12
F o n d a t i o n D i D é D i g n i t é e n D é t e n t i o n DiDé au Rwanda 2006-2017

Fondation DiDé - Santé mentale

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le soutien psychosocial et en santé mentale dans une approche de réinsertion et de prévention de la violence Le cas des détenus mineurs condamnés du centre de réhabilitation de Nyagatare (nord/est du Rwanda)

Citation preview

Page 1: Fondation DiDé - Santé mentale

©Didier Ruef

Fon

dation DiDé •

Di g

n i t é e n D é t e n t io

n •

DiDé au Rwanda2006-2017

Page 2: Fondation DiDé - Santé mentale

Le soutien psychosocial et en santé mentale dans une approche de réinsertion et de

prévention de la violenceLe cas des détenus mineurs condamnés du centre de

réhabilitation de Nyagatare (nord/est du Rwanda)

Page 3: Fondation DiDé - Santé mentale

DiDé 1

Sommaire

DiDé en brefMission | Principes | Modes d’action | Activités

L’expérience au Rwanda1/ Contexte pénitentiaire et juridique

National | international

2/ Population carcérale des mineursChiffres | Profil | Vulnérabilité

3/ Approche développéea/ environnement b/ accompagnement c/ soutien

4/ Activitésa/ Activités b/ Suivi c/ Lien familial

5/ DispositifEncadreurs | Rôle | Dispositif | Formation | Supervision

6/ Résultats et défis

7/ Le futur

Sommaire

2-3

4-8

4-5

5

4

5-6

7

8

8

Page 4: Fondation DiDé - Santé mentale

2 Santé mentale

DiDé en bref

La finalité de l’engagement de la Fondation DiDé (Dignité en Détention) est de contribuer à un environnement respectueux de la dignité des personnes privées de liberté.

« Les mineurs détenus doivent pouvoir exercer une activité intéressante et suivre des programmes qui maintiennent et renforcent leur santé et leur respect de soi. »*

DiDé en bref

MissionDiDé soutient dans les pays en développement l’éducation des mineurs et des femmes privés de liberté afin d’améliorer leurs conditions de vie et de favoriser leur réintégration.

Forces vives des sociétés en développement, les mineurs et les femmes en situation de détention sont pourtant trop souvent négligés et oubliés par tous. DiDé est convaincue qu’ils doivent bénéficier d’une deuxième chance. La finalité de son action est de contribuer à un environnement respectueux de la dignité des personnes privées de liberté.

L’objectif de ses interventions est de permettre aux mineurs et aux femmes :

d’accepter leur passé. de vivre et de se développer dans le présent.

de se projeter dans le futur.

Principes

Modes d’actionAvec l’accord et l’implication des autorités dé-tentrices comme pré-requis, DiDé développe son approche :

par des projets de soutien direct auprès des mineurs ou des femmes dans les pays en développement, gérés par le biais de partenariats avec des organisations locales et/ou internationales ou par ses propres structures

par une mobilisation d’autres acteurs, autorités, société civile, ONGs, etc. afin de couvrir de manière holistique les besoins spécifiques des mineurs et des femmes et de pérenniser son action.

Ses réponses sont pragmatiques, concrètes, de proximité et basées sur des besoins (« needs based »).

Son action s’inscrit dans la durée et tend à des ré-sultats pérennes.

� Humanité � Indépendance � Impartialité � Transparence

� Synergie � Proximité � Durabilité

*Règle 12 – Règles pour la protection des mineurs privés de liberté, Nations Unies 1990

Page 5: Fondation DiDé - Santé mentale

DiDé 3

Depuis 2006, environ 1’500 mineurs ont bénéficié d’un soutien psychosocial et en santé mentale grâce à deux projets mis en place par DiDé et les autorités pénitentiaires rwandaises.

Activités

� encourager l’apprentissage scolaire et professionnel

ݱ soutien à l’éducation non-formelle et formelle

� développer l’acquisition de compétences individuelles et sociales

ݱ théâtre-forum, groupes de paroleݱ art thérapieݱ expression corporelle

� accompagner les cas les plus vulnérablesݱ repérageݱ identification de la pathologie et du

traitementݱ prise en charge via des psychologues

cliniciensݱ référencement aux structures ou

autorités adéquates si nécessaire

� stimuler les liens de sociabilité et de solidarité

ݱ activités sportivesݱ ateliers de musique, de chants,

de danses

� retrouver et consolider le sentiment d’appartenance à une famille/une communauté

ݱ coordination pour le rétablissement des liens familiaux

ݱ soutien aux visites de familles

� assurer une meilleure prise en charge et un suivi à la libération

ݱ sensibilisation des famillesݱ mobilisation des intervenants intra et

extra-muros ݱ mise en réseau des intervenants ݱ assistance directe

� prévoir la pérennité de l’actionݱ formation et encadrement des

intervenants intra-muros (personnel pénitentiaire, partenaires locaux...)

ݱ mobilisation des autorités, de la société civile et des donateurs

� intervenir de manière directe en cas de crise et d’urgence

ݱ mise à disposition d’un soutien psychologique ad hoc à destination des mineurs, des femmes et du personnel pénitentiaire

Une complémentarité pour un accompagnement adéquat

Page 6: Fondation DiDé - Santé mentale

4 Santé mentale

1/ Contexte pénitentiaire et juridiqueUne évolution favorable se développe depuis 10 ans face à la protection des mineurs en général et face à une prise en charge adéquate des mineurs en conflit avec la loi plus spécifiquement.

La ratification ou l’adhésion aux instruments inter-nationaux et leur traduction au niveau des textes nationaux reflètent notamment ces avancées.

A titre d’exemple, le Préambule de la Constitution1 cite la Convention des droits de l’enfant comme fondement des droits de la personne humaine.

Toujours au niveau national Réforme du Code pénal (CP) et du Code de Procédures pénales (CPP) en 2012 :

Prise en compte de la spécificité du mineur dans le nouveau CP sur les clauses liées à la minorité et dans le CPP sous « Enfants en conflit avec la loi »

Ex : la peine réduite (peine maximum entre 10 à 15 ans) ; la détention provisoire n’est autorisée que si les faits sont punissables d’une peine de plus de 5 ans ; la durée de la détention provisoire est limitée à 15 jours.

Loi relative aux droits et à la protection de l’enfant de 2011

Depuis 2011, développement d’une politique pénitentiaire visant une approche de réhabilitation du condamné plutôt que punitive

Au niveau international Ratification de la Convention des droits de l’enfant (1991)

Ratification en 2001 de la Charte africaine des droits et du bien être de l’enfant (1990)

Adhésion en 2008 à la Convention contre la torture

1 Alinéa 9

2/ Population carcérale des mineursDe 14 (âge minimum de la responsabilité pénale) à 18 ans.

Quelques chiffresDébut 2015, les mineurs représentent 0.4% de la population totale2; soit environ 227 sur une popu-lation de 53’665.

Fin 2014 plus de 160 mineurs condamnés sont ac-cueillis à Nyagatare dans le 1er centre de réhabilita-tion pour mineurs du pays. (158 garçons et 4 filles).

ProfilUne grande majorité des mineurs garçons sont dé-tenus pour viol.

Une violence souvent présente depuis l’enfance dans l’environnement de ces adolescents, peu/pas de repères, l’absence de certaines compétences individuelles et sociales.

VulnérabilitéLeur enfance + le parcours judiciaire + la vie carcérale sont autant de facteurs de déstabilisation psychologique.

Enfance : des traumatismes liés au génocide ; les conséquences de la rupture du lien familial, du lien social ou communautaire et les conséquences de conflits fréquents intra et interfamiliaux ; la pauvre-té ; l’exode rural, etc.

2 Source : RCS (Rwanda Correctional Service)

93,12 % Hommes 6,48 % Femmes 0,4 % Enfants

L’expérience au Rwanda 2006-17

Page 7: Fondation DiDé - Santé mentale

DiDé 5

Parcours judiciaire : des conditions brutales d’ar-restation ; des conditions de détention préven-tive difficiles ; un parcours judiciaire pas ou mal compris et sans toujours la protection prévue pour-tant dans les lois.

Centre de réhabilitation : un sentiment d’aban-don, d’isolement, d’injustice ; la peur ; la colère, etc.

Illustration- Faustin voit son frère se noyer alors qu’ils étaient

ensemble. Il annonce la nouvelle à son père. Ce dernier lui répond : « pourquoi ce n’est pas toi qui est mort ? Ton frère était plus utile et obéissant. Je te maudis ! » Faustin a quitté la maison.

- Ananias a été mal traité jusqu’à perdre connais-sance. Episodiquement, il replonge dans des re-viviscences de cet événement traumatique. Ana-nias qui signifie « Où trouver refuge ? » est né en prison. C’est là qu’on lui a donné son nom.

- « Je me sens très mal car mes parents m’ont abandonné. Depuis un an et demi que je suis dans cette prison, ma famille ne m’a jamais rendu visite. Je pense que les miens ne m’aiment plus … »

3/ Approche développéea/ Un environnement physique protecteur et sécurisé : un centre de réhabilitation réservé aux mineurs condamnés.

b/ Un accompagnement vers la réinsertion via des programmes scolaires et de formation professionnelle.

Ces deux domaines ont été repris par l’administra-tion pénitentiaire début 2014.

c/ Le soutien psychosocial et en santé mentaleApproche issue des constats de terrain

par rapport aux profils et aux comportements observés par rapport aux résultats constatés dans les programmes scolaires et de formation professionnelle par rapport aux caractéristiques de l’environnement (centre fermé)

Objectifs Permettre de re/trouver un équilibre minimum pour faciliter l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances. Développer des compétences individuelles et sociales augmentant les chances d’une réintégration réussie. Faire du temps passé en détention une période d’apprentissage.

4/ Activitésa/ Activités de groupes

groupes de parole théâtre forum sports chants, danses et musiques traditionnelles atelier VIH/Sida

Méthodologie des activités préparation minutieuse et systématique régularité et règles précises accompagnement des encadreurs et des mineurs (avant – pendant - après) adaptation des thèmes développés pendant les activités en fonction des besoins exprimés et/ou observés

Les adolescents sont dans une situation d’extrême vulnérabilité et de fragilité psy-chologique. Ils sont sujets à des compor-tements à risque, des états dépressifs, de l’anxiété, de l’irritabilité, de l’agressivité, des tendances à l’isolement, etc.

2 axes du programme

1. Le soutien direct aux mineurs• des activités de groupes• des suivis individuels• le rétablissement et maintien du lien

2. La formation des encadreurs et de l’administration pénitentiaire

Page 8: Fondation DiDé - Santé mentale

6 Santé mentale

b/ Suivi des cas en individuel de mineurs en grande détresse et des adolescents entrants et sortants.Méthodologie- repérage par encadreurs et/ou mineurs- transmission du cas au/x psychologue/s

clinicien/s pour mise en place du suivi - référencement à une structure externe si

nécessaire

Séances de 40’ à 50’ par des psychologues cliniciens.

Environ 10% de l’effectif a besoin d’un suivi plus personnalisé.

Périodes sensibles : entrée, sortie du centre et pé-riode de la commémoration du génocide.

Schéma des activités

c/ Rétablissement/maintien du lien familialTaux de visites demeure bas malgré les encourage-ments mis en place.Seul 1/3 environ des mineurs reçoivent de la visite de leur famille ou proches.

Les familles souvent ne peuvent/ne veulent pas re/tisser des liens.

La situation des orphelins demeure problématique.

Les activités :- soutien financier mensuel aux familles pour le

voyage- coopération avec le CICR pour échange de Mes-

sages Croix-Rouge- appels téléphoniques à certains parents

Vers une réinsertion réussie

Activités de groupe

Rétablissement du lien

Intra-muros > < Extra-muros

Suivi individuel

Théâtre forum

Groupes de parole

Sport

Danses chants

Ateliers

Page 9: Fondation DiDé - Santé mentale

DiDé 7

5/ DispositifLe choix des encadreurs

Hommes et femmes adultes détenus Condamnés à de longues peines afin d’éviter un trop grand roulement et de pouvoir consolider le programme. Volontaires Choisis de concert avec l’administration pénitentiaire Démontrant des compétences techniques et professionnelles mais aussi relationnelles

Le choix s’est porté en grande majorité sur les adultes accusés de génocide ! Un pari réussi et des conséquences positives non prévues initialement.

Leur rôle

L’encadrement des activités scolaires et des for-mations professionnelles + le soutien psychosocial + jouer le rôle de référents pour les mineurs.

Le dispositif

Leur formation

Le curriculum est composé d’une formation de base et de modules en fonction des besoins expri-més et ressentis dans le cadre de leur rôle d’enca-drement.

Les activités alimentent la formation ; la formation améliore les effets de l’activité.

Contenu : conjugaison du savoir être, du savoir et du savoir-faire.

Les thèmes abordés en formation de base : capacités utiles dans la relation d’aide développement de l’enfant et de l’adolescent traumatisme et résilience encadrement des groupes thérapeutiques gestion et résolution des conflits

Leur supervision

Elle est effectuée graduellement par le psychologue de l’autorité pénitentiaire supervisé par 2 psycholo-gues cliniciens de DiDé.

encadrement, référant suivi individuelformation, supervision

162 mineurs (158 garçons et 4 filles)

25 encadreurs(24 hommes et 1 femme)

1 psychologue(admin. pénitentiaire)

2 psychologues DiDé

Page 10: Fondation DiDé - Santé mentale

8 Santé mentale

6/ Résultats et défisRésultats

Pour les adolescents Avoir accepté son passé. Vivre et se développer dans le présent :

ݱ meilleurs résultats scolaires et professionnels.

ݱ tensions en nette diminution entre eux et actes défendus en baisse (vols, bagarres)

ݱ acquisition de nouveaux comportements : solidarité, écoute, résolution de conflits non violente, respect

ݱ acquisition d’une confiance en eux et envers les autres ; prise de parole en public

ݱ se projeter dans le futur.ݱ oser imaginer la sortie en sachant qu’elle

ne sera pas facile

Pour les encadreurs Se préparer à leur propre réinsertion. Retrouver une estime de soi. Retrouver un rôle.

Pour le personnel pénitentiaire Développer une compréhension de certains comportements aidant à leur vie professionnelle comme personnelle.

Pour les familles/communauté Gagner une autre perception sur son fils/fille et sur les personnes détenues en général (lutte contre la stigmatisation).

Pour la Fondation Développer une approche innovante. Pour son personnel local Développer une perception différente sur les détenus.

Défis passés et actuels

La pérennisation et la durabilité de certains aspects (indemnités, frais de transport, de visites) Le « turn over » des encadreurs (qualité de l’encadrement) et des mineurs (limitation des effets) La flexibilité et l’adaptation (formation, contexte, etc) L’articulation intra/extra muros dans une perspective de réinsertion La place de la fondation (face aux mineurs, autorités) dans un milieu carcéral La nécessité d’ancrer une telle approche dans le temps L’adaptation du modèle bien particulier rwandais dans d’autres contextes L’adaptation de l’approche pour les mineurs à une approche pour les femmes L’évaluation de l’impact

7/ Le futur Travailler sur les défis de la pérennisation et du lien intra/extra muros. transfert de compétences au personnel pénitentiaire (niveau local et national) mise à disposition de l’approche via des outils et des formations meilleure prise en charge à la sortie grâce à la mise en réseau de différents acteurs

Développer une approche pour les femmes en situation de détention. Intégrer l’approche dans un cadre plus large de la prévention de la violence auprès des mineurs au Burundi en partenariat avec la Fondation Terres des hommes.

Page 11: Fondation DiDé - Santé mentale
Page 12: Fondation DiDé - Santé mentale

RédactionSandra Dessimoz

GraphismeNathalie Mastail-Hirosawa

PhotosDidier Ruef

© 2015 Fondation DiDéTous droits réservés.

En Suisse34 rue de St-Jean, 1203 Geneva+41 22 800 39 [email protected]

Au RwandaFondation DiDé RwandaKN 1-Rd Immeuble n° 54 · MuhimaBP [email protected]

Contact

Faire un donCCP : 12-15795-7Compte bancaire UBSN° 240-203408.00WClearing 240IBAN : CH49 0024 0240 2034 0800W