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Fascisme, nazisme et stalinisme Deuxième cours : Les prises de pouvoir : la marche sur Rome; le 30 janvier 1933 ; la lutte pour la succession de Lénine

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Fascisme, nazisme et stalinisme

Deuxième cours :

Les prises de pouvoir : la marche sur Rome; le 30

janvier 1933 ; la lutte pour la succession de Lénine

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Deuxième cours :

1 – La marche sur Rome

2 – Le 30 janvier 1933

3 – La lutte pour la succession de Lénine

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1 – La Marche sur Rome

1.1 – Benito Mussolini

• Même si chronologiquement Mussolini est le premier des trois dictateurs à l’étude, il ne faut pas en déduire qu’il ait été nécessairement un précurseur ou un modèle pour les autres, bien que, en ce qui concerne le premier Hitler (jusqu’en 1936 environ), cela soit plausible.

• Mussolini est né le 29 juillet 1883 dans un village de Romagne. Ses origines constituent un échantillon des forces sociales qui constitueront l’assise du régime fasciste. Par son père, forgeron puis aubergiste, il provient d’un milieu modeste mais pas misérable.

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• Pour sa part, sa mère Rosa Maltoni était issue de la moyenne bourgeoisie citadine : fille de vétérinaire, elle a fait des études secondaires et devint institutrice.

• Malgré les efforts de Mussolini pour faire valoir ses origines modestes, et tout en admettant que le niveau de vie de la famille fût faible, certaines caractéristiques de celle-ci révèlent l'origine petite-bourgeoise et l'aspiration à réintégrer cette couche de la société.

• Ainsi, Mussolini a grandi dans un milieu où on lisait et où l'on parlait l'italien plutôt que le dialecte local et il a reçu quelques rudiments de latin et a appris à jouer du violon.

• Selon les témoignages sur la jeunesse de Mussolini, celui-ci était un garçon turbulent et brutal, mais à l’esprit éveillé, développant une culture politique où l’internationalisme fait bon ménage avec le nationalisme: précisément les bases de ce qui deviendra le premier fascisme, c’est-à-dire un socialisme national.

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• Mussolini entre au collège à neuf ans, là où les contradictions entre la perception du monde inculquée par son père et la discrimination sociale pratiquée au collège par les religieux fera de lui un révolté.

• Plus tard, à l'École normale de Forlimpopoli, son adhésion aux idées révolutionnaires et internationalistes fera bon ménage avec ses opinions nationalistes.

• À dix-huit ans, Mussolini obtient son diplôme de maître d'école, mais éprouve de grandes difficultés à trouver un emploi. Une première expérience de suppléant se termine rapidement, à cause de son comportement violent et de sa liaison avec la mère d’un enfant.

• Ce militant du PSI tente alors sa chance à l’étranger, en Suisse, en 1902. Il y demeurera pendant 2 ans, vivant de petits boulots et changeant constamment de canton pour échapper aux poursuites qu'entraîne son activité politique. Il s’initie au journalisme et se lie avec certains dirigeants socialistes italiens réfugiés en Suisse.

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• Puis il rentre en Italie pour faire son service militaire. Il servira jusqu’en 1906 et muni d’un diplôme de professeur de français, il va pendant quelques années combiner l’enseignement et le journalisme au PSI.

• Il s’installe à Forli en 1910 avec sa femme et devient secrétaire de la section socialiste locale et directeur de son hebdomadaire, La Lotta di classe et se taille une place à la tête des socialistes de Romagne

• Il poursuit son apprentissage théorique : après Marx, il lit Nietzsche, puis les socialistes français radicaux, dont Sorel. Ces lectures le confortent dans son mépris du parlementarisme et du socialisme timoré du PSI.

• Un rapprochement s’opère alors entre les radicaux du PSI et certains jeunes écrivains et intellectuels qui commencent à élaborer ce qui deviendra le fascisme.

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• En 1911, la guerre de Libye offre à Mussolini l'occasion d'écarter les dirigeants réformistes du parti en prenant la tête du courant révolutionnaire, hostile à la politique du gouvernement et au soutien apporté par les modérés du PSI. Il prend la tête de manifestations contre le départ des troupes, ce qui lui vaudra un séjour en prison, mais lui permettra de se mettre à l’avant-scène.

• En 1912, lors du congrès du PSI, il obtient de la majorité du parti l'exclusion des réformistes et devient l'un des principaux dirigeants du parti, ce qui, avec la charge de direction de l'Avanti! (quotidien socialiste d'audience nationale) qu’il obtient, lui donne une grande visibilité et lui permet d’accentuer le virage radical du PSI. En quelques mois, le tirage du quotidien passe de 20 000 à 100 000 exemplaires.

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1.2 - De l’internationalisme à l’interventionnisme  

• Au moment où s’exacerbent les tensions dans les Balkans, Mussolini occupe un rôle prédominant à la tête de l’aile révolutionnaire du PSI. Au cours de l’été 1914, il s’implique dans la vague insurrectionnelle qui déferle dans le nord de l’Italie.

• Dans le débat quant à la participation de l’Italie à la guerre entre internationalistes et interventionnistes, il se montre d'abord favorable à la première option.

• Ainsi, Mussolini maintient dans un premier temps la primauté de la classe sur la nation : la guerre qui s’annonce est une guerre impérialiste et ne concerne pas les ouvriers et les paysans italiens, qui n’ont aucune raison d’aller combattre aux côtés de la bourgeoisie et de l’aristocratie italienne leurs frères de classes, Allemands, Autrichiens, Français ou autre.

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• Sa conversion survient en octobre 1914 : il écrit dans l'Avanti! que les socialistes ne peuvent pas rester spectateurs de la guerre. Il est alors écarté de la direction du journal.

• Le 15 novembre, grâce à l'appui financier des milieux d'affaires favorables à l'intervention, il fait paraître un nouveau journal, Il Popolo d'Italia, qui va mener une campagne en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie.

• Certains historiens considèrent que ce virage a été provoqué par l’opportunisme de Mussolini, à l’étroit dans son rôle de « chef de clan » du PSI et aspirant à jouer sa propre partition. Il témoignerait de sa soif de pouvoir, préférant tenter de devenir chef, plutôt que de rester dans son rôle de second violon.

• Mais cette interprétation, outre le fait qu’elle met de côté le rôle très important que jouait Mussolini au sein du PSI, fait l’impasse sur la formation idéologique de celui-ci.

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• Car sa culture politique marie nation et révolution sans difficulté. En outre, férocement individualiste et de tempérament violent, on peut supposer qu’il lui était difficile de rester spectateur d’événements aussi importants pour le sort de l’Europe.

• Joignant le geste à la parole, il se conforme avec enthousiasme à son ordre de mobilisation et il est mobilisé en août 1915 dans un régiment de bersaglieri (tirailleurs), où il sert avec le grade de caporal.

• Il combat sur l'Isonzo, avant d'être blessé en février 1917 au cours d'un exercice de tir. Même si ses faits d’armes sont modestes, on ne peut le considérer comme un pleutre. Il aime l’armée et la guerre, qui correspondent bien à son caractère et à sa vision du monde, et s’y montre compétent, sans plus.

• Après sa blessure, il est réformé et reprend la direction à Milan du Popolo d'Italia, où il conduit une campagne acharnée contre les « défaitistes ».

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1.3 - De 1918 à 1922  

• L’Italie est exsangue au sortir de la guerre : le climat de tension et les difficultés économiques constituent un terreau favorable pour les aventuriers du type Mussolini.

• En plus des problèmes qui se posent à toutes les autres nations européennes, la sensibilité nationale blessée motive en Italie un repli sur soi et un désir de revanche.

• Car l’Italie s’était décidée à intervenir aux côtés des forces occidentales et russes en échange de gains territoriaux, dont Trieste et Fiume, peuplés d’Italiens, d’Autrichiens et de Slovènes.

• Mais les quatorze points de Wilson remettent en question cette promesse, Wilson plaçant au dessus de tout le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

• Ainsi, les accords qui font de Trieste et de Fiume des territoires autonomes sous supervision internationale déçoivent les nationalistes et interventionnistes italiens.

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• À la fin de la guerre en 1918, Mussolini est à la recherche d'un courant qui puisse le porter. D’un point de vue idéologique, il se situe toujours à l'extrême gauche, mais défenseur d’un syndicalisme de type sorélien, il substitue le concept de nation à celui de lutte des classes comme moteur de la révolution.

• Sa mise à l’écart du PSI l’a transformé en adversaire hargneux du parti. C’est alors que se mettent en place autour de lui en 1919 les fasci italiani di combattimento, constitués pour beaucoup des pouilleux qui n’arrivent pas à s’adapter à la vie civile. Rapidement, ces organisations semblent pouvoir offrir un tremplin à ses ambitions.

• Le programme politique qui prend forme à partir de 1919 mêle les revendications nationalistes à une base socialiste assez radicale.

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• Ces derniers éléments indisposent le grand capital, mais ses revendications territoriales en font un allié objectif contre ceux que l’élite économique du pays voit comme la véritable menace, les communistes, qui ont le vent dans les voiles grâce à la révolution bolchévique.

• Ces contradictions n’embarrassent guère Mussolini : « Nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes, réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu et le cadre dans lequel nous sommes contraints de vivre et d'agir. »

• En octobre 1919 se tient à Florence le premier congrès des Faisceaux et aux élections du 16 novembre, les fascistes ne recueillent que 4 795 voix à Milan et deux jours plus tard, Mussolini est arrêté pour détentions illégales d’armes et d’explosifs.

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• Entre 1919 et 1921, Mussolini et ses Faisceaux oscillent, s’éloignant, pour se rapprocher à nouveau, des autres formations politiques, prenant de plus en plus ses distances avec les revendications de la gauche.

• En mai 1921, Mussolini, alors partisan du gouvernement de Gioletti, se présente sur une liste de coalition dite « des blocs nationaux antisocialistes » et devient député.

• Fortes de cette couverture légale, les chemises noires se rendent coupables de violences et d'agressions contre leurs ennemis socialistes, communistes et syndicalistes et se font apprécier des milieux d'affaires et du patronat. Les chemises noires se constituent alors en milices, et les fonds se mettent à affluer.

• Des divergences naissent alors entre les chefs des squadras et Mussolini, les premiers reprochant à celui-ci sa volonté de se rapprocher du pouvoir, ce qui entre en contradiction avec les motivations des squadristes.

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• Ces divergences sont surmontées et le 7 novembre, le 3e congrès des Faisceaux voit la transformation de ceux-ci en Parti national fasciste (PNF) et dès lors, Mussolini est reconnu comme le Duce du fascisme.

• Les événements s’accélèrent à partir de la seconde moitié de 1922. En août, la gauche lance une grève contre les violences des chemises noires, tolérées par les pouvoirs publics, qui croient pouvoir utiliser le fascisme contre le socialisme.

• Entre le 3 août et le 5 septembre, les fascistes s’emparent de certaines mairies importantes, comme Milan, Gênes et Parme, ce qui marque le début de la révolution fasciste. Le 24 octobre, 40 000 chemises noires défilent à Naples et réclament le pouvoir.

• Puis vient la Marche sur Rome. Entre le 27 et le 31 octobre 1922, des groupes de fascistes essaiment vers Rome. Le nombre de personnes impliquées varie selon les sources entre 30 000 et 100 000.

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• Mussolini ne prend pas part à la marche et reste à Milan. Il ne se rendra à Rome que plus tard, une fois tout danger écarté. Pendant que ses milices défilent, Mussolini traite directement avec le gouvernement et tente d’imposer ses conditions, tout en sachant que si ordre est donné à l’armée de répliquer, son bluff échouera.

• Le roi Viktor-Emmanuel III, en délicatesse avec Facta, son président du Conseil, décide alors de montrer sa « puissance » et offre à Mussolini la charge de former un gouvernement de coalition le 29 octobre. C’est le début de l’ère fasciste.

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2 – Le 30 janvier 1933

2.1 - Adolph Hitler  

• Hitler est né le 20 avril 1889 en Autriche à Braunau-sur-l'Inn, près de Linz, ville qu’il apprendra à détester.

• Le futur Führer eut, jusqu’à la mort de son père, une relation conflictuelle avec celui-ci, lequel, d’origine modeste, s'était hissé au rang d'inspecteur des douanes et rêvait pour son fils d'une carrière de fonctionnaire.

• Après la mort de son père et la fin des études scolaires, dans lesquelles il était très loin d’exceller, Adolf part pour Vienne, où il tentera sans succès, de rejoindre l'Académie des beaux-arts.

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• La mort de sa mère lui laisse un petit héritage et Hitler vivra quelque temps sur un pied plus élevé, aspirant à jouer au dandy. Mais l’héritage est rapidement mangé et Hitler glisse peu à peu dans la misère.

• De 1908 à 1913, à Vienne, il vit de petits boulots et de la vente de ses aquarelles. De cette époque date la formation de son caractère et de certaines de ses lubies.

• Vienne est alors une ville très cosmopolite, et Hitler supporte mal que lui, Autrichien de naissance (il n’a pas encore assimilé le pangermanisme), vive plus difficilement que les « sous-hommes » slaves et surtout que les Juifs, qu’il prend rapidement en haine.

• Au cours de cette période, Hitler lit beaucoup, mais superficiellement certains classiques de la philosophie allemande (dont Nietzsche). Il s’intéresse aux publicistes pangermanistes et antisémites et développe peu à peu une haine tenace à l’endroit de l’Autriche, à qui il reproche de faire obstacle à l'union des Allemands.

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• En 1913, Hitler s’installe à Munich pour échapper au service militaire, car il refuse de servir sous les drapeaux de l'empire. Il a alors près de vingt-cinq ans et est toujours sans profession, sans emploi et sans famille.

• Sa personnalité est déjà formée : son rêve de devenir un grand artiste le motive toujours, il dispose d’une culture livresque importante mais mal digérée et qui lui sert à alimenter ses préjugés. Et son chauvinisme le pousse à ignorer complètement le monde non germanique.

• Outre cela, on lui reconnaît une grande mémoire et une capacité d’analyse assez profonde, limitée cependant par ses préjugés. Il est solitaire autant par choix que par incapacité à nouer des relations stables et il est déjà dévoré par l’orgueil et l’ambition.

• Quand, en août 1914, éclate la Première Guerre mondiale, Hitler s'engage avec enthousiasme dans l'armée bavaroise.

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• Pour la première fois de sa vie, il vit une expérience collective et se socialise par la vie militaire, pour laquelle il témoigne de réelles aptitudes, comme en fait foi sa Croix de fer de première classe, obtenue pour s’être distingué par son courage.

• Mais têtu, hautain et méprisant, il n’est guère apprécié de ses supérieurs, ce qui l’empêchera de dépasser le grade de caporal. Mais ses subordonnés l’apprécient.

• L’armistice le met hors de lui, soutenant que l’armée n’a pas été abattue par les Occidentaux, mais par l’ennemi intérieur, socialistes et Juifs, qui ont préféré négocier. Ce mythe du « coup de poignard dans le dos », constituera l’un des leitmotivs de sa carrière et toute son énergie sera consacrée à partir de 1933 à venger l’honneur national et à châtier les coupables de l’infamie de 1918.

• Pendant toute une année, Hitler demeure, comme beaucoup d’autres, au sein de l’armée, où il est utilisé comme informateur et agent de propagande.

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• C’est dans ce contexte qu’il entre en contact avec un petit parti extrémiste, le Parti ouvrier allemand, auquel il se consacre. Dès lors, débute véritablement sa carrière politique et il se révèle un orateur exceptionnel, populiste et démagogue.

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2.2 - La première tentative : le putsch de la Brasserie

• Dès 1920, Hitler se voit confier la direction de la section de propagande du parti. Les réunions de celui-ci attiraient alors peu d’auditeurs, mais peu à peu, la verve d’Hitler aidant, ces réunions devinrent plus courues.

• Le 24 février 1920, Hitler parvient à attirer une foule de 2000 personnes, en invitant un orateur connu à l’époque, mais c’est lui qui soulève la foule. Lors de cette réunion, le parti devint le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

• De même, Hitler parvint à imposer à la direction du parti son propre programme en vingt-cinq points, précipitant ainsi le départ de certains des membres fondateurs et lui laissant conséquemment davantage de latitude.

• Dans l’année qui suit, Hitler, après avoir abandonné le poste d’agent de liaison qu’il occupait encore au sein de l’armée, se consacre entièrement au parti.

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• C’est à cette époque qu’il développe ses principales théories concernant la politique qui, à la différence de son idéologie, renferment une grande originalité.

• Au cours de 1920, le parti se dote des symboles et des structures qui le rendront célèbre, comme le drapeau rouge frappé du swastika noir dans un cercle blanc. Il introduit l’uniforme, la chemise brune, les grades, le salut qui deviendra hitlérien, etc.

• La mécanique et l’esthétique des rassemblements de masses se raffinent, Hitler accordant une grande importance à l’impression de force qui s’en dégage, comprenant que cette force et cette violence attirent autant qu’elle repousse.

• La première organisation de masse naît aussi à cette époque. À l’origine, Hitler la présente comme un service d’ordre, mais à partir de l’automne, l’organisation est employé pour agresser les participants aux réunions des autres formations politiques.

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• Au cours de l’année 1921, les Alliés ayant exigé la dissolution des Freikorps, les nazis créent une section de gymnastique et des sports, où peu à peu afflueront les anciens des Corps Francs. Cette section sera éventuellement fusionnée avec son service d’ordre pour donner les SA, dirigées par Ernst Röhm.

• Au début de 1921 survient une crise au sein du parti : des membres fondateurs exigent la révision du programme, mais Hitler s’y oppose, en menaçant de démissionner et les fondateurs n’ont pas d’autre choix que de retirer leur motion, consacrant la transformation d’un parti à l’origine autant anticapitaliste que nationaliste en parti nationaliste, et désormais ouvert à la cohabitation avec les forces du capital.

• Car il manque à Hitler à ce moment deux choses : un financement stable et la protection de gens haut placé, favorable aux thèses antisocialistes. En 1922, les puissants hésitent à s’allier à lui et à son parti.

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• Pendant ce temps, la crise s’accentue : les Alliés venaient de fixer en 1921 le montant des réparations que l’Allemagne devait verser, et ce qui ne fit que détériorer davantage la situation économique. L’inflation atteint des rythmes vertigineux et le mark s’effondre.

• La crise économique provoque une détérioration de la situation politique : les extrémistes ont le vent en poupe et la colère gronde contre les « criminels de novembre », les sociaux-démocrates « responsable de la défaite ».

• Entre 1921 et 1923, de nombreux attentats contre les chefs politiques se succèdent : le père de la république, Scheidemann, échappe à la mort au printemps 1922 et le 24 juin 1922, Walter Rathenau est assassiné.

• En Bavière, où le sentiment autonomiste demeure fort, les autorités font preuve de peu d’enthousiasme pour appliquer les mesures d’exception décrétées par Berlin pour garantir la sécurité de la république.

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• Les nazis se rapprochent alors de certaines autorités bavaroises et, l’exemple de Mussolini aidant, certaines parmi elles songent même à une marche sur Berlin. Cette situation incite à Hitler à se montrer plus agressif et à tenter un coup de dés.

• Le 8 novembre, Hitler et ses alliés, profitant d’une réunion politique des principales autorités de Bavière dans une brasserie, tente un coup d’État : Hitler parvint d’abord à s’emparer des chefs politiques du land et à se proclamer chef d’un gouvernement national.

• Contrairement à ce qu’espérait Hitler, les forces de police refusent de se rallier et le matin du 9 novembre, Hitler tente de leur forcer la main à la tête d’un groupe de 2 à 3 mille hommes. Une fusillade éclate entre les deux forces, faisant une quinzaine de morts chez les nazis, et entraînant la débandade des hommes d’Hitler et la fuite de celui-ci, qui est néanmoins mis en état d’arrestation. La tentative a échoué.

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2.3 - D’agitateur à Chancelier

• Nombreux sont ceux qui pensent alors qu’Hitler est un homme politiquement fini. En avril 1924 s’ouvre le procès des meneurs du putsch et donc d’Hitler. Il parviendra à faire parler de lui dans toute l’Allemagne, utilisant cette tribune pour se faire connaître.

• Au terme du procès, Hitler reçut une sentence clémente de 5 ans. Il ne fera que quelques mois de sa peine, du 11 novembre 1923 au 20 décembre 1924, dans la forteresse de Landsberg.

• Sa détention fut douce, jouissant de la sympathie d’une part importante des autorités : la nourriture était excellente et Hitler prit du ventre; il pouvait recevoir librement à peu près n’importe qui et passait le plus clair de son temps dans le jardin ou à travailler sur son livre, Mein Kampf, en compagnie de Hess, à qui il dictait le texte.

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• Pendant ce temps, son parti s’effondrait, à sa grande satisfaction, car il comptait reprendre son rôle à la fin de sa peine et préférait ne pas avoir d’adversaires politiques. Il voulait se présenter comme le seul homme en mesure de rallier les forces d’extrême droite.

• Malgré l’opposition d’Hitler un bloc nationaliste radical se présenta aux élections de 1924 et remporta 32 mandats.

• Ce succès relatif acheva de convaincre Hitler que sa meilleure chance de parvenir au pouvoir était de participer au processus électoral. Dans ce contexte, les actions de la SA, entrèrent en opposition avec ses ambitions, car les actions de celle-ci faisaient peur.

• Le 20 décembre 1924, Hitler est libéré. Il s’emploie dès lors à se tenir le plus possible dans la légalité, afin d’obtenir les appuis qui lui manquent. Son parti est à nouveau autorisé et en février 1925, l’organe de celui-ci, le Völkischer Beobatcher, reprend sa parution régulière.

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• Les premières années de la résurrection politique furent difficiles : la situation économique du pays s’améliorait, les tensions internationales s’apaisaient.

• Cependant, cette situation ne dura pas, et avec la crise de 1929, son audience recommença à croitre, comme en font foi les statistiques de vente de Mein Kampf, ainsi que le nombre de membres payant cotisation au parti.

• Ce développement de la puissance du parti fit en sorte que des hommes puissants commencent à s’intéresser à lui en tant qu’arme dans leur lutte contre le gouvernement et la gauche en général. D’abord hésitant, l’anticapitalisme étant encore important pour de nombreux membres, Hitler se laissa convaincre d’une alliance par des promesses de financement.

• Grâce à ces fonds, il remet le parti en pleine santé financière et lui donne les moyens de ses ambitions à l’échelle fédérale.

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• Entre 1930 et 1932, la gravité de la crise va favoriser l’appui populaire aux partis extrémistes et entraîner l’affaiblissement des forces libérales et conséquemment du système politique de la république de Weimar.

• Mais c’est surtout à l’extrême droite que profite la mort des forces politiques libérales, même si l’appui populaire des communistes augmente aussi. Surtout, les milieux économiques et politiques de l’Allemagne se méfient beaucoup plus des communistes que des nazis.

• Se fait alors peu à peu jour dans la tête des dirigeants politiques l’idée d’une alliance avec Hitler pour contrer les communistes. Les fonds affluent dans les caisses du NSDAP, qui peut alors déployer sa puissance, surtout après les élections de 1930, qui voient les nazis obtenir 107 députés et les communistes, 77.

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• En 1932, les élections donnèrent encore plus de puissance aux nazis au parlement, avec 230 mandats et plus de dix millions de suffrages exprimés. Lors des élections présidentielles tenues la même année, Hitler obtint 23 %, contre 29 % pour les communistes et 45 % pour le président Hindenburg.

• Cette défaite relative, alliée à la diminution des appuis aux nazis aux élections de l’automne 1932, finissent par convaincre les forces conservatrices, après avoir tenté de mettre un des leurs à la tête du gouvernement de mettre de l’avant la candidature d’Hitler au poste de chancelier.

• Le raisonnement est simple : l’appui aux communistes continue de croître, alors que celui aux nazis semble commencé à fléchir et plusieurs croient qu’il est maintenant temps d’opposer un Hitler affaibli aux forces communistes montantes.

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• C’est le principal argument qui finit par convaincre Hindenburg de donner sa chance à Hitler. Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, alors âgé de 44 ans, devient chancelier d’une république qui mourra bientôt.

• Ainsi, les mêmes réflexes qu’en Italie ont joué ici : la peur de l’extrême gauche pousse le centre, détenteur du pouvoir politique et économique, à s’allier avec l’extrême droite, croyant pouvoir la contrôler et n’imaginant pas à ce moment creuser sa propre tombe.

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3 – La lutte pour la succession de Lénine

3.1 – Iosip Vissarionovitch Djougatchvili

• Staline est né en 1879, à Gori, en Géorgie, dans une famille très modeste. Ses parents avaient tous deux été serfs et l’abolition du servage en 1861 avait peu modifié leur niveau de vie. Son père, cordonnier, fut tué dans une rixe, alors que Staline n’avait que dix ans.

• Les possibilités pour un jeune garçon de son milieu sont alors limitées et c’est pourquoi en 1888, il entre dans une école religieuse et se destine à devenir pope.

• En 1894, après avoir obtenu son diplôme avec les meilleures notes, il déménage à Tbilissi, où il poursuit ses études religieuses au séminaire de l’endroit.

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• Mais ce séminaire est l’un des endroits les plus contestataires de Géorgie, et Sosso met sur pied un groupe clandestin de jeunes socialistes. Dès ce moment son caractère change et prend certaines des caractéristiques qui le rendront célèbre : sa brutalité, son caractère renfermé et sa grande suspicion

• Il faut dire cependant que le régime n’est pas tendre avec les contestataires et que la clandestinité est la seule façon de s’impliquer politiquement, les structures légales de l’État étant totalement fermées.

• En mai 1899, il quitte le séminaire pour se consacrer à l’agitation révolutionnaire. Il entre au parti en 1901, où il devient l’un des meneurs de celui-ci en Géorgie. Sa tâche au sein du parti est de trouver du financement et il recourt aux « expropriations », ce qui permet au parti d’amasser plus de 300 000 roubles. Ce rôle peu glorieux est passé sous silence dans sa biographie officielle.

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• Dès le début du conflit entre bolcheviques et mencheviques, il prend position en faveur des idées de Lénine, qu’il rencontre pour la première fois en 1905.

• C’est à cette époque que Koba rédige sa première œuvre théorique, Coup d’œil rapide sur les divergences dans le parti, qui attire l’attention du chef bolchévique et en 1905, il devient délégué du parti pour le Caucase.

• En 1906, après avoir rencontré personnellement Lénine en Finlande il devient à vingt-six ans l’un des principaux lieutenants de celui-ci.

• En 1912, à la suggestion de Lénine, il est coopté au CC du parti, où il reçoit la tâche de s’occuper de la question nationale. À ce titre, il écrit une autre œuvre théorique, Le marxisme et la question nationale, dans laquelle il fait la démonstration de sa faible maîtrise des théories marxistes. C’est sans importance pour Lénine, qui apprécie celui qu’il qualifie de « merveilleux géorgien ».

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• Après le début de la guerre, il devait être incorporé à l’armée, mais il est rejeté à cause d’une légère infirmité (son bras gauche est plus court que le droit). De toute façon, il se trouve à ce moment en exil en Sibérie, d’où il reviendra à la faveur de l’amnistie décrétée par les nouveaux pouvoirs issus de la révolution de février.

• Il regagne alors la capitale, où il participe à la rédaction de la Pravda. Au cours des mois qui séparent février d’octobre, il ne fait pas partie des partisans de la prise de pouvoir et ne participe donc pas à la préparation du coup d’État.

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3.2 – Bras droit de Lénine (1917-1924)

• Malgré son manque d’enthousiasme devant le coup d’État de son parti, Staline est nommé Commissaire du peuple à la question nationale au sein du SOVNARKOM, lors du Second congrès panrusse des soviets.

• Pendant la guerre civile, il se retrouve commissaire politique, où commence son conflit personnel avec Trotski. À ce titre, il se fait connaître par ses actions musclées visant à éradiquer la menace blanche dans la région de Tsaritsyne.

• C’est dès cette époque de la guerre civile qu’il commence à former son clan, alors que Vorochilov et Boudienny, chefs militaires médiocres, le prennent pour leur maître naturel. Son conflit personnel avec Trotsky le désigne aussi tout naturellement pour rallier les antitrotskystes, nombreux parmi les bolcheviques.

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• En 1919, il devient membre permanent du Politburo, où il dirige la Commission de contrôle du parti ce qui, en 1922, le désigne candidat pour le poste de secrétaire général du parti.

• Cette position de contrôle est le principal facteur qui explique sa victoire sur ses opposants Au fur et à mesure de la défaite de ceux-ci, qui voient leurs partisans être chassés des postes de responsabilités, il remplace ceux-ci par ses clients et s’assure ainsi de leur loyauté. Chaque victoire augmente sa puissance.

• Il dispose d’un autre atout : son rôle de chef de la Commission de contrôle du parti lui donne accès aux renseignements personnels de ses adversaires

• Dans les années 20, Staline est complètement inconnu de la population et dispose de peu de notoriété au sein du parti. C’est la raison pour laquelle il devra manœuvrer pour parvenir à se hisser au sommet.

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• Mais cette position discrète lui sera très avantageuse : il ne fait pas partie des candidats potentiels à la mort du Guide et au début, il n’inquiète donc pas ceux qui ont un œil sur l’héritage.

• Dès la mort de Lénine (21 janvier 1924), Staline entreprend d’organiser un véritable culte à la mémoire de Lénine, d’autant qu’on lui confie le soin d’organiser les funérailles du vieux : construction du mausolée, édition des œuvres complètes de Lénine, etc., toutes choses qui auraient fort déplu au principal intéressé.

• Il n’a guère le choix : son envergure de théoricien est discrète et le place loin derrière Trotski ou Boukharine. C’est la raison pour laquelle il entreprend très tôt de se poser comme le seul vrai continuateur de la pensée de Lénine et dès avril 1924, il publie « Les bases du léninisme », destiné aux nouveaux membres. Il s’agit bien sûr d’une interprétation très personnelle...

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3.3 – de 1924 à 1929

• En mai 1922, Lénine est victime de la première des quatre attaques qui le conduira finalement à la tombe en 1924. Entre ces dates, Lénine récupère et surtout, il peaufine sa réflexion sur l’État soviétique, le parti et le problème de sa succession.

• En décembre 1922 et janvier 1923, il dicte son « Testament », dans lequel il passe en revue ses principaux lieutenants, ceux qui seront appelés à prendre sa relève, et il les critique vertement.

• Staline, jugé trop brutal, est le plus critiqué. En outre, à l’aide de son poste de Secrétaire général, il contrôle tout l’appareil du parti, ce qui inquiète Lénine. Enfin, au cours des années 21 et 22, les relations entre les deux hommes se sont détériorées et il suggère même de le démettre de ses fonctions de Secrétaire général.

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• Les autres membres du Comité Central sont aussi critiqués : Lénine reproche à Trotski, malgré ses grandes compétences, d’être trop sûr de lui. Kamenev et Zinoviev se voient reprocher leur attitude en octobre. Il admire l’intelligence et les capacités de Boukharine, mais lui reproche son manque d’orthodoxie marxiste, etc.

• On peut donc en conclure qu’aux yeux de Lénine, personne ne pouvait vraiment prendre sa relève de façon individuelle et qu’il préférait l’idée d’une direction collective, ce qui est difficilement applicable au parti.

• Dès avant la mort de Lénine, Staline, prend une solide option sur la succession. Il cherche aussi à isoler Lénine et à le tenir loin des affaires courantes.

• Mais c’est surtout autour de la question de la NEP et de la bureaucratisation que se jouera la succession.

• Lors d’un Plénum du CC en septembre 1923, les dissensions éclatent sur la question des prix industriels.

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• D’abord, Trotski publie une lettre qui accuse la dictature de l’appareil du parti (Staline) de tous les maux du pays.

• Cette lettre est suivie d’une autre, consignée par 46 vieux bolcheviques qui reprend la même idée. Le Politburo condamne ce texte comme « fractionniste ».

• Trotski en remet dans une autre lettre qui cette fois, entraîne la condamnation de ses idées par le Politburo et Staline se charge d’épurer les trotskistes des positions clés. Sa situation est désormais gravement compromise.

• Trotski récidive en octobre 1924 et s’attaque directement à Zinoviev et Kamenev. S’en est trop et suite au blâme qui lui est adressé, il démissionne de ses fonctions de Commissaire à la guerre, mais demeure au Politburo.

• Une fois celui-ci disqualifié comme successeur potentiel, Staline s’en prend à ses alliés de circonstances (Kamenev et Zinoviev) et c’est Boukharine qui lui en donne l’occasion. 

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• Ce dernier propose de permettre aux paysans de s’enrichir davantage et est sévèrement critiqué par Zinoviev, qui l’accuse de vouloir permettre aux koulaks de se développer. Naît ainsi une nouvelle « opposition de gauche ». Staline prend discrètement la défense de Boukharine et à la suite du XIVe congrès, Zinoviev perd son poste à Leningrad et est remplacé par Kirov.

• La valse de l’opposition se poursuit : une coalition très hétérogène se forme, l’« Opposition unifiée », qui comprend Zinoviev, Kamenev, Trotski et des membres de l’opposition ouvrière. Leur seul point commun : la haine de Staline. C’est le meilleur théoricien du groupe qui lance la charge et elle porte sur le danger bureaucratique, ce qui vise directement Staline.

• Staline remporte cependant cette autre bataille, en faisant condamner les meneurs de l’opposition pour fractionnisme et en obtenant leur exclusion du Politburo.

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• Les opposants sont exclus du CC en octobre et du parti en novembre 1927. Trotski est finalement exilé à Alma-Ata, ce qui met fin à la première période de la lutte de Staline pour la succession. Au terme de cette première partie, il a installé ses créatures au sein du Politburo et le seul opposant qui lui reste à abattre est Boukharine.

• En 1927, la « crise des ciseaux » avec son corollaire, les difficultés d’approvisionnements : peu à peu, les produits agricoles commencent à manquer dans les villes. D’abord le fromage, le lait, et finalement le pain.

• Pour résoudre la crise, le parti lance une campagne de réquisition. 39 membres du CC se rendent dans les régions rurales pour superviser celle-ci. Staline y participe et se rend en Sibérie, où il inaugure un système de réquisition basée sur la contrainte et s’appuyant sur les forces de sécurité de la GUÉPÉOU. Sa technique sera rapidement étendue à l’ensemble du territoire.

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• Dans le but de résoudre la crise, deux points de vue se font face : celui de Staline et celui de Boukharine.

• Staline soutient que la crise a des causes « objectives » et reprend l’analyse de Trotski de 1924 : elle est causée par un déséquilibre de développement entre les secteurs industriel et agricole. L’industrie n’arrive pas à produire suffisamment de biens essentiels; cette pénurie de produits a conduit à l’effondrement des réseaux d’échange entre les villes et les campagnes.

• En même temps, l’exploitation paysanne individuelle ne permet pas de générer suffisamment de revenus pour soutenir le développement de l’industrie, surtout que les koulaks se livrent à des actes de sabotage.

• Pour Boukharine, les causes sont subjectives : manque de fonds de réserve pour l’industrie, croissance des revenus paysans, ce qui a augmenté le revenu disponible des paysans et conduit à une « famine » de produits manufacturés.

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• L’un et l’autre voient la solution dans une industrialisation plus rapide, qui devra s’appuyer sur le secteur agricole.

• Mais alors que Staline propose d’augmenter la productivité agricole par la collectivisation des terres, Boukharine propose de renforcer la NEP et d’appuyer l’industrialisation en stimulant le développement et l’initiative privés des agriculteurs.

• C’est sans surprise qu’un plénum du CC réuni en 1928 adopte la position de Staline, le CC étant surtout composé de ses partisans. Accusé d’avoir entretenu des contacts avec Kamenev, Boukharine sera exclu du Politburo en 1929. À cette date, le Politburo n’est plus composé que de fidèles de Staline, ce qui revient à dire qu’il contrôle désormais le parti, et bientôt l’État.