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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014 AFRIQUE ACTUALITÉ Les ambitions «rattrapées» de Palmeraie développement P. 27 LANALYSE DE LA SEMAINE Ciment, l’heure de la révolution grise a sonné P. 2 8 LE MARCHÉ DE LA SEMAINE L’Éthiopie séduit les investisseurs P. 29 CAHIER DE LINTÉGRATION Croissance, l’afro-optimisme se poursuit P. 30-31 VUE DU CAMEROUN Malaise social à la CDE P. 33 P. 32 25 Le Maroc change d’approche UEMOA

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014

AFRIQUE

ACTUALITÉLes ambitions «rattrapées» de Palmeraiedéveloppement P. 27

L’ANALYSE DE LA SEMAINECiment, l ’heure de la révolution grise a sonné P. 28

LE MARCHÉ DE LA SEMAINEL’Éthiopie séduit les investisseurs P. 2 9

CAHIER DE L’INTÉGRATIONCroissance, l’afro-optimisme se poursuit P. 3 0 - 3 1

VUE DU CAMEROUNMalaise social à la CDE P. 3 3

P. 32

25

Le Maroc changed’approche

UEMOA

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014

NEWS

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Dans le sillage desproduits financiersdits alternatifs qui sedéveloppent pro-

gressivement dans le contient,le Crowd Funding veut aussi saplace sous le soleil africain. Leconcept, apparu en Europeque très récemment dans uncontexte de frilosité de plus enplus prononcée des banques àfinancer des micro projets, sepositionne aujourd’hui sur lecontinent. Après le Bénin, l’unedes plateformes leaders de la fi-nance solidaire, Babyloan, au-rait aujourd’hui du mal à cacherses ambitions concernant leMaroc.D'autres devraient bien-tôt suivre ses pas. C'est dans laconjoncture actuelle oùl’homme a tant besoin denouvelles références, et aucours de laquelle le systèmecapitaliste a fini de montrerses limites, que le concept dufinancement participatif au-rait son rôle à jouer dans ledéveloppement économiqueet social du continent. Toute-fois, avant de s’empresser del’adopter, nous gagnerionsbeaucoup à promouvoir nospropres systèmes de finance-ment participatif, vieux commele continent. La «tontine», parexemple, est l’un de ces vérita-bles systèmes bancaires «àl’africaine» que la financeconventionnelle du continent atoujours négligé et relégué ausecond plan, malgré son effica-cité et son caractère solidaire.L’ancêtre du microcrédit –comme le nomment certainsspécialistes – est un excellentpalliatif à la sous-bancarisationainsi qu’aux difficultés d’accèsaux produits de la financeconventionnelle, notammentpour les usagers ruraux. ●

Alternatives

Safall [email protected]

BILLET200 MDH pour les PMEafricainesLe fonds Advanced Finance and Invest-ment Group (AFIG) vient d’annoncerson projet de levée de fonds d’un mon-tant de 200 MUSD dans les deux pro-chaines années. Ce fonds sera entière-ment destiné au financement despetites et moyennes entreprises afri-caines. L’annonce a été faite lors du Reu-ters Africa Investment Summit, à Johan-nesburg en Afrique du sud, par PapeMadiaw Ndiaye, le pdg de l’AFIG. LeFonds est basé à l'Île Maurice avec desreprésentations au Sénégal et aux États-Unis. L’AFIG a déjà investi 45 MUSD dansplusieurs secteurs de l'économie enAfrique notamment dans celui de labanque où il a soutenu l'ouverture de 3filiales du groupe financier panafricainEcobank Transnational Incorporated.

Nedbank dévoileses ambitionspanafricainesLe groupe bancaire sud-africain Ned-bank compte s’implanter dans «cinqnouveaux pays en Afrique australe et enAfrique de l’Est à moyen terme dans lecadre de sa stratégie d’expansion afri-caine», selon des informations relayéespar l’agence spécialisée Ecofin. «Notrestratégie est de bâtir un réseau bancairepanafricain en étendant notre présenceen Afrique australe et en Afrique de l'Estsur cinq pays à dix pays à moyenterme», a souligné Nedbank dans sonrapport annuel, sans citer les pays visés.Selon la presse sud-africaine, Nedbankenvisagerait, entre autres, de s’implan-ter au Kenya, en Zambie et au Bots-wana. Détenue à hauteur de 52% parl’assureur Old Mutual, Nedbank disposeactuellement de filiales au Lesotho, auMalawi, en Namibie, au Swaziland et auZimbabwe. Ladite banque dispose parailleurs de bureaux de représentationau Kenya et en Angola, rappelle Ecofin.

L’OFPPT s’associeà l’État guinéenEn marge de la dernière tournéeroyale dans le continent, l’OFPPT avaitsigné une convention de partenariatavec le département guinéen encharge de l'Enseignement technique,de la formation professionnelle, del'emploi et du travail. Pour la mise enœuvre de ce partenariat, l’OFPPT areçu, en visite officielle, DamantangAlbert Camara, le ministre guinéen del'Enseignement technique, de la for-mation professionnelle, de l'emploi etdu travail. À cette occasion, uneconvention spécifique d’application aété signée jeudi dernier. Il est à préci-ser qu’une délégation d’experts del’OFPPT a conduit à Conakry, du 15 au23 mars 2014, une mission de diag-nostic du dispositif de formation pro-fessionnelle guinéen, et qui a abouti àun plan d’action arrêté conjointement.

52,5 MDH de la BAD à la TanzanieLe Conseil d'administration de laBanque africaine de développement(BAD) a approuvé un prêt du Fondsafricain de développement (FAD) enfaveur de la Tanzanie. D’un montantde 52,5 MDH, ce prêt vise à financerun programme d’appui au dévelop-pement des filières de l’enseigne-ment et de la formation technique etprofessionnelle (EFTP), ainsi que laformation pédagogique. La Tanzaniea pour ambition d’accéder au statutde pays à revenu intermédiaire à l’ho-rizon 2025. Afin d’y parvenir, leditpays doit quadrupler sa populationactive hautement qualifiée et plusque doubler sa main-d’œuvremoyennement qualifiée – soit gagner3 millions de personnes de plus pourles premiers et 7 millions de plus pourles autres d’ici à 2025.

L’Afrique réussit au Private Equity

3,2 MMUSD, cʼest ce que les fonds de capital investissement ont en-gagé en Afrique en 2013. Cela correspond à la réalisation de 98 opé-rations sur la même année, contre 1,6 MMUSD en 2012 et 1,1MMSUD en 2011. Ces chiffres sont du cabinet dʼaudit Ernest andYoung (EY), qui vient de publier un rapport intitulé : «Private EquityAfrica Roundup».

6% de hausse des transferts de fonds

Les transferts de fonds des migrants vers lʼAfrique subsaharienne ontreprésenté 32 MMUSD en 2013, soit une augmentation de 6,2%,dépassant ainsi le record de 30 MMUSD atteint en 2011. Ces entréesde capitaux ainsi que la baisse des prix alimentaires ont stimulé lesrevenus réels des ménages et leurs dépenses.

AGENDA

Cartes Afrique 2014Le secteur africain de la monétique et de la finance déma-térialisée se réunira à Marrakech du 24 au 25 avril prochainspour marquer la 9e édition de Cartes Afrique, l’évènementrégional des métiers et technologies de la carte en Afriquedu Nord, du Centre et de l’Ouest.L'évènement est organisépar i-Conférences, en partenariat avec Mastercard.

UNECA Une réunion du groupe d’experts de la Commissionéconomique pour l’Afrique (UNECA) se tiendra du 21au 23 avril prochains, à Lagos, la capitale nigériane.La rencontre sera axée sur les profils et le degré depréparation des pays en matière de science, d'innova-tion et de technologie.

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ACTUALITÉ

27

économiques en Côte d’Ivoire.«Cette stratégie de développe-ment en Afrique, notamment enCôte d’ivoire et au Gabon, vise àsoutenir l'essor des marchés despays de la région dans le secteurdu tourisme et de la promotionimmobilière et à accompagnerla volonté du Maroc dans le ren-forcement des relations écono-miques des deux pays», ex-plique-t-on dans uncommuniqué du groupe. Pourles responsables dudit groupe,ces deux pays ont su «mettre enplace un cadre favorable et at-

tractif aux affaires et propice à ladémultiplication des partena-riats publics privés sud-sud etdes transferts de technologie enproposant un cadre incitatif àl’investissement».

TourismeConcernant le secteur touris-tique, le gouvernement ivoiriena pour objectif d’atteindre500.000 touristes par an et unmillion de touristes à l’horizon2020. Les autorités ivoiriennesont également mis en place unimportant programme immobi-

L e groupe marocain peutaujourd’hui se targuerd’avoir réussi ses pre-miers pas sur le conti-

nent. Il vient en effet d’emboiterle pas à ses prédécesseurs surles marchés subsahariens dansl’objectif de surfer sur l’efferves-cence que nous connaissonsdans le secteur africain de l’im-mobilier et de l’hébergementtouristique. Le groupe a décro-ché il y a quelques semaines unimportant projet de logementséconomiques auprès de la So-ciété gabonaise de gestion etde construction de logementssociaux au Gabon. Ce projetconsiste en la construction dequelques 500 logements so-ciaux d’un montant d’investisse-ment non communiqué. Au-delà de la concrétisation del’opération en elle-même, c’esttoute une stratégie de crois-sance externe qui se déroulera àpartir de cette année. Quelquesjours plus tôt, en Côte d’Ivoire,les responsables du groupe ma-rocain signaient un premier pro-tocole d’accord pour la réalisa-tion d’un projet touristique àAbidjan et une convention-cadre portant sur la réalisationde 10.000 logements sociaux et

lier visant le développement del’offre en logements sociaux. Denombreuses mesures incita-tives ont été mises en place auprofit des promoteurs.

«L’implantation du groupe enCôte d’Ivoire est une 1re étapedans notre développement àl'international», a commenté Hi-cham Berrada Sounni, présidentde Palmeraie développement etce dernier de préciser que«nous souhaitons exporter notrevision du tourisme et de l’immo-bilier en Côte d’Ivoire. En matièrede tourisme, notre groupe a étépionnier au Maroc en dévelop-pant le premier Resort à Marra-kech avec pour maître-mot la di-versité de l’offre au niveau desloisirs et des affaires et c’est ceque nous développerons à Abid-jan en partenariat avec le gou-vernement ivoirien». ●

Les ambitions «rattrapées»de Palmeraie développement

En matière d’investis-sements touristiques,le groupe marocains’est taillé une solideréputation.

● Le groupe a fait le plein en investissements immobiliers et touristiques en région subsaharienne. Il emboîte le pas à sesprédécesseurs et s’implantent en Côte d'Ivoire et au Gabon, ses premières étapes de croissance sur le continent. Il comptes’imposer, à termes, parmi les opérateurs marocains du secteur les plus présents sur le continent.

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ANALYSE DE LA SEMAINE

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perspective de cette fusion. Legroupe, déjà leader du continenten termes de production, vient eneffet d’annoncer ses intentions dedoubler sa production qui devraitdésormais passer à 40 millions detonnes. Dans le détail présenté à lapresse par les responsables deDangote Cement, cette montéeen régime devrait passer par laproduction de 9 millions detonnes supplémentaires à partirde ses unités industrielles au Nige-ria, ainsi que de 11 millions detonnes additionnelles à partir desinstallations du groupe dans lecontinent. Le groupe nigérian necompte pas s’arrêter là. L’industriel

mise plus que jamais sur la maî-trise de ses coûts de production etde commercialisation afin de dé-gager des profits substantiels. Unobjectif quasi atteint en 2013, avecun peu plus du milliard de dollarsde bénéfices au terme de l’annéeécoulée. À l’horizon 2016, DangoteCement compte porter sa pro-duction annuelle à quelque 60millions de tonnes.

ConcurrenceLa configuration actuelle et futurede l’industrie cimentière devraitpar ailleurs davantage se compli-quer avec l’arrivée du ciment ma-rocain. Ciments de l’Afrique

L’ année 2014, en particu-lier, marque un tournantdécisif dans la ruée versl’or gris et le développe-

ment concurrentiel du secteur enAfrique. En effet, à peine lesgéants Lafarge et Holcim ont-ilsfini de consommer leur mariagequi devrait donner naissance auleader mondial - mais aussi africain- de l’industrie du ciment que c’estdéjà le branle-bas de combat chezles industriels africains aux ambi-tions panafricaines. Le nigérianDangote Cement, l’un des princi-paux concurrents du français La-farge sur le continent, est le pre-mier à ouvrir les hostilités en

L’heure de la révolutiongrise a sonné ● Soulevé par la multiplication des projets d’infrastructures et le développementdu secteur immobilier dans plusieurs économies du continent, un gros «nuage gris»se prépare à s’abattre sur le continent, et sur les années à venir.

Infrastructures, un secteur à grand potentiel

Le grand déficit que présente le continent en infrastructures recèle d’importantes opportunités pour les industriels du ciment, dont la production est leprincipal baromètre du secteur de la construction et des BTP. Selon les organismes internationaux, les économies africaines consacrent quelque 43 mil-liards de dollars par an au financement du développement infrastructurel. Il n'empêche que le gap infrastructurel est encore loin d’être comblé. Il est estiméà quelque 50 milliards de dollars par an sur une longue période. En 2010 déjà, un rapport de la Banque mondiale constatait que «le mauvais état des infra-structures en Afrique subsaharienne réduisait la croissance économique nationale de deux points chaque année et la productivité des entreprises de prèsde 40%». Conscients de ce retard à rattraper sur le monde, nombre de gouvernements ont lancé des plans de développement dédiés au renforcementde leur dispositif infrastructurel sur les dernières années. En plus des programmes nationaux, la Banque africaine de développement (BAD) a mis en placele Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA). Ce programme a pour objectif «d’établir une vision et une stratégie cadre pour ledéveloppement des infrastructures à l’échelle régionale et continentale dans les domaines de l’Énergie, du Transport, de l’Eau et des Télécommunications».Le PIDA est piloté par la Commission de l’Union Africaine (CUA), le Secrétariat du NEPAD et la BAD.

Ciment

(CIMAF), du groupe Addoha, mul-tiplie les implantations industriellesà tour de bras dans le continent,

plus précisément dans la régionouest-africaine. L’une des der-nières en date remonte à il y a toutjuste quelques semaines, auGhana. Anass Sefroui, l’hommed’affaires marocain, lançait dansce pays d’Afrique de l’Ouest laconstruction de sa huitième usinede production de ciment. Le pro-jet devrait porter sur un investisse-ment dépassant les 600 MDH,pour une capacité de productiontotale d’un million de tonnes. Laconstruction de l’infrastructure in-dustrielle devrait s’étaler sur les 18prochains mois de construction. Ilfaut rappeler que CIMAF est déjàbien présent dans le continent,ayant déployé le même modèleindustriel en Côte d'Ivoire, au Ca-meroun, en Guinée-Conakry, auGabon, au Burkina Faso, auCongo-Brazzaville et au Mali. Ce-pendant, cette présence demeurepour le moment confinée àl'Afrique de l’Ouest. Dans le restedu continent, notamment vers larégion australe, c’est le sud-africainPretoria Portland Cement quimène les jeux. Déjà présent auRwanda et intéressé par le marchéalgérien, PPC vient en effet de fina-liser un important investissement -230 millions de dollars – pour s’ins-taller dans la région des GrandsLacs, à partir de la République dé-mocratique du Congo. ●

Les mastodontes dusecteur du ciments’activent pourgagner le plus departs de marché.

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LE MARCHÉ DE LA SEMAINE

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Importations 18970 8233 13714 6677 -13,78% 6677 8323 24,65%

Part dans les importations globales (%) 0 0 0 0 - 0 0 -

Exportations 163028 2881 199637 157492 2236,7% 157492 5380 -96,58%

Part dans les exportations globales (%) 0 0 0 0 - 0 0 -

Solde 144057 -5352 185923 150815 -1232% 150815 -2944 -102%

ÉVOLUTION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LE MAROC ET L’ÉTHIOPIE (EN MILLIERS DE DH)

2009 2010 2011 2012 ÉVOL.MOY.09/12 JAN. DÉC.13 JAN. DÉC.13 ÉVOL.13/12

SOURCE : OFFICE DES CHANGES

L’Éthiopie séduit les investisseurs

6,5%, c’estle tauxqui ex-prime

toute la dynamique économiquede ce pays de la Corne de l’Afriquepour 2014. Les dernières apprécia-tions de l’assureur-crédit Coface surles perspectives de croissanceéthiopiennes se veulent positives.Le pays devrait en effet maintenirsa dynamique de croissance, encomparaison aux 6,5% de l’année2013 et aux 8,5% de 2012. L’écono-mie éthiopienne devrait être princi-palement impulsée par le renforce-ment des investissements publicsdéployés dans le cadre de la straté-gie quinquennale de développe-ment du pays, dénommée Plan detransformation de la croissance(Growth transformation Plan). Lesprincipales composantes de ceprogramme sont la croissanceagricole, l’industrialisation du paysainsi que son développement infra-structurel. Sur ce dernier volet, jus-

tement, les économistes de Co-face rappellent qu’en juillet dernier :«un accord avec Djibouti a été fina-lisé afin de relier les deux pays parune ligne ferroviaire et une ligneélectrique entre Addis-Abeba et Dji-bouti city». Le pays s’est égalementengagé dans une véritable poli-tique d’ouverture aux investisse-ments privés. «Les secteurs concer-nés sont l’exploitation agricole,l’extraction minière, la fabrication decertains biens de consommation

● L’économie de la Corne de l’Afrique compte sur sa forte attractivité vis-à-vis des IDE privés.L’agriculture, les télécommunications et le textile sont parmi les secteurs les plus investis. L’État, de son côté, maintient ses investissements dans le cadre de son plan stratégique de transformation de la croissance.

Risque pays

Environnement des affaires difficile : Le parti au pouvoir, l'EPRDP (Ethiopian People's Revolutionary DemocraticParty), avait remporté les élections législatives de mai 2010 avec une majorité écrasante (546 sièges sur 547 au Par-lement), grâce aux lois contraignantes préalablement votées concernant la presse, la société civile et les finance-ments politiques. L’absence d’une opposition structurée ne favorise pas l’éclosion des revendications. Subsisterontnéanmoins de fortes tensions militaires avec la Somalie et l’Érythrée. Par ailleurs, le partage des eaux du Nil est fac-teur de tensions récurrentes avec l’Égypte et le Soudan. En effet, l’Éthiopie remet en cause le traité de 1959 qui ga-rantissait l'exploitation exclusive des eaux du Nil par le Soudan et l'Égypte. Enfin, le pays pâtit du niveau élevé de lapauvreté et d’un environnement des affaires difficile marqué par le manque de transparence des données du secteurpublic, la corruption et l’éviction du secteur privé.

courante, la télécommunication etle textile». L’Éthiopie se positionneen effet de plus en plus sur ce der-nier secteur, en particulier commel’une des meilleures destinationsd’investissement du continent. «Lenuméro deux mondial du prêt-à-porter, le suédois Hennes et Mau-ritz (H&M), a notamment indiquéqu’il allait étendre son réseau defournisseur à l’Éthiopie en 2014»,selon Coface. Idem pour l'en-seigne britannique Tesco et la chi-

FICHE PAYSÉTHIOPIE

Taille88,8 millions de consommateurspotentiels

MonnaieBirr éthiopien

PIB47,3 milliards de dollars US

Croissance PIB6,5% en 2013, 6,5% en 2014 (Prévisions)

Région économiqueCommunauté économiqued’Afrique de l’Est

Doing Business 2013 :125e mondial sur 189 pays(124e au DB2013)

noise Huaijan, fabricant de chaus-sures pour les marques Guess etTommy Hilfiger, qui y sont déjà pré-sents. Les investissements décol-lent aussi dans le secteur des télé-communications. L’équipementierchinois ZTE a décroché, en 2013,un important contrat de 800MUSD auprès de l’opérateur EthioTelecom. Cette opération porte surl’extension de son réseau et le dé-veloppement de l'accès à internetdans le pays. ●

EN PARTENARIAT AVEC

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Épargne & investissement

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014

CAHIERS DE L’INTÉGRATION

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Investissements et inflationSi l’exploitation des ressourcesnaturelles a mobilisé le gros desinvestissements, les flux de capi-taux continuent de convergervers le continent. Ils ont fini paratteindre une proportion d’envi-ron 5,3% du PIB de la région en2013, «soit un niveau sensible-ment supérieur à la moyenne despays en développement (3,9%)»,rappellent les experts de la BM.Les investissements directsétrangers (IDE) nets, alimentés

I l a beaucoup été questiond’Afrique lors des dernièresRéunions de printemps de laBanque mondiale (BM) et du

Fond monétaire international(FMI), tenues en milieu de se-maine dernière. Croissance, in-dustrialisation et chômage, cestermes sont revenus plus d’unefois dans les échanges des éco-nomistes en présence de plu-sieurs ministres des Finances ducontinent. L’occasion a égale-ment été pour la BM de faire lepoint - à travers son dernier rap-port «Africa’s Pulse», une publi-cation semestrielle dédiée àl’analyse des perspectives éco-nomiques de l’Afrique - sur l’étatde santé économique du conti-nent. Il en ressort des signes en-thousiasmants de consolidationéconomique. La croissance ducontinent devrait en effet conti-nuer d’augmenter, passant de4,7% en 2013 à 5,2% en 2014,selon les prévisions de la BM.Ces résultats sont liés à lahausse des investissementsdans les ressources naturelles etles infrastructures ainsi qu’à laforte consommation des mé-nages, selon les auteurs du rap-port. Dans le détail, la croissanceafricaine a été particulièrementforte dans les pays riches en res-sources naturelles tels que laSierra Leone et la RépubliqueDémocratique du Congo. Elleest également restée vigou-reuse en Côte d’Ivoire et a prisun nouveau départ au Mali, fa-vorisée, dans l’un ou l’autre pays,par une meilleure stabilité poli-tique et un rétablissement de lasécurité. «Des pays sans res-sources naturelles commel’Éthiopie et le Rwanda ont éga-lement enregistré une crois-sance économique solide en2013», indique-t-on dans le do-cument de la BM.

L’afro-optimisme se poursuit● L’économie du continent devrait continuer à croître de 4,7% en 2013 à 5,2% en 2014, selon les conclusions du rapport «Africa’s Pulse» de la Banque mondiale. Cette dynamique est boostée par la hausse des investissementsdans les ressources naturelles et les infrastructures, ainsi que par la forte consommation des ménages. Analyse.

Croissance

par la découverte de nouveauxgisements de pétrole et de gazdans de nombreux pays, en par-ticulier l’Angola, le Mozambiqueet la Tanzanie, ont augmenté de16% pour atteindre un montantquasi-record de 43 milliards dedollars en 2013. Le tourisme aaussi été parmi les secteurs lesplus pourvoyeurs de richesses aucontinent. Les activités liées ausecteur ont connu une sensibleamélioration au terme de l’annéedernière, permettant de soutenir

la balance des paiements denombreux pays de la région.Selon l’Organisation mondiale dutourisme des Nations Unies, lesarrivées de touristes internatio-naux en Afrique subsaharienneont augmenté de 5,2% en 2013pour s’élever à un nombre recordde 36 millions contre 34 millionsen 2012, contribuant ainsi à ac-croître les recettes publiques, lesrevenus des particuliers et à créerdes emplois. Le rapport de la BMconstate, par ailleurs, que dans ledomaine des infrastructures, lesentreprises et le commerce ré-gional pâtissent particulièrementdu mauvais état des routes et del’accès irrégulier et onéreux àl’électricité. De plus, sous unangle macroéconomique, le rap-port de la BM fait remarquer quel’inflation a diminué dans le conti-nent avec un taux annuel de 6,3%en 2013 contre 10,7% l’année pré-cédente. Ce fléchissement estdû à la baisse des prix internatio-naux de l’alimentation et du pé-trole ainsi qu’à une politique mo-nétaire prudente. «Toutefois,certains pays comme le Ghana etle Malawi ont subi une hausse del’inflation du fait de la déprécia-tion de leur monnaie», précisentles économistes de la BM. ●

●●●

La croissancea été particuliè-rement fortedans les paysriches en ressourcesnaturelles.

20100,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

8,0

9,0 7.7

5.9

4.7

2011 2012 2013 2014 2015

CROISSANCE DU PIB, 2010–2015

■ Économies développées■ Afrique■ Monde

SOUR

CE :

ONU

TAUX

DE

CROI

SSAN

CE R

ÉELL

E DU

PIB

(%)

4.65.1 5.3

5.04.7

4.0

5.7

0,8

4.6

4.12.8

2.4

2.1

3.0 3.3

Le défi de la diversification des échanges

Dans leur analyse, les auteurs du rapport Africa’s Pulse soutiennent que l’un des principaux défis structurels des éco-nomies africaines porte sur la diversification des exportations. «Bien que les exportations de l’Afrique subsahariennese concentrent sur quelques produits clés, les pays de la région ont fait, en revanche, des efforts importants pour di-versifier leurs partenaires commerciaux», a commenté Francisco Ferreira, économiste en chef de la région Afrique àla Banque mondiale, dans un communiqué de presse de l’organisme mondial. Et ce dernier de poursuivre qu’«au coursde la dernière décennie, les exportations vers les marchés des pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde et laChine (BRICS) ont considérablement augmenté». Cette amélioration est principalement expliquée par la flambée dela demande en matières premières. En 2000, seulement 9% des exportations du sous-continent africain étaient des-tinés aux BRICS. Une décennie plus tard, les BRICS représentaient 34% du volume total des exportations de l’Afrique.Par ailleurs, il faut savoir que l’ensemble des exportations de l’Afrique en direction des BRICS dépassaient celles des-tinées à l’Union européenne en 2010. En 2012, le montant des exportations vers les BRICS s’est élevé à 145 milliards dedollars. Le marché chinois s’accapare près d’un quart (23,3%) du total des marchandises exportées par l’Afrique.

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014

CAHIERS DE L’INTÉGRATION

31

LES TALONS D’ACHILLE● Risques politiques, famine, faiblesse des infrastructures... les paramètres qu’il fautrésoudre pour espérer accélérer le développement du continent.

grande partie de la demandemondiale de minerai de fer, s’avé-rait plus faible et si l’offre conti-nuait de croître. Dans ce cas, lescours du cuivre et du minerai defer pourraient baisser plus forte-

ment, ce qui aurait desconséquences particu-lièrement néfastes surles pays producteursde métaux.

Alimentation :En Afrique subsaha-rienne, une forte dépré-ciation monétaire

comme au Ghana et en Zambieet des conditions météorolo-giques défavorables ont entraînéd’importantes hausses des prixdans certains pays. La séche-

Matières premières :Une moindre demande de mé-taux et d’autres matières pre-mières essentielles, associée àune augmentation de l’offre,pourraient faire baisser sensible-

ment le cours des matières pre-mières. Ce serait en particulier lecas si la demande chinoise, quireprésente près de 45% de la de-mande totale de cuivre et une

resse de 2013 a réduit les récoltesde plus de 50% dans la partie sa-hélienne de l’Afrique de l’Ouestfrancophone. De plus fortes dé-préciations monétaires et demoindres récoltes dues à des sé-cheresses plus prononcées pour-raient affecter les ménages pau-vres et entraîner une hausse del’inflation. «C’est pourquoi unemeilleure intégration des mar-chés régionaux pourrait réduirel’amplitude de la hausse des prixprovoquée par des crises lo-cales», selon l’Africa’s Pulse.L’abaissement des barrièresdouanières et le renforcementdes infrastructures commer-ciales amélioreraient la rapidité etl’efficacité de la réponse aux pé-nuries alimentaires.

Incertitudes politiques :Les risques internes liés à destroubles politiques et sociaux età l’insécurité demeurent l’unedes menaces principales pourle développement économiquede certains pays de la région.Au Soudan du Sud, le cessez-le-feu signé par les belligérants le23 janvier 2014 reste fragile etdes violences sporadiquescontinuent de perturber la pro-duction de pétrole. En Répu-blique centrafricaine, l’insécu-rité et les déplacements massifsde population ont gravementperturbé l’activité économiqueet dégradé les conditions devie. Enfin, des élections au ni-veau national pourraient ralentirle rythme des réformes structu-relles qui sont essentielles audéveloppement économique.

Des échanges de servicessous-exploités :Le rapport Africa’s Pulse relèveque la mondialisation des ser-vices représente un importantpotentiel de croissance pourles pays en développement.Les technologies et le recours à

la sous-traitance permettent àcertains secteurs de surmonterles obstacles traditionnels liésau besoin de proximité phy-sique et géographique. De nou-veaux services comme le déve-loppement de logiciels, lescentres d’appel et la sous-trai-tance de services administratifsaux entreprises peuvent désor-mais être échangés commedes biens manufacturés à fortevaleur ajoutée. Les exportationsde service de la région, qui pè-sent 50 milliards de dollars,sont bien inférieures à cellesdes autres régions en dévelop-pement. Toutefois, elles aug-mentent en moyenne de 12%chaque année. La part des ser-vices traditionnels comme letransport et le voyage a dimi-nué, passant de 73% de l’en-semble des exportations desservices en 2005 à moins de64% en 2012. ●

Des programmes universi-taires de haut niveau enAfrique, particulièrementdans le domaine dessciences appliquées, de latechnologie et de l’ingé-nierie pourraient augmen-ter considérablement lacompétitivité, la producti-vité et la croissance del’Afrique. Des réformesstratégiques sont néces-saires afin d’assurer auxjeunes l’accès à une édu-cation scientifique aussibien au niveau local querégional et de faire ensorte qu’ils obtiennent desdiplômes qui correspon-dent aux besoins du sec-teur privé. Par ailleurs, lemanque d’infrastructurescontinue de freiner l’essordu continent. Il faut doncaugmenter de manière si-gnificative les investisse-ments en la matière dans laplupart des pays de la ré-gion s’ils espèrent trans-former de manière durableleur économie.

Makhtar DiopVice-président du Groupe

de la Banque mondiale pour la région Afrique

Le manqued’infrastructurescontinue de ralentirl’essor du continent.

Éthiopie

Libye

Zimbabwe

Ghana

Libéria

Rwanda

Sierra Leone

Nigéria

Mozambique

Zambie

l'Afrique du Sud

Swaziland

Soudan

Madagascar

République centrafricaine

0 2 4 6 8 10

Tanzanie

CROISSANCE ANNUELLE MOYENNE DES PRINCIPALES ÉCONOMIES AFRICAINES 2009–2013(EN POURCENTAGE)

● Les 11 pays obtenant les meilleurs résultats● Les 5 pays obtenant les résultats les plus faibles

SOUR

CE :

ONU

9,4

8,7

8,4

8,3

7,8

7,5

7,4

7,0

6,8

6,7

6,7

2,0

2,0

1,7

0,5

0,4

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les investissements des opéra-teurs économiques marocainsen Afrique subsaharienne ontdépassé la barre du milliard dedirhams, pour constituer plus de44% du total des investissementsmarocains sur les marchés àl'étranger. Il faut savoir que cepourcentage est pourtant bieninférieur à ce nous avons l’habi-tude de relever sur ces marchés,qui représentent généralementpas moins de 50% de nos inves-tissements à l’étranger. Uneannée auparavant, encore, nousavons frôlé les 2 MMDH.

Quels sont les grands défis àl’offre exportable marocainesur ces marchés ?

Nous sommes en train de tra-vailler sur toutes les probléma-tiques affectant la compétitivitéde l’offre marocaine sur cesmarchés. La logistique et letransport sont en effet l’un denos chantiers les plus impor-tants. Nous nous penchons ac-tuellement, à ce propos, sur unprojet de contrat-programmedédié au secteur. L’objectif estd’atténuer les contraintes quis’érigent aujourd’hui face à l’ex-portateur marocain. Uneagence nationale a déjà étémise en place. Nous comptonsnous occuper davantage de cesecteur pour nous donner lesmoyens de nos ambitions surles marchés internationaux.

Les ÉCO : L’Afrique sera sansdoute parmi ces destinationsque vous tenterez de«vendre» aux exportateursmarocains ?Mohamed Abbou : Nous allonsévidemment mettre l’accent surles opportunités et potentiels àl’export existant sur les marchéssubsahariens. La dernière tour-née royale dans cette région apermis de réitérer les nouvellesorientations insufflées par le roi àla diplomatie économique duroyaume. Nous comptons suivreces orientations en promouvantl’export, notamment vers lesmarchés du continent. Ces mar-chés sont des marchés d’avenirpour l’offre exportable duroyaume. Pendant les journéesrégionales de l’export, que nousallons démarrer dans les pro-chaines semaines, nous parle-rons en effet avec les opérateurséconomiques, des différentesopportunités existantes sur cesmarchés, ainsi que des moyenset voies de mieux les saisir. Sur levolet des investissements, égale-ment, les derniers chiffres ren-dus publics par l’Office deschanges sont assez parlants.Pour l’année 2013, par exemple,

Où en êtes-vous dans lesnégociations de l’accord avecl’UEMOA ?Les négociations trainent tou-jours, il faut l’avouer. Nous comp-tons toutefois sous les instruc-tions du roi, changer notreapproche dans ces pourparlerspour accélérer le processus versla conclusion de ce partenariatavec les économies de la zoneUEMOA. Nous travaillons donc surune révision d’approche du projetd’accord en lui-même, pour entrerdans les détails et le faire aboutirincessamment. Ce qui est certain,c’est que nous nous efforçons desauvegarder autant que possibleles intérêts des deux parties. La lo-gique qui prévaut dans noséchanges, sur ce dossier, est celledu win-win. Les opportunités en-core inexploitées dans le secteurdes échanges commerciauxentre notre pays et ceux d’Afriquesubsaharienne sont encore bienimportantes. Je pense qu’il fau-drait que nous accélérions les né-gociations, sur la base de nou-velles propositions mieux à mêmed’arranger toutes les parties.

La CEDEAO est en train denégocier un importantpartenariat économique etcommercial avec l’UE. Celadevrait-il changergrand-chose ?Je ne pense pas qu’il puisse y avoirde réels impacts sur les négocia-tions. Nous poursuivons nos ef-forts visant à mettre en place lameilleure proposition possibleavec nos partenaires de la régionUEMOA, afin de faire passer le pro-cessus à une vitesse supérieure.Nous devons en tout cas faire toutnotre possible pour faire aboutirces négociations dans les meil-leurs délais, au plus tard fin 2015.Nous avons perdu beaucoup detemps de part et d’autre. ●

«Nous travaillons sur unerévision d’approche du projetd’accord avec la zone UEMOA»

MOHAMED

ABBOUMinistre délégué chargé du Commerce extérieur

●●●

Lesinvestissementsdes opérateursmarocainsen Afriquesubsaharienneont dépasséla barredu 1 MMDH,pour constituerplus de 44%du total desinvestissementsmarocains surles marchésà l'étranger.

32 LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014

L’INTERVIEW

La caravane de l’export entame son périple régional

Les rencontres régionales de l’export ont été présentées en début de semaine dernière à Casablanca. Ce programmedevrait concerner toutes les régions du royaume, sur la période allant du 17 avril au 27 juin. L’objectif ici est de faire d’unepierre plusieurs coups : (re)prendre le pouls de l’offre exportable du pays et informer sur les programmes de l’État destinésà l’appui de cette offre. Cette campagne devrait en effet permettre d’identifier le potentiel exportable de chacune desrégions du royaume, ainsi que les opérateurs potentiels ou confirmés qui s’activent au niveau local. Il s’agira égalementde mettre le doigt sur les problématiques rencontrées par ces exportateurs dans leur démarche d’internationalisation.Le ministère en profitera pour recueillir les avis des acteurs, dans le but de peaufiner sa stratégie de développement desexportations. L’autre enjeu de cette opération - sans doute des plus stratégiques – est celui de l’information.

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 15 AVRIL 2014 33

VUE DU CAMEROUN

pour les travailleurs des secteurs para-publics et privés», d’autant plus quel’impôt sur le revenu des personnesphysiques (IRPP) appliqué à l’indem-nité de fin de carrière vient opérer uneponction sur cette indemnité. «Cetimpôt nous semble abusif, en ce sensqu’il violerait le principe du droit fiscalqui proscrit le paiement d’un mêmeimpôt deux fois et pour le mêmeobjet», estiment les travailleurs par lavoix de leur représentant. C’est dire siun réel inconfort couve bien dans lesrangs des employés de la CDE qui es-timent aussi que les différentes pres-

tations de la CNPS (Caisse nationalede sécurité sociale), et en particulierla pension vieillesse, ne sont plusadaptées à l’évolution des rémunéra-tions et au renchérissement perma-nent de la vie. Comme réaction àtous ces griefs, que le ministre du Tra-vail, Grégoire Owona, a promis d’exa-miner ces différents problèmes afind’y apporter des réponses «dans lesjours à venir». C’est en 2008 que la

CDE a commencé ses activités deproduction et de distribution de l’eaupotable au Cameroun. Pour cela, elleexploite les infrastructures mises à sadisposition par l’entreprise publiqueCamwater. À la faveur de l’événementdu vendredi 4 avril dernier, le Maro-cain Brahim Ramdane, le directeurgénéral de la CDE, a affirmé qu’en2013, l’entreprise a produit sur l’en-semble du territoire camerounais untotal de 125 millions de m3 d’eau po-table. Une eau distribuée à environ348.000 abonnés et utilisée par plusde 9 millions de personnes, ce qui

reste bien peu pour un paysdont la population est estimée àquelque 22 millions d’habitants.Parmi les problèmes que ren-contre la CDE, il y a de fré-quentes coupures d’électricitéqui limitent les performances deses équipements qui, eux-mêmes, souffrent d’une vétustécertaine. En outre, il y a la très fai-

ble extension du réseau de distribu-tion. Seule une centaine de villes surplus de 300 sont connectées et,dans des villes comme Douala etYaoundé, la majorité des habitants seravitaillent auprès des rivières, despuits ou des forages, n’ayant pasaccès à l’eau de la CDE. ●

PAR JULIEN CHONGWANGLe Quotidien de l’Économie –

Douala – Cameroun

B ientôt dix ans depuis la priva-tisation de la Société natio-nale des eaux du Cameroun(SNEC), et les ex-employés

de celle-ci, qui avaient été reversésdans la Camerounaise des eaux(CDE), ne possèdent toujours pas latotalité de leurs droits sociaux, éva-lués à 50 millions de FCFA (100.000dollars). Ils l’ont clairement fait savoirle vendredi 4 avril au cours d’une cé-rémonie de remise de médaillesd’honneur du travail au personnel dela CDE. Jean Tsanga, le représentantdes travailleurs a martelé à l’endroit dudirecteur général de la CameroonWater Utilities Coorporation (Camwa-ter) et au ministre du Travail et de lasécurité sociale la nécessité de réglerle reliquat de cette dette, qui était de3 milliards de FCFA (6 millions de dol-lars). Faut-il le rappeler, la Camwaterest la société de patrimoine créée parl’État camerounais en même tempsque la CDE, à l’occasion de la privati-sation en 2008 de la SNEC qui s’estfaite suivant le système de l’affer-mage. Au cours de cette cérémoniedu 4 avril, le porte-parole des travail-leurs a exhorté la hiérarchie de la CDEà corriger certains problèmes quicontinuent d’entacher le traitementdu personnel de la société. Il s’agit parexemple de la question des diplômesse rattachant aux médailles d’hon-neur du travail décernées aux travail-leurs de l’ex-SNEC en 2007, lesquelsdiplômes ne sont toujours pas déli-vrés à ce jour. Il s’agit aussi de ce quele porte-parole des employés appellel'«apartheid syndical». Il s’agit, à encroire Jean Tsanga, de la discrimina-tion entretenue par certains hauts ca-dres de l’entreprise et qui veut qu’uneorganisation comme la Fédérationnationale des syndicats des travail-leurs de l’eau et de l’énergie électriquedu Cameroun (Fensteeec) soit inter-dite de fonctionnement dans l’entre-prise. Autre revendication, et pas desmoindres: la retraite. Les travailleursestiment en effet que malgré les ef-forts consentis par les employeurs dusecteur de l’eau pour une revalorisa-tion de l’indemnité de fin de carrière,«la retraite demeure un cauchemar

Malaise social à la CDE● Les employés locaux de la Camerounaise des eaux, filiale camerounaise de l’ONEE,ont récemment présenté au ministre du Travail un chapelet de griefs allant de leursdroits sociaux à leur retraite.

Récemment, deux reli-gieux français étaientenlevés au Nord duCameroun. Même si

personne n’a encore rien reven-diqué, tous les index sont poin-tés vers Boko Haram, ce mou-vement terroriste qui sévitsurtout au Nigeria. Pourtant,l’enlèvement n’en finit pas desusciter des interrogations ausein de l’opinion publique quine comprend pas la facilitéavec laquelle ces malfaiteursopèrent sur cette partie du ter-ritoire camerounais alors quel’État y a déployé des bataillonsd’intervention rapide (BIR). Ladifficulté qu'a le BIR d’empê-cher Boko Haram d’opérer auCameroun montre qu’il fautchanger de stratégie dans latraque de ces bandits dont lesactes ont déjà poussé les orga-nisateurs du Paris-Dakar àchanger d’itinéraire pour alleren Amérique du Sud, entraî-nant aussi une forte baisse de lafréquentation touristique de lapartie Nord du Cameroun, dés-ormais déconseillée à leurs ci-toyens par les ambassadeursétablis à Yaoundé…Il semble par exemple plus effi-cace pour tous les États sahé-liens de s’associer pour menercette croisade contre BokoHaram dont les membres pas-sent facilement d’un pays à unautre, du Mali au Soudan enpassant par le Niger, le Nigeria,le Cameroun et le Tchad, etc.En opérant de manière isolée, ilest en effet impossible pour lessoldats d’un pays de contrôleret de venir à bout de cette né-buleuse qui sévit au-delà desfrontières de chaque État. ●

S’associercontre l'insécurité

Thierry Ekouti,Dir.pub-Le Quotidien del’Économie (Cameroun)

BILLET

Les syndicatsdemandent lepaiement du reliquatdes droits sociaux.