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FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT SÉLESTAT AU FIL DE SES QUARTIERS

FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT

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Page 1: FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT

FOCUSle quartier de la filatureSÉLESTAT

SÉLESTAT AU FIL DE SES QUARTIERS

Page 2: FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT

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SOMMAIRE

3 L’ÉmERgEnCE DU QUARTIER La Filature, à l’origine du quartier Délimitation

4 pLAn DE SITUATIOn 6 LA CITÉ OUvRIèRE 8 LES COmmERCES 10 L’URbAnISATIOn DU QUARTIER 13 LA DÉnOmInATIOn DES RUES

14 L’ACTIvITÉ DE LA FILATURE Les différentes étapes de la filature du coton

16 L’ÉvOLUTIOn DE LA pRODUCTIOn 18 DE LA FILATURE à LA FRIChE InDUSTRIELLE Le centre CEDRIC

20 LE QUARTIER AUjOURD’hUI Démographie Vie sociale et associative Les logements Domial Le Fil’appart Les écoles Et après ?

23 LE SAvIEz-vOUS ?

LA FILATURE, À L’ORIGINE DU QUARTIERDès l’ouverture de ses portes, le site est bordé par une série de maisons ouvrières qui accueillent les employés et leur famille. Au départ isolée du centre historique de Sélestat par des champs, la cité de la Filature se développe tout au long du 20e s.

Le nombre d’aménagements et de bâtiments neufs augmente peu à peu aux abords de l’usine favorisant la création d’une vie de quartier autour de la Filature, si bien que le terrain occupé par l’usine et les logements de fonction des ouvriers s’étend de sept à onze hectares en cinquante ans.

DéLImITATIONLe quartier de la Filature est situé à l’entrée nord de la ville. Il est délimité historiquement par la route de Strasbourg à l’est, le Giessen au nord, la voie ferrée à l’ouest et la rue du Champ de Mars au sud. Il s’agit d’un quartier industriel dont les premiers bâtiments datent du début du 20e s.

Actuellement, il est principalement composé de la friche industrielle de la Filature, de maisons ouvrières, d’immeubles HLM et d’habitations individuelles. Aux logements et aux bâtiments de l’usine s’ajoutent quelques rares commerces (magasin de motos, garage, boucherie, épicerie...). On note également la présence d’une école élémentaire.

L’ÉMERGENCEDU QUARTIEREn 1907, Paul Cuny achète le terrain de manœuvre de la 8e garnison allemande à Sélestat pour la somme de 21 600 marks et y construit une filature de coton. C’est la naissance de la Feinspinnerei Schlettstadt, quatrième filature de la Société Anonyme « Paul Cuny, molard et Cie » dont Paul Cuny est le principal actionnaire.

Carte d’état-major de 1866© Géoportail

paul Cuny (1872-1925), industriel vosgien Paul Cuny est né en 1872 à Gérardmer dans les Vosges. Aîné d’une fratrie de quatre enfants, il fonde sa première filature en 1896 à Thaon-les-Vosges. Il s’associe avec le frère de son épouse ainsi qu’avec Adrien Molard, le mari de sa sœur pour ouvrir une deuxième filature à Roville-devant-Bayon en 1901, puis une troisième dans la Vologne en 1906. La filature de Sélestat est la quatrième de la société. La dernière ouvre ses portes à Dedovo en Russie en 1912.

Il mène également une carrière politique au cours de laquelle il est élu député de la 1ère circonscription d’Épinal en 1910. Il meurt prématurément en 1925 à Paris. 3

En couverture : Les maisons ouvrières du boulevard Paul Cuny© Ville de Sélestat Portrait de Paul Cuny, 1910

Collection Marie Favre

Page 3: FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT

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Plan de situation du quartier© Ville de Sélestat

Délimitation des deux parties quicomposent le quartier de la Filature

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Depuis les années 1970, l’urbanisation s’est développée entre la rue du Champ de Mars et la rue du Sand. Ce secteur est tantôt associé au quartier de la Filature, tantôt au quartier du Sand.

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Vue satellite actuelle© Géoportail

Page 4: FOCUS le quartier de la filature SÉLESTAT

6 7

la citéouvrièreLa Filature a employé des familles entières sur plusieurs générations. Afin d’accueillir ces nombreux salariés, des maisons bifamilles (voir photo de couverture) sont construites le long du boulevard Paul Cuny au début du 20e siècle. C’est la naissance de la cité ouvrière.

pas dans le quartier. Il est appelé le Cité Buckel, ce qui signifie « la bosse de la cité » en alsacien.

Les conditions de vie dans la cité étaient rudimentaires. Les maisons ne sont raccordées au tout-à-l’égout qu’en 1959, ce qui a entraîné de nombreux désagréments. On trouvait également plusieurs décharges improvisées dans le quartier où des trous béants étaient utilisés pour déverser les encombrants.

Avant les années 1970, certaines bâtisses accueillaient parfois jusqu’à six familles sous le même toit. La proximité et la nécessité ont fait naître des liens très forts entre voisins. La solidarité et l’entraide ont ainsi fait partie du quotidien des habitants du boulevard Paul Cuny. Création d’un club de tricot, fanfare de la

En plus des habitations, la cité comprend des commerces d’alimentation et un lavoir. Ce dernier, construit en même temps que l’usine, était situé à l’emplacement de l’actuelle école élémentaire Jean Monnet. Il était alimenté en eau chaude provenant de la Filature par souterrain afin de permettre son utilisation par les familles des ouvriers. Il est rasé au début des années 1970 pour laisser place à l’école élémentaire.

À l’est de l’usine, la maison du directeur de la Filature s’érige au centre d’un parc arboré. À partir de la fin des années 1950 et ce jusqu’aux années 1970, un chemin traverse ce parc pour permettre aux bus venant de la route de Strasbourg d’amener les ouvriers qui ne résident

À gauche :Les habitants du quartierse retrouvaient le soir devant leur maison dans les années 1950Collection Francis Muller

Témoignage Michel Sablier, habitant du quartier et ancien ouvrier de la Filature

« Avant la voie ferrée tournait : une partie rentrait dans la Filature et l’autre continuait. La rue de la Filature a commencé à exister quand ils ont posé les HLm. Pour nous, la Filature, le boulevard Cuny et la rue du Champ de mars, si vous voulez, c’est ça le quartier de la Filature. Au sud de la rue du Champ de mars il n’existait rien : des champs et des jardins qui étaient inondés par le Giessen en période de crue. Tout ce quartier n’existait pas... C’était vraiment vert. maintenant, ce quartier est un peu rattaché à la Filature mais ce n’est pas directement le quartier de la Filature. »

montage d’une structurepour la Cité Kilbe© Droits réservés

cité ou encore discussions vespérales devant les maisons illustraient parfaitement ce lien social.

Les habitants multipliaient les occasions de passer du temps les uns avec les autres, comme lors des « Cité Kilbe » organisées par le club de foot FC Cité. Les Kilbe sont des fêtes de village qui ont lieu au printemps ou en été. La plupart du temps y étaient donnés un banquet et un bal.

Cependant, leurs rapports avec les autres Sélestadiens ne sont pas toujours aussi fraternels. Longtemps, les enfants du quartier de la Filature se sont chamaillés avec les enfants des quartiers du Ladhof, du Centre et, plus tard, du Heyden. Ils se provoquaient souvent dans une atmosphère proche de la « guerre des boutons ».

Ci-contre :Les tricoteuses de la Cité,boulevard Paul Cuny dans les années 1950Collection Francis Muller

Témoignage Robert Kuentz, ancien habitant du quartier et actuel Président des Restos du Cœur

« Toute la famille travaillait à la Filature, il y avait ma grand-mère, ma mère, mon père... Les maisons étaient pour les gens de la Filature, les employés et les ouvriers. Il n’y avait que les gens de la Filature qui pouvaient habiter là. À l’époque, il n’y avait pas de télé. Les gens étaient dehors sur les bancs, ils se parlaient. Il y avait parfois 6 familles dans une maison. Et quand il y avait quoi que ce soit comme problème, les gens venaient. Une chose qui était extra, c’était le di-manche après-midi. Des fois, par beau temps, les gens étaient dehors et il y avait un gars qui pre-nait sa trompette et qui commençait à sortir quelques notes. Il y en avait un autre avec un saxo qui lui répondait, et, en fin de compte, il y avait une musique qui était balayée sur tout le quar-tier par 3-4 bonhommes. Je me souviens, il y avait une épicerie rue du Champ de mars. Quand on y allait pour chercher le lait ou n’importe quoi, nous les gosses, on ne payait pas. C’étaient les parents qui payaient en fin de semaine ou en fin de mois. C’était un autre style de vie. »6 7

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Avant les grandes campagnes de construction, plusieurs magasins d’alimentation sont fréquentés par les habitants de la cité et de la route de Strasbourg. On trouve une épicerie nommée la coopérative de la cité à côté du lavoir, à l’emplacement de l’actuelle école élémentaire Jean Monnet.

Une autre, plus petite, prend place rue du Champ de Mars jusque dans les années 1980 où elle est rasée pour laisser place à un lotissement de maisons individuelles. Enfin, route de Strasbourg, une troisième épicerie alimente les habitants des rues voisines. À l’angle de la rue du Champ de Mars, la boulangerie Philippe a aujourd’hui laissé place à une épicerie turque.

Après le rachat de la Filature en 1978, une partie des bâtiments de l’usine est louée à différents commerces. Ainsi se succèdent rue de la Filature un supermarché Intermarché, une station essence, une boucherie, un magasin de déstockage alimentaire, une menuiserie ou encore des garages automobiles et motos.

Sur la route de Strasbourg, à hauteur du quartier, les commerces s’installent progressivement dans la seconde moitié du 20e siècle. Le garage Ménétré, qui arrive route de Strasbourg en 1963, et le magasin d’accessoires auto-moto Sturny, qui remplace le garage Fischer en 1960, sont toujours ouverts aujourd’hui.

les commerces

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Vue aérienne de la Filature en 1961 sur laquelle on distingue : 1. Lavoir et coopérative, 2. Épicerie, 3. Boulangerie Philippe, 4. Magasin Sturny et 5. Garage Ménétré© Géoportail is Muller

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Si aujourd’hui les commerces semblent avoir déserté le quartier, ce n’est pas le cas avant la fin des années 1970 avec notamment la coopérative de la cité qui était le principal magasin d’alimentation ainsi qu’un lieu de vie important du quartier.

Les courses à la coopérative de la cité dans les années 1950Collection Francis Muller

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l’urbanisatioNdu quartier

Avant la construction de l’usine en 1907, la partie du quartier située au nord de la rue du Champ de Mars est un champ de manœuvre de l’armée. À l’exception de quelques rares habitations antérieures au 20e siècle, la partie au sud de la rue du Champ de Mars accueille principalement des terrains maraîchers, régulièrement inondés par les crues du Giessen.

Entre 1907 et 1910, la Filature est érigée de même que la cité ouvrière du boulevard Paul Cuny qui accueille les premiers employés de la Feinspinnerei Schlettstadt. C’est aussi durant cette décennie que la cité ouvrière de la rue Trébis voit le jour.

De 1910 à 1940, le quartier évolue lentement. Les constructions sortent de terre notamment dans les parties sud des actuelles rues de l’Œuvre et Sainte-Odile, dont les tracés existent avant 1910. À l’époque, ces deux voies s’apparentent davantage à des chemins de terre qu’aux rues que l’ont connaît aujourd’hui. En effet, l’alignement n’a pas encore eu lieu, les voies ne sont pas goudronnées et les habitations sont construites au milieu de champs et de jardins.

Entre 1950 et 1969, les nouvelles habitations sont rares. Elles se concentrent majoritairement à l’ouest de la Cité où plusieurs habitations individuelles et un immeuble collectif sont érigés. Ces constructions semblent correspondre à des terrains vendus aux employés par l’administration de la Filature.

Jusque dans les années 1950, où elle adopte son tracé actuel, la route de Strasbourg forme une série de virages avant de traverser le Giessen. Elle enjambe par ailleurs la ligne Sélestat-Sundhouse par le biais d’un pont en bois. Celui-ci reste à l’abandon pendant quelques années, après l’arrêt de l’utilisation de la voie ferrée, avant d’être détruit.

Dans les années 1970, le quartier connaît sa plus forte période d’urbanisation. À cette période, Sélestat fait face à une très forte demande en nouveaux logements. Après avoir prospecté dans différents quartiers, la Ville obtient des propriétaires maraîchers qu’ils vendent leurs parcelles. Les deux écoles du quartier, sept immeubles d’Habitation à Loyer Modéré (HLM) et une soixantaine de maisons individuelles sont construits en moins de dix ans. Cette importante vague d’urbanisation se poursuit pendant la décennie 1980. Les rues sont goudronnées et les trottoirs alignés. Depuis 1990, quelques lotissements continuent à voir le jour, occupant peu à peu les dernières parcelles disponibles.

Cette urbanisation récente explique certaine-ment pourquoi les habitants situés au sud de la rue du Champ de Mars ne s’identifient pas au quartier de la Filature. Ils n’ont pas connu l’âge d’or de l’entreprise et n’ont pas été touchés par son rayonnement. La majorité d’entre eux juge cette zone comme indépendante, bien que liée aux quartiers du Sand et de la Filature.

Témoignage Joseph Logel, adjoint à l’urbanisation sous le mandat du docteur Maurice Kubler

« Quand la Filature a arrêté son activité, ils ont décidé de vendre les terrains. Alors ils ont fait des tranches de maisons. Les propriétaires actuels ont tous acheté leur propriété comme ça. Ça date des années 1950-60. Quand on a été élu, en 1965, on était submergé de demandes de logements. On avait plus de 200 demandes ! On ne savait pas comment faire. Au début on discutait de où on pouvait aller, de où on pouvait construire. Alors nous avons décidé d’envoyer des circulaires à tous les propriétaires de terrains de la ville. La surprise, c’est que pour le lotissement du Sand, nous n’avons eu aucune opposition, alors que c’étaient tous des maraîchers. mais aucun propriétaire ici n’était contre. La moindre des choses qu’on puisse dire, c’est qu’ils étaient intéressés. Alors j’ai rendu visite à chacun et ça s’est fait au cas par cas. »

Plan du quartier par décennie de construction des bâtiments© Ville de Sélestat

Champ de manœuvre de l’armée à la fin du 19e siècle (voir plan ci-contre), ce quartier a opéré un changement radical avec la constuction de la Filature et des maisons ouvrières. Une seconde urbanisation importante a achevé sa transformation dans les années 1970.

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Plan du quartier, zone de manœuvre, 1821© Archives municipales

1900 - 1909

1910 - 1919

1920 - 1929

1930 - 1939

1940 - 1949

1950 - 1959

1960 - 1969

1970 - 1979

1980 - 1989

1990 - 1999

2000 - 2017

non renseigné

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Au nord de la rue du Champ de Mars, les rues portent des noms qui rappellent l’activité indus-trielle du quartier : • Le boulevard paul Cuny, en hommage au fon-dateur de la Filature.• La rue de la Filature, sur une partie de laquelle se trouvait le tracé de l’ancienne voie ferrée qui desservait l’usine en matières premières. Ce n’est que le 12 juin 1974, sur délibération du Conseil Municipal, que ce nom est attribué à l’ensemble de la voie. Les rails inutilisés sont, quant à eux, démontés en 1983.• La rue du Champ de mars tient son nom de l’activité militaire précédant la construction de l’usine. En effet, en 1803, l’emplacement actuel de la Filature sert de terrain de manœuvre à la 9e garnison de l’armée française, puis au 8e batail-lon allemand.

Au sud de la rue du Champ de Mars, l’urbani-sation est plus récente. Amorcée à la fin des années 1960, elle se développe réellement pen-dant la décennie 1970. Les rues, nommées par délibération du Conseil Municipal du 21 janvier 1969, évoquent la création de la Communauté Économique Européenne (CEE). Ainsi, les noms de grandes capitales européennes mais aussi de personnalités liées à l’Europe figurent sur les plaques : • L’avenue Robert Schuman porte le nom de l’un des pères fondateurs de l’Europe. Elle ac-cueille également l’école maternelle du même nom au début des années 1970. • La rue Louise Weiss fait référence à la femme politique engagée dans la construction européenne et le féminisme.

• Les rues de paris, bruxelles, La haye, bonn, Rome et Luxembourg trouvent leur dénomi-nation dans une volonté de la municipalité de valoriser les capitales de l’Europe des Six. Plus tard, les rues de Londres et d’Oslo viennent compléter ce lotissement dédié à l’Europe.

Il existe néanmoins des rues antérieures à l’ur-banisation du quartier :• La rue du Chanoine paul Adam• La rue de l’Œuvre, anciennement Bornerweg pendant la période allemande de 1871 à 1918, est nommée «  rue de la Cité  » en 1919. Dans les années 1920, elle prend temporairement le nom de « rue Emile Zola » mais l’hommage fait à l’écrivain anti-clérical provoque de nombreux débats. En 1931, le Conseil Municipal met fin aux querelles en nommant cette rue «  la rue de l’Œuvre  », en référence à l’ouvrage de Zola paru en 1886. Pendant longtemps, les habitants continuent à l’appeler Vieh Weg, le « chemin des animaux » en alsacien.• La rue Sainte-Odile où l’on trouve des bara-quements en bois qui font office d’habitations pour des familles modestes jusqu’à la construc-tion du lotissement neuf dans les années 1970.• La rue Trébis qui concentre des habitations industrielles des années 1910, construites par un entrepreneur sélestadien pour ses ouvriers.

Enfin, deux axes routiers servent de frontières sud et est au quartier :• Rue du Sand, appelée Sandweg  pendant la période allemande.• Route de Strasbourg, ou Strasburgerstrasse pendant la période allemande.

la dénominationdes rues

Une communion, boulevard Paul CunyCollection Jean-Pierre Schmitt

LE CHEmIN DE FERLa ligne Sélestat–Sundhouse, ou Riedbähnel, qui prenait place sur l’actuel tracé de la rue de la Filature, est inaugurée le 27 octobre 1909 et ouvre au public trois jours plus tard. Comme les matières premières de la Filature sont amenées par cette voie, on peut voir, à cette période, des wagons chargés de coton stationner sur toute la longueur de la ligne. Elle cesse son activité par arrêté préfectoral le 22 juin 1953. En 1983, les rails sont démontés et la rue prend l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui.La ligne de chemin de fer Mulhouse-Strasbourg, qui est toujours en activité, fait office de délimitation ouest au quartier de la Filature. Cette barrière matérielle est une véritable frontière entre les habitants du quartier Ouest et ceux du quartier de la Filature.

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Vue aérienne de la Filature en 1961En jaune, le tracé de la voie ferrée Sélestat - Sundhouse aujourd’hui disparue© Géoportail

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Le coton, arrivé par voie ferrée, est battu, cardé, étiré, peigné et enfin filé sur site. Ces opérations ont pour vocation de le raffiner et d’en tirer un fil fin qui peut, par la suite, être retordu et doublé pour obtenir un produit plus épais et plus résistant. À Sélestat, ces dernières étapes se déroulent à la retorderie Indéfil, située route de Colmar et dépendant de la Filature. Le fil est alors vendu à des entreprises alsaciennes, vosgiennes ou allemandes qui procèdent au tissage. Après la Libération, le champ des savoir-faire de la Filature de Sélestat s’ouvre aux fibres synthétiques (polyamides, polyesters, acrylique…) et s’adapte ainsi à la demande des consommateurs et à la concurrence mondiale.

LES DIFFéRENTES éTAPES DE LA FILATURE DU COTON

L’ARRIVAGELe fil de coton a longtemps été la seule produc-tion de la Feinspinnerei Schlettstadt. Importée d’Égypte, d’Amérique, des Indes, de Chine ou encore du Soudan, de Russie ou d’Angleterre, cette matière arrive à la Filature de Sélestat par voie ferrée. Dès lors, sa transformation débute et plusieurs étapes sont nécessaires pour trans-former le produit brut en produit fini.

LE bATTAGELe coton brut, compressé en bottes pour le transport, est déchiqueté pour retirer la pous-sière et les particules extérieures.

LE CARDAGELe coton est placé entre deux plaques, ou deux rouleaux, hérissés de crochets qui brossent la matière afin de nettoyer, démêler la fibre et orienter tous les brins dans un même sens. À la fin de cette étape, on obtient un cordon grossier.

LE PEIGNAGEOptionnelle, cette étape consiste à peigner littéralement le cordon pour retirer les fibres courtes et obtenir un fil de qualité supérieure. Il s’agit d’un nettoyage supplémentaire.

L’éTIRAGELe cordon plus ou moins grossier est affiné en passant entre des rouleaux.

LE DOUbLAGEIndissociable de l’étirage, cette étape permet de séparer et de répartir les fibres régulièrement pour obtenir un « ruban », c’est-à-dire un cordon plus fin.

LE bANC À bROCHESLe ruban obtenu passe sur le « banc à broches » où il est tordu sur lui-même pour devenir une « mèche ». Il est ensuite enroulé sur une bobine, appelée aussi broche, et stocké dans des cuves.

LE FILAGEÀ ce stade, le ruban fait encore quelques centimètres de diamètre. Il passe ensuite dans la filature où on continue de l’étirer. On obtient alors un fil fin qui est torsadé et enroulé sur des bobines en carton. Il peut ensuite être retordu, c’est-à-dire torsadé à nouveau avec d’autres fils de même facture, pour en augmenter la résistance et l’épaisseur.

L’ACTIVITÉ DE LA FILATUREL’activité de la Filature de Sélestat consiste, dès son ouverture, en la transformation du coton brut en fils de différentes factures.

L’arrivage Le battage

Eugène noack, dit Schéni (1908 - 1985), illustrateurEugène Noack, dit Schéni, est né à Colmar le 2 janvier 1908. ébéniste de for-mation, il fait de sa passion pour l’illustration son métier après la Seconde Guerre mondiale. Il acquiert une certaine notoriété en Alsace notamment grâce à ses illustrations de la Route des Vins. Il utilise diverses techniques allant du dessin à la peinture à huile. Ses illustrations représentent souvent des scènes de la vie quotidienne, industrielles ou villageoises avec des per-sonnages colorés et pleins de vie. En 1957, la Filature de Sélestat lui com-

mande un carnet de planches illustrant les différentes étapes de la confection du fil de coton à l’occasion des cinquante ans de la création de l’usine. En 1960, il entre au journal L’Alsace – Le Pays, où il finit sa carrière en 1976. Il meurt à Colmar le 29 septembre 1985.

LES DIFFéRENTES éTAPES DE LA FILATURE DU COTON© Eugène NoackCollection privée

Le cardage Le peignage L’étirage

Le doublage Le banc à broches Le filage 15

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Le phénomène de mondialisation et l’impor-tation de textiles de pays en développement impactent l’industrie alsacienne. C’est une nou-velle crise pour la Filature de Sélestat, qui voit son personnel réduit à 480 ouvriers en 1970. Les licenciements de masse continuent au cours de la décennie 1970. Malgré la mobilisation de la Chambre Patronale des Industries du Bas-Rhin, de la mairie de Sélestat et de la préfecture du Bas-Rhin, ce sont 68 employés, hommes et femmes, qui perdent leur emploi en 1971. La si-tuation se dégrade dans les années qui suivent, si bien qu’entre 1974 et 1975 le chiffre d’affaire de l’entreprise baisse de 31 %. La vente des logements qui composent la cité de la Filature ainsi que certains terrains constructibles permet aux machines de fonctionner encore quelques mois. Chaque famille peut donc se porter acquéreuse de sa portion d’habitation pour la somme d’environ 30  000 francs. Toutefois, cela ne suffit pas à éviter la fermeture de l’usine qui survient le 21 septembre 1978.

L’année de l’ouverture, 500 ouvriers font tourner 50 000 broches dans les locaux de la Filature. Au début de la Première Guerre mondiale, l’usine, alors en plein essor, connaît une crise importante en raison d’une pénurie de matières premières et d’une forte mobilisation des hommes valides. La fin du conflit permet la reprise de la production de fil sélestadien. Cependant, la Seconde Guerre mondiale perturbe à nouveau le rendement de la Filature dont le directeur, Henri Faller, est arrêté et interné au camp de Schirmeck en 1944. Ce sont les industries textiles allemandes qui réclament sa remise en liberté pour continuer à recevoir le fil sélestadien.

Après la Libération, les toitures détruites lors des affrontements sont réparées et l’usine reprend son activité. L’attribution d’indemnités au titre des « Dommages de Guerre » permet aux industries textiles alsaciennes de compenser la perte de leur matériel réquisitionné par les Allemands. Progressivement la productivité de la Filature augmente. Ainsi, malgré les affrontements de la première moitié du 20e siècle, l’usine connaît un développement exemplaire, élevant à 800 ouvriers et contremaîtres le nombre d’employés à la Filature dans les années 1960. Le fil produit est de qualité et sert, entre autres, à la confection de tissus d’ameublement luxueux.

L’ÉVOLUTIONDE LA PRODUCTION

La Tour Neuve Au premier plan, la posteconstruite au temps de l’annexion (1871-1918)© C. Dumoulin / ADAC

Le château d’eau En arrière plan, Kintzheim

et le château du Haut-Kœnigsbourg© C. Dumoulin / ADAC

TémoignageS Jean-Pierre Schmitt, ancien habitant et ouvrier de la Filature

«  J’ai travaillé à la Filature, comme toute ma famille pratiquement. mon grand-père a commencé quand ils ont ouvert je crois. Il habitait au Grubfeld et, tous les jours, il venait à pied à la Filature. Là, le produit était fabriqué sur le banc à broches et il allait ensuite à la filature : ça s’appelait le continu à filer. Il était étiré et en même temps torsadé puis enroulé sur une bobine en carton. Et enfin ça allait dans de grosses cuves. Il y a même une partie qu’on envoyait route de Colmar. Il y avait une deuxième usine qui s’appelait la Retorderie. Et là, ils prenaient le fil, ils en mettaient deux ensemble et ils les tordaient dans l’autre sens pour faire un fil plus costaud. Les clients de la Filature, c’était les usines de tissage, surtout en Alsace, à Sainte-marie-aux-mines et compagnie... On nous a même montré des tissus qui étaient fait avec les fils que l’on faisait. C’était carrément des tissus comme à Versailles, des fauteuils, des canapés...  »

Michel Sablier, habitant du quartier et ancien ouvrier de la Filature

« J’ai travaillé à la Filature. Je suis ajusteur outilleur donc je suis venu à l’atelier de la Filature en 1966, j’ai quitté en 1968 pour mon service militaire et je suis revenu fin 1969. À la Filature de Sélestat, on recevait le coton brut. Il était passé par différentes machines, il y avait les batteurs, la retorderie... tout ça. Jusqu’au continu à filer, où là vous aviez le fil final en bobine droite ou alors en gros rouleaux. mais par contre, à la Filature, il n’y avait pas de tissage.  »

Le début du 20e siècle est propice à la production de fils en Alsace. Une crise économique frappe l’Amérique du Nord et paralyse ses filatures. Les usines allemandes et anglaises sont surchargées, ouvrant ainsi une large porte aux industries alsaciennes et vosgiennes. Le nombre de métiers à tisser augmente de 30 % dans la région entre 1901 et 1905. Dans ces conditions de forte demande naît la Feinspinnerei Schlettstadt.

17Jean Kracher au continu à filer dans les années 1960Collection Famille Kracher

Le cardageCollection Famille Kracher

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entreprises (menuiserie, garage automobile…). Un supermarché Intermarché occupe un temps l’un des hangars qui donne sur la rue de la Filature. Il est remplacé par l’association Les Restos du Cœur en 2005.

Puis l’activité textile cesse définitivement et laisse les locaux qu’elle occupait à l’abandon. Plusieurs incendies, dont le plus spectaculaire survient le 11 novembre 2001, achèvent de réduire la Filature de Sélestat à l’état de ruines.

LE CENTRE CEDRICLe centre CEDRIC (Centre de Développement Régional Industriel et Commercial) accueille la biennale d’art contemporain Sélest’art, de 1984 à 1992.

Pendant cet intervalle, le local loué sert de centre culturel et est notamment le cadre d’au moins un concert en juin 1985. Il est ensuite déplacé route de Colmar.

Lors de la première fermeture de l’usine en 1978, 63 445 m² de bâtiments industriels se trouvent sans utilité. C’est l’ADIRA, l’agence de développement d’Alsace, qui est chargée de trouver un nouvel acquéreur.

Les propositions sont étudiées en fonction, entre autres critères, du nombre d’emplois qui pourront être proposés aux anciens employés de la Filature. Parmi les candidatures se trouve celle de Jacques Simon-Bigart. Propriétaire d’un magasin d’ameublement à Sélestat, ses projets comprennent une reprise partielle de l’activité de l’usine ainsi que la mise en location d’une partie des bâtiments. Il acquiert l’ensemble des infrastructures en 1978 et la Filature ouvre à nouveau ses portes le 2 octobre 1979. Une trentaine d’anciens employés retrouvent leur travail dans l’usine qui se spécialise dans le textile d’ameublement. Entretenue au fur et à mesure des dysfonctionnements des machines et des évolutions techniques, la Filature est toujours en bon état de marche. Une partie des locaux conserve donc son activité, avec un rendement néanmoins très inférieur à celui que l’usine a connu avant sa première fermeture.

Par ailleurs, seule subsiste la fin de la chaîne de fabrication. Le coton, déjà filé, arrive à Sélestat pour être retordu afin de produire des fils fantaisie davantage adaptés à l’ameublement. Les locaux non concernés par la reprise de l’affaire reçoivent diverses attributions. Un hangar est converti en dépôt de meubles de la société Simon-Bigart. Plusieurs bâtiments sont loués par de petites

DE LA FILATUREÀ LA FRICHE INDUSTRIELLE

Le centre CEDRIC a accueilli les premières éditions de Sélest’art© Ville de Sélestat

La filature aujourd’hui© Ville de Sélestat

La filature en 1978Collection Famille Kracher

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Gravure représentant la Filature En-tête d’une correspondance de Paul Cuny© Archives municipales

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Le club de foot FC Cité est fondé par les habitants de la cité ouvrière. Il n’existe plus aujourd’hui et a été remplacé par l’A.S. Portugais, dont le nom rappelle l’affluence des travailleurs portugais dans les années 1960. Le quartier accueille également Les Restos du Cœur, rue de la Filature depuis 2005. Ainsi, à une époque où le tissu social s’estompe, les résidents du quartier de la Filature restent très solidaires entre eux. Parallèlement, un certain climat de méfiance s’installe avec le reste de la ville, entraînant une forme de repli, souvent mal compris.

LES LOGEmENTS DOmIALLes logements Domial correspondent aux immeubles HLM rue de la Filature. Ils sont ouverts à la location dès 1977-78. La moyenne d’âge des nombreux résidents est assez basse, faisant du quartier un des plus jeunes de Sélestat. Ces habitations sont au départ occupées en grande partie par de jeunes couples. Le taux de rotation dans les logements Domial est relativement faible. Certains résidents occupent leur logement depuis la première mise en location en 1977. Il y a peu de nouveaux arrivants, malgré les rénovations de 2015.La mise à disposition d’un local par Domial au sein des immeubles permet à la référente de quartier de mener des actions auprès des habitants jusqu’à son départ en 2015. Récupéré par l’association Femmes Actives, il leur offre un lieu de partage et de rencontre.

DémOGRAPHIEEn 2013, 35  % des habitants des quartiers du Sand et de la Filature avaient moins de 24 ans, classant ce quartier au troisième rang des quartiers sélestadiens les plus jeunes. La partie du quartier au sud de la rue du Champ de Mars accueille également de nombreux retraités.

VIE SOCIALE ET ASSOCIATIVEEntre 2009 et 2015, un poste de référent de quartier est créé par la Ville de Sélestat pour améliorer les relations délicates qui existent entre le quartier de la Filature et le reste de la ville. Logée sur place, la référente a un rôle d’observation, de médiation et d’intervention auprès des habitants. Avant 2015, le service Jeunesse de la Ville de Sélestat mène de nombreuses animations sportives et culturelles au sein du quartier. Il organise également des actions liées à la parentalité (ateliers de soutien à la fonction parentale, ateliers d’échange parents-enfants, accueils-café pour les parents…). Ces actions sont aujourd’hui menées par l’Association Générale des Familles en lien avec d’autres acteurs du quartier, comme les écoles. Un dialogue social s’installe et permet la naissance d’associations comme Femmes Actives qui intervient auprès des habitants, organise des rencontres et fédère le quartier autour de projets, comme l’entretien du jardin partagé. Les actions de la référente de quartier sont ainsi perpétuées par les associations et les différents acteurs après son départ en 2015.

le quartieraujourd’hui

v

TémoignageS Malika Allaoui, référente du quartier de la Filature de 2009 à 2015

« J’ai commencé en 2009 le poste de référente du quartier de la Filature. Ce qui est impor-tant de rappeler pour le quartier de la Filature, c’est que les gens de l’extérieur quand ils en-tendent «quartier de la Filature», c’est toujours connoté de manière négative. On entend sou-vent que la Filature ce n’est pas très intéressant parce que c’est un peu mal famé, que c’est un quartier difficile, etc. mais non. Ça a été très riche pour moi en découvertes, en rencontres, en échanges. Il y a quand même un esprit de solidarité. C’est un petit village ! Le quartier Ouest n’a rien à voir avec la Filature, tout comme les deux n’ont rien à voir avec le centre ville. Ils ont chacun leur mentalité, leur fibre. Le Heyden c’est une ville dans la ville, la Filature moins parce qu’il n’y a pas ces services de proximité. mais ils ont aussi leur petite vie. En y habitant, j’avais un lien constant avec les habitants. Je voyais le monsieur qui promenait son chien, les Portugais d’à côté... C’est un mélange de culture qui ressort. Le lien est encore là, même en ayant quitté le quartier, et ça, c’est important. Si je dois retenir une chose de cette expérience, ce serait "agréablement surprise". »

Rue de l’Œuvre Ancienne maison d’un directeur de la Filature © Ville de Sélestat

Entre la rue de la Filature et le boulevard Paul Cuny© Ville de Sélestat

Rue de l’Œuvre © Ville de Sélestat

Rue de la Filature - Immeubles Domial© Ville de Sélestat

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Si les campagnes de construction sont moins nombreuses ces dernières années, la population du quartier de la Filature et de l’ensemble du quartier du Sand augmente de 17 % entre 1999 et 2009. Elle représente 15,32 % des habitants de la ville. Ce sont aussi les quartiers sélestadiens où la population de jeunes de 0 à 24 ans est la plus forte.

Hanane Zizine, association Femmes Actives

« Il y avait beaucoup de problèmes dans le temps. Quand je suis arrivée, le quartier avait une sacrée réputation ! Aujourd'hui, ce sont les habitants qui font qu'on aime habiter ce quartier. Ce sont les habitants le premier atout. Il y a quelque chose qui est beau ici, c'est la solidarité qu'ils ont. C'est ça qui fait que si il y a un souci ou un truc, ils vont descendre. Ils ne vont pas regarder si on est blanc, si on est jaune ou si on est vert. Ça, il n'y a pas. C'est un quartier arc-en-ciel on peut dire. »

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Depuis 2012, les « accueils café » à l’école Schu-man et à l’école Jean Monnet permettent aux enfants, aux parents et aux enseignants de par-tager un moment de convivialité en échangeant autour de différents thèmes de discussions ani-mées par les animateurs du service Jeunesse de la Communauté de Communes de Sélestat et du CCAS.

ET APRèS ? Les logements individuels se sont multipliés et ont investi l’espace qui isolait la Filature du cœur historique de la ville. Les enfants de Jacques Simon-Bigart, décédé en 2014, gèrent aujourd’hui la société. Ils projettent de remplacer les bâtiments de l’usine par un nouvel ensemble de logements écologiques. Ce projet est aujourd’hui en suspens puisqu’il dépend d’un Plan de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI) dont l’étude est en cours.

Ainsi, le quartier de la Filature est sur le point de changer à nouveau de visage, poursuivant une métamorphose perpétuelle, débutée au début du 20e siècle.

LE FIL’APPARTL’un des bâtiments Domial a accueilli le Fil’appart de mars 2014 à juin 2015. Sur une initiative du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), il reproduisait un appartement témoin tout en prodiguant des conseils en termes de consommation et d’économie d’énergie pour les visiteurs. Il était ouvert aux particuliers mais aussi aux scolaires et aux entreprises. Jusqu’à sa fermeture, il était entretenu par une habitante du quartier de la Filature.

LES éCOLESL’école élémentaire Jean Monnet fait partie intégrante du quartier de la Filature depuis l’ouverture de ses portes en 1979. L’école maternelle Robert Schuman y est intégrée plus tard. Dans les années 1990, en raison de l’arrivage d’un grand nombre de nouveaux foyers, l’école Schuman est trop petite pour accueillir tous les élèves de maternelle du quartier. Une classe est délocalisée dans l’école élémentaire Jean Monnet. En 2004, les locaux sont agrandis, permettant son rapatriement, ce qui élève au nombre de six les classes de l’école maternelle. Aujourd’hui, la tendance s’inverse. Le nombre d’élèves diminue d’année en année, provoquant la fermeture de deux classes. Les deux établissements parti-cipent à l’appropriation du quartier par ses ha-bitants grâce à des événements ponctuels. En 2010, l’équipe pédagogique de l’école Jean Monnet crée une fresque participative avec les élèves pour inciter au respect des lieux.

Vue sur l’immeuble Domial et l’ancienne filature désaffectée © Ville de Sélestat

Le Fil’appart© Ville de Sélestat

le saviez-vous ?

UNE HISTOIRE DE POIREAUxLe quartier de la Filature est en première ligne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le front se situe aux environs de la route de Strasbourg et les Alliés ont des chars stationnés non loin de la rue Sainte-Odile. Alors que l’un d’eux reçoit l’ordre d’attaquer et qu’il s’engage à travers l’un des terrains maraîchers, il est arrêté par la propriétaire. Il n’allait quand même pas rouler sur ses poireaux ! Le char se retrouve donc contraint de faire un détour et de passer par la parcelle voisine. On raconte que, de cette anecdote, est née une querelle entre les propriétaires des deux terrains qui a duré bien après la guerre et que les jours de récolte, on peut encore voir les traces du char dans la terre.

UN CHANTIER ExPLOSIFÀ la fin des années 1970, les travaux préparatifs à la construction des immeubles HLm de la rue de la Filature commencent. Le terrain est en friche, il y a des herbes folles, des arbustes et même une mare. Il faut nettoyer tout cela pour pouvoir commencer la construction. Un jour, en plus des ouvriers, les habitants étonnés voient intervenir des pompiers sur le chantier. Le déblaiement du terrain a mis à nu une réserve de munitions datant de la Seconde Guerre mon-diale ! mais ça, les enfants du quartier le savaient déjà puisque certains s’amusaient à mettre le feu aux poudres pour les faire exploser.

UNE DéCOUVERTE EN OREntre l’usine et la ligne de chemin de fer se trouve un petit étang. Dans les années 1950-1960, de nombreux habitants, dont le directeur de la Filature, y déversent leurs encombrants pour le combler. Cette décharge improvisée est le terrain de jeu des enfants du quartier. Un jour, un petit groupe d’entre eux découvre une poignée de pièces cachées dans une boîte à bonbons. En se disputant la propriété de cette trouvaille, ils font tomber la boîte et les pièces dans l’eau. Chacun essaie d’en récupérer tant bien que mal et emporte ses gains avec lui. Quelle n’est pas leur surprise lorsqu’ils découvrent en amenant leur butin à la banque que les précieuses pièces sont en fait des Louis d’or !

DU CHARbON DANS LES wAGONSÀ la fin des années 1950, la ligne de chemin de fer Sélestat-Sundhouse est utilisée non seule-ment pour l’acheminement des matières premières mais aussi pour le stationnement des wa-gons. La gare de Sélestat n’étant pas très grande, les wagons vides qui attendent un nouveau départ campent le long de la Filature. Les enfants du quartier en font leur terrain de jeu. Ils escaladent, sautent de wagon en wagon. De temps en temps, il arrive qu’au fond de certains, il reste quelques morceaux de charbon que les enfants récupèrent pour leurs parents. 23

Vue ancienne de la Filature © Droits réservés

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« Pour ceux qui y sont nés et y ont vécu, à mesure que les années passent, chaque quartier, chaque rue d’une ville, évoque un souvenir, une rencontre.» Extrait du discours de Patrick Modiano à la réception de son prix Nobel de littérature en 2014

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