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Fracture-avulsion de l’épine iliaque antéro-inférieure et du petit trochanter chez un jeune adolescent

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Journal de Traumatologie du Sport 30 (2013) 225–228

Cas clinique

Fracture-avulsion de l’épine iliaque antéro-inférieure et du petit trochanterchez un jeune adolescent

Avulsion fracture of the anterior-inferior iliac spine and lesser trochanter in a young adolescent

M. Nour ∗, E. Kouamo II , J.M. Guillaume , J.M. Gennari , T. Merrot , J.P. AlessandriniService de chirurgie infantile, Chemin-des-Bourrelys, hôpital Nord, 13015 Marseille, France

Disponible sur Internet le 7 aout 2013

ésumé

Les fractures-avulsions concomitantes de l’épine iliaque antéro-inférieure et du petit trochanter sont rares. Elles surviennent le plus souvent chezes adolescents au cours d’activités sportives. Chez l’adulte, elles sont exceptionnelles. Nous rapportons un cas survenu chez un jeune adolescente 15 ans ayant eu un traumatisme récent du bassin lors d’un triple saut avec douleur inguinale et impotence fonctionnelle du membre inférieurroit. L’examen clinique retrouvait une douleur à la mobilisation de la hanche droite en extension. La radiographie standard du bassin a mis envidence une fracture-avulsion de l’épine iliaque antéro-inférieure avec arrachement du petit trochanter, confirmée par une tomodensitométrie. Leatient a été traité orthopédiquement par du repos et mise en décharge du membre inférieur traumatisé. L’évolution a constaté la disparition de laouleur en quelques semaines puis reprise de l’activité sportive à six mois.

2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ots clés : Adolescent ; Avulsion fracture ; Épine iliaque antéro-inférieure ; Petit trochanter ; Traitement orthopédique

bstract

The avulsion fractures of the anterior-inferior iliac spine and lesser trochanter are rare. They occur most often in adolescents during sportsctivities. The forms in adults are rare. We report a case in a young 15-year-old teenager. He had consulted for pelvic trauma with groin pain andunctional impotence of the right lower limb occurred during a recent game in triple jump. Physical examination revealed pain in the mobilizationf the right hip in extension. Standard radiography of the pelvis has highlighted an avulsion fracture of the anterior-inferior iliac spine avulsion

f the right with small trochanter, which has been confirmed by computed tomography. The patient has been treated orthopedically by rest andandfilling lower limb trauma, evolution was marked the disappearance of pain a few weeks later and resumption of the sporting activity in ordero 6 months.

2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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eywords: Adolescent; Avulsion fracture; Anterior-inferior iliac spine; Lesser

. Introduction

Les fractures-avulsions des apophyses du bassin sont desésions peu communes. Elles sont souvent méconnues caronfondues avec des tendinopathies ou des déchirures muscu-

aires. Elles surviennent chez les adolescents, entre le débute l’ossification des apophyses et leur fusion aux tubérositéselviennes correspondantes, ayant une activité sportive intense.

∗ Auteur correspondant. Imb 131, Apt no 8 Hay al fath CYM, 10053 Rabat,aroc.

Adresse e-mail : [email protected] (M. Nour).

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762-915X/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.ttp://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2013.07.003

nter; Orthopedic treatment

lles se produisent au niveau de la plaque cartilagineuse dis-uaire de l’apophyse. Au cours de cette période, les apophyses,ur lesquelles s’insèrent de puissants muscles, constituent laone de faiblesse de l’appareil locomoteur du sujet jeune du faites contraintes biomécaniques élevées exercées par les muscles.es lésions surviennent le plus souvent suite à un mécanisme en

raction. Les arrachements apophysaires sont néanmoins raresenant compte du nombre d’adolescents pratiquant une acti-ité sportive. Les activités les plus concernées sont le football,

’athlétisme, le patinage et la gymnastique.

Plusieurs cas de fractures-avulsions de l’épine iliaque antéro-nférieure (EIAI) ont été décrits dans la littérature. La grande

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Fig. 1. Radiographie du bassin de face montrant la fracture-avulsion de l’épineit

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Fig. 2. Tomodensitométrie du bassin montrant la fracture-avulsion de l’épineiliaque antéro-inférieure droite (flèche rouge) ainsi que l’arrachement du petittrochanter droit (flèche bleu).

Fig. 3. Radiographie du bassin de face après trois mois montrant le cal de lafq

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liaque antéro-inférieure droite (flèche rouge) ainsi que l’arrachement du petitrochanter droit (flèche bleu).

ajorité concernait des enfants ou adolescents pratiquant unectivité sportive [1]. De très rares cas ont été décrits chez desdultes [2].

Nous rapportons ici un cas de fracture-avulsion de l’EIAIvec arrachement du petit trochanter chez un jeune sportif pra-iquant le triple saut.

. Observation

Il s’agissait d’un jeune adolescent, âgé de 15 ans qui s’est pré-enté aux urgences pour des douleurs inguinales droites et unempotence fonctionnelle du membre inférieur survenues brutale-

ent lors de la pratique du triple saut. Il n’avait pas d’antécédentathologique particulier.

L’examen clinique a retrouvé, à l’inspection, l’absence deéformation évidente, d’ecchymose ou d’hématome. À la pal-ation, il existait une sensibilité de l’EIAI droite et de la régionous-jacente. La flexion contre résistance de la hanche était éga-ement sensible. Il n’y avait pas de limitation des amplitudes

ais l’extension était modérément douloureuse.Enfin, le reste de l’examen somatique était sans particularité.La radiographie standard du bassin a mis en évidence un

rrachement de l’EIAI et du petit trochanter droit (Fig. 1). Uneomodensitométrie du bassin a confirmé les données de la radio-raphie (Fig. 2 et 3). Il n’y avait pas de lésion controlatérale.

Le patient a été traité orthopédiquement par du repos, la prise’anti-inflammatoires non stéroïdiens et d’antalgiques, et uneise en décharge partielle du membre inférieur droit par des

annes anglaises pendant une durée de six semaines. Il n’y pas

u d’instauration de traitement anticoagulant ni de prescriptione rééducation. Les résultats ont été bons avec disparition dea douleur après quelques semaines et une reprise des activitésportives après six mois. Il n’y a pas eu de complications.

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racture-avulsion de l’épine iliaque antéro-inférieure droite (flèche rouge) ainsiue celui du fragment avulsé du petit trochanter droit (flèche bleu).

. Discussion

Les arrachements des épines iliaques antérieures chez’enfant et l’adolescent sportifs sont des accidents aigus rares.l s’agit d’avulsions apophysaires d’origine traumatique, inté-essant principalement l’épine iliaque antéro-supérieure mais,arfois aussi, antéro-inférieures [3,4]. Ces arrachements sur-iennent chez l’enfant et l’adolescent sportifs, notamment lors’un effort violent et intense (démarrage, impulsion, détente,hoot). L’arrachement de l’épine iliaque antéro-inférieure est

onsécutif à une atteinte du muscle droit antérieur lors d’unextension de la cuisse associée à une flexion de genou importanteshoot au foot), lors de l’hyperextension de la hanche pendant un
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aut ou la poussée postérieure lors d’un sprint, par exemple. Laouleur à la contraction résistée du droit antérieur, testé commeéchisseur de hanche genou fléchi, affirme l’arrachement de

’épine iliaque inférieure.Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec une

ésion musculotendineuse du muscle droit antérieur. L’âge, laalpation soigneuse et le bilan radiologique permettent de lesistinguer. Les complications sont rares et consistent en uneseudarthrose ou un cal hypertrophique [5]. Chez notre patient,’avulsion de l’EIAI était associée à un arrachement du petit tro-hanter homolatéral. Une revue de la littérature n’a pas retrouvéette association rarissime.

Le diagnostic clinique de ces arrachements apophysaires estisé. Les signes fonctionnels sont dominés par une douleur vive,écanique, brutale, importante, voire syncopale, localisée à la

one d’arrachement, avec parfois une impotence fonctionnelleette, une boiterie, donnant un véritable tableau de « déchirureusculaire ». L’examen clinique retrouve une douleur modérée

la mobilisation passive de la hanche, mais surtout une dou-eur exquise, précise, à la palpation de l’apophyse arrachée. Unoint important est le réveil de la douleur lors de l’étirementassif du muscle intéressé ou de sa contraction contrariée. Beckt al. [6] notent que ces fractures-avulsions sont souvent noniagnostiquées et prises pour une douleur musculaire traitée deacon symptomatique. L’apparition secondaire d’un cal hyper-rophique permet de corriger le diagnostic.

Le bilan radiographique standard du bassin, avec parfoises incidences de trois quarts, permet dans la majorité des cas’affirmer le diagnostic en montrant la fracture et le déplace-ent éventuel [7]. Parfois, les lésions apophysaires peuvent être

adiographiquement occultes si l’apophyse n’est pas ou très peussifiée. Dans ce cas, l’échographie a les avantages du dépistagerécoce, même sans la présence d’un centre d’ossification. Laéalisation d’un examen tomodensitométrique peut être néces-aire afin de préciser la taille du fragment et l’importance duéplacement, s’il existe. Des reconstructions 2D ou 3D peuventgalement être réalisées [1].

Le traitement est généralement orthopédique basé sur le reposu lit, la mise en décharge et l’instauration d’un traitement antal-ique efficace [1,2,8].

La reprise de la mise en charge et des activités physiques seera ensuite progressivement, au besoin aidée par une paire deannes anglaises dans les trois à quatre premières semaines, puisn appui libre. Ce traitement entraîne de très bons résultats fonc-ionnels et le retour à l’état initial est généralement complet. Le

assage et la rééducation active sont proscrits avant la huitièmeemaine car ils favorisent la survenue d’ossifications ectopiques.a durée nécessaire pour la récupération varie de deux semaines

quatre mois. La majorité des patients guérissent totalementt sans complications après un traitement orthopédique bienonduit [8–11].

Les indications de réduction chirurgicale et ostéosynthèseont très rares et le fait de fragments très volumineux avec un

éplacement important. Beaucoup d’auteurs s’accordent à direue le traitement orthopédique reste la référence dans ces avul-ions apophysaires [7]. Pour Lafosse et al., ce traitement doitême rester une exception et être réservé aux patients dont

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a reprise rapide d’une activité de haut niveau est primordiale10].

Le traitement chirurgical ne semble pas prévenir les forma-ions « exostosantes », ni permettre une reprise plus rapide desctivités sportives. L’objectif essentiel du traitement, qu’il soitrthopédique ou chirurgical, reste un retour à la vie quotidiennet à des activités sportives régulières.

Les complications du traitement orthopédique sont représen-ées essentiellement par les exostoses [12] et la pseudarthrose,lors que la méralgie paresthésique représente la principaleomplication du traitement chirurgical. Les autres complicationse la chirurgie sont le sepsis et l’effraction intra-articulaireu matériel [10]. La prévention de ces arrachements apo-hysaires repose sur un travail préparatoire à l’effort fait’assouplissements et d’élongations musculaires, ainsi que surn diagnostic précoce des apophysites avec instauration rapide’un traitement adéquat par immobilisation de durée suffisante9,13,14]. De même, lorsque le diagnostic d’apophysite est poséhez un adolescent, les autres apophyses exposées à de grandesensions doivent être aussi systématiquement évaluées [9].

Par ailleurs, un meilleur contrôle de l’activité physique de’enfant par les parents est également primordial dans une sociétéù le sport est devenu un vecteur d’ascension sociale et/ou la per-ormance sportive peut entraîner une surcharge physique chez’enfant et favoriser les lésions des apophyses [1,13].

. Conclusion

Les arrachements apophysaires sont une pathologie spéci-que de l’enfant et de l’adolescent. Ce sont des diagnostics àe pas méconnaître si l’on veut éviter une escalade d’examensomplémentaires coûteux et inutiles. L’anamnèse oriente verse diagnostic. Un accident dans un contexte d’activités spor-ives, sans notion de choc direct, avec une histoire de douleursnciennes faisant évoquer une apophysite est très évocateur. Deême, le diagnostic et le traitement précoce et adapté des apo-

hysites de croissance sont des éléments déterminants dans larévention de la survenue de ce type de fractures.

Le traitement orthopédique est le traitement de référence.l permet une reprise de l’activité sportive identique, sanséquelles.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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