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LA FRANCE FACE À LA MONDIALISATION D E D A N I E L S. H A M I LT O N E T J O S E P H P. Q U I N L A N

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LA FRANCE FACE À LA MONDIALISATION D E DA N I E L S. HA M I LT O N E T JO S E P H P. QU I N L A N Hamilton, Daniel S., et Quinlan, Joseph P., La France face à la mondialisation. Washington, DC: Center for Transatlantic Relations, 2008. © Center for Transatlantic Relations, 2008 II

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LA FRANCE FACE ÀLA MONDIALISATION

D E DA N I E L S. HA M I LT O N E T JO S E P H P. QU I N L A N

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Le Centre SAIS pour les relations transatlantiques, situé près de Dupont Circle à Washington DC,réunit des boursiers et des étudiants du monde entier, ainsi que des membres degouvernements, des journalistes, des chefs d’entreprise et d’autres leaders d’opinion des deuxcôtés de l’Atlantique sur des questions concernant l’Europe et l’Amérique du nord. Les activitésoffertes par ce centre comprennent des séminaires et des conférences, des programmes enrelation avec les médias et Internet, des projets de recherche, et des groupes d’étude politique.Le Centre fait partie intégrale de la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies(SAIS), c’est l’une des écoles post-graduate les plus prestigieuses d’Amérique qui se concentresur l’étude des relations internationales.

Hamilton, Daniel S., et Quinlan, Joseph P., La France face à la mondialisation.Washington, DC: Center for Transatlantic Relations, 2008.

© Center for Transatlantic Relations, 2008

Center for Transatlantic RelationsAmerican Consortium on EU Studies

EU Center of Excellence Washington, DCThe Paul H. Nitze School of Advanced International Studies

The Johns Hopkins University1717 Massachusetts Ave., NW, Suite 525

Washington, DC 20036Tel: (202) 663-5880Fax (202) 663-5879

Email: [email protected]://transatlantic.sais-jhu.edu

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Daniel Hamilton & Joseph Quinlanont rédigé et édité une série de livres et d’articles primés, sur la mondialisation et les économiesdéveloppées, dont les suivants : Globalization and Europe: Prospering in the New Whirled Order(2008); The Transatlantic Economy (2008); Sleeping Giant: Awakening the Transatlantic ServicesEconomy (2007); Protecting Our Prosperity: Ensuring Both National Security and the Benefits ofForeign Investment in the United States (2006); Deep Integration: How Transatlantic Marketsare Leading Globalization (2005); et Partners in Prosperity: The Changing Geography of theTransatlantic Economy (2004). Ensemble, ils ont reçu la distinction honorifique « 2007Transatlantic Leadership Award » de la Chambre du commerce américaine et le « 2006Transatlantic Business Award » de la Chambre du Commerce américaine auprès de l’Unioneuropéenne.

Daniel S. Hamilton est Professeur de Richard von Weizsäcker etDirecteur du Centre des Relations Transatlantiques à l’Ecole Paul H.Nitze des Etudes Internationales Spécialisées, Université de JohnsHopkins. Il exerce également les fonctions de Directeur Exécutif duConsortium Américain sur les Etudes de l’UE (ACES), désigné par laCommission Européenne comme le Centre d’Excellence de l’UE àWashington, DC. Il est conseiller principal des Assises du Congrès surl’UE, a exercé les fonctions d’Assistant du Secrétaire d’Etat Adjoint, etest commentateur régulier des médias et auteur prolifique.

Joseph P. Quinlan est Membre du Centre des RelationsTransatlantiques, avec une vaste expérience dans le secteurd’entreprise des Etats-Unis. Il est un expert éminent de l’économietransatlantique et un économiste/stratégiste mondial célèbre sur WallStreet. Il se spécialise dans les apports de capital mondial, le commerceinternational et les stratégies multinationales. Il enseigne àl’Université de New York, et ses publications ont paru dans la pressesuivante : Foreign Affairs, le Financial Times et le Wall Street Journal.

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Table des matières

Préface et remerciements V

Introduction VI

Index des tableaux, graphiques et figures VII

I. La France et la mondialisation : L'huile et l'eau ? 1

II. La France et la mondialisation : Indicateurs clés 4

Les flux commerciaux 4Les flux d'investissements 10Les flux de capitaux 16Le déplacement de populations 16Le mouvement des idées 19L'inflation 22Les taux d'intérêt 23Les emplois 23Les revenus 25Les salaires 26La croissance du PIB 27

III. La mondialisation et les principaux concernés en France 28

La mondialisation et les consommateurs français 28La mondialisation et les travailleurs français 30La mondialisation et les entreprises françaises 32La nation française dans un monde « mondialisant » 34

IV. Faire de la mondialisation un succès pour la France 37

Annexe 39

Notes de fin 44

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Préface et remerciements

La mondialisation profite aux Français, mais nulle part ailleurs en Europe elle n'est aussicritiquée qu'en France. Beaucoup craignent que l'obtention d'un emploi à l'étranger se traduisepar la perte d'un emploi dans leur pays, que leur prospérité bien méritée pourrait simplementleur glisser entre les doigts. La montée en flèche des prix du carburant et des produitsalimentaires les rend irascibles. Ils s'inquiètent du rythme auquel évolue l'économie mondiale,de leurs moyens d'existence, de leur avenir.

Ces préoccupations sont réelles, très répandues et légitimes. Elles sont elles-mêmes exacerbéespar les défis nationaux de la France. La mondialisation n'est pas la cause de ces problèmes, maiselle les a révélés.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la mondialisation, et quelles en sont lesimplications pour la France ? Dans cette étude, nous offrons une mise au point récente. Nousretraçons l'évolution des flux commerciaux, d'investissements, de populations, de capitaux etd'idées. Nous nous penchons sur la manière dont la mondialisation a influé sur l'inflation, lestaux d'intérêt, les revenus, l'emploi, les salaires et la croissance économique. Nous expliquonsl'effet de la mondialisation sur les consommateurs, les travailleurs, les entreprises et l'Étatfrançais, qui y gagne, qui y perd, et pourquoi. Nous soulignons les opportunités et identifionsles défis.

Suite à un examen approfondi de nombreuses métriques différentes de la mondialisation, nousen concluons qu'en général, la France a bénéficié d'une plus grande liberté de mouvement etd'un accroissement des flux de biens et services, d'investissements, de capitaux et d'idées etqu'elle est confrontée à un besoin de plus en plus intense de faciliter la liberté de circulation dela main-d'?uvre hautement qualifiée. Cependant, ces avantages ne sont pas également répartiset ne profitent pas directement à chaque travailleur, société et communauté. Il y a des gagnantset des perdants.

Au cours de notre étude, nous avons découvert que les forces de l' « européanisation » peuventêtre aussi profondes que celles de la mondialisation pour la France. Nous avons étéimpressionnés par les points forts de la France et dégrisés par ses défis.

Cette étude extrapole à partir de notre livre Globalization and Europe: Prospering in the NewWhirled Order (La mondialisation et l'Europe : La prospérité dans les tourbillons du nouvel ordremondial) (Washington, DC: Center for Transatlantic Relations, 2008). Nous avons appliqué lesmétriques de la mondialisation exposées dans cette étude à la France de manière plusapprofondie. La plupart des éléments de cette étude sont traités plus en détail dans le livre.Nous nous sommes également inspirés de notre étude annuelle, The Transatlantic Economy2008 (l'économie transatlantique en 2008), qui offre les informations les plus récentes surl'intégration économique profonde liant les pays européens aux 50 États américains.

Nous remercions Jessica Martin, Gretchen Losee, Iulia Teodoru et Peggy Irvine pour leur aidedans la production de cette étude. Nous remercions également les membres du Conseil exécutifde l'American Chamber of Commerce to the European Union pour leur soutien : Accenture,Agilent Technologies International, AIG, Alcoa, Caterpillar, Dow, Dupont de Nemours, GEInternational, Honeywell, HP, Intel, LyondellBasell, Mars Inc., Motorola, Oracle, SAS Institute et3M

Daniel S. HamiltonJoseph P. Quinlan

Washington, DC, juin 2008

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Introduction

La mondialisation est en train de changer nos vies au rythme de l’interdépendance économiquecroissante entre les pays développés et les pays émergents. Le débat est vif sur le point de savoirsi la mondialisation a produit des effets positifs ou négatifs à l’égard des consommateurs, destravailleurs, des entreprises et des Etats européens, et quelles perspectives d’avenir se dégagent.Dans un monde en mouvement et plein d’incertitudes, l’Europe peut-elle tirer profit desopportunités que lui offre la mondialisation, tout en en maîtrisant ses défis ?

Le Conseil exécutif de la Chambre de commerce américaine auprès de l’UE a demandél’élaboration de l’étude « Globalization & Europe : Prospering in the New Whirled Order » àDaniel Hamilton et Joseph Quinlan afin d’apporter une contribution au débat autour de lamondialisation et d’aider l’Europe à formuler une réponse.

En raison de l’importance de la France en Europe, et au moment où celle-ci s’apprête à présiderl’Union Européenne, le Conseil exécutif a voulu étudier de plus près le cas français. Nous avonsdemandé aux auteurs de rassembler une série de données mesurant l’impact de lamondialisation en France.

Notre objectif est de démystifier la mondialisation en fournissant une informationcompréhensible pour tous. Au final, cette analyse, basée sur des faits objectifs, démontre que,de manière générale, l’Europe et la France ont su tirer des avantages substantiels et concrets dela mondialisation. Nous espérons que cette étude contribuera à améliorer l’image de lamondialisation aux yeux des individus et qu’elle conduira l’Europe et la France à prendre desmesures permettant à tous les acteurs de la mondialisation – consommateurs, salariés,entreprises, Etats – d’en bénéficier encore davantage.

John Vassallo, Mark Spelman,Président de la Chambre de commerce Président du Conseil exécutif de la Chambre de américain auprès de l’Union européenne commerce américain auprès de l’Union

européenne

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L A FR A N C E FA C E À L A MO N D I A L I S AT I O N

Index des tableaux, graphiques et figures

Tableau 1 : Récapitulatif de l'impact de la mondialisation sur la FranceTableau 2 : Premiers négociants mondiauxTableau 3 : Principaux marchés à l'exportation de la France/Principaux partenaires à

l'importation de la FranceTableau 4 : Taux de chômage et importations provenant de pays à bas salaires Tableau 5 : Taux d’exportation dans le secteur de la production industrielle, par puissance

de qualification 2005, en pourcentage(s)Tableau 6 : L’impact de la mondialisation sur les consommateurs françaisTableau 7 : L’impact de la mondialisation sur les travailleurs françaisTableau 8 : L’impact de la mondialisation sur les entreprises françaisesTableau 9 : L’indice Kof de la mondialisation économique 2008

Figure 1 : France : La transformation des échanges commerciaux (Exportations)Figure 2 : France : La transformation des échanges commerciaux (Importations)Figure 3 : Les exportations de la France — Pays développés par rapport aux pays en

développementFigure 4 : Pays en développement -- Importations en provenance de FranceFigure 5 : Balance commerciale de la France avec les pays en développement Figure 6 : Excédent commercial de la Chine avec l'EuropeFigure 7 : Entrées/sorties liées aux F & A de la France Figure 8 : France : Destinations principales des F & A à l'étrangerFigure 9 : France : Secteurs étrangers les plus prisés pour les F & A à l'étrangerFigure 10 : France : Entrées liées aux F & A par paysFigure 11 : France : Secteurs les plus prisés pour les flux entrants liés aux F & AFigure 12 : La France et les États-Unis : Chiffres des investissements et échanges

commerciauxFigure 13 : Immigration en France par raison d'entrée (pourcentage de l'immigration

totale, 2004)Figure 14: Les tendances dans le domaine de l’innovation en Europe, aux États-Unis et au

JaponFigure 15 : L’indicateur de l’aptitude à faire face à la mondialisation Figure 16 : Rangs et résultats des pays de l’Union européenne (Étude de Lisbonne)

ANNEXE

Pièce 1 : Entrées d'IDE : La France par rapport à la ChinePièce 2 : Sorties d'IDE : La France par rapport à la ChinePièce 3 : France : Investissements directs étrangers en % du PIBPièce 4 : France : Investissements directs étrangers en % des fonds immobilisésPièce 5 : France : Entrées d'investissements directs étrangersPièce 6 : France : Sorties d'investissements directs étrangersPièce 7 : France : Stock d'investissements directs étrangers entrantsPièce 8 : France : Stock d'investissements directs étrangers sortants

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I. La France et la mondialisation : L'huile et l'eau ?

La mondialisation est le principal moteur de l'économie mondiale. Tous les pays, même leroyaume solitaire de la Corée du Nord, ont été touchés ou affectés par la mondialisation.Depuis 1990, des murs se sont effondrés, des frontières ont été supprimées et les continents

n'ont jamais autant communiqué. La mondialisation est la principale structure de l'économiemondiale, reliant les pays et continents de manières sans précédents.

En général, l'Europe et la France ont tiré profit de la mondialisation. Dans les pages suivantes,nous étudions la mondialisation de long en large et en travers, de façons qui présentent uneimage plus claire de son impact sur les consommateurs français, les travailleurs français, lesentreprises françaises et le pays dans son ensemble. Nous en concluons que la France abeaucoup bénéficié de la plus grande liberté de mouvement et de l'accroissement des flux debiens et services, d'investissements, de capitaux, de populations et d'idées. Tout bien considéré,les Français vivent mieux de nos jours qu'à la tombée du rideau de fer et à la fin de la guerrefroide, en partie grâce à la mondialisation.

Malgré ces avantages, les Français n'apprécient pas la mondialisation. En fait, la «mondialisation » est crainte – même détestée -- peut-être plus en France que dans tout autrepays d'Europe. Soixante-quatre pour cent des Français estiment qu'elle représente une «menace pour l'emploi ». Beaucoup craignent la stagnation ou la baisse des revenus, la haussedes importations et le renforcement de la concurrence de la Chine et des autres pays endéveloppement. Ils s'inquiètent du niveau record des prix du pétrole, de la montée en flèchedes valeurs des matières premières et de la turbulence des marchés financiers internationaux. Ilscraignent que le tsunami de la mondialisation fasse simplement disparaître leur traditiondirigiste, leur culture, leur identité même. Ils résistent à la mondialisation parce qu'ils pensentqu'elle menace la notion d'égalité, un principe fondamental de la république française. Danspeu d'autres pays européens, le gouvernement, quelle que soit son orientation politique, nes'est autant attardé sur les inconvénients de la mondialisation. (1)

Ces appréhensions constituent un mélange puissant qui a endurci le comportement des Françaisà l'égard de la mondialisation. Si l'on considère que José Bové, éleveur de moutons, s'estattaqué aux restaurants McDonald’s et que le Président Chirac a déclaré que le yaourt était uneindustrie stratégique interdite à l'investissement étranger, les Français continuent à faire preuvede réticence quant à leur intégration croissante dans l'économie mondiale.

Les craintes des Français ne sont pas totalement dénuées de fondement puisque lamondialisation a eu un effet perturbateur et a engendré un climat d'incertitude dans tous lespays du monde. La montée en flèche de la demande en Chine, en Inde et dans d'autres pays endéveloppement rapide a créé de nouveaux marchés pour les produits et services français, parexemple, mais elle a également exercé une pression haussière sur les prix des matières premièresmondiales, ce qui a fait monter les prix de l'énergie et des produits alimentaires que lesconsommateurs français doivent payer. La forte croissance de la main-d'?uvre disponiblemondiale (le « great doubling ») a contribué à ralentir les augmentations de salaires aux États-Unis et dans l'UE, mais elle exerce également une pression baissière sur les prix à laconsommation. Il est très probable que ces contre-courants se poursuivent et continuent àballotter les consommateurs, les travailleurs, les entreprises et les gouvernements.

Comme nous l'examinons plus en détail dans notre plus récente publication, Globalization andEurope: Prospering in the New Whirled Order, la mondialisation produit des gagnants et desperdants. Les avantages de la mondialisation sont largement répandus, mais ils peuventcependant paraître abstraits et diffus. Les effets néfastes de la mondialisation peuvent, parcontre, être tangibles et traumatisants et avoir un énorme impact sur des communautés,familles et individus particuliers.

À première vue, par conséquent, la mondialisation et la France semblent faire aussi bon ménageque l'huile et l'eau. Une analyse plus approfondie révèle que, tout bien considéré, lamondialisation a beaucoup apporté à la France, mais elle pose également certains défis.

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L A FR A N C E FA C E À L A MO N D I A L I S AT I O N

La France demeure l'une des économies les plus importantes et les plus compétitives du mondegrâce, en partie, à la mondialisation. La France représente 1 % de la population mondiale, mais5 % de la production mondiale. C'est la troisième économie d'Europe et la sixième du monde.C'est la première destination touristique du monde et son cinquième exportateur.

La plus grande intégration dans l'économie mondiale a permis de maintenir la vigueur des fluxcommerciaux de la France, qui ont été réorientés vers les pays en développement rapide axéssur la consommation. Les flux d'investissements directs étrangers vers et à partir de la Francesont robustes et croissants. La mondialisation financière — la circulation quasi-permanente descapitaux mondiaux — s'est également avérée extrêmement bénéfique pour la France, en luifournissant les fonds nécessaires à la promotion de la croissance et l'investissement nationaux.Les résultats mondiaux des entreprises françaises sont montés en flèche au cours de la dernièredemi-décennie, ce qui a généré des investissements, créé des emplois et augmenté les revenusde millions de travailleurs français. Au cours des sept dernières années, les revenus disponiblesréels des ménages ont augmenté plus rapidement en France (18 %) que dans la zone euro (11%) et beaucoup plus rapidement que dans la plupart des pays voisins. En général, lamondialisation a contribué à développer la croissance économique réelle de la France et àmaintenir son statut de pays parmi les plus prospères du monde.

Dans les pages suivantes, nous examinons la mondialisation et son effet sur la France dans cinqoptiques principales : échanges commerciaux, investissement, capitaux, main-d'?uvre et idées.L'interaction entre ces cinq flux a également des effets dérivés plurisectoriels sur les niveaux del'inflation et des taux d'intérêt, l'emploi, les revenus, les salaires et la croissance du PIB réel dela France. Dans le Tableau 1, nous résumons l'impact général de ces « indicateurs demondialisation » primaires et secondaires sur la France au cours des quinze dernières années.Dans la 2ème partie, nous expliquons plus en détail l'impact de chacun de ces indicateurs. Dansla 3ème partie, nous décrivons l'impact de ces indicateurs sur les principaux concernés en France: les consommateurs, les travailleurs, les entreprises et l'État. Dans la dernière partie, nousrécapitulons la situation et donnons notre avis sur la manière dont la France pourrait exploiterses points forts et faire face à ses défis.

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Catégorie

Commerce

Investissement

Flux de portefeuille

Mobilité de la main d’oeuvre

Inflation

Taux d’intérêts

Emploi

Revenus

Salaires

Croissanceréelle du PIB

Diffusiontechnologique

Résultat (Direct/Indirect)

Bénéfices solides à la fois dansles exportations et lesimportations

Flux/Afflux solides

Afflux solides

Mobilité plus importante

Inférieure

Structurellement inférieurs

Bénéfices nets

Bénéfices nets

Augmentationsmodestes

Tendances à la hausse

Bénéfices nets

Effet sur les principaux concernés en France

La France est toujours l'une des entités commerçantes les plusimportances et les plus compétitives du monde. Lamondialisation a produit des bénéfices solides à la fois dans lecommerce industriel et de services. La croissance d'exportationrelative aux pays en voie de développement a notablementété forte et bénéfique à diverses entreprises et industries.

La France a fait l'expérience de flux net au cours des dixdernières années, bien que la France reste l'une desdestinations les plus attrayantes du monde pour lesmultinationales. Les flux de IDE ont permis de stimuler lacompétitivité et les bénéfices des multinationales françaises.Les afflux de IDE ont permis de créer des emplois et destimuler les revenus des travailleurs français.

La France a jouit d'un accès plus important à la réserved'épargne mondiale, une dynamique qui a permis d'alimenterl'investissement en France et de stimuler la propriétéétrangère d'équités françaises.

Une plus grande mobilité de la main d'oeuvre dans l'UE et desafflux nets en France ont fourni aux entreprises françaises denouvelles sources d'offre et de demande ; les immigrantsseront un facteur compensant le déclin de population et levieillissement de la population dans l'UE et en France.

Elle est inférieure à cause d'une compétition accrue et desfacteurs de productions plus économiques, notamment despays en voie de développement. Bénéfique pour tous lesprincipaux concernés. Mais une plus grande demande dedenrées alimentaires, d'énergie et d'autres ressources des paysen voie de développement a créé une pression à la hausse surles prix.

Des taux d'intérêts bas ont été essentiels à la promotion de lacroissance réelle en France. Le coût inférieur de capitaux abénéficié à tous les principaux concernés en France,notamment les corporations et les consommateurs.

La croissance de l'emploi s'est ralentie ; Les réglementationsdu travail restent un sujet d'inquiétude, mais de nouvelleslégislations sont prometteuses et un commerce desinvestissements transfrontaliers plus importants ont toutcompte fait aidé à la création d'emplois.

Ils sont notablement bénéfiques aux consommateurs français,avec des coûts inférieurs d'importation et un plus grand choixde marchandises. La CE estime que chaque ménage de l'UEgagnerait ?5,000 annuellement si l'Europe tirait parti desbénéfices de la mondialisation.

Les salaires réels ont augmenté au cours des dix dernièresannées, une tendance soutenue par une inflation inférieure,une plus grande concurrence, un plus grand choix de produitset une plus grande disponibilité

La croissance réelle a eu une tendance plus à la hausse enFrance. En revanche, la France a du retard sur les Etats-Unis etles pays en voie de développement. En dépit des périodes defaiblesse, la mondialisation a été un avantage considérablepour les exportations de la France et la compétitivitéfrançaise.

La France doit augmenter ses capacités technologiques etavoir un effet de levier sur les compétences techniquesexistantes. Une dispersion technologique plus importante apermis de stimuler un commerce plus important de services eta permis aux entreprises françaises d'avoir accès à davantagede compétences de technologie mondiale des pays en voie dedéveloppement.

Tableau 1 : Récapitulatif de l’impact de la mondialisation sur la France

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L A FR A N C E FA C E À L A MO N D I A L I S AT I O N

II. La France et la mondialisation : Indicateurs clés

La mondialisation économique se mesure de différentes façons. Dans cette partie, nousexaminons la mondialisation et son effet sur la France dans cinq optiques principales :échanges commerciaux, investissement, capitaux, main-d'?uvre et flux d'idées dans la

technologie et l'innovation. Nous nous penchons ensuite sur la manière dont ces différentsfacteurs interagissent pour influer sur l'inflation, les taux d'intérêt, l'emploi, les revenus, lessalaires et la croissance du produit intérieur brut (PIB) en France.

Les flux commerciaux

Échanges commerciaux : La transition séculaire entre les pays développés et les pays endéveloppement

La mondialisation a renforcé les flux commerciaux internationaux, qui ont atteint un niveaurecord, et modifié l'ancienne structure des échanges commerciaux, et ceci dans l'intérêt de laFrance. En fait, en dépit de l'essor de nouvelles puissances commerciales telles que, notamment,la Chine, l'Inde et le Brésil, la France demeure l'un des plus importants exportateurs du monde.En 2006, la France était le cinquième exportateur de biens, dépassée uniquement parl'Allemagne, la Chine, le Japon et les États-Unis. La France était également le cinquièmeexportateur de services en 2006 – un élément de plus en plus important de la compétitivitéfrançaise.

Les partenaires européens de la France demeurent ses clients et fournisseurs principaux. En2007, 65 % des exportations françaises étaient destinées aux autres États membres de l'UE et 35% seulement aux pays hors de l'UE. (2) Les Amériques représentaient 27 % des exportationsfrançaises hors de l'UE, ainsi que l'Asie, les pays européens hors de l'UE, 19 %, l'Afrique, 16 %,le Proche et le Moyen-Orient, 9 % et les autres pays, 2 %.

En 2007, 61 % des importations françaises provenaient de l'UE et 39 % seulement de pays horsde l'UE. L'Asie représentait 35 % des importations françaises de pays hors de l'UE, les payseuropéens hors de l'UE, 22 %, les Amériques, 21 %, l'Afrique, 12 %, le Proche et le Moyen-Orient, 6 % et les autres pays, 3 %.

ExportationsRang Exportations Valueur Part1. Allemagne 1112 9.22. E-U 1038 8.63. Chine 969 84. Japon 650 5.45. France 490 4.16. Pays-Bas 462 3.87. R-U 448 3.78. Italie 411 3.49. Canada 390 3.210. Belgique 369 3.1

Source : OMC

Tableau 2 : Premiers négociants mondiaux

ImportationsRank Importations Valueur Part1. E-U 1919 15.52. Allemagne 909 7.33. Chine 792 6.44. R-U 619 55. Japon 580 4.76. France 535 4.37. Italie 437 3.58. Pays-Bas 416 3.49. Canada 358 2.910. Belgique 354 2.9

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Tableau 3 : Principaux marchés à l’exportation de la France/Principaux partenaires à l’mportation de la France

Principaux marchés à l'exportation Principaux partenaires à l'importationde la France de la France

1. Allemagne 6. États-Unis 1. Allemagne 6. États-Unis2. Espagne 7. Pays-Bas 2. Belgique 7. Royaume-Uni3. Italie 8. Chine et Hong Kong 3. Italie 8. Pays-Bas4. Royaume-Uni 9. Suisse 4. Espagne 9. Russie5. Belgique 10. Pologne 5. Chine/Hong Kong 10. Japon

Source : Chiffres commerciaux de février 2007 à janvier 2008, ministère français de l'Économie

Cependant, ce résumé des exportations et importations françaises est en contradiction aveccertains courants de changement importants sous-jacents. Tout d'abord, la part des exportationsmondiales totales de la France a affiché une tendance à la baisse au cours de la dernièredécennie. Cette tendance est également manifeste en Allemagne, aux États-Unis et au Japon,pays qui ont vu leur part des exportations mondiales baisser en raison de la croissance de laproduction de biens dans les pays en développement. Les exportations mondiales se dispersentcar davantage de pays progressent sur la courbe de fabrication et accroissent leur capacité deproduction et de vente de biens à travers le monde. Pourtant, contrairement à l'Allemagne, oùles exportations nettes ont accru le PIB réel au cours des quelques dernières années, la balancecommerciale de la France s'est détériorée. La force de l'euro a posé un défi aux exportateursfrançais mais, en général, les entreprises françaises ont été moins disposées à se restructurer enfonction de l'évolution de la demande mondiale que leurs homologues allemandes. Parconséquent, le coût unitaire de main-d'oeuvre a augmenté en France au cours des quelquesdernières années, ce qui a réduit la compétitivité relative des prix des produits français. (3)

Cela dit, les exportations françaises de biens étaient quand même quatre fois plus importantesque celles de l'Inde en 2006 et 50 % plus élevées que celles de la Corée du Sud. En outre,l'attention démesurée accordée aux parts et aux classements ne tient pas compte du faitbeaucoup plus important qu'en termes absolus, les exportations mondiales dans l'ensemble etles exportations françaises en particulier se sont accrues considérablement au cours des 20dernières années. La part du gâteau de la France est peut-être plus petite, mais le gâteau estbeaucoup plus grand en raison de la demande explosive générée par les milliards de nouveauxconsommateurs qui ont rejoint l'économie mondiale au cours des deux dernières décennies.

En fait, si l'on considère les flux commerciaux français au cours de la dernière décennie et demie,il est évident que la France a connu une évolution sensible et saine de ses échangescommerciaux – tout comme d'autres pays d'Europe. Les échanges commerciaux à l'intérieur del'Europe demeurent importants pour la France, mais ceux hors des frontières de l'UE ont changéconsidérablement depuis 1990. Les exportations et importations de la France hors des 15principaux États membres de l'UE sont actuellement plutôt axées sur les pays en développementque sur les pays développés comme le Canada, les États-Unis, le Japon ou l'Australie. Il s'agitd'une transformation structurelle par rapport à l'époque de la guerre froide où les principauxmarchés à l'exportation de la France étaient surtout les autres pays développés.

Entre 1980 et 1989, par exemple, les importants marchés à l'exportation à croissance la plusrapide de la France étaient l'Espagne, le Japon et les États-Unis. Depuis 1990, ces marchés sontla Chine, la Turquie et Singapour et six des dix premiers marchés à l'exportation à croissance laplus rapide de la France sont des pays en développement.

Entre 1980 et 1989, les exportations françaises vers les pays développés ont augmenté au tauxannuel de 17 % alors que les exportations vers les pays en développement ont augmenté autaux moyen annuel composé de 11 %. Cependant, entre 2000 et 2006, les exportationsfrançaises vers les pays développés autres que les 15 États membres de l'UE ont augmenté de20,3 % seulement alors que les exportations vers les pays en développement ont augmenté defaçon vertigineuse au taux de 88,3 %. Résultat, les pays en développement représentaientenviron 65 % des exportations totales de la France en 2006.

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Les importations françaises présentent une évolution similaire. Entre 1980 et 1989, lesimportations en provenance de pays développés ont augmenté au taux annuel de 17 % alorsque les importations en provenance de pays en développement ont augmenté au taux annuelde 7,7 %. Cependant, dans les années 1990, la géographie des importations de la France achangé car les pays en développement ont enregistré une croissance plus forte (6,7 %) que lespays développés (4,7 %). Entre 2000 et 2006, les importations françaises en provenance de paysdéveloppés autres que les 15 États membres de l'UE ont augmenté de moins de 16 % alors queles importations en provenance de pays en développement ont augmenté de façon vertigineuseau taux de 109 %.

Plusieurs facteurs sont la cause de cette reconfiguration des échanges commerciaux, notammentl'intégration de pays en développement rapide dans l'UE et son marché unique, la plus grandespécialisation transfrontalière des entreprises françaises qui a renforcé le commerce intra-firme

Figure 1 : France : La transformation des échanges commerciaux (Exportations) (Croissance annuelle; en pourcentage)

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Figure 2: France : La transformation des échanges commerciaux (Importations) (Croissance annuelle; en pourcentage)

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entre la France et une multitude de pays en développement et l'accroissement de la demandefinale de produits français dans les pays en développement, la consommation et l'investissementdevenant des moteurs économiques plus importants.

Beaucoup a été dit au sujet de l'effet côté offre des pays en développement — c'est-à-direl'entrée de millions de nouveaux travailleurs sur le marché de la main-d'?uvre mondiale. Maisles pays en développement exercent également un impact sur l'économie mondiale côtédemande – en 2007, ils représentaient 40 % des importations globales, ce qui bat tous lesrecords.

Les entreprises et les travailleurs français ont bénéficié considérablement de cette tendance. Lesimportations de l'Afrique en provenance de France ont augmenté d'environ 104 % entre 2000et 2006. Les importations de la Russie et des pays de l'Europe centrale et orientale enprovenance de France ont augmenté de façon vertigineuse au taux de 215 % au cours de lamême période. Les importations du Moyen-Orient en provenance de France ont augmenté de126 %, celles de l'Amérique latine de 83 % et celles des pays asiatiques en développement defaçon vertigineuse au taux de 142 % entre 2000 et 2006.

Les entreprises françaises tirent profit de cette évolution des tendances des exportations, maiselles n'ont pas encore exploité son plein potentiel. Même si la France représente près de 5 %des importations totales du monde entier, elle ne représente généralement que 1 à 2 % desimportations de nombreux pays émergents majeurs. La France est également sous-représentéedans les secteurs tels que les biens d'équipement, qui constituent la plus forte demande des paysémergents. (4) Le défi consistera à exploiter ce potentiel de croissance avec des biens et servicesqui répondent aux besoins des pays en développement à croissance rapide.

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Figure 3 : Les exportations de la France --Pays développés par rapport qux pays en développement(en milliards de $)

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Avantages clés des importations à faible coût

Les pays en développement ne se sont pas seulement révélés un catalyseur clé de la croissancedes exportations pour les entreprises françaises, ils sont également devenus une sourced'importations à faible coût pour la France. Les prix plus faibles des importations ont permisd'obtenir davantage de produits à prix réduits et ont, par conséquent, eu plusieurs effetsbénéfiques pour les consommateurs, les travailleurs, les entreprises et l'État français.

Premièrement, ils se sont avérés déflationnistes. Malgré les préoccupations actuelles desFrançais au sujet de l'inflation importée, l'inflation des prix à la consommation de cettedécennie en France s'élève en moyenne à approximativement 2 %, taux légèrement inférieur àla moyenne de la zone euro. Cette tendance positive est en partie due aux importations à faiblecoût, notamment en provenance de Chine. Les importations en provenance de Chine et desautres pays en développement ont réduit le coût des produits finis pour les consommateursfrançais et ont contribué à faire baisser les coûts des facteurs de production/intermédiaires pourl'industrie française. Selon l'OCDE, depuis 2000, les importations en provenance de Chine seulesont réduit l'inflation dans la zone euro d'une moyenne de 0,2 % par an. Il est probable quecette pression déflationniste à long terme se poursuive.

Deuxièmement, les coûts d'importation plus faibles ont également exercé une pression vers lebas des taux d'intérêt en France et d'autres pays de la zone euro. Le taux d'épargne élevé denombreux pays en développement a eu pour effet d'accroître l'épargne mondiale et, allié auxprix et à l'inflation plus faibles, a contribué à la baisse des taux d'intérêt à long terme.

Troisièmement, les prix plus faibles ont permis d'accroître les gains de salaires réels destravailleurs français. Selon Eurostat, la pression vers le bas sur les prix à la consommation dueaux importations meilleur marché a, au cours des années 1990, contribué à doubler le taux decroissance du pouvoir d'achat des salaires dans l'UE.

Quatrièmement, l'accès aux importations à coûts réduits offre aux consommateurs françaisdavantage de choix à des prix plus faibles et contribue ainsi à accroître leur pouvoir d'achat.

Cinquièmement, l'accroissement de la concurrence a également poussé les entreprises françaises àbaisser leurs coûts et à améliorer leur efficacité de production, ce qui se traduit par une productivitéet une production plus élevées. Enfin, puisque les revenus et la consommation de davantage deménages des pays en développement augmentent, les entreprises françaises bénéficient dedavantage d'opportunités d'exportation auprès de davantage de clients. Les entreprises françaisessont parmi les principaux bénéficiaires de la montée en flèche de la demande d'importations del'Europe centrale et orientale, de la Russie, du Moyen-Orient, de l'Asie et de l'Amérique latine.

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Figure 4 : Pays en développement --Importations en provenance de France(en milliards de $)

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Les pays en développement se sont révélés une source importante pour l'offre et la demandemondiales. Dans de nombreux cas, l'offre (exportations) est supérieure à la demande(importations), notamment quand elle a pour objet des échanges commerciaux entre les paysdéveloppés et les pays en développement. La plupart des pays développés ont un déficitcommercial global avec les pays en développement, et il en est de même pour la France. En2007, le déficit commercial de la France avec les pays en développement s'élevait àapproximativement 3 milliards $. Cependant, si la Chine est exclue du total, la France a, en fait,enregistré un excédent commercial de 9 milliards $ avec les pays en développement en 2006. Ilserait peut-être intéressant de noter que le déficit commercial de la France avec l'Allemagne estlégèrement plus élevé que son déficit commercial avec la Chine.

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Figure 5 : Balance commerciale de la France avec les pays en développement(Annuellement; en milliards de $)

Figure 6 : Excédent commerciale de la Chine avec l’Europe(en milliards de $)

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La France enregistre également des excédents commerciaux dans le secteur des services, unatout important mais sous-exploité de l'économie d'exportation française. Au niveau ducommerce de services, la France a enregistré un excédent de 10,6 milliards ? en 2005, unexcédent de 8,3 milliards ? en 2006 et un excédent de 6,3 milliards ? jusqu'au troisième trimestre2007. (5) Cependant, les taux de croissance des exportations de services françaises sontinférieurs à ceux de la plupart des autres pays européens. En 1996, la France avait une part deprès de 6,5 % du marché des importations mondiales de services. En 2006, elle avait baisséjusqu'à légèrement plus que 4 %. La part de l'Allemagne était similaire à celle de la France en1996 mais, en 2006, elle avait légèrement augmenté jusqu'à près de 7 %. La part du Royaume-Uni était la même que celle de la France en 1996 mais, en 2006, elle avait augmenté jusqu'àenviron 9 % des importations mondiales de services. (6)

Parmi les plus grands pays européens, la France occupe dans le commerce de services uneposition intermédiaire entre le Royaume-Uni (qui est beaucoup plus actif dans ce secteur) etl'Allemagne (qui est toujours en position de force dans le secteur industriel). La spécialisationde la France dans les services est issue en grande partie de sa position de leader dans le secteurdu tourisme, bien que son avantage dans le secteur des brevets et des droits de licence se soitaccru depuis le début de la décennie. Au sein de l'UE, seuls la France, le Royaume-Uni et la Suèderéalisent un excédent commercial important dans le domaine des « redevances et droits delicence » (pour l'utilisation de brevets, de droits d'auteur et de marques). (7)

Les flux d'investissements

La mondialisation a donné lieu à des flux d'investissements directs étrangers robustes, dont laFrance est l’un des principaux bénéficiaires. En fait, la France est l'un des principauxdestinataires et fournisseurs d'investissements directs étrangers (IDE) depuis 1990. La France estactuellement la troisième destination du monde des IDE, dépassée uniquement par les États-Unis et le Royaume-Uni. Au cours de la décennie précédant 2006, la France figurait enquatrième place au niveau mondial, ayant attiré des investissements directs étrangers d'unevaleur de 481 milliards $, après les États-Unis (1,6 billion $), la Belgique (1,2 billion $) et leRoyaume-Uni (800 milliards $).

Selon les Nations unies, les flux d'IDE mondiaux vers la France entre 2000 et 2006 (382milliards $) n'étaient que légèrement inférieurs à ceux vers la Chine (397 milliards $). Lecontinent a attiré des milliards en investissements directs étrangers en raison de son marché dela main-d'?uvre peu coûteux et de son marché de la consommation potentiellement énorme.L'attrait de la France réside dans sa main-d'?uvre hautement qualifiée, son marché de laconsommation riche ainsi que sa participation et sa prépondérance dans l'une des plus grandesentités économiques du monde — l'Union européenne.

L'agrandissement de l'UE n'a pas donné lieu à un détournement à grande échelle desinvestissements directs étrangers des pays à coût élevé tels que la France ou l'Allemagne vers lesproducteurs à faible coût tels que la Pologne, la Hongrie ou la Roumanie. Les entrées d'IDE sontmontées en flèche dans de nombreux nouveaux États membres de l'UE, mais cetteaugmentation n'a pas été aux dépens de la France. En fait, l'ensemble des entrées des nouveauxpays adhérents s'élevait à environ 40 milliards $ en 2006, ce qui représente la moitié des entréesde la France.

La France connaît de fortes augmentations du stock d'IDE entrants et sortants depuis 1990 – lapreuve qu'elle participe à la mondialisation des flux d'investissements directs étrangers. Leniveau du stock d'investissements entrants en France était neuf fois plus élevé en 2006 (783milliards $) qu'en 1990 (86,8 milliards $). L'accroissement du stock d'investissements sortantss'est avéré tout aussi impressionnant — il est passé de 110 milliards $ en 1990 à plus d'1 billion$ en 2006. Chose intéressante, le stock d'investissements sortants de la France en 1990 étaitd'environ un quart inférieur à celui de l'Allemagne en 1990, mais en 2006, il était supérieur de7,5 % – un indicateur important de l'afflux des entreprises françaises sur les marchés mondiauxau cours de la dernière décennie et demie. Selon l'ONU, 13 entreprises françaises figuraientparmi les 100 premières multinationales du monde en 2006 – une de plus qu'en Allemagne.

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Les entreprises françaises ont particulièrement été agressives en termes de fusions etacquisitions (F & A) mondiales au cours de cette décennie. Les fusions et acquisitions sont unélément clé des flux d'IDE totaux et figurent parmi les formes d'investissement préférées denombreuses sociétés domiciliées dans les pays développés.

Comme la Figure 7 le fait ressortir, les sociétés françaises ont, cette décennie, acquis davantaged'actifs à l'étranger que les sociétés étrangères en ont acquis en France — et de loin. Les F & Afrançaises s'élevaient à près de 600 milliards $ entre 2000 et 2007, alors que les F & A étrangèresen France étaient inférieures à 300 milliards $. Les sorties liées aux F & A ne se sont pas remisesde la crise de la bulle des "point-com" de la fin des années 1990, mais elles étaient assezrobustes en 2006 et 2007. Les F & A étaient de l'ordre de 131 milliards $ en moyenne. Les entréesse sont avérées bien plus faibles au cours des deux dernières années, d'une valeur moyenned'environ 50 milliards $.

Sur le plan de la destination, les sorties liées aux F & A françaises se concentrent toujours dansles pays développés. Sur les dix principaux marchés où la France effectue des F & A, huit sont despays développés — avec le Royaume-Uni en tête, suivi des États-Unis, des Pays-Bas, de l'Italie etdu Canada. La Russie et la Hongrie, État membre de l'UE, sont les deux seuls pays endéveloppement. Les F & A françaises sont axées sur les secteurs tels que les télécommunications,l'électricité, les services financiers, l'alimentation et les boissons.

Le dénominateur commun de ces tendances est le rôle dominant des services dans les F & A etinvestissements directs étrangers mondiaux. Le secteur des services a dominé les IDE mondiauxau cours de la dernière décennie, et l'Europe, la France en tête, était au premier rang de ceprocessus. De nos jours, le secteur des services représente près des deux tiers du stock d'IDEmondial, en hausse par rapport à sa part de 49 % en 1990. Les investissements sortants àl'extérieur de l'UE sont dominés par les activités de services — environ 70 % du stockd'investissements sortants de l'UE se situaient dans le secteur des services à la fin de 2004, enhausse par rapport à 62 % à la fin de 2001. En attendant, les investissements au sein de l'UE dansle secteur des services, renforcés par les initiatives du marché unique, se maintiennent à unniveau assez élevé et sont axés sur les services financiers, la distribution, les télécommunications,les services environnementaux, le transport aérien et maritime et les activités liées àl'infrastructure telles que l'eau, l'électricité, l'énergie et l'environnement. Les entreprisesfrançaises comme Total (énergie), Électricité de France (électricité, gaz et eau), France Télécom

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Figure 7 : Entrées/sorties liées aux F&A de la France (Fusions et acquistions entrantes et sortantes par opération pour la France par rapport au reste du monde; en milliards de $)

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(télécommunications), Suez (électricité, gaz, eau et environnement), Veolia et Saur(environnement) sont assez compétitives dans ces secteurs. (8)

Du fait des niveaux croissants des investissements dans le secteur des services, les IDE demeurentintenses au sein de l'Europe en général et en France en particulier. Plusieurs forces sont à la basede cette hausse dynamique des IDE dans le secteur des services, à laquelle la France contribueconsidérablement. La première relève de l'essor de l'économie des services, non seulement dansl'UE mais également dans le reste du monde. Deuxièmement, puisque de nombreux services nesont pas négociables, les investissements transfrontaliers sont le seul moyen pour les entreprisesd'introduire des services dans les pays étrangers. Troisièmement, les IDE dans le secteur desservices se sont développés car les entreprises françaises et d'autres pays européens recherchent

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Figure 8 : France : Destinations principales des F&A à l’étranger(Classées par valeur de fusions et acquisitions sortantes enregistrées de 2000 à 2007; en milliards de $)

Figure 9 : France : Secteurs étrangers les plus prisés pour les F&A à l’étranger (Classées par valeur de fusions et acquisitions sortantes enregistrées de 2000 à 2007; en milliards de $)

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de nouveaux marchés et de nouvelles ressources hors de l'Union européenne. Enfin, davantaged'accords de libre-échange (ALE) se concentrent sur les services, encourageant ainsi la haussedes investissements transfrontaliers dans diverses activités de service. En 1999, 11 ALE seulementtraitaient de services. Depuis 2000, ce nombre est passé à 42.

En termes d'entrées liées aux F & A, des multinationales de pays développés — notamment desÉtats-Unis et du Royaume-Uni — furent les chefs de file en France au cours de cette décennie.Les entreprises américaines et britanniques représentaient ensemble environ 40 % des entréesliées aux F & A en France entre 2000 et 2007. Les secteurs d'intérêt clés étaient les secteurstertiaires tels que les médias, les services financiers et les télécommunications. (9)

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Figure 11 : France : Secteurs les plus prisés pour les flux entrants liés aux F&A(Classées par valeur de fusions et acquisitions sortantes enregistrées de 2000 à 2007; en milliards de $)

Figure 10 : France : Entrées liées aux F&A par pays (Classées par valeur de fusions et acquisitions sortantes enregistrées de 2000 à 2007; en milliards de $)

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L'accroissement des sorties de capitaux a permis aux entreprises françaises d'améliorer leurprofitabilité et leur productivité globales dans leur pays en délocalisant diverses activités etfonctions dans d'autres pays où les coûts d'exploitation sont plus faibles. Il en résulte une plusgrande spécialisation transfrontalière parmi les sociétés françaises, des entreprises commercialesplus compétitives et des entreprises plus rentables.

Les IDE donnent également un coup de fouet important au commerce et à l'emploi français. Les18 000 filiales des sociétés étrangères actives en France représentent 45 % des exportationsfrançaises de biens et 30 % des importations françaises de biens et services. Elles emploient plusde 2 millions de personnes. Les investisseurs étrangers emploient en France le double despersonnes qu'ils employaient il y a dix ans. Quelque 40 000 nouveaux emplois ont été créés en2006 grâce aux projets étrangers en France – le plus haut niveau jamais enregistré (et uneaugmentation de 33 % par rapport à 2005). En France, dans le secteur privé, un employé sursept travaille pour une société étrangère, plus qu'en Allemagne, qu'au Royaume-Uni, qu'auxPays-Bas ou qu'aux États-Unis. (10)

Les États-Unis sont le principal investisseur étranger en France, avec près de 3 000 sociétés quiprocurent 584 100 emplois français. Les investissements directs étrangers des États-Unis enFrance représentaient 16 % de tous les emplois créés en France en 2007. Les sociétés affiliéesaméricaines emploient à peu près 20 % de plus de personnes en France qu'en Chine. Lesexpansions d'entreprises représentaient 45 % des investissements américains en 2007, ce quireflète la confiance en l'avenir de l'économie française. Les services demeurent un secteur decroissance très dynamique pour les investisseurs américains, ceux-ci représentant 45 % desemplois créés ou maintenus par les sociétés américaines en 2007. (11)

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La France est également un investisseur majeur aux États-Unis. En 2006, les IDE des sociétésaffiliées françaises à participation majoritaire aux États-Unis s'élevaient à 158,8 milliards $. Lesinvestissements français aux États-Unis procurent 473 100 emplois américains. Des transactionscommerciales d'une valeur approximative de 1 milliard $ s'effectuent chaque jour ouvrableentre la France et les Etats-Unis (12) Les services jouent également un rôle majeur dans lesrelations commerciales franco-américaines. Les États-Unis représentent 44 % des ventesmondiales des sociétés affiliées étrangères de sociétés françaises. (13)

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Figure 12 : La France et les États-Unis : Chiffres des investissements et échanges commerciaux

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Les flux de capitaux

Outre les échanges commerciaux et investissements liés aux biens et services, rien ne traduitmieux la vélocité de la mondialisation que les mouvements quotidiens des capitaux mondiaux.Le volume quotidien des transactions sur les marchés des changes a quasiment quadruplé depuisle début des années 1990 et s'élevait à 3,2 billions $ au début de l'année 2007. L'euro est à lapointe de cette tendance ; la monnaie unique européenne représente 37 % du volumequotidien des transactions mondiales, dépassée uniquement par le dollar US. L'euro a permis àla France et ses partenaires de la zone euro d'attirer une plus grande proportion de l'épargneexcédentaire du monde, ce qui a consolidé les marchés de capitaux français et européens parrapport à ceux des États-Unis, fourni davantage de liquidités pour l'investissement de capitauxet encouragé des taux d'intérêt plus faibles. La vigueur de l'euro a également réduit les récentespressions inflationnistes émanant des prix en dollars plus élevés des produits alimentaires, ducarburant et des autres ressources. McKinsey calcule qu'en 2006, les actifs des marchés decapitaux américains s'élevaient à un montant de 56 billions $. Les actifs de l'Europe, le Royaume-Uni compris, s'élevaient à environ 53 billions $, ce qui représente une nette augmentation aucours des dernières années. Les dernières trajectoires laissent supposer que l'Europe a dépasséles États-Unis en 2007. (14)

La vélocité des capitaux a également engendré une culture axée davantage sur les actionsmondiales, et la France y a personnellement contribué. Les investisseurs étrangers détiennent àprésent 46 % de la capitalisation boursière du CAC 40 (l'indice boursier de Paris). Ce chiffre esttrès supérieur au niveau de participation étrangère aux États-Unis (environ 18 %) et plus élevéque les avoirs de non-résidents des autres pays européens. En avril 2007, Euronext (dont labourse de Paris fait partie) s'est rapprochée de la bourse de New York (NYSE) pour donnernaissance à la plateforme boursière la plus importante et la plus liquide du monde, avec unvolume d'affaires quotidien d'une valeur totale moyenne d'environ 120 milliards $ et unecapitalisation de sociétés cotées d'une valeur totale de 28,5 billions $. (15)

La montée en flèche des niveaux de participation étrangère et de contribution aux marchéseuropéens et français des capitaux et des actions a été bénéfique pour les principaux concernésfrançais car elle a permis d'améliorer la rentabilité des capitaux de l'infrastructure financièrefrançaise et de mettre davantage de capitaux à faible coût à disposition pour l'investissementde capitaux et les dépenses de consommation.

Les préoccupations que suscite le fait que la turbulence financière affectant actuellement lesmarchés américains et britanniques pourrait gagner la France et d'autres pays de la zone eurosont légitimes, mais jusqu'à présent, l'économie française n'a pas été vraiment touchée. Malgréles gros titres à sensation tels que le scandale de la Société Générale, les banques françaisesdemeurent solides et leur exposition au marché des prêts à risque des États-Unis semble limitée.Les banques françaises sont en général bien capitalisées et il n'existe pas vraiment de marchédes prêts à risque en France. Les prix de l'immobilier ont sensiblement augmenté, mais lesménages français sont beaucoup moins endettés que leurs homologues britanniques etaméricains. Néanmoins, ces troubles freineront probablement la croissance en 2008 et 2009 enraison du resserrement général du crédit et de la demande réduite de ces partenaires clés. (16)

Le déplacement de populations

Les défis démographiques

L'ensemble de l'Europe se contracte et vieillit. L'Europe perdra au total 60 millions de travailleursau cours de la prochaine décennie, ce qui aura un impact profond sur les tendances de laconsommation, les besoins de logement et de soins, les comportements sociaux, le potentiel dedéfense et les priorités politiques d'un bout à l'autre du continent. L'impact du vieillissement despopulations seul pourrait réduire la croissance de la production potentielle moyenne de l'Europede près de la moitié d'ici 2040, faute de réformes structurelles. La mondialisation n'est pas la causede ces pressions démographiques ; elle peut en fait offrir des solutions. Cependant, lamondialisation expose le défi démographique de l'Europe sans ambages.

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La situation de la France est meilleure que la plupart de ses partenaires de l'UE du fait de sontaux de fécondité de 1,94 enfant par femme qui, allié à l'immigration, permettra à la Franced'enregistrer des gains de population modestes. D'un autre côté, le vieillissementdémographique lié à une espérance de vie plus longue et le déséquilibre croissant du rapportentre travailleurs jeunes et travailleurs âgés constitueront un défi majeur pour l'économiefrançaise. (17)

Il est vraisemblable que la main-d'?uvre française plus âgée, au sein d'un bassin de main-d'?uvreeuropéen plus petit et plus âgé, exacerbera les pénuries de compétences et exposera lesdisparités entre les emplois disponibles et les compétences pertinentes. À une époque où lesniveaux de chômage français demeurent élevés et la croissance de l'emploi européen dans laplupart des secteurs est en moyenne de 1 % par an, la croissance de l'emploi européen dans lessecteurs de l'enseignement supérieur augmente de 3 % par an et ces travailleurs bénéficient detaux d'emploi élevés (83,2 %) et de taux de chômage faibles (4,8 %). (18) La France et sespartenaires européens peuvent faire face à ces tendances en améliorant les opportunitésd'éducation et en accroissant la productivité par le biais d'une main-d'?uvre hautementqualifiée mieux éduquée et de l'introduction d'une main-d'?uvre immigrée qualifiée. L'Europe,dont la France, a besoin d'un important afflux d'immigrés qualifiés pour aider à combler leslacunes du marché de l'emploi, maintenir le niveau de vie européen et soutenir sa populationvieillissante.

Les préoccupations relatives à l'immigration

La réduction des coûts de transport et de communication facilite le déplacement despopulations à travers le monde, mais celui-ci est limité par les politiques des gouvernements.Cependant, la France et ses partenaires de l'UE sont actuellement aux prises avec une plusgrande mobilité de la main-d'?uvre qui a deux origines.

La première relève de l'agrandissement de l'UE et de l'engagement de cette dernière envers lalibre circulation de la main-d'?uvre à l'intérieur de ses frontières. Le Royaume-Uni, l'Irlande etla Suède ont fait bon accueil aux immigrés des nouveaux États membres de l'UE quand cesderniers l'ont rejointe il y a quatre ans. Le 1er juillet 2008, la France ouvrira ses frontières auxtravailleurs de huit nouveaux États membres de l'UE (la Roumanie et la Bulgarie seront soumisesà des restrictions jusqu'en 2014). Malgré un chômage élevé persistant et les craintes populairesque les plombiers polonais volent des emplois français et fassent baisser les salaires, lesentreprises françaises se plaignent de pénuries de main-d'?uvre dans certains secteurs. En outre,la France a déjà ouvert petit à petit ses frontières aux travailleurs immigrés des États membresde l'Europe de l'Est au cours des quelques dernières années. L'État français déclare qu'entre2005 et 2007, seulement 30 000 travailleurs saisonniers et 4 850 travailleurs réguliers sont venusd'Europe de l'Est en France, ce qui dissipe les craintes d'une « invasion » migratoire. (19)

La deuxième origine de la mobilité de la main-d'?uvre est la venue en France de travailleurshautement et peu qualifiés de pays hors des frontières de l'UE. Chaque année, l'Europe reçoitun afflux net d'1 million d'immigrés par an, mais il s'agit principalement d'immigrés peuéduqués et qualifiés ; elle ne reçoit pas le nombre d'immigrés éduqués et hautement qualifiésdont elle a besoin. 74 % des adultes d'origine étrangère habitant dans les 25 pays de l'UE sontpeu ou moyennement qualifiés et 26 % seulement sont hautement qualifiés. (20)

Cette tendance contraste nettement avec les autres régions du monde. 85 % de la main-d'?uvrenon qualifiée de pays en développement émigre dans l'UE et 5 % seulement aux États-Unis,alors que 55 % de la main-d'?uvre qualifiée émigre aux États-Unis et 5 % seulement dans l'UE.Les travailleurs étrangers hautement qualifiés représentent 1,7 % seulement de tous lestravailleurs de l'UE, par rapport à 9,9 % en Australie, 7,3 % au Canada et 3,5 % aux États-Unis.(21) L'Europe est devenue un aimant pour la main-d'?uvre non qualifiée à une époque où elleaurait particulièrement besoin de talents étrangers hautement qualifiés.

Les étrangers constituent un plus gros pourcentage de la population française que l'UE dans sonensemble. Il y a 3,26 millions de ressortissants étrangers en France (5,6 % de la population) et22,89 millions dans les 27 pays de l'UE (4,7 % de la population totale). 6,47 millions de personnes

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en France (10,7 % de la population) sont d'origine étrangère, par rapport à 40,5 millions dansles 27 pays de l'UE (8,3 % de la population totale). La main-d'oeuvre d'origine étrangère légalereprésentait en 2006 11 % du total des emplois en France. (22)

Au cours des trente dernières années, l'immigration en France s'est orientée vers la famille etnon vers le travailleur comme c'était auparavant le cas. Le choc des prix du pétrole et lechômage élevé qui en a résulté au début des années 1970 a amené la France à arrêter derecruter des travailleurs immigrés, mais les étrangers ont continué à émigrer en France engrands nombres pour rejoindre les membres de leur famille. De nos jours, la réunification desfamilles représente près de 65 % de l'immigration en France — une des raisons principales pourlesquelles l'État désire maîtriser le nombre et le genre d'immigrés qui s'installent dans le pays(voir Figure 13). En outre, le nombre d'immigrés non autorisés — une estimation de 200 000 à400 000 — avive les inquiétudes quant à la montée de la pauvreté, du chômage et des tensionssociales. (23) De nombreux politiques français ont pris énergiquement parti pour l'introductionde mesures plus rigoureuses faisant obstacle à l'immigration par crainte de la perte d'emploiset la menace de la réduction des salaires. Résultat, l'immigration en France a baissé au cours desdernières années, même si elle a augmenté nettement dans les pays de l'UE tels que l'Espagne,l'Italie et le Royaume-Uni.

La crainte que l'immigration accroisse le chômage est profondément enracinée dans l'opinionpublique européenne. Pourtant, les preuves empiriques semblent indiquer qu'en général, l'effetde l'immigration sur les salaires et l'emploi des travailleurs autochtones est minime. Lestravailleurs immigrés peuvent déplacer quelques travailleurs autochtones à moyen terme, maisl'effet a tendance à être faible et de courte durée. Dans la plupart des cas, l'impact del'immigration sur les emplois et salaires locaux est spécifique au secteur ; les effets globaux sontinsignifiants. En somme, les preuves empiriques indiquent que l'immigration peut avoir desconséquences négatives à court terme qui se traduisent par le chômage, une pression sur lesmarchés où les salaires sont flexibles et une augmentation des coûts sociaux. Cependant, àmoyen et long termes, l'impact est positif en termes de croissance économique globale. Étantdonné que les immigrés sont plus mobiles que les travailleurs autochtones, ils « lubrifient lesrouages » de l'évolution économique européenne. Les immigrés sont également desconsommateurs et procurent ainsi du travail aux autres. Ils occupent souvent des emploisdangereux, insalubres ou mal payés que les travailleurs autochtones français évitent. (24) Selonles employeurs français, les industries hôtelière et de la restauration ont entre 35 000 et 40 000postes vacants, même si le taux de sans-emplois français s'élève à 7,8 %, l'un des plus élevésd'Europe. (25)

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64.3

6.5

17.3

11.9

Emploi

Autres (liens ethniques,santé, retraite, etc.)

Réunification des familles

Humanitaires

Figure 13: Immigration en France par raison d’entrée (pourcentage de l’immigration totale, 2004)

Source : l’OCDE; l’Institut des politiques migratoires

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Pourtant, les immigrés hautement qualifiés peuvent aider à susciter l'innovation, à améliorer laproductivité et, par conséquent, à créer de nouveaux emplois. L'afflux de travailleurs hautementqualifiés est l'élément vital des réseaux d'innovation mondiaux et les professionnels d'origineétrangère sont maintenant très importants pour l'économie française. La France réussit assezbien à attirer les immigrés hautement qualifiés, en particulier par rapport à ses partenaires del'UE. La France enregistre un afflux net positif de travailleurs professionnels et techniques etbénéficie de flux de connaissances solides. La France a un taux d'entrée élevé (8,3 %) et un tauxde sortie faible (2,6 %) de travailleurs professionnels et techniques, avec une proportionimportante en provenance de pays en développement. La France a été moins affectée parl'exode des talents vers les États-Unis et d'autres destinations attractives. Moins de 2 % descientifiques français ont émigré en Amérique du Nord ; dans les autres pays européens, ce tauxest quatre à huit fois plus élevé. (26)

L'économie française bénéficie également de deux autres afflux importants de personnes. LaFrance est le leader mondial du tourisme. En 2006, 78 millions de personnes ont visité la France,ce qui a généré des revenus de 42 milliards $. Au cours des dernières années, la France aégalement enregistré l'une des plus fortes augmentations proportionnelles du nombred'étudiants étrangers de l'Europe. (27)

L'État français adapte ses politiques d'immigration pour maintenir ou accroître la taille et laqualité de sa main-d'?uvre en attirant davantage de travailleurs immigrés hautement qualifiés,notamment dans les domaines liés à la technologie. De nouvelles lois sur l'immigration etl'intégration ont été adoptées en 2006 pour faciliter l'immigration de travailleurs hautementqualifiés. Au niveau européen, la proposition de « carte bleue » de l'UE, soutenue par l'Étatfrançais et s'inspirant de la « carte verte » américaine, vise à être l'outil majeur de l'UE dans lecadre de la concurrence mondiale pour les travailleurs hautement qualifiés et très mobiles.Cette carte bleue cherche à faciliter les procédures de demande à l'échelle de l'UE et à créer desconditions d'entrée et de résidence plus attrayantes. Cependant, cette approche laisse certainsÉtats membres sceptiques et il sera difficile d'obtenir le soutien de l'ensemble de l'UE.

En bref, la France va à l'encontre du courant dominant européen pour ce qui est de la réductiondes populations et de l'afflux d'immigrés peu qualifiés, et elle demeure une des destinationspréférées des touristes et des étudiants. Toutefois, la main-d'?uvre française vieillit et la Francene pourra pas s'isoler des conséquences négatives pour la croissance européenne des défisdémographiques auxquels ses voisins sont confrontés -- toutes les tendances soulignentl'urgence des efforts à faire à l'échelle de l'UE pour attirer des talents hautement qualifiés etdes efforts à faire au niveau national pour améliorer les opportunités d'éducation, mieuxadapter les compétences aux emplois, créer des marchés de la main-d'?uvre plus résistants etrésoudre les problèmes d'exclusion sociale.

Le mouvement des idées

La France et la mondialisation de la technologie et de l’innovation

L’informatique est l’un des secteurs principaux et très transformationnels de l’économiemondiale. De plus en plus, la position d’une nation sur la courbe informatique détermine saposition dans la hiérarchie économique mondiale. La technologie est un facteur clé dedifférenciation économique, une variable qui sépare les économies supérieures du reste dumonde. Etant donné que l’innovation technologique se trouve au c?ur du potentiel decroissance sur le long terme de toute économie, les capacités technologiques actuelles et futuresde la France, dans un monde où l’informatique se mondialise rapidement, contribueront àdéterminer la prospérité économique du pays.

Au sein de l’Europe, les capacités de technologie et d’innovation sont complètementdifférentes. En général, l’Irlande, le Royaume Uni et les pays nordiques se situent plus haut surla courbe technologique que le reste de l’Europe. La Grèce, l’Italie et l’Espagne se situent àl’autre bout du spectre technologique. La France et le reste de l’Europe, généralement, sesituent au milieu. En ce qui concerne la production, la puissance informatique est assez élevée

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dans les secteurs tels que l’industrie aérospatiale, la téléphonie mobile, l’industriepharmaceutique, et divers produits d’ingénierie, et pourtant elle est en retard sur de nombreuxsecteurs/activités de services d’Europe.

On s’accorde généralement à dire que l’infrastructure informatique de l’Europe est nonseulement en retard sur les USA et le Japon, mais encore que l’écart technologique entrel’Europe et les locomotives de nouvelles technologies d’Asie (telles que la Chine, l’Inde et laCorée du Sud) se réduit rapidement. L’Europe risque d’être comprimée entre le challenge duhaut de l’échelle posé par les Etats-Unis et le Japon, et celui de rattrapage posé par les paysémergents. Bien qu’elle possède certaines forces fondamentales, la France est davantage unpays suiveur que leader en technologie.

Le réseau français est-il prêt ?

Le Rapport sur l’Informatique Mondiale (Global Information Technology Report) utilise unNetworked Readiness Index (NRI) afin d’évaluer dans quelle mesure une nation est prête àparticiper aux développements TIC et à en tirer parti. Le NRI est composé de trois indicesd’éléments qui évaluent l’environnement TIC offert par un pays, la capacité des intéressés de cepays à utiliser les TIC (individus, entreprises, gouvernements), et l’utilisation effective des TICparmi ces intéressés.

Selon la dernière édition 2007-08 du rapport NRI, la France est 21ème et elle est en retard surdes pays tels que l’Estonie, Israël, l’Australie, le Canada et la Suisse. L’Europe dans son ensemble,est par contre plutôt bien classée dans cette étude, avec 7 pays parmi les 10 premiers duclassement. Le Danemark occupe le premier rang et la Suède le deuxième.

La France et l’innovation mondiale

Par d’autres évaluations, celles de l’innovation, la France est en retard sur d’autres payseuropéens. Une série de rapports réalisés pour la Commission Européenne a conclu que laSuède, la Suisse, la Finlande, le Danemark et l’Allemagne sont classés en tête de liste des leadersde l’innovation mondiale, tandis que la France, le Royaume Uni, les Pays Bas, la Belgique,l’Autriche et l’Irlande sont classés derrière les leaders d’innovation mais au-dessus de lamoyenne des 25 pays de l’Union européenne.

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Figure 14 : Les tendances dans le domaine de l’innovation en Europe, aux États-Unis et au Japon

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Selon le Regional Innovation Scorecard 2006 de la Commission Européenne, seules trois régionsfrançaises ont été classées parmi les 50 premières régions innovantes d’Europe : l’Ile de France(9ème); la région Midi-Pyrénées (30ème); et la région Rhône-Alpes (33ème). (28) Il s’agit là d’unpoint faible fondamental, étant donné que les microrégions deviennent de plus en plus desincubateurs technologiques et des moteurs clés de la croissance économique. Alors quel’économie du monde est de plus en plus interconnectée et mondiale, l’économie locale devientégalement plus importante. De plus, il semble que de nombreuses microrégions ou technopôlesclés pouvant être le moteur d’innovation et de croissance, manquent à la France. Et qui plus est,de telles « régions d’apprentissage » dynamiques, adaptées aux meilleures pratiques motivéespar la connaissance et par des réseaux commerciaux étroitement liés, devraient attirer desinvestissements étrangers et créer des emplois hautement qualifiés à l’avenir. Selon ces critères,la France se laisse devancer par certains pays européens.

En ce qui concerne la capacité de la France à exporter des produits de pointe, le Tableau 5souligne deux facteurs cruciaux. Premièrement, la Chine et les pays d’Asie du Sud-est sont déjàdes concurrents importants en matière d’exportation de produits de pointe. Deuxièmement, laforce d’exportation de produits de pointe de la France repose sur des exportations de haute etmoyenne technologie, un secteur risquant d’affronter plus de concurrence avec des paysémergents dans l’avenir. Etant donné ces réalités, alors que la France ne s’est jamais autantdirigée vers une économie de service basée sur la connaissance, elle doit conserver et améliorerses forces concurrentielles en matière de services et de produits de pointe ou bien subir uneperte de bien-être économique moyen. Dans une économie mondiale où l’application detechnologie et d’innovation dicte de plus en plus le rythme du changement et les niveaux deprospérité économique, la France mise au défi d’augmenter sa propre production et ses proprescapacités d’intensité novatrice, tout en continuant d’attirer les capitaux d’investissement et lescompétences fondamentales informatiques des leaders étrangers de la technologie.

Tableau : Taux d’exportation dans le secteur de la production industrielle, par puissance de qualification 2005; en pourcentage(s)

Source : l’OCDE

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High ICT Medium-High Medium-Low LowTech Tech Tech Tech

Monde 27,8 19,5 37,5 14,3 20,5UE 15 25,7 12,8 44,6 12,9 16,8UE 12 15,2 15,1 41,1 18,7 25,1

Japon 27,1 21,9 55,7 12,8 4,4Chine 36,2 33,2 20,7 12,8 30,3Asie du sud-est (ex Chine) 47,8 43,4 23,1 8,9 20,2

Autriche 14,1 8,7 43,7 17,4 24,8Belgique 20,3 5,9 44,9 14,9 19,9Chypre 49,2 32,3 21,9 4,3 24,6République tchèque 15,8 15,8 46,7 20,1 17,4

Danemark 23,2 10,8 29,8 11,7 35,3Estonie 23,8 24,4 23,9 14,8 37,5Finlande 26,7 24,0 29,8 17,0 26,5France 24,4 9,1 42,2 13,3 20,1Allemagne 20,5 11,4 51,8 13,7 14,0

Grèce 14,8 6,0 19,1 25,7 40,4Hongrie 32,8 31,6 43,6 9,4 14,2Irlande 52,8 24,4 32,2 2,4 12,6Italie 11,8 5,0 41,7 17,7 28,8Lettonie 7,7 4,6 17,4 13,0 61,9

Lituanie 11,3 10,6 29,5 15,5 43,7Malte 57,3 50,3 15,7 6,3 20,8Pays-Bas 34,7 24,6 31,7 10,2 23,4Pologne 6,8 7,4 40,4 24,3 28,6Portugal 12,5 11,9 32,6 16,7 38,3

Romanie 4,2 9,6 32,3 17,5 45,9Slovaquie 12,9 14,6 46,9 19,3 20,8Slovénie 10,4 3,6 45,0 19,9 24,7Espagne 11,9 5,6 47,3 18,2 22,6Suède 24,0 15,3 38,9 15,3 21,8Royaume-Uni 33,8 20,0 37,8 12,1 16,4

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Plus les entreprises françaises sont intégrées dans les réseaux mondiaux d’innovations, plus ellesseront en mesure de faire face à ce challenge. Une étude de la Banque de France réalisée sur 28133 entreprises françaises entre 1996 et 2002 (29) a révélé que les entreprises qui ont accès auxmarchés étrangers à travers des filiales étrangères et/ou des exportations, ont plus depossibilités d’accéder aux nouvelles technologies améliorées étrangères. Les entreprisesmondiales devraient avoir de fortes chances de bénéficier des retombées technologiquesinternationales. Dans la plupart des cas, les observations expérimentales semblent indiquer queles entreprises exportatrices ont une productivité supérieure à celle des entreprises quin’exportent pas.

La France possède effectivement certaines forces technologiques fondamentales, surtout dansles domaines du transport de marchandises rapide, de l’automobile, du transport aérien civil etmilitaire, et des produits pharmaceutiques et de luxe. En outre, le secteur de la Recherche et duDéveloppement représente 380 000 emplois en France, et pour les seuls chercheurs, la Franceoccupe le sixième rang mondial et le second rang européen derrière l’Allemagne. Avec unecroissance moyenne supérieure à 3% par an, l’augmentation du nombre des chercheurs enFrance a été l’une des plus fortes de l’OCDE au cours des dernières années. (30)

Malgré ces forces, la France mobilise ses ressources en Recherche & Développement avecinadéquation. Le secteur commercial a contribué à 51,7 pour cent de tous les investissements enR&D en France entre 2001 et 2005, derrière la Suède, la Finlande, l’Allemagne et le Danemark.La croissance en matière de R&D de la France, qui était de 0,6 pour cent entre 2001 et 2005, étaitbien inférieure à celle de l’Irlande (8,5 pour cent), de la Chine (19,7 pour cent) et de nombreuxautres pays pendant la même période. Bien qu’il y ait eu des améliorations récentes, stimuléesen partie par les nouveaux crédits d’impôt pour la recherche octroyés par le gouvernement, ilsemble peu probable que la France atteigne la cible Stratégique de Lisbonne de 3 pour cent duProduit Intérieur Brut investis dans la Recherche & le Développement en 2010. La France doitrelever le défi et augmenter la dépense R&D du secteur privé. (31)

En dépit de ces challenges, la culture et la créativité françaises sont largement considéréescomme étant deux atouts importants de la « marque » mondiale de la France. Selon leclassement publié par Brand Finance, la France est au troisième rang mondial pour son nombrede marques (dans certains secteurs) avec la plus grande partie du capital (L’Oréal, Louis Vuittonet Chanel). Afin de tirer parti du cachet de la Marque France, il est nécessaire de mettresimultanément l’accent sur la capacité technologique de la France et sur sa réputation pour sonart de vivre. Ceci souligne pourquoi la France se fait fort d’être une nation qui défendimpitoyablement les droits de propriété intellectuelle, une protection clé pour la créativité.

L’inflation

Au cours des 15 dernières années, l’inflation en France a été sensiblement inférieure à ce qu’elleaurait pu être sans la mondialisation, en raison d’une concurrence accrue et de coûtsd’importations inférieurs. Ceci a été avantageux pour tous les intéressés, et cette tendance delongue date et à long terme, a de fortes chances de continuer. D’autre part, la demandecroissante des pays émergents, a stimulé plus récemment les prix des denrées alimentaires, del’énergie et d’autres utilités. La force de l’Euro a contribué à alléger certaines pressions exercéespar la dominance du Dollar, mais les prix d’importation de matières brutes non pétrolières etnon alimentaires augmentent de 6,5 pour cent par an. En conséquence, le gouvernementfrançais a signalé que les prix au mois de mars 2008 ont augmenté de 3,5 pour cent par an, letaux d’augmentation annuel le plus élevé depuis 11 ans. Bien que l’inflation de la zone eurosoit passée à 3,3 pour cent en avril et que la Commission Européenne estime que l’augmentationdes prix de la zone euro fera une moyenne de 2,9 pour cent en 2008, ce qui reste supérieur àl’augmentation ciblée par la Banque Centrale Européenne « inférieure à mais proche de » 2pour cent pour la zone euro.

Les hausses actuelles des prix des denrée alimentaires sont importantes, mais sont inférieures àcelles survenues il y a quelques années, et qui avaient été provoquées par la législationnationale, et non par la mondialisation. Les réglementations intransigeantes conçues pour laprotection contre le dumping et codifiées dans la loi Galland en 1997, ont, en pratique, étoufféla concurrence et ont eu pour résultat des prix à la consommation plus élevés. Entre 1997 et

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2002, les prix français des denrées alimentaires ont augmenté de 11,8 pour cent, uneaugmentation bien supérieure aux 6,4 pour cent de l’inflation du prix à la consommation aucours de cette période. Le gouvernement français a agi afin de contenir les prix et en 2005-2006a introduit quelques réformes restreintes de la loi Galland, avec des résultats positifs. (32)

En bref, la mondialisation générale a eu un impact de déflation sur la France, bien qu’elle puisseaussi conduire à une augmentation des prix provenant de l’étranger, à cause de facteurscycliques, comme c’est le cas actuellement. L’exemple de la loi Galland démontre que les actionsau niveau national sont également cruciales, et que, cependant, il serait possible d’agirdavantage dans un pays pour combattre l’inflation.

A titre de comparaison, l’inflation en France et dans d’autres pays de la zone euro est inférieureà celle des pays en voie de développement, dont beaucoup sont confrontés à une combinaisonà la fois de l’inflation des salaires et de l’inflation des prix. L’inflation des salaires en Chine, parexemple, augmente de 22 pour cent par an. (33) Le taux d’inflation total de la Chine s’élève à8,5 pour cent par an. En Russie, l’inflation dépasse les nombres à deux chiffres et ne cessed’augmenter. En Inde et au Brésil, l’inflation est supérieure à 5 pour cent et continued’augmenter.

Les taux d’intérêts

Les taux d’intérêts de la zone euro ont désormais tendance à être supérieurs à ceux des EtatsUnis, où le Federal Reserve Board américain s’est lancé dans des réductions massives des intérêtsd’emprunts afin de contrecarrer sa crise financière actuelle et les pressions de récessionexistantes. La Banque Centrale Européenne a conservé sa politique de taux principal à 4 pourcent afin de contrebalancer les pressions d’inflation présentées brièvement ci-dessus. Pourtant,si on se place au-delà de la hausse d’inflation de ces derniers mois et si on se tourne vers lesquinze dernières années, il est clair que la mondialisation a été globalement déflationniste. Cequi a permis de réduire les taux d’intérêts, réduction qui, à son tour, a permis de baisser lesintérêts d’emprunt du gouvernement et des consommateurs français, de stimuler les dépensesd’investissement des entreprises françaises, et a permis d’alimenter une croissance réelle enFrance.

Les emplois

Le chômage français reste obstinément au-dessus de la moyenne européenne et toucheparticulièrement les plus jeunes ouvriers (près de 20 pour cent). En même temps, le tauxd’emploi est parmi le plus bas en Europe, et la création d’emplois reste inférieure à 1 pour centpar an. L’augmentation du SMIC a brusquement dépassé les salaires moyens (et la productivité),faisant perdre à de nombreux ouvriers non qualifiés leur place sur le marché du travail. (34)

Il y a eu certains développements positifs. Dans le dernier quart de l’année 2007, le taux de sansemploi français était de 7,5 pour cent, taux le plus bas en 25 ans. Ces données enregistrent unetendance à la chute du chômage d’un record de 11,3 pour cent en 1997 (35) à 8,4 pour cent audébut de 2007. Pourtant, le taux du chômage actuel est certainement trop élevé et toujoursbien au-dessus de la cible de 5 pour cent d’ici à 2012, fixée par le gouvernement Sarkozy.

La question pertinente de notre étude est la relation entre la mondialisation et les emplois.L’inquiétude courante de l’opinion a tendance à se focaliser sur deux problèmes : le premier estla délocalisation des emplois par les entreprises françaises, et le second est la relation entre letaux de chômage et les importations françaises des pays pratiquant une politique de bassalaires.

Le phénomène de délocalisation, c’est à dire lorsqu’une entreprise transfère des services et/oudes activités industrielles à l’extérieur du pays dans une filiale ou non, est couramment l’aspectde la mondialisation le plus chargé d’émotion et le plus incompris. Alors que la délocalisationn’est pas un phénomène nouveau, elle a créé beaucoup d’anxiété dans toute l’Europe, y comprisen France.

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Les critiques accusent les entreprises de chercher à délocaliser des activités essentiellement pourprofiter des coûts de main d’oeuvre bon marché, détruisant les emplois au pays. Cependant, ladélocalisation est bien plus qu’une recherche de main d’?uvre bon marché. Parmi d’autresmotivations, on compte : des économies de coûts, la restructuration des coûts, l’amélioration dela qualité des produits et services, l’accès à la propriété intellectuelle, l’expérience et laconnaissance plus étendues et de meilleures pratiques, et en général, l’utilisation plus efficacede la main d’?uvre, des investissements, de la technologie et des ressources. En d’autres mots,il y a une myriade de motifs pour délocaliser.

Bien que la menace des pertes d’emploi fasse la une, les décisions de délocaliser peuventengendrer divers effets économiques. Les Nations Unies avancent que la délocalisation entraînetrois avantages importants pour les pays développés tels que la France :

La délocalisation, engagée par des entreprises afin de réduire les coûts et/ou améliorer laqualité et la livraison, accroît la compétitivité, et par conséquent, les avantages apportés au paysd’origine. Inversement, les entreprises qui refusent la délocalisation, risquent de perdre leurcaractère concurrentiel vis-à-vis de celles qui ont choisi la délocalisation.

Cela permet au pays d’origine (ou importateur) de passer à des activités plus productives et devaleur plus importante. Le dynamisme économique dépend de l’adaptation aux avantagescomparatifs changeants, et la délocalisation ne fait pas exception. Du moment que lesressources sont mobiles et que les travailleurs se déplacent pour occuper un nouvel emploi, ceschangements sont non seulement avantageux, mais encore nécessaires pour la prospérité à longterme. L’impact est le même que celui provoqué par le changement technique qui rend certainsemplois superflus et en crée d’autres, généralement à des niveaux de salaires plus élevés.

Les pays hôtes exportateurs utilisent une partie de leurs revenus d’exportation dans desimportations de produits de pointe exportés par les pays industrialisés.

Parmi les gagnants de la délocalisation, on compte les entreprises françaises qui peuventprofiter de très grandes économies potentielles de coûts, de nouvelles réserves de main d’?uvrehautement qualifiée, d’une gestion plus flexible des niveaux de main d’?uvre, et d’uneproductivité supérieure. La délocalisation de certains emplois à l’étranger pourrait permettre àcertaines entreprises de rester rentables, et par conséquent, de préserver d’autres emplois dansle pays d’origine. En augmentant la productivité, la délocalisation permet aux entreprises deréinvestir davantage dans les nouvelles technologies, ce qui créera de nouveaux emplois etaugmentera les bénéfices. Pendant ce temps, les entreprises françaises dont la production et lesservices restent implantés dans le pays d’origine, tirent profit des emplois créés et desinvestissements attirés par ces nouvelles technologies, et sur le plus long terme, des transfertsde la technologie et des compétences aux populations locales. Les consommateurs de produitset de services délocalisés profitent des prix moins élevés des articles qu’ils consomment et desheures ouvrées plus longues dans de nombreuses industries de services. La baisse des prix réduitl’inflation et, en conséquence, entraîne de véritables gains de salaire.

Il y a également des perdants de la délocalisation, notamment les ouvriers aux qualificationsinférieures qui perdent leur emploi à cause des décisions de délocalisation. Cependant, il s’agitd’un petit groupe par rapport à l’économie française générale, car l’échelle de la délocalisationen France est assez réduite.

D’après les données du European Monitoring Center for Change (EMCC), moins de 7 pour centdes emplois perdus en France, au cours des quatre dernières années, étaient dus à ladélocalisation. L’OCDE estime qu’en 2005 la délocalisation a représenté seulement 3,4 pour centdes pertes totales d’emploi en France, un pourcentage bien plus faible que les gens n’en ontconscience, et que ces emplois délocalisés concernaient essentiellement l’électromécanique.L’importance de ces pertes est insignifiante par rapport à la création et à la suppressiond’emplois dues au tournoiement normal de l’économie française. Chaque année, environ 15pour cent des emplois français sont éliminés et 15,5 pour cent sont nouvellement créés. Ce quise traduit par environ 30 000 emplois créés et supprimés chaque jour ouvré. Chaque heure oùla France est ouverte pour le commerce, des milliers d’emplois apparaissent et disparaissentpour plusieurs raisons : progrès technologique, goûts des consommateurs qui changent,

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fluctuations cycliques, changements des politiques gouvernementales, faillite d’entreprises etrestructurations internes, rendement inégal de la productivité, et bien d’autres facteurs. (36)

La délocalisation joue un rôle secondaire dans le tourbillon général, et la France profiteégalement de façon considérable des emplois délocalisés. Le gouvernement français estime que35 000 emplois sont délocalisés chaque année tandis que 30 000 emplois sont créés chaque jourouvré dans l’économie française. De plus, la plupart des emplois délocalisés sont transférés versd’autres pays européens – un tableau plutôt différent de l’image des emplois français aux bonssalaires qu’on exporte vers des pays en voie de développement appliquant des bas salaires. (37)

En outre, il n’y a aucune corrélation générale entre le taux de chômage en France et lesimportations françaises provenant des pays appliquant des bas salaires, comme le Tableau 4l’indique clairement. Des pays, comme le Japon, ont un chômage bas bien qu’une partierelativement importante de leurs importations provienne des pays à bas salaires. Inversement,les pays dont les taux d’emploi sont élevés, tels que la France, importent relativement peu despays à bas salaires.

Tableau 5 : Taux de chômage et importations provenant de pays à bas salaires

Pays Taux de chômage 2005 Taux de pénétration des importations des pays à (pourcentage de la main d’oeuvre) bas salaires (pourcentage d’importations)

Japon 4.4 39USA 6.8 35Allemagne 9.5 24Royaume-Uni 4.7 15France 9.7 11

Source : l’OCDE 2006 et McKinsey (2006);http://www.lamondialisation.fr/pdf/mondialisation_rapport_ang.pdf

Ces conclusions font bien sûr peu de différence pour un ouvrier qui a perdu son emploi parceque son entreprise s’est installée à l’autre bout de la ville ou de l’autre côté de la frontière. Mais,pour autant que nous puissions le dire, relativement peu de travailleurs français ou européensaffrontent un tel changement déchirant. Le EMCC signale qu’entre 2003 et 2006 seulement 1,5pour cent de perte d’emploi due à la restructuration d’entreprise a impliqué une relocalisationau sein d’un pays européen, et que seulement 0,5 pour cent du total des emplois perdus aentraîné la relocalisation dans un autre pays européen. (38)

La délocalisation, en fait, est seulement une petite partie d’une bien plus grande histoire : lechangement générationnel de la structure d’emploi de la France, avec le passage du secteuragricole et industriel au secteur des services. Vers 2005, l’emploi dans le secteur des services enFrance représentait 72,8 pour cent de la main d’oeuvre, tandis que l’emploi dans le secteurindustriel représentait seulement 16,6 pour cent. (39) Les services experts (les services financiers,les services liés au commerce et les communications) ont davantage contribué à la croissance duProduit Intérieur Brut français que l’activité industrielle, l’agriculture ou même d’autres sortesde services (services distributeurs et services personnels et sociaux). (40) Alors que la Francecontinue de transiter vers une économie dont les services experts sont la force motrice, lagrande majorité des travailleurs français est davantage touchée par les changements interneseffectués par leur entreprise lorsqu’elle adapte son organisation et sa production aux conditionschangeantes de la concurrence, que par les facteurs externes tels que des rachats étrangersd’entreprise, la délocalisation ou la relocalisation.

Les revenus

Dans des sondages d’opinion récents, les consommateurs français classent l’érosion de leur pouvoird’achat comme étant leur inquiétude économique majeure, supérieure à celle de la perte d’emploi.Pourtant, des données indiquent que, au cours des sept dernières années, le véritable revenuménager disponible (après paiement des impôts directs) a augmenté en France plus rapidement (18pour cent) que dans la zone euro (11 pour cent), et considérablement plus vite que dans la plupartdes pays voisins. (41)

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Le FMI a donné de nombreuses raisons pour cette grande disparité entre les perceptions dupublic et les données de comptes nationaux. Le revenu par individu, par exemple, a moinsaugmenté que l’ensemble à cause de la croissance démographique (0,6 pour cent). Les salaireshoraires nets ont augmenté, mais les revenus nets de salaire stagnent depuis les années 80, cequi est dû en grande partie à une baisse du nombre d’heures de travail payées. L’inflationperçue est continuellement plus élevée que l’inflation mesurée depuis le début de l’année 2001,et les augmentations de prix hautement visibles (telles que celles des denrées alimentaires et ducarburant) peuvent avoir un impact disproportionné sur les perceptions. Les ménages dépensentégalement davantage pour d’autres articles non discrétionnaires tels que des services financierset de logement, et des assurances, ce qui limite leur pouvoir d’achat discrétionnaire. Finalement,des données de distribution de revenu (disponibles seulement jusqu’à 2004) indiquent que lesrevenus nets de la tranche de dix pour cent la plus basse de la population et celle de la plushaute de la population ont augmenté entre 2002 et 2004, mais que la plupart des autrestranches de dix pour cent a stagné ou baissé, entraînant un « écrasement » de la classemoyenne. Le FMI, cependant, a remarqué en octobre 2007 que “parmi les économies de pointeles plus importantes, les inégalités semblent avoir diminué seulement en France.” (42)

Un grand nombre de ces facteurs a très peu rapport avec la mondialisation, même si on lui enattribue souvent la responsabilité. La Commission Européenne estime qu’au moins uncinquième des gains en revenu de l’Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale peut êtreattribué à la mondialisation, et que chaque ménage européen gagnerait plus de 5 000? par ansi l’Europe saisissait l’opportunité offerte par la phase actuelle de la mondialisation. (43)

Les salaires

Les salaires nets en Europe ont modestement augmenté au cours des dix dernières années, unetendance soutenue par les taux d’inflation structurelle inférieurs, la transparence continue vis-à-vis des investissements et du commerce transfrontaliers, et par une concurrence plusimportante. Dans l’ensemble, les travailleurs européens ont bénéficié d’augmentations desalaires nets, mais le “doublement important” des travailleurs dans l’économie mondiale a misun nouveau groupe colossal de main d’oeuvre qualifiée et non qualifiée à portée de main desentreprises européennes, ce qui a forcé la baisse des salaires, a écrasé les ouvriers non qualifiés,et a affaibli le pouvoir de négociation des syndicats.

Cependant, il y a des différences considérables selon le secteur d’activité et selon le pays. Uneéconomie dotée d’une faculté de reprise devrait pouvoir réorienter la destination de sesexportations et de ses produits vers des économies à croissance rapide et des secteurs à valeurajoutée. Ceci a des retombées sur les salaires, l’emploi, et la productivité. Alors que la Franceest devenue plus sensible à l’économie mondiale, elle a eu cependant tendance à s’adapterdavantage par les changements d’emploi et de productivité que par la flexibilité des salaires.L’économie française semble être moins flexible que d’autres économies importantes lorsqu’ils’agit de s’adapter aux chocs négatifs du prix de revient unitaire de la main d’?uvre ou de sesmoyens commerciaux.

En France, les rigidités du marché intérieur de la main d’oeuvre sont probablement la barrièreprincipale à une croissance économique supérieure, à un taux d’emploi supérieur et à dessalaires supérieurs. Le taux de chômage élevé de la France, accompagné du nombrerelativement bas des heures de travail de ceux qui sont employés (semaine de travail de 35heures), signifie que la contribution de la main d’?uvre de la France est basse (et en baisse),malgré la productivité élevée des travailleurs français lorsqu’ils travaillent effectivement. Lasemaine des 35 heures a maintenu les augmentations de salaire annuelles moyennes au-dessousde 1 pour cent depuis presque dix ans. (44) Avec l’une des contributions de la main d’oeuvre lesplus basses dans l’OCDE, la France a besoin de travailler plus si elle veut gagner plus. (45)

Les principaux points faibles dans le marché de la main d’oeuvre, comme identifiés par l’OCDEet reconnus par le gouvernement français, sont : (i) les restrictions légales pesantes relatives àl’embauche, au licenciement, aux heures de travail et à la mobilité fonctionnelle pour ceux quiont des contrats permanents, qui créent de l’inefficacité et une division grave entre les employés« favorisés » appréciant les fruits du système de bien-être social généreux de la France et les sansemplois «défavorisés » ; (ii) l’implication juridique envahissante dans les relations de travail ; (iii)

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les inefficacités et le manque de coordination entre l’ANPE et l’ASSEDIC ; (iv) un salaireminimum élevé ; et (v) l’une des tranches de charges sur l’emploi les plus élevées de l’OCDE. Cesdistorsions, à leur tour, pèsent lourdement sur le secteur public, alors que des réductionsd’impôt tentent de compenser la rigidité des institutions du marché de la main d’oeuvre. (46)

Le gouvernement français a essayé de rendre la semaine des 35 heures moins contraignante,sans officiellement inverser ce qui est considéré comme un acquis social, en éliminant des impôtset des charges sociales sur les heures supplémentaires et en cherchant l’approbation d’accordsmajoritaires dans des entreprises individuelles en échange d’augmentations de salaire. (47) Legouvernement considère également des réformes du travail lorsque ces dernières se rapportentau immigrants ou aux travailleurs ayant un permis de séjour. On a besoin de ces derniers pouroccuper les emplois de bas salaires rejetés par les travailleurs français, et, à terme, cestravailleurs étrangers agiront afin de stimuler les niveaux de consommation en France.

La croissance du PIB

La croissance réelle dans l’Union européenne a tendu à la hausse au cours des dix dernièresannées, en dépit des périodes de faiblesses. La mondialisation a apporté une aide considérableaux exportations françaises, ce qui a permis d’alimenter d’autres facteurs de croissance. Etantdonné que la France a transféré ses exportations vers les pays en voie de développement, lacroissance élevée dans ces pays peut élever la croissance française, bien que la France n’ait passaisi une aussi grande part d’exportation dans ces marchés que sa part d’exportation mondialepouvait le garantir. Comme remarqué précédemment, la demande croissante mondialed’énergie et de ressources a eu un effet de baisse sur la croissance, bien qu’en France leralentissement de la croissance, passant de 1,9 pour cent en 2007 à un pourcentage inattendude 1,5-1,6 en 2008, n’ait pas été spectaculaire. La croissance de la France est bien moins rapideque celle des pays en voie de développement, mais elle a été plus rapide que celle des Etats-Unisen 2006 et 2007.

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III. La mondialisation et les principaux concernés en France

Ayant examiné l’impact de la mondialisation sur la France à travers un nombre d’indicateursclés, nous allons maintenant examiner ses effets sur les principaux concernés français : lesconsommateurs, les travailleurs, les entreprises et le gouvernement.

La mondialisation et les consommateurs français

La confiance des consommateurs français a atteint son niveau le plus bas en 21 ans face àune croissance léthargique, un chômage continuellement élevé, des perturbationsfinancières mondiales et aux prix des denrées alimentaires et d’énergie qui montent en

flèche. Pourtant, globalement, les consommateurs français ont été des grands gagnants de lamondialisation, et la dépense des consommateurs a été le moteur principal de la croissance PIBréelle française au cours des quelques dernières années. (48) Comme mentionné ci-dessus, lerevenu des ménages disponible (après paiement des impôts nets) réel en France au cours dessept dernières années a augmenté de 18 pour cent, une augmentation plus rapide que lamoyenne de 11 pour cent de la zone euro.

Etant donné que la mondialisation, en général, a eu pour résultat des importations aux coûtsinférieurs, une disponibilité de produits plus importante, une réduction structurelle del’inflation, des taux d’intérêts inférieurs et des augmentations réelles de revenu, lesconsommateurs français ont recueilli le plus de bénéfices. Des importations aux coûts inférieurssignifient des meilleurs prix pour les consommateurs. Le commerce en hausse offre auxconsommateurs des produits plus disponibles et plus variés. Les augmentations réelles desalaires et de revenus mettent plus d’argent dans les poches des consommateurs. Une inflationstructurelle inférieure signifie que les consommateurs en ont plus pour leur argent. Des tauxd’intérêts inférieurs signifient des coûts d’emprunt inférieurs.

Selon certaines études, deux tiers des profits des consommateurs sont attribués au fait que lepanier des produits importés par la France des pays en voie de développement s’est élargi. Lesproduits de consommation importés des pays émergents sont, en moyenne, 1,89? moins coûteuxque leurs équivalents français. Des chaussures aux ordinateurs, le consommateur français a plusde choix à des prix inférieurs. Et en parlant d’ordinateurs, la France n’a pas vraiment defabricant français d’ordinateurs ; alors, sans des importations d’ordinateurs économiques, oùserait la France à l’âge numérique ?

Comme mentionné précédemment, la Commission Européenne estime que les opportunitéso ffertes par la mondialisation pourraient entraîner des augmentations de revenusupplémentaires supérieures à 5 000? par an pour chaque ménage en France et dans toutel’Union européenne. (50)

Il y a cependant quelques mises en garde. Tandis que les tendances de « l’inflation structurelle »au long terme sont en baisse, une demande plus importante en denrée alimentaire, énergie, etautres ressources, provenant des pays émergents, accompagnée de la spéculation financièremondiale, a créé des effets compensatoires et des pressions inflationnistes extrêmement visibles.De même, étant donné que la France importe moins de produits intermédiaires que les Etats-Unis ou l’Allemagne, son orientation commerciale risque d’être relativement plus avantageusepour les producteurs que pour les consommateurs. (51)

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Effet sur les travailleurs français Le commerce en expansion a été une source de revenus et d’emplois pour les travailleurs français, ainsi qu’une source d’importations à bas prix pour les travailleurs et les consommateurs. L’investissement étranger fournit 2 millions d’emplois en France. 1 travailleur français sur 7 est employé par une entreprise étrangère. L’investissement est un facteur clé de la croissance. Les travailleurs en France ont bénéficié de la hausse de l’emploi et du commerce, ainsi que de la disponibilité de marchandises plus économiques. La hausse d’afflux a permis de créer une réserve de capitaux plus profonde et plus fluide, que les travailleurs français peuvent indirectement exploiter. Elle a soutenu l’euro, augmentant la compétitivité de l’Europe au bénéfice des travailleurs. Les travailleurs immigrés sont à la fois une source d’offre (occupant les postes non qualifiés refusés par la main d’œuvre locale) et de demande (fournissant une poussée des dépenses des consommateurs). Les immigrés hautement qualifiés poussent la productivité et l’innovation, permettant ainsi la création d’emplois. L’inflation inférieure a permis de stimuler les augmentations des salaires nets des travailleurs français. Etant donné que le coût inférieur de capital est un facteur clé de la croissance économique, les taux d’intérêts inférieurs ont eu un rôle catalyseur sur la croissance et la création d’emploi, avec des avantages directs sur les travailleurs français. Les travailleurs français ont bénéficié directement des augmentations nettes d’emplois, bien que certains travailleurs (main d’œuvre qualifiée) en aient davantage bénéficié que les autres travailleurs non qualifiés. Notablement bénéfique pour les travailleurs, avec un revenu supérieur se traduisant par un pouvoir d’achat supérieur. Le compromis des augmentations modestes des salaires s’est traduit par la hausse des niveaux d’emploi et la plus grande volonté des entreprises européennes d’embaucher davantage de travailleurs. La contrepartie : des coûts élevés de compensations non salariales. Sans croissance, l’emploi faiblit et le chômage augmente. Le niveau de croissance réelle de la France permet de réduire le taux de chômage et de stimuler la création d’emplois. Une plus grande dispersion technologique a permis un commerce de services plus important, bénéfique pour les travailleurs de l’économie de services (70% des travailleurs français), et a permis aux travailleurs d’avoir accès aux innovations technologiques et de développer des compétences technologiques supérieures.

Tableau 6 : L’impact de la mondialisation sur les consommateurs français

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Catégories

Commerce

Investissement

Flux de portefeuille

Mobilité de la maind’oeuvre

Diffusiontechnologique

Inflation

Taux d’intérêts

Emploi

Revenus

Salaires

Croissance réelle du PIB

Résultat(Direct/Indirect)

Bénéfices solides à la foisdans les exportations etles importations

Flux/Afflux solides

Afflux nets

Mobilité/afflux nets plusimportants

Bénéfices nets

Structurellementinférieure

Structurellementinférieurs

Bénéfices nets

Bénéfices nets

Augmentations modestes

Tendance à la hausse

Effet sur les consommateurs français

Des importations à coûts inférieurs signifientde meilleurs prix et un plus grand choix demarchandises et de services, une pression à labaisse sur l’inflation, une hausse des revenusréels nets, mais des prix d’énergie et d’autresutilités plus élevés.

Des flux et des afflux de IDE permettent auxentreprises françaises de rester compétitives,restreignant ainsi les coûts répercutés auxconsommateurs.

Une croissance et des augmentations plusélevées des revenus et des salaires nets ontaugmenté le pouvoir d’achat desconsommateurs français.

Une main d’oeuvre plus économique permetde garder les prix bas pour lesconsommateurs, mais les ouvriers les moinsqualifiés sont confrontés à la compétitionprovenant de la main d’?uvre immigrée.Cependant, le Marché Unique de l’UE de lamain d’oeuvre devrait faciliter une plusgrande mobilité de la main d’oeuvre au seinde l’UE, atténuant certaines compétitionsprovenant de la main d’?uvre à bas salairesdes travailleurs non ressortissants de l’UE.

Une dispersion plus importante de latechnologie a permis aux consommateursd’avoir accès à des importationstechnologiques et à des services pluséconomiques et à l’exploitation desinnovations de l’étranger.

Une inflation inférieure signifie que lesconsommateurs en ont plus pour leur argent.

Les consommateurs ont bénéficié de coûtsd’emprunt inférieurs.

Un taux d’emploi supérieur en Europesignifie qu’un plus grand nombre deconsommateurs ont plus de pouvoir d’achat.

Notablement bénéfique pour lesconsommateurs, avec des coûts inférieursd’importation et un plus grand choix demarchandises.

L’augmentation des salaires nets met plusd’argent dans les poches des consommateurs.

La croissance réelle a proposé plus de choixaux consommateurs et leur a permis dedépenser plus.

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La mondialisation et les travailleurs français

La plupart des consommateurs sont également des travailleurs, et les effets de la mondialisationsur la population active française ont été plus inégaux. Les travailleurs français ont, tout comptefait, tiré profit de flux plus importants au niveau du commerce, des investissements, descapitaux, des gens et des idées. Moins de 7 pour cent des pertes d’emploi en France, au coursdes quatre dernières années, étaient dues à la délocalisation, et la France est également uncentre important d’empois « relocalisés » de l’étranger. En outre, comme soulignéprécédemment, il n’y a aucune corrélation entre le taux du chômage en France et lesimportations françaises provenant de pays à bas salaires.

En termes relatifs, cependant, les travailleurs français font face à des challenges. Les revenus etles salaires français sont supérieurs aujourd’hui à ce qu’ils étaient il y a quinze ans. Mais lerevenu par habitant est inférieur de 30 pour cent à celui des Etats-Unis. En 1991, il étaitseulement inférieur de 17 pour cent. Cette différence correspond presque exactement à l’écartqui existe entre ces deux économies du point de vue du nombre d’heures travaillées parhabitant. Seuls, 41 pour cent de la population adulte travaillent, l’un des taux de participationde la main d’oeuvre les plus bas du monde. De plus, le chômage est resté au-dessus de 8 pourcent pendant un quart de siècle. Le chômage des jeunes est particulièrement élevé, avec 22 pourcent. (52) Cette situation n’est pas due à la mondialisation, mais les pressions et lescomparaisons concurrentielles évoquées par la mondialisation éclairent encore plus vivement leschallenges nationaux français.

De plus, il y a un tournoiement considérable dans l’économie alors que les travailleurs françaispassent des secteurs agricole et industriel au secteur des services, et que les compétences et lesformations techniques de la main d’oeuvre française doivent s’améliorer continuellement etrapidement. Ces changements peuvent être déstabilisants, et le défi d’un apprentissagependant toute une vie dans une économie de connaissance peut sembler menaçant pour ceuxqui sont peu qualifiés et qui sont peu enclins aux études. La rigidité des marchés du travail dela France a, à son tour, rendu plus difficile aux travailleurs l’occupation de nouveaux emploisdans d’autres industries. La question clé est de savoir si la France peut créer les emplois dedemain assez rapidement afin de remplacer les emplois d’hier alors que des économiesétrangères habiles jouent également « le jeu de la mondialisation ».

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Tableau 7 : L’impact de la mondialisation sur les travailleurs françaisCatégories

Commerce

Investissement

Flux de portefeuille

Mobilité de la maind’oeuvre

Inflation

Taux d’intérêts

Emploi

Revenus

Salaires

Croissance réelle du PIB

Diffusion technologique

Résultat (Direct/Indirect)

Bénéfices solides à la foisdans les exportations et lesimportations

Flux/Afflux solides

Flux/Afflux solides

Mobilité/afflux nets plusimportants

Structurellement inférieure

Structurellement inférieurs

Bénéfices nets

Bénéfices nets

Augmentations modestes

Tendance à la hausse

Bénéfices nets

Effet sur les travailleurs français

Le commerce en expansion a été une source derevenus et d’emplois pour les travailleurs français,ainsi qu’une source d’importations à bas prix pour lestravailleurs et les consommateurs.

L’investissement étranger fournit 2 millions d’emploisen France. 1 travailleur français sur 7 est employé parune entreprise étrangère. L’investissement est unfacteur clé de la croissance. Les travailleurs en Franceont bénéficié de la hausse de l’emploi et ducommerce, ainsi que de la disponibilité demarchandises plus économiques.

La hausse d’afflux a permis de créer une réserve decapitaux plus profonde et plus fluide, que lestravailleurs français peuvent indirectement exploiter.Elle a soutenu l’euro, augmentant la compétitivité del’Europe au bénéfice des travailleurs.

Les travailleurs immigrés sont à la fois une sourced’offre (occupant les postes non qualifiés refusés parla main d’?uvre locale) et de demande (fournissantune poussée des dépenses des consommateurs). Lesimmigrés hautement qualifiés poussent laproductivité et l’innovation, permettant ainsi lacréation d’emplois.

L’inflation inférieure a permis de stimuler lesaugmentations des salaires nets des travailleursfrançais.

Etant donné que le coût inférieur de capital est unfacteur clé de la croissance économique, les tauxd’intérêts inférieurs ont eu un rôle catalyseur sur lacroissance et la création d’emploi, avec des avantagesdirects sur les travailleurs français.

Les travailleurs français ont bénéficié directement desaugmentations nettes d’emplois, bien que certainstravailleurs (main d’?uvre qualifiée) en aientdavantage bénéficié que les autres travailleurs nonqualifiés.

Notablement bénéfique pour les travailleurs, avec unrevenu supérieur se traduisant par un pouvoird’achat supérieur.

Le compromis des augmentations modestes dessalaires s’est traduit par la hausse des niveauxd’emploi et la plus grande volonté des entrepriseseuropéennes d’embaucher davantage de travailleurs.La contrepartie : des coûts élevés de compensationsnon salariales.

Sans croissance, l’emploi faiblit et le chômageaugmente. Le niveau de croissance réelle de la Francepermet de réduire le taux de chômage et de stimulerla création d’emplois.

Une plus grande dispersion technologique a permisun commerce de services plus important, bénéfiquepour les travailleurs de l’économie de services (70%des travailleurs français), et a permis aux travailleursd’avoir accès aux innovations technologiques et dedévelopper des compétences technologiquessupérieures.

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La mondialisation et les entreprises françaises

Selon Forbes, 32 entreprises françaises sont classées parmi les 500 sociétés les plus importantesdu monde. Ce qui place la France au quatrième rang après les Etats-Unis (194), le Japon (59) etle Royaume Uni (33). La France d’entreprise a été capable d’exploiter une variété croissante demarchés accessibles grâce à la mondialisation. La hausse des niveaux de commerce etd’investissements transfrontaliers a permis de stimuler les ventes et les bénéfices pour denombreuses entreprises françaises. Au cours de ces dix dernières années, la France d’entreprisea profité d’un boom de bénéfices, dû en grande partie à la mondialisation.

Malgré la réputation de la France pour son hostilité envers la mondialisation, les entreprises lesplus importantes du pays se sont plus mondialisées au cours des dix dernières années. Le chiffred’affaires des multinationales françaises a augmenté d’une moyenne de 10 pour cent en 2007,en grande partie à cause de leur engagement dans l’économie mondiale. (53)

Un certain nombre de tendances explique cette nouvelle dynamique. Premièrement, la structurede propriété des entreprises françaises, caractérisée traditionnellement par des participationscroisées concentrées entre des entreprises compatriotes et amies, fait place à des propriétésd’entreprise, y compris d’investisseurs étrangers, plus ouvertes et diversifiées. Deuxièmement,les entreprises françaises ont été assez rentables. De nombreuses entreprises cotées au CAC 40ont affiché d’excellents bénéfices au cours des cinq dernières années, et une grande part de cesbénéfices est venue de l’étranger. Les entreprises cotées au CAC 40 exercent deux tiers de leursactivités et emploient deux tiers de leur personnel à l’extérieur de la France. L’investissement àl’étranger, à son tour, peut aider à renforcer les entreprises françaises en France. Les dix secteursindustriels français qui ont le plus investi à l’étranger, ont en même temps créé 100 000 emploisen France. (55)

Troisièmement, beaucoup d’entreprises françaises sont des leaders mondiaux et des concurrentsimportants dans leurs secteurs respectifs, un avantage concurrentiel qui a attiré desinvestissements étrangers pour attribuer davantage de capitaux à la bourse française. Et, pourfinir, le contrôle d’entreprise en France s’est davantage aligné sur les Etats-Unis, le Royaume Uniet d’autres pays développés importants, donnant aux investisseurs étrangers plus de confiancepour investir dans les actions françaises.

Le mot de la fin : dans un monde de flux de capitaux mondiaux presque sans entraves, la Franced’entreprise a attiré plus que sa part de capital mondial. A leur tour, les flux de capitaux solidesont permis d’attirer des investissements de capitaux et de créer une croissance d’emploi dans uncertain nombre d’industries françaises.

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Tableau 8 : L’impact de la mondialisation sur les travailleurs françaisCatégories

Commerce

Investissement

Flux de portefeuille

Mobilité de la maind’oeuvre

Inflation

Taux d’intérêts

Emploi

Revenus

Salaires

Croissance réelle du PIB

Diffusion technologique

Résultat (Direct/Indirect)

Bénéfices solides à la foisdans les exportations et lesimportations

Flux/Afflux solides

Flux/Afflux solides

Mobilité/afflux nets plusimportants

Structurellement inférieure

Structurellement inférieurs

Bénéfices nets

Bénéfices nets

Augmentations modestes

Tendance à la hausse

Bénéfices nets

Effet sur les travailleurs français

Des flux solides de commerce ont permis destimuler les ventes et les bénéfices de nombreusesentreprises en France ; un commercetransfrontalier plus important a eu pour résultatdes coûts d’importations inférieurs, permettantd’augmenter la productivité et les bénéfices engénéral.

Un autre facteur de croissance des entreprises,avec des flux solides permettant un accès plusimportant aux marchés étrangers, tandis que lesa fflux en hausse ont permis de pousser lacompétitivité des entreprises et ont permis àbeaucoup d’entre elles de développer leursexploitations.

Une source clé de capitaux, permettant des tauxd’intérêts inférieurs et un coût de capitaux plusintéressant.

Une poussée potentiellement clé pour lesentreprises, surtout étant donné le faible taux departicipation de la main d’?uvre de la France et duvieillissement de sa main d’?uvre.

Elle est importante afin de maintenir à la baisse lescoûts de facteurs de productions et de maintenir àla hausse les bénéfices d’entreprise.

Une autre source clé de la croissance. Des tauxd’intérêts inférieurs entraînent un coût inférieurde capitaux et davantage de capitaux pourl’expansion et la croissance.

Il est important pour entraîner la consommationen France, et a pour résultat l’augmentation desventes/bénéfices pour la plupart des entreprises.

Un autre moteur de croissance et, en fin decompte, de bénéfices d’entreprise.

Seules les augmentations modestes des salairesont permis de stimuler la productivité et lesbénéfices d’entreprise.

Une croissance générale plus élevée a impliqué desventes et des revenus plus importants etdavantage d’opportunités d’investissement,d’expansion et d’embauche de travailleurssupplémentaires pour de nombreuses entreprisesen France.

Une plus grande dispersion technologique apermis un commerce plus important dans lesecteur des services et a permis aux entreprisesfrançaises d’avoir accès à davantage decompétences technologiques mondiales desnations développées/en voie de développement.

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L A FR A N C E FA C E À L A MO N D I A L I S AT I O N

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La nation française dans un monde « mondialisant »

La France est-elle bien placée afin de faire face à la mondialisation ? Comparée à d’autres paysdéveloppés, la France se classe au milieu de l’ensemble.

Nous pouvons commencer à évaluer l’aptitude de la France à faire face à la mondialisation encomprenant le degré relatif auquel la France est intégrée dans l’économie mondiale. Selonl’Indice de la Mondialisation Economique de 2008 de l’Institut Economique Suisse, la France estconsidérée comme la 30ème nation la plus « mondialisée économiquement » du monde,derrière 21 autres pays européens plus petits et le Royaume Uni, ainsi que derrière des paysrelativement plus petits ailleurs dans le monde, telles que le Panama, Israël, le Chili, le Canada,la Nouvelle Zélande et Bahreïn, mais devant d’autres pays plus peuplés tels que l’Allemagne,l’Italie, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde et le Japon.

Tableau 9 : L’indice Kof de la mondialisation économique 2008

Source : KOF L’indice de la mondialisation 2008, Institut économique suisse. Institut fédéralsuisse de technologie

Du point de vue de la population, la France, donc, est considérée comme faisant partie deséconomies les plus mondialisées du monde, juste derrière le Royaume Uni. Par conséquent, laFrance fait plus directement face aux opportunités et aux défis de la mondialisation qued’autres économies relativement peuplées. Comment la France fait-elle face ? L’OCDE a examinéune gamme de facteurs du point de vue de « l’aptitude à faire face », et a résumé ces facteursen un indicateur composite pour tous les pays membres de l’OCDE. (56) Les résultats sontindiqués dans la Figure 16. La France figure parmi les pays qui ont « l’aptitude la plus faible » àfaire face.

Les 30 premiers pays en terme demondialisation économiaue

1. Singapour 11. Danemark 21. Lettonie2. Luxembourg 12. République tchèque 22. Islande3. Belgique 13. Chypre 23. Canada4. Malte 14. Israël 24. Slovénie5. Estonie 15. Irlande 25. Nouvelles - Zélande6. Suède 16. Chili 26. République slovaque7. Finlande 17. Bahreïn 27. Royaume-Uni8. Hongrie 18. Portugal 28. Lituanie9. Autriche 19. Suisse 29. Panama

10. Pays-Bas 20. Espagne 30. France

Autres pays européens et pays clés

31. Croatie 38. Pologne 65. Brésil32. Malaisie 41. Turquie 66. Chine33. Italie 42. Bulgarie 72. Fédération de Russie34. Norvège 43. Roumanie 80. Japon35. Allemagne 61. États-Unis 84. Albanie37. Grèce 62. Ukraine 101. Inde

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Figure 15 : L’indicateur de l’aptitude à faire face à la mondialisation

Encore une autre loupe pour examiner l’aptitude de la France à faire face à la mondialisation :c’est l’Indice de Compétitivité Mondiale de 2007-2008 (ICM) du Forum Economique Mondial,(57) qui classe la compétitivité économique de pays particuliers en fonction de facteurs variés.En général, l’Europe est assez bien classée, comptant 7 pays dans les dix premiers pays et 14 paysdans les 25 premiers pays les plus compétitifs du monde. La France fait partie de cette cohorte,et occupe pourtant le 18ème rang, derrière les Etats-Unis, le Royaume Uni, et un certain nombrede pays européens plus petits ainsi que le Japon, Taiwan, HongKong, la Corée du Sud,Singapore, le Canada et Israël.

Le propre cadre de changement de l’Union européenne est une quatrième loupe pourexaminer l’aptitude de la France à faire face à la mondialisation. En mars 2000, les leaders del’Union européenne se sont rencontrés à Lisbonne, au Portugal, et ont déclaré leur intention defaire de l’UE « l’économie basée sur la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique dumonde, capable de croissance économique durable avec des emplois meilleurs et plus nombreuxet une cohésion sociale plus importante.” Afin d’atteindre cette cible avant 2010, ils ont adoptéla “Stratégie de Lisbonne” composée de réformes économiques et politiques. Le ForumEconomique Mondial a utilisé des éléments clés du cadre de Lisbonne afin d’évaluer les progrèsréalisés par chaque pays de l’UE. Selon cette étude de Lisbonne, la France a le rang de 9èmeparmi les économies les plus compétitives de l’Union Européenne. Cependant, la France n’a pasréussi à atteindre les dix premiers dans les sous catégories clés relatives à la sociétéd’information, la libéralisation, l’insertion sociale et le développement durable.

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Figure 16 : Les rangs et les résultat des pays de l’Union Européenne (Stratégie de Lisbonne)

Sous-Indice

Final Index SI R&D LI IR SF EN IS DDPays Rang Score Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang Rang

Danemark 1 5,76 4 4 5 2 5 1 1 3Finlande 2 5,74 6 1 4 8 4 4 2 1Suède 3 5,74 1 2 6 5 3 7 3 4Pays-Bas 4 5,59 2 5 2 6 6 2 4 6Allemagne 5 5,53 10 3 1 1 2 12 10 2

Royaume-Uni 6 5,50 3 6 3 7 1 5 9 8Autriche 7 5,30 7 9 7 9 8 15 8 5Luxembourg 8 5,29 9 12 9 4 9 8 5 7France 9 5,21 11 8 11 3 7 9 15 10Belgique 10 5,15 14 7 10 10 11 11 6 9

Ireland 11 5,09 12 10 8 18 10 3 7 11Estonie 12 4,93 5 11 12 17 12 6 12 16Portugal 13 4,64 17 17 15 12 13 14 17 14République tchèque 14 4,53 15 16 13 13 21 21 11 13Espagne 15 4,49 20 15 16 11 14 16 23 18

Slovénie 16 4,44 13 13 22 15 20 23 19 12Hongrie 17 4,40 23 14 17 21 17 19 16 17République slovaque 18 4,38 19 23 14 22 22 17 18 15Malte 19 4,38 8 25 19 23 15 22 13 25Lituanie 20 4,31 18 20 24 19 19 13 20 21

Chypre 21 4,28 21 24 18 16 18 18 14 24Lettonie 22 4,25 22 21 20 24 24 10 21 20Grèce 23 4,19 25 18 21 14 16 20 22 23Italie 24 4,17 16 19 23 20 23 24 24 19Pologne 25 3,76 24 22 25 25 25 25 25 22

Moyenne UE25 ---- 4,84 ---- ---- ---- ---- ---- ---- ---- ----Etats-Unis ---- 5,45 ---- ---- ---- ---- ---- ---- ---- ----Asie de l'Est * ---- 5,28 ---- ---- ---- ---- ---- ---- ---- ----

Classement et les évaluations du potentiel des pays membres

Croatie 1 3,93 3,69 3,32 4,07 4,65 4,53 3,81 3,4 3,96Turquie 2 3,92 3,22 3,27 4,46 4,12 4,91 4,21 3,52 3,66Roumanie 3 3,59 3,21 3,17 3,89 3,51 4,19 3,81 3,62 3,33

Bulgarie 4 3,31 3,09 9,92 3,49 3,86 3,8 3,43 2,87 8Macédoine, FYR 5 3,28 2,51 2,79 3,56 3,71 3,98 3,51 3,17 3,04 Serbie & 6 3,14 2,8 2,94 3,5 3,39 3,77 3,32 2,8 2,59Monténégro,

Moyenne UE25 ---- 4,84 4,58 4,24 4,92 5,36 5,6 4,59 4,4 5,05

*Asie de l'Est se réfère à la moyenne des cinq économies concurrentiel d'Asie de l'Est : Japon, Hong Kong, République de Corée,Taïwan et Singapour.

Note : Abbrevations : SI = Société de l'information, R&D = l'Innovation et R & D, LI = Libéralisation, IR = Les industries de réseaux, SF = Les services financiers, EN = Les entreprises, IS = L'inclusion sociale, DD = Développement durable

Source: Forum économique mondial

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IV. Faire de la mondialisation un succès pour la France

La France est en contradiction lorsqu’il s’agit de la mondialisation. D’une part, la France aété l’un des pays qui a le plus bénéficié de la mondialisation, et elle est prête à en profiterencore plus. D’autre part, les sondages confirment invariablement que la population

française est profondément sceptique, voire effrayée, au sujet de la mondialisation. Le principalchallenge de la France concernant la mondialisation semble être l’alignement des impressionspopulaires sur les réalités de l’arrière-plan de l’intégration de la France dans l’économiemondiale, tout en profitant des points forts français et en aidant ceux qui sont concernésnégativement par la mondialisation.

Les entreprises, les consommateurs et les travailleurs français ont tous profité de lamondialisation. Dix milliers d’emplois français sont créés et préservés annuellement grâce auxinvestissements américains, européens ou asiatiques. 1 employé français sur 7 travaille pour uneentreprise à capital étranger, par rapport à 1 sur 10 au Royaume Uni et 1 sur 20 aux Etats-Unis.La France est un important bénéficiaire de l’investissement direct étranger, en recevant $481milliards entre 1997 et 2006. C’est également une situation importante pour de considérablesinvestissements en R&D par des entreprises étrangères, essentiellement de l’Europe et des Etats-Unis. Presque la moitié des 40 premières entreprises cotées à la bourse de Paris sont la propriétéd’investisseurs étrangers. La France occupe un rang relativement élevé en tant que leaderd’innovation mondiale. En outre, elle peut approcher la mondialisation à partir d’une basesolide : la productivité de la France est élevée, sa démographie est saine, son infrastructure estbien développée et ses services publics sont forts.

La France est potentiellement bien placée pour tirer profit de la mondialisation des services ; en2006, elle a représenté 4,1 pour cent des exportations de services mondiaux. Les perspectiveséconomiques de base du pays sont solides ; au cours des dernières années, le rendement aaugmenté et les finances publiques se sont améliorées. Le chômage, bien qu’il soit encoreimmodérément élevé, a baissé. La France soutient la comparaison avec la plupart des payslorsqu’il s’agit d’attirer du talent mondial. Elle enregistre un afflux net positif de travailleursspécialisés et de techniciens et profite de flux solides de connaissance. De plus, la France sembleêtre, tout compte fait, nettement bénéficiaire de la délocalisation et de la relocalisation enFrance même. Entre 2003 et 2006 la proportion des pertes d’emploi français attribuées à ladélocalisation a été minimale. Selon l’OCDE, en 2005 la délocalisation a seulement représenté3,4 pour cent des pertes totales d’emploi français. Le volume de ces emplois a été transféré dansd’autres pays de l’Union Européenne, et non pas sur d’autres continents.

Selon les critères internationaux, la France bénéficie d’un niveau d’éducation moyen élevé, cequi devrait permettre à la population active d’être relativement adaptable, et une grandeproportion des plus jeunes travailleurs possède des qualifications supérieures. La mobilitérégionale de la main d’oeuvre est également relativement élevée en France par rapport àd’autres partenaires de l’Union Européenne.

Les entreprises françaises ont également saisi des opportunités mondiales et en ont largementprofité. La France d’entreprise a profité en particulier de sa profonde union avec les Etats-Unis.L’activité de R&D aux Etats-Unis de la France d’entreprise a été cruciale pour la vitalité et larentabilité continues de l’économie française. Les dépenses en R&D des filiales françaises auxEtats-Unis représentent 15 pour cent des dépenses totales de la Recherche & du Développementfrançais.

Malgré ces avantages, des sondages indiquent à plusieurs reprises que les Français sont alarméspar l’impact de la mondialisation sur pratiquement chaque aspect de la vie française. Unsentiment très répandu de pessimisme et d’insécurité menace de corrompre l’aptitude de laFrance à tirer encore plus parti de la mondialisation. Ces craintes ne sont pas entièrement sansfondement. La France est passée du 15ème au 18ème rang des nations les plus compétitives dumonde à l’Indice de Compétitivité Mondiales, et elle est 23ème à l’Indice du Networked

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Readiness. Au cours du quart de siècle dernier, la France est passée du 8ème au 19ème rang desclassements nationaux de Produit Intérieur Brut par habitant. En 1991 le PIB par habitant étaitde 83 pour cent par rapport à celui des Etats-Unis. Aujourd’hui, il est à 71 pour cent. Cettedifférence correspond presque exactement à l’écart existant entre ces deux économies du pointde vue du nombre d’heures travaillées par habitant. La France est deuxième seulement derrièrela Norvège dans l’OCDE en ce qui concerne les taux de productivité sur une base horaire, maisles Français entrent dans la vie active plus tard que dans la plupart des autres pays, ils fontensuite moins d’heures de travail et prennent leur retraite plus tôt. En outre, le chômage estresté au-dessus de 8 pour cent pendant un quart de siècle. Le chômage des jeunes estparticulièrement élevé et est à 22 pour cent. Seuls 41 pour cent de la population adultetravaillent, un des taux de participation de la main d’oeuvre les plus bas du monde. Laconviction instinctive du public français que la France est en train de glisser à l’arrière d’autresnations est objectivement vraie. (58)

La France bénéficie de nombreux aspects de la mondialisation. Mais le rythme du changementdans d’autres pays peut être stupéfiant et démoralisant alors que la France se confronte à sespropres défis. Il y a un sentiment très répandu parmi le public français qu’un manque de pouvoird’achat entrave la croissance. Pourtant les difficultés de croissance du pays ne sont pas dues àune faible demande de consommation, mais aux rigidités qui font obstacle à l’offre et quidiminuent le rendement d’exportation.

Le besoin de réformer les institutions et les pratiques rigides du marché du travail, exige que laFrance adopte des stratégies qui soutiennent les travailleurs et promeuvent les opportunités detravail, plutôt que de protéger des emplois individuels. Les marchés du travail doivent devenirplus flexibles en abolissant la limite légale des heures de travail en faveur des négociationsd’entreprises particulières avec leurs effectifs. Le vieillissement de la population aura bientôt unimpact réel sur les développements de la main d’oeuvre et les finances publiques, bien que laFrance continue d’enregistrer des taux de naissance relativement forts et une augmentation dela population, par opposition à de nombreux autres partenaires de l’Union Européenne.

La France reste un pays très compétitif, mais son rendement inégal en matière d’exportation estune preuve supplémentaire des rigidités intérieures profondément enracinées. Les entreprisesfrançaises bénéficient du changement du modèle d’exportation relatif aux pays en voie dedéveloppement, mais elles n’ont pas encore exploité le potentiel total de ce changement. Lesmesures prises pour renforcer la capacité d’exportation des P.M.E. pourraient soutenir le rendementgénéral au niveau de l’exportation. (59) Le secteur des services est une force importante del’économie d’exportation de la France qui reste encore à exploiter complètement. Alors que laFrance ne s’est jamais autant rapprochée d’une économie de services basée sur la connaissance, elledoit conserver et améliorer ses forces compétitives dans le secteur des produits et des services depointe ou bien subir un déclin économique. Pourtant, la France semble manquer de nombreusesmicrorégions clés ou pôles technologiques qui peuvent entraîner l’innovation et la croissance, etelle mobilise ses ressources en R&D avec inadéquation.

Des réformes récentes introduites par le gouvernement français visent à s’occuper de cesrigidités et à stimuler la croissance économique ; mais ces réformes ont été progressives etinégales, et le reste du monde ne s’arrête pas de bouger.

Jouer le jeu de la mondialisation

Aujourd’hui, le président Sarkozy demande à la France de “jouer le jeu de la mondialisation” (60) ;et la France joue relativement bien le jeu de la mondialisation. Elle a considérablement bénéficié del’expansion du commerce mondial, des investissements et des capitaux, mais a bénéficié de façoninégale des flux des personnes et des idées. La France possède des forces internes importantes et lesmoyens de tirer profit de la mondialisation. Mais le changement s’avère difficile pour une sociétéhabituée à compter sur l’État pour fournir des emplois, redistribuer les revenus, protéger contre lesimportations indésirables, promouvoir les secteurs industriels prestigieux, et mettre en avant lagrandeur nationale.

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Le débat français sur la mondialisation consiste essentiellement en un débat que les Français ontà propos de leur propre image et de leur propre vision du monde. Les partisans de lamondialisation doivent expliquer les avantages spécifiques à la France entière et aux principauxconcernés en particulier. Nous avons identifié à la fois les avantages et les challenges dans cetteétude. Cependant, beaucoup de gens se sont tenus à l’écart de cette responsabilité, soit parcequ’ils pensent qu’il faut trop de courage ou d’effort, soit parce que ce n’est pas opportun de lefaire sur le plan politique. Pourtant, si ceux qui souhaitent que la mondialisation soit un succèspour la France ne donnent pas des arguments afin d’expliquer ses avantages, ils ne convaincrontjamais leurs compatriotes que cela vaut la peine d’affronter les coûts.

Comme si souvent dans le passé, ce débat en France a de fortes chances d’être la clé du débaten Europe. Une France ouverte et engagée mondialement peut à la fois déterminer etbénéficier considérablement de la mondialisation ; une France refermée, maussade etnombriliste pourrait perdre beaucoup. Etant donné l’ampleur de l’inquiétude ainsi que lepotentiel de gains importants, il est important pour la France de trouver un nouveau terraind’entente, un nouveau consensus sur la mondialisation. Cette étude est notre contribution à cedébat.

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Annexe

Pièce 1 : Entrées d’IDE : La France par rapport à la Chine ( en milliards de $)

Pièce 2 : Sorties d’IDE : La France par rapport à la Chine ( en milliards de $)

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Pièce 3 : France : Investissements directs étrangers en % du PIB

Pièce 4 : France : Investissements directs étrangers en % des fonds immobilisés

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Pièce 5 : France : Entrées d’investissements directs étrangers ( en milliards de $)

Pièce 6 : France : Sorties d’investissements directs étrangers ( en milliards de $)

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Pièce 7 : France : Stock d’investissements directs étrangers entrants( en milliards de $)

Pièce 8 : France : Stock d’investissements directs étrangers sortants( en milliards de $)

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Notes de fin

(1) In a November 2006 Eurobarometer survey, 64 percent of respondents in France said they believed that globalization meant greater risk for jobs and businesses; only 25 percent regarded globalization as an opportunity for French companies. Respondents in allother EU countries except Greece had a more positive outlook. For other commentary, see Katrin Bennhold, “Globalization: Theunaddressed elephant in the French presidential election,” International Herald Tribune, April 4, 2007; Sophie Meunier, “France,Globalization and Global Protectionism,” http://www.ces.fas.harvard.edu/publications/docs/pdfs/Meunier.pdf; Philip H. Gordon,“Globalization Explained to the French,” http://www.brookings.edu/opinions/2005/1011france_gordon.aspx(2) Trade figures for February 2007 through January 2008 from the French Ministry of the Economy.(3) Wachovia, Global Chartbook 2008, May 8, 2008 http://www.wachovia.com/ws/econ/view/0,,4294,00.pdf(4) See the report of the international working group on globalization chaired by Pascal Morand, Globalization: The need for a newperspective (Paris: French Ministry of Economics, Finance and Industry, 2007), available athttp://www.lamondialisation.fr/pdf/mondialisation_rapport_ang.pdf(5) Banque de France. (6) International Monetary Fund, “France, Greece, Italy, Portugal, and Spain—Competitiveness in the Southern Euro Area,” CountryReport No. 08/145, April 2008, p. 74.(7) Isabelle Bensidoun & Deniz Ünal-Kesenci, Globalisation in Services: From Measurement to Analysis,OECD Statistics Working Paper (Paris: OECD, February 2008).(8) Morand, et.al, op. cit; Lionel Fontagné, Les atouts de la France dans la compétition mondiale (Paris: Conseil d’Analyse Economique,2007).(9) UNCTAD, World Investment Report 2007; Thomson Financial.(10) The EU average is one in ten; the figure in the U.S. is one in twenty. INSEE - National Institute of Statistics and Information aboutthe Economy; French Ministry of Economics, Finance and Industry; Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII)www.afii.fr; various reports by the Invest in France Agency: http://www.invest-in-france.org/uploads/files-en/07-11-21_160349_The_French_economy_is_open_ENG_November_2007.pdf; http://www.invest-in-france.org/uploads/files-en/07-0712_144335_Whats_new_in_France_250607.pdf. See also "France And Globalization," Lecture Given By Mme Christine Lagarde, MinisterDelegate For Foreign Trade, To The Ecole Des Hautes Etudes Commerciales In Lille, May 6, 2006.(11)“U.S. Maintains its Lead Among Foreign Investors in France,” New York, February 21, 2008. http://www.info-france-usa.org/news/statmnts/2008/BilanUS2007.pdf(12) Bureau of Economic Analysis, U.S. Department of Commerce; http://www.info-france-usa.org/news/statmnts/2008/BilanUS2007.pdf ](13) Bensidoun & Ünal-Kesenci, op.cit.(14) McKinsey Global Institute Global Financial Stock Database. The eurozone accounted for $37.6 trillion of assets; the UK for $10trillion; and non-euro countries Switzerland, Sweden, Iceland, Denmark and Norway for a combined $5.6 trillion.(15) AFII; http://www.invest-in-france.org/uploads/files-en/07-07 12_144335_Whats_new_in_France_250607.pdf; http://www.invest-in-france.org/uploads/files-en/07-11-21_160349_The_French_economy_is_open_ENG_November_2007.pdf. See also “Not so exceptional;Business in France,” The Economist, March 1, 2008(16) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf (17) INSEE 2006; Morand, et.al, op. cit.(18) European Commission, “Attractive conditions for the admission and residence of highly qualified immigrants,” EuropeanCommission Memo 07/423, October 23, 2007.(19) See Katrin Bennhold, “France to welcome east EU labor,” International Herald Tribune, May 29, 2008, p. 3.(20) Jeff Dayton-Johnson, Louka T. Katseli, Gregory Maniatis, Rainer Münz and Demetrios Papademetriou, Gaining from Migration:Towards a New Mobility System (Paris: OECD, 2007).(21) European Commission, “Attractive conditions for the admission and residence of highly qualified immigrants,” EuropeanCommission Memo 07/423, October 23, 2007.(22) OECD; See also Celestine Bohlen, “Strike by illegal workers puts their value to test,” International Herald Tribune, May 28, 2008.(23) Most of these undocumented workers are employed. Confédération Générale du Travail; Migration Policy Institute.(24) Various studies by the IMF tend to support this conclusion. For an overview of the empirical evidence, see Walter Nonneman,“European Immigration and the Labor Market” (Migration Policy Institute/Bertelsmann Foundation, July 2007),http://www.migrationinformation.org/transatlantic/ImmigrationEULaborMarket_75=2507.pdf (25) OECD; Bohlen, op. cit. (26) There are also roughly 250,000 foreign students in France, less than in the U.S, but about twice as many in relation to population(621,000 in the U.S., population of 300 million vs. 250,000 in France, population of 61 million). Sources: Migration Policy Institute;OECD; AFII.(27) France led Spain, the U.S. and China. Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), www.insee.fr (28) Pro Inno Europe, European Innovation Scoreboard 2006: Comparative Analysis of Innovation Performance, http://www.proinno-europe.eu/doc/EIS2006_final.pdf(29) Delphine Irac, “Total Factor Productivity and the Decision to Serve Foreign Markets: Firm Level Evidence from France, Notesd’Études et de Recherche, E#205 (Paris: Banque de France, April 2008).(30) France follows the U.S., China, Japan, Russia and Germany. See AFII, “Innovation in France: decisive assets,” http://www.invest-in-france.org/uploads/files-en/08-04-16_172723_Argu_April2008_Innovation_UK.pdf(31) AFII ; Monard, et. al., op. cit.www.invest-in-france.org. (32) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf (33) Tim Bond, “Brace for the nasty decade as inflation takes hold,” Financial Times, May 20, 2008, p. 30; Gerrit Wiesmann and BenHall, “France and Germany feel inflation effect,” Financial Times, April 16, 2008; William Buiter, “Inflation here, there andeverywhere,” May 14, 2008, http://blogs.ft.com/maverecon/2008/05/inflation-here-there-and-everywhere/#more-241.

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(34) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf (35) INSEE; Ben Hall, “French unemployment falls again,” www.ft.com, March 7, 2008.(36) “While offshoring is one element of the shifting pattern of the international division of labor, contributing to the loss of somejobs in Europe,” the EMCC notes, “it is almost certainly only a minor one.” For Europe as whole, according to the EMCC, less than 8percent of jobs lost over the 2003-06 period were due to offshoring. See Donald Storrie with Terry Ward, ERM Report 2007:Restructuring and employment in the EU: The impact of globalization (Dublin: European Foundation for the Improvement of Livingand Working Conditions, 2007), http://www.eurofound.europa.eu/pubdocs/2007/68/en/1/ef0768en.pdf; OECD, The Internationalizationof Production, International Outsourcing and OECD Labor Markets (Paris, 2000); Jacob Funk Kirkegaard, Offshoring, Outsourcing, andProduction Relocation—Labor-Market Effects in the OECD Countries and Developing Asia (Washington, DC: Peterson Institute forInternational Economics, April 2007).(37) Morand et.al., op. cit. A McKinsey Global Institute study concluded that for every one euro of spending on corporate services jobsthat is moved offshore, France earns back 0.86 euros. The cost difference reflects lower cost savings to French companies andcustomers, as well as other direct benefits to the economy, increasing exports, for example. According to the McKinsey study,“offshoring has so far had little impact on France.” McKinsey Global Institute, How Offshoring Services Could Benefit France, June2005.(38) Between 2003 and 2006, announced reductions in employment from all cases of restructuring reported to the ERM amounted tojust over 1 percent of employment in 2005, varying from only 0.2 percent of employment in Italy to 2 percent in the UK. See Storriewith Ward, op.cit.(39) IAB France.(40) See Jens Henrik Haahr, Martin Eggert Hansen and Tine Andersen, Restructuring in Europe: The Anticipation of Negative LaborMarket Effects (Copenhagen: Danish Technological Institute, 2006).(41) See IMF, “France: Selected Issues,” January 28, 2008, http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0874.pdf; ScheherazadeDaneshkhu, “Sarkozy in uphill battle to fulfill living standards pledge,” Financial Times, May 24, 2008.(42) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf; Daneshkhu, op. cit. (43) In 2004 prices. See C. Denis, K. McMorrow and W. Röger, “Globalisation: trends, issues and macro implications for the EU,”Economic Papers 254 (Brussels: European Commission, 2006). http://www.cpb.nl/nl/pub/cpbreeksen/document/127/doc127.pdf(44) Carter Dougherty and Katrin Bennhold, “For Europe’s Middle-Class, Stagnant Wages Stunt Lifestyle,” The New York Times, May 1,2008, citing Robert Rochefort, the director general of Credoc.(45) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf(46) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf(47) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf(48) Wachovia, Global Chartbook 2008, May 8, 2008 http://www.wachovia.com/ws/econ/view/0,,4294,00.pdf (49) Monard, et. al, op. cit ; Fontagné, op. cit. (50) In 2004 prices. See C. Denis, K. McMorrow and W. Röger, “Globalisation: trends, issues and macro implications for the EU,”Economic Papers 254 (Brussels: European Commission, 2006). http://www.cpb.nl/nl/pub/cpbreeksen/document/127/doc127.pdf (51) Monard, et.al., op. cit.(52) See Patrick Artus, Pierre Cahuc and André Zylberberg, “Working Time, Income and Employment Report,” Analyses Économiquesvol. VI-03 (Oct. 2007); John Thornhill, Financial Times, April 16, 2007.(53) Paul Betts, “French blue-chip companies start singing the blues,” Financial Times, March 14, 2008; “Not so exceptional; Business inFrance,” The Economist, March 1, 2008 (54) The top 40 companies listed on the French Stock Exchange.(55) "France And Globalization," Lecture Given By Mme Christine Lagarde, Minister Delegate For Foreign Trade, To The Ecole Des HautesEtudes Commerciales In Lille (Excerpts) (Lille, 6 May 2006)(56) These factors included product market restrictiveness; labor market flexibility; school results; skill levels; participation rates in lifelonglearning; public expenditure on active labor market programs; the average immigration rate; the innovation framework; the degree ofstructural change in the economy; the rate of firm creation; and the degree to which foreign direct investment is restricted. See DavidRae and Marte Sollie, “Globalization and the European Union: Which Countries are Best Placed to Cope?” December 6, 2007,http://www.olis.oecd.org/olis/2007doc.nsf/LINKTo/NT000058AE/$FILE/JT03237661.PDF (57) World Economic Forum, Global Competitive Index 2007-2008, http://www.gcr.weforum.org/pages/GCI_2007_2008.aspx (58) See Patrick Artus, Pierre Cahuc and André Zylberberg, “Working Time, Income and Employment Report,” Analyses Économiques vol.VI-03 (Oct. 2007); John Thornhill, Financial Times, April 16, 2007.(59) International Monetary Fund, “France: Staff Report for the 2007 Article IV Consultation,” January 25, 2008,http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2008/cr0875.pdf (60) Cited in Katrin Bennhold, “Sarkozy Urges French to Play 'the Game of Globalization',” The New York Times, August 31, 2007.

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D E DA N I E L S. HA M I LT O N A N D JO S E P H P. QU I N L A N

« Le travail de Daniel Hamilton et Joseph Quinlan sur lamondialisation et les relations transatlantiques est une lectureconseillée pour les chefs d’entreprise, les hommes politiques, lesjournalistes et les universitaires. »

- José Manuel Barroso Président de la Commission européenne

Ces dernières décennies, des murs sont tombés, des frontières ont disparu, etl’on assiste à un rapprochement entre les continents comme jamais observéauparavant. Les européens en sont sortis les grands gagnants, mais beaucoup seposent des questions, particulièrement en France. Ils craignent que la créationd’un emploi à l’étranger signifie la suppression d’un emploi en France, et queleur prospérité acquise au prix d’importants efforts ainsi que leur identiténationale soient voués à disparaître.

Quels sont les gains et les pertes de la mondialisation, et qu’est-ce qu’ilssignifient pour la France? Dans cette étude, Dan Hamilton et Joe Quinlanpropose une vision équilibrée et mise à jour des impacts de la mondialisation enFrance. Ils décrivent les variations des tendances commerciales, lesinvestissements, les gens, l’argent et les idées. Les auteurs expliquent les effetsde la globalisation à l’égard des consommateurs, travailleurs, entreprises etgouvernement en France. Qui est gagnant, qui est perdant et pourquoi? Ilssoulignent les opportunités, identifient les défis, et arrivent à des conclusionssurprenantes.

LA FRANCE FACE ÀLA MONDIALISATION

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