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LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014 PME 19 ACTUALITÉ Financement des PME, BAM fait son «roadshow» P. 21 INTERVIEW Asmaa Ayoub, Directrice générale d'Épitaphe P. 24 MANAGEMENT & RH Comment attirer les meilleurs talents P. 26 CARRIÈRES DRH, vers une transformation de la fonction P. 27 La Finance islamique gagne du terrain auprès des PME P. 22-23

Financement des PME, BAM fait son La Finance … · La Banque mondiale au chevet des PME ... vices et solutions de gestion de ressources humaines, livre son deuxième Baro- ... dans

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LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

PME

19

ACTUALITÉFinancement des PME, BAM fait son«roadshow» P. 2 1

INTERVIEWAsmaa Ayoub, Directrice générale d'Épitaphe P. 24

MANAGEMENT & RHComment attirer les meilleurs talents P. 26

CARRIÈRESDRH, vers une transformation de la fonction P. 27

La Finance islamiquegagne du terrain auprèsdes PME

P. 22-23

LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

NEWS

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Après l’avalanche des pé-trodollars, l’attractivité dela finance islamique pour

le financement n'est, cette fois-ci,pas destinée à l'économie, maisaux petites et moyennes entre-prises. Le modèle fait mouchedans de nombreux pays de par lemonde, et a même déjàconvaincu en Occident. Cheznous, le processus est enclenché,tenant en haleine les plus grandsamateurs de finance islamique.Le mode semble de prime abordattractif, représentant même unrelais en apparence très intéres-sant aux banques convention-nelles qui ont ces dernières an-nées vu la distribution de créditfléchir. Cependant, il serait peuprudent de s’emballer. Tout modede financement a des limites,celui de la finance islamique aussi.La finance islamique se targue deprésenter un modèle de finance-ment sans profit, ce qui peutconstituer un excellent argumentpour convaincre les chefs d’entre-prises exprimant le besoin denouveaux moyens de finance-ments. Si la finance convention-nelle prend aujourd’hui des al-lures de machine grippée, il n’endemeure pas moins qu’elle restela plus adaptée au système éco-nomique de notre tissu entrepre-neurial. Un gros travail reste en-core à mener pour accorder lesystème économique au modèleislamique. Nos voisins tunisiensqui en font l’expérience depuisplus de trente ans n’ont à ce jourpas encore trouvé le juste équili-bre. L’emballement n’est donc pasla meilleure posture à adopter.Toute nouveauté n’est pas forcé-ment et automatiquement adap-tée au contexte. ●

Prudenceconcernant l’«Islamic Cash»

Houda [email protected]

BILLETLycamobile s’implanteau Maroc

L'opérateur virtuel Lycamobile se lancedans l’aventure marocaine. Le fournis-seur d'appels internationaux low-costqui compte environ 30 millions declients à travers le monde, présent enEurope, en Australie et aux États-Unis,devrait ouvrir prochainement un centred'appel au Maroc. L'annonce en a étéfaite par des dirigeants de la société, àl’occasion d’une conférence de presseorganisée le 22 mai dernier à Casa-blanca. La date d'ouverture de ce pre-mier établissement n'a pas encore étéprécisée, mais la direction de l'entreprisea d’ores et déjà indiqué, durant cette ren-contre, qu'elle compte ouvrir undeuxième centre d'appel dans le pays,qui devrait être opérationnel en 2016 etemployer plus de 1.000 personnes.

Lancement du programmeSmart startEncourager les porteurs de projet àlancer leur propre entreprise. C’est l’ob-jectif du programme Smart Start. Initiépar INJAZ Al-Maghrib, en partenariatavec CEED – USAID et Attijari FinancesCorp. Ce programme vise concrète-ment à assurer l’accompagnement à lacréation de start up. Financé par CEED– USAID, avec la participation d’AttijariFinances Corp, ce concept permettrad’assurer le mentoring des jeunes por-teurs de projet ayant suivi le CompanyProgram leur offrant l’opportunité depoursuivre l’aventure au-delà du planacadémique. S’érigeant en tremplinpour la création de start up, Smart starta pour objectif d’accompagner 30projets pendant 6 mois les jeunes por-teurs de projet dans la création de leurentreprise. Fondée sur le mentorat, ladémarche pédagogique du pro-gramme Smart start est celle d’un ac-compagnement personnalisé «de pro-

fessionnels à professionnels», entre lesmentors d’Attijari Finances Corp et lesjeunes entrepreneurs qui seront aidésdans la réalisation d’un business planexhaustif, comprenant étude de mar-ché, étude de faisabilité, visibilité finan-cière. Les jeunes porteurs de projet bé-néficieront également d’un module dedéveloppement personnel délivré parles cabinets Blue Storm et AttitudesConseil.

Le dispositif Maghribentrepreneurs présentéà MarseilleLa 1re réunion d´information du dispo-sitif Maghrib Entrepreneurs s’est tenuecette semaine à Marseille. Organiséepar l’Agence de l’entrepreneuriat enMéditerranée (ACIM), en collaborationavec le consulat général du Maroc à

Marseille, cette rencontre aura permisde «sensibiliser la diaspora marocaineen France aux opportunités d´investis-sement et de création d´entreprises auMaroc». 12 réunions d´information se-ront organisées sur tout le territoirefrançais durant l’année courante. Unappel à projets sera lancé prochaine-ment. 100 lauréats seront sélectionnéssur dossier et bénéficieront d´un ac-compagnement non financier, per-sonnalisé et gratuit, en France et auMaroc. Pour rappel, le dispositif Ma-ghrib Entrepreneurs est mené par unconsortium composé d´ACIM, duCéfir, une ONG dont l’objectif est lapromotion des échanges interculturelsentre l’Europe et le Maghreb. Ce projetest financé par le ministère chargé desMarocains résidant à l´étranger et desaffaires de la migration, avec leconcours de l´Agence française pourle développement.

La Banque mondiale au chevet des PME

300 M$ pour développer le marché de capitaux et le financement desPME. C’est ce qui a été paraphé mardi dernier par Mohamed Boussaid,ministre de l'Économie et des finances et le directeur du départementMaghreb à la Banque mondiale, Simon Gray. Le ministre de l’Économieet des finances a souligné que le PPD, secteur financier qui bénéficierad'un montant de 300 M$, vise à développer le marché de capitaux etle financement des PME, ce qui constitue selon le responsable «unegrande priorité du gouvernement et a fait l'objet de réformes majeures,ayant permis sa modernisation et sa contribution au financement del’économie».

AGENDA

HR Access Solutions présente son deuxièmeBaromètre RHAprès une première édition, HR Access Solutions, expert international en ser-vices et solutions de gestion de ressources humaines, livre son deuxième Baro-mètre RH pour l’édition 2014, qui sera dévoilé le jeudi 5 juin 2014. Menée entrefévrier et avril 2014 auprès de 225 dirigeants d’entreprises (199 entreprises),responsables RH et managers de la région d’Afrique de l’Ouest (Maroc, Tunisie,Algérie, Côte d’Ivoire et Sénégal), cette enquête qu'est le Baromètre RH dresseune analyse exhaustive de l’évolution des comportements RH dans cette région.

8e édition d’Africa power ForumDakar accueillera les 12 et 13 juin prochains la8e édition de l’Africa Power Forum. Organisé pari-Compétences, cette édition comptera la parti-cipation du ministre de l’Énergie du Sénégal,Maymouna Ndoye Seck, et de plusieurs diri-geants d’entreprises publiques de la région. Elleconnaîtra également la participation de près de 200 professionnels de l’industrieélectrique en provenance d’Afrique, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie.

Mohamed Boussaid, ministre de l'Économie et

des finances.

LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

ACTUALITÉ

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l’invitation a été adressé à plusde 200 d'entre eux. Un démar-rage timide certes, mais qui per-met de prime abord de mieuxcerner les objectifs de laBanque centrale à travers cetteinitiative. Selon les responsablesde BAM, il s’agit de faire des pré-sentations concrètes des diffé-rentes mesures pour leur pré-senter les différentes mesuresprises la Banque centrale afin deleur faciliter l’accès au finance-ment bancaire. Ces rencontres«BAM-Entreprises» sont pro-

grammées du 26 mai au 27 juin2014 pour réaliser des étapesqui mèneront l’administrationdans les villes de Laâyoune, Tan-ger, Fès, Nador, El Jadida, Marra-kech et Agadir. Ces responsa-bles seront, aujourd’hui 29 mai,à Rabat pour détailler en parti-culier «le nouveau programmede financement de la TPME, lesaspects liés à l’éducation et à l’in-clusion financières, les centralesd’informations de la banque et leprojet de création d’un observa-toire de la TPME».

Bank Al-Maghrib prendles TPME sous son aileet part à leur rencontresur le terrain. La Banque

centrale a en effet mobilisé sesresponsables en début de se-maine pour animer des réunionsd’information au profit des pe-tites et moyennes entreprises.Dans une première étape d’unpériple qui comptera différentesvilles à travers le royaume, BankAl-Maghrib s’est d’ores et déjàadressée à plus d’une cinquan-taine de patrons, au moment où

BAM fait son «roadshow»Financement des PME

● La Banque centrale a entamé le 26 mai dernier une tournée nationale visant àsensibiliser les PME sur les mesures mises en place par l'institution en faveur desTPME. La première étape organisée à Casablanca n'aura pas réuni autant dechefs d'entreprise qu'initialement attendu.

●●●

Lesprochainesétapesconcernerontles villes deLaâyoune,Tanger, Fès,Nador, ElJadida,Marrakech etAgadir.

Effets d’annonce D'un point de vue analytique, cesrencontres devraient être l’occa-sion pour BAM de faire un certainnombre de rappels sans pour au-tant faire de grandes annonces.En témoignent les premières in-formations véhiculées lors de lapremière étape tenue à Casa-blanca. Les discussions portantsur la création de l’Observatoirede la TPME ont mené à la conclu-sion selon laquelle ce dernierétait «en cours de création». Riende nouveau, donc, si ce n’est lanécessité expliquée de l’installa-tion préalable de l’infrastructureinformatique qui doit gérer l’en-semble des indicateurs. Il faudradonc se contenter de petits rap-pels comme celui du montanttotal des opérations de refinan-cement des prêts garantis oc-troyés par les banques auxTPME, dans le cadre du nouveaudispositif de financement dédié.Il s’agit concrètement de deuxpremières opérations lancées les9 janvier et 10 avril 2014 et quiont généré 11,2 MMDH de créditsgarantis, ou encore de la baissedu taux de la réserve monétaireà 2% en mars 2014 qui a aussi étéprésentée comme l’un des ins-truments activés par l’institutiond’Abdellatif Jouahri pour inciterles banques à financer davan-tage les PME. ●

Retrouvez tous les mardisla nouvelle formule en 10 pagesde notre

Cahier Afrique

Lors de la premièrerencontre, BAMs’est adresséeà une cinquantainede PME.

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DÉCRYPTAGE

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«L a finance islamique ades atouts à faire valoirpour les PME». Cesdernières années, au

vu du contexte économique diffi-cile, les analystes se sont tournésvers les moyens de financement al-ternatifs parmi lesquels la financeislamique occupe une place dechoix. Cette nouvelle option a ré-cemment été discutée à l’occasiond’un workshop organisé par l’Asso-ciation marocaine pour les profes-sionnels de la finance participative– Sharia Compliant, AMFP, en par-tenariat avec la Bourse de Casa-blanca. Placée sous le thème du «fi-nancement des PME/PMI par desinstruments Sharia Compliant», larencontre aura permis de croiserles différents points de vues d’ex-perts comme Anass Patel, prési-dent fondateur de 570 Asset Mana-gement et Nidal Alsayyed, chiefexecutive officer d'Inayah IslamicFinance Research Institute, Jorda-nie & Malaysia. Tous s’accordent surle fait que ce nouveau mode de fi-nancement couramment utilisédans les pays du Moyen-Orientgagne du terrain aussi bien dans lemonde arabe qu’en Occident. Derécentes analyses réalisées enGrande-Bretagne démontrent quela finance islamique permet aux en-

treprises de bénéficier de servicestels que les comptes courants,même si son potentiel est impor-tant pour d’autres activités commela gestion de fonds de roulement,le financement du poste achat, le fi-nancement à l’export, le crédit-bailsur les équipements ou le finance-ment des immobilisations.

Un mode de financementattractif Cette offre de produits, qui a ten-dance à présenter des similaritéspar rapport aux produits de labanque conventionnelle, arriveaujourd’hui à couvrir le préfinan-cement du projet, l’acquisitiond’actifs et les besoins d’expansiondes PME avec cependant unecertaine particularité. «Si l’entre-prise a besoin d’acquérir un actifou un équipement dans l’immé-diat, la banque islamique prend encharge le rôle de commerçant re-vendeur ou propriétaire loueur»,explique un expert de la financeislamique. Dans le cas d’une entre-prise exprimant un besoin d’ac-quérir un actif ou un équipementen cours de construction ou defabrication, la banque islamiqueprend en charge le rôle «d’entre-preneur fabriquant» par le biaisdes produits comme la Moudha-raba, la Moucharaka et le Istisna’a.Dans ce rôle d’entrepreneur, il esta priori et théoriquement possibleque la banque islamique par-vienne à financer des opérationsque la banque conventionnellejuge inacceptables en termes detaux d’endettement et ainsi ap-porte la solution à la PME endet-tée, alors sans garanties et sans

La Finance islamique gagnedu terrain auprès des PME● La conjoncture économique et les difficultés à se faire financer par les banques conventionnellesont poussé de nombreuses PME à travers le monde à envisager la piste de la finance islamique.Au Maroc, le projet de loi devant valider la mise en place de ce régime est actuellement en coursde discussion au Parlement. L’occasion pour l’Association marocaine pour les professionnelsde la finance participative - Sharia Compliant - et la Bourse de Casablanca de plancher sur ce modede financement pour la PME.

sureté réelles. C’est sur ce pointqu’au Maroc précisément cemode de financement pourraitgagner du terrain au regard de laconjoncture actuelle et du besoinpressant en financements de cer-taines petites structures quiéprouvent aujourd’hui de grandesdifficultés à se faire financer parles banques conventionnelles.Pour l’heure, la machine est acti-vée, la loi bancaire devant instituerla mise en place de la finance isla-mique dans le royaume est en cemoment même en cours de dis-cussion pour une finalisation quipourrait se faire dans les pro-chains jours. ●

La banque islamique préconise l'esprit d'entreprise et le partagede risque. Dans lefinancement d’un projet,le financier et la part bénéficiaire s’engagent àassurer les risques plutôtque de laisser ce fardeau à l’entrepreneur.

Nidal Alsayyed,chef de la direction de Inayah,

institut de recherche en finance islamique, pour

la Jordanie et la Malaisie.

Repenser le financementdes PME équivaut à recréer les conditionsd’une finance asset-backed selon lestechniques du project finance. Le pricing de cemode de financement devrait refléter non pas lescoring de l’emprunteurmais le rating des cashflow issus des actifs sous-jacents.

Anass Patel,responsable 570 Asset

Management.

Des avantages à pondérer

La banque islamique adopte l’approche du financement d’actifs en premier lieu, ce qui fait en sorte que certaines tech-niques de financements islamiques comme un financement du hors-bilan pour la PME, donnent par là la possibilité auxentreprises d’obtenir ledit financement islamique tout en ayant un bilan et des cash-flows de qualité moyenne, mais pos-sédant des actifs et des équipements de très bonne qualité. Cependant, les banques islamiques ont montré dans denombreuses économies leur réticence à assurer le financement des actifs en cours de fabrication justifiant leur rému-nération, qu’elles perçoivent en leur qualité de copropriétaire par les résultats du projet financé dans le cas d’une Mou-dharaba ou d’une Moucharaka. Cette réticence est expliquée auprès de ces banques par le fait que le rôle de commer-çant est moins risqué que le rôle d’industriel ou encore de celui d’entrepreneur selon différentes analyses d’experts.

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DÉCRYPTAGE

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LA TUNISIELa révolution tunisienne et plusconcrètement la phase post-ré-volution aura permis de lever levoile sur l’importance des PMEdans l’économie nationale. Laflexibilité de leur structure, la ca-pacité à s'adapter aux fluctua-tions du marché, leur aptitude àassurer une intégration écono-mique et le développement desrégions sont autant de qualitésqui ont érigé ce tissu en pierreangulaire de la politique socio-économique du pays. L’analysedescriptive récemment menéesur le tissu industriel tunisienmontre en effet une fragilité dufait de sa composition, où le sec-teur des PME en personnes mo-rales ne représente que 3% dutissu industriel contre97% couvert par le sec-teur des PME en per-sonnes physiques.Dans ce contexte etdepuis quelques an-nées, le cadre bancaireconventionnel mis enplace a participé large-ment à financer lesPME sous certainesconditions de garan-ties qui semblent avoir plus oumoins ignoré les micro-entre-prises, lesquelles se sont trou-vées pénalisées par l’absenced’une comptabilité et de trans-parence financière et par l’ab-sence de garanties par consé-quent. Le développement de lafinance islamique et l’apparitiond’une nouvelle banque isla-mique à côté de la plus an-cienne banque «Al Baraka Bank»dans l’environnement bancairetunisien, ont stimulé le recoursdes PME à ce mode de finance-ment. Il faut rappeler que la pré-sence de la finance islamique en

Tunisie date des années 80. Lepays a réussi à développer unecertaine maturité de ce secteurdurant ces années d’existence,ainsi qu’une adaptation du textejuridique d’une façon graduellepar la Banque centrale de Tuni-sie (BCT) pour assurer une meil-leure intégration de cette nou-velle finance dans le secteurbancaire du pays.

LE SÉNÉGALLa finance islamique présenteaujourd’hui selon de nombreuxexperts un avenir prometteur auSénégal où plusieurs expé-riences de ce mode de finance-ment ont été mises en œuvre.Plus encore, aujourd’hui des

banques occidentales ont desfenêtres de finance islamique.Au Sénégal, il s’agit d’un créneauporteur. Une ligne de crédit islamique mise à la dispo-sition du projet de développe-ment du secteur agricole au Sénégal oriental et en Haute-Ca-samance (PDESOC) a été ou-verte par la Banque islamique dedéveloppement (BID). Laditeligne de crédit a été rétrocédéeà la CNCAS, qui prévoit d’ouvrirun guichet finance islamiquepour faire du crédit revolvingaux éleveurs. De nombreusesexpériences de ce type comme

le projet de micro-finance isla-mique pour le compte des PMEau niveau de la Banque isla-mique du Sénégal (BIS) sont me-nées. Contrairement auxbanques conventionnelles, la fi-nance islamique basée sur«l’économie réelle» et rejetant laspéculation, a permis auxbanques islamiques de résisteraux crises économiques, ce quiles rend plus attractives. Avecune croissance annuelle d’aumoins 20% dans le monde, la fi-nance islamique en «financeévolutive» a connu une «crois-sance sans précédent» ces der-nières années, avec des avoirsatteignant plus de 1.500 milliardsde dollars à travers le monde en2011. Le Sénégal compte s’ap-puyer sur ce mode de finance-ment pour réaliser son dévelop-pement économique et social,en complément au financementclassique qui reste l’habitude etla norme. Cette démarche estengagée en vue d’atténuer l’in-suffisance d’offres de finance-ment aux producteurs ruraux,aux secteurs sociaux de base, aurefinancement des institutionsbancaires et aux investisse-ments des PME.

LA MALAISIELa présence de nombreux pro-duits qui satisfont les exigencesdes PME fait qu’aujourd’hui cesentreprises y ont recours naturel-lement en Malaisie. De plus,l’existence de nombreuses op-tions pour une gestion optimaledes flux de trésorerie, les incita-tions fiscales et une structuredes coûts concurrentielle parrapport à celle conventionnellefont que ce mode de finance-ment est adapté aux réalités de

la PME. Il ne faut pas non plus ou-blier le soutien que la Banquecentrale et le gouvernement pro-curent à la finance islamique engénéral, lesquels encouragentaussi le développement de celle-ci auprès des PME. Un fondspour le financement des PME amême été créé en Malaisie pourfinancer des programmes agres-sifs de développement des PMEet renforcer leur viabilité et leurcapacité de contribuer à unecroissance économique dehaute qualité. La SME Bank (qui aété créée pour le financementdes PME) affecte en collabora-tion avec la Banque islamique dedéveloppement, 200 millions deRM (64 MUSD) au «Fonds pourl’industrie Halal» afin de financerl’actif circulant des PME asso-ciées. Ceci vise à stimuler le dé-veloppement des produits halalde haute qualité voués à l’expor-tation. En août 2012, la SME Banka émis un sukuk pour un mon-tant total de 500 millions de RM,en deux tranches de 250 mil-lions de RM chacune. Les rende-ments ont été les plus bas pourune émission garantie par legouvernement en 2012. À labase de la forte demande decette émission, il y a aussi la miseen place d’une solide structurede surveillance de la Malaisie,des standards de gouvernance,la diffusion des informations, uncadre juridique très développéet un système judiciaire qui pré-sente une protection pour les in-vestisseurs. ●

Benchmark international

530 850

2700

5400

2009 2010 2011 2012 2013

6000

5000

4000

3000

1000

01470

ÉVOLUTION DES MONTANTS APPORTES PAR LA FINANCEPARTICIPATIVE DANS LE MONDE ENTRE 2009-2012

(EN MILLIONS DE DOLLARS)

SOUR

CE :

MAS

SOLU

TION

.COM

Il est possible que la banque islamiquefinance des opéra-tions que la banqueconventionnelle jugeinacceptables.

LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

INTERVIEW

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Réunissant plus de 500 partici-pants publics et privés, nationauxet internationaux (Afrique, Asie,Amérique, Europe) et 5.000 diri-geants du Maroc et de l’étranger,le Forum de la PME et de ses par-tenaires a la volonté de rappro-cher la PME de l’administrationpublique et de promouvoir l’envi-ronnement national des Affairespour qu’il soit un levier de crois-sance économique et d’attrac-tion de l’investissement. Nousavons institué 12 villages pour ré-pondre au mieux aux besoinsdes PME: Le public au service dela PME, les financements publicset privés, l’export et la logistique,l’expertise et l’intelligence écono-mique, le développement dura-ble, la valorisation des compé-tences, les technologies,l’industrie et la sous-traitance, l’in-dustrie du tourisme, les services,l’international (Afrique, Asie, Amé-rique). Le 12e village est particulier.Nous l’avons dénommé villagede croissance intégrée. Nous yinvitons les grandes entreprises àparrainer leurs PME partenairespour se positionner comme deslocomotives de croissance et desmentors pour le transfert deknow-how. Par ailleurs, nouscomptons sur une forte pré-sence internationale. Le Forumde la PME et de ses partenaires

appelle à saisir les opportunitésd’affaires offertes par le royaumeet le continent et réunit tous lesacteurs-clés pour appuyer la po-sition du Maroc en tant que ported’accès aux marchés africains.

Ce dernier est organisé en partenariat avec le CRI de Casablanca. Comment se déclinera concrètement cettecollaboration ? Le Centre régional d’investisse-ment du Grand Casablanca estpartenaire organisateur de ceforum. Par ce partenariat, le CRIdu Grand Casablanca vient au-jourd’hui confirmer son rôle decatalyseur régional et compléterpar la même occasion sa palettede services dédiés aux entre-prises. Initialement concerné parla création de l’entreprise, le CRIs’engage désormais dans la voiede l’accompagnement de l’entre-prise et surtout de la PME, dansson processus de développe-ment afin d’aboutir à un réel dy-namisme économique et social.

Qu'est-ce qui distinguera ceforum de nombreux forumsdédiés à ce tissu entrepre-neurial ? C’est un Forum transverse fait parla PME pour la PME. Nous avonsinitié des enquêtes auprès de

Les ÉCO : Vous organisez pro-chainement le premier forumde la PME. En quoi consistecet évènement ? Asmaa Ayoub : Le paysage éco-nomique et industriel marocainest fortement lié à celui des PMEqui constituent environ 95% denotre tissu productif. Encouragerleur compétitivité n’est donc passeulement un souhait mais unfacteur déterminant dans lacroissance de notre pays. Or, lasituation relève quasiment del’oxymore: piliers de notre écono-mie, les PME sont bien souventdes entreprises fragiles. Leur partse limite seulement à 20% dans lacréation de valeur ajoutée. LeForum de la PME et de ses parte-naires est né de l’idée de doter laPME d’un événement à la hauteurde ses ambitions de développe-ment sur le plan national et inter-national. Dans la lignée du pacteÉmergence III, le «Forum de laPME et de ses partenaires» mobi-lise toutes les forces vives pu-bliques et privées pour faireémerger un écosystème optimalet d’autant plus favorable au dé-veloppement de nos entrepriseset industries au Maroc, en Afriqueet à l’étranger.

Quelles seront ses particularités ?

400 dirigeants de PME pour dé-terminer leurs besoins, leurs pro-blématiques, leurs freins, maisaussi pour dresser leurs profils dedirigeants et leurs attentes. LeForum de la PME et de ses parte-naires prône un programmeriche et pragmatique et une ap-proche totalement opération-nelle pour réunir la PME et sonécosystème afin d'établir une pla-teforme de solutions concrètesgénératrices de croissance et debusiness au Maroc et à l’étranger.

Quelles seront les principalesthématiques discutées ? La PME Marocaine a besoin d’in-formation, de soutien et d’ac-compagnement pour libérer sonpotentiel de croissance. Ses pro-blématiques sont diverses. Ellesont trait autant à l’environnementadministratif et réglementaire, aufoncier, au financement, aux mar-chés ainsi qu’à l’environnementinterne de la PME : faiblesse de laformation, insuffisance deconseil technique et de gestion,manque d’innovation, sous-équi-pement. Le Forum de la PME etde ses partenaires invite juste-ment à des débats francs et ou-verts entre les PME et les interlo-cuteurs clés concernés par cesproblématiques et bien d’autres.Le cycle de conférences et d’ate-liers sera couronné par un livreblanc pour faire ressortir toutesles recommandations.

Comment s'organisera la participation des PME à cet évènement ? Les PME sont parties prenantesdu Forum. Ce sont elles qui déci-deront des thématiques et desrdv phares de l’événement. Pourcela, nous avons mis en placeune plateforme virtuelle qui per-met aux dirigeants de faire leurspropositions, mais aussi de poseren amont du forum leurs problé-matiques auprès des acteurs-cléspublics et privés et de transmet-tre leurs demandes aux expo-sants. Lors du Forum, en plus del’exposition de leur savoir-faire, lesPME seront invitées à participeraux conférences et débats, à élar-gir leurs réseaux et surtout à veniravec leurs requêtes pour trouverdes solutions opérationnelles àleurs problématiques. ●

Le «Forum de la PME»s’inscrit dans la lignéedu pacte Émergence III

ASMAAAYOUBDirectrice générale d'Épitaphe

●●●

Des enquêtesétaient initiéesauprès de 400dirigeantsde PME pourdéterminerleurs besoins.

www.leseco.ma

EN KIOSQUES

LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

MANAGEMENT & RH

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nues. À cela, il faut ajouter la miseen avant d’une bonne perspec-tive de carrière avec un plan d'un

minimum de 10 ans. Pour com-pléter cette panoplie de pistesd’attraction, les experts notent

Crouler sous les CV etdemandes d’emploisne veut certainementpas dire que tous re-

présentent de futurs collabora-teurs hors pair. La réalité du ter-rain est aujourd’hui telle que bonnombre d’entreprises éprouventde grandes difficultés à trouverde bons collaborateurs. A fortiori,quand bien même l'une d'elle dé-niche la perle rare, il arrive sou-vent que cette dernière se dé-siste à la dernière minute pourpréférer intégrer une autre struc-ture. Pour espérer attirer les bonstalents, les spécialistes s’ap-puient sur deux leviers, à savoir la«marque employeur» de l’entre-prise et l’offre salarié. La marqueemployeur permet à l’entreprisede faire preuve d’attractivité enmettant en avant un certainnombre d’éléments parmi les-quels, ses valeurs et son posi-tionnement sur leur marché.Pour consolider cette image etse garantir un bon niveau d’at-tractivité sur ledit marché, mieuxvaut prêter attention à la rédac-tion de l’offre à l'attention salarié.Dans cette dernière, il convientde mettre en avant tous les avan-tages, qu'ils soient directs,comme le salaire ou indirectss’agissant d’option variées de for-mations ponctuelles ou conti-

l’importance d’un «retour d'expé-rience candidat», communé-ment appelé REC. Cette ap-

proche est souventutilisée dans les ser-vices commerciaux. Ils’agit plus concrète-ment de considérer lecandidat comme unclient de l’entreprise enmesurant régulière-ment son degré de sa-tisfaction. Ce suivi per-met de mesurer

l’impact du «bouche à oreille».Sur ce point, les statistiques in-ternationales notent que 83%

● Bon nombre d'entreprises croulent aujourd'hui sous les candidatures sans pour autant parvenir à dénicher les talents.Pour y parvenir, les structures travaillent de plus en plus sur leur image et sur la satisfaction des candidats qui deviennentpar la suite les ambassadeurs de l'entreprise en matière de recrutement.

Comment attirer les meilleurs talents

des candidats parlent de leur ex-périence de recrutement à leursproches et que 60% partagentleur vécu sur internet. Ceci peutêtre en soi un canal de publicitépour l’entreprise si cette dernièretravaille sérieusement sur sonimage et sur la satisfaction deses candidats. Un deuxièmecanal d’amélioration de l’attracti-vité de l’entreprise et complé-mentaire au premier consiste àfaire parler de l’entreprise par lesautres. Ceci suppose que sur unpremier degré, vos anciens colla-borateurs gardent une bonneimage de l’entreprise et fassentune bonne pub. Il faut savoirqu’aujourd’hui, de moins enmoins de demandeurs d’emploiscroient en la publicité que se fontles entreprises. Ces dernières semettent en effet trop souvent enavant pour au final ne pas être fi-dèle en réalité à l’image véhicu-lée. Enfin, entrez dans l’ère de lamotivation 3.0, car mieux vautpour une entreprise désirant dé-velopper son potentiel RH savoirque les deux principaux facteursde motivation des candidats, quiont véritablement le choix d’inté-grer ou pas une structure don-née, consistent à avoir une mis-sion passionnante et à évoluerdans un environnement pourvud’une bonne ambiance. ●

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE SUR :

L’inspiration au quotidien

www.leseco.ma

Les spécialistess’appuient sur deuxleviers, la «marqueemployeur» et l’offresalarié.

Press

19,22

9,49

5,57 6,02

SiteEmploi

Cabinet derecrutement

Réseauxsociaux

Sourcesinternes

28%

15,62

67%

37%

24%

48%

VOLUMES DE CONDIDATURES PAR CANAUX DE RECRUTEMENTET TAUX DE SATISFACTION

SOUR

CE :

REKR

UTE

■ Moyenne du nombre de condidature■ Entreprises satisfaites du volume

LES ÉCO PME - JEUDI 29 MAI 2014

CARRIÈRES

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de la nouvelle génération sansoublier d’adapter sa pratique à larévolution numérique. À celas’ajoute la nécessité de recruterles talents de demain. Un chal-lenge pas simple d’autant que lestalents deviennent une denrée

de concurrence. Enfin, il doitavoir une sensibilité multicultu-relle et passer à un mode de tra-vail devenu plus collaboratif avecles réseaux d’entreprise. Cettetransformation exige une polyva-

Pas moins de 90% des en-treprises du CAC 40 ontchangé de DRH depuis2008. Un constat sans

appel qui révèle que les DRH sontdésormais confrontés à de multi-ples enjeux et doivent repenserleur fonction. La crise profondeque traverse l’économie a vérita-blement bouleversé les contoursde la fonction RH. L’émergencedes BRICS (Brésil, Russie, Inde,Chine, Afrique du Sud), combi-née à la révolution digitale et l’ar-rivée de la génération Y - quiconstituera la moitié des effectifsde l’entreprise d’ici deux ans - im-posent de nouvelles compé-tences. Pour le DRH, les défissont multiples. Il doit transformerl’organisation de l’entreprise ensuivant l’évolution de la société,s’inspirer des pratiques interna-tionales, repenser le recrutement

lence et aussi beaucoup d’inves-tissements de sa part. Commentrepenser la fonction. Au-delàd’une connaissance multicultu-relle, le D.R.H doit comprendre etmaîtriser le business model del’entreprise, afficher une parfaiterigueur tant dans ses plans d’ac-tions que dans la présentationdes résultats. De plus, il doitadopter un comportement deleader du changement alorsqu’auparavant, il n’était qu’unsimple accompagnateur del’évolution. Il s’agit pour lui d’êtredavantage impliqué en amontau niveau de la stratégie de l’en-treprise. Parallèlement, il doit êtreprésent à tous les niveaux, peutintervenir au niveau de la com-munication, des réseaux so-ciaux, sur la stratégie RSE. Son

action et sa présencedeviennent plus trans-versales. Tout l’enjeuest de s’approprier unrôle de leader orientébusiness, qui sait antici-per les besoins, releverles nouveaux défis touten sachant promouvoirson expertise etconvaincre les diri-

geants. C’est à lui qu’il revient dediscerner les lames de fond de lasociété qui deviendront les ten-dances fortes de demain. Plusque jamais, il est devenu stratègeau côté de la direction. ●

● Les D.R.H sont désormais confrontés à de multiples enjeux et doivent repenser leur fonction.Ces derniers doivent désormais transformer l’organisation de l’entreprise suivant l’évolution de la société et repenser le recrutement de la nouvelle génération.

Vers une transformationde la fonction

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Aujourd’hui,les comités dedirections’approprientla stratégieRH, ce quitémoigne del’importancedes RH au plushaut niveau del’entreprise.

Pour être un bon D.R.H...

Il faut intégrer la dimension multiculturelle, se rapprocher des opérationnels et évoluer dans tous les postes de safonction pour en comprendre la diversité. Il est important pour lui d’occuper des fonctions généralistes et passer dansles fonctions techniques au siège comme la gestion des talents. Il s’agit de constituer son réseau et surtout cernerles tendances qui s’amorcent dans l’économie, celles qui auront inévitablement un impact sur sa fonction. Enfin, ildoit avoir l'œil sur celui qui a l’étoffe d’un dirigeant pour s’en rapprocher et si possible travailler avec lui. Sous cesconditions, il saura évoluer rapidement et efficacement.

Q/R

Les ÉCO : Qu’est ce qui permetd’affirmer que les DRH sont deplus en plus associés à la DG?Abdelmajid Tronji : Deux pointssont à mettre en avant: d’une part,la formation d’origine du DRH achangé. Nous constatons qu’ilssont de plus en plus issus d’écolesde commerce ou d’ingénieurs, etqu'ils sont de moins en moins deformations juridique, de psycholo-gie ou de sociologie, commec’était le cas auparavant. Le profildes RH est plus global, ce qui jus-tifie qu’ils sont recrutés au sein del’entreprise même où ils exerçaientune fonction plus généraliste.D’autre part, les DRH sont souventmembres du COMEX, du CODIRet de plus en plus impliqués dansles décisions de la direction.

Quels sont les sujets sur les-quels ils sont le plus consultés ?Les DRH sont de plus en plus solli-cités sur l’organisation, la gouver-nance, les opportunités de crois-sance, la gestion des risques RH etd’autres missions stratégiques. Deplus, ils pilotent souvent des mis-sions de communication interneafin d’harmoniser le discours del’entreprise. Ils n’en oublient pasleurs missions premières, en l’oc-currence la gestion des relationssociales et le développement descompétences.

Quelles sont les perspectivesd’avenir, et comment s’ypréparer ?La fonction RH s’impose désormaiscomme stratégique. L’émergencedes nouvelles technologies et la di-gitalisation conduisent le DRH à ac-compagner le changement dansl’entreprise. Le DRH suit parallèle-ment la stratégie de l’entreprise,mène une politique de veille activepour anticiper son évolution. ●

Abdelmajid TronjiDirecteur général de Thema RH

DRH

Les DRH sontconfrontésà de multiples enjeuxet doivent repenserleur fonction.