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EHESS Famille, rites et mémoire: Le rôle des anciens dans une communauté turkmène d'URSS Author(s): Bertrand Bouchet Source: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 32, No. 2 (Apr. - Jun., 1991), pp. 275-283 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20164826 . Accessed: 18/06/2014 15:37 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Monde russe et soviétique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.216 on Wed, 18 Jun 2014 15:37:08 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Famille, rites et mémoire: Le rôle des anciens dans une communauté turkmène d'URSS

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EHESS

Famille, rites et mémoire: Le rôle des anciens dans une communauté turkmène d'URSSAuthor(s): Bertrand BouchetSource: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 32, No. 2 (Apr. - Jun., 1991), pp. 275-283Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20164826 .

Accessed: 18/06/2014 15:37

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BERTRAND BOUCHET

FAMILLE, RITES ET M?MOIRE :

Le r?le des anciens dans une communaut? turkm?ne d'URSS

L'autorit? sociale des homme ?g?s constitue un des traits les plus remarquables de la soci?t? turkm?ne telle qu'on peut la voir vivre dans les communaut?s rurales de la R?publique sovi?tique de Turkm?nie. Cette autorit? renvoie ? plusieurs

moments de l'organisation sociale de ces communaut?s. D'autre part, les anciens

apparaissent comme les d?tenteurs d'une m?moire unique, pr?serv?e au terme d'un si?cle de bouleversements sociaux et politiques, ce qui contribue ? leur conf?rer un r?le particulier, dans une conjoncture actuelle marqu?e par la reprise du change

ment et par un souci accru de l'identit?. On se limitera ici ? une approche surtout

descriptive, dans un cadre chronologique assez large qui correspond ? la profon deur maximale de la tradition orale en mati?re de faits sociaux.

Les donn?es utilis?es ici concernent les Turkm?nes tekes. Elles ont ?t?

recueillies en 1988 et 1989 dans trois kolkhozes qui forment le soviet rural

(seVsovet) de Kongour, au centre de l'oasis de Merv (Mary). Les tribus tekes ont commenc? ? s'installer dans l'oasis, alors occup?e majori

tairement par les tribus sarykes, au cours du xvmc si?cle, en provenance des oasis d'Akhal et de Tedjen. Au milieu du XIXe si?cle, un afflux de Tekes en provenance de l'oasis de Serakhs a d?termin? l'?viction des tribus sarykes, et la r?organisation totale de l'oasis par les Tekes. L'oasis a ?t? annex?e par la Russie en 1884. Les trois communaut?s ?tudi?es correspondent respectivement ? trois des quatre fractions de la tribu kongoure des Tekes de Merv, la quatri?me ?tant englob?e dans un sov

khoze limitrophe. Ces Kongours sont install?s sur leur territoire original, celui qui leur a ?t? attribu? lors du partage entre les Tekes vainqueurs des Saryks. En 1891, les trois ? villages ? (aul dans la terminologie russe de l'administration tsariste, oba en turkm?ne) comptaient 2 212, 2 331, et 2 233 habitants. Actuellement, la popula tion est d'environ 5 000 habitants pour l'un des kolkhozes et 4 000 pour chacun des

deux autres1.

Cahiers du Monde russe et sovi?tique, XXXII (2), avril-juin 1991, pp. 275-284.

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276 BERTRAND BOUCHET

Les Turkm?nes tekes de l'oasis de Merv se distinguent d?s l'origine, par leur

genre de vie, des pasteurs nomades (larva) de la tribu iomoude ?tudi?s dans le nord de l'Iran par W. Irons2. L'installation des Tekes dans l'oasis de Merv s'est

accompagn?e de la mise en place d'un syst?me agro-pastoral dans lequel l'agricul ture irrigu?e ?tait l'activit? dominante. Aux communaut?s kongoures ?tudi?es par

nous, comme aux autres communaut?s du centre de l'oasis de Merv, ne se ratta

chait aucun groupe de larva. Ceux-ci existaient, mais formaient de petites commu naut?s autonomes nomadisant sur les marges de l'oasis. C'est d'ailleurs dans

l'ensemble des oasis de la Turkm?nie du sud que pr?dominait le type de l'agricul teur s?dentaire (comry), dans une combinaison variable avec celui du carva3. Il n'en est que plus int?ressant d'observer chez ces agriculteurs s?dentaires la perma nence et l'adaptation d'une organisation sociale tr?s proche de celle des nomades

iomoudes, et des soci?t?s de pasteurs nomades en g?n?ral4. Les anciens dont il est question ici sont d?sign?s par le terme de j?suly, qui

vient de jas, ? ?ge ?, et a proprement ce sens d'? ancien ?. Leur autorit? repose d'abord sur leur position de chefs de famille. Dans cette soci?t? patrilin?aire et

patrilocale, qui donne aux hommes le pouvoir sur leur descendance et sur les fem

mes, la famille se confond avec la lign?e masculine, le chef naturel en est le fonda teur. La paternit? est ?videmment valoris?e, le prestige va ? ceux qui ont une des cendance nombreuse, comme le montre, par exemple, l'usage des pr?noms qui se r?f?rent au rang de naissance des fils: Cary, Besim, Alty (?Quatri?me?, ? Cinqui?me ?, ? Sixi?me ?), etc. Mais il s'agit aussi bien de la grand-paternit?. On trouve chez les Tekes, comme chez les Iomouds, mais dans des formes diff?rentes, un syst?me des noms qui fait du premier petit-fils posthume le repr?sentant parmi les vivants du grand-p?re paternel d?funt5. D'une certaine mani?re, le grand-p?re

paternel (ata) est plus p?re que le p?re (kaka) lui-m?me, qui appara?t un peu comme un cha?non interm?diaire. Ceci rejoint d'ailleurs le fait que l'?mancipation du p?re par rapport au grand-p?re est, comme on va le voir, un processus qui s'?tend sur une grande partie de la vie, sinon sur toute la vie, et que c'est donc plu t?t le petit-fils qui appara?t comme un successeur ? part enti?re, en rupture avec

l'autorit? grand-paternelle.

Inversement, on situe couramment les individus d'apr?s leur lign?e, en se r?f? rant ? un a?eul ou un bisa?eul vivant ou r?cemment disparu. Cest la premi?re ques tion que pose un j?suly ? un jeune de son oba qu'il ne conna?t pas : ? De la descen dance de qui es-tu ? ?

Chaque homme appara?t ainsi comme un maillon dans une lign?e qui le trans

cende. Le Turkm?ne vit dans le culte des anc?tres et l'esp?rance de la descendance

masculine par laquelle cette lign?e poursuivra son existence. L'homme qui vieillit se rapproche avec le temps de nouvelles naissances qui sont la continuation d'une

part de lui-m?me. Tous les ?ges de la vie sont donc ?gaux en dignit?, et aussi, d'une certaine mani?re, en devoirs.

Cette autorit? entre dans le cadre plus large du principe de s?niorit?. Dans un

foyer turkm?ne, entre individus masculins, le plus ?g? commande au plus jeune. Il

y a une hi?rarchie descendante, qui va du j?suly au petit enfant, et se traduit aussi bien dans les actes de la vie quotidienne, comme le repas, que dans le travail de la terre. Ce principe d'application tr?s ?tendue gouverne aussi les rapports de d?f? rence hors du cercle de la parent? reconnue, elle-m?me tr?s large. Il atteint son plus haut point dans le respect marqu? aux j?suly, familiers ou de rencontre. C'est en

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vertu de ce principe qu'en cas de disparition du p?re, la rel?ve est prise par le fr?re a?n? (aga), qui devient le chef de la famille.

L'?ge absolu a quand m?me une qualit? qui lui est propre : la vieillesse appara?t comme un moment eminent o? culminent l'exp?rience et la sagesse. Le statut

d'ancien a d'ailleurs une dimension morale. Il suppose la droiture, la fid?lit? ? la

tradition, l'absence d'esprit mercantile. Les j?suly ne constituent pas une simple classe d'?ge, et n'est pas j?suly qui veut.

L'autorit? des j?suly est d'abord une autorit? domestique. La grande famille

patriarcale, regroupant plusieurs noyaux collat?raux et leur descendance sous

l'autorit? du fondateur, ou de l'a?n? de ses fils apr?s sa mort, et conservant l'ensem ble de ses biens en indivision, a peut-?tre constitu? la norme stable de l'organisa tion familiale dans certaines phases de l'histoire de certaines tribus turkm?nes. De telles familles sont attest?es sporadiquement6. Cependant, c'est la famille restreinte

qui se trouve au premier plan de l'organisation ?conomique des Turkm?nes tekes de Merv d?s le moment de leur installation en ma?tres dans l'oasis, au milieu du XIXe si?cle. Le partage de la terre et de l'eau au sein des communaut?s (oba) se fait entre des guerriers qui sont, ou sont appel?s ? devenir rapidement, des chefs de

familles nucl?aires. Dans le cas des Kongours, ce partage se fait sous forme de par celles ?gales ayant le statut de miilk, c'est-?-dire d'une possession h?r?ditaire, pro che de la propri?t? priv?e, chaque parcelle ?tant accompagn?e d'une part d'eau, le

suv, qui donne aussi son nom ? l'ensemble form? par la part d'eau et la parcelle. C'est au moment de son mariage que chaque fils, dans l'ordre de naissance, s?pare son ?conomie domestique de celle du p?re et ?tablit une nouvelle yourte (?j). Le

p?re fournit au fils quelques t?tes de b?tail prises sur son cheptel. ? Merv, le plus important ?tait cependant de disposer de terre et d'eau. Chez les Kongours, dont le territoire comportait relativement peu de terres cultivables, le partage g?n?ral initial a aussi ?t? le dernier de ce type, et donc la part du fils ne pouvait ?tre pr?lev?e que sur celle du p?re, ? moins d'un exil vers les terres de culture extensive situ?es ? la

p?riph?rie de l'oasis, o? des Kongours ont effectivement commenc? ? s'installer d?s la seconde g?n?ration. Le dernier fils, m?me mari?, r?side chez son p?re jusqu'? la

mort de celui-ci. Il h?rite de Y?j paternelle, ainsi que de la plus grande partie du

patrimoine, qui y est rest?e attach?e. Ce type de syst?me d'ultimog?niture porte la

marque de la soci?t? essentiellement pastorale dans laquelle il a sans doute pris naissance. Dans une telle soci?t?, il ne correspond pas ? un partage successoral ?chelonn? dans le temps et avantageant le cadet. En effet, chaque fils qui se s?pare peut, s'il dispose de la force de travail n?cessaire, reconstituer rapidement, ? partir d'un cheptel limit?, un troupeau comparable ? celui de son p?re7. Il n'y a donc pas partage, mais expansion. Dans les conditions d'une soci?t? agraire, la m?me figure peut ?tre r?alis?e s'il reste constamment des terres disponibles. C'est ce qui se pro duit chez les Tekes de Merv, bien que dans des conditions peu satisfaisantes, sur tout pour les Kongours. Un des aspects essentiels de l'autorit? du chef de famille est donc qu'il pr?side, tout au long de sa vie, ? la constitution de nouvelles unit?s

?conomiques viables au profit de chacun de ses fils. C'est lui qui choisit et n?gocie l'alliance, r?unit et verse le ? prix de la fianc?e ? (galyng) en g?rant dans cette per

spective et selon ses vues propres l'?conomie du groupe domestique, et d?cide fina lement du moment et du degr? de l'ind?pendance du foyer nouvellement constitu?.

La famille ?tendue demeure solidaire, formant une unit? de coop?ration dans les travaux agricoles, notamment dans toutes les ?tapes du cycle annuel de la cul

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ture vivri?re du bl?, qui est l'activit? principale des Kongours ?tablis sur le m?lk, avant son recul devant la culture commerciale du coton ? partir de l'?poque colo niale et sa disparition devant le ? tout coton ? de l'?re sovi?tique. Cette unit? appa ra?t dans l'habitat : les fils ?tablissent leur yourte ? c?t? de celle du p?re, dans un ordre fix? par la tradition, et l'habitat se disperse en petits groupes de cinq ? dix

yourtes, usant d'un four ? pain (tamdyr) commun, qui est un symbole fort de l'unit? du groupe.

Ainsi, bien que ce soit la famille nucl?aire, ou la famille-souche au foyer du

p?re co-r?sidant avec son dernier fils, qui joue le r?le d'unit? de production et de

consommation, la famille ?tendue demeure un cadre de vie et de travail en com

mun, dans une configuration qui reste patriarcale. La famille ?tendue patriarcale indivise peut d'ailleurs repara?tre si les circonstances l'exigent, par allongement du

cycle domestique : il suffit de diff?rer l'?clatement, de retarder la dissociation des fils mari?s. Le cas para?t avoir ?t? assez fr?quent au d?but du XXe si?cle, ? cause de la paup?risation d'une partie de la population. Le chef de famille retenait dans sa

yourte et sous son autorit? son fils mari? qu'il n'avait pas les moyens d'?tablir. Le maintien de l'indivision pouvait ?tre justifi? par la n?cessit? d'accumuler le ? prix de la fianc?e ? (galyng) pour un fils plus jeune. ? l'int?rieur de la yourte, le jeune couple ?tait isol? des parents du mari par un rideau. On rapporte des cas de yourtes ainsi doublement divis?es. La famille ?tendue patriarcale appara?t donc comme un

recours, une position normale d'attente dans les passes difficiles, le maintien d'une indivision d?cid?e et g?r?e par le chef de famille assurant le salut social de tous ses

membres et la reproduction, ou plut?t la multiplication, du groupe.

L'organisation sociale traditionnelle n'a ?t? v?ritablement entam?e que par la collectivisation des ann?es 19308. La soci?t? kolkhozienne que l'on peut appeler ? classique ?, celle d'avant la perestrojka qui s'amorce sur le terrain en 1989, est une soci?t? dualiste dans laquelle coexistent l'?conomie collective et la vie institu tionnelle du kolkhoze d'une part, l'?conomie domestique et la vie non-officielle de la communaut? d'autre part.

L'?conomie domestique, fond?e sur un cheptel priv? tr?s r?duit et, surtout, sur le lopin individuel, le mellek, occupe dans la soci?t? kolkhozienne classique une

place essentielle. Irrigu? et cultiv? intensivement, le mellek sert ? la fois ? l'auto consommation familiale et ? la commercialisation de fruits et de l?gumes sur le

march? libre de la ville proche (en l'occurrence : Mary). Il est ainsi un facteur de

prosp?rit? pour les communaut?s rurales.

Le mellek est attribu? par le soviet rural au chef de famille restreinte, dont la

maison (oj) est b?tie, aux frais de ce dernier, ? l'une des extr?mit?s de cette parcelle

rectangulaire d'un quart d'hectare environ, en bordure de la rue. Les maisons sont

ainsi align?es le long de rues parall?les, les mellek de deux rues voisines se tou

chant par le fond o? passe un canal d'irrigation commun. Le m?canisme d'installa

tion des fils ? c?t? du p?re reproduit la disposition traditionnelle qui s'exprimait dans l'ancien habitat, dispers? en petits groupes familiaux, qui a disparu dans les

ann?es 40. Les contraintes li?es au regroupement en villages et ? la fixit? des mai sons en dur ont conduit certains groupes ? se scinder et ? se disperser sur quelques centaines de m?tres, mais les familles ?tendues constituent couramment des aligne

ments comprenant jusqu'? dix maisons contigu?s. Dans un exemple observ? ?

Kongour, six fr?res mari?s occupent avec leurs familles un groupe de six maisons

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contigu?s ou se faisant face de part et d'autre de la rue. Ceux de leurs fils qui sont

d?j? mari?s occupent, l'un une maison contigu? au premier groupe, les autres un

groupe de trois maisons situ? ? environ 150 m?tres. Cet ensemble patrilin?aire regroupe au total 76 personnes appartenant ? trois g?n?rations.

C'est le seVsovet qui attribue le mellek, au moment du mariage, au nouveau chef de famille, en cr?ant autant de nouveaux mellek qu'il est n?cessaire. Ainsi, le sch?ma traditionnel d'expansion se perp?tue, quoique ? une ?chelle r?duite. La

r?gle de l'ultimog?niture continue d'?tre appliqu?e. Le seVsovet n'attribue jamais de mellek au dernier fils, qui continue de r?sider sur celui du p?re. Certains mellek

h?bergent donc des familles-souches susceptibles de s'?tendre ? trois g?n?rations de

couples mari?s, formant ainsi une v?ritable lign?e cadette vivant au m?me feu.

Ainsi, nous avons pu nous entretenir dans une m?me maison avec un j?suly de 93 ans et son fils co-r?sidant de 61 ans.

On voit que la permanence de telles structures continue de rendre possible la reconstitution de v?ritables familles ?tendues patriarcales par simple allongement du cycle familial. Cela se produit essentiellement, comme dans le pass?, sous la

pression de la n?cessit? d'accumuler les sommes destin?es au paiement du galyng. Ainsi, une m?me maison du bourg de Kara Kongour (kolkhoze Karl Marx) abritait en 1989 huit fr?res avec les femmes et les enfants des six fr?res mari?s, soit en tout 25 personnes. Le j?suly ?tant d?c?d?, la famille ?tait dirig?e par le fr?re a?n? (aga), qui g?rait les biens, dont les six mellek, maintenus en indivision.

On ne peut nier, dans la soci?t? contemporaine, une promotion de la famille restreinte. On peut en voir un symbole dans le fait, parfois d?plor?, que chaque

maison poss?de d?sormais son propre tamdyr. Mais il ne faut pas oublier que la croissance d?mographique a transform? les donn?es du probl?me. Les familles res treintes d'aujourd'hui comportent autant de membres que bien des familles ?tendues d'autrefois. Au sein de ces familles plus nombreuses, l'autorit? du p?re reste enti?re et conserve un aspect patriarcal, tandis que l'entraide au sein de la famille ?tendue demeure une r?alit?.

L'autorit? des ja$uly n'est pas seulement ? usage interne de chaque groupe domestique. Les anciens forment eux-m?mes un groupe, une instance collective,

qui exerce une forte autorit? au sein du corps social. Dans l'ancienne soci?t?, Yoba ?tait gouvern?e fondamentalement par un conseil, appel? maslaxat, qui r?unissait les chefs de famille et les quelques porteurs de dignit?s particuli?res, essentielle

ment religieuses. Ces conseils ont ?t? institutionnalis?s et formalis?s par l'autorit? coloniale sur la base d'un droit coutumier normalis?9. L'instauration du pouvoir sovi?tique a balay? ces institutions. Il n'y a plus de conseil des anciens. Mais dans le contexte d'interconnaissance extr?mement ?lev?e qui est celui des communaut?s rurales turkm?nes, les j?suly, ma?tres de leur temps, se rencontrent fr?quemment. Parmi eux et gr?ce ? eux, l'information circule rapidement.

Les j?suly exercent le contr?le social : ils disent la norme et exercent une cen sure en mati?re de comportement, sur la double base de la tradition et de l'islam sunnite. Ce contr?le social peut rester impuissant, comme dans le cas de la consom

mation d'alcool, hors de leur pr?sence, par les jeunes hommes. Il n'en demeure pas moins une r?f?rence permanente et culpabilisante.

Les anciens apparaissent surtout comme investis des devoirs religieux de la communaut?. Ce sont eux qui, individuellement, observent certaines prescriptions

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de l'islam, comme les cinq pri?res quotidiennes, le ramadan. Cette situation ?voque moins, ? notre avis, un reflux de la pratique religieuse vers la strate des vieillards,

qu'une sp?cialisation traditionnelle de cette classe d'?ge qui g?re collectivement le ? tr?sor spirituel ? de la communaut?.

L'exercice collectif de la m?diation avec l'au-del? appara?t principalement dans

le culte des morts, dont le clan patrilin?aire (tire) est le cadre privil?gi?. Les hom mes ?g?s du tire se r?unissent ? plusieurs reprises apr?s un d?c?s pour consommer

ensemble les repas fun?raires qui manifestent l'unit? du clan, et d'une fa?on g?n? rale occupent la premi?re place dans les rassemblements de ce type, qui peuvent s'?tendre ? l'ensemble des adultes de Y oba. Ce sont encore les j?suly de Y oba qui veillent collectivement ? l'entretien de la mosqu?e fun?raire (gabyr) o? repose le

saint fondateur et protecteur du cimeti?re, lieu sacr? entre tous. Ils se concertent

pour d?cider les r?parations qui mettent en jeu, p?riodiquement, une centaine d'hommes pour la confection du pis? et le travail de r?fection de l'?difice et de son

enclos. Ils organisent si besoin est les collectes de fonds, d?signent les personnes

charg?es de recueillir l'argent aupr?s des kolkhoziens.

Outre ces aspects largement pr?islamiques, le r?le religieux des j?suly est aussi

le r?sultat d'une ?volution historique r?cente. L'?tablissement du r?gime sovi?tique a fait dispara?tre les mosqu?es et les ?coles religieuses, petites ?coles de village et

m?dress?s destin?es ? former les mollahs. Le r?seau des serviteurs du culte, ?limi n?s ou contraints ? l'exil ou ? la clandestinit?, est devenu incapable de se repro duire et s'est effondr? num?riquement et culturellement. Il s'en est suivi une promo tion religieuse du groupe des j?suly, dont le r?le est devenu d?cisif dans la

conservation de l'islam. ? l'heure actuelle, la connaissance de la langue arabe, la

capacit? de lire le Coran et les quelques livres religieux conserv?s ici ou l?, se sont

perdues. Priv? de toute dimension savante ou scolaire, l'islam des kolkhoziens est

devenu un islam populaire de tradition orale, reposant essentiellement sur la

m?moire des j?suly et la transmission orale directe du rituel, et surtout des pri?res,

qui sont sues par c ur et r?cit?es comme des suites de sons sans ?tre comprises.

Les j?suly qui ont le plus de connaissances organisent pour les autres des s?an ces de ? cours du soir ? ? domicile, o? ils enseignent le d?chiffrement des lettres

arabes, qui permet la lecture phon?tique des textes, et le vocabulaire qu'ils connais sent. Ils invitent ? ces s?ances les jeunes gens qui leur semblent les plus dou?s pour devenir mollahs. Les jeunes mollahs ainsi d?sign?s et form?s demeurent sous le

contr?le des j?suly qui, lors des c?r?monies, se tiennent au premier rang pour s'assurer que les pri?res et les formules rituelles sont r?cit?es sans erreur. Les

Turkm?nes pensent qu'en cas d'erreur, non seulement le mariage n'est pas valable, mais l'homme est durablement frapp? d'impuissance. Nous connaissons d'ailleurs

le cas d'un mariage annul? et report? de plusieurs mois parce qu'un j?suly s'?tait

aper?u que le jeune mollah qui officiait s'?tait tromp?. Quand on conna?t l'ampleur de l'investissement ?conomique et social que repr?sente un mariage chez les

Turkm?nes, on peut mesurer ? cet exemple ? la fois la force d'une croyance qui fonctionne sur un mode magique, et le poids de la parole de ces vieillards.

Le groupe des j?suly n'est pas homog?ne mais pr?sente diverses sortes de hi?

rarchies internes. Cela tient en grande partie au fait que les kolkhoziens turkm?nes

constituent moins la strate paysanne d'une soci?t? globale qu'ils ne repr?sentent la

descendance d'une soci?t? compl?te, r?duite ? l'?tat de strate paysanne. Le peuple des ? obscurs ? (garacy) y c?toie les petits-fils ou arri?re-petits-fils de khans, des

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LES ANCIENS DANS UNE COMMUNAUT? TURKM?NE 281

chefs de guerre, et des hommes de religion, mollahs ou ?san, les plus respect?s. Dans le domaine de la m?moire historique, une opposition, qui ne joue plus dans les rapports sociaux, appara?t assez nettement entre les informateurs de pure ascen dance teke (ig), d?positaires de la grande tradition sur les migrations et les combats de la tribu depuis le Moyen Age, sensibles aux valeurs guerri?res et aux anciennes hi?rarchies sociales, et les descendants des esclaves persans razzi?s au si?cle der nier (gui), qui ?voquent en g?n?ral un pass? moins lointain, moins ?pique, davan

tage fait des travaux et des jours. En mati?re de religion, les leaders du groupe sont incontestablement ceux qui ont ?t? reconnus les plus savants, donc les plus effica ces, quelle que soit leur origine.

Quelles relations peuvent s'?tablir entre le groupe des j?suly d'une part, et

l'appareil politico-administratif qui encadre les kolkhozes d'autre part ? Les anciens ne sont ?videmment pas seuls ? se faire une opinion sur le cours

des choses. La soci?t? sovi?tique contemporaine, qui a cr?? le statut du retrait?, les a mis ? l'?cart de la sph?re du travail collectif, tout en les glorifiant souvent comme v?t?rans (veterany). La collectivisation a apport? aux jeunes gens de sexe masculin une r?mun?ration individuelle, et aussi des responsabilit?s et une culture technique qui ne proc?dent pas de la tradition. Elle a ainsi consolid? un p?le d'exp?rience et d'autorit? technicienne reconnues, distinct de celui des j?suly.

Cette situation est d'ailleurs moins nouvelle qu'on pourrait le penser : l'ancienne soci?t? d'avant la conqu?te russe ?tait une soci?t? guerri?re et, en tant que telle,

marqu?e par un certain ?galitarisme et ouverte au succ?s d'hommes parfois tr?s jeu nes. Il y avait une sorte de bipolarit? entre une opinion publique dont le foyer ?tait le groupe des anciens de Y oba, plus ou moins manipul?s par quelques leaders et par les hommes de religion, et des chefs d'?ge variable, issus parfois du groupe des jeu

nes guerriers, dont l'autorit? executive n'?tait pas contest?e. D'une fa?on g?n?rale, la soci?t? turkm?ne semble guid?e par deux principes en mati?re de pouvoir : prio

rit? absolue de la recherche du consensus, respect absolu de l'autorit? ?tablie si elle ne heurte pas ce consensus.

Ces deux principes sont ? l' uvre dans les communaut?s ?tudi?es, et, pour autant que nous ayons pu en juger, dans les communaut?s alentour. Les pr?sidents de kolkhoze sont des hommes jeunes (30 ans pour le plus jeune, en 1989), natifs de Yoba, enracin?s dans celle-ci par leur vie familiale, leur r?seau de parent? et d'alliances. Au niveau sup?rieur, le pr?sident du soviet rural, plus ?g?, remplit les

m?mes conditions d'origine. Les kolkhoziens sont tr?s attach?s ? ce que ce poste soit occup? par un Kongour. C'est le pr?sident du soviet rural qui d?tient la r?alit? du pouvoir dans les trois kolkhozes et sert en m?me temps de relais pour la hi?rar chie ext?rieure du pouvoir que repr?sente en pratique, au-dessus de lui mais hors de la zone rurale, le comit? du parti du rajon (le rajkom). Au total, le pouvoir sovi?ti

que, s'il ne renonce pas ? exercer son autorit? sur les communaut?s turkm?nes, n'en a pas moins pass? avec elles une sorte de compromis. Ce compromis r?side dans un choix de responsables locaux qui respecte formellement l'identit? de Yoba et permet au pouvoir de se faire mieux accepter en se naturalisant. On voit que les j?suly ne font pas de politique. Ils ont perdu le pouvoir d'intervention dont ils disposaient dans un pass? r?volu. N?anmoins, par le canal de responsables ?troitement ins?r?s dans les r?seaux de la vie locale et soumis ? la pression de ceux-ci, une certaine

part de l'opinion publique doit pouvoir remonter vers des sph?res plus ?lev?es, quoique sur un mode sans doute assez diffus et implicite.

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282 BERTRAND BOUCHET

Les transformations apport?es dans les zones rurales par la perestrojka, si elles se r?alisent, ne remettront pas forc?ment en cause le syst?me familial et commu nautaire traditionnel. Le transfert de droits sur les terres aux agriculteurs, un renou veau du pastoralisme dans le cadre de l'?conomie priv?e, pourraient au contraire, selon certains indices d?j? perceptibles, en ?largir ? nouveau le champ d'applica tion. Mais l'organisation sociale, aux tendances patriarcales marqu?es, que nous avons d?crite, pourrait ?tre remise en cause d'une autre mani?re, si un bouleverse

ment d'ensemble des structures entra?nait un exode rural acc?l?r?. Le groupe des vieillards joue un r?le cl? dans toute probl?matique de la d?sac

culturation des Turkm?nes ou de leur acculturation ? d'autres savoirs et ? d'autres

syst?mes de valeurs. On a vu que la transmission du savoir religieux par les moyens inadapt?s de la tradition orale atteignait actuellement sa limite. De ce point de vue, la libert? religieuse retrouv?e en 1990, qui se traduit dans l'imm?diat par l'ouverture et la r?ouverture de lieux de culte et par la diffusion de petites brochures sur les rudi

ments de l'islam, ouvre des perspectives nouvelles, mais ne devrait influer qu'? long terme sur le type de vie religieuse des kolkhoziens. La m?moire historique non ?crite atteint elle aussi une limite, mais d'un ordre diff?rent. Il est naturel qu'au bout d'un si?cle environ, l'image concr?te de la soci?t? ancienne se brouille ou se perde. Or si la soci?t? a chang?, les faits anciens rapport?s ne peuvent pas faire sens imm?

diatement, comme ils le feraient si la soci?t? ?tait demeur?e intacte. Les hommes qui ont 80 ou 90 ans en 1990 sont n?s sous la yourte, et ont v?cu dans cette soci?t?

encore, sinon totalement inchang?e par rapport ? l'?re pr?coloniale, du moins en

pleine continuit? avec elle-m?me. Leurs p?res sont n?s avant l'arriv?e des Russes.

Les grands-p?res sont, pour une partie d'entre eux, les guerriers qui ont, sous la

conduite de chefs devenus l?gendaires, accompli la grande migration des Tekes de Serakhs ? Merv, combattu le khan de Khiva, l'arm?e du shah, les tribus sarykes. La

part d'identit? attach?e ? cette m?moire qui dispara?t peu ? peu devient incertaine.

Or, cette ?tape du passage des g?n?rations co?ncide avec une autre conjoncture, celle

o? les fondements sociaux, traditionnels ou de substitution, de cette identit?, sont menac?s par l'ouverture acc?l?r?e de la soci?t? turkm?ne aux influences d'une soci?t? englobante, elle-m?me ?branl?e par de multiples bouleversements.

Il n'est donc pas ?tonnant qu'une frange de la jeunesse, surtout celle qui s'urba nise plus ou moins, s'?loigne de sa culture traditionnelle, tandis qu'une autre se

tourne confus?ment vers les vieillards, ? la recherche d'une ?vocation du pass? qui renouvelle les supports de son identit?. Certains anciens acqui?rent ainsi un audi toire qui s'?tend bien au-del? de leur propre kolkhoze. Davantage, cependant, que l'attitude des jeunes, nous semble devoir ?tre observ?e celle des hommes dont l'?ge avoisine 50 ans. Jusqu'? pr?sent, un homme qui atteignait cet ?ge s'engageait dans une sorte de conversion qui ne s'exprimait pas seulement par le port de v?tements

traditionnels et de la barbe, par un habitus manifestant la dignit?, mais aussi par le

respect des prescriptions religieuses et l'accomplissement des rites, par un souci accru de pi?t?, et par une tendance ? philosopher et ? tirer les le?ons de l'exp? rience et de la vie. Le maintien ou l'alt?ration de ce processus, par lequel se repro duit le groupe des j?suly avec toutes ses caract?ristiques ?thiques et psychologi ques, sera dans l'avenir le signe du degr? de transformation de la soci?t? turkm?ne rurale dans son ensemble.

Paris, 1991.

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LES ANCIENS DANS UNE COMMUNAUT? TURKM?NE 283

1. Donn?es 1891 : Obzor Zakaspijskoj oblasti za 1891g. (Panorama de la r?gion transcaspienne en

1891), Ashabad, Stab Zakaspijskoj oblasti, 1893, p. 21 ; donn?es 1989 : autorit?s locales.

2. W. Irons, The Yomut Turkmen: a study of social organization among a Central Asian Turkic

speaking population, Ann Albor, University of Michigan, 1975 (Museum of Anthropology Papers, 58). 3. W.K?nig, Die Achal-Teke: zur Wirtschaft und Gesellschaft einer Turkmenen-Gruppe im 19.

Jahrhundert, Berlin, Akademie-Verlag, 1962 (Ver?ffentlichungen des Museums f?r V?lkerkunde zu

Leipzig, 12) ; M. Annanepesov, Hozjajstvo turkmen v xviii-xix w. (L'?conomie des Turkm?nes aux xviw

XIXe si?cles), AShabad, Ylym, 1972,283 p. ; A. Orazov, Etnografiteskie ?terH hozjajstva turkmen Ahala v xix-natale XX v. (?tudes ethnographiques sur l'?conomie des Turkm?nes de l'Ahal au XIXe et au d?but

du XXe si?cle), AShabad, Ylym, 1985, 156 p.; ? Jazlyev, Istorija i hozjajstvennoe razvitie naselenija

Srednego Murgaba (xix-natalo XX v.) (L'histoire et le d?veloppement ?conomique de la population de la

moyenne Murgab (xixe-d?but du XXe si?cle), AShabad, Ylym, 1985,121 p. 4. Nous nous r?f?rons pour cette derni?re remarque au bilan ?tabli par C. Lef?bure, ? Introduction :

the specificity of nomadic pastoral societies ?, in Production pastorale et soci?t?, Actes du Colloque international sur le pastoralisme nomade, Paris, d?c. 1976, Cambridge, Cambridge University Press

Paris, Maison des Sciences de l'Homme, 1979, pp. 1-14.

5. W. Irons, op. cit., p. 119.

6. N. Kisljakov, Ocerki po istorii sem'i i braka u narodov Srednej Azii i Kazahstana (?tudes sur

l'histoire de la famille et du mariage chez les peuples d'Asie Centrale et du Kazakhstan), Leningrad, Nauka, 1969, pp. 27-29 ; et aussi W. Irons, op. cit., p. 83.

7. Pour les Iomouds, voir ibid., introduction, p. 3 et chap. IV, ? Domestic groups ?, pp. 83-94.

8. Une seule r?f?rence pour l'oasis de Merv : Ja. Vinnikov, ? Socialisti?eskoe pereustrojstvo ho

zjajstva i byta dajhan Maryjskoj oblasti Turkmehskoj SSR ? (R?organisation socialiste de l'?conomie et

du mode de vie des paysans de la r?gion de Mary, RSS turkm?ne), in Sredneaziatskij etnografiieskij sbornik (Recueil ethnographique d'Asie Centrale), Moscou, Akademija nauk SSSR, 1954, 1, pp. 3-81

(Trudy Institu?a etnografii im. N.N. Mikluho-Maklaja, novaja serija, XXI). La r?f?rence de base sur ce

type de sujet est C. Humphrey, Karl Marx collective. Economy, society and religion in a Siberian col

lective farm, Cambridge, Cambridge University Press-Paris, Maison des Sciences de l'Homme, 1983

(Cambridge studies in social anthropology). 9. Sur ces conseils revus par le pouvoir colonial, voir A. Lomakin, Obylnoe pravo turkmen (adat)

(Le droit coutumier chez les Turkm?nes (adat)), Ashabad, 1897.

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