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© HESPUL Cette fiche a pour objectif d’apporter des éléments qui permettront au maître d’ouvrage de visualiser rapidement la pertinence de la création d’un réseau de chaleur au bois dans un projet d’aménagement. Grâce au maniement de ratios et de calculs simples, l’objectif est d’identifier un périmètre pertinent pour réaliser un réseau de chaleur, implanter une chaufferie bois et le cas échéant lancer une étude de faisabilité d’un réseau de chaleur au bois sur le périmètre adéquat. 1. À quel moment créer un réseau de chaleur ? ...................................................... p.3 2. Le classement du réseau de chaleur ................................................................... p.9 3. Documents utiles ............................................................................................. p.11 4. Pour aller plus loin ........................................................................................... p.12 Les réseaux de chaleur et le bois-énergie dans un projet d’aménagement RESEAU DE CHALEUR ET BOIS-ENERGIE FICHE PRATIQUE

FICHE PRATIQUE RESEAU DE CHALEUR ET BOIS … · Intérieur du silo contenant les granulés de bois. Lyon Confluence ©HESPUL. 3 DISPOSITION DU REGLEMENT VIS-A-VIS DES RDC CONTRACTUALISATION

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Cette fiche a pour objectif d’apporter des éléments qui permettront au maître d’ouvrage de visualiser rapidement la pertinence de la création d’un réseau de chaleur au bois dans un projet d’aménagement. Grâce au maniement de ratios et de calculs simples, l’objectif est d’identifier un périmètre pertinent pour réaliser un réseau de chaleur, implanter une chaufferie bois et le cas échéant lancer une étude de faisabilité d’un réseau de chaleur au bois sur le périmètre adéquat.

1. À quel moment créer un réseau de chaleur ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.3

2. Le classement du réseau de chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.9

3. Documents utiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.11

4. Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.12

Les réseaux de chaleur et le bois-énergie dans un projet d’aménagement

RESEAU DE CHALEUR ET BOIS-ENERGIE

FICHE PRATIQUE

2

Néanmoins la réalisation d’un réseau de chaleur au bois doit réunir un certain nombre de conditions pour être réalisable.

FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

L’utilisation d’un réseau de chaleur en lieu et place d’une chaudière individuelle offre des avantages :

sur le plan économique en permettant de mutualiser les coûts d’abonnement, d’achat de combustible, d’exploita-tion, d’entretien et de renouvellement de matériel,

sur le plan environnemental, en favorisant le recours au système de filtration optimisé, en permettant de mobiliser aisément des énergies renouvelables ou des énergies de récupération et en préservant une bonne qualité de l’air.

L’alimentation d’un réseau de chaleur bois-énergie est particulièrement pertinent, car cela permet :

d’utiliser une ressource renouvelable, très peu émettrice de CO2 , assez facilement disponible et abondante dans une grande majorité du territoire français,

de contribuer à l’entretien des forêts en développant l’économie et les savoirs faire locaux,

de diminuer sa dépendance aux énergies fossiles tou-jours moins abondantes et plus onéreuses.

Intérieur du silo contenant les granulés de bois. Lyon Confluence ©HESPUL

3

DISPOSITION DU REGLEMENT

VIS-A-VIS DES RDC

CONTRACTUALISATION DU RDC AVEC L’AMENAGEUR

OU LE LOTISSEUR

Imposer dans le cahier des charges la création d’un réseau de chaleur

Ou

Création d’un réseau de chaleur public en régie ou délégation

de service public

ETAT DES LIEUX DE LA FILIERE

BOIS

PERTINENCE D’UN RESEAU DE CHALEUR ?

Approche par ratio ou recherche de réponse via

l’étude de potentiel en énergies

renouvelables

LE CAS ECHEANT, LANCEMENT D’UNE ETUDE

DE FAISABILITE

Éventuellement à l’occasion de l’étude

de potentiel en énergies renouvelables

ETAPE 4 ETAPE 5ETAPE 3ETAPE 2 ETAPE 1

PLU Préfiguration Réalisation ConstructionDéfinition

FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Cette frise illustre les étapes clés auxquelles un maître d’ouvrage doit s’interroger sur la pertinence de créer un réseau de chaleur : « Le plus tôt, c’est le mieux ! ».

Avant toute chose, il convient de vérifier que le PLU ne va pas empêcher la création d’un réseau de chaleur. Le tableau ci-dessous présente les principaux éléments qui peuvent entrer en conflit avec la réalisation d’un réseau de chaleur. Il est important de vérifier :

RÈGLEMENT POINTS DE VIGILANCE

Types d’occupation

ou utilisation du sol interdites

Que les constructions liées au fonction-nement du réseau de chaleur ne sont pas interdites (unité de production d’énergie, les sous stations, les locaux techniques ...)

Accès & voirie Que la conception des accès et voiries soit adaptée au passage de camion pour

l’approvisionnement de la chaufferie.

Qu’il soit permis si possible et si c’est la solution la plus adéquate, d’accéder

à la chaufferie par d’autres voies (fluviale, ferroviaire).

Hauteur maximum

des constructions

Qu’une augmentation ponctuelle de la hauteur soit possible pour

la cheminée du système de production.

Bien que la ressource en bois soit abondante en France et généralement bien organisée, il est indispensable de s’informer sur la disponibilité de la ressource localement avant d’envisager tout projet de réseau de chaleur alimenté au bois-énergie. Des structures telles que les Espaces INFO->ÉNERGIE, le CIBE (Comité Interprofessionnel du Bois Énergie) ou l’ADEME peuvent vous fournir un recensement de la ressource en bois-énergie. Ces données sont publiques et gratuites.

L’état de la filière bois-énergie du département du Rhône est disponible publiquement sur le site :

www.infoenergie69.org

Il convient pour le maître d’ouvrage d’obtenir un tableau de ce type :

NOM FOURNISSEUR Entreprise 1

DISTANCE 10 km

TYPE DE COMBUSTIBLE Plaquette forestière M30

PRIX €HT LIVRÉ/MWh 27 € / MWh

CAPACITÉ DU FOURNISSEUR 4000 MAP / an

MOYEN DE LIVRAISON (QUANTITÉ DE MAP) Benne de 25 MAP

CERTIFICATION CBQ +

DISPOSE D’UN CAMION SOUFFLEUR Oui

QUE DIT LE PLU ?ETAPE 1 ETAT DE LA FILIERE BOISETAPE 2

À quel moment créer un réseau de chaleur ?1.

4

FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Pour pouvoir évaluer rapidement la pertinence de réaliser un réseau de chaleur il faut être en capacité d’appréhender 2 données :

La densité thermique renseigne sur la possibilité de rac-corder des bâtiments entre eux. Elle permet d’avoir une idée de la longueur possible du réseau et du périmètre sur lequel il faut étendre la réflexion.

La puissance de la chaudière de laquelle on déduit l’em-pattement nécessaire pour réaliser une chaufferie, son silo de stockage et son accès pour la livraison. La puissance permet d’imaginer s’il est possible d’implanter une chaufferie dans le périmètre envisagé.

Le logigramme suivant permet de dérouler les étapes clés et les questions à se poser pour valider la pertinence d’un projet bois, quel que soit le projet.

Pour être concrets, nous agrémentons la démarche théorique d’un exemple.

EVALUER LA PERTINENCE D’UN RESEAU DE CHALEUR

ETAPE 3

Grapin ©HESPUL

5

* La densité énergétique correspond à la consommation d’énergie sur un périmètre donné. Plus une zone de faible étendue comprend des bâtiments forts consommateurs, plus il sera pertinent de mettre un réseau de chaleur. On admet que la densité minimum pour espérer rentabiliser un réseau de chaleur est, en zone rurale, de 1 MWh/ml. En zone urbaine on considère plutôt 3 MW/ml (Mégawattheure/mètre). Avec une densité de 1 MWh/ml cela signifie qu’un bâtiment consommant 100 MWh devra se trouver à moins de 100 m du réseau de chaleur.

FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Quels sont les bâtiments concernés ? Logements Tertiaires

Quel est leur ratio de consommation R ?

(Le ratio de consommation se trouve dans le tableau 1, p.11)

Quelle est leur surface

S ?

R = 30 kWh/m2 S = 4000m2

R = 30 kWh/m2 S = 2000m2

Calcul de la consommation du bâtiment C = R x S/1000 (MWh)

C = 120 MWh C = 60 MWh

Choix d’une densité minimale pour la zone considérée* Dmin

Dmin = 1 MWh/ml

Longueur maximale de raccordement au réseau de chaleur Lmax (m) = C/D min

L1 = 120 m L2 = 60 m

Lmax = 180 m

Périmètre dans lequel doit passer le réseau de chaleurCercles de rayons respectifs (voir illustration 1 p.6 )

R1 = 120 m R2 = 60 m

Y a-t-il plusieurs bâtiments dont les périmètres se recoupent ?

La densité thermique de la nouvelle zone à aménager semble trop faible : les cercles ne se croisent pas.

Dans l’illustration 2 p.6, on voit qu’en prenant en compte les consommations des bâtiments existants, on peut envisager un nouveau réseau.

Nouveau Lmax = 1000 m

Oui On peut raccorder

ces bâtiments entre eux

Non Raccordement

non envisageable

Calcul des puissances de chauffe nécessaires pour chaque bâtiment

Bâtiments de la nouvelle zone à aménager

Autres bâtiments communaux

Quel est leur ratio de puissance ? Rp (W/m2)

Voir tableaux 1 et 2, p.11

Quelle est leur surface

S ?

Rp = 30 W/m2 S = 6000m2

Rp et S :Voir tableau 3, p.8

Puissance nécessaire P (kW) P= Rp x S/1000

P1 = 120 kW P2 = 680 kW

Ptot = 800 kW

Calcul de l’empattement de la chaufferie Vérification des possibilités de circulation

du véhicule de livraison

On obtient donc une emprise au sol d’environ 200 m2 en considérant un silo de 4m de profondeur et une livraison

par benne de 90 m3. On peut imaginer implanter cette chaufferie

dans la nouvelle zone AU1.

Je place ma chaufferie, et trace une esquisse du passage du réseau.

La longueur du réseau doit être inférieure à la somme des Lmax de chaque bâtiment.

Voir illustration 3 p.7.

Démarche théorique Exemple pratique (cf p.6 et 7)

DIMEN

SION

NEMEN

T ET

EMPL

ACEM

ENT

PERT

INEN

CEET

UDE

DE L

A CO

NSOM

MAT

ION

/ PE

RIMET

RE

6

FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

2000 m2

Bureaux

École 1 000 m2

Mairie 800 m2

Hôpital 2 000 m2

Gymnase 500 m2Lotissement privé

années 90

60m

120m4000 m2

Logements

2 Extension du périmètre d’étude L’hôpital a de très fortes

consommations, donc un rayon de raccordement très grand.

La zone à aménager est englobée dans le rayon de raccordement de l’hôpital. Il devient alors envisageable de la raccorder. Tout comme les pavillons, l’école et la mairie.

Le gymnase est en dehors de la zone de raccordement de l’hôpital, son raccorde-ment posera question.

1 Périmètre initial d’étude Densité thermique

insuffisante.Les cercles ne se touchent pas. Il convient alors de modifier le plan de com-position afin de rapprocher les bâtiments ou de trouver d’autres « gros » consom-mateurs à proximité.Rayon de raccordement sur la base d’une densité ther-mique faible de 1 MWh / m linéaire.

La commune rurale X souhaite réaliser un nouveau quartier dans sa zone AU1. L’exemple ci-dessous détaille les étapes clés de l’étude de faisabilité. À l’issue du pré-programme, on sait que cette zone comprendra environ 50 logements soit 4 000 m2 et une zone de tertiaire (commerces / bureaux) d’environ 2 000 m2. Elle s’inter-roge sur la pertinence de créer un réseau de chaleur dans cette nouvelle zone.

2000 m2

Bureaux

École 1 000 m2

Mairie 800 m2

Hôpital 2 000 m2

Gymnase 500 m2Lotissement privé

années 90

60m

120m4000 m2

Logements

AU1

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

2000 m2

Bureaux

École 1 000 m2

Mairie 800 m2

Hôpital 2 000 m2

Gymnase 500 m2Lotissement privé

années 90

4000 m2

Logements

ETAPE 3 :EVALUER LA PERTINENCE D’UN RESEAU DE CHALEUR

Exemple

Dans l’hypothèse où sont raccordés : les bâtiments de la ZAC, l’école, la mairie et l’hôpital, la consommation de l’en-semble sera de 1 000 MWh. En prenant un critère de den-sité de l’ensemble Dmin = 1 MWh / ml, la longueur totale du réseau ne devra excéder 1 000 mètres de linéaire.

A La chaufferie doit dans l’idéal être placée à proximité du plus gros consommateur ou dans une zone qui minimise les travaux de génie civil, notamment pour la création du silo. On peut supposer que la zone AU1 qui subira de toute façon du génie civil pourra accueillir plus facilement la nouvelle chaufferie.

Puissance totale = 800 kW Surface chaufferie = 100 m2 Volume silo = 300 m3

B Le raccordement du lotissement privé est technique-ment envisageable, mais complexe à gérer du fait que le foncier n’appartient pas à la collectivité.

C Le raccordement du gymnase au réseau imposerait de devoir réaliser une branche spécifique.

3 Positionnement chaufferie et réseau

A

B

C

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

L’étape 3 aura normalement permis de savoir si un réseau de chaleur est envisageable sur la zone et d’avoir un périmètre sur lequel le réseau pourrait s’étendre. 2 solutions s’offrent alors au maître d’ouvrage pour aller vers la faisabilité du réseau de chaleur.

Lancer une étude de faisabilité pour validation et dimension-nement du réseau de chaleur. Cette dernière pourrait être menée dans le cadre de l’étude de potentiel ENR.

Imposer aux futurs urbanistes ou aménageurs de proposer dans leur offre, la création d’un réseau de chaleur :– pour les bâtiments de la future zone à aménager, ce qui conditionnera une forte densité thermique,– ou pour la totalité des bâtiments considérés dans le péri-mètre de l’étude.

CONCLUSION

Il est donc primordial de s’intéresser à la création d’un réseau de chaleur dès les études préliminaires de la création d’une zone à aménager afin de ne pas arriver trop tard dans le projet et de ne plus pouvoir avoir recours à cette solution.

Cette première approche, qui doit être réalisée dès les études préliminaires, peut-être effectuée par la collectivité en interne, ou avec l’assistance d’un Espace INFO->ÉNERGIE, ou d’une agence de l’ énergie. L’étude de potentiel en énergie renou-velable (EPEnR) réglementaire peut aussi permettre d’obtenir ces informations. Dans le cas où cette étude de pré-faisabilité d’un réseau de chaleur est réalisée avant l’EPEnR, on pourra uniquement contractualiser dans cette étude, la faisabilité tech-nique et financière d’un tel projet. (On pourrait donc profiter de l’EPEnR pour mener une réelle étude de faisabilité chauffe-rie bois avec réseau de chaleur.)

Évolution de la demande de chaleur : anticiper l’amélioration thermique future des bâtiments. Certains seront isolés d’ici quelques années ce qui aura un impact pour le réseau qui sera alors trop puissant. Ce peut également être une opportunité pour envisager le raccordement de nouveaux bâtiments.

Raccordement de bâtiments privés : afin d’assurer la viabilité économique du réseau, il faut s’assurer que les bâtiments privés raccordés seront consommateurs sur une période suffisamment longue. Cela peut impliquer des contrats de vente de la chaleur à long terme.

Classement du réseau : le classement du réseau (effectué par simple délibération) permet d’imposer le raccordement à tout nouveau bâtiment ou rénovation importante qui sera dans une zone à proximité du réseau.

Montage administratif et financier : suivant le degré de responsabilité et d’investissement que le maître d’ouvrage souhaite avoir, plusieurs solutions seront envi-sageables : exploitation en régie, délégation de service public, investissement citoyen, etc. (Plus d’information : association AMORCE)

Qualité de l’air : la zone sur laquelle sera implantée la chaufferie bois est susceptible d’être une zone sensible du point de vue qualité de l’air. Vérifier auprès de l’AASQUA (association qualité de l’air) locale. Le cas échéant, des amé-nagements pourront être prévus (systèmes de filtration) afin de gommer l’impact du projet.

ETAPES 4 ET 5 :AUTRES POINTS DE VIGILANCE

LANCEMENT DE L’AMENAGEMENT / ETUDE DE FAISABILITE

ETAPES 4 ET 5

Production de plaquettes forestières ©HESPUL

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Le classement d’un réseau de chaleur est un outil institué par la Loi n° 80-531 du 15 juillet 1980, relative aux économies d’énergie et à l’utilisation de la chaleur. Il est utile, car c’est le seul moyen de garantir à un exploitant la viabilité d’un investissement.

Les modalités sont définis dans les articles L712-1 à L712-3 du code de l’énergie. Une mise à jour a été effectuée récem-ment par l’application du décret du 23 mars 2012. Elle allège les éléments constitutifs du dossier pour le classement du réseau et transfère la capacité de délibérer pour classer le réseau, de l’autorité préfectorale aux collectivités.

La durée de classement du réseau doit être en rapport avec la durée d’amortissement des installations.

Le classement n’est possible que si trois conditions sont respectées : le réseau est alimenté à au moins 50 % par des énergies

renouvelables ou de récupération ; un comptage des quantités d’énergie livrées par point de

livraison (c’est-à-dire la sous-station) est assuré ; l’équilibre financier de l’opération pendant la période

d’amortissement des installations est assuré.

Est-ce intéressant de classer un réseau de chaleur ? Combien d’exemples peut-on dénombrer en France ? Dans quelle mesure le classement peut-il avoir un effet restrictif sur la concurrence ? On ne dénombre qu’un seul réseau classé en France aujourd’hui à Fresnes (94). Ce nombre anecdotique parmi les plus de 400 réseaux de chaleurs existants en France, s’explique par : la lourdeur des procédures administratives en cours jusqu’alors, la crainte des maîtres d’ouvrages d’imposer une solution à

des promoteurs qui pourraient ne pas souhaiter et invoquer une restriction de concurrence.

Ainsi la plupart des réseaux de chaleur se sont créés par la négociation, avec le plus souvent, une collectivité qui propose une baisse de son prix de vente de terrain contre le raccorde-ment. Il existe aussi des cas de recours obligatoire hors toutes procédures de classement.

Faut-il alors inciter les collectivités à mettre en œuvre une procédure de classement ?Oui, si l’on souhaite un développement important des réseaux de chaleur, puisque le réseau de chaleur est l’une des meilleures solutions pour atteindre un taux de couverture de 100 % en énergie renouvelable à l’échelle d’un quartier. Par ailleurs sans l’assurance d’un certain nombre de consommateurs, le réseau de chaleur ne peut pas être viable.

Le classement du réseau de chaleur2.

Pour qu’un réseau de chaleur soit viable, il faut qu’un certain nombre de bâtiments y soient raccordés. La collecti-vité peut procéder au classement d’un réseau de chaleur. Cette procédure permet de rendre le raccordement de certains bâtiments obligatoire.

Déchargement de granulés de bois dans un silo enterré. Lyon Confluence ©HESPUL

Chaudière bois de 400 kW du gymnase d’Amplepuis ©HESPUL

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Quel risque encourt une collectivité quant à la libre concurrence de choix de l’énergie si elle entame une procédure de classement de réseau de chaleur ?

La réponse n’est pas aisée puisqu’il n’existe qu’un réseau classé en France et qu’aucune loi ou aucune jurisprudence n’évoque de tel recours.

Au-delà de la question du risque juridique, sur le lequel on ne peut se prononcer, on peut évoquer différents arguments pour relativiser cette question.

Du point de vue du producteur d’énergie, il semble qu’aujourd’hui, tous les fournisseurs d’énergies et tous les exploitants, soient en capacité de mettre en service et exploiter une chaudière collective fonctionnant en majeure partie avec du bois-énergie. Imposer le recours à une chaufferie collective au bois ne semble pas privilé-gier un opérateur plutôt qu’un autre. La procédure sera de toute façon soumise aux règles de marchés publics.

Du point de vue du consommateur le libre de choix de l’éner-gie pourrait poser problème si l’énergie du réseau coûte plus cher qu’une autre solution individuelle. Pour le reste, il parait peu recevable qu’un consommateur puisse juridiquement faire valoir le fait de ne pas souhaiter utiliser une énergie renouve-lable, non émettrice de CO2 et produite localement.

Le flou réside donc dans le futur prix de vente d’énergie. L’association Amorce a publié en 2010 une enquête, sur près de 400 réseaux de chaleur qui montre que l’énergie vendue est moins chère que des solutions individuelles. Néanmoins il est fortement recommandé, pour une collectivité qui souhai-terait engager une procédure de classement, de fournir une étude justifiant du futur prix de vente de l’énergie et de son évolution dans le temps. Cette étude pourrait d’ailleurs être effectuée au moment de la réalisation de l’étude de potentiel en énergie renouvelable qui est régle-mentairement obligatoire.

Pour être menée sérieusement, une telle étude doit a minima prendre en compte les critères suivants : le prix de l’énergie, le prix de l’entretien, l’amortissement (hors génie civil et réseau), l’intérêt d’emprunt éventuel, l’augmentation du prix de l’énergie,

(voir : www.infoenergie69.org/particuliers/pourquoi-agir/13) le comparatif environnemental des solutions.

La difficulté de réaliser une telle étude par une collectivité à l’occasion d’une étude de potentiel en énergie renouvelable réside dans le fait qu’il faut bien distinguer les intérêts de celui qui construit le réseau de chaleur, de celui qui l’exploite, de celui qui vend la chaleur et de celui qui l’achète. Il est donc recommandé d’aboutir à des résultats tels que ceux présentés sur le graphique ci-dessous :

Du point de vue du consommateur le problème de libre de choix de l'énergie pourrait poser problème si l'énergie de réseau coûte plus cher qu'une autre solution individuelle. Pour le reste, il parait peu recevable qu’un consommateur puisse juridiquement faire valoir le fait de ne pas souhaiter utiliser une énergie renouvelable, non émettrice de CO2 et produite localement.

Le floue réside donc dans le futur prix de vente l’énergie.L’association Amorce a publié en 2010 une enquête, sur près de 400 réseaux de chaleur qui montrent que l'énergie vendu est moins chère que des solutions individuelles. Néanmoins il est fortement recommandée, pour une collectivité qui souhaiterait engager une procédure de classement, de fournir une étude justifiant du futur prix de vente de l’énergie et de son évolution dans le temps. Cette étude pourrait d’ailleurs être effectuée au moment de la réalisation de l’étude de potentiel en énergie renouvelable qui est réglementairement obligatoire. (Guide du CERTU sur comment prendre en compte les énergies renouvelables dans les nouveaux aménagements.)

Une telle étude pour être menée sérieusement doit a minima prendre en compte les hypothèses suivantes :– prix de l’énergie,– prix de l’entretien– amortissement (hors génie civil et réseau)– intérêt d’emprunt éventuel– augmentation du prix de l’énergie (voir : http://www.infoenergie69.org/particuliers/pourquoi-agir/13)– comparatif environnemental des solutions

La difficulté de réaliser une telle étude par une collectivité à l'occasion d’une étude de potentiel en énergie renouvelable réside dans le fait qu’il faut bien distinguer les intérêts de celui qui construit le réseau de chaleur, de celui qui l’exploite, de celui qui vend la chaleur et de celui qui l'achète.

Il est donc recommandé d’aboutir à des résultats tels que ceux présentés sur le graphique ci-dessous :

La durée du classement devra se faire suivant la durée nécessaire pour atteindre la rentabilité économique.On peut observer, sur le graphique, que la vente de la chaleur peut se situer en dessous du prix d’une énergie fossile de référence tout au long de la durée d’exploitation du réseau de chaleur.L’exploitant, qui vend la chaleur, devra, au début, vendre un la chaleur à un prix qui ne permet pas d’atteindre l’équilibre économique.

-10-

HESPUL • ENERGIES RENOUVELABLES ET EFFICACITE ENERGETIQUE

14, place Jules Ferry / F-69006 LYON • Tel : +33 (0)4 37 47 80 90 • www.hespul.org

La durée du classement devra se faire suivant la durée néces-saire pour atteindre la rentabilité économique.

On peut observer, sur le graphique, que la vente de la cha-leur peut se situer en-dessous du prix d’une énergie fossile de référence tout au long de la durée d’exploitation du réseau de chaleur. L’exploitant qui vend la chaleur devra au début la vendre à un prix qui ne permet pas d’atteindre l’équilibre éco-nomique. Puis grâce à un combustible biomasse, peu cher à l’achat, il pourra au fur et à mesure augmenter son prix de vente jusqu’à atteindre l’équilibre au bout de 10 années avant de commencer à dégager des bénéfices.

Au-delà de l’approche en termes de densité thermique, une approche économique posant la question des gains futurs de l’exploitant est à considérer.

Rondins de bois ©HESPUL

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

Tableaux 1 et 2 : Estimer la consommation d’un bâtiment ou la puissance nécessaire pour le chauffer

PUISSANCES NÉCESSAIRES W/M2

CONSO. CHAUFFAGE TERTIAIRE ESTIMÉE KWH/M2/AN

(énergie finale)

CONSO. CHAUFFAGE LOGEMENT ESTIMÉE KWH/M2/AN

(énergie finale)

BÂTIMENT ANCIEN NON ISOLÉ (années 60 / 70) 150 à 200 De 180 à 240 De 240 à 320

ANCIEN ÉTAT MOYEN (années 90 / 2000 ou avant 48

ou ayant fait l’objet d’une petite réhabilitation)100 120 160

BBC Env. 20 24 32

PASSIF 9 11 15

Source : HESPUL

Pour les bâtiments existants, il est recommandé de croiser les données ci-dessus avec les puissances des chaudières existantes et les factures d’énergie des bâtiments.

TYPE DE BÂTIMENTS CONSOMMATION DE CHALEUR MOYENNE EN KWH/M2/AN (énergie finale)

Hôpital 275École 150

Gymnase 200Mairie 150

Source : Enquête INSEE ADEME 2005

Tableau 3 : Estimer l’empattement nécessaire pour la réalisation d’une chaufferie bois à l’échelle d’esquisse de plan de composition

CHAUDIÈRE kWVOLUME MINIMAL SILO

EN m3LOCAL

CHAUFFERIE EN m2 MOYEN DE LIVRAISON DIMENSION DU VÉHICULE

80 45 15-20 Benne 30 m3 Camion 30 m3 : longueur 7 à 9 m ; largeur 2,5 m Poids en charge = 19 tonnes. Rayon de braquage : 8-10 m

250 140 30 Benne 30 ou 90 m3 –

800 300 80 Benne 90 m3

Camion 90 m3 : longueur 11 à 15 m ; largeur 2,5 m Poids en charge = 38 tonnes. Rayon de braquage : 15 m

1200 400 150 Benne 90 m3

3200 500 300 Benne 90 m3

Source : HESPUL

Documents utiles3.

Rédaction : HESPUL • Graphisme : H. Bories (www.helenebories.fr) Cette fiche fait partie d’un guide « Prise en compte de l’énergie dans les projets d’aménagement » téléchargeable sur le site www.hespul.org

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FICHE PRATIQUE

BOIS-ENERGIE ET RESEAU DE CHALEUR

RéglementationPour en apprendre plus sur le cadre réglementaire qui entoure les réseaux de chaleur, on peut se baser sur les 3 documents qui suivent :

Cadre Réglementaire des réseaux de chaleur – Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement d’Île-de-France – Juillet 2011, Fiche 18

Réseaux de chaleur : prise en compte des réseaux de chaleur dans la réglementation thermique 2012 – CETE Ouest 2012

Prise en compte des réseaux de chaleur dans un PLU – CETE OUEST/CERTU

Indicateurs et donnéesDe même, il existe un nombre important de documents qui permettent d’approfondir sur les réseaux de chaleur. Notre sélection :

Place des réseaux de chaleur dans les nouveaux quartiers – Effets de la densité et de la mixité sur la pertinence énergétique d’un réseau de chaleur – CETE OUEST Mars 2012

Réseaux de chaleur & bâtiments basse consomma-tion : l’équation impossible ? – Enjeux pour les collectivités et les autres acteurs – AMORCE MAI 2011 RE 12

Schéma guide création d’un réseau de chaleur – Éléments clés pour le maître d’ouvrage – AMORCE décembre 2011 RCT 35

Réseaux de chaleur et outils urbanisme – Panorama des interactions – CETE Ouest février 2011 qui traite des inte-ractions entre un projet de réseau de chaleur et les différents outils d’urbanisme.

Réseaux de chaleur & bâtiments basse consommation – Solutions techniques pour optimiser les réseaux de chaleur dans un contexte de développement de bâtiments basse consommation – AMORCE MAI 2011 RCT 34

Charte des services publics locaux – Indicateurs de performance pour les RDC – Mars 2009

Contacts utilesLes contacts qui sont susceptibles de pouvoir vous aider sur la thématique des réseaux de chaleur :

AMORCE : Association de collectivités pour les réseaux de chaleur, amorce.asso.fr ADEME / ESPACES INFO ÉNERGIE / AGENCE DE L’ENERGIE CIBE : Comité Interprofessionnel du Bois Association pour la surveillance de la qualité de l’air :

www.lcsqa.org

Pour aller plus loin4.