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FC Le Mouret 1961-2016 L’histoire d’une passion commune

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FC Le Mouret 1961-2016 L’histoire d’une passion commune

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Rédaction:Ludovic Stempfel (1961–1978, 2006–2016)Nicolas Raemy (1979–2005)

Appui rédactionnel: Willy Biolley, Armand DousseSimon Rebetez, Roland Jungo

Relecture, corrections:Simon Rebetez, Françoise Raemy et Anick Goumaz

Soutien technique, contact imprimerie:Samuel Crausaz, Imprimerie Canisius, Fribourg

© FC Le Mouret, décembre 2016

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Introduction

L’album que vous tenez entre vos mains présente et condense les 55 premières années d’existence d’un club de football créé dans le village d’Essert par une poignée de passionnés à l’été 1961…

Nous avons tenté de rassembler le plus d’informations et de souvenirs possibles afin de retranscrire au mieux la chronologie de l’histoire. Toutefois, il est probable que certains passages ou événements ont été involontairement omis ou présentent parfois un léger décalage temporel.

Les archives initiales n’ont pu être retrouvées et la mé-moire des fondateurs n’est pas infaillible. Néanmoins, nous sommes persuadés que cet ouvrage offre une bonne vision des étapes de la vie du club et servira à conserver durablement la trace de plus de 5 décennies d’existence ponctuées d’un changement de nom en 1975.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il conviendra d’effectuer un tour d’horizon de l’année 1961 (cette dernière ayant été mouvementée) ainsi que d’exposer le contexte de vie d’alors sur le plateau du Mouret…

Les rédacteurs

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1961

En ce temps-là, j’avais 20 ans...

En 1961, aucun club de football n’existait, ni à Essert, ni dans les villages environnants. Seul Arconciel possédait une association officielle.

Notre équipe de copains s’entrainait sur des terrains d’agriculteurs compréhensifs. A l’époque, j’avais 21 ans et j’étais déjà un peu «vieux» pour commencer une car-rière dans le foot mais ce sport nous intéressait tellement, mes amis et moi, qu’il occupait presque tous nos loisirs. Nous aimions le jeu, l’esprit d’équipe. A l’école déjà, les garçons jouaient au ballon mais ce hobby n’était pas en-core ouvert aux filles.

Chez nous, il y avait peu de possibilités d’activité pour la jeunesse. Pour occuper notre temps libre, nous avons d’abord monté des spectacles (vers 1959) à la Chin Chayan (la patronale de la chapelle d’Essert). Ces pièces de «théâtre» nous ont appris à travailler ensemble et ont permis d’acquérir une petite réserve pécuniaire.

Nous nous réunissions très souvent chez Marie et Camille Dousse, les parents d’Armand, Norbert et Emile. C’est là qu’a mûri ce projet d’équipe, que dis-je, de club de foot. Seulement, voilà: pour jouer, il fallait un terrain plat et disponible. Par chance, nous avons pu utiliser gratuitement une parcelle appartenant à Camille.

Pour atteindre un nombre acceptable de joueurs et créer «Essert 61», il a fallu encore faire appel à des amis de Senèdes, d’Ependes, Treyvaux et de la Roche. Notre premier entraîneur venait du Mouret. Puis, nous avons fait appel à Gilbert Sciboz, qui nous a inculqué de

bonnes notions de football. J’allais le chercher à Fribourg pour les entraînements…

Si certaines familles approuvaient notre démarche et sont vite venues nous applaudir lors des matches, d’autres se montraient «dérangées» par l’initiative. Ce sport n’était pas encore entré dans les mœurs mais la commune nous subventionna tout de même à hauteur de 200 francs! Compte tenu du contexte, c’est essentiellement la famille Dousse qui a favorisé la pratique du foot dans notre petit coin de pays. Remercions-la mille fois pour son soutien!

Le terrain n’était pas très plat et nous sommes vite inter-venus pour améliorer les choses. Nous avons fait appel à l’entreprise Brodard (à La Roche) qui a essayé de reti-rer la terre sur la partie la plus haute à l’aide d’un Trax. La manœuvre fut ralentie par de grosses pierres. Pour limiter la facture, Norbert emprunta le tracteur de son patron (à son insu) pour nous permettre de reprendre les travaux. Nous avons, avec plusieurs joueurs du village, passé d’innombrables heures à enlever ces fichus cail-loux pour affiner l’état de notre place de jeu.

Au final, nous avions déplacé l’équivalent d’un mètre de terre en partie haute pour rehausser la partie basse. Cela peut paraître anodin, mais il a fallu fournir de gros efforts pour obtenir ce maigre résultat. Ces conditions «spartiates» ne nous ont pas empêché de pratiquer notre activité préférée avec un plaisir tout particulier!

Au départ de Gilbert, j’ai repris l’équipe durant une sai-son. En 1964, et à mon grand regret, j’ai dû abandonner le

foot et le FC Essert. Suite à mon mariage, et pour faciliter mes trajets professionnels, j’ai en effet élu domicile à Bulle.

Mon temps de présidence a été très court mais ce fut une expérience fantastique sur le plan humain et spor-tif. Compte tenu des circonstances et des conditions de l’époque, la fondation de ce club relève de l’exploit. D’ail-leurs, tous les jeunes des villages alentour se sont ensuite mis à jouer au football.

Les présidents qui m’ont succédé ont su donner une autre dimension au club et les autorités ont reconnu l’impor-tance que revêt une telle société sportive pour la jeunesse de nos communes.

Lors de mon passage au comité du FC Portalban/Glette-rens (2e ligue interrégionale), j’ai souvent relevé le mode d’organisation du FC le Mouret. En effet, dans un club de niveau supérieur, les joueurs sont souvent «étrangers» à la région dans laquelle ils évoluent. Ce qui sous-entend aussi que certains jeunes du village ne peuvent pas pro-fiter de leur propre club. Conclusion: il vaut mieux rester modeste pour permettre à tous et toutes de pratiquer le football près de chez soi.

Je proclame donc: Vive le FC Le Mouret!

Gabriel Vaucher, président fondateur

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2016

Non, non, rien n’a changé...

Le FC Le Mouret fête son 55e anniversaire en cette an-née 2016. Un âge «avancé» qui confirme qu’une société sportive ou culturelle est très importante pour la vie d’un village ou d’une région.

Même si, de nos jours, les enfants peuvent pratiquer un nombre incalculable d’activités, le football reste le sport collectif le plus populaire au monde et pour cela vous n’avez pas besoin d’un «billard» digne des plus grands stades. Une simple cour d’école suffit parfois au bonheur des gamins ou mieux encore: la pelouse de notre Centre Sportif. Venez simplement un mercredi après-midi et vous pourrez en juger par vous-même.

Dans nos contrées, on s’adonne à ce sport pour être d’abord avec les copains – peu importe que l’on gagne ou que l’on perde – l’important est de se faire plaisir, la camaraderie primant sur le reste.

Ensuite, vient l’aspect «compétition». Qui n’a pas rêvé un jour d’être le nouveau Messi, Cristiano Ronaldo ou même Shaqiri? Mais au final, rien n’a vraiment changé en 55 ans, sauf le nom des idoles qui s’appelaient Pelé, Eusebio, ou plus près de chez nous, Charles Antenen. Cela ne nous rajeunit pas.

Le FC Le Mouret m’a permis de vivre de nouvelles expé-riences enrichissantes. Toutes n’ont pas été couronnées de succès, je l’avoue.

En 2004, à la tête de la 1re équipe, j’ai eu la chance de pouvoir diriger une formidable équipe de copains

qui a permis au club de vivre deux finales de pro-motion consécutives, avec à la clé une accession à la 3e ligue pour l’année du 45e anniversaire du club. L'Ourson puis la piscine chez Coco: Quels moments inoubliables (à retrouver dans le chapitre consacré à l’an-née 2006)!

J’ai entraîné des jeunes, des seniors et voilà que 10 ans plus tard, je me retrouve à la barre du club en étant se-condé à merveille par un comité extraordinaire.

L’avenir nous le dira, mais ce serait un joli clin d’œil au destin que de célébrer une nouvelle promotion pour l’an-née du 55e.

J’ai un grand respect pour ces membres fondateurs qui ont osé lancer le FC Essert en 1961. Sans eux, il est pos-sible que les enfants de ce village se défouleraient sur d’autres pelouses du canton et sous un autre nom que celui du FC Le Mouret.

Merci Messieurs et Vive le FC Le Mouret!

Laurent Tercier, président

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viron 1600 habitants occupaient la commune en 1960. Ce nombre a plus que doublé pour atteindre 3104 en 2014).

De nombreuses entreprises ou artisans présents actuelle-ment sur le plateau étaient déjà en activité à cette époque. Chaque village, soit Bonnefontaine, Essert, Montévraz, Oberried, Praroman, Zénauva disposait de petits com-merces permettant à chacune et chacun de subvenir à ses besoins primordiaux.

Il arrivait, bien sûr, qu’on doive descendre effectuer un achat spécifique ou une démarche administrative à Fribourg, mais cela ne constituait pas un déplacement régulier pour la plupart des citoyens de la future grande commune du Mouret. La banque la plus proche se trouvait à Treyvaux.

Notons aussi la présence de fleurons industriels tels que La Tuilerie (qui ferma ses portes en 1963), l’usine de char-pentes Gilbert Vial ou encore les scieries Armand Mivelaz et Künti, qui offraient de nombreux emplois à la population locale...

Le monde en 1961

3 janvier: rupture des relations diplomatiques USA-Cuba. La Suisse sera mandatée pour assurer la représentation de Washington à la Havane. 8 janvier: en pleine guerre d’Algérie, De Gaulle lance le processus d’indépendance. 20 janvier: J. F. Kennedy succède à D. D. Eisenhower. 23 février: le Che Guevara devient ministre de l’industrie à Cuba. 12 avril: Gagarine devient le 1er homme dans l’espace. 16–20 avril: débarquement de la baie des cochons et rapprochement des soviétiques avec Castro. 16 mai: coup d’état militaire en Corée du Sud qui devient une dictature (fin en 1988). 4 juin: Kennedy rencontre Khrouchtchev au sujet de l’Allemagne de l’Est et de l’occupation de Berlin. 12–13 août: construction du mur de Berlin, début de la guerre froide (course à l’armement et à l’espace). 16 décembre: début de la guerre du Vietnam. Pape en exercice: Jean XXIII

En Suisse

Le président de la Confédération est l’UDC Friedrich Traugott Wahlen. Un fribourgeois fait partie du Conseil fédéral: Jean Bourgknecht. 21 janvier: la Migros fonde Optigal. Décès de l’écrivain Blaise Cendrars (né à la Chaux-de-Fonds) 19 février: le HC Zurich devient champion suisse de hockey sur glace. 1er mars: début des championnats du monde de hockey à Genève et Lausanne, victoire finale du Canada 12 mars: première ascension réussie de la paroi nord de l’Eiger 6 juin: décès du psychiatre Carl Gustav Jung

11 juin: le Servette FC devient champion suisse pour la 14e fois de son histoire. 11 septembre: création du WWF à Zurich 12 septembre: le Conseil fédéral remplace l’hymne national «Ô Monts indépendants» par le «Cantique Suisse» (car la mélodie du premier était identique à celle du God Save the Queen). 29 septembre: inauguration du barrage de la Grande-Dixence 28 novembre: la télévision suisse romande inaugure ses nouveaux studios à Genève.

Naissance de personnalités

26 janvier: Wayne Gretzky 3 avril: Eddy Murphy 6 mai: George Clooney 1er juillet: Carl Lewis et Lady Di † 4 août: Barack Obama 12 septembre: Mylène Farmer 6 novembre: Florent Pagny

Décès notables

13 mai: Gary Cooper 1er juillet: Louis-Ferdinand Céline 2 juillet: Ernest Hemingway

La vie au Mouret et environs

La région du Mouret a, de longue date, accueilli des popu-lations préhistoriques puis romaines. Plusieurs vestiges ou découvertes archéologiques en attestent, dont les ruines de thermes et celles d’un aqueduc.

Le territoire communal n’a que peu évolué depuis 1650. D’après l’annuaire statistique du canton de Fribourg, en- Le Mouret en 1960. La route arborée (sur la droite) mène à La Roche.

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1961 – 1971

Commune d’Essert: 240 hectares 224 habitants en 1960 (puis 181 en 1970)

Population des villages avoisinants à pareille époque:

Bonnefontaine: 223 Ferpicloz: 133 Montécu: 67 Montévraz: 200 Oberried: 196 Praroman: 486 Zénauva: 74 Ependes: 314 Arconciel: 332 Treyvaux: 919 Ville de Fribourg: 32 583 Suisse: 5 328 000

Source: Recensement du canton de Fribourg au 1er décembre 1960 Bureau fédéral de la Statistique, Berne

Les activités extra-professionnelles s’articulaient autour d’associations locales que beaucoup d’entre nous connais-sons ou fréquentons peut-être encore aujourd’hui.

Outre les sociétés de jeunesse présentes dans, quasiment, chaque village, on pouvait intégrer:

La Société de musique «L’Avenir Le Mouret» (fondée en 1854), le Chœur paroissial (créé en 1887 et qui devint mixte dès 1934), la Société de tir (1847), le Club des lutteurs (1922), l’Auto-Moto Club (1931) et le Club Sportif Le Mouret (1943).

Les habitants et sociétaires se retrouvaient régulière-ment autour d’un verre lors des kermesses, bals, lotos et fêtes qui rythmaient et égayaient les fins de semaine dans ce joli coin de pays sarinois.

Les automobiles étant encore rares, on se déplaçait sou-vent à vélo, mobylette (Vespa), bus… ou simplement à pied.

Contexte footballistique suisse et fribourgeois à l’été 1961Le FC Fribourg, club phare du canton et promu un an plus tôt, termina 12e du classement de ligue nationale A, juste au-dessus de la barre. Le Servette FC de Jacky Fatton fut sacré champion devant les BSC Young Boys et le FC Zurich.

Le championnat «élite» comptait 14 équipes, tout comme la ligue nationale B. La plupart des clubs de ces deux caté-gories disposaient également d’une équipe réserve évoluant dans un championnat espoir.

Les associations régionales (dont l’AFF – Association fri-bourgeoise de football) étaient régies par la ZUS, une abré-viation allemande «barbare» qu’on traduisait par «Union des clubs des séries inférieures».

En 2e ligue fribourgeoise, nous retrouvions 11 clubs, soit:

Beauregard, Bulle, Central, Châtel-Saint-Denis, Domdidier, Estavayer-le-lac, Fétigny, Fribourg II, Gurmels, Morat et Villars-sur-Glâne.

La 3e ligue regroupait 28 équipes et la 4e en accueillait 72.

En ce mois d’août, la grande question au sein de l’AFF était: faut-il prévoir 7 ou 8 groupes dans cette catégorie de jeu? Le but étant d’organiser au mieux le championnat selon les emplacements géographiques de chaque club, la réflexion déboucha sur la création de 8 groupes de 9 équipes.

Si un club disposait de 2 formations (différenciées par les mentions Ia et Ib), elles devraient évidemment s’affronter dans un duel potentiellement fratricide! De quoi offrir de sacrés derbies «internes»!

Essert en 1960. La 1re ferme à gauche est l’épicerie Dousse.Crédit: BCU Fribourg, Collection de cartes postales.

Extrait topographique du plateau du Mouret en 1961.

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Fondation du FC Essert

Les prémices

L’histoire du Football-Club Le Mouret prend racine, comme son nom ne l’indique pas, dans le village d’Essert, situé à la sortie du Mouret sur les hauteurs en direction de Treyvaux. A l’aube des années 1960, ce petit hameau se composait de quelques maisons et fermes, d’une école, d’une épicerie et d’une chapelle dédiée à Ste-Anne et da-tant de 1525. On y célèbre, entre-autres, les saints Fabien et Sébastien (patrons et protecteurs de la chapelle) chaque 20 janvier lors de la fête de la Chin-Chayan.

Le village, s’il s’est développé et modernisé au gré des nou-velles constructions, n’a pas radicalement changé d’allure depuis 50 ans.

C’est ici que vivait un groupe de jeunes hommes âgés de 16 à 20 ans, pour certains en apprentissage ou déjà profes-sionnels et pour d’autres encore à l’école secondaire.

Ceux-ci se donnaient régulièrement rendez-vous à l’épi-cerie de Camille et Marie Dousse avant d’aller taper le

ballon, tantôt dans un champ situé à l’arrière du magasin, tantôt au bord du ruisseau du Pontet vers l’actuel quartier des Marais (le long de la Route de la Gruyère menant à La Roche).

Ces copains tentaient toujours de dégoter une pelouse de fortune (entendez par là: un bout de pré si possible fau-ché) pour y pratiquer leur passe-temps favori. Leur idole de l’époque, le grand Pelé, les faisait rêver et les émerveillait autant que Neymar pour nos jeunes amis d’aujourd’hui...

Il leur arrivait également de partir à vélo vers Senèdes, Ependes ou encore Arconciel pour y défier d’autres jeunes. Le défi à proprement parler? Un match de football, évidem-ment, qui avait lieu dans les champs (avec ou sans l’accord préalable de l’agriculteur ou du propriétaire du terrain) et pour lequel on construisait les buts à l’aide de perches à haricots et d’une ficelle.

Le ballon, précieux objet qu’il fallait traiter avec soin, revê-tait un aspect bien différent de celui de nos modèles actuels: une chambre à air et sa valve étaient enrobées de plusieurs pièces géométriques de cuir brun-marron, une couture en lacets «de chaussure» liait le tout.

La valve permettait de gonfler la balle et sortait de un, voire de quelques centimètres du cuir. Un coup de tête à cet en-droit laissait souvent des traces et un petit mal de crâne à l’intéressé!

L’équipement était assez sommaire: espadrilles ou souliers à crampons pour les plus chanceux, chemisette en coton et cuissettes qui parfois, perdant leur élastique, étaient main-tenues par le ceinturon militaire du papa (André Kolly).

Après l’effort, les jeunes rentraient à l’épicerie à vélo pour se rafraîchir, papoter, rigoler, parfois jouer aux cartes tout en se régalant de saucisses, de thon et de sardines à l’huile...

Bref, le but ici était très simple: passer du bon temps!Chapelle d’Essert. Crédit: BCU Fribourg, Collection de cartes postales. L’épicerie du village, propriété de Camille et Marie Dousse.

Photo de l’équipe non-officielle (prise au Guintzet en 1959–60).

(debout, de gauche à droite) Emile Dousse, André Kolly, Roland Kolly, Norbert Dousse, Hubert Biolley, Gabriel Vaucher(accroupis) Willy Biolley, Roger Vaucher, Armand Dousse, Gilbert Vaucher, Narcisse Schornoz

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1961 – 1971

L’idée fait son chemin

C’est au printemps 1961, lors d’une partie de baby-foot dans la grande cuisine de la maison Dousse que l’idée de créer une véritable équipe de football germa peu à peu dans l’esprit de nos protagonistes.

Leur groupe d’amis étant déjà important, le concours de quelques autres camarades suffirait à compléter l’effectif!

Hubert et Willy Biolley, Armand, Emile et Norbert Dousse, Gabriel Vaucher et Victor Weissbaum étaient en train de donner naissance au Football-Club Essert.

Armand se souvient: «Des jeunes d’Arconciel avaient créé un club un an auparavant. Nous nous disions que s’ils y étaient parvenus, alors nous pourrions aussi réussir. On de-manda donc à Michel, Gabriel et Louis Bongard de Senèdes, ainsi qu’à Roland Kolly de se joindre à nous.»

Avec l’accord des parents Dousse, l’épicerie servi-rait de vestiaires aux équipes et à l’arbitre, tandis que le bassin fournirait l’eau pour se débarbouiller après les matches et permettrait d’y laver les équipements. A ce sujet, Mme Marie Dousse, maman d’Armand, Nor-bert et Michel, se chargera du lavage, séchage, repassage et parfois raccommodage de tous les équipements du club durant les 33 premières années (voir plus loin)!

S’il on se réfère aux souvenirs d’Armand (source: libret-to du 50e anniversaire du FCLM), la première séance de travail eut lieu à la pinte communale de Treyvaux après un entraînement collectif entre les piles de planches de l’usine Papaux. C’est là qu’on aurait tracé les grandes lignes du projet... La pinte était un lieu très fréquenté par notre clique et certains ont gardé en mémoire les effets que produisait le fendant «Les Rocailles» sur leur(s) or-ganisme(s).

Un cadre qui ne manque pas de relief

Il restait toutefois un important «détail» à régler avant de lancer la réelle procédure de création du club: trouver un terrain de jeu.

Camille Dousse possédait justement une parcelle qu’il louait à un agriculteur aux abords du «Bois Derrey». Il proposa à nos sportifs en herbe de se coordonner avec le laboureur pour leur permettre d’occuper le champ durant les périodes non-exploitées. On organiserait le fauchage de l’herbe de temps à autre afin de conserver des conditions de jeu presque acceptables.

La surface, mesurant environ 45x95m, offrait un pano-rama exceptionnel sur la campagne alentour mais n’était certes pas idéale pour le jeu de ballon: une très forte dé-clivité d’un but à l’autre (environ 6 mètres de différence) ainsi que de fréquents trous et bosses rendaient le jeu compliqué, en particulier pour ceux qui n’avaient pas une grande connaissance du football.

Quelques temps plus tard, on s’efforcera d’améliorer la situation en louant une pelle mécanique (Trax), puis en empruntant le tracteur de Paul Yerly afin de dégager la «pelouse» des nombreux cailloux qui risquaient de bles-ser nos amis sportifs.

Pour la construction des deux buts, on se procura des poteaux de base… carrée (c’était la norme à l’époque). Le magasin Favre Sports, situé au Boulevard de Pérolles à Fribourg, permit d’acquérir des filets d’occasion, puis le premier équipement: maillot et chaussettes jaunes, cuis-settes noires.

Jadis, on utilisait de la sciure pour délimiter la surface de jeu. On tirait une ficelle de part et d’autre du terrain puis on saupoudrait le sol de cette «peinture naturelle» qu’on

puisait dans un seau. Il fallait maintenir au mieux la ligne afin d’obtenir un balisage le plus rectiligne possible!

Quelques années plus tard, on s’offrit une brouette de mar-quage (toujours à la sciure) pour gagner en efficacité. On employa ensuite une poudre à délayer ressemblant à de la chaux, mais elle fut rapidement interdite à cause d’une toxicité trop importante. Ce n’est qu’au milieu des années 1970 qu’on se mit à tracer les lignes à l’aide d’une peinture à base d’eau (procédé encore utilisé actuellement).

Pas d’éclairage autour du «rectangle vert»: il faudrait donc s’ébattre de jour – ou juste avant la nuit – et en principe le dimanche (nous y reviendrons).

Afin de mettre plus en évidence les caractéristiques du ter-rain d’Essert durant les 10 premières saisons, il nous paraît essentiel de rappeler ce que répondit un jour un membre d’un club de la ville (probablement du FC Richemond) à son interlocuteur lui demandant à quel poste il avait évo-lué: «Moi? J’étais premier de cordée!» Cette différence de niveau très marquée pouvait cependant avantager les ti-reurs de coups francs et fatiguer certains joueurs qui de-vaient fournir plus d’efforts à remonter le terrain, surtout en fin de seconde mi-temps. Le terme «football de talus» prend ici tout son sens!

En outre, le coin gauche situé en bordure du bois était très fréquemment inondé par une source sortant de terre à cet endroit (on tenta un drainage en juin 1979, ce qui améliora les choses pour un temps). Dans les années 2010, lors des dernières éditions de la Fête de la forêt, ce problème était toujours récurrent, si l’on «puits» dire...

Rassurez-vous, la plupart des terrains régionaux, s’ils étaient certes moins pentus, n’étaient pas nécessairement plus planes, lisses ou roulés ni mieux fournis en gazon que celui d’Essert!

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Malgré les spécificités et facéties de cette place de jeu, l’essentiel était clairement ailleurs: une poignée d’amis était en passe de gagner le pari de créer un club de foot-ball dans le village de leur enfance. Une belle aventure sportive et humaine était en marche.

Pour permettre à nos jeunes de se préparer au mieux pour la compétition, il restait à trouver un «coach». M. Joseph Romanens, un coiffeur vivant au Mouret, possédait de bonnes connaissances sportives et accepta volontiers de prendre le groupe sous son aile. A l’époque, on ne parlait pas d’argent et il s’engagea bénévolement.

Au rythme d’un entraînement par semaine, la petite troupe très motivée voyait déjà les progrès s’opérer. Chacun s’orienta naturellement vers le poste qui lui plai-sait le plus, ou parfois, qui le dérangeait le moins.

Armand, selon ses propres dires, n’avait pas une énorme envie de courir: le poste de gardien de but serait idéal pour lui. Quant à Willy, il appréciait plus le jeu défensif que l’attaque vers le but adverse. Sa taille serait un atout dans l’arrière-garde.

Malheureusement, la maladie contraignit rapidement Joseph Romanens à renoncer à sa tâche; il décédera en juillet 1962.

Willy se souvient néanmoins d’un entraînement effectué avec lui dans la salle du café du Pafuet: «Il nous faisait tra-vailler les contrôles de balle en la lançant en l’air, puis nous devions la bloquer sous le pied d’un geste dynamique et, di-sons, volontaire.» (A l’intérieur, cela pouvait marcher, mais quid en réalité?)

Au printemps, on sollicita l’aide de Gilbert Sciboz pour diriger l’équipe. Grâce à lui, les progrès furent rapides! C’est même Gabi (président) qui descendait le chercher à Fribourg en Vespa pour l’amener au terrain!

Puisque Willy vient d’évoquer un souvenir de sa première préparation d’hiver, rappelons qu’avant la construction de la halle de gymnastique du Mouret, les actifs du FC Essert, puis du FC Le Mouret, eurent régulièrement l’oc-casion d’effectuer leurs exercices techniques et physiques dans la salle de gym de Treyvaux (séances menées par MM. René Papaux puis Louis Bielmann) et plus tard à Fribourg.

Plus tard, les juniors virent parfois leur entraînement se dérouler sur le parking du café du Pafuet ou sur le terrain d’athlétisme que le CSLM louait depuis 1964 aux frères Grossrieder, dans la gravière située le long de la route du Pafuet à l’endroit de l’actuel quartier résidentiel précé-dant le garage automobile.

L’officialisation

En vue de finaliser les démarches de création du FCE, on dut composer un comité, dresser la liste complète des membres du club et faire parvenir une demande officielle aux instances compétentes. Gabriel Vaucher et Armand

Dousse devinrent, respectivement les premiers président et secrétaire. On sollicita l’aide de M. Pierre Kolly (qui dis-posait d’une machine à écrire) afin d’élaborer les statuts du club qui furent, en partie, calqués sur ceux du CSLM. On envoya le document paraphé en date du 8 juillet à l’Association Suisse de Football (ASF), qui le ratifia défi-nitivement le 17 août donnant ainsi officiellement vie au nouveau club de foot des hauts du Mouret.

Le terrain de jeu étant privé, aucune demande d’autorisa-tion ne fut demandée à la commune mais une homologa-tion obligatoire de celui-ci par les inspecteurs de l’AFF fut effectuée avant le championnat.

Les fondateurs ne se souviennent pas s’ils durent se sou-mettre à un contrôle médical du Dr Müller (au Mouret) avant de pouvoir entamer leur campagne 61–62. Ils sont en revanche certains que cette consultation devint par la suite (et pour un temps) obligatoire car on devait joindre un cer-tificat valide à chaque nouvelle demande de qualification.

De plus, ceux qui ne disposaient pas d’une assurance pri-vée pouvaient s’inscrire à la caisse de secours de l’ASF et qui les couvrait en cas d’accident de jeu.

Vue aérienne (Google maps) localisant les lieux clés du village d’Essert.

Extrait des statuts de 1961, qu’on modifia en 1973.

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1961 – 1971

Ce système s’applique encore (mais rarement) en 2016. Notre joyeuse bande avait dès lors le champ libre – c’est le cas de le dire – pour participer au championnat 1961–1962 de 4e ligue (niveau le plus bas à l’époque).

Durant l’été, on organisa encore quelques rencontres d’entraînement, dites «amicales», face à des copains de Rossens et Pont-la-Ville ou des équipes régionales: Marly et Beauregard.

Lorsqu’on parlait des «derbies» à venir, il s’agissait des futurs matches contre Arconciel (qui avait rejoint l’AFF en 1960). Ceux-ci s’étendirent ensuite avec l’arrivée d’Ependes (été 1962), puis de Treyvaux (1969). L’entente était très bonne entre les différents clubs des villages voisins.

Essert en noir sur blanc

La première trace historique du Football-Club Essert dans les colonnes de La Liberté remonte au mercredi 26 juillet, puisqu’on publia le résumé de l’assemblée an-nuelle de l’AFF (à Bossonnens). On apprit d’abord que M. Eugène Delley succédait à un autre Eugène, Gumy, au poste de président.

Puis, on annonça (repris textuellement): «l’entrée dans l’Association de trois nouveaux clubs: Courtion, Al-terswyl et Estavayer-le-Gibloux. Un quatrième est en voie de formation. Il s’agit du F.C. Essert».

Le mardi 8 août, les choses se précisèrent:

«Quelques régions du canton s’ouvrent au football. Nous pensons spécialement à la zone de montagne – pour employer une expression économique – et nous saluons avec plaisir l’entrée dans l’Association et le championnat des équipes suivantes: Alterswil, Le Crêt Ib, Courtion,

Essert, Estavayer-le-Gibloux, Porsel Ib, Prez-vers-Noréaz II, Villarimboud, Villeneuve II, soit trois équipes de la Sa-rine, une de la Singine, une du Lac, une de la Glâne, une de la Broye et deux de la Veveyse (bravo!).»

Le FCE fut intégré au groupe V de 4e ligue:

Foot amateur et presse régionale

Puisque nous venons de retranscrire les quelques mots qui introduisirent le FCE auprès des lecteurs de «La Li-berté», mettons en exergue le rôle prépondérant que tient ce journal dans le domaine sportif - et particulièrement footballistique - de notre région depuis plus d’un de-mi-siècle.

Au début des années 1960, les journalistes sportifs pro-posaient à leur lectorat de petits résumés des groupes de 2, 3 et 4e ligue.

On sollicitait chaque dimanche (dès 19h30) le concours des clubs et des arbitres pour fournir par téléphone quelques informations sur la rencontre. Il convenait de respecter cette unique règle: l’objectivité!

Voici un extrait paru à ce sujet à la veille de la reprise 61–62:

«Nous multiplierions la publication des classements, tenant compte en cela des nombreuses demandes qui nous sont parvenues. Il ne faut pourtant pas perdre de vue que ces palmarès, dépourvus de commentaires, sombrent dans l’aridité et donnent une optique qui ne répond pas toujours aux efforts et aux mérites d’un club. Le fait d’occuper la dernière place au classement d’un groupe ne signifie pas que telle équipe doive rester igno-rée des sportifs et des lecteurs. Qui sait si des encourage-ments ne lui permettraient pas de sortir de sa «crisette» et de briller d’un éclat nouveau? Une série d’échecs tient souvent à si peu de choses!»

Comme vous allez le découvrir par la suite, on jurerait que ce message s’adressait directement à nos jeunes loups…

Les comptes-rendus des réunions du comité de l’AFF et des assemblées, regroupant les représentants et délégués de chaque club, paraissaient une à deux fois par année dans le journal. On y listait les nouvelles règles de jeu à venir, on rappelait le délai des demandes de desiderata (manifestations, fêtes diverses) et congés (cours mili-taires de répétition) et l’on tirait ponctuellement l’un ou l’autre bilan concernant chaque catégorie ou le corps arbitral.

En ce début de décennie 60, le nombre d’hommes en noir (environ 70) faisait déjà partie des sujets épineux du football «dzodzet» puisqu’il en manquait pour satisfaire à toutes les rencontres programmées. Il leur arrivait de siffler 2 rencontres le même jour.

Un encart paru dans le quotidien fribourgeois durant le championnat 61–62 pointait ce problème qui sonne mal-heureusement plus actuel que jamais.

Cette rubrique possédait sa propre identité graphique.

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Le bon mot suivant nous apparaît décidément très contemporain:

«Il est indispensable que les clubs annoncent des candidats à l’arbitrage. Pour la nouvelle saison, il n’y en eut que dix, dont deux en ville de Fribourg et huit pour les clubs de campagne. C’est nettement insuffisant et les clubs sont mal venus de se plaindre s’il y a des difficultés dans l’arbitrage. Certes, l’attitude de certains joueurs, et parfois du public, n’est pas faite pour faciliter le recrutement des arbitres. Nous insistons, une fois de plus, pour que les dirigeants de clubs éduquent leur public et fassent comprendre que tout incident sur un terrain de jeu se retourne finalement contre le club. Nul ne méconnaît le rôle que joue l’arbitre. Sa contribution, sur le terrain, influence certainement l’at-mosphère générale sans pour autant changer le cours des opérations, comme trop de footballeurs ou dirigeants le prétendent.»

Les étapes d’un match «à la maison»

Comme la plupart des clubs de l’époque ne disposaient pas de projecteurs ou d’un quelconque système d’éclai-rage, le football des actifs ne se pratiquait pas le vendredi ou le samedi soir, mais avait lieu (en principe) le dimanche après-midi. La messe de 10 heures gardant la priorité, on faisait au mieux pour ne pas organiser un match le matin. En général, elle débutait vers 15 heures, après les Vêpres.

Le débat sur les parties jouées quasi uniquement le di-manche fit rage à l’hiver 1961. Un changement était dans l’air, mais il n’arriverait que plus tard et progressivement, puisque l’investissement pour l’installation d’un éclairage était très important pour nos petits clubs campagnards.

A Essert, il faudra attendre 1968 pour voir l’installation d’un premier projecteur bricolé à partir d’un phare de ca-

mion. Avant cela, on faisait au mieux pour s’entraîner aux dernières lueurs qu’offrait encore le crépuscule.

On se donnait donc rendez-vous devant le «stamm» (l’épi-cerie Dousse) environ une heure avant le début de la par-tie, chacun faisant de son mieux pour arriver à temps. Un local jouxtant la cuisine servait de vestiaire aux équipes. L’arbitre, dépêché par l’AFF, se changeait dans une chambre du 1er étage (disposant même du téléphone) et qu’occupait normalement Claudine, la sœur d’Armand. Bref, on se débrouillait…

Au début, aucun numéro n’était inscrit au dos des maillots en coton du FC Essert (la numérotation de-vint obligatoire dès la saison 69–70). On relevait le nom, prénom, date de naissance des joueurs sur une feuille officielle et le contrôle était effectué par l’arbitre. Si l’un des participants se voyait infligé un avertisse-ment, voire une expulsion, il devait indiquer son nom au «juge du jeu» qui le notifiait dans son calepin pour ensuite établir un rapport à l’association. Le système de passeports avec photos sera introduit un peu plus tard. Par la suite, l’homme en noir fut également chargé de contrôler le contenu de la pharmacie du club hôte ainsi que la présence, au bord du terrain, d’une pancarte offi-cielle prônant le respect et le fair-play. De nos jours, tout ceci est révolu…

Après un échauffement de quelques minutes et un brin de théorie ou de conseils tactiques dispensés par chaque entraîneur, la partie pouvait commencer.

Camille et Marie apportaient des boissons au bord du ter-rain afin d’improviser une petite buvette et de permettre aux spectateurs (souvent les familles d’Essert et environs) de se rafraîchir en regardant les autres transpirer de plus belle. En outre, Mme Dousse préparait du thé dans sa cui-sine et l’apportait aux joueurs à la mi-temps.

Les équipes restaient à l’orée de la forêt durant cette pause bienvenue.

A la fin du match, tout le monde s’en retournait, heureux ou déçu, du côté de la ferme familiale. Il était temps de passer au bassin pour faire disparaître les traces et odeurs d’un match engagé.

Le fameux bassin et l’entrée de l’épicerie (1980).

Les époux Camille et Marie Dousse.

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1961 – 1971

J’en suis... lessivé

Les premiers mois, les joueurs pensèrent pouvoir gérer eux-mêmes l’entretien de l’équipement. Comme chacun était responsable de son set, il arrivait évidemment qu’on oublie de le laver pour la rencontre du dimanche suivant, voire qu’on l’oublie… à la maison! L’aide de Marie Dousse fut demandée afin d’apporter de la rigueur et résoudre ce problème. Aucune machine (ni eau courante) n’était dis-ponible dans la ferme au début des années 60, c’est donc le bassin sis devant l’épicerie qui servait de grande cuve de nettoyage. Les vêtements séchaient ensuite à l’air libre et il fallait encore repasser maillots et cuissettes (en coton) pour que nos footballeurs aient de l’allure!

Plus les saisons passèrent, plus le nombre d’équipes devint important. Heureusement, l’installation d’une machine à laver facilita ensuite la tâche de Mme Dousse, qui s’activait dès réception des «torchons».

Comme décrit en début d’ouvrage, elle resta fidèle au FC durant 33 ans, un sacré record qu’il sera dur d’aller cher-cher! En 1991, elle apportait d’ailleurs sa vision sur l’es-thétique des équipements: «Maintenant, il a un peu trop de couleurs à mon goût et les cuissettes pour la première équipe, oh non: c’est trop long!» (source Trait d’Union)

Au retrait de Mme Dousse, ce sont Raymonde Romanens (1994–2007), puis Martine Hayoz (2007–2014) qui prirent le relai durant plusieurs années. Actuellement, le FCLM peut compter sur l’efficacité de Jeanne-Marie Wicht (Actifs, A, B, C) et de Nicole Stempfel (D-E-F). Merci à toutes ces dames pour leur aide si précieuse et le temps passé, avec dévouement et dans l’ombre, à entretenir les «bleus de travail» de nos équipes…

Propre et changé, on savourait encore quelques boissons sur place (dehors par beau temps, et dans la cuisine ou les corridors de la maison si la météo faisait des siennes), puis chacun enfourchait son vélo et rentrait chez lui en se repas-sant le film de la rencontre…

Dans un numéro du journal Trait d’Union (dont nous parlerons plus loin) de 1991, Marie Dousse se remémorait les critiques et quolibets dont les jeunes furent les cibles au début de l’aventure: «Le sport n’était pas entré dans les mœurs comme maintenant. Les gens disaient: «Ils sont complètement fous de se fatiguer à courir après un ballon!» Mais d’un autre côté, mieux valait ça que de traîner au bistrot. Un jeune, il faut quand même qu’il fasse quelque chose, n’est-ce pas? Mais je n’aurais pas pensé que ça dure-rait aussi longtemps.»

Les matches ayant lieu à l’extérieur nécessitaient un trajet à vélo. Puis, certains purent s’offrir une Vespa. Plus tard, le premier membre du FC à disposer d’une voiture (de la marque NSU) fut Emile Dousse…

Les parties fixées le dimanche matin mettaient les or-ganismes à rude épreuve. En effet, certains éprouvaient parfois mille peines à se lever suffisamment tôt pour arriver à l’heure au rendez-vous. A la hâte, on enfour-chait sa bicyclette et souvent on ne disposait plus que de quelques minutes pour se changer, écouter les consignes sommaires de l’entraîneur, se chauffer et entrer dans

le vif du sujet. Les préparations de match aléatoires ne datent pas d’hier, mais d’avant-hier!

Une première saison ardue

Ayant pris connaissance des étapes de création du club et du contexte passé du football fribourgeois, nous nous inté-resserons maintenant au parcours officiel du FCE en 61–62.Le tout premier match de championnat du club eut lieu le dimanche 27 août 1961 à domicile et se solda par une cin-glante défaite 0-11 face à Giffers. Dans La Liberté du mardi suivant, on put lire:

Les équipements séchaient en plein air.

Première photo officielle du FC Essert (certainement prise à Marly).

(debout) Victor Weissbaum, Norbert Dousse, Claude Morel, Joseph Bon-gard, Joseph Romanens (entr.), Jean-Marc Oberson, Gabriel Bongard (accroupis) Hubert Biolley, Gilbert Vaucher, Antonio Della Prova, Emile Dousse, Armand Dousse, Narcisse Schornoz, Roland Kolly

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Lors du second week-end (à nouveau à domicile), nos amis furent battus 2-13 par Brünisried. Ce match fut marqué par plusieurs faits divers ou incidents.

Armand (gardien), avait été suspendu par le président Gaby. Près de cinquante ans plus tard, la raison évoquée peut paraître cocasse: «Trois quarts d’heure avant la ren-contre, je n’avais pas voulu graisser le ballon (je faisais déjà de l’opposition). Enervé, j’avais l’intention d’arrêter le foot-ball, mais ma maman m’encouragea et, pour le match sui-vant, me tricota même un maillot noir, portant les initiales FCE et l’écusson fribourgeois. J’en étais très fier!»

Durant le match, Victor Weissbaum fut exclu par l’arbitre Marcel Haering (raison inconnue, voire oubliée). Une autre première pour le FCE. Finalement, on décida de fêter plutôt les premier et deuxième buts du club marqués par Gabriel Bongard et Emile Dousse. Tout rentra donc dans l’ordre!

Le mardi, La Liberté philosopha: «... Quant à Essert, qu’il ne se décourage pas devant l’avalanche de buts. Tout a une fin comme tout doit commencer. Pour l’heure, il s’agit de l’apprentissage.»

En troisième semaine (10 septembre), le derby régional très attendu face à Arconciel ne fut guère une réussite. Résultat: 0-8. Le mardi, les joueurs découvrirent ces mots dans la rubrique Sport: «Essert accepte une fois encore la loi de son adversaire, Arconciel. La défaite ne diminue pas l’opti-misme et la bonne volonté des benjamins de la rive droite.»

Voici d’autres résultats et résumés, que nous retranscri-vons tels quels.

Dimanche 15 octobre, Essert - Alterswil: 2-7 «Alterswil, premier, marque sept buts comme pour justifier sa po-sition. Essert riposte cependant et présente un football

de qualité. Qu’on persévère dans cette voie à Essert et les succès viendront.»

Dimanche 22 octobre, Ecuvillens II - Essert: 6-3 «Essert avait réussi à prendre l’avantage sur Ecuvillens II et menait, à un certain moment, par 3 buts (20e minute de jeu). Mais le manque d’expérience coûta quelques buts aux nouveaux. Le gardien d’Essert (ndlr: Armand) mérite une mention pour sa tenue remarquable et ses réflexes.»

Dimanche 5 novembre, Marly - Essert: 11-0 «Beau car-ton de Marly devant le courageux débutant qu’est le club d’Essert, inscrit pour la coupe fribourgeoise. Bravo!»

En effet, le FCE participa au premier tour de cette coupe le 28 novembre et perdit 1-12 face au futur vainqueur de cette compétition, le FC Prez-vers-Noréaz.

Compte-rendu journalistique: «Partie hélas trop inégale où le benjamin a trouvé en face de sa bonne volonté, une équipe rompue au métier. Mais, on retiendra de cette confrontation, la très grande sportivité dont firent preuve acteurs et spectateurs et le courage des jeunes d’Essert.»

La dure loi des défaites continua de sévir de plus belle: A la suite du match retour face aux copains d’Arconciel (dimanche 4 mars 1962), La Liberté écrivait:

«Et voilà des courageux – Arconciel et Essert se sont affrontés, pour de bon, en un match comptant pour le deuxième tour. En septembre, Arconciel appelé à Essert, avait gagné par 8 buts à 0. Cette fois, chez lui, le premier du groupe inflige une défaite plus lourde à son voisin et ami. Mais le perdant a fait preuve d’un esprit ma-gnifique. Il a joué durant les quatre-vingt-dix minutes, sans désemparer, témoignant d’un élan et d’un cran ad-mirables. Le terrain en bon état, marqué de façon judi-cieuse, a permis que la partie se déroule normalement.

La victoire du plus fort, n’enlève aucun des mérites du benjamin (13-1).»

Terminons ce tour d’horizon de la saison 1961–1962 par ces dernières bribes de commentaires:

«Lentement mais sûrement, Essert parvient à faire jeu égal avec ceux de sa classe. Il ne craint pas d’affronter Ecuvillens II même s’il perd de justesse (4-5).»

«Essert est en passe de cueillir une victoire. Il s’en fallut de peu qu’il ne partage l’enjeu avec Belfaux II (1-2).»

«Guin II, devant son public, inflige une défaite à Essert qui évolue dans un seyant maillot de couleur jonquille.»

Notons, au passage, soit une sensibilité exacerbée du journaliste pour les couleurs, soit l’obligation pour lui de trouver une petite anecdote pour relever un élément positif chez le perdant…

Comme vous pouvez vous en douter, aucun point ne fut engrangé lors de ce championnat 1961/1962. Au moment de clore les débats, nos amis journalistes concluaient: «Brünisried dispose, par 7 buts à 2, d’Es-sert, qui repartira du bon pied, la saison prochaine.» Le moral des troupes resta néanmoins au beau fixe au moment d’entamer sa seconde année d’apprentissage du foot fribourgeois.

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1961 – 1971

Saison 1962/1963

Au niveau du contingent, peu ou pas de changements no-toires à signaler. Toujours intégré au groupe V de 4e ligue, le FC Essert allait devoir se frotter à: Alterswil, Arconciel, Brünisried, Ependes (néophyte), Düdingen II, Giffers, Marly, Plasselb (néophyte) et St. Silvester (néophyte).

Reprise officielle: 26 août 1962 à Marly (défaite 6-2).

Le dimanche 2 septembre fut à marquer d’une pierre blanche: après un an de disette, on put enfin célébrer la première victoire du club en championnat. Résultat: 9-3 face à Plasselb. Aucune réaction dans La Liberté, mais la fête fut belle dans l’épicerie!

Remarque de Willy: «Il n’était pas nécessaire pour nous de devoir marquer ou gagner un match pour faire la fiesta!»

Lors du 3e derby officiel face à Arconciel, le FCE dut accepter une nouvelle déconvenue: «Arconciel se signale par une victoire sur Essert. Match joué, dans le meil-leur esprit, malgré les rivalités locales. Essert continue à témoigner d’un excellent moral.»

Ependes, qui faisait à présent également partie de ce groupe V, donna la possibilité à Essert de rem-porter un second match sur le beau score de 9-1. Le mardi 9 octobre, le journal dressait ce constat: «Voici que le sympathique Essert, naguère sacrifié par ses pairs, se met au diapason. Il trouve en Ependes un adversaire à sa portée.»

Le 1er match nul (4-4) survint le 28 octobre chez le voisin St. Silvester.

A la fin des 18 rencontres, le FCE se classa 8e, comptabili-sant 10 points (une victoire en valait 2).

Saison 1963/1964

Le 3e exercice footballistique de nos jeunes amis, dont le groupe portait à présent le n° IV, débuta le dimanche 25 août 1963 à la maison face au voisin Marly.

La victoire 3-2 des «recevants» étonna même le journaliste:

«Essert nous surprend agréablement en disposant de Marly, ce qui n’est pas à la portée de chacun.»

Les huit autres équipes composant ce groupe IV étaient les suivantes: Central IIIa et IIIb, Corpataux Ia et Ib, Ependes, Rossens, Villars-sur-Glâne II et Vuisternens II.

Suite au retrait de Gilbert Sciboz (pour raisons financières), Gabriel Vaucher endossa la double casquette du pré-sident-entraîneur. Christian Constantin n’a rien inventé!

Le week-end suivant, Essert infligea une correction 1-9 au néophyte Rossens. S’ensuivit un sommaire compte-rendu journalistique: «Pour Central IIIb et Essert, les dimanches se suivent et se ressemblent. Avouons que nous ne nous at-tendions pas aux succès aussi retentissants d’Essert.»

3e ronde et 3e succès pour le FCE, qui enlève le derby face à Ependes sur le score de 2-4. Le 17 septembre, Essert, «qui n’a pas fini d’étonner» se retrouve premier du classement de son groupe. Un événement!