4
LES FORÊTS DU CANADA : PUITS OU SOURCES DE CO 2 ? En quoi consiste la séques- tration du carbone? Le mécanisme de séquestration (piégeage) du carbone dans les arbres et les plantes est le résultat de la photosynthèse, le processus de conversion de dioxyde carbonique atmosphérique en matériel végétal à l’aide de l’énergie solaire, un processus qui mène à la libération d’oxygène. Un seul hectare d’arbres mûrs absorbe environ 6,4 tonnes de CO 2 par année – une quantité environ égale à celle produite par la conduite d’une voiture de taille moyenne dotée d’une cote moyenne de rendement de carburant d’environ 7,5 litres par 100 kilomètres pour plus de 30 000 kilomètres. Lorsqu’un arbre est récolté et transformé en produits forestiers, le CO 2 qu’il a stocké au cours de sa vie est conservé dans sa structure cellulaire. Si le bois est utilisé, par exemple pour construire une maison de bois typique de 216 mètres carrés, l’habitation emmagasinera 28,5 tonnes de CO 2 . Mais il y a l’autre côté de la médaille. Lorsque les arbres meurent et se décomposent ou sont brûlés, une partie du carbone piégé demeure dans la litière et les sols forestiers, mais la majorité du reste est libérée dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone. Cela est aussi vrai pour les résidus laissés sur le sol forestier après l’exploitation forestière. De la même façon, avec la décomposition graduelle des produits ligneux comme le papier ou les matériaux de construction avec le temps, le CO 2 qui avait été piégé est libéré dans l’atmosphère. Ainsi, selon les circonstances, les forêts ont le potentiel d’agir comme puits nets de carbone (en piégeant davantage de carbone qu’elles n’en libèrent) ou comme sources nettes de carbone (libérant davantage de carbone stocké qu’elles n’en stockent). La majorité de ces échanges entre les forêts et l’atmosphère se fait par des processus naturels comme la croissance des arbres, la décomposition des matériaux Les forêts mondiales renferment plus de carbone dans les plantes et les arbres vivants, la matière organique et les sols que n’en renferme l’atmosphère – et, chaque jour, les forêts continuent d’absorber et d’émettre de vastes quantités de CO 2 . Les terres forestières aménagées du Canada stockent de grandes quantités de CO 2 dans les arbres et le sol; au cours de certaines années, elles jouent un rôle de réservoir net de CO 2 – absorbant davantage de CO 2 de l’atmosphère qu’elles n’en émettent – alors qu’au cours d’autres années, elles sont des sources nettes. Des pratiques d’aménagement forestier efficaces peuvent accroître le potentiel de puits des terres forestières, fournissant ainsi une occasion importante d’atténuation des changements climatiques. WWW.SFMCANADA.ORG Crédit de la photographie : Les forêts du Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, 2003 . CONSEIL CANADIEN DES MINISTRES DES FORÊTS F ICHE D INFORMATION

Fiche d inFormation - sfmcanada.org · interventions humaines comme ... carbone dans le bois récolté est ... on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières

  • Upload
    donhan

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Fiche d inFormation - sfmcanada.org · interventions humaines comme ... carbone dans le bois récolté est ... on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières

LES FORÊTS DU CANADA : PUITS OU SOURCES DE CO2?

En quoi consiste la séques-tration du carbone?Le mécanisme de séquestration (piégeage) du carbone dans les arbres et les plantes est le résultat de la photosynthèse, le processus de conversion de dioxyde carbonique atmosphérique en matériel végétal à l’aide de l’énergie solaire, un processus qui mène à la libération d’oxygène. Un seul hectare d’arbres mûrs absorbe environ 6,4 tonnes de CO2 par année – une quantité environ égale à celle produite par la conduite d’une voiture de taille moyenne dotée d’une cote moyenne de rendement de carburant d’environ 7,5 litres par 100 kilomètres pour plus de 30 000 kilomètres.

Lorsqu’un arbre est récolté et transformé en produits forestiers, le CO2 qu’il a stocké au cours de sa vie est conservé dans sa structure cellulaire. Si le bois est utilisé, par exemple pour construire une maison de bois typique de 216 mètres carrés, l’habitation emmagasinera 28,5 tonnes de CO2.

Mais il y a l’autre côté de la médaille. Lorsque les arbres meurent et se décomposent ou sont brûlés, une partie du carbone piégé demeure dans la litière et les sols forestiers, mais la majorité du reste est libérée dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone. Cela est aussi vrai pour les résidus laissés sur le sol forestier après l’exploitation

forestière. De la même façon, avec la décomposition graduelle des produits ligneux comme le papier ou les matériaux de construction avec le temps, le CO2 qui avait été piégé est libéré dans l’atmosphère.

Ainsi, selon les circonstances, les forêts ont le potentiel d’agir comme puits nets de carbone (en piégeant davantage de carbone qu’elles n’en libèrent) ou comme sources nettes de carbone (libérant davantage de carbone stocké qu’elles n’en stockent). La majorité de ces échanges entre les forêts et l’atmosphère se fait par des processus naturels comme la croissance des arbres, la décomposition des matériaux

Les forêts mondiales renferment plus de carbone dans les plantes et les arbres vivants, la matière organique et les sols que n’en renferme l’atmosphère – et, chaque jour, les forêts continuent d’absorber et d’émettre de vastes quantités de CO2. Les terres forestières aménagées du Canada stockent de grandes quantités de CO2 dans les arbres et le sol; au cours de certaines années, elles jouent un rôle de réservoir net de CO2 – absorbant davantage de CO2 de l’atmosphère qu’elles n’en émettent – alors qu’au cours d’autres années, elles sont des sources nettes. Des pratiques d’aménagement forestier efficaces peuvent accroître le potentiel de puits des terres forestières, fournissant ainsi une occasion importante d’atténuation des changements climatiques.

WWW.SFMCANADA.ORG

Crédit de la photographie : Les forêts du Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, 2003.

CONSEIL CANADIENDES MINISTRES DES FORÊTS

Fiche d’inFormation

Page 2: Fiche d inFormation - sfmcanada.org · interventions humaines comme ... carbone dans le bois récolté est ... on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières

végétaux et les perturbations, notamment les feux de forêt. Les interventions humaines comme l’exploitation forestière, la plantation d’arbres, et la préservation à long terme de produits ligneux dans les bâtiments, les meubles et les autres biens peuvent influencer fortement le rôle des forêts dans le cycle mondial du carbone.

Récolte forestière et carbone forestier

Les activités d’aménagement forestier comme la récolte forestière, la plantation d’arbres et les mesures de lutte contre les feux de forêt et les insectes ont de faibles incidences sur le bilan de carbone forestier. Moins de 1 p. 100 de la forêt aménagée est exploitée au cours de n’importe laquelle des années au Canada. Au cours des activités de récolte forestière, seule une fraction du carbone dans le bois récolté est libérée dans l’atmosphère sous forme

de dioxyde de carbone par le biais de processus comme la décomposition des branches, des racines et des feuilles laissées sur le parterre forestier. La régénération de la forêt, ainsi que l’absorption de CO2 et des nutriments par d’autres plantes, animaux et organismes, sont donc responsables de l’accumulation de grandes quantités de carbone dans la superficie récoltée, ce qui tend à équilibrer les émissions antérieures.

La majorité du carbone des arbres récoltés est stockée durant de longues périodes dans les produits du bois. Au Canada, environ 50 p. 100 du carbone des produits récoltés et extraits de la forêt se trouve entreposé dans des structures durables comme les maisons, et un autre 25 p. 100 dans des produits moins durables, notamment les palettes de bois et les produits de papier. Le pourcentage de carbone restant (25 p. 100) se retrouve sous

Une partie du carbone est transféré à l’interne, de la surface à la partie souter-raine dans les sols.

Carbone souterrain : • Racines• Litière

Une partie du carbone est transférée du carbone souterrain(p. ex. mortalité des racines) vers les sols.

Carbone du sol : • Organique• Inorganique

Le carbone est libéré dans l’atmosphère par le biais de la respiration du sol.

Les branches et les feuilles tombées augmentent la teneur en carbone dans les sols.

Carbone ne provenant pas du sol : • Tiges• Branches• Feuillage

Le carbone atmosphérique est absorbé par les arbres et les autres plantes par le biais du processus de la photosynthèse

Le carbone est libéré dans l’atmosphère par le biais de la respiration et de la décomposition de la matière organique.

So

urc

e : A

gen

ce d

e p

rote

ctio

n d

e l’e

nvi

ron

nem

ent

des

Éta

ts U

nis

htt

p://

ww

w.n

rs.f

s.fe

d.u

s/n

iacs

/fo

rest

s/ca

rbo

nse

qu

estr

atio

n/

Cycle de séquestration (piégeage) du carboneQu’est-ce que l’énergie grise?

Tous les matériaux utilisés dans la construction possèdent une énergie grise. Il s’agit de la somme totale d’énergie requise pour extraire, récolter, transformer, fabriquer, transporter, construire et conserver un matériau ou un produit utilisé dans les applications de construction. L’énergie grise est aussi liée aux émissions de polluants atmosphériques et les contaminants de l’eau, y compris les gaz à effet de serre associés à la production et à l’utilisation d’un produit donné. Par conséquent, l’énergie grise joue un rôle important dans la détermination du caractère écologique d’un produit de construction. Le bois d’œuvre, avec une valeur d’énergie grise d’environ 2,5 MJ/kg (mégajoules par kilogramme) a donc un caractère beaucoup plus écologique que les matériaux de construction comme les panneaux de gypse (6,1 MJ/ kg), le verre (15,9 MJ/kg), l’acier (32 MJ/ kg) ou l’aluminium (227 MJ/kg).

Crédit de la photographie : Les forêts du Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, 2003.

Page 3: Fiche d inFormation - sfmcanada.org · interventions humaines comme ... carbone dans le bois récolté est ... on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières

Le secteur forestier peut il contribuer à atténuer les changements climatiques?

Les recherches menées par le Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada ont établi que les activités d’aménagement et l’utilisation de produits forestiers peuvent contribuer considérablement aux réductions des émissions de gaz à effet de serre. À court terme, l’approche la plus efficace consiste à réduire les émissions, par exemple par le biais de la protection contre les feux et les insectes ravageurs et par l’utilisation de méthodes de préparation de site qui contribuent à emmagasiner le carbone, par exemple en évitant le brûlage des résidus de récolte. Éviter le déboisement – l’enlèvement permanent des arbres des forêts et la conversion des terres forestières en d’autres utilisations comme l’agriculture, les routes ou le développement urbain – constitue aussi une façon efficace de réduire les émissions de gaz carbonique.

À plus long terme, l’accroissement de la superficie des forêts par le boisement (plantation de nouvelles forêts) et les pratiques d’aménagement forestier qui accroissent les réserves de carbone, comme l’allongement des rotations de récolte et l’assurance d’une régénération rapide après la récolte forestière et les perturbations, peuvent aussi contribuer à l’accroissement des réserves de carbone forestier.

Les produits du bois prolongent la période au cours de laquelle le carbone séquestré est conservé en dehors de l’atmosphère après l’exploitation forestière. De plus, les produits et les combustibles dérivés de bois provenant d’un

aménagement durable des forêts peuvent compenser les émissions de combustibles fossiles émanant des autres secteurs de l’économie, contribuant ainsi à la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Les fluctuations du bilan de carbone puits sources au cours de cette période étaient étroitement associées aux feux de forêt annuels. Au Canada, la pleine intervention de lutte contre les incendies sert aux tentatives de contrôle des feux aussi rapidement que possible dans les forêts aménagées pour en extraire les produits du bois. Dans d’autres aires forestières, principalement dans le Nord du Canada, on modifie notre approche pour lutter contre les incendies en les contrôlant de façon limitée ou simplement en surveillant leur évolution. Les feux de forêt déclenchés par des phénomènes naturels comme la foudre sont responsables d’environ 85 p. 100 de la superficie brûlée de la forêt totale (aménagée et non aménagée)

chaque année. Au cours des années d’activité de feu extrême comme en 1995, les émissions directes provenant des feux de forêt dans la forêt aménagée ont représenté jusqu’à 45 p. 100 des émissions totales des gaz à effet de serre au Canada.

De plus, depuis 1999, l’infestation du dendroctone du pin ponderosa de l’Ouest canadien a contribué à l’augmentation des émissions, car les arbres tués ont commencé à se décomposer. La récolte accélérée de ces arbres aide à réduire les répercussions de l’infestation sur les changements climatiques.

Avec les changements des conditions naturelles et des pratiques d’aménagement forestier efficaces, on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières du Canada contribue plus souvent qu’autrement à jouer un rôle important dans l’atténuation des changements climatiques.

Crédit de la photographie : Les forêts du Canada, Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, 2003

Page 4: Fiche d inFormation - sfmcanada.org · interventions humaines comme ... carbone dans le bois récolté est ... on s’attend à ce que le potentiel de puits des terres forestières

WWW.SFMCANADA.ORG

Modèle du bilan du carbone du secteur forestier canadien

la forme de résidus de l’exploitation forestière. On s’intéresse de plus en plus à l’utilisation de ces résidus pour produire de la bioénergie pour susbstituer les combustibles fossiles.

Les forêts du Canada sont-elles des puits de carbone?

Au cours de la plus grande partie du siècle dernier, la forêt aménagée du Canada a joué un rôle important de puits de carbone, en ajoutant de plus en plus de carbone à celui qui était déjà emmagasiné. Toutefois, au cours des dernières décennies, le potentiel de puits de carbone annuel moyen fourni par la forêt aménagée du Canada a diminué. Selon les estimations calculées par le Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada et déclarées dans le Rapport d’inventaire national des gaz à effet de serre préparé par Environnement Canada, entre 1990 et 2010, la forêt aménagée du Canada représentait un puits global pour 11 des 21 années. Cela variait d’un puits de 101 millions de tonnes d’équivalents CO2 en 1992 à une source de 182 millions de tonnes d’équivalents CO2 en 1995. Le Service canadien des forêts (SCF) a développé un modèle perfectionné du bilan de carbone du secteur forestier du Canada pour aider les organismes

et les sociétés forestières à calculer les réserves de carbone à des fins de surveillance et de prévision. Le Modèle du bilan du carbone du secteur forestier canadien (MBC-SFC3) est un programme de simulation par ordinateur fondé sur les dernières avancées scientifiques concernant les facteurs ayant des incidences sur le carbone forestier. Il s’appuie sur les meilleurs renseignements disponibles sur les forêts et la croissance des arbres provenant des organismes

d’aménagement des ressources de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada. Ce modèle de simulation permet aux utilisateurs d’appliquer leurs propres données sur l’aménagement des forêts à l’échelle du paysage ou des peuplements à la simulation et à la comparaison de divers scénarios d’aménagement forestier afin d’évaluer les incidences sur le carbone.

Changementsd’utilisationdes terres

Événementsperturbateurs

- Récolte- Déboisement- Boisement- Perturbations naturelles

Courbes decroissance etde rendement

Inventaireforestierdétaillé

MBC•SFC3Fournit des valeurs par défaut pour :

- la conversion volume-biomasse; - les taux de chute et de décomposition de matières mortes - le transfert de carbone attribuable aux perturbations et aux changements de l’utilisation des terres

BASE DE DONNÉES DES RÉSULTATS

Produit des rapports annuels sur les émissions de carbone et le

piégeage du carbone.Les résultats sont utilisés pour surveiller le cycle forestier et le

cycle du carbone, et sont consignés dans des rapports internationaux.

Cré

dit

de

la p

ho

tog

rap

hie

: L

es f

orê

ts d

u C

anad

a, R

esso

urc

es

nat

ure

lles

Can

ada,

Ser

vice

can

adie

n d

es f

orê

ts, 2

003

CONSEIL CANADIENDES MINISTRES DES FORÊTS

Fiche d’inFormation