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DESCRIPTION
Bulletin de nouvelles de la Faculté de théologie évangélique, Université Acadia.
Citation preview
Chers amis de la Faculté,
C'est avec joie que nous vous présentons ce troisième numéro du
FTÉ-Infos. Dans les quelques pages qui suivent, nous souhaitons
vous présenter les derniers développements et nouvelles de la
Faculté de théologie évangélique, Université Acadia.
Il a semblé intéressant au comité de rédaction d'ajouter, à partir de
ce numéro, un article provenant d'un étudiant de la FTÉ. Nous
commencerons par un article de Jean Maurais, étudiant à la FTÉ et
candidat à la maîtrise, qui en quelques pages nous résumera
l'essentiel de son travail sur « Julius Wellhausen et le mépris de la
loi biblique ». Vous trouverez aussi une présentation du professeur
Daniel Timmer, avec nous depuis septembre 2012, ainsi qu'une
présentation de Sébastien Morrissette, étudiant dans la M.Div. Vous
aurez aussi l'occasion de lire au sujet de la rénovation de la salle des
étudiants ainsi que de notre récente activité à la cabane à sucre.
Nous voulons profiter de ce numéro pour vous faire part du projet
de microprogramme qui a redémarré à la session d'automne 2012,
et qui se poursuit à l'hiver 2013, ainsi que de nos cours offerts cette
session au Campus Ottawa et à l'église Peoples Church.
Nous vous souhaitons une bonne lecture et vous remercions pour
votre encouragement envers le ministère de la Faculté.
Ovidiu Gardos et Daniel Giorgio
COMITÉ DE RÉDACTION : Ovidiu Gardos et Daniel Giorgio / MAQUETTISTE : Diane Vatinel
P.6 Article par Jean Maurais
P.11 Entretien avec Sébastien Morrissette
P.2 Entretien avec le professeur Daniel Timmer
mai 2013
2
Nous avons un nouveau professeur parmi le personnel de la Faculté depuis septembre 2012.
Les prochaines lignes serviront donc à le présenter brièvement afin de mieux le connaître.
Daniel Timmer est né et a grandi aux États-Unis, dans le Michigan. Il a été élevé dans une
famille chrétienne, ce qui lui a fourni un « environnement sain et idéal » pour vivre sa vie
chrétienne a-t-il répondu. Son appel à la formation théologique est le résultat d'un souci
d'éclairer les fondements bibliques : une curiosité personnelle certainement en cause, mais
l'argument principal était de préciser ces fondements bibliques, ces bases, pour le bénéfice
de l'église, « non nécessairement apologétique mais plutôt pastoral » a-t-il dit. Il a donc
décidé de se spécialiser en AT : c'était certes un certain défi envers ces textes inconnus mais
également un désir d'avoir une bonne compréhension équilibrée de la théologie au sens
large. Son intérêt est donc de voir le sens de la Bible entière qui est « une grande richesse et
non un grand chaos ». En tant que professeur, M. Timmer voudrait rendre ses étudiants
capable de « faire des liens entre l'AT et le NT » et « ne pas faire de sauts illégitimes de l'AT
au NT sans passer par la croix ».
Daniel Timmer détient un doctorat en Ancien Testament de Trinity International University à
Chicago. Ses études antérieures comprennent un baccalauréat en génie mécanique et des
maîtrises en religion et en Ancien Testament à Greenville Presbyterian Theological Seminary
Fai s on s la c onnai ssance de
3
ainsi qu'à Trinity International University. Son intérêt se
situe dans les domaines de la théologie biblique, le
Proche-Orient ancien et les XII petits prophètes. Il
s'intéresse également aux enjeux d'empire et identité
ainsi qu'au lien entre la religion et la violence. Ses
publications incluent des monographies portant sur
Exode 32-34 et sur Jonas, ainsi que des articles portant
sur le Proche-Orient ancien, les écrits de la mer Morte
et plusieurs aspects de la Bible hébraïque/Ancien
Testament.
Daniel Timmer était professeur associé d'AT au
Reformed Theological Seminary de 2009 à 2012. Il a
aussi enseigné les études bibliques à la Faculté de
théologie réformée Farel de 2004 à 2009 ainsi qu'à
l'université Concordia. M. Timmer a aussi été ancien
d'une église en implantation sur l'île de Montréal
pendant plusieurs années.
Pourquoi la FTÉ ? Il a répondu pour plusieurs raisons :
le fait qu'elle soit créditée ; la diversité de la clientèle
qu'on y trouve ; la variété des programmes permettant
de contribuer à plusieurs égards, que ce soit au
Microprogramme ou à la Maîtrise ; la position de la
Faculté étant protestante dans la tradition de la
Réforme, tout en bénéficiant d'une certaine diversité
dont les limites sont claires ; elle est à la fois une œuvre
missionnaire et académique.
Pourquoi la francophonie ? Il a répondu : « c'est grâce à
mon épouse...c'est toujours intéressant de se marier
avec quelqu'un de différent sur le plan linguistique ».
Les besoins sont plus grands au Québec qu'ils ne le sont
aux États-Unis, « une motivation missionnaire me
retient au Québec » a-t-il affirmé. C'est justement cela
qui représente une grande influence pour lui : ce
contexte au Québec où les chrétiens travaillent sans
beaucoup de ressources ni visibilité...dans une société
qui voit le christianisme comme une réalité non
pertinente.
Daniel Timmer a émigré au Québec en 2004, alors qu'il
avait trente ans. Lui et son épouse Andree sont les
parents de deux garçons, Nathan et Félix. Nous sommes
très heureux de constater que notre Seigneur met à
cœur la Faculté et le Québec chez notre nouveau
professeur d'AT. Nous espérons l'avoir parmi nous pour
de nombreuses années et lui souhaitons la paix et joie
que Dieu donne à ceux qui répondent à Son appel dans
leur vie.
Daniel Giorgio
Comité étudiant
Le Conseil Exécutif de l'Association Étudiante vous
encourage à naviguer sur la page web des étudiants pour
y trouver de l'aide pédagogique, un calendrier
d'évènements et plus encore :
http://etudiants.fteacadia.ca
Nous avons aussi une page Facebook :
www.facebook.com/aefte
4
Rénovat i on
Les étudiants de la FTÉ on vu leur salle se refaire une beauté. En effet, durant le mois de
février, l'association des étudiants a décidé d'entreprendre des travaux de rénovation dans la
salle des étudiants. Nous y trouvons maintenant de nouveaux meubles, dont un canapé, un
fauteuil et des poufs pour s'asseoir ainsi que trois nouvelles tables et chaises pour
accompagner. Tout cela a été mis à la disposition des étudiants, l'objectif étant de leur
permettre d'avoir une belle salle qui soit à la fois un lieu de détente et de travail. De
nouveaux détails sont à venir, dont un coin pour prière et ressourcement.
Nous tenons à souligner l'initiative et la qualité du travail dont l'association a fait preuve en
menant à bout ce projet. Un remerciement spécial à Alaina qui a beaucoup contribué sur le
côté "design" de la salle. Nous voulons aussi remercier grandement Aurélien, M. Gardos et
M. Giorgio d'avoir installé les nouvelles tuiles afin que nous ayons tous un plus beau
plancher.
Alors ne soyez pas timides, venez profiter pleinement de la nouvelle salle des étudiants ! Ça
vous fera un changement d'air lors de vos visites à la Faculté, ou simplement à la pause, et
vous aurez certainement la possibilité d'approfondir vos relations avec d'autres étudiants de
la FTÉ. Nous espérons réellement que cette nouvelle salle des étudiants sera un outil pour
améliorer la vie estudiantine de la Faculté. Bienvenue à tous !
Daniel Giorgio
5
6
Jul iu s Wel lhau sen
par Jean Maurais
Julius Wellhausen (1844-1918) est un personnage
incontournable des études bibliques depuis la
publication en 1878 de son célèbre ouvrage, Prole-
gomena zur Geschiscthe Israels. Bien qu’il ne fût pas le
premier à analyser l’Ancien Testament – et par-
ticulièrement ses 6 premiers livres – en les découpant en
plusieurs sources, la synthèse qu’il présenta dans cet
ouvrage devint le paradigme dominant pour l’étude de
l’Ancien Testament et de l’histoire d’Israël pendant plus
d’un siècle. Bien que plusieurs variations importantes
aient été introduites depuis, sa présentation de
l’hypothèse documentaire demeure sa contribution la
plus importante.
La thèse principale de Wellhausen : L’histoire d’Israël a
débuté par une période caractérisée par la religion
spontanée et libre illustrée dans les récits des
patriarches puis dans le message des prophètes. Cette
religion est graduellement devenue plus rigide et
codifiée sous le contrôle des prêtres, particulièrement
au retour de l’exil. Ce sont eux qui sont à l’origine des
textes de loi du Pentateuque. Pour Wellhausen, cette
métamorphose de la religion israélite en un système de
lois était le précurseur naturel du judaïsme, un
développement tragique qu’il ne manquera pas de
critiquer.
La présence de diverses sources dans le Pentateuque est
un fait qui est généralement admis, quoi que l’étendue
et l’origine de celles-ci soit contestée. Mais la
reconstruction de Wellhausen fait encore l’objet de
controverse pour plusieurs raisons. Le jugement de
valeur porté sur les textes sacerdotaux et la pratique
religieuse juive n’apparait pas justifié. Serait-il teinté par
ses croyances ou son contexte socioculturel ?
Wellhausen confesse lui-même qu’il avait dès le départ
un intérêt marqué pour les récits des rois et prophètes.
À l’opposé, les livres de loi apparaissaient comme une
intrusion désagréable. Ce sentiment négatif ne fit que se
confirmer lorsqu’il entendit parler de l’hypothèse
documentaire. C’est alors qu’il eut la conviction que ces
textes lourds et ennuyeux étaient non le point de départ
mais plutôt le résultat d’une évolution de la religion
israélite. Cette évolution était loin d’être positive : À
plusieurs reprises, il parle de l’aboutissement de la
religion juive comme d’un fantôme, une religion morte.
Comment en est-il arrivé à présenter une image aussi
négative de la loi et du judaïsme ? Quelles influences ont
contribué à susciter cette perspective ?
1. Antisémitisme ?
L’accusation d’antisémitisme est très sérieuse,
particulièrement à l’ère post-holocauste. Pourtant, les
savants juifs n’ont pas attendu cette grande tragédie
pour accuser Wellhausen et ses collègues d’une attitude
non seulement anti-judaïque mais aussi antisémite. En
1903, le savant juif Solomon Schechter prononça un
discours intitulé :
7
« Higher-Criticism – Higher Anti-Semitism ». Dans ce
discours, il attaque les historiens critiques qui cherchent
à détruire la Bible, le fondement même du judaïsme. La
haute critique, disait-il, par sa persécution intellectuelle
de la religion juive, prive les juifs non seulement de leur
histoire mais aussi de leur espérance future. En
s’attaquant à leur livre sacré, les savants critiques
s’attaquent à la religion juive et donc au peuple juif.
Le théologien juif Jon Levenson souligne pour sa part à
quel point le vocabulaire employé par Wellhausen et ses
contemporains pour décrire le judaïsme était malsain :
« Schleiermacher described Judaism as a ‘dead
religion’ (eine tote Religion) whose practitioners sit
lamenting in the presence of their ‘imperishable
mummy’.1» Une année seulement après la publication
de Wellhausen, Adolf Stöcker, théologien et fondateur
du Parti social chrétien des travailleurs, décrivait le
judaïsme orthodoxe comme « a form of religion which is
dead to its very core » 2. À la même époque, le
professeur d’histoire de l’Université de Berlin, Heinrich
von Treitschke, parlait des juifs comme étant
« Germany’s misfortune » 3.
Il est difficile dans ces débats 4 d’établir les influences
précises et de déterminer la portée d’un tel sentiment
chez un individu. De même, il nous faudrait des preuves
plus concrètes pour accuser Wellhausen d’une telle
attitude. Entre anti-judaisme et antisémitisme, il y a tout
de même un pas important à franchir. Ceux qui l’ont
côtoyé témoignent qu’il ne serait jamais allé aussi loin.
Deux autres points méritent d’être soulignés : 1) Les
chrétiens « fondamentalistes » ont eux-aussi subit le
même sort que les croyants juifs suite à la reconstruction
de Wellhausen et à l’approche libérale de cette époque.
Non seulement leur Ancien Testament mais aussi les
récits des Évangiles se sont fait retirer toute crédibilité
historique. Pourtant dans ce cas, il ne s’agit pas
d’antisémitisme, mais plutôt d’une approche rationaliste
et sceptique du texte biblique. 2) Comme nous le
verrons plus loin, Wellhausen ne s’en prend pas
seulement au judaïsme, mais à toutes les « religions du
livre » qui s’interposent entre Dieu et l’homme.
2. Luthéranisme ?
Dans son évaluation, Levenson souligne aussi l’influence
de la théologie luthérienne sur l’opinion négative de
Wellhausen envers le judaïsme. Wellhausen semble
reprendre le schéma paulinien exposé en Rm 4 et Ga 4 :
Il y avait justice et liberté sans la loi (Abraham), péché et
mort sous la loi mosaïque (Sinaï) puis une restauration
de la justice et liberté sans la loi en Christ. Pour lui, la loi
est une intrusion empêchant l’essor de la vraie religion.
Il fallait, comme l’expérience personnelle de Wellhausen
le démontre, trouver une manière d’expliquer cette
intrusion malheureuse de manière à mettre en évidence
la pureté et la gloire de la vraie religion libre de la loi. Sa
solution fut de faire de la loi une invention tardive,
invitant un nouveau bouleversement qui abolira cet
obstacle. Le schéma théologique luthérien serait ainsi
appliqué à l’histoire d’Israël, le judaïsme étant (selon sa
reconstruction) le responsable de cette loi maudite
détruisant la pure religion, avant qu’elle soit à nouveau
rétablie par Jésus-Christ. Dans les paroles de Wellhau-
sen, « [The gospel] preaches the most noble individual-
ism, the freedom of the children of God» 5.
La dialectique loi-grâce de la théologie luthérienne serait-
elle alors responsable de cette évaluation négative de la loi
et, en conséquence, de la représentation négative du
judaïsme? Dans un extrait souvent négligé par les auteurs
juifs précédemment cités, Wellhausen dresse un parallèle
intéressant :
In this way the spiritualisation of the worship is seen in
the Priestly Code as advancing pari passu with its
centralisation. It receives, so to speak, an abstract
religious character… The consequences for the future
were momentous. The Mosaic “congregation” is the
mother of the Christian church; the Jews were the
creators of that idea 6.
Bien que l’arrière-plan luthérien de Wellhausen soit
certainement un facteur dans sa conception de la loi, cet
8
extrait trahit en fait un principe beaucoup plus
fondamental que l’antithèse loi-grâce. En arrachant
l’adoration (et donc la religion) de son contexte
« naturel » et « primitif », le judaïsme a adopté une
religion spiritualisée et abstraite, devenant ainsi le
précurseur de l’église chrétienne organisée. Celle-ci est
donc placée elle aussi sous la condamnation de l’auteur.
Ceci suggère que l’évaluation négative faite par
Wellhausen de la loi juive n’est pas fondamentalement
reliée à l’antisémitisme ou même l’antithèse loi-grâce de
la théologie luthérienne, mais plutôt à son dégoût our la
religion institutionnalisée et « abstraite », qui érige des
barrières entre Dieu et l’homme. C’est la liberté de
l’individu qui est prioritaire pour Wellhausen et non
l’antithèse loi-grâce. Mais cet individualisme, tout en
étant un produit de la Réforme, est aussi une
caractéristique du mouvement romantique allemand du
19ième siècle.
3. Romantisme ?
Wellhausen disait lui-même que, l’élément essentiel à
considérer dans le texte biblique n’est pas son contenu
comme tel, mais l’esprit du temps (le Zeitgeist) qui l’a
produit. Nous pouvons légitimement nous demander
quel était le Zeitgeist de Wellhausen, et si celui-ci n’a pas
eu une influence déterminante sur son évaluation du
judaïsme. Ainsi, en discutant des fêtes juives et
particulièrement de leur description dans le document
sacerdotal, il y va de cette autre opinion très révélatrice :
Thus the feasts entirely lose their peculiar
characteristics, the occasions by which they are
inspired and distinguished; by the monotonous
sameness of the unvarying burnt-offering and sin-
offering of the community as a whole they are all put
on the same even level, deprived of their natural
spontaneity, and degraded into mere “exercises of
religion” 7.
L’attitude négative de Wellhausen s’expliquerait plus
facilement par son dédain pour la religion organisée,
institution arrachant la spiritualité de son contexte
naturel et originel et favorisant plutôt le rituel. De
même, Wellhausen place constamment en opposition
les sacrifices simples et primitifs des rois et prophètes
aux rituels complexes des écrits sacerdotaux. Ainsi, il fait
l’éloge de la naïveté et de la spontanéité de la religion
« originale » avant que celle-ci ne soit corrompue et
codifiée, érigeant des barrières entre Dieu et l’homme :
The history of the ancient Israelites shows us nothing
so distinctly as the uncommon freshness and
naturalness of their impulses…Judaism, which realized
the Mosaic constitution and carried it out logically, left
no free scope for the individual; but in ancient Israel
the divine right did not attach to the institution but
was in the Creator Spirit, in individuals. Not only did
they speak like the prophets, they also acted like the
judges and kings, from their own free impulse, not in
accordance with an outward norm, and yet, or just
because of this, in the Spirit of Jehovah 8.
Un autre élément doit être mentionné ici. En évaluant les
institutions cultuelles d’Israël, Wellhausen nous fait part
de son échelle de jugement : ce qui importe, c’est de
remonter à la source pure, celle qui nous donne la religion
originale et non ternie. Il y a là un idéalisme qui est
typique de l’époque romantique. En réaction au
mouvement rationaliste, ce mode de pensée chez les
artistes et les érudits de l’époque valorisait justement les
mêmes valeurs : la simplicité, la naïveté, la spontanéité et
l’originalité. On retrouve aussi le souhait de remonter aux
sources pures. Par exemple, le poète Goethe, figure
centrale du romantisme allemand, y allait vers la fin de sa
vie d’une déclaration étrangement semblable à la pensée
de Wellhausen : « Nous avons été délivrés des chaînes de
l’étroitesse spirituelle; notre éducation a marché, et nous
sommes devenus capables de remonter à la source et de
concevoir le christianisme dans sa pureté. 9»
Il semble que Wellhausen se soit donné comme mission
de démontrer la priorité et la pureté de la religion
Israélite, telle qu’elle était à l’origine. Et cette origine ne
se trouve pas dans la loi, répétitive et abstraite, mais
dans la relation spontanée et directe que les hommes
avaient avec Dieu à l’époque des patriarches, rois et
prophètes.
9
Ses postulats peuvent être résumés ainsi :
La spontanéité est vie tandis que le rituel est mort.
Ce qui est original est pur tandis que ce qui suit est
corrompu.
La religion pure consiste en une relation directe
entre Dieu et l’homme.
4. Sa personnalité ?
Un autre élément doit être finalement pris en compte :
la personnalité de l’auteur. Rudolph Smend, qui est
probablement le mieux placé pour nous parler des
aspects plus personnels de Wellhausen le décrivait ainsi :
His nature disposed him more strongly than any
single other to see this picture and develop it. Free
and natural as he was…he had a strong feeling for
similar traits in the Israelites as portrayed in the
early tradition…its immediacy, its freshness, its
straightforwardness, its poetry claimed him as in
some way kindred, in complete opposition to the
prose of the later abstracting, de-individualizing,
institutionalizing, dogmatizing revisions. He
acknowledged this preference often and willingly 10.
C’est possiblement cet aspect de sa personnalité, son
indépendance et sa spontanéité, qui le menèrent à une
telle idéalisation de la vie primitive du peuple d’Israël et
à un dédain des institutions et structures religieuses. Les
préférences évidentes que nous avons soulignées au
point précédent le menèrent certainement à placer une
emphase démesurée sur ces éléments dans sa
reconstruction de l’histoire d’Israël tout en l’empêchant
de voir les aspects positifs de la loi.
En cela nous rejoignons le thème du romantisme
allemand tel que décrit à la section précédente. La
personnalité d’un individu se développe dans un
contexte social et culturel particulier. En ce sens, il serait
mal avisé de tenter d’expliquer ses jugements de valeur
purement sur la base de son tempérament. Nous
sommes tous des produits de notre époque, et la pensée
et la personnalité de Wellhausen furent certainement
formées par l’esprit de son temps 11.
En conclusion, la source précise de cette influence est
difficile à établir puisque comme nous l’avons vu, sa
personnalité s’accordait naturellement avec la
philosophie ambiante. De plus, ce mode de pensée
trouvait des points d’ancrage dans la doctrine de la
liberté individuelle de la théologie luthérienne, qui
exerçait encore une influence considérable dans
l’Allemagne de la fin du 19ième siècle. À l’opposé,
l’accusation d’antisémitisme est beaucoup plus difficile à
prouver puisque le jugement de Wellhausen portait sur
le judaïsme et non les Juifs eux-mêmes. Bien sûr,
plusieurs dans l’histoire de l’église ont franchi ce pas, et
les spécialistes juifs adoptent rapidement une position
défensive lorsqu’attaqués par le christianisme de cette
manière. Mais comme nous l’avons vu, son jugement
n’était pas réservé seulement au judaïsme mais aussi à
l’église catholique et l’église institutionnalisée en
général.
Nous pouvons légitimement nous demander quelles
sont les influences qu’exercent l’esprit de notre temps
sur nos propres jugements de valeur, particulièrement
lorsqu’il est question des sections de l’Ancien Testament
qui nous intéressent moins. Encore aujourd’hui, la loi –
et particulièrement le rituel - est un concept qui ne
gagnera pas de concours de popularité dans le monde
évangélique. En cela, nos mentalités rejoignent parfois
celle de Wellhausen. Pourtant, Dieu a choisi de se
révéler de cette manière, ce qui nous confère la
responsabilité de chercher à comprendre le message
qu’il veut nous communiquer dans ces textes « lourds »
et « ennuyeux » !
Jean Maurais
(La bibliographie de cet
article se trouve à
la page suivante)
10
1. Jon Levenson, The Hebrew Bible, the Old Testament, and Historical Criticism : Jews and Christians in Biblical
Studies, Louisville, Westminster John Knox Press, 1993, p. 11, note 15 citant Freidrich Schleiermacher, Über die
Religion: Reden an die Gebildeten unter ihren Verächtern, p. 176.
2. Ibid., p. 42. Stöcker était un antisémite notoire, ce qui se reflète dans ses nombreuses publications. Voir STÖCKER,
ADOLF, http://www.jewishencyclopedia.com/articles/14056-stocker-adolf, consulté le 9 juillet 2012.
3. Jon Levenson, op. cit., 42.
4. Voir particulièrement Douglas A. Knight, « Wellhausen and his Interpretation of Israel’s Litterature », Semeia,
vol. 25, pp. 21-36. Le volume entier est dédié à l’analyse de Wellhausen et son Prolegomena zur Geschiscthe Israels
5. Jon Levenson, op. cit., 12 citant Wellhausen dans son Israelitische und jüdische Geschichte, 2ième ed., Berlin,
Georg Reimer, 1895, p. 356.
6. Julius Wellhausen, op. cit., 81.
7. Julius Wellhausen, op. cit., 100.
8. Julius Wellhausen, op. cit., 412. Il ajoute à un autre endroit : « The idea of God is here even strikingly remote from
the anthropomorphic, and the whole cultus is nothing more than an exercise in piety which has simply been
enjoined so once for all without any one being in any way the better for it. » Ibid., p. 79.
9. Citation de provenance inconnue, citée par Émile G Léonard et Jean Boisset, Histoire générale du protestantisme T.
III, Déclin et renouveau (XVIIIe -XXe siècle)., Paris, Presses Universitaires de France, 1964, p. 167. Leonard relate
que dans ses Conversations avec Eckermann, Goethe déplorait aussi les « niaiseries dans les maximes de l’église »,
le catholicisme étant pour lui la pire des formes de l’église.
10. Rudolf Smend, op. cit., p. 13-14. Douglas Knight ajoute: « In his own personal character Wellhausen exhibited
simplicity, independence, and warmth, and he quite predictably was drawn to the early Israelites and repelled by
the postexilic developments… For the ancient period he scarcely went further than to criticize it for its “naïveté” in
certain religious practices and viewpoints. » Voir Douglas A. Knight, op. cit., p. 55.
11. Le lecteur intéressé à une étude similaire au sujet d’un autre bibliste influent de cette époque est invité à consulter
Bill T. Arnold et David B. Weisberg, « A Centenial Review of Freidrich Delitzsch’s 'Babel und Bibel’ lectures », JBL,
Vol. 121, No 3, 2002, p. 441-457. L’article est aussi disponible en ligne : http://www.michaelsheiser.com/
PaleoBabble/Centennial Review of Delitzsch Babel und Bibel lectures.pdf
Bibliographie de ‘Julius Wellhausen et le mépris de la loi biblique’
DATE À RETENIR: 25 MAI 2013
Collation solennelle des grades
La FTÉ est fière de vous inviter à sa collation solennelle des grades
Date: le samedi 25 mai 2013 à 14h Adresse: l'Église De Dieu De La Prophétie Montréal-Nord 5626 Boulevard Léger Montréal-Nord, QC, H1G 1K3
11
Fai s on s la c onnai ssance de
Bonjour à tous. Je m’appelle Sébastien Morrissette et je suis à la fin d’un programme de
MDiv. J’ai grandi dans la région de Trois-Rivières où j’ai fréquenté l’école secondaire
protestante de cette région. Je me suis enrôlé dans l’armée canadienne en 1998 et j’ai fait
mes études universitaires au Collège militaire Royal de St-Jean (Qc) et de Kingston (On) où j’ai
complété un baccalauréat en Génie informatique et une spécialisation en robotique, dont j’ai
appliqué la thèse à l’Agence Spatiale Canadienne dès l’année suivante avant de rejoindre, par
la suite, la base de Valcartier (Qc). Lors de cette carrière militaire qui m’a amené aux quatre
coins du monde, j'ai finalement « atterri » à Montréal en 2008 et j’ai commencé à remettre
en question la direction de ma carrière. J’ai pris plusieurs cours à temps partiel à la faculté en
2009 et 2010 et finalement, après plusieurs années de réflexion et de prière, j’ai pris la
décision de faire un changement complet de carrière en me dirigeant vers l’aumônerie
militaire. J’ai donc débuté mes études à temps plein à la Faculté en 2011. Le choix de
l’institution a quand même été facile à faire, car l’armée ne reconnait comme légitime que les
institutions qui donnent un diplôme académique. Alors, le choix de l’institution pour
compléter la MDiv a été facile; il n’y avait qu’une seule candidate évangélique à Montréal qui
offrait un diplôme reconnu!
Depuis le début de mes études à la FTE, j’ai beaucoup élargi ma réflexion théologique, tout en
devenant de plus en plus ferme dans ma foi et mes convictions; ces dernières s’affirmant de
plus en plus dans la tradition réformée baptiste, qui est, selon moi, la manière d’interpréter le
plus fidèlement l’Écriture. (continue page suivante)
12
Pour l’avenir, j’ai encore une dizaine d’année à mon
contrat militaire; je vais donc reprendre la route après
mes études pour me retrouver quelque part afin
d’exercer un ministère pastoral militaire. J’ai encore en
moi cette volonté de poursuivre des études acadé-
miques à temps partiel afin de parfaire mes capacités
exégétiques pour me rendre un jour, Dieu voulant, au
doctorat. Les décisions en ce sens ne sont pas toujours
faciles, surtout quand l’intellect désire plus de
formation, mais que le cœur désire servir les gens en
besoin de la communauté. Durant les dernières années,
j’ai pris conscience de cette tension qui nous habite
tous et je place mon espérance en Dieu pour me guider
dans le maintien de cet équilibre.
Soli Deo Gloria
Sébastien & Rachel (Etienne, Myriam)
Microp rogramme s
La Faculté a repris son Microprogramme à partir de la session d'automne 2012. Ce projet se fait
en partenariat avec les églises et donne lieu à un Certificat universitaire ou à une Attestation de
Formation de leaders chrétiens laïcs. À la session d'automne, le cours offert était « Prêcher les
paraboles aujourd'hui » et il a été enseigné à la Faculté. Durant cette session d'hiver 2013, la FTÉ
dispense le cours « La spiritualité et la vie chrétienne », enseigné par Dr Djaballah, Dr Veldman et
le Dr Timmer, et il s'échelonne sur une période de sept samedis à l'Église de la Prophétie de
Montréal Nord.
Notre professeur Daniel Timmer enseigne présentement dans le Campus Ottawa le cours de
« Rois et prophètes de l'Ancien Testament ». Le cours est donné dans un format horaire
s'adaptant aux disponibilités : les vendredis soirs et toute la journée du samedi, pendant quatre
fins de semaine. La Faculté offre aussi durant cette session d'hiver 2013 un cours en anglais dans
une église locale de Montréal. En effet, notre professeur Meine Veldman enseigne présentement
à l'église « Peoples Church » le cours de « Systematic Theology » les jeudis soirs.
Nous sommes très heureux de voir des églises encourager leurs membres et ouvriers à se former
dans la Parole. La Faculté est en outre au service des églises et a pour mission de former la
communauté chrétienne du Québec.
Daniel Giorgio
13
Cabane
Une sortie à la cabane à sucre a été organisée pour les étudiants et professeurs de la FTÉ, ainsi
que pour leurs familles, le samedi 2 mars. Le rendez était à la Cabane à sucre Bouvrette située à
Saint-Jérôme. L'activité a été organisée par l'association des Étudiants de la FTÉ et la FTÉ et visait
à permettre à tous de passer un bon moment ensemble à l'extérieur des murs de la Faculté.
Tous ont mangé à leur faim et à volonté. Au menu : soupe aux pois, saucisses dans le sirop d'éra-
ble, salade de chou maison, pommes de terre, cretons, jambon fumé à l'érable, fèves au lard,
omelette au four, pain canadien, marinades, grillades de lard, œufs dans le sirop d'érable,
crêpes, tarte au sucre, thé-café-lait, et bien entendu, la tire sur la neige.
Alaina Di Staulo a aimablement mis à disposition des étudiants et professeurs qui ne pouvaient
se rendre sur les lieux en voiture un autobus scolaire. Le bus partait à 11h depuis le métro Mont-
morency. Nous voulons remercier Alaina pour ce service offert et d'avoir conduit en toute sécu-
rité et confort cet autobus transportant une vingtaine de personnes. Durant le trajet du retour,
nous avons eu droit à un concert d'une chorale, composée de Victorine, son époux et ses cinq
enfants, qui nous a diverti avec des chants chrétiens africains...vraiment très agréable !
L'activité a été très amusante et 37 personnes, incluant les enfants, y ont participé. Merci à tous
ceux qui ont fait de cette journée un succès et encouragé la vie communautaire de la FTÉ.
Daniel Giorgio
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Maîtrise en Divinité (M.Div.)
Maîtrise en Théologie (M.Th.)
Maîtrise ès Arts (M.A.) en Théologie
Maîtrise ès Arts (M.A.) en Traduction de la Bible
Baccalauréat en Théologie (B.Th.)
Certificat en relation d’aide
Certificat d’études bibliques
Microprogramme en partenariat avec les églises
NOUVEAU : Vous pouvez maintenant faire des dons en ligne pour la faculté sous la rubrique « Donations » sur le site www.fteacadia.ca
Faculté de Théologie Évangélique Adresse: 2285, avenue Papineau, Montréal, Québec H2K 4J5 Téléphone : (514) 526-2003 // Télécopieur : (514) 526-6887
http://www.fteacadia.ca/
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