20
France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien Jacques Dupont Groupe Korian

France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

France des marchés : le plaisir de vivre

au quotidien Jacques Dupont Groupe Korian

Page 2: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Tour de France des marchés, ces lieux privilégiés d’échanges, de rencontres et de découvertes en tous genres, si typiques d’un art de vivre à la française. A Caen, au XVIIe siècle, "le négoce des produits journaliers était aux mains d’une multitude de petits détaillants sans boutique (...) ; ils s’installaient en tout temps au coin des rues et des places... Ces gens ne possédaient pas d’attelage et portaient tout leur fonds en deux ou trois paniers ; ils venaient à pied chaque matin des villages de ceinture » De nos jours, si les paysans ne viennent plus à pied vendre leur production, et si celle-ci ne tiendrait plus dans deux paniers, les marchés continuent d’animer et de rythmer la vie des villes et villages de France. Aujourd’hui encore, le jour du grand marché - souvent hebdomadaire -, les bourgades voient affluer des foules d’agriculteurs, le béret sur la tête et le teint hâlé, venus vendre leur bétail, leurs volailles, leurs fromages ou leurs fruits et légumes. A Saint-Laurent du Chamousset, près de Lyon, le jour de la foire aux bestiaux, de grandes tables de bois sont dressées sur la place centrale, et le village, tranquille la semaine, vibre ce jour-là des voix fortes des fermiers et éleveurs qui négocient achats et ventes.

Près de 36 000 marchés traditionnels

On compte quelque 36 000 marchés traditionnels en France, dits "de plein vent", par opposition aux marchés couverts ou dans des halles, dûment recensés et contrôlés (taxes, hygiène...) par le secrétariat d’Etat au Commerce, à l’Artisanat et à la Consommation. Dans les grandes villes, chaque quartier a son marché, et celui du samedi ou du dimanche matin fait partie d’un rite où l’utile et l’agréable se combinent : flâner parmi les étals, prendre un café sur une terrasse une fois les courses faites, croiser des amis du quartier et échanger des nouvelles. A Paris, le dimanche matin, le marché d’Aligre, près de la Bastille, attire une clientèle "branchée", qui se retrouve, chariot rempli, dans les cafés et les rues voisines autour d’un verre de vin, les enfants alentour. A l’autre bout de Paris, près de la tour Eiffel, le marché de la Motte-Picquet est, lui, fréquenté par la clientèle bourgeoise du quartier, parfois venue là après la messe du dimanche.

Page 3: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Le meilleur des produits locaux

Si aujourd’hui plus qu’hier les marchés proposent des produits venus de partout - citrons du Brésil, mangues de Côte d’Ivoire, haricots verts du Kenya, pamplemousses de Floride, concombres de Jordanie -, chaque région a ses marchés typiques, reflets de l’économie locale.

Le symbole d’un certain art de vivre Sur le Vieux-Port de Marseille, tous les matins se tient le marché aux poissons, où l’on entend chanter l’accent marseillais. En Provence, les marchés proposent des miels, de la lavande, des fromages de chèvre, de la poterie ou des olives : les plus réputées sont les vertes de Nîmes et les noires de Nyons et de Carpentras. Dans le Lubéron, les marchés traditionnels d’Apt et de Cadenet sont également renommés. A Nice, le marché aux fleurs a d’abord été le reflet de la production horticole de l’arrière-pays grassois. Dans le Sud-ouest, Périgueux est en hiver le centre des marchés du foie gras et de la truffe, que l’on trouve également à Brantôme, Thiviers, Thenon, Cahors, Limogne ou Lalbenque. La région en produit quatre tonnes par an. Quant au foie gras, les 500 000 canards et 125 000 oies de la région ne suffisent pas à répondre à la demande, et l’on importe des foies d’Israël et de Hongrie. Sur le marché du samedi, à Sarlat, s’échangent tous les produits de la région : volailles, grains, noix... Depuis le Moyen Age, Bayonne connaît chaque année à Pâques sa foire aux jambons, où, pendant une journée, les particuliers et les paysans ont le droit - après un contrôle sanitaire - de vendre leurs jambons faits maison. On y trouve des pièces exceptionnelles, comme des jambons de truie de deux ans ou d’énormes jambons de plus de vingt kilos ! Le marché à la volaille de Bourg-en-Bresse, au cœur de la région d’élevage de la volaille blanche, est vital pour les paysans de la région. Dijon connaît une foire gastronomique réputée. En Bretagne, Concarneau, troisième port de pêche fraîche de France, a l’une des criées (vente aux enchères) les plus importantes, où se négocie aussi le thon pêché au large des côtes africaines. Gardiens des traditions, les marchés ont pourtant aussi évolué avec leur temps. Depuis les années 1950, avec la motorisation, les marchés aux bestiaux et aux chevaux ont disparu des grandes villes. L’agriculture n’occupe plus qu’une petite fraction de la population française (2,5 % de la population active), et l’exode rural vide les villages

Page 4: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

A Dienville, près de Troyes, comme dans de nombreux villages, l’ancienne halle n’est plus animée qu’une fois par semaine par une poignée de marchands : le village s’est vidé, et c’est dans les supermarchés que s’approvisionnent la plupart des habitants. L’entrée massive des femmes dans le monde du travail, à partir des années 1960, a également réduit l’importance des marchés, où, avant l’ère du réfrigérateur, la Française se rendait deux ou trois fois par semaine. Dans les grandes villes, des rues et des quartiers entiers autrefois dévolus aux marchés de produits frais, comme à Paris la rue Lecourbe, sont transformés en quartiers de boutiques. Mais le marché, comme le café, autre lieu typique de la sociabilité française, résiste, symbole d’un certain art de vivre. Manière de se sentir en vacances l’espace d’une matinée, goût d’une convivialité préservée avec les commerçants, épicurisme des Français lié au bien-manger, recherche de produits frais et de qualité se combinent pour expliquer que, malgré les hypermarchés et les produits surgelés, les marchés continuent d’exister. Une manière pour les Français d’exprimer leur plaisir de vivre, au quotidien. Par Nadia Khouri-Dagher, journaliste

Page 5: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

L'histoire des fruits et légumes « De la cueillette à la culture »

Les premiers hommes vivaient de chasse et de cueillette. Pendant la période Paléolithique, entre 30 000 et 10 000 ans avant Jésus-Christ, les seuls fruits et légumes consommés étaient des espèces sauvages, des baies, des salades ou épinards primitifs. Au début de la période suivante, le Néolithique, nos ancêtres commencèrent à observer que certaines plantes comestibles pouvaient être préservées d'une saison sur l'autre grâce à leurs graines. Les plantes, sélectionnées pour leur pouvoir germinatif, la dimension plus importante de leur partie comestible (feuille, fruit, racine) et la qualité gustative de celle-ci, étaient replantées et donnaient ainsi des plantes améliorées. On apprit ensuite, grâce à des techniques de culture comme le greffage, à créer des variétés plus résistantes ou plus nourrissantes. Ce n'est que bien plus tard qu'apparurent les variétés hybrides, issues de croisements entre des individus de lignées différentes. L'agriculture proprement dite, c'est-à-dire l'art de cultiver une plante d'une année sur l'autre en quantité suffisante pour alimenter les communautés humaines, a commencé vers le VIIe millénaire av. J-C., probablement au cœur du "croissant fertile", une vaste région allant de la Mésopotamie à l'Egypte. C'est d'ailleurs dans cette même région que sont apparues les premières civilisations, les premières écritures, les premières cités... Sumer d'abord, puis Babylone, dont les célèbres Jardins suspendus, une des 7 Merveilles du monde, étaient en fait des vergers et potagers irrigués par un système très sophistiqué. En Egypte, 7000 ans av. J-C, les potagers du pharaon Chéops, bâtisseur de la Grande Pyramide, étaient riches de fruits et légumes variés : melons, radis, aulx, laitues, concombres, asperges, lentilles, poireaux, prunes, dattes...

Fruits et légumes de l'Empire Romain Plus tard, vers le IVe millénaire av. J-C., l'arboriculture et le maraîchage commençaient à apparaître : ils allaient devenir une activité majeure des peuples de la Méditerranée. La Grèce se couvrait de cultures d'oliviers, de vignes et de figuiers. Grecs, Etrusques, puis Romains, profitant de leurs conquêtes lointaines, rapportaient de l'Orient et des côtes africaines, des plants de légumes et d'arbres fruitiers : le cédrat, par exemple, qui fut le premier agrume importé en Europe par Alexandre le Grand, mais aussi le fenouil et la rhubarbe, venus d'Orient, l'artichaut d'Afrique du nord, etc. Les tables des riches Romains débordaient de délices provenant des quatre coins de l'Empire... Mais ces échanges se faisaient aussi dans l'autre sens ! La conquête de la Gaule par Jules César amena, dans les bagages des Légions, de nombreux fruits et légumes qui allaient eux-mêmes "coloniser" le pays : la vigne et l'olivier dans le sud, les salades et les choux dans le nord. Car la seule culture de légumes connue des peuples celtes de Gaule étaient celle de... la carotte. A noter tout de même que les Gaulois étaient d'excellents céréaliers et que leurs outils de moissons étaient largement supérieurs à ceux de leurs conquérants...

Page 6: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

La naissance du maraîchage en France

Après la chute de l'Empire Romain, le Moyen-âge fut pour les fruits et légumes une longue période de régression et d'appauvrissement. Nombre d'entre eux étaient déclarés "impurs" par l'Eglise et seuls quelques monastères et enclos seigneuriaux conservaient des potagers dignes de ce nom. La disette sévissait dans les campagnes où les paysans étaient contraints de manger des "racines", en fait des légumes-racines comme la carotte, le navet, le topinambour ou la betterave. On cultivait des choux, des courges et des poireaux, que l'on faisait bouillir dans de grandes marmites appelées "pots", d'où les noms de "potage" et de "poule au pot"... C'est à l'époque de la Renaissance que l'influence italienne fait revenir sur les tables de France une plus grande variété de fruits et de légumes verts. Dès lors prolifèrent autour des grandes villes des "ceintures maraîchères", vastes espaces dédiés à la culture des fruits et légumes, dont les produits sont apportés au centre des villes dans les "halles". Celles de Paris, créées par le roi Philippe-Auguste au XIIIème siècle, connaissent l'abondance à partir du XVe siècle : on y rencontre des producteurs venus de toute la région parisienne et même de Picardie ou de Belgique...

Le potager du Roi Soleil Les fruits et légumes frais allaient s'imposer sous le règne de Louis XIV, qui en était particulièrement friand. Ce roi gourmet fit construire à Versailles, sur d'anciens marais situés en contrebas du château, un très grand potager dans lequel le maître des lieux, M. de La Quintinie, sut faire prospérer toutes sortes de délices royaux. Le monarque exigeant des fruits et légumes toute l'année, il mit au point des cultures sous cloches qui permettaient de faire pousser hors saison des fraises, des melons, du cresson et toutes sortes de salades, de l'oseille, des aubergines (originaires de l'Inde), des concombres, des asperges et surtout des petits pois, dont le roi raffolait. M. de La Quintinie a dressé la liste de tous les fruits et légumes cultivés à Versailles dans le potager du Roi ; une vingtaine d'espèces n'est aujourd'hui plus à la mode (mais elles demeurent cultivées) comme les plantains ou les oxalis... Elles seront sans doute redécouvertes un jour, à l'instar du pâtisson ou du topinambour... A propos, le potager du Roy existe toujours à Versailles : il est encore en activité et on peut le visiter !

Page 7: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

L'arrivée des "américaines" : pomme de terre et tomate La pomme de terre est née dans la Cordillère des Andes, chez les tribus Incas, comme d'ailleurs la tomate, le maïs et... le cacao. Quelques plants furent expédiés à la Cour d'Espagne, puis au Pape en 1588 par un adjoint de Pizzaro. Elle fut dès lors produite à titre de curiosité, notamment en Allemagne. Un certain Parmentier, pharmacien militaire prisonnier en Westphalie en 1763, eut l'occasion de goûter cet étrange tubercule destiné aux porcs et... aux prisonniers. En France, la pomme de terre était bannie pour cause de "maladrerie": on disait qu'elle propageait la peste. Parmentier rédigea un Traité sur la culture et l'usage de la pomme de terre, dans lequel il proposait d'en faire... du pain. Il en fit planter un champ près de Paris dans la plaine des Sablons. Pour attirer l'attention, le champ était gardé par des soldats pendant la journée. La nuit tombée, on laissait les curieux venir chiper quelques plants et c'est ainsi que la consommation de la pomme de terre commença à se propager en France. Le tubercule fut jugé intéressant par le roi Louis XVI qui daigna en porter la fleur à son chapeau. La consommation commença à se développer. Plus tard, le gouvernement révolutionnaire adopta la pomme de terre pour sauver le peuple de la disette. La tomate : un légume révolutionnaire. La tomate, une autre américaine, prisée dans les pays méridionaux et dans le sud de la France fut aussi la grande découverte de la fin du XVIIIe siècle : ce sont les Marseillais, montés à Paris pendant la Révolution, qui la firent apprécier des consommateurs parisiens.

Oubliés et retrouvés Les fruits et légumes frais, à partir du XIXe siècle, vont entrer dans les menus quotidiens des peuples d'Europe. Beaucoup resteront pourtant pendant longtemps des produits relativement rares, réservés à une petite partie de la population. Jusqu'au milieu du XXe siècle, la base de l'alimentation reste la viande, le pain, la pomme de terre, le chou, la carotte... La connaissance des vertus des fruits et légumes frais va se diffuser partout dès les années 50. A mesure que le niveau de vie s'élève, la qualité de la nourriture consommée s'équilibre : moins de viande et de pain, plus d'aliments riches en fibres et en vitamines. Aujourd'hui, les fruits et légumes frais ont conquis le monde entier. Mais la grande variété des fruits et légumes actuels n'empêche pas la redécouverte de produits anciens, revenant un jour ou l'autre sur l'étal des marchés : le pâtisson est de ceux là, ainsi que la roquette, le mesclun, le pourpier, le crambé maritime ou la tétragone... On redécouvre aussi les légumes sauvages : le pissenlit, l'ortie ou les fleurs comestibles...

Page 8: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Faites votre quiz à partir de ces histoires de légumes :

L'aubergine Originaire d'Asie où elle était déjà répandue il y a 2500 ans, l'aubergine a été importée en Europe via l'Afrique du Nord lors de l'invasion de l'Espagne au début du Moyen-âge. Les médecins européens ont longtemps boudé ce légume, considéré longtemps comme plante ornementale et comparé à la mandragore.

La carotte Connue depuis plus de 2 millénaires, la carotte n'était guère appréciée des Grecs ou des Romains. A cette époque, elle différait en effet fortement de notre carotte actuelle : elle était alors blanchâtre, avec une peau coriace et un cœur fibreux. Améliorée déjà à l'époque de la Renaissance, elle ne prendra sa couleur orangée qu'au XVIII° siècle à la suite d'une sélection.

Le cassis Le cassis (Ribes nigrum) est principalement originaire d'Europe du nord (de la Sibérie jusqu'au Tibet). Lors de l'invasion de l'Espagne par les Maures au VIIIe siècle, ils découvrent ce fruit qu'ils désignent sous le nom arabe de "ribas" qui signifie "aigre". Les Anglais l'appelleront "currant", vers le milieu du XVI° siècle en raison de sa ressemblance avec le petit raisin sans pépins et séché commun en Grèce. Le cassis se répand en France à partir du XVII° siècle.

Page 9: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

La cerise Arrivée sans doute d'Asie Mineure il y a plusieurs millénaires (des traces en ont été trouvées dans certaines cités lacustres de l'âge de pierre), la cerise était déjà cultivée par les Romains. Très appréciée au Moyen-âge et à la Renaissance, c'est Louis XV qui en encouragea la culture ainsi que le développement de nouvelles variétés. Son succès ne s'est jamais démenti, au point qu'à la fin du XIXème siècle, la réputation de Montmorency pour sa récolte de cerises était telle que les Parisiens s'y rendaient en foule dès le début de la saison. Il en existe aujourd'hui plus de 600 variétés, classées principalement en deux catégories : les bigarreaux, bonnes à manger en bouche, et les griottes, parfaites pour les clafoutis, flans et autres cerises à l'eau de vie.

Le chou Le chou serait originaire de la frange littorale océanique, où l'espèce sauvage y pousse encore (Brassica maritima). Il était très apprécié des Grecs et des Romains qui le paraient de milles vertus. Il était alors consommé sur tige. La consommation du chou pommé est intervenue un peu plus tard, aux alentours du 1er siècle. Les nombreux croisements et sélections ont permis d'obtenir les nombreuses variétés que nous connaissons aujourd'hui, chou rouge, chou cabus, chou vert, chou blanc, chou frisé...

Le concombre Originaire du nord de l'Inde, le concombre s'est rapidement propagé vers la Chine et le Moyen-Orient. Les Egyptiens en étaient friands, et en faisaient même offrande à leurs dieux. Les Grecs et les Romains appréciaient grandement ce légume. Charlemagne en ordonna la culture en France dès le IX° siècle, et son succès ne s'est jamais démenti depuis. Au XVII°, la Quintinie les fera pousser sous serre pour Louis XIV qui en était très friand.

Page 10: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Le cornichon Le cornichon était déjà connu des égyptiens, grecs et romains. Ce n'est cependant qu'au Moyen-âge que sa culture apparaît en France. Le cornichon est en réalité un concombre qui, cueilli très jeune.

La courgette Membre de la grande famille des cucurbitacées, la courgette a été ramenée d'Amérique centrale il n'y a que quelques siècles. Alors qu'il était d'usage de laisser venir à maturité les courges avant de les consommer, les italiens au XVIII° ont eu l'idée de les consommer avant maturité, donnant ainsi naissance à la courgette.

L'épinard L'épinard semble être originaire du Caucase ou d'Afghanistan. Il n'est apparu en Espagne qu'aux alentours de l'an Mil, apporté par les arabes, puis introduit en France par les croisés. Popularisé par Catherine de Médicis qui l'appréciait beaucoup, l'épinard est aujourd'hui très apprécié pour son goût mais aussi pour ses qualités digestives.

La fraise La fraise (fragaria vesca en latin) doit son nom à son parfum, sa fragrance. Déjà connue des Romains qui appréciaient la fraise des bois pour leurs masques de beauté entre autre, la fraise ne s'est véritablement développée en Europe qu'à partir du Moyen-âge où elle fit son apparition dans les jardins potagers. Consommée avec de la crème ou du vin à la Renaissance, elle trouva tout naturellement sa place dans le potager de La Quintinie. La grosse fraise que nous connaissons aujourd'hui n'est cependant apparue qu'au XVIII° siècle, ramenée des Amériques par un officier de marine. Le croisement de cette variété de grosse fraise peu parfumée avec les fraises cultivées jusqu'alors a donné les nombreuses variétés d'aujourd'hui.

Page 11: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

La framboise Son nom latin rubeus ideus ("ronce de l'Ida") proviendrait de son origine quasi divine. Ce fruit délicat et apprécié des Dieux de l'Olympe serait en effet né, selon la légende, sur les pentes du Mont Ida. Quoiqu'il en soit, ce fruit originaire des zones montagneuses d'Europe avait dès le Moyen-âge la part belle dans les jardins potagers. Il en existe aujourd'hui de nombreuses variétés, rouges ou blanches, remontantes ou non, qui sauront ravir de juin à septembre les palais les plus exigeants.

La groseille La groseille (ribes rubrum) comme son cousin le cassis est originaire d'Europe du Nord, principalement de Scandinavie et Sibérie. La groseille est connue dès le Moyen-Age. Une "greuzelle" désignait alors une jeune fille, fraiche et aux joues rouges. D'abord cultivée dans l'est et le centre de la France au XII° siècle (Alsace, Bourgogne, Normandie...), elle s'étend peu à peu en Europe pour atteindre au XV° siècle les Pays-Bas, le Danemark... En Bourgogne, les Ducs de Bar faisaient épépiner la groseille à la plume d'oie avant leur cuisson dans des bassines en cuivre pour confectionner la gelée de groseille (surnommée le "caviar lorrain") qui était offert aux hôtes de marque.

Le haricot vert Originaire du continent américain, le haricot vert est cultivé depuis des millénaires au Pérou et au Mexique. Son nom viendrait d'ailleurs de l'aztèque "ayacolt". Ramené en Europe, ce n'est pourtant qu'au XVIII° siècle que les Italiens commencèrent à déguster ses jeunes pousses non matures au lieu des grains.

Le maïs Originaire du continent américain, il fut d'abord baptisé blé d'inde par Christophe Colomb qui croyait avoir abordé les Indes. Les Amérindiens connaissaient déjà le maïs et en étaient de grands utilisateurs, tant des épis que des feuilles.

Page 12: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

La myrtille Appelée encore bleuet dans certaines régions de France (Vosges) ou plus loin (Québec), la myrtille est un petit fruit noir et très fragile. Les variétés cultivées sont bleutées et le fruit est plus gros, plus sucré.

Le petit pois On a trouvé un ancêtre du pois (chiche) sept millénaires avant notre ère dans le sud-est asiatique. C'est dire l'ancienneté de ce légume. Le "pois vert" ou petit pois n'apparaîtra qu'au XVI° siècle en provenance d'Italie. Louis XIV les appréciait tout particulièrement au point de demander à la Quintinie d'en produire à Versailles en primeur. Cultivé au départ dans le sud de la France, le petit pois s'est répandu à travers tout le pays. Au XIX° siècle, Clamart était d'ailleurs réputé pour la qualité de sa production.

Le poireau On ne connaît pas précisément l'origine géographique du poireau. Il était en tous cas consommé tant par les Chinois que par les Assyriens, les Egyptiens, les Hébreux ou les Romains. Il paraît que Néron l'appréciait tellement pour ses vertus médicinales (le poireau était réputé pour calmer la toux et adoucir les cordes vocales) qu'il était surnommé le "porrophage". Il était très apprécié au Moyen-âge surtout en période de disette .Après un relatif déclin, il fut remis à jour au XX° siècle par les protagonistes de la nouvelle cuisine.

Page 13: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Le poivron Le poivron est originaire d'Amérique Centrale. Il a été introduit en Europe dès le XVI° siècle, en même temps que son cousin le piment. Il a été largement cultivé sur notre continent à partir du XVIII° siècle, au point de devenir la base du goulasch, le plat national hongrois. Il est particulièrement apprécié dans la cuisine du bassin méditerranéen. Le poivron offre de nombreuses couleurs, vert quand il est jeune et rouge à maturité, mais aussi jaune, violet, pourpre...

La pomme Originaire semble-t-il du Caucase, la pomme serait arrivée chez nous à la faveur des migrations de l'âge de pierre (des pépins ont été retrouvés dans des villages lacustres Suisses et Italiens du nord). Les Romains en étaient de fervents consommateurs, au point d'en dénombrer déjà une trentaine de variétés. La pomme est acclimatée partout en France, et les nombreuses variétés permettent à tous les goûts de s'exprimer. Outre les variétés commerciales, il est à noter que l'on trouve de vieilles variétés locales, plus fragiles et moins résistantes, mais pouvant présenter un intérêt gustatif certain. Pour cueillir correctement une pomme, rien de plus simple : la technique de la "pirouette" consiste à faire passer le fruit par-dessus la lambourde ; lorsque le fruit est mûr, son pédoncule se rompt facilement et sans que les autres pommes souffrent. Evitez de laisser tomber les pommes dans le sac ou le panier et de les secouer. Les fruits choqués se meurtrissent et se conservent moins bien.

La pomme de terre Vraisemblablement originaire de la Cordillère des Andes, la pomme de terre a connu une arrivée en Europe peu en rapport avec son développement actuel. Elle fut en effet introduite dès le début du XVI° siècle en Italie et en Angleterre où elle devait servir à l'alimentation du bétail. Elle arrive à la fin du XVI° siècle en France, mais sa consommation par l'homme y est interdite par la Faculté qui juge ce tubercule "malsain". Il faudra attendre le XVIII° siècle pour que Parmentier et son subterfuge rendent populaires la pomme de terre (il fit garder les champs de pommes de terre par des hommes en armes afin de susciter curiosité et convoitise). La pomme de terre est aujourd'hui largement consommée en France, qu'elle soit primeur (récoltée avant le 31 juillet), nouvelle ou de conservation.

Page 14: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Le potiron et le potimarron Si les courges sont connues et utilisées depuis plus de 10000 ans, le potiron n'est cependant arrivé qu'au XVI° siècle sur nos tables. En effet, le potiron est une courge originaire d'Amérique Centrale. Son rôle dans l'alimentation des Amérindien était primordial, aux côtés du maïs et des haricots. Le mot "potiron" vient du grec "pepon" qui signifiait "large melon". Il a été traduit en français par le mot "pompon" devenu par la suite potiron. Il existe une dizaine d'espèces de potiron, de forme, de taille et de goût très différent comme le potiron rouge vif d'Etampe, le potimarron, le giraumon, le potiron bleu de Hongrie, la Sucrine du Berry...

Le radis Le radis serait originaire d'Extrême-Orient, comme en témoignent certains récits chinois (XI° siècle avant notre ère). Le radis est connu depuis l'antiquité égyptienne, il figure en effet sur certains hiéroglyphes. Il fut notamment popularisé par les romains qui en ont développé la culture et les variétés. Les petits radis que nous connaissons sont issus de sélections et de croisements.

La rose La rose serait originaire d'Asie, où elle inspirait déjà l'art pictural il y a 3000 ans. Elle n'a été introduite en Europe que plus tardivement, et peut-être sous forme d'essence de rose tout d'abord avec les civilisations grecques et romaines. La rose était alors un élément de luxe, indispensable dans les banquets pour ses qualités décoratives (pluie ou tapis de pétales de rose), olfactives (bain à l'essence de rose), gustatives (vin à la rose et entremet parfumé à la rose). Les pouvoirs curatifs de la rose étaient également vantés dès le VI° siècle avant JC (le baume curatif de rose ralentissait les battements du pouls lors de fortes douleurs) en Grèce. Au XVII° siècle, la rose était réputée contre les saignements, les douleurs auriculaires, oculaires, abdominales et intestines, les rages de dents... Les vertus de la rose sont aujourd'hui largement reconnues et ses qualités contre le stress, les insomnies, la nervosité ou les maux d'estomacs ne font plus aucun doute. Durant la période victorienne, la mode était de créer des jardins de roses mais enclavés dans le jardin principal. Très résistante, s'adaptant à tous les types de sols, même calcaires pour certaines variétés, la rose est devenue une tradition anglaise.

Page 15: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

La tomate La tomate est originaire du Mexique et d'Amérique Centrale où elle était cultivée par les Aztèques (sous le nom de tomatl). Elle a tout d'abord été cultivée en Europe, tout comme l'aubergine, pour son coté décoratif et médicinal, car on l'a crue toxique pendant longtemps. Elle a été introduite dans notre alimentation d'abord sous forme de sauces assez relevées dans la cuisine méditerranéenne. A la fin du XIX° siècle, les Anglais recommandaient encore de faire bouillir ce légume pendant trois heures afin de le débarrasser de sa toxicité. Sa commercialisation ne débute réellement en France qu'à partir des années folles.

La tulipe La tulipe est originaire d'Orient, plus précisément d'Asie Centrale, autour de la Mer Noire. Le Sultan Suleiman Ier adorait cette fleur gracieuse et sensuelle. La tulipe n'est arrivée que récemment en Occident. Augier Ghislain de Busbecq, alors ambassadeur à Constantinople, expédia en 1554 des bulbes à ses amis de Vienne. L'un des destinataires, le botaniste Charles de Lécluse, eut l'idée de les planter. Lorsqu’il déménagea en Hollande, il emmena avec lui sa collection de tulipes qu'il mit en vente à des prix élevés. Des voleurs lui dérobèrent des tulipes, et ce fut le début d'un marché noir qui culmina en 1630. Cette tulipomanie ruina des commerçants, en poussa certains au suicide, et fit la fortune d'autres. Les bulbes les plus appréciés étaient alors atteints de virose, maladie inconnue à l'époque, qui permettait aux bulbes de changer de panachage à chaque printemps. Les prix se sont stabilisés vers 1637, et la Hollande s'est mise à produire des tulipes massivement.

Abricot : venu d’Arménie, introduit en Italie au tout début de l’ère chrétienne, il se répand en Europe au XVème siècle.

Ail : il nous vient d’Asie centrale. On lui a toujours attribué de nombreux pouvoirs : protéger de la peste et du choléra, éloigner les serpents, préserver du mauvais sort et, plus récemment, empêcher les vampires de mordre le cou de celui qui en porte un collier ou qui en a mangé…

Page 16: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Ananas : c’est Christophe Colomb qui avait découvert ce fruit lors de son second voyage d’exploration. Les Indiens l’appelaient nana, ce qui signifiait "parfum".

Artichaut : présent dans toute l’Europe, c’était le légume préféré de la reine Catherine de Médicis qui faillit mourir d’indigestion pour en avoir trop mangé !

Asperge : légume présent depuis longtemps en Europe, il est paré sous Louis XIV de "vertus merveilleuses" : on le dit souverain contre les maux d’estomac, les migraines et on apprécie qu’il donne à l’urine "une odeur de violette"…

Banane : elle nous vient d’Asie. En Europe, elle a été introduite et goûtée pour la première fois en Angleterre en 1633. Les importations régulières de ce fruit maintenant classique datent de 1884.

Page 17: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Kiwi : il nous vient de Nouvelle-Zélande. Son introduction en France, où il se cultive désormais facilement car son île d’origine connaît le même type de climat tempéré, ne date que du XXème siècle.

Laitue : elle nous vient d’Italie, où elle était connue et appréciée dès ’Antiquité. Rabelais aurait ramené des graines de laitue d’un voyage en Toscane. À signaler : c’était l’un des légumes préférés de Louis XIV. Pêche : elle nous vient d’Asie. Elle est connue dès le Moyen âge comme un "dépuratif d’haleine" pour les dames et les troubadours.

Prune : elle nous vient de Syrie, ramenée par des croisés du XIIème siècle. Ils avaient été battus mais revinrent avec ce fruit qui poussait là-bas en abondance (d’où l’expression : "se battre pour des prunes"). Sa culture se diffusa au XVIème siècle et l’épouse de François 1er, la reine Claude, donna son nom à l’une des variétés.

Soja : il nous vient d’Asie où il est cultivé depuis plus de 4 000 ans. En France, il n’est importé que depuis le XXème siècle.

Page 18: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Complétez ces expressions avec un nom de fruit ou de légumes

Faire le ……. Vendre sa …….. Courir sur le …… Pousser comme un ….. Ce film est un véritable….. Tomber dans les ….. Faire….. blanc J’ai pris une….. Tirer les….. du feu Il a la….. On est dans les….. Les brunes ne comptent pas pour des ….. Il ramène toujours sa….. Occupes-toi de tes….. Etre une bonne ….. Etre haut comme trois….. Avoir de l’….. Manger les….. par la racine Appuyer sur le ….. Mettre du beurre dans les ….. mi-….. mi-….. Etre rouge comme une ….. C’est la fin des….. Les….. sont cuites Il est….. Etre grand comme une ….. Sucrer les….. Traiter quelqu’un aux petits….. On coupe la….. en deux C’est la….. sur le gâteau

Voici les noms de fruits ou légumes utilisés : Poireau – salade – haricot – champignon – navet – pommes – châtaigne – pêche – prunes – oignons – oseille – poire – épinards – tomate – carottes – asperge – oignons – cerise – marrons – chou – fraise – pissenlits – figue – raisin.

Page 19: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Replacez ces fruits et légumes dans la grille :

H

Poire – oignon – griotte – artichaut – carotte – potiron iris – ail -

I

Page 20: France des marchés : le plaisir de vivre au quotidien

Chassez l’intrus dans chacun de ces

carrés