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La scène politique – un an avant l’élection présidentielle. Connie Pedersen Ce printemps le Président François Hollande a fêté son 4 ème anniversaire comme président de la République et il lui reste seulement une année avant l’élection présidentielle en mai 2017. Quels sont ses résultats ? Que lui reste-t-il à faire et qui sont ses rivaux pour la plus haute fonction de France ? Le Président a bien géré le pays pendant deux grandes crises – les attaques terroristes en janvier 2015 du magazine satirique Charlie Hebdo, puis dans le supermarché juif ainsi que les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Avec compassion et dignité il a su rassembler la nation, une large majorité des Français s’accorde à le reconnaitre, même ceux qui n’ont pas voté pour lui. Mais le prix à payer est lourd à l’extérieur comme à l’intérieur. La France est en guerre et le pays est en état d’urgence. Les avions français larguent leurs bombes sur les positions stratégiques de L’État islamique en Syrie et en Iraq, et au Mali les soldats français luttent contre les islamistes d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). En France, les militaires, les gendarmes et les policiers sont en alerte permanente dans des gares et devant les écoles par crainte de nouveaux actes de terrorisme, et les attentats à Bruxelles en mars de cette année ont intensifié cette peur. La menace terroriste contre la France est très élevée, disent les autorités. La réforme du code du travail Mais il faut bien le dire, la guerre et le terrorisme ne sont pas les premières préoccupations des Français. C’est le chômage. Il y a 5 millions de Français qui cherchent un emploi. C’est un taux de chômage de 10 % - ce qui place la France en très mauvaise position dans la zone euro. Le problème fondamental de la France est un marché du travail très rigide. Il est très difficile et couteux de licencier un employé. Par conséquent, les employeurs hésitent à engager des nouveaux salariés quand l’entreprise va bien, parce qu’ils ne peuvent pas les licencier quand la situation économique est moins bonne. Ou les patrons n’embauchent pas ou ils offrent uniquement des contrats de courte durée à ceux qui cherchent un travail. Plusieurs gouvernements et présidents – de droite comme de gauche– ont essayé de réformer le code du travail mais sans grand succès. Dès qu'une

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un an avant les élections Connie Pedersen

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La scène politique – un an avant l’élection présidentielle.

Connie Pedersen

Ce printemps le Président François Hollande a fêté son 4ème anniversaire comme président de la République et il lui reste seulement une année avant l’élection présidentielle en mai 2017.

Quels sont ses résultats ? Que lui reste-t-il à faire et qui sont ses rivaux pour la plus haute fonction de France ?

Le Président a bien géré le pays pendant deux grandes crises – les attaques terroristes en janvier 2015 du magazine satirique Charlie Hebdo, puis dans le supermarché juif ainsi que les attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Avec compassion et dignité il a su rassembler la nation, une large majorité des Français s’accorde à le reconnaitre, même ceux qui n’ont pas voté pour lui.

Mais le prix à payer est lourd à l’extérieur comme à l’intérieur. La France est en guerre et le pays est en état d’urgence. Les avions français larguent leurs bombes sur les positions stratégiques de L’État islamique en Syrie et en Iraq, et au Mali les soldats français luttent contre les islamistes d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).

En France, les militaires, les gendarmes et les policiers sont en alerte permanente dans des gares et devant les écoles par crainte de nouveaux actes de terrorisme, et les attentats à Bruxelles en mars de cette année ont intensifié cette peur. La menace terroriste contre la France est très élevée, disent les autorités.

La réforme du code du travail

Mais il faut bien le dire, la guerre et le terrorisme ne sont pas les premières préoccupations des Français. C’est le chômage. Il y a 5 millions de Français qui cherchent un emploi. C’est un taux de chômage de 10 % - ce qui place la France en très mauvaise position dans la zone euro.

Le problème fondamental de la France est un marché du travail très rigide. Il est très difficile et couteux de licencier un employé. Par conséquent, les employeurs hésitent à engager des nouveaux salariés quand l’entreprise va bien, parce qu’ils ne peuvent pas les licencier quand la situation économique est moins bonne. Ou les patrons n’embauchent pas ou ils offrent uniquement des contrats de courte durée à ceux qui cherchent un travail.

Plusieurs gouvernements et présidents – de droite comme de gauche– ont essayé de réformer le code du travail mais sans grand succès. Dès qu'une réforme est proposée il y a des manifestations dans les rues et le gouvernement recule.

C’était le cas en mars cette année quand le gouvernement socialiste a présenté une réforme qui essayait de combiner flexibilité pour les entreprises et sécurité des salariés, mais la réforme a provoqué la colère des jeunes, des syndicats et une partie de la gauche jugeant le projet trop libéral. Donc, le gouvernement a dû modifier sa proposition.

La campagne électorale

Suite aux manifestations la cote de popularité du président a baissé à nouveau. Moins de 30 % des Français pensent qu’il est capable de résoudre les problèmes du pays. Il a toujours dit qu’il se représenterait à l’élection présidentielle en 2017 uniquement s’il a réussi à inverser la courbe du chômage à la fin de l’année 2016. Il lui reste donc six mois, et la question est : arrivera-t-il à le faire ? Il se prononcera sur sa candidature en novembre ou en décembre.

Ses rivaux politiques sont déjà dans les starting-blocks. Deux grands partis font face aux socialistes en 2017 – le grand parti de droite traditionnelle , Les Républicains, et le parti d'extrême-droite, le Front National.

Les Républicains n’ont pas encore choisi leur candidat, mais plus de 10 candidats se massent sur la ligne de départ pour gagner la candidature. La décision tombera en novembre cette année quand le parti organisera une primaire à l’américaine. Tous les électeurs qui affirment respecter les valeurs républicaines et qui paient 2 euros pourront voter.

En tant que patron des Républicains, l’ancien président Nicolas Sarkozy est bien placé pour être élu candidat de son parti. Mais sa cote de popularité dans les sondages n’est pas impressionnante. Seuls 20 à 30 % des électeurs souhaitent le voir encore une fois à l’Élysée.

Il est largement dépassé par l’ancien Premier Ministre, Alain Juppé, un homme politique serein et sérieux qui se présente comme le rassembleur des Français. Son point faible est son âge, 70 ans.

Mais celle que tous les hommes politiques craignent c’est Marine Le Pen – le leader du parti du Front National. Presque tous les sondages la donne en tête du premier tour de l’élection présidentielle.

C’est - à - dire que le candidat de la droite traditionnelle ou bien le candidat socialiste serait éliminé, puisque le second tour se joue entre les deux candidats les mieux placés.

À l’élection présidentielle le 21 avril 2002, le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, avait provoqué un séisme politique en éliminant le candidat socialiste, Lionel Jospin, au premier tour. C’était la première fois depuis plus de cinquante ans, qu’un candidat socialiste n’était pas présent au second tour d’une présidentielle.

L'expression « 21 avril » désigne aujourd’hui l’élimination du candidat de la gauche ou de la droite, au profit du candidat du Front National, et les socialistes ont peur que le scénario de 2002 se reproduise en 2017. Selon presque tous les sondages le président François Hollande serait éliminé au premier tour.

En 2002, le succès de Jean-Marie Le Pen a été de courte durée. Au second tour il a été largement battu par le président Jacques Chirac – 82 % contre 18 %, et la fille de Le Pen pourrait aussi avoir des difficultés à s’imposer au second tour. D’après les sondages elle aurait suffisamment de voix pour être finaliste mais pas assez pour être élue présidente de la France.

Une nouvelle génération

En général les électeurs en ont marre des visages bien connus en politique. Un remake de l’élection présidentielle de 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy en 2017 déplaît à 70 % des électeurs selon les sondages. Une nouvelle génération d'hommes et de femmes est prête à prendre la relève et la direction du pays. Chez les socialistes l’actuel Premier Ministre Manuel Valls ou le jeune Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, attendent leur tour. Chez les Républicains c’est surtout l’ancien Ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire qui menace les vétérans avec son slogan « Le renouveau c’est Bruno ! »

Mais l’histoire politique de la France montre que les favoris des sondages - un an avant l’élection - sont rarement les gagnants à l’arrivée. L’élection de François Hollande en 2012 en est un exemple. Il est devenu le candidat des socialistes parce que le favori Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI (Fonds Monétaire International) a été arrêté aux États-Unis, accusé d’avoir violé une femme de chambre dans un hôtel à New York.

Les prochains mois pourraient bien offrir des surprises, bien que pas aussi dramatiques qu'avant l’élection présidentielle en 2012.

Connie Pedersen est l’auteur du livre Le changement – c’est maintenant (Gyldendal) sur La France sous la présidence de François Hollande. Dix thèmes centraux sont abordés comme par exemple le chômage et la sécurité. Le livre a un site www.changement.gyldendal.dk , mis à jour à chaque événement important.