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À LIRE, VOIR, ÉCOUTER Med Pal 2006; 5: 52-55 © Masson, Paris, 2006, Tous droits réservés 55 www.masson.fr/revues/mp Essentiellement adressé aux psycholo- gues, psychiatres et aux historiens, il peut aussi intéresser les étudiants comme celles ou ceux que la pratique de l’hypnose concerne de près ou de loin. On pourra, au fil des pages, prendre conscience des possibles dérives « théoriques », « mysti- ques » ou autres que la fascination ou le simple intérêt pour l’hypnose peuvent gé- nérer. En effet, si l’hypnose peut être une réalité, elle peut être aussi une sorte de magie et peut amener certains, manquant de véritable discernement, à la pratique magique, à l’illusion du pouvoir tout maî- triser même l’irrationnel. L’aspect ration- nel de l’hypnose y est décrit avec sérieux. On y trouve aussi bien les rendus possi- bles que les limites de cette méthode. Le moine et la psychanalyste M. Balmary Albin Michel, 2005. ISBN 2-226-15995-9 (16 , 203 p.) Il s’agit de la rencontre entre un moine et une psychanalyste agnostique issue d’une famille de tradition juive. Ils s’interrogent sur ce qui guérit et sur ce qui sauve. Les échanges sont parfois vifs, mais toujours emprunts d’un respect mutuel. Il ne s’agit pas d’une contribution essen- tielle au plan de la psychologie ou de la psychanalyse, loin de là. Un exemple de l’intérêt à travailler, à réfléchir à partir de nos expériences et de nos racines, aussi différentes soient-elles, ce serait la meilleure façon de tenter de définir ce que l’on peut trouver à cette lecture. Fondations subjectives de la pensée Sous la direction de C. Savinaud L’Harmattan, 2005. ISBN 2-7475-7682-5 (30 , 359 p.) Voici un livre rare. Rare non parce qu’il est difficile à trouver mais par sa richesse, l’intérêt qu’il suscite chez le lecteur qui veut s’attarder sur la notion du penser. Cet ouvrage collectif a été rédigé par le groupe d’étude « des processus normaux et pathologiques dans les champs subli- matoires » du centre de recherche de l’Ins- titut de psychologie et de sociologie appliquées de l’Université d’Angers. La problématique de la pensée est abordée dans sa composante philosophique et phénoménologique, en tant que processus psychique conscient ou inconscient et comme procédé organisationnel neuro- physiologique et de traitement de l’infor- mation. A priori un peu complexe, le sujet traité par ce groupe d’universitaire s’avère, en réalité, tout à fait accessible pour le lecteur, même s’il n’est pas spécia- liste en ces domaines. Le thème est traité en trois parties. La pre- mière est consacrée à la question : « Faut- il un sujet pour penser ? », avec trois ap- proches qui sont : deux voix des pays de l’impensé, Feud et Heidegger ; modèles de pensée, de la psychanalyse à la biologie ; de la pensée au délire, articulation entre signifiant et jouissance. La seconde partie se consacre à la ques- tion du « quand le corps pense ». Cette partie est divisée en trois chapitres, 1) la pensée contre le corps, étude de l’anorexie d’une adolescente, 2) pensées d’un méde- cin en quête de causalité, 3) penser l’esprit à travers la matière, une problématique particulière : le diabète. La troisième partie aborde le thème du « je pense est un autre ». Se succèdent quatre approches qui concernent 1) aux frontiè- res du réel : un mode de pensée particulier dans la psychose, 2) le penseur : génie ou créateur ?, 3) préfiguration de la mort im- pensable ? Une lecture de la nuit mysti- que chez Jean de la Croix, 4) Pensées croisées sur la clinique : du particulier au singulier. Le dernier chapitre est consacré à un in- dex des occurrences « pensée, penser » et de quelques signifiants compagnons dans l’œuvre de Jacques Lacan de 1926 à 1966. Un excellent livre qui témoigne de la ri- chesse de la pluridisciplinarité comme moyen d’approfondir une réflexion thé- matique.

Fondations subjectives de la pensée

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Page 1: Fondations subjectives de la pensée

À LIRE, VOIR, ÉCOUTER

Med Pal 2006; 5: 52-55

© Masson, Paris, 2006, Tous droits réservés

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www.masson.fr/revues/mp

Essentiellement adressé aux psycholo-gues, psychiatres et aux historiens, il peut aussi intéresser les étudiants comme celles ou ceux que la pratique de l’hypnose concerne de près ou de loin. On pourra, au fil des pages, prendre conscience des possibles dérives « théoriques », « mysti-ques » ou autres que la fascination ou le simple intérêt pour l’hypnose peuvent gé-nérer. En effet, si l’hypnose peut être une réalité, elle peut être aussi une sorte de magie et peut amener certains, manquant de véritable discernement, à la pratique magique, à l’illusion du pouvoir tout maî-triser même l’irrationnel. L’aspect ration-nel de l’hypnose y est décrit avec sérieux. On y trouve aussi bien les rendus possi-bles que les limites de cette méthode.

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e moine et la psychanalyste

M. Balmary

Albin Michel, 2005.

ISBN 2-226-15995-9 (16

, 203 p.)

Il s’agit de la rencontre entre un moine et une psychanalyste agnostique issue d’une famille de tradition juive. Ils s’interrogent sur ce qui guérit et sur ce qui sauve. Les échanges sont parfois vifs, mais toujours emprunts d’un respect mutuel.Il ne s’agit pas d’une contribution essen-tielle au plan de la psychologie ou de la psychanalyse, loin de là. Un exemple de l’intérêt à travailler, à réfléchir à partir de

nos expériences et de nos racines, aussi différentes soient-elles, ce serait la meilleure façon de tenter de définir ce que l’on peut trouver à cette lecture.

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ondations subjectives de la pensée

Sous la direction de C. Savinaud

L’Harmattan, 2005.

ISBN 2-7475-7682-5 (30

, 359 p.)

Voici un livre rare. Rare non parce qu’il est difficile à trouver mais par sa richesse, l’intérêt qu’il suscite chez le lecteur qui veut s’attarder sur la notion du penser.Cet ouvrage collectif a été rédigé par le groupe d’étude « des processus normaux et pathologiques dans les champs subli-matoires » du centre de recherche de l’Ins-titut de psychologie et de sociologie appliquées de l’Université d’Angers.La problématique de la pensée est abordée dans sa composante philosophique et phénoménologique, en tant que processus psychique conscient ou inconscient et comme procédé organisationnel neuro-physiologique et de traitement de l’infor-mation. A priori un peu complexe, le sujet traité par ce groupe d’universitaire s’avère, en réalité, tout à fait accessible pour le lecteur, même s’il n’est pas spécia-liste en ces domaines.Le thème est traité en trois parties. La pre-mière est consacrée à la question : « Faut-

il un sujet pour penser ? », avec trois ap-proches qui sont : deux voix des pays de l’impensé, Feud et Heidegger ; modèles de pensée, de la psychanalyse à la biologie ; de la pensée au délire, articulation entre signifiant et jouissance.

La seconde partie se consacre à la ques-tion du « quand le corps pense ». Cette partie est divisée en trois chapitres, 1) la pensée contre le corps, étude de l’anorexie d’une adolescente, 2) pensées d’un méde-cin en quête de causalité, 3) penser l’esprit à travers la matière, une problématique particulière : le diabète.

La troisième partie aborde le thème du « je pense est un autre ». Se succèdent quatre approches qui concernent 1) aux frontiè-res du réel : un mode de pensée particulier dans la psychose, 2) le penseur : génie ou créateur ?, 3) préfiguration de la mort im-pensable ? Une lecture de la nuit mysti-que chez Jean de la Croix, 4) Pensées croisées sur la clinique : du particulier au singulier.

Le dernier chapitre est consacré à un in-dex des occurrences « pensée, penser » et de quelques signifiants compagnons dans l’œuvre de Jacques Lacan de 1926 à 1966.

Un excellent livre qui témoigne de la ri-chesse de la pluridisciplinarité comme moyen d’approfondir une réflexion thé-matique.