8/9/2019 foucault_mobilisation-culturelle

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U nemobilisationculturelle

Ils taient deux cents environ deux cents innovateurs, ambitieux ou modestes,remplis d'espoir ou dj pleins d'amertume et, pendant deux jours, ils ontracont leurs expriences, chang leurs critiques, analys leurs checs, enessayant de retrouver ce qui les unissait et ce qui les sparait. De ces discus-sions passionnantes, il aurait fallu tout retenir et ce sera fait, en effet, dansun numro spcial du Nouvel Observateur et de Faire . Dans l'immdiat,pour rendre compte, mme imparfaitement et partiellement, nous avons rassemblquelques tmoignages, rcits, interviews ou comptes rendus provenant de sixdes huit ateliers. Un des participants, Michel Foucault, explique ici, en guised'introduction, ce que fut pour lui cette exprience unique et ce qu'il en conclut.

Mchel Foucault

Qu'est-ce qui vous a pouss vous inscriredans l'atelier mdec ine de quartier ? Lacuriosit ? L'intrt ?M I C H E L F O U C A U L T .-'cris et je travaillepour les gens qui sont l, ces gens nouveauxqui posent des questions nouvelles. Aujour-d'hui, les rgions actives de l'intellect nesont plus la littrature ou la spculation. Unnouveau champ merge. C e sont les questionsdes infirmires ou du gardien de prison quiintressent ou qui devraient intresser les intellectuels. Elles sont infiniment plusimportantes que les anathmes que se jettent la tte les intellectuels professionnels pari-siens.

Qu'est-ce qui vous frappe surtout, Fissile duforum ?M. F. J'ai remarqu une chose : pen-dant ces deux jours de discussions serreset de discussions profondment politiques,puisqu'il s'agissait de rem ettre en question lesrapports de pouvoir, de savoir, d'argent, ehbien, pendant ces deux jours, aucun des trenteparticipants du groupe mdecine n'a prononcle mot m ars 1978 ou le m ot lections .C 'est important et significatif. L'innovation nepasse plus par les partis, les syndicats, lesbureaucraties, la politique. Elle relve d'unsouci individuel, moral. On ne demande plus la thorie politique de dire ce qu'il fautfaire, on n'a plus besoin de tuteurs. L e chan-gement est idologique, et profond.Autre observation jamais non plus il n'at question de mdecine de classe . J'yvois le signe d'une disparition du terrorisme,de tous les terrorismes, autre chose remar-quable.Ce refus total du politique, cette rpugnance l'gard des pouvoirs constitus ne voussemblent-ils pas, dans une certaine mesure,A3 ssez inquitants ?

M. F. Non. U n gra nd m ouve m e nt s 'e stdclench depuis quinze ans, dont l'anti-psychiatrie a t le modle et Mai 68 unmom ent. Dans ces couches sociales qui assu-raient autrefois le bonheur de la socit comme les mdecins il y a maintenanttoute une population qui se dstabilise, quibouge, qui cherche, en dehors des vocabu-laires et des structures habituelles. C 'est une...jen'ose pas dire rvolution culturelle, maissrement une mobilisation culturelle. Irr-cuprable politiquement : on sent bien qu'aaucun moment le problme pour eux nechangerait de nature si le gouvernementchangeait . E t , de cela, je me rjouis. Si nousallons vers la disparition des terrorismes, desmonopoles thoriques et de la monarchie dela bonne pense, tant mieux...

ire que le choix n'est pas tou-gestion publique centralise et

Il y a uneiative de collecti-

s prives , composes de personnes'associations, qui n'aient pas d'autre but

vice elles-mmes.ser la socit, c'est permettre tous

de se rendre eux-mes les services publics dont ils ontgalit finan-

avec ce que l'Etat continue de fairer d'autres.

Redfinir les rapports entre l'Etat et lesques. Les partis politiques sontur l'essentiel centrs sur l'Etat

cherchent prserver ou gagnerpourquoi la socit poli-

est aujourd'hui confondue avec l'Etat.artis doivent ainsi cesser de s'identi-Etat pour permettre une vritable

llectifs, d'exister. Aujourd'hui, lesques ne remplissant pas cette

ils prtendenttrop souvent encadrer le mouve-

ent social, au moyen des organisations deasse, et grer l'Etat. - Ils retrouveront une

elle en se dfinissant au contraireme agents d'articulation de la socit

aissant toute leur auto-ouvements sociaux.

Faire des militants de nouveaux entrepre-Le militant se dfinit souvent comme

agent d'une organisation, au service deransmet les

sociales. Cest dire qu'il joueande d'Etat et de rglementation. Cest

me d'nergie sociale considrable

isait. Investie dans la construction ettation, cette nergie consti-

un formidable moyen de transforma-fcondant le quotidienvolutions immdiates.n mot, les militants politiques peuvent

trepreneurs de laormation quotidienne de la socit et

ent les hrauts d'un chan-ent venir.

Ces tches, nombreux sont ceux qui s'yaujourd'hui, dans la.F.D.T., au P.S., sur le terrain d'initiatives

les ou dans le cadre de mouve-ents comme l'cologie. Il est temps que

orts convergent pour que le plee soit en mesure de donner la

que pour changer la vie.PIERRE ROSANVALLON

Le Nouvel Observateur 4