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Fables et contes de notre enfance en argot et en ch’ti

Guillaume de LouvencourtOeuvre publiée sous licence Creative Commons by-nc-nd 3.0En lecture libre sur Atramenta.net

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Introduction

Et si la fourmi parlait à la cigale en argot ; et si le Petit Chaperon rouge se mettait à parler Ch’ti ; et si Blanche-Neige s’appelait en fait Blanchouillarde-soupe ; et si… Alice basculait dans un monde de Ch’tis fous ?! Guillaume de Louvencourt a osé se poser la question et proposer, accompagné de Mathilde Pucheu, des textes hauts en couleur qui dépoussièrent les lectures de notre enfance.

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LA CIGALE ET LA FOURMI (La Fontaine) Argot

La cigale, ayant chantéLa cigale, ayant goualé Tout l’été,Tout l’jaune, Se trouva fort dépourvueSe dévissa bono essorée Quand la bise fut venue.Quand la zef fut radinée. Pas un seul petit morceauQueniente un seulo morcif De mouche ou de vermisseauDe mouche ou d’asticot Elle alla crier famineCésarine ambia péter poisse Chez la fourmi sa voisine,Chez la fourmi sa voisine La priant de lui prêter

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La bigottant de cécol dégringoler Quelque grain pour subsisterQuelque grain pour se faire dorer la pastille Jusqu’à la saison nouvelleJusqu’à la saison nouvelle « Je vous paierai, lui dit-elle,« Mon gniasse vozigue arroserai, sézaille gicla-sésingard, Avant l’oût, foi d’animal,Avant l’oût, foi d’bestiau, Intérêt et principal. »Intérêt et principal. » La fourmi n’est pas prêteuse ;La fourmi est constipée du morlingue ; C’est là son moindre défaut.C’est ladé son moindre défaut. « Que faisiez-vous au temps chaud ?Que foutiez-vozigue au temps lauchem ? Dit-elle à cette emprunteuse.Juta-sézière à cette chineuse. Nuit et jour à tout venantBorgne et reluit à toutine venant Je chantais, ne vous déplaise.Mon gniasse goualais, ne vouzailles puer au nez. Vous chantiez ? j’en suis fort aise.

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Vozière jutiez ? j’en suis fort aise. Eh bien : dansez maintenant. »Eh bono : pogotez maintenant. »

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LA GRENOUILLE QUI VEUT SE FAIRE AUSSI GROSSE QUE LE BŒUF (La Fontaine)

Argot

Une grenouille vit un bœufUne grenouille bicla un cornant Qui lui sembla de belle taille.Qui cécol sembla de chouette taille. Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,Césarine, qui n’était nib gravosse en toutine comme un avergot, Envieuse, s’étend, et s’enfle et se travaille,Jalmince, s’étend et se blase et se bricole, Pour égaler l’animal en grosseur,Pour égaler l’bestiau en grosseur, Disant : « Regardez bien, ma sœur ;Bavant : « Zieutez choucard, ma frangine ; Est-ce assez ? dites-moi : n’y suis-je point encore ?Est-ce basta ? jutez-ma poire : n’y suis-mon gniasse nib encore ? Nenni –M’y voici donc ?–Point du tout. M’y voilà ?Nenni –M’y voici donc ? –queniente du toutine. M’y voilà ?

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– Vous n’en approchez point. « La chétive pécore– Vouzailles n’en approchez nib. « La carafon pécore S’enfla si bien qu’elle creva.Se blasa si bono qu’sézière déchira son faux col. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :Le maraille est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,Toutine pékin veut bâtir comme les bringues seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs,Toutine bas-duc linspré a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.Toutine marquis veut avoir des vadoux.

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LE POT DE TERRE ET LE POT DE FER (La Fontaine) Argot

Le pot de fer proposaLe gour de dur proposa Au pot de terre un voyage.Au turin de La Basse un voyage. Celui-ci s’en excusa,Celui-ci s’en rambina, Disant qu’il ferait que sageCassant qu’y broquantait que sage De garder le coin du feu,De garder le loinqué du rif Car il lui fallait si peu,Car y sézig fallait si pas des masses, Si peu, que la moindre choseSi pas bezef, que le moindre bidule De son débris serait cause :De son débris serait cause : Il n’en reviendrait morceau.

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Y n’en rabattrait porkesse. « Pour vous, dit-il, dont la peau« Pour vozière, dégueula-t-y, dont la pelette Est plus dure que la mienne,Est plus duraille que la mienne, Je ne vois rien qui vous tienne.Mon gniasse ne bicle pouic qui vozigo tienne. – Nous vous mettrons à couvert,– Nosis vouzailles foutrons à couvert, Repartit le pot de fer :Repartit le turin de dur : Si quelque matière dureSi quelque matière dure Vous menace d’aventure,Vozigue arçonne d’à la flan, Entre deux je passerai,Entre deux mon gniasse filerai, Et du coup vous sauverai. »Et du coup vozière sauverai. » Cette offre le persuade.Cette offre le persuade. Pot de fer son camaradeGoupine de durin son fanandel Se met droit à ses côtés.

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Se cloque à ses côtés. Mes gens s’en vont à trois pieds,Mes gens s’en taillent la route à trois nougats, Clopin-clopant comme ils peuvent,Clopin-clopant comme ils peuvent, L’un contre l’autre jetésL’un contre l’autre plaqués Au moindre hoquet qu’ils treuvent.Au moindre hoquet qu’ils dévissent. Le pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pasLe turin de la produisante en chie ; y n’eut pas branlé reng pas Que par son compagnon il fut mis en éclats,Que par son carreur y fut carré en éclats, Sans qu’il eût lieu de se plaindre.Sans qu’y eût lieu de miauler. Ne nous associons qu’avec nos égaux,Ne nouzingan flécher qu’avec nos égaux, Ou bien il nous faudra craindreOu du tonnerre y nous faudra craindre Le destin d’un de ces pots.Le destin d’un de ces goupins.

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LE CHEVAL ET L’ÂNE (La Fontaine) Argot

En ce monde il se faut l’un l’autre secourir :En ce maraille y se faut l’un l’autre secourir : Si ton voisin vient à mourir,Si ton voisin radine à crever son pneu, C’est sur toi que le fardeau tombe.C’est sur tézière que le fargue se rétame. Un âne accompagnait un cheval peu courtois,Un branque drivait un bourrin pas lerche courtois, Celui-ci ne portant que son simple harnois,Celui-ci ne trollant que son simple harnois, Et le pauvre baudet si chargé qu’il succombe.Et le pauvre branque si chargé qu’y épouse la Camarde. Il pria le cheval de l’aider quelque peu :Y jasa le cador de lui faire la passe quelque pas gras : Autrement il mourrait devant qu’être à la ville.Autrement y crapsait devant qu’être à la vergne. « La prière, dit-il, n’en est pas incivile :« La prière, drogua-t-y, n’en est pas incivile :

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Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu. »Mèche de ce fargue ne vozigue sera que schpile. » Le cheval refusa, fit une pétarade :Le pont envoya l’ours, fit une pétarade : Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade,Tant qu’y éclaira sous le faix clamser son camarluche, Et reconnut qu’il avait tort.Et rembroqua qu’y avait tort. Du baudet, en cette aventure,Du branque, en cette aventure, On lui fit porter la voiture,On sezigue trimbaler la roulante, Et la peau par-dessus encor.Et la basane par-dessus encor.

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LE COCHON, LA CHEVRE ET LE MOUTON (La Fontaine) Argot

Une chèvre, un mouton, avec un cochon gras,Une câpre, un bêlant, avec un bouant gras, Montés sur un même char, s’en allaient à la foire.Hautochés sur un même char, s’arrachaient à la boule. Leur divertissement ne les y portait pas ;Leur divertissement ne les y trollait nib ; On s’en allait les vendre, à ce que dit l’histoire :On dévissait les bazardait, à ce que stafe l’histoire : Le charton n’avait pas desseinLe charton n’avait queniente dessein De les mener voir Tabarin. De les mener éclairer Tabarin. Dom pourceau criait en cheminDom pourceau barjaquait en trimard Comme s’il avait eu cent bouchers à ses trousses.Comme s’y avait eu reng criolliers à ses trousses. C’était une clameur à rendre les gens sourds.

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C’était une gueulerie à recoquer les gens sourdingues. Les autres animaux, créatures plus douces,Les autres bestiaux, créatures plus tractis, Bonnes gens, s’étonnaient qu’il criât au secours ;Bonnes gens, s’en esbloquaient qu’y alla au cri ; Ils ne voyaient nul mal à craindre.Ils ne biclaient nul à l’estorgue à craindre. Le charton dit au porc : « Qu’as-tu tant à te plaindre ?Le charton cassa au porte-veine : « Qu’as-tu à te musiquer ? Tu nous étourdis tous : que ne te tiens-tu coi ?Tu nouzailles étourdis tous : que ne te tiens-tu coi ? Ces deux personnes-ci, plus honnêtes que toi,Ces deux personnes-ci, plus sinves que ta poire, Devraient t’apprendre à vivre ou du moins à te taire :Devraient t’apprendre à vivre ou du moins à fermer ta malle : Regarde ce mouton, a-t-il dit un seul mot ?Rebouise ce mornos, a-t-y becté un solo mot ? Il est sage. – Il est sot,Y est sage. – Y est jean-jean, Repartit le cochon : s’il savait son affaire,Repartit le bouant : s’y entervait son aff, Il crierait, comme moi, du haut de son gosier ;Y charronnerait, comme ma pomme, du haut de son avaloir ; Et cette autre personne honnête

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Et cette autre personne sinve Crierait tout du haut de sa tête.Gueulerait toutine du haut de sa baigneuse. Ils pensent qu’on les veut seulement décharger,Ils sorbonnent qu’on les veut seulement décarrer, La chèvre de son lait, le mouton de sa laine :La câpre de son coulant, le morne de sa molanche : Je ne sais pas s’ils ont raison ;Mon gniasse n’entrave nib s’ils ont raison ; Mais quant à moi qui ne suis bonMais quant à bibi qui ne suis chenu Qu’à manger, ma mort est certaine.Qu’à béqueter, ma carline est certaine. Adieu mon toit et ma maison. »Salutas mon toit et ma boîte. » Dom pourceau raisonnait en subtil personnage.Dom pourceau raisonnait en subtil personnage. Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,Mais que sezingard servait-y ? Quand le mal est certain, La plainte ni la peur ne changent le destinLa proute ni la frousse ne cambutent le destin Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.

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CENDRILLON (Perrault) Argot

Un homme en quête d’une épouse vertueuse, se maria par méprise avec une femme au discours de renard sournois et au venin de vipère. De cette union naquirent trois filles. Les deux premières avaient hérité de tous les traits de leur mère, en particulier les plus malfaisants.

Un mastic en quête d’une scie vertueuse, s’arrima par méprise

avec une fume au dépaquelage de renard tarte et au venin de vipère. De cet amadouage naquirent trois mounines. Les deux premières avaient hérité de toutine les traits de leur pronière, en particulier les plus blèches.

Tandis que la troisième avait reçu les qualités de son père,

empreint de bonté et de douceur, son nom était Cendrillon. Tandis que la troisième avait reçu les qualités de son dobiche,

empreint de bonté et de douceur, son blase était Cendrillon. Chaque jour, Cendrillon avait la charge du ménage alors que ses

sœurs, assises confortablement dans de moelleux fauteuils, tricotaient, discutaient, lisaient des livres, et surtout, consacraient des heures interminables à coiffer leurs longs cheveux pour ressembler aux Barbie, modèles de leur enfance.

Chaque reluit, Cendrillon avait la fargue du ménage alors que ses

frangines assises confortablement dans de moelleux fauteuils,

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tricotaient, jactaient, ligotaient des babillards, et surtout, consacraient des plombes interminables à merlander leurs longs roseaux pour ressembler aux Barbie, modèles de leur gosselinage.

Un événement exceptionnel, au royaume, était imminent. Il devait

rendre folle toutes les jeunes femmes en quête d’amour ; le fils du roi cherchait l’âme-sœur et organisait donc deux bals : le premier aurait vocation à entraîner LA rencontre, celle qui briserait définitivement son célibat.

Un événement dément, dans le patelin, était imminent. Y devait

recoquer toutes les pisseuses en quête de dardant ; le dabicule du meg chinait l’affe-frelote et organisait donc deux frottings : le preme aurait vocation à embringuer LA rencontre, celle qui esquinterait définitivement son célibat.

Le jour tant désiré du premier bal advint. Les deux sœurs

venimeuses semaquillèrent comme Cléopâtre et s’habillèrent encore mieux qu’une reine d’Angleterre.

Le luisant tant bandé du preu bastringue advint. Les deux frangines peau de vache se sucrèrent la gaufre comme Cléopâtre et se sapèrent mieux qu’une dabesse d’Angleterre.

Cendrillon les observa, envieuse, quitter la maison. Elle se mit à

pleurer sa misère, enchaînée à ses obligations ménagères. Ses larmes remplirent deux bons seaux de ménage. Mais quelques instants plus tard, sa marraine – une charmante fée – apparut.

Cendrillon les bigla, jalmince, carafer la casbah. Césarine se

fouta à couiner sa panne, enchaînée à ses obligations ménagères. Ses larmes refadirent deux baths seaux de ménage. Mais des poussières plus tard, sa marraine – une charmante fée- rembina.

– Ma chère filleule, tu rêves de te rendre au bal ?

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– Ma chère filleule, tu planes de te réabouler au guinche ? – Oui, marraine, hélas… – Banco, marraine, hélas… – Point de « hélas » qui tienne ! Allons, allons, pars me chercher

une citrouille, six souris et un rat ! » – Nib de « hélas » qui tienne ! Bions, bions, dévisse me barbotter

une citrouille, six trotteuses et un gaspard ! » Bien sûr, vous vous attendez à ce que la charmante marraine, la

fée, réclame ensuite une marmite pour concocter une recette de sorcière ? Eh bien méfiez-vous des apparences car, pas du tout ! D’un geste enchanteur, elle transforma la citrouille en magnifique carrosse doré, les six souris en chevaux et le rat… et le rat ? En élégant cocher ! La frime pouvait commencer…

Hix sûr, vozière vouzaille poirotez à ce que la mariolle marraine,

la fée, jabote ensuite une marmouset pour concocter une recette de guenaude ? Eh bono faites gaffe aux apparences car, nib du toutine ! D’un geste enchanteur, sézigue cambuta la citrouille en chenastre carrosse doranché, les six trottantes en canassons et le treton ? En fadard trimballeur ! La frime pouvait embrayer…

« Marraine, tout cela est splendide, vraiment. Mais sincèrement,

je ne peux pas m’inviter au bal vêtue comme une misérable mendiante… »

« Marraine, toutine cinquin est canon, vraiment. Mais sans

chiquer, mon gniasse ne peut queniente m’incruster au baloche ficelée comme une misérable torpille… »

Un coup de baguette magique bien dirigé et, Cendrillon se

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métamorphosa subitement. Un gnon de baguette magique choucard drivé et, Cendrillon se

cambuta subitos. La « servante » devint soudainement un top-modèle ! La « torchepot » devint aussi sec une bien bousculée ! « Attention, Cendrillon, n’oublie pas de revenir à la maison avant

minuit car le charme se rompra et tu pourras dire adieu à ton beau carrosse et ta jolie tenue, l’avertit la marraine – aux pouvoirs incroyables mais pas illimités. »

« Y a du pet, Cendrillon, ne boulotte pas le truc de rappliquer à la

cambe avant minoye car le charme se bousillera et tu pourras bonnir tchao à ton flambard carrosse et ta classe touche, l’arçonne lago marraine – aux pouvoirs dur à respirer mais nib illimités. »

À peine Cendrillon eût-elle fait quelques pas dans la salle de bal

que le prince tomba sous le charme ; il n’eut alors d’yeux que pour elle et se détourna de toutes ses prétendantes qui avaient pourtant rivalisé de beauté.

À peine Cendrillon eût-sésigue foutu quelques pas dans la salle

de pince-cul que le linspré se prit une gamelle sous le charme ; y n’eut alors de lampions que pour sézière et se camelota de toutines ses grinches qui avaient pourtant matché de beauté.

Elle respecta les recommandations de sa marraine et rentra du bal

bien avant minuit et… bien avant ses sœurs pour ne pas qu’elles la surprennent.

Sézingard respecta les pistons de sa marraine et rentiffa du

gambille bono avant mineuille et… choucard avant ses frelotes pour ne nib que césarines la coxent.

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Le lendemain se déroulait le second bal. Mais cette fois-ci,

Cendrillon revint après minuit dans la précipitation, perdant, par mégarde, une chaussure dans la salle de danse.

Le lendemain se déroulait le second casse-gueule. Mais cette

triage-ci, Cendrillon radina après mineuille dans la précipitation, paumant, par mégarde, une godasse dans la salle de guinche.

Quelques jours après, le prince annonça officiellement qu’il

épouserait « la jeune fille à la chaussure ». Qui, cette « jeune fille à la chaussure » pouvait-elle bien être ? Evidemment, toutes les jeunes femmes du royaume tentèrent, en vain, leur chance.

Quelques luisards après, le linspré annonça officiellement qu’y

maquerait « la louloute à la grolle ». Qui, cette « nénette à la paffe » pouvait-sézière hurph être ? y a pas à tortiller, toutines les poulettes du royaume tentèrent, en vain, leur choune.

Il y avait foule au palais. Mais quand Cendrillon arriva, elle gagna

le cœur du prince à jamais, n’en déplaise à la foule de mécontentes ! Y y avait populo au palais. Mais quand Cendrillon amena sa

viande, sézigue gagna le saignant du linspré à la Saint-Glinglin, n’en pue au nez à la taulée de mécontentes !

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BLANCHE-NEIGE (Grimm) Argot

Le visage d’une jeune fille était si blanc, pur et opalin comme la neige, que ses proches et amis la baptisèrent Blanche-neige.

Le trognon d’une minette était si savonné, pur et opalin comme la

soupe, que ses proches et aminches la baptisèrent Blanchouillarde-soupe.

La reine du royaume était persuadée, quant à elle, d’être la plus

belle femme de son pays. C’était une obsession, chaque matin, elle interrogeait son miroir magique qui le lui confirmait. Un jour cependant, le discours du miroir changea et il lui annonça tout autre chose.

La dabesse du royaume était persuadée, quant à sézière, d’être la

mèche laubée gonzesse de son plaine. C’était une obsession, chaque matois, sézigue interrogeait son miradou magique qui le sezière confirmait. Un jourdé cependant, le baratin du mirante cambuta et y cécol annonça toutine autre bidule.

« Votre majesté, aujourd’hui, je dois vous annoncer, hélas, que

vous n’êtes plus la plus belle du royaume… Je vous en prie, ne vous emportez pas et… ne me brisez pas en mille morceaux, je ne suis que le médiateur de la vérité…

« Votre majesté, ce reluit, mon gniasse dois vozière annoncer,

hélas, que vozigo n’êtes mèche la mèche bathouse du royaume…

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Mon gniasse vouzaille démurgez nib et… ne me pétez queniente en mille morcifs, mon gniasse ne suis que le médiateur de la vérité…

– Qui a l’audace de me voler ainsi la vedette ! Quel est le nom de

cette ignoble femme ? – Qui a l’estom’ de me choper ainsi la vedette ! Quel est le bagout

de cette ignoble fiasse ? – Elle porte le nom de Blanche-neige. – Césarine trolle le blase de Blanchouillarde-soupe. La reine réclama le chasseur le plus cruel du pays dans un cri

aigu. La dabesse réclama le viandard le mèche vache du pacquelin

dans un criblage aigu. – Tue-la. Rapporte-moi son cœur ensuite, ouste ! ordonna-t-elle. » –Ebouze-la. Rapporte-bibi son toquant ensuite, oust ! ordonna-t-

sésigue. » Le chasseur ne rencontra absolument aucune difficulté à trouver la

pâle et ravissante jeune fille. Elle vivait en effet à proximité du château de la Reine, au milieu de la forêt.

Le viandard ne rencontra absolument aucune chiendent à dévisser

la blanco et badour pépée. Césarine bâchait en effet à proximité du pipet de la Dabesse, au mitan de lago sabri.

Il avait d’habitude le cœur bien accroché, ce chasseur, jusqu’à ce

qu’il découvrît la beauté discrète mais manifeste de la jeune fille, il n’eut plus le cœur de la tuer. Elle avait sauvé sa peau avec son charme naturel.

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Y avait d’habitude le battant chouette accroché, ce viandard,

jusqu’à ce qu’y démurgea la beauté discrète mais manifeste de la nénette, y n’eut mèche le toc de la poivrer. Sézière avait sauvé sa couenne avec son charme naturel.

Pour prouver à la Reine qu’il s’était acquitté de l’ordre, il délogea

une biche cachée dans un fourré et la tua froidement. Il prit le cœur de l’animal innocent et le présenta à la Reine, comme celui de Blanche-neige.

Pour prouver à la Dabesse qu’y s’était acquitté de l’ordre, y

délogea une biche planquée dans un fourré et la lessiva froidement. Y agriffa le trembleur du bestiau innocent et le présenta à la Dabesse, comme celui de Blanchouillarde-soupe.

Le prétendu cœur de la jeune fille entre les mains, la Reine

questionna de nouveau son miroir. Le prétendu toquant de la jeunabre cajole entre les agrafes, la

Dabesse berlua de nouveau son miradou. « Mon cher miroir, dis-moi encore que je suis la plus belle… « Mon cher remouchante, jabote-ma poire encore que mon

gniasse suis la mèche canon… – Je regrette, votre majesté mais la plus belle s’appelle Blanche-

neige. –Mon gniasse regrette, votre majesté mais la mèche jojo s’appelle

Blanchouillarde-soupe. La Reine réalisa alors que le chasseur ne l’avait pas tuée. Elle

s’emporta :

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La Dabesse réalisa alors que le viandard ne l’avait nib liquidée. Césarine se démurgea :

– Comment ? On ne peut pas faire confiance au petit personnel !

Cette fille, je la tuerai de mes mains ! – Comment ? On ne peut queniente foutre confiance au petit

personnel ! Cette greluche, mon gniasse la bigornerai de mes pognes !

En se promenant dans l’épaisse forêt, au milieu du chant des

oiseaux et des senteurs végétales, Blanche-neige découvrit une ravissante petite chaumière. Elle se demanda qui pouvait bien résider dans une si petite maison. Elle supposa que des nains l’habitaient ; son intuition ne l’avait pas trompée : une ribambelle de nains logeait à l’intérieur.

En se baguenaudant dans la mastoc satou, au mitan du chant des

piafs et des senteurs végétales, Blanchouillarde-soupe démurgea une leaubiche petite chaumière. Sézière se jabota qui pouvait choucard piauler dans une si petite turne. Sésingard supposa que des foutriquets y zonaient ; son pif ne l’avait nib flouée : une ribambelle de Bas-du-cul, piaulaient à l’intérieur.

Elle s’approcha de la maisonnette et frappa à la porte une

première fois. Sans réponse, elle insista et frappa de nouveau. Personne n’ouvrit. Elle découvrit finalement que la porte n’était pas fermée et, animée par la curiosité, elle ne résista pas à l’envie d’entrer.

Sézigue s’approcha de la maisonnette et pruna à la gonde une

preme triage. Sans salade, césarine agita les pieds dans le compotier et bastonna de nouveau. Personne ne bâilla. Sézière dégauchit finalement que la gonde n’était nib bouclée et, animée par la curiosité, sézigue ne résista nib à l’envie d’emboîter.

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À l’intérieur, un désordre incommensurable régnait. Blanche-neige constata que le ménage n’avait pas été fait depuis de longs mois, voire de longues années. Quelle puanteur !

À l’intérieur, un foutoir incommensurable régnait.

Blanchouillarde-soupe éclaira que le ménage n’avait pas été torché depuis de longs marcotins, voire de longues piges. Quelle danse !

Blanche-neige aimait l’ordre et la propreté, certainement comme

sa mère et même comme sa grand-mère. Elle se mit à ranger la petite maison en traquant le moindre grain de poussière. Elle remit la maison à neuf à une vitesse vertigineuse : presque deux heures ! Elle avait transformé ce taudis en accueillante auberge !

Blanchouillarde-soupe gobait l’ordre et la propreté, certainement

comme sa doche et même comme sa grand-dabe. Sézière se fouta à ranger la petite condice en traquant le moindre grain de poussière. Sésingard remit la cambuse à batif à une vitesse vertigineuse : presque deux tocantes ! Sézigue avait cambuté ce taudis en accueillante bistingo !

Après avoir procédé à la métamorphose de la maison en une jolie

auberge poitevine, épuisée par toutes les tâches, s’écroula sur un petit lit et s’assoupit.

Après avoir procédé à la métamorphose de la casbah en une

bathouse bistingo poitevine, pompée par toutines les bougnettes, se ramassa sur un croquignolet plumard et roupilla.

Au crépuscule, les nains rentrèrent chez eux. Quelle ne fût pas

leur stupéfaction quand ils découvrirent une magnifique jeune fille étendue sur un lit ! Que faisait-elle ici ? Attendris, ils la laissèrent dormir jusqu’au lendemain matin sans interrompre son sommeil.

Au crépuscule, les trois pouces de jambes rappliquèrent chez leur

nière. Quelle ne fût nib leur épatement, quand ils dégauchèrent une

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gironde poulette étendue sur un pieu ! Que morfiait-sézigue icigaille ? Attendris, ils la laissèrent en écraser jusqu’au lendemain mate sans interrompre son pionçage.

L’un des sept nains, intéressé par les services d’une bonne à tout

faire dans la maison, s’empressa de lui parler : L’un des sept foutriquets, branché par les services d’une bonniche

dans la casbah, s’empressa de cécol moufter : « Vous êtes la bienvenue chez nous autant que vous voudrez mais

en échange, devrez cuisiner et passer souvent un bon coup de balai ! « Vouzaille êtes la bienvenue chez nosis autant que vozigue

voudrez mais en échange, vozigue devrez tortorer et filer souvent un bath chtar de pinceau !

– Marché conclu ! s’écria-t-elle. – Marquat enveloppé ! gueula-t-césarine. – Néanmoins, cette maison impose quelques règles. La plus

importante : n’ouvrir la porte à personne. » – Néanmoins, cette cambuse impose quelques règles. La mèche

importante : ne crocher la lourde à personne. » Par un moyen inconnu, la Reine apprit un jour que Blanche-neige

résidait auprès des sept nains. Elle se procura, on ne sait comment, des vêtements de marchande et les enfila. Elle rejoignit la petite chaumière ainsi vêtue. Elle frappa à la porte et annonça qu’elle vendait des cordes à un prix intéressant. Blanche-neige entrouvrit une fenêtre pour apercevoir de quoi avait l’air l’inconnue. Sans attendre, la Reine força la fenêtre et, à l’aide d’une corde, étrangla la jeune fille.

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Par un condé inconoblé, la Dabesse apprit un jorne que Blanchouillarde-soupe piogeait auprès des sept foutriquets. Sézingard se procura, on ne s’enterve comment, des fringues de marcandière et les fouta. Sézière rejoignit la petite boite ainsi frusquée. Césarine charcla à la gonde et annonça qu’sézière dealait des tortouses à un prix intéressant. Blanchouillarde-soupe entrouvrit une vanterne pour éclairer de quoi avait l’air l’inconobrée. Sans faire le singe, la Dabesse pessilla la fenêtre et, à l’roue de secours d’une ligotante, épingla la jeunabre greluche.

« Te voilà enfin morte, crapule ! » « Te voilà enfin séchée, crapule ! » (Elle ne l’était pas en réalité, seulement évanouie.) (Sézigue ne l’était nib en réalité, seulement dans le potage.) De retour de la mine où ils travaillaient, les nains découvrirent une

Blanche-neige inanimée et la secoururent. De retour de la mine où ils gagnaient leurs os, les rase-bitume

démurgèrent une Blanchouillarde-soupe tombée dans les frites et la secoururent.

La Reine, revenue au château, interrogea son miroir pour vérifier

qu’aucune femme du royaume ne surpassait sa beauté. Mais le malheureux miroir ne savait dire que la vérité et seulement la vérité. Il dut avouer à « Sa majesté » que Blanche-neige était, invariablement, plus jolie qu’elle. Cela signifiait que son cœur battait toujours.

La Dabesse, rabattue au piget, cuisina son miradou pour vérifier

qu’aucune fendasse du royaume n’enfonçait sa beauté. Mais le guignard remouchante ne savait baver que la vérité et seulement lago vérité. Y dut accoucher à «Sa majesté» que Blanchouillarde-

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soupe était, invariablement, mèche girofle qu’sézière. Cela signifiait que son toccin cinglait toujours.

L’horrible femme prépara un plan plus machiavélique encore et

retourna chez les nains sous les traits d’une insoupçonnable vieille dame, munie d’un peigne empoisonné.

L’horrible fumelle fromagea un plan mèche machiavélique encore

et retourna chez les demi-portion sous les traits d’une insoupçonnable vioque, munie d’un crasseux poivré.

« Mademoiselle, vos cheveux sont magnifiques, mais ce peigne va

les rendre encore plus beaux, quand vous vous brosserez avec ! « Mademoiselle, vos persils sont bien ballottés, mais ce râteau va

les refiler encore mèche laubés, quand vozière vozigue brosserez à la clef !

L’invitation à la coquetterie, séduisit Blanche-neige et elle acheta

immédiatement le fameux peigne. L’invitation à la coquetterie, enganta Blanchouillarde-soupe et

sézière abloqua illico le fameux ratichon. À leur retour du travail, encore une fois, les nains sauvèrent la vie

de la belle empoisonnée, mais on ne sait pas comment. À leur retour du taf, encore une trayage, les crobs sauvèrent la

lignante de la badour poivrée, mais on ne sait nib comment… Le lendemain, à la demande insistante de la Reine, le miroir lui

confia que Blanche-neige demeurait la plus belle du royaume, étant toujours vivante. La Reine, pleine de rage mais aussi de ténacité, recommença le même manège néanmoins, cette fois-ci, avec une pomme empoisonnée. Et cette fois-ci, Blanche-neige ne put échapper à la mort.

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Le lendemain, à la droguerie insistante de la Dabesse, le mirante

cécol glissa dans la feuille que Blanchouillarde-soupe demeurait la mèche girofle du royaume, et se la coulait toujours douce. La Dabesse, pleine de rage, mais aussi de ténacité, rebiffa le même manège mais, cette triage-ci, avec une verdouze boucautée. Et cette trayage, Blanchouillarde-soupe ne put échapper à la sèche.

Seul le baiser d’un prince charmant pourrait inverser le sort – et

au milieu de cette forêt, les chances étaient très minces, voire inexistantes –. Or, un prince – charmant – passait justement par là et rompit le sort d’un langoureux baiser. La fureur de la méchante souveraine devint folie et, quelques jours plus tard, elle brisa son miroir.

Seulingue le lèche d’un linspré charmant pourrait inverser le

sort- et au mitan de cette sabri, les veines étaient très minces, voire inexistantes –. Or, un linspré – charmant – filait justement par là et frangit le sort d’un langoureux patin. La schproum de la tocarde souveraine devint maboulite et, quelques luisants mèche tard, sézigue bousilla son remouchante.

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LA BELLE AU BOIS DORMANT (Perrault) Argot

Un roi et son épouse avaient la chance de gouverner un pays où ne régnait point la haine. Aucune dispute n’y éclatait. L’idée de râler chez le percepteur d’impôts ne venait jamais à l’esprit d’aucun contribuable. Tout le monde se faisait continuellement la bise sans raison, comme cela, par enthousiasme :

Un Dab et sa bobonne avaient la baraka de gouverner un

pacquelin où ne régnait nib la haine. Aucune débine n’y pétait. L’martin de gober sa chèvre chez le père presseur d’impôts ne radinait chez Plumeau à l’esprit d’aucun contribuable. Toutine le maraille se fichait continuellement la bise sans raison, comme cinquin, par enthousiasme :

« Quel beau temps aujourd’hui ! », hop ! un baiser ! « Quel chenu temps aujourd’hui ! », hop ! un baveux ! « Vous êtes ravissant ! », et… un baiser. « Vouzaille êtes ravissant ! », et… un smack. « Les jeux de votre enfant sont magnifiques ! », un baiser. « Les soulasses de votre merdeux sont laubichmard ! », un bec.

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« Savez-vous si un autobus passera à cinq heures ? », un baiser… « Entravez-vous si un ronibus filera à cinq tours ? », un canard… Quarante-cinq fois par jour environ, des inconnus embrassaient

des inconnus. Quarante-cinq triages par jourdé dans les eaux de…, des

inconobrés suçaient le museau des incos. Ici, pas de raciste. Les Blancs et les Noirs s’embrassaient, les

Noirs embrassaient les jaunes ! Icidé, nib de cistra. Les Landiers et les Blackos se lichaient la

gueule, les Cirés bichotaient les salins ! Le peuple était éclairé et attentif au monde. C’était un pays

fabuleux, tellement différent des autres pays… Ce peuple pacifique ignorait cependant que le soleil ne brillait pas autant sur le royaume que dans le palais royal. En effet, le Roi et la Reine souffraient de ne pas avoir de descendance.

Le populo était éclairé et attentif au maraille. C’était un patelin

fabuleux, tellement différent des autres bleds… Ce populo pacifique ignorait cependant que le moulana ne brillait nib autant sur le royaume que dans le palais royal. En effet, le Meg et la Dabesse malingraient de ne nib itrer de descendance.

Un jour enfin, ils n’eurent plus à se lamenter car la petite Aurore

vint sécher leurs larmes. Pour fêter son baptême, on réunit toutes les fées du pays. Sept fées vinrent saluer la très jeune princesse. Chacune lui offrit un don :

Un luisard enfin, ils n’eurent mèche à se lamenter car la petite

Aurore déboula sécher leurs larmes. Pour fêter son baptême, on réunit toutines les fées du patelin. Sept fées rallégèrent saluer la

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hypra jeunabre linsprée. Chacune sezigue virgula un violette : « Elle sera une célèbre chanteuse, aussi admirée que Madonna ! « Sésingard sera une célèbre beuglante, aussi rotée que

Madonna ! – Elle connaîtra aussi bien la philosophie que Bernard-Henri

Lévy ! –Sésigue colombera aussi bono la philosophie que Bernard-Henri

Lévy ! – Elle sera si belle que Vogue ne jurera que par elle à ses vingt

ans. – Césarine sera si bathouse que Vogue ne jurera que par sézière à

ses vingt balais. – Ses joues sentiront la rose au point d’inspirer le parfumeur

Blaise Mautin. » Et cætera, et cætera, et cætera. – Ses badigoinces schmecteront la rose au point d’inspirer le

parfumeur Blaise Mautin. » Et cætera, et cætera, et cætera. Une fée que l’on avait eu la maladresse de ne pas inviter vint

subitement rompre l’atmosphère festive du fastueux repas organisé par la cour en l’honneur d’Aurore. L’ambiance devint glaciale lorsqu’elle annonça que la jeune fille se percerait la main avec un fuseau dont la blessure lui serait fatale.

Une fée que l’on avait eu la maladresse de ne nib régaler

s’amena à donf péter l’atmosphère festive du fastueux gueuleton organisé par la cour en l’honneur d’Aurore. L’ambiance vira glagla lorsqu’césarine annonça que la jeunabre pépette se crèverait la paloche dont la accolade cécolle serait fatale.

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Perturbée par cette intruse, la cour la chassa au plus vite et tenta

de rassurer les parents. Perturbée par cette intruse, la cour la sacqua au mèche daredare

et tenta de rassurer les vieux. « Vous connaissez l’histoire de Blanche-neige ? interrogea une

gentille fée. Eh bien, votre fille aussi sera sauvée par le baiser impromptu d’un prince charmant. »

« Vozigue tapissez l’histoire de Blanchouillarde-soupe ? berlua

une gentille fée. Eh bono, votre grognasse aussi sera sauvée par le palot impromptu d’un linspré charmant. »

La prédiction se réalisa. Le prince, fort et élégant, séduisit la Belle

au bois dormant ; ils se marièrent sans plus attendre. La prédiction se réalisa. Le linspré, balèze et chicard, dragua

lago bathouse au satte pionçant ; ils s’arrimèrent sans mèche rester dans son jus.

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RIQUET A LA HOUPPE (Perrault) Argot

Le fils de la Reine était si laid qu’elle sombrait dans le désespoir.« Comment une jolie femme accepterait-elle d’épouser un jour un

être aussi laid ? glissa la mère à une domestique. Le dabicule de la Dabesse était si mouchique qu’sézière se

gauffrait dans le désespoir.«Comment une laubée meuf marcherait-césarine d’entifler un

jourdé un être aussi dégueulbif becta la doche à une larbin. – Ne désespérez pas ma bonne majesté. Il sera moine ! » – Ne désespérez nib ma gironde majesté. Y sera burlut ! » Ce pauvre prince était surnommé « Riquet à la houpe » pour cette

touffe de cheveux très caractéristique qui se dressait sur sa tête, comme Tintin. Il était certes laid mais très intelligent. Cette qualité était le don d’une bonne fée qui s’était jadis penchée sur son berceau.

Ce pauvre linspré était surnommé « Riquet à la houpe » pour

cette touffe de douilles hyper caractéristique qui se dressait sur sa baigneuse, comme Tintin. Y était certes mocheton mais super fute-fute. Cette qualité était le violette d’une chenastre fée qui s’était jadis penchée sur son berceau.

« Je t’offre le don de l’intelligence qui éclipsera ta laideur à

chaque mot prononcé. »

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« Mon gniasse t’aboule le fleur de la comprenette qui décarrera

ta mocherie à chaque mot bavé. » Cette phrase lui porta en effet bonheur comme nous le révélera

cette histoire. Cette phrase cécol trolla en effet du verni comme nosis le jasera

cette histoire. Alors qu’il se promenait dans les bois, Riquet à la Houpe fit la

rencontre d’une ravissante princesse, dont la beauté était si intimidante qu’il baissa les yeux. Elle était certes très belle, mais, malheureusement, l’intelligence ne lui avait pas été soufflée au-dessus du berceau. Riquet à la Houpe avait rencontré son parfait contraire. Et les contraires… s’attirent ! c’est bien connu. Voilà pourquoi des hommes et des femmes s’épousent sans trop s’interroger. Ces relations peuvent aussi bien prospérer ou s’effondrer…

Alors qu’y se baguenaudait dans les sattes, Riquet à la Houppe

morfia la rencontre d’une ravissante linsprée dont la beauté était si esbrouffante qu’y baissa les lucarnes. Sézigue était certes hyper gironde, mais, malheureusement l’citron ne cézig avait nib été soufflée au-dessus du berceau. Riquet à la Houppe avait rencontré son ronflant contraire. Et les contraires… se branchent ! c’est bono connu. Voilà pourquoi des gonces et des laitues se maquent sans trop se salader. Ces relations peuvent aussi choucard prospérer ou se péter la binette…

« Mon cher Riquet, j’aimerais tellement que tu me fasses don de

ton intelligence… « Mon chérot Riquet, j’goberais tellement que tu me fasses fleur

de ton gingin…

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– Et toi, ma fleur, si tu pouvais me donner ta beauté… Ne pleure pas, je t’en prie. J’ai un secret. J’ai le don de t’offrir ce que tu désires. »

– Et ta fiole, ma fleur, si tu pouvais me foutre ta beauté… Ne

sniffe nib, mon gniasse t’en bigotte. J’ai un secret. J’ai le fleur de te ficher ce que tu désires. »

Riquet promit à la belle de lui permettre d’être imbattable au

scrabble si en échange elle l’épousait. Et après trente-six nuits de réflexion pour celle-ci, elle décida de faire le grand saut… Après son mariage, elle devint championne de scrabble du royaume.

Riquet promit à la bathouse de cécol permettre d’être imbattable

au scrabble si en cambute césarine l’antiflait. Et après trente-six neuilles de réflexion pour celle-ci, sézière plongea de goupiller le grand saut… Après son marida, sézigue vira crack de scrabble du royaume.

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LE LABOUREUR ET SES ENFANTS (La Fontaine) Ch’ti

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,Un miroulle laboureur, sintant es’mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.Fit venir ses bimbims, lu parla sins témoins. « Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritageGardez-vous, leu dit-i, eud vinde l’héritage Que nous ont laissé nos parents :Que nous ont laicher nou parints : Un trésor est caché dedans.Un trésor est muché eud’dins. Je ne connais pas l’endroit ; mais un peu de courageJe ne sais pas l’indrot ; mais un molé eud courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.Vous ech’ fera dégoter : vous in viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût :Armuez vô camp dès qu’in aura fait l’oût : Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place

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Creusez, cafouillez, bêchez ; ne laichez nulle plache Où la main ne passe et repasse.»Ù el’ main ne passe et arpasse. » Le père mort, les fils vous retournent le champ,Ech’ père mort, ches fius vous artounent ch’camp, Deçà, delà, partout : si bien qu’au bout de l’anEudcha, eudla, partout : si fin qu’au bout eud l’an Il en rapporta davantage.I in rapporta davantache. D’argent, point de caché. Mais le père fut sageD’doupes, point eud muché. Mais ech’ père fut sache De leur montrer, avant sa mort,Eud leu amoutrer, avant es’ mort, Que le travail est un trésor.Que el’ traval est un trésor.

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LE CORBEAU ET LE RENARD (La Fontaine) Ch’ti

Maître corbeau, sur un arbre perché,Maîte cornalle, sus un abe percoté, Tenait en son bec un fromage.T’nait in es’ bec un fromache. Maître renard par l’odeur alléché,Maîte arnard par l’sintimint alléché, Lui tint à peu près ce langage :Li t’int à peu près ce langache : « Eh bonjour Monsieur du Corbeau.« Eh bonjour Monsieur du Cornalle. Que vous êtes joli! que vous me semblez beau !Que vous êtes bellot ! que vous me semblez bieau ! Sans mentir, si votre ramageSins mentir, si vot’ ramage Se rapporte à votre plumage,Se rapporte à vô pleumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »

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Vous êtes ch’phénix des hôtes eud ces bos. » À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ;À ces mots, el’ cornalle ne se sint pas eud joie ; Et pour montrer sa belle voix,Et pou’ moutrer es’ bielle voix, Il ouvre un large bec et laisse tomber sa proie.I oufe un larche bec et laiche dinguer s’ proie. Le renard s’en saisit et dit : « Mon bon Monsieur,Ch’ arnard s’in saisit et dit : « em’ bon Monsieur, Apprenez que tout flatteurApprindez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute:Vit aux dépends eud ch’ti qui l’acoute : Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. »Cheule leçon vaut fin un fromache sins doute. » Le corbeau honteux et confusEch’ corbiau péteux et confus Jura mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.Jura mais un molé tard, qu’in ne l’y prindrait pus.

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LE LOUP ET L’AGNEAU (La Fontaine) Ch’ti

La raison du plus fort est toujours la meilleure :La raison du pus fort est toudis el’ meïeux : Nous l’allons montrer tout à l’heure.Nous l’allons moutrer tout à l’heure. Un agneau se désaltéraitUn agneau tutait Dans le courant d’une onde pure.Dins ech’ courant d’une ieau prope. Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,Un leu atombe qui n’avait pas mier, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait.Et que el’ faim in ces liux raclippait. « Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?« Qui te rind si hardi eud troubler ma chuche ? Dit cet animal plein de rage :Dit cet biête plein eud rache : Tu seras châtié de ta témérité.Té seras châtié eud ta témérité.

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- Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté- Sire, répont l’agneau, que Vot’ Majesté Ne se mette pas en colère ;Ne se mette pas in colère ; Mais plutôt qu’elle considère Mais putôt qu’alle considère Que je me vas désaltérantQue je me vas chuchant Dans le courant,Dins ch’courant, Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;Pus eud vingt pas à-d’zous d’Alle ; Et que par conséquent, en aucune façon,Et que par conséquent, in aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson.Je ne puis troubler es’ chuche. - Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,- Té el’ troubles, reprit cheule biête mécante, Et je sais que de moi tu médis l’an passé.Et je sais que eud mi’zaute tu médis l’an passé. - Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?- Commint l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’agneau ; je tette encor ma mère

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Reponta l’agneau ; je tette cor ma mère - Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.- Si ce n’est ti, c’est donc tin frère. - Je n’en ai point.- Je n’en ai point. - C’est donc quelqu’un des tiens :- C’est donc quéqu’in des tiens : Car vous ne m’épargnez guère,Car ti z’autes ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers et vos chiens.Ti z’autes, vou bergers et vou tchiens. On me l’a dit : il faut que je me venge. »In me l’a dit : i faut que je m’arvinge. » Là-dessus, au fond des forêtsLà-d’zeur, à fond des bos Le loup l’emporte et puis le mange,El’ leu l’importe et puis ech’minge, Sans autre forme de procès.Sins aute forme eud procès.

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LE LIEVRE ET LA TORTUE (La Fontaine) Ch’ti

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point :Rin ne sert eud cueurir ; i faut partir à point : Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.Ch’ lièvre et el’ tortue in sint un témoignage. «Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point« Gageons, dit chelle-ci, que vous n’atteindrez point Sitôt que moi ce but. - Sitôt? Etes-vous sage ?Sitôt que mi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sache ? Repartit l’animal léger :Répontit l’bétal léger : Ma commère, il vous faut purgerMa commère, i vous faut purcher Avec quatre grains d’ellébore.Aveuc quate grains d’ellébore. - Sage ou non, je parie encore."- Sache ou non, je parie incore. » Ainsi fut fait ; et de tous deux

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Insin fut fait ; et eud tertous deusse On mit près du but les enjeux :In mit près du but ches enjeux : Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,Savoir quo, ce n’est pas l’affaire, Ni de quel juge l’on convint.Ni eud queu juche l’in convint. Notre lièvre n’avait que quatre pas à faire,Not’lièvre n’avait que quate pas à faire, J’entends de ceux qu’il fait lorsque, prêt d’être atteint,J’intinds eud ceux qu’i fait lorsque, prêt d’ête atteint, Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,I s’éloigne des quiens, ches rinvoïe aux calendes, Et leur fait arpenter les landes.Et lu fait arpenter ches landes. Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,Ayant, dis-je, du timps eud resse pou’ brouter, Pour dormir et pour écouterPou’ dormir et pou’ acouter D’où vient le vent, il laisse la tortueD’ù vient el’ vint, i laiche el’ tortue Aller son train de sénateur.Aller sin train eud sénateur. Elle part, elle s’évertue,

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Alle part, alle s’évertue, Elle se hâte avec lenteur.Alle se hâte aveuc lenteur. Lui cependant méprise une telle victoire,Li cependant déméprije une telle victoire, Tient la gageure à peu de gloire,Tient el’ gageure peu eud gloire, Croit qu’il y a de son honneurCroit qu’i y a eud sin honneur De partir tard. Il broute, il se repose,Eud partir tard. I broute, i se arpose, Il s’amuse à toute autre choseI s’amuse à tertoute aute cosse Qu’à la gageure. À la fin, quand il vitQu’à el’ gageure. À el’ fin, quind i vit Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,Que l’aute touchait presque à bout eud el’ carrière, Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fitI partit comme un trait ; mais ches escoudées qu’i fit Furent vains : la tortue arriva la première.Furent vains : el’ tortue atomba el’ preumière. « Eh bien! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?« Eh bé ! li houinnia-t-alle, avais-je pas raison ? De quoi vous sert votre vitesse ?

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Eud quo vous sert vo’t vitesse ? Moi l’emporter! et que serait-ceMi’z’aute l’importer ! et que serait-ce Si vous portiez une maison ? »Si vous portiez une majon ? »

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LE LOUP ET LA CIGOGNE (La Fontaine) Ch’ti

Les loups mangent gloutonnement.Ches leus mingent gramint. Un loup donc étant de frairie,Un leu donc êtant eud frairie, Se pressa, dit-on, tellementSe pressa, dit-in, tell’mint Qu’il en pensa perdre la vie.Qu’i in busia perdre el’ vie. Un os lui demeura bien avant au gosier.Un oche li demeura bin avant à gasiau. De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier,Eud contint’mint pou’ ce leu, qui ne povait brailler, Près de là passe une cigogne.Près eud là passe une cigogne. Il lui fait signe ; elle accourt.I li fait sine ; alle cueurt. Voilà l’opératrice aussitôt en besogne.

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V’la l’opératrice aussitôt à traval. Elle retira l’os ; puis, pour un si bon tour,Alle artira l’oche ; puis, pou’ un si bon tour, Elle demanda son salaire.Alle ed’manda sin quinzaine. «Votre salaire ? dit le loup:« vô quinzaine ? dit el’ leu : Vous riez, ma bonne commère!Vous riez, ma bonne commère ! Quoi ! Ce n’est pas encor beaucoupQuo ! Ce n’est pas incor gramint D’avoir de mon gosier retiré votre cou ?D’avoir eud min gauziau rassaqué vo queuette ? Allez, vous êtes une ingrate ;Allez, vous êtes une ingrate ; Ne tombez jamais sous ma patte. »Ne dinguez jamais sous ma patte. »

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LE PETIT CHAPERON ROUGE (Perrault) Ch’ti

Une petite fille de bonne famille résidait dans un village typique du XXIe siècle où un flot de touristes séjournait tant il était pittoresque. Elle était vêtue d’un ravissant chaperon sur la tête dont elle ne se séparait jamais. Ma foi, peut-être pour dormir quand même.

Une tchiote file eud bonne famile restait dins un villache typique

du XXIe sièque ù un flot eud touristes séjournait tant i êtait pittoresque. Alle êtait acouftée d’un bellot chaperon sus el’tchiête dont anne se séparait jamais. Ma foi, pet-ête pou’ dormir quind même.

Un jour, sa maman lui demanda d’aller rendre visite à sa grand-

mère bien malade. Elle devait lui porter une galette et un petit pot de beurre.

Un jour, es’ man li ed’manda d’aller rinde visite à es’ grind-mère

bin malat’. Alle devait li porter une faluche et un tiot pot eud burre. « Ta grand-mère est impatiente de te voir. Ne t’attarde pas en

chemin, lui dit sa mère. » « Ta grind-mère est impatiente eud te vir. Ne t’attarde pas in

quémin, li dit s’ mère. » La petite fille détestait arriver en retard. Elle rencontra cependant

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sur son chemin un loup, certes fort distingué, mais qui l’interrompit dans sa marche.

El’tchiote file détestait atomber farcé. Alle rincontra cependant

sus sin piedsinte un leu, certes fort distingué, mais qui l’interrompit dins es’ marche.

« Où vas-tu ainsi ma petite avec ce capuchon sur la tête ? « À dù vas-té insin ma tchiote aveuc ce capuchon sus el’ tiête ? – Je suis attendue par ma grand-mère à qui je porte une galette et

un petit pot de beurre. – Je suis attindue par ma grind-mère à qui je porte une faluche et

un tiot pot eud burre. – Où habite-t-elle ? – Ù reste-t-alle ? – Pas très loin d’ici. C’est une belle chaumière à proximité d’un

moulin. – Pas très lon d’ichi. C’est une bielle chaumière à proximité d’un

molin. – Ah oui, je la connais. Ça te dirait de jouer avec moi ? Le premier

qui arrive chez ta grand-mère a gagné ! Je prends le chemin de gauche et toi, celui de droite ! »

– Ah oui, je el’ connais. Cha te dirait eud juer aveuc mi ? Ech’

premier qui atombe chez ta grind-mère a gagné ! Je prinds el’ quémin eud gauche et ti z’aute, ch’ti eud droite ! »

Le loup parvint à destination bien avant le Petit chaperon rouge. Il

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frappa à la porte et transforma sa voix pour qu’elle ressemble à celle d’un enfant.

El’ leu parvint à destination fin avant ech’ tiot chaperon rouche. I

buqua à el’ huis et transforma es’ voix pou’ qu’alle arsemble à chelle d’un loute.

« Qui est-ce ? demanda la vieille dame. « Qui est-ce ? ed’manda el’vielle dame. – C’est votre petite fille avec un pot de beurre et une galette. – C’est vô tchiote file aveuc un pot eud burre et une faluche. – Bien. Tire la petite cheville sur la porte pour l’ouvrir. » – Bin. Saque el’ tchiote cheville sus el’ huche pou’ l’ouvrir. » Le loup, affamé depuis longtemps, sauta sur le lit où était allongée

la grand-mère et sans préambule la mangea. Il enfila le bonnet de celle-ci et prit sa place dans le lit.

Ch’ leu affamé ed’pis longtemps, sauta sus ech’ lit à dù êtait

allongée el’ grind-mère et sins préambule el’ mia. I infila ech’ bonnet eud chelle-ci et prindit s’ plache dins ech’ lit.

Peu de temps après, le Petit chaperon rouge atteignit le logis de sa

mamie. Peu eud timps après, ech’ tchiot chaperon rouche atteignit ch’

logis eud es’ mamie. « Mère-grand, c’est moi, le Petit chaperon rouge avec une galette

et du beurre.

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« Mère-grind, c’est mi, ch’ tchiot chaperon rouche aveuc une faluche et du burre.

– Ma chère, tire donc la cheville en bois pour que la porte s’ouvre. – Ma chère, saque donc el’ cheville in bos pou’ que el’ huis s’oufe. – Oh, grand-mère comme vous devez être malade ! Vous avez tant

changé ! Vos bras sont bien grands… – Oh, grind-mère comme vous devez ête malat’ ! Vous avez tant

cangé ! Vou bras sont bin grinds… – Eh oui, c’est plus pratique pour t’enlacer. – Eh oui, c’est pus pratique pou’ t’inlacher. – Vos oreilles sont si hautes ! – Vou orelles sont si hautes ! – J’ai gagné en audition figure-toi ! Tu peux donc parler moins

fort désormais. – J’ai gagné in audition figure-ti ! Té peux donc parler moins fort

désormais. – Et vos dents… brrrrr… elles sont effroyables ! – Et vou dints… brrrrr… all’ sont effroïapes ! – Héhé ! C’est pour te manger, mon enfant ! » – Héhé ! C’est pou’ te minger, min éfant ! » Et en rien de temps, il la mangea.

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Et in rin eud timps, i el’ mingea. Quel dommage que cette histoire finisse si mal, vous ne trouvez

pas ? Quel damache que cheule histoire finisse si mau, vous ne dégotez

pas ?

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ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (Carroll) Ch’ti

Alice, une petite Anglaise, lisait un livre dans le jardin de ses parents. Quand elle aperçut un lapin vif traverser le jardin dans une course folle, elle jeta son livre et se mit à poursuivre l’animal jusqu’à son terrier.

Alice, une tchiote Anglaise, lisait un life dins ch’ gardin eud ses

parints. Quind alle aperçut un lapin arv’leux traverser el’ gardin dins une course folle, alle jech’ta sin life et mit à arpoursuife l’biête s’qu’à sin terrier.

Ce terrier était un trou béant, large et profond. Comme un puits

dans lequel tu peux mettre un tonneau, tiens ! Dans sa course effrénée, la petite fille glissa à l’intérieur.

Ce terrier êtait un tro béant, larque et parfond. Comme un puits

dins lequel té peux mette un tonnieau, tiens ! Dins es’ course effrénée, el’ tiote file balla à l’intérieur.

À l’atterrissage, après une lente descente, elle atteignit une cuisine

aussi modeste que celle d’un meunier. Sur la table, aussi modeste que la cuisine, trônait un flacon au goulot bizarre. Assoiffée après sa course, Alice n’hésita pas à boire un coup, sans se soucier du contenu. Une poignée de secondes après, la fille rapetissa pour parvenir à peu près à la taille d’un caniche.

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À l’atterissage, après une lente déchinte, alle atteignit une forni auchi modesse que chelle d’un moleux. Sus el’ tape, auchi modesse que el’forni, trônait un flacond à goulot bizarre. Assoiffée après es’ course, Alice n’hésita pas à tuter un poque, sins se soucier du contenu. Une pugnie eud secondes après, el’ cocotte rap’ticha pou’parvenir à peu près à el’ talle d’un quien mouton.

Elle souhaita ensuite goûter aux appétissants biscuits disposés sur

une autre table. À peine, en mangea-t-elle un que sa taille augmenta pour atteindre celle d’une grande armoire normande. Impressionnée, Alice n’eut alors plus qu’une idée : quitter cet endroit épouvantable.

Alle souhaita ensuite goûter aux appétissants biscuits disposés

sus une aute tape. À peine, in mingea-t-alle un que es’ talle augminta pou’ atteindre chelle d’une grinde armoire normande. Impressionnée, Alice n’eut alors pus qu’une idée : quitter cet indrot épouvantable.

Une porte au fond de la pièce s’ouvrit alors sur un merveilleux

jardin. Il s’y attarda avec plaisir et y rencontra une étrange chenille avec un chapeau qui fumait une cigarette bien que « fumer tue ». La bête fumante s’approcha d’Alice et l’interrogea avec autant de suspicion d’un gendarme.

Une huis à fond eud el’ pièche s’oufrit alors sus un merveilleux

gardin. I s’y attarda aveuc plaiji et y rencontra une étrange chenille aveuc un capieau qui funquait une cigarette bin que « funquer tue ». El’ biête fumante s’approcha d’Alice et l’interrogea aveuc autant de suspicion d’un gindarme.

« Alors, drôle de jeune fille, veuillez m’indiquer les raisons de

votre présence, votre provenance et votre nom ? » «Alors, niaf eud jonne file, veuillez m’indiquer ches raisons eud

vot’ présence, vô provenance et vou nom ? »

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Elle ne sut que répondre aux demandes pressantes de l’animal. Alors celui-là disparut en haussant les épaules.

Alle ne sut que réponte aux demandes pressantes eud l’bétal.

Alors ech’ti-là disparut in haussant ches épaules. Au détour d’une route, Alice découvrit un étrange manège qui

réunissait trois mystérieux individus autour d’un thé sur une table psychédélique.

À détour d’une route, Alice démucha un étrange manèche qui

réunissait tros mystérieux individus autour d’un thé sus une tape psychédélique.

« Hummm, quel âge as-tu, jeune fille ? lui demandèrent-ils. Nous

fêtons nos anniversaires tous les jours même si la date est passée ! Souhaites-tu que nous célébrions le tien ? »

«Hummm, queu âche as-té, jonne file ? li ed’mandèrent-i. Nous

fêtons nou anniversaires tertous ches jours même si el’ date est passée ! Souhaites-té que nous célébrions el’tien ? »

Stupéfaite, la petite se demanda dans quel monde elle pouvait bien

avoir échoué à présent. Elle conclut en se disant que c’était peut-être tout simplement un rêve et qu’elle s’en réveillerait bientôt.

Stupéfaite, el’ tchiote se ed’manda dins queu monte alle povait bin

avoir échoué à présent. Alle conclut in se disant que c’êtait pet-ête tout simplement un rêfe et qu’alle s’en réveillerait bétôt.

En quittant le trio, elle vit une carte à jouer au long cou au bout

duquel dodelinait une grosse tête pas très aimable, était appuyée sur deux maigres jambes et, de laquelle fourmillaient deux petits bras. Il s’agissait – à y voir de plus près – d’une reine de cœur au caractère bien trempé.

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In quittant el’trio, alle vit une carte à juer à long queuette à bout duquel berloquait une grosse tiête pas très aimable, êtait appoïé sus deusse maïques gampes et, eud laquelle fourmillaient deusse tchiots bras. I s’agissait – à y vir eud pus près – d’une reine eud cœur à caractère bin touqué.

Cette carte, énervée, enguirlandait sans retenue deux autres cartes

à jouer (cou, tête, jambes, bras fourmillants), chacune munie d’un arrosoir et un pinceau, comme des jardiniers.

Cheule carte, arv’leuse, enguirlandait sins retenue deusse autes

cartes à juer (queuette, tchiête, gampes, bras fourmillants), chacune munie d’un arrosoir et un pinceau, comme des gardiniers.

«C’est une honte ! Vous n’avez toujours pas peint ces marguerites

en rouge. Vous êtes condamnés à la peine de mort. Coupons-leur la tête ! »

«C’est une honte ! Vous n’avez toudis pas peint ces marguerites in

rouche. Vous êtes condamnés à el’ peine eud mort. Copons-lu el’ tiête ! »

Sentence bien lourde pour une si petite bêtise… Alice ne chercha

alors plus qu’à fuir au plus vite ce monde imaginaire qui marchait sur la tête. Mais tout ceci n’avait été qu’un malheureux rêve. Elle se réveilla, le livre auprès d’elle et, pas de terrier à l’horizon !

Sentence fin lourte pou’ une si pitite bêtisse… Alice ne trifouïa

alors pus qu’à fuir à pus habile ce monte imaginaire qui marchait sus el’ tiête. Mais tout ceci n’avait été qu’un malheureux rêfe. Alle se réveilla, ech’ life auprès d’alle et, pas eud terrier à l’horizon !

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LE CHAT BOTTÉ (Perrault) Ch’ti

À la mort de leur père – modeste meunier qui avait toujours nourri sa famille avec dévotion – trois frères eurent pour héritage un moulin, un âne et… un chat.

À el’ mort eud leu père – modesse manier qui avait toudis norri

es’ famile aveuc dévotion - Tros frères eurent pou’ héritage un molin, un baudet et… un cat.

Le plus jeune garçon, qui hérita du chat, légué par dépit par les

autres, se creusa les méninges pour en tirer profit. Que pouvait-il bien faire d’un chat, sacrebleu ! Avec un moulin ou un âne, on pouvait gagner de l’argent mais un chat… Cet animal-là prouva le contraire à son maître. Rusé, il tenait debout et surtout… il causait ! Eh oui, comme vous et moi ! Imaginez l’étonnement du jeune homme…

Ech’ pus jonne garchon, qui hérita du minou, légué par dépit par

ches autes, se creusa ches méninches pou’ in saquer profit. Que pouvait-i bin faire d’un cat, sacrebleu ! Aveuc un molin ou baudet, in povait gagner eud l’doupes mais un minou… Cet biête-là prouva ech’ contraire à sin maîte. Arnaré, i t’nait étampé et surtout… i causait ! Eh oui, comme vous et mi’z’aute ! Imaginez l’étonnement du jonne homme…

Le chat alternait miaulement et parole alors, c’est entre deux

« miaou » qu’il annonça au garçon que, grâce à lui, il deviendrait

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riche. Ch’cat alternait miaulement et parole alors, c’est intre deusse

« miaou » qu’i annonça à garchon que, grâce à li, i deviendrait miroule.

« Vraiment ? répondit le garçon étonné. « Vraimint ? répontit ech’ garchon étonné. – Bien sûr, et plus vite que tu n’oserais l’espérer. Mais avant,

trouve-moi des bottes, un sac et… tu verras ! » – Bin sûr, et pus habile que té n’oserais l’espérer. Mais avant,

dégote-mi des bottes, un musette et… té viras ! » Le lendemain, le jeune homme livra au chat sa commande. Celui-

là parcourut ensuite prairies et montagnes à la recherche d’un lapin dodu à transporter dans son sac. Et la chasse fut bonne !

Ech’ lind’main, el’ jonne homme livra au cat es’ commande. Ech’ti

là parcourut ensuite prairies et montagnes à el’ arcache d’un lapin dodu à transporter dins sin musette. Et el’ cache fut bonne !

Il se rendit dans la foulée au château du roi lui présenter sa proie. I se rindit dins el’ foulée à catieau du ro li présenter es’ proie. « Sir, mon adorable maître, le marquis de Carabas, vous offre cet

appétissant lapin ! » « Sir, min adorable maîte, el’ marquis eud Carabas, vous offe cet

appétissant lapin ! » Quelques jours plus tard, il retourna au château avec deux perdrix.

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Quelques jours pus tard, i artourna à catieau aveuc deusse perdrix.

« Encore pour moi ? demanda le roi. Mais votre marquis est très

généreux ! » « Incor pou’ mi’z’aute ? edmanda ech’ ro. Mais vot’ marquis est

très généreux ! » Par un matin ensoleillé, le chat conduisit son maître au bord d’une

rivière. Par un matin ensoleillé, el’ cat conduisit sin maîte à bord d’une

rivière. « Pourquoi m’as-tu conduit ici ? « Pourquo m’as-té conduit ichi ? – Pour que vous puissiez vous baigner, mon maître. » – Pou’ que vous puissiez vous baigner, em’ maîte. » Le maître enleva ses vêtements et plongea dans l’eau, sans

tellement réfléchir. Le chat n’avait pas mené son maître là par hasard, il avait une idée en tête. Il savait que c’était le jour où le roi passerait…

Ech’ maîte inl’va ses loques et plongea dins l’ieau, sins tell’mint

busier. Ech’ minou n’avait pas mené sin maîte là par hasard, i avait une idée in tiête. I savait que c’êtait el’ jour à dù el ro passerait…

À l’arrivée du carrosse royal, le chat, qui avait caché les

vêtements de son maître cria : « Au secours ! Aidez-nous ! Le marquis de Carabas est en train de se noyer ! »

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À l’atombée du carrosse royal, el’ cat, qui avait muché ches vertemints eud sin maîte houinnia : « À secours ! Aidez-nous ! ech’ marquis eud Carabas est in train eud se gauguier ! »

Le roi ordonna à ses valets et ses gardes de secourir le fils du

meunier. Ech’ ro ordonna à ses valets et ses gartes eud secourir el’ fieu du

moleux. « Où sont ses vêtements ? demanda le roi au chat. « À dù sont ses vertemints ? ed’manda ech’ ro à cat. – Une bande de voleurs les lui ont dérobés. – Une binde eud voleurs ches li ont dérobés. – Oh, quel malheur ! Vite, dans ma malle, valets, habillez le

marquis de beaux habits. » – Oh, queu malheur ! Habile, dins ma malle, valets, arnaquez el’

marquis eud bellots habits. » Le chat s’éloigna quelques instants de la rivière pour rejoindre des

paysans qui labouraient un champ. Ech’cat s’éloigna quèques instants eud el’ rivière pou’ arjoindre

des paysans qui labouraient un camp. « Le roi arrive bientôt. Lorsque vous le voyez, n’oubliez pas de lui

dire que ce champ appartient au marquis de Carabas ! » « Ech’ ro atombe bétôt. Lorsque vous ch’ virez, n’obliez pas eud li

dire que ce camp appartient à marquis eud Carabas ! »

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Les paysans obtempérèrent sans problème. Puis, le chat partit à la rencontre d’un ogre dont le hobby était la magie.

Ches paysans obtempérèrent sins problème. Puis, el’ cat partit à

el’ rincontre d’un ogre dont ch’ hobby êtait el’ magie. « Il paraît que tu sais te changer aussi bien en serin, en singe qu’en

limace, est-ce vrai ? « I parait que té sais te canger auchi fin in canarien, in sinche

qu’in limuchon, est-ce vrai ? – Oui, même en souris ! – Oui, même in souris ! – Non… Tu pourrais me faire une démonstration ? » – Non… Té pourrais me faire une démonstration ? L’ogre se transforma en souris et fut instantanément mangé par le

chat. L’ogre se transforma in souris et fut instantanément mié par el’

cat. Le malicieux animal, n’eût alors plus qu’à attendre la venue du roi

qui devait se rendre justement au château. Ch’malicieux bétal, n’eût alors pus qu’à attinde el’ venue du ro

qui devait se rinfliquer justement à catieau. « Sire, soyez le bienvenu dans l’humble demeure de mon maître,

le marquis de Carabas ! » « Sire, soyez ch’ bienvenu dins l’humble demeure eud min maîte,

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ch’ marquis eud Carabas ! » Le souverain cherchait justement à marier sa fille et, ce marquis

ferait bien l’affaire… Les jeunes gens se marièrent donc et eurent toute une tripotée d’enfants !

Ech’ souverain querrait justemint à marier es’ file et, ce marquis

ferait bin l’affaire… Ches jonnes gins se marièrent donc et eurent tertoute une tripotée d’loutes !

****

Pour celles et ceux qui chercheraient à s’emparer de ce manuscrit d’une manière peu honnête… sachez qu’il est protégé.

**** Bibliographie d’inspiration pour rédiger ces textes :Le dictionnaire de l’argot et du Français Populaire, LarousseDictionnaire français-argot (J. Lermina/H. Lévêque), Les éditions

de ParisL’argot des années cinquante au troisième millénaire, Philippe

Masson, France Europe EditionsL’argot ancien (1455-1850) Lazare Sainéan, Editions ParisCh’ti Dico, Michel LafonDictionnaire des Synonymes, Le Robert

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AU SUJET DES AUTEURS

Guillaume de Louvencourt est metteur en scène, professeur de théâtre et inventeur. Il est médaillé d’Or du Concours Lépine pour l’une de ses inventions.

En allant sur le site http://gdelouvencourt.free.fr, découvrez ses inventions, des extraits vidéo de ses spectacles, articles de presse, etc.

Mathilde Pucheu s’est prêté au jeu de réécriture de contes et

fables avec délice – sous l’impulsion de Guillaume de Louvencourt, plein d’imagination. Rédactrice et écrivain public, elle prête sa plume et partage son amour pour l’écriture. Elle prolonge également sa passion en accompagnant les aspirants-écrivants dans le cadre d’ateliers d’écriture.

Toutes les informations se trouvent sur www.epistolat.com

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FIN

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