du 13/10
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En 2016, lors d'un entretien à Libération, à la publication de son roman
Kannjawou, Lyonel Trouillot dénonçait les sectes religieuses : « Les
églises évangéliques sont la plus grande catastrophe morale tombée sur
Haïti. L’individu est de moins en moins un citoyen : l’homme est un loup
pour l’homme. Virage sectaire inouï, conservatisme abominable. Lors du
tremblement de terre, l’écho de ces églises était : Vous n’avez pas suivi
les voies du Seigneur, la punition céleste vous a cueilli. »
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Lyonel Trouillot, né à Port-au-Prince en 1956 a fait des
études de droit. Fasciné par la littérature depuis son plus jeune
âge, il a collaboré à différents journaux et revues d'Haïti et de la
diaspora dans lesquels il a publié de nombreux poèmes,
chansons et textes critiques. Professeur de littérature,
journaliste, co-fondateur des revues Lakansyèl, Tèm et Langaj,
Lyonel Trouillot est co-directeur du Collectif de la revue Cahiers
du Vendredi.
Ne m'appelle pas Capitaine (Actes Sud)Quand Aude, aspirante journaliste, décide de frapper à la
porte de Capitaine pour enquêter sur le Morne Dédé – un
quartier de Port-au-Prince en déshérence qui connut son
heure de gloire à l’époque de la dictature, lorsqu’il abritait
les opposants –, elle n’est rien d’autre aux yeux du vieil
homme qu’une jeune bourgeoise qui n’a connu que “des
souffrances de contes de fées”, l’héritière d’une longue
tradition de familles opulentes ayant bâti leur fortune sur
le dos des pauvres gens. 4 de couv.
C’est une succession de portraits dans des contextes parfois terribles
décrits, dits par une jeune femme qui fait parler le vieil homme et les deux
sont la voix de Lionel Trouillot qui, en peu de pages, raconte l’histoire
d’Haïti sous la dictature et aux temps nouveaux. Relation double et
échanges de points de vue sans concession dévoilent un drame
personnel mais surtout mettent face à face ceux qui résistent et ceux qui
profitent. L’argent fait la différence et le capitalisme crée un cadastre
définitif et l’urbanisme politique de Port-au-Prince aujourd’hui. FLH
Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre qu'au-
delà du mélange de choses qui prévaut aujourd'hui, le
mérite de la décolonisation africaine fut d'ouvrir sur une
multitude de trajets historiques possibles. Achille
Mbembe montre que, au-delà des crises et de la
destruction qui ont frappé le continent depuis les
indépendances, de nouvelles sociétés sont en train de
naître, réalisant leur synthèse sur le mode de la
redistribution des différences entre soi et les autres et
de la circulation des hommes et des cultures.
Achille MBEMBE, Professeur d’histoire et de sciences
politiques à l’université du Witwatersrand, à Johannesburg,
régulièrement invité à enseigner à Duke ou à Harvard, ce
spécialiste de la lutte pour l’indépendance camerounaise est un
observateur aguerri de l’évolution de notre monde. Il décrypte les
mutations africaines et les confronte aux sociétés postcoloniales
européennes, liées les unes aux autres, et inversement.
La décolonisation africaine n'aura-t-elle été qu'un accident bruyant, un
craquement à la surface, le signe d'un futur appelé à se fourvoyer ?
Cet univers créole, dont la trame complexe et mobile glisse sans cesse
d'une forme à une autre, constitue le soubassement d'une modernité que
l'auteur qualifie d'"afropolitaine ". Il convient certes de décrypter ces
mutations africaines, mais aussi de les confronter aux évolutions des
sociétés post coloniales européennes ? en particulier celle de la France,
qui décolonisa sans s'auto-décoloniser ?, pour en finir avec la race, la
frontière et la violence continuant d'imprégner les imaginaires de part et
d'autre de la Méditerranée.
C'est la condition pour que le passé en commun devienne enfin un
passé en partage.
Écrit dans une langue tantôt sobre, tantôt incandescente et souvent
poétique, cet essai constitue un texte essentiel de la pensée post
coloniale en langue française.
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Aminata AIDARA, née en 1984, vit entre l’Italie, le Sénégal et la
France. Titulaire d’un doctorat en littérature française et comparée en
Sorbonne, elle lance en 2011 le projet "Exister à bout de plume", pour
la parution d’écrits de jeunes issus de l’immigration. Depuis 2009, elle
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a publié plusieurs nouvelles en français et en italien et rédige à Africultures des critiques
et des entretiens avec les auteurs et artistes liés à l’Afrique et à ses diasporas.
• Et voilà les lames scintillantes qui nous éventrent. Pendant que nous mourons,
nous les regardons encore une fois, incrédules. Et avant de suffoquer dans nos
mines, qui ne nous ont jamais appartenu, le reflet d’un diamant nous donne les
vertiges. Nous ouvrons les yeux quand, en nous noyant dans le réveil d’un
fleuve malveillant, nous glisse entre les doigts un fragment de pépite. Les
damnés de la terre. Frantz l’avait bien dit.
• Je suis quelqu’un de libre. Je suis donc seule. Je sais depuis la nuit des temps
que ces deux choses sont liées, à la vie et à la mort. Malgré cela, je suis
convaincue que tous, on doit chercher à être libres dans notre tête. Pour nous
intégrer réciproquement. Vraiment. Et pour qu’un jour se dégage une
quelconque forme de paix.
• Personne ne l’a vu mais je suis une étoile filante qui n’a pas encore touché le
fond, la fin du ravin, malgré la chute. Encore une fois j’émerge du péril. Je
survis. Je fête. Je vis. J’ultravis.
Dès les premières pages, on entre dans une intrigue
familiale avec la révélation d’un secret par le père à sa
fille Estelle : la naissance d’un enfant illégitime « Le Fils
de l’Autre ». L’arbre généalogique qui figure au début du
roman pourrait nous faire croire qu’on va alors être
happé par une grande saga familiale mais on s’arrête de
manière non fortuite sur Estelle, la dernière de la fratrie
et sur sa mère Penda. Leurs voix qui s’alternent au grédes parties du roman nous mènent sur leur chemin interne nécessaire à
endurer pour démêler les souvenirs, les fantasmes, les obsessions
marquées parfois par les séquelles de la grande Histoire. On y côtoie
d’ailleurs de grands auteurs des réflexions postcoloniales comme Achille
Mbembé, Felwine Sarr ou Frantz Fanon pour qui Penda voue une
grande admiration. D’après Africultures
un des livres fondateurs de la littérature haïtienne
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Jacques ROUMAIN, né en 1907 à Port-au-Prince,
scolarisé à Saint Louis de Gonzague, achève ses études en
Suisse, voyage en Allemagne, en France, en Angleterre et en
Espagne et 20 vingt ans, il rentre en Haïti et y contribue à la
naissance de la Revue Indigène où il publie poèmes, nouvelles et
traductions. Très impliqué politiquement, il est emprisonné une
1ère fois en 1929. A nouveau emprisonné en 1933 et 1934 alors
qu'il vient de fonder le Parti Communiste Haïtien.
A Paris, entreprenant des études d'ethnologie à la Sorbonne et de paléontologie au
Musée de l'Homme, il collabore à Regards, Commune, Les Volontaires et publie « Les
griefs de l'homme noir » au sein d'un texte collectif L'homme de couleur. Lorsque la
guerre éclate, il gagne les Etats-Unis où il poursuit ses études scientifiques et ses
activités littéraires. Il voyage beaucoup et séjourne presque un an aux côtés du poète
Nicolás Guillén à La Havane. En 1941, après l'élection du Président Lescot, il peut
regagner Haïti et sera diplomate à Mexico Il décède en 1944 en Haïti. D’après Babelio
Gouverneurs de la rosée roman, chef
d'œuvre introuvable pendant des années. Un village
pauvre, en proie à la sécheresse, des rivalités entre
habitants, des désirs de vengeance, constituent le cadre
d’undrame de l'amour et du courage. Une belle leçon de
dignité humaine et un chant d'amour pour le peuple de
Haïti, écrit dans une langue d'une saveur sans pareille.
Jacques Roumain est l'une des grandes voix d'Haïti
• Le malheur bouleverse comme la bile, ça remonte à la bouche et alors les
paroles sont amères… La haine, ça donne à l'âme une haleine empoisonnée,
c'est comme un marigot de boue verte, de bile cuite, d'humeurs rances et
macérées.
• Est-ce qu'on peut déserter la terre, est-ce qu'on peut lui tourner le dos, est-ce
qu'on peut la divorcer, sans perdre aussi sa raison d'existence et l'usage de ses
mains et le goût de vivre? Mais la terre, c'est une bataille jour pour jour, une
bataille sans repos : défricher, planter, sarcler, arroser, jusqu'à la récolte, et
alors tu vois ton champ mûr couché devant toi le matin sous la rosée ; et tu dis :
moi untel, gouverneur de la rosée et l'orgueil entre dans ton cœur.
• Et elle sourit de ce sourire qui avait gardé la grâce de la jeunesse…d’après Babelio
Chantal EPEE
« Vous trouverez sur mon nouveau site Internet une
présentation de mon travail d'auteur et des actions que
j'entreprends autour de la promotion des arts et des cultures
d'Afrique et des diasporas africaines et afro-descendantes »
mercredi 18 juillet 2018
«
LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE – LIRE - LIRE
ILLUSIONS DE PAIX
La paix n'est pas uniquement l'absence d'un conflit armé.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel les disparités sociales sont si
criantes qu'elles en sont obscènes et génératrices de colère pour les laissés
pour compte du minimum vital
La paix est illusoire dans un pays dans lequel scolariser ses enfants, se soigner,
se nourrir, trouver un emploi, relèvent du luxe tandis que d'autres gaspillent
sans états d'âmes des richesses spoliées.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel l'on peut d'un coup de baguette
magique, fabriquer des innocents et des coupables, au gré d'une justice aux
ordres.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel les hôpitaux sont délabrés.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel, l'on enjambe un blessé grave, un
malade qu'on laisse gésir dans les couloirs d'un hôpital public, au prétexte que
l'on a pas reçu de l'argent pour le soigner tandis que les dirigeants de la nation
vont se faire soigner en occident.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel l'on se regarde en potentiels
ennemis, parce que l'on n'est pas du même clan, de la même tribu, de la même
région.
La paix est illusoire quand l'on tolère dans les choses du quotidien l‘éthnicisation
des rapports sociaux, et celle du regard sur l'autre.
La paix est illusoire dans un pays dans lequel l'on pense que le mépris de l'autre
sur des fondements ethniques, n'est qu'un "jeu" séculaire et sans gravité.
Ceux qui vendent la paix comme slogan, font le terreau de potentiels
embrasements, et de conflits armés au nom de leurs intérêts égocentrés.
Il suffirait d'une mèche, d'une machette, d'une arme à feu, d'une manipulation
savamment orchestrée...
La paix est illusion, tandis que montent colère et frustrations.
Afrique, mon Afrique...
© Chantal EPEE - Alm'Afrika, pp 74-75 (2015)
ILLUSIONS DE PAIX - Afrique, mon Afrique
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Léonora Miano née à Douala, au Cameroun, où passe
son enfance et son adolescence avant de s'envoler en
1991 pour la France où elle réside depuis. Son premier
roman, "L'intérieur de la nuit", plébiscité par les lecteurs,
a reçu plusieurs Prix dont celui des Lycéens. "La saison
de l'ombre" a obtenu le prix Fémina 2013.
En 2014, elle oriente sa réflexion et son écriture autour de la sexualité
masculine avec le recueil collectif « Première fois" et avec "Volcaniques" en
2015, elle fait de même avec des femmes et ouvre une réflexion sur la sexualité
dans les cultures africaines et afrodescendantes.
Le MIDAF a eu le plaisir de recevoir Léonora Miano à Rennes en 2014
avec une conférence à l’Espace Ouest-France et la création de son 1er
spectacle poésie/jazz « Parole Indigo » à la MJC de Bréquigny
"Révélation" à la CollineLéonora Miano, a proposé sa première pièce,
sur l’Afrique et les offenses faites à ses
enfants au Théâtre de la Colline à Paris. Elle
y parle du "commerce triangulaire", vu du
point de vue de l’Afrique, encore qu’elle
déteste qu’on parle de l’"Afrique" ou des
"Africains qui est le nom que nous portons
depuis que d’autres nous ont désignés ainsi le
nom de notre assujettissement et de notre
aliénation". Pas Africain mais Camerounais ou Ghanéen ou du Congo.
Elle parle de ce sujet-là d’une manière symbolique, en convoquant les
personnages des vieilles légendes où les morts, et les divinités qui les
accueillent, continuent de veiller sur les vivants pour les aider ou les
punir. Et elle a confié la mise en scène au Japonais Miyagi selon laquelle
des constructions mythologiques semblables passaient aux temps très
anciens de civilisation en civilisation. Le monde africain des vivants et des
morts trouvait ainsi des correspondances dans le shintoïsme. Et ce fut un
très grand spectacle du 20 sept au 20 octobre. Que je ne commente pas
personnellement parce que, ayant billets de train et du théâtre mais pas d’hébergement, je n’ai pu
le voir à mon très grand regret. Mais dont il fallait rendre compte comme d’un évènement
important dans le parcours et l’œuvre de Léonora Miano. Peut-être le texte sera-t-il édité…
Né à Paris en 1966, David Diop a grandi au Sénégal.Il est actuellement maître de conférence à l’université
de Pau. Avec ce premier roman d'une beautéécrasante, David Diop redonne voix aux milliers desoldats africains, si peu entendus, envoyés à la mortdans une guerre qui n’était pas la leur.
« Frère d'âme » est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le
Médicis, le Fémina, et le Prix Interallié. Nous l’inviterons à Rennes.
1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop,
deux jeunes Sénégalais amis d'enfance, venus de leur
village sur le sol français pour défendre la patrie.
"Vous les chocolats d'Afrique Noire vous êtes
naturellement les plus courageux parmi les courageux.
La France reconnaissante vous admire", leur répète le
capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir
de la tranchée pour affronter l'ennemi, ils font comme
leurs camarades, ils se lancent en hurlant, "le fusil
réglementaire dans la main droite et le coupe-coupe à la main gauche".
Un jour, à la sortie de la tranchée, Mademba Diop est blessé. La mort ne
vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'était pas encore mort qu'il avait
déjà le dedans du corps dehors". "Trois fois il m’a demandé de l’achever,
trois fois j’ai refusé". Ah, Mademba Diop ! Ce n'est qu'à ta mort, au
crépuscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'écouterais plus la voix du
devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'était trop
tard", dit-il.
Et, loin des tranchées et des obus, Alpha plonge dans son passé. Le
village, ses règles, ses croyances, le chagrin de son père après la
disparition de sa mère, son enfance auprès de son ami Mademba, petit et
malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de
"Fary Thiam", la jeune femme qui, contre toute les lois du village, lui a
offert la "joie du corps" avant son départ pour la guerre, lui donnant un
bonheur que son ami et "presque frère" Mademba n'a pas eu la chance
de connaître avant de mourir au front.
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DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
« Au cours de ma vie, je me suis
entièrement consacré à la lutte du peuple
africain. J'ai lutté contre la domination
blanche et j'ai lutté contre la domination
noire. Mon idéal le plus cher a été celui
d'une société libre et démocratique dans
laquelle tous vivraient en harmonie et
avec des chances égales. » cf. UBUNTU
Nelson Mandela, l’Africain du XXéme siècle
Nelson Rolihlahla Mandela est né dans l'ancien Bantoustan, en Afrique du
Sud. Son père était l'un des chefs de l'ethnie Xhosa. Après un diplôme en
droit en 1942 à l'Université de Johannesburg, il entre à l'ANC (l'African
National Congress), parti politique modéré de la bourgeoisie noire.
Avec Oliver Tambo, Nelson Mandela fonde le premier cabinet d'avocats
noirs en Afrique du Sud, puis, en 1944, crée la Ligue de la jeunesse de
l'ANC (Youth League). L'apartheid "officialisé" par le premier ministre sud
africain en 1948, Nelson Mandela et Olivier Tambo accèdent à la tête de
l'ANC avec la Ligue de la jeunesse.
En 1986 ont lieu des rencontres avec les autorités qui le placent en
résidence surveillée à partir de 1988. Nelson Mandela est finalement
libéré le 11 février 1990 après avoir passé 27 ans et demi en prison.
Le gouvernement sud africain légalise le Parti communiste et l'ANC dont
Mandela devient le président en 1991. En 1993, avec le président De
Klerk, il reçoit le prix Nobel de la paix. Les premières élections pluralistes
et multiraciales ont lieu en 1994. L'ANC remporte une très large victoire.
La même année, Nelson Mandela devient Président de l'Afrique du Sud.
Après plusieurs années de lutte contre
l'Apartheid, d'arrestations et de procès, Nelson
Mandela est condamné en 1964 avec sept
compagnons à la prison à vie pour sabotage,
trahison et complot. Durant toute sa captivité, il
refuse d'être libéré contre le renoncement public
à la lutte anti-apartheid.La prison de Robben Island
« Cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse ».
« J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité
de la vaincre ».
"La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à
chaque chute.
"C'est toujours l'oppresseur, non l'opprimé qui détermine la forme de lutte.
Si l'oppresseur utilise la violence, l'opprimé n'aura pas d'autre choix que
de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n'était qu'une forme de
légitime défense.
"Je serai toujours bouleversé par la haine raciale et je reprendrai la lutte
contre les injustices jusqu'à ce qu'elles soient définitivement abolies."
"Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et
cet ennemi devient votre associé.
"L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde."
"Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur,
pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l'espoir là
où règne le désespoir.
"La liberté sans le civisme, la liberté sans la capacité de vivre en paix,
n'est absolument pas la vraie liberté ! »
Source La toupie
L'esprit révolutionnaire de Nelson Mandela a
marqué ses écrits et ses discours de paroles
simples, mais qui garderont sans doute leur
résonance à jamais. Extraites pour la plupart d'
Un long chemin vers la liberté, elles sont autant
de bonnes raisons de chercher à connaître un
peu mieux Nelson Mandela, l’homme qui croyait
au lendemain.
DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
"Au fil des ans, j’ai continué à regarder Mandela
avec un sentiment d’admiration et d’humilité,
tout à la fois enthousiasmé par les possibilités
infinies dont m’avait fait prendre conscience sa
propre vie, mais aussi effrayé par les sacrifices
nécessaires pour mener à bien son rêve de
justice et d’égalité ? Sa vie d’ailleurs, nous
raconte un histoire aux antipodes du cynisme et
du fatalisme qui affligent souvent notre monde.
Un prisonnier est devenu un homme libre ; un
héros de la liberté a proclamé la réconciliation ;
un chef de parti est devenu un président au
service de la démocratie et du progrès.
Même à présent qu’il n’occupe plus de fonction officielle, Mandela
continue de se battre pour l’égalité, la chance et la dignité des hommes. Il
a tant fait pour changer son pays, de même que le monde, qu’il est
difficile de s’imaginer l’histoire des dernières décennies sans lui. »
Extrait de la Préface de Barack Obama au livre « Conversations avec moi-même. Lettres
de prison, notes et carnets intimes » de Mandela
Lors de l’enterrement de Mandela, Obama
a rappelé le sens de la devise UBUNTU de
la tribu de Mandela « les Yoksa ».
« Les jeunes invités à courir pour gagner
une corbeille de bonnes choses sont
revenus ensemble parce que, ont-ils dit :
« si l’un de nous avait gagné, nous aurions
été tous tristes »…d’où la devise :
« Je suis parce que nous
sommes ».
Rencontre en 2005 entre Barack Obama et Madiba
DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
"le Procès contre
Mandela et les autres"
documentaire de Nicolas
Champeaux et Gilles Porte
sorti le 17 octobre
vu par Achille Mbembé
Ce documentaire au Festival de Cannes met en images les
enregistrements du procès en 1963 et 1964, où les dirigeants de
l'ANC sont condamnés à la prison à vie sur Robben Island.
Pour Achille Mbembe, le film est un "bijou", « Le film tombe bien pour le
monde en général, marqué par la résurgence du racisme, l'hostilité à
l'égard des migrants, le retour du culte de la différence et la résurgence du
besoin de séparation. Voir ensemble Mandela, Sisulu, Kathrada et leurs
co-accusés a une portée universelle. » mais « il n'est pas certain qu'il
réussisse à réconcilier les jeunes radicaux sud-africains avec l'action de
leurs aînés. Ils critiquent Mandela ouvertement et veulent aller plus loin
dans la décolonisation, oubliant trop vite les sacrifices, la souffrance et le
courage que le film montre de manière émouvante. »
En Afrique du Sud, le film arrive à un moment ambigu. Le pays est
secoué par des mouvements culturels et politiques qui prônent une
décolonisation radicale. Ils présupposent que la lutte conduite par
Mandela et ses camarades n'a pas produit les effets escomptés.
Ils ne s'intéressent pas à ces figures du passé qui, pour eux, obstruent le
futur dont ils rêvent : radical et décolonial pour se débarrasser une bonne
fois pour toute de la suprématie blanche.
Après 25 ans au pouvoir, l'ANC a déçu une partie de la population sud-
africaine, notamment la jeune génération qui n'a pas connu l'apartheid.
C'est comme un syndrome post-colonial. La nouvelle génération ne veut
plus entendre parler du passé, surtout dans le contexte de corruption qui a
marqué ces dernières années, auxquelles elle assimile certaines figures
du passé. Pour elle, ce sont les prédateurs qui expliquent les privations.
DOSSIER DU MOIS - DOSSIER DU MOIS – DOSSIER – DOSSIER
Décoloniser les arts - Décoloniser les arts - Décoloniser les arts
Dans Décolonisons les arts !, recueil de témoignages, une quinzaine
d’artistes travaillant en France dénoncent le racisme auquel ils sont
sans cesse confrontés dans leur profession. Théorique et
analytique, Les Miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs
(arts, littérature, philosophie), de la philosophe franco-algérienne
Seloua Luste Boulbina, est davantage tourné vers la situation
africaine.
Trois ans après la création de l’association Décoloniser les arts, ces
artistes « racisé·e·s » décrivent dans un ouvrage collectif la façon
dont ils tentent par leur pratique d’ouvrir les scènes françaises à
d’autres imaginaires que celui blanc et occidental.
« Où sont les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, les Latins, les
Français des cultures minorées dans les théâtres de France ? Dans
la culture de France ? » interpellait, peu après sa création en
novembre 2015, le collectif Décoloniser les arts. Venu du théâtre, le
collectif s'est depuis ouvert à des danseurs, cinéastes, plasticiens
et architectes (lire leur blog sur Médiapart)
Ce tapis est la liste de 100 mètres de long des noms
des 17306 personnes noyées en tentant de migrer.
Cette liste a été déposée sur le sol pour obliger les
députés européens à marcher dessus en entrant au
parlement européen