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  • 8/8/2019 Fugitifs

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    TELQUEL 13 AU 19 MARS 2010TELQUEL 13 AU 19 MARS 2010

    Banquiers, militaires, islamistes, ils sont recherchspar les services de scurit et demands par la justice.Pourquoi fuient-ils ? O se cachent-ils ?Comment vivent-ils ? TelQuelfait le point.

    Leurs histoires ne se ressem-

    blent pas. Leurs parcours etleurs profils non plus. Mais ils

    partagent un point commun :

    ils sont considrs comme des

    ennemis de lEtat. Sur la liste

    des dix, nous avons pris le par-

    ti de retenir le nom de Hicham

    Mandari. Bien quil soit mort, son cas est

    emblmatique et laffaire, toujours irr-

    solue, reste dactualit. Karim Mejjati a

    lui aussi pass larme gauche. De son vi-

    vant, le terroriste avait donn du fil re-

    tordre toutes les polices du monde. Les

    huit autres sont actuellement en fuite, ac-tivement recherchs par les services ma-

    rocains ou rclams par la justice.

    Planqus, ils ne peuvent rentrer au pays

    sans risquer de gros ennuis. Peut-tre,oui, peut-tre que lun deux finira un

    jour par connatre le sort de Mandari

    Certains sont de hauts commis de lEtat,

    puissants managers ou richissimes hommes

    daffaires. Dautres, moins connus, sont mi-

    litaires, islamistes ou prsums terroristes.

    Quasiment tous ont des dmls avec la

    justice. Une justice quils redoutent et quils

    fuient pour la simple raison quils ne

    croient pas en son indpendance. Cest ce

    quils ne cessent de rpter quand ils

    osent briser la loi du silence. Le reste du

    temps, ils se taisent et restent terrs dansleur exil o ils vivent parfois dans la mis-

    re, souvent dans le grand luxe. I

    UN DOSSIER DE

    LA REDACTION

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    LeMag

    LES DERNIERS

    FUGITIFS

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    LeMag

    khalid oudghiriLe banquier traqu

    TELQUEL 13 AU 19 MARS 2010 39TELQUEL 13 AU 19 MARS 201038

    LES DERNIERS FUGITIFS

    Laffaire Khalid Oudghiri re-monte mai 2007. Dbar-qu en force de laprsidence dAttijariwafa

    bank, la filiale bancaire de lONA

    quil a lui-mme propulse enpremire position avec un talentque lui reconnaissent unanime-ment ses pairs, lhomme sexileen Arabie Saoudite o il prendles rnes de Bank Al Jazira. Partise faire oublier, le banquier nau-ra pas le temps de souffler.Quelques mois aprs sa prise defonction au royaume hachmite,il se retrouve au centre dunscandale juridico-financier dehaut vol. Une plainte est dpo-se contre lui au Maroc, avecpour chefs daccusation escro-querie, vol, usage de faux et tra-fic dinfluence. La totale ! Le

    plaignant, AbdelkrimBoufettas, frre dun ex-ministre sous Hassan II,laccuse de lui avoir forcla main, du temps o il

    tait le patron dAttijari-wafa bank, pour vendreun terrain Marrakech.Boufettas dclare mmeavoir vers au banquierun pot-de-vin de 37 mil-lions de dirhams, contreune remise de 20% surses arrirs de crdits, quise montaient plus de170 millions de dirhams.Laffaire est confie au c-lbre Jamal Serhane, connu pouravoir instruit les plus grandsscandales politico-financiers dupays. Le juge a rendu sa copie le23 novembre 2009, aprs plus

    dune anne dinstruction. Maisbien avant de transmettre sonrapport de quelque 500 pages, lejuge avait lanc un mandat dar-rt international en bonne et

    due forme contre Khalid Oudghi-ri. Contraint de quitter son poste la banque saoudienne, lhom-me bascule littralement dans laclandestinit. Il ne sest pas pr-sent au procs qui a dmarrdbut 2010. Il est aujourdhui of-ficiellement poursuivi par contu-mace pour complicit decorruption et risque de 2 5 ansde rclusion criminelle. Vivantaujourdhui entre la France et leCanada, Oudghiri se fait discret,ne laissant rien filtrer de ses pro-jets. Il se tait, rsument sesproches. Mais pour combiende temps encore ? I

    EN FUITE DEPUIS 2008LOCALIS PARIS, MONTRALRECHERCH POUR COMPLICIT DE CORRUPTION

    hicham basriLe fils chri du vizir

    Lenfant choy de lancienministre de lIntrieur apris soin de quitter le Ma-roc juste avant que laffaire

    Bouznika Bay, un projet touris-tique dont il tait actionnaire,ne devienne un sujet rcurrentde la presse marocaine. Maiscest son autre socit (Consoli-daire, prestataire rgulier de lacommune urbaine de Casablan-

    ca) qui lui vaut des dmlsavec la justice marocaine. Il amme fait lobjet, au dbut de lafameuse affaire Slimani - Lafo-ra, dun mandat darrt interna-tional. Ce qui la oblig abandonner son luxueux appar-tement parisien pour sinstalleren Suisse, afin de ne pas courirle risque dtre extrad. Il fautdire que la cabale contre son p-

    re Driss Basri battait sonplein en ce printemps2004. Le pre stait lui-mme exil en France,quelques semainesavant que ses ancienslieutenants ne soient in-carcrs. Il y est restpendant plusieurs mois,se retrouvant un mo-ment donn, ironie du

    sort, en situation irrgu-lire. Au plus fort de sadtresse, Si Driss na ja-mais oubli son filsan: Cest moi quilsen veulent, pourquoisen prennent-ils mon fils ?, r-ptait-il tous ses interlocu-teurs. Hicham, on lauracompris, tait la corde sensiblede Driss. Quand Basri pre dc-

    de des suites dun cancer en sep-tembre 2007, le royaume lui r-serve toutefois des obsquesofficielles. Le fils Hicham obtientalors une drogation pour ren-

    trer au pays. Un sjourclair qui na pas dpas-s les 72 heures. Cest ladernire fois quil a remisles pieds sur le sol maro-cain. Depuis, il vit en exil.

    Volontairement, et peut-mme dfinitivement.Install entre la France etla Suisse, le jeune qua-dra, toujours clibataire,travaille pour son propre

    compte. Son affaire sest plutttasse mais Hicham, dixit sesproches, na pas forcmentconfiance et prfre ne pasprendre de risques. I

    EN FUITE DEPUIS 2003LOCALIS GENVE, PARISRECHERCH POUR DTOURNEMENT ET CORRUPTION

    Mohamed Maghrawi

    Ce cheikh salafiste de Mar-rakech prchait la bonneparole depuis plus de tren-te ans. Il dirigeait lAsso-

    ciation pour lappel au Coran et

    la Sunna, une organisation quicompte des milliers de fidlesdans le royaume. Tout allait biendans le meilleur des mondesquand, en septembre 2008, le pr-dicateur lance une vritable bom-be en dclarant licite le mariagedune fillette de neuf ans. La fat-wa de trop. Car laffaire provoque,logiquement, un tohu-bohu m-diatique. Quelques jours plustard, un avocat rbati porte plaintecontre Maghrawi pour atteinteau Code de la famille et aux droitsde lenfant et incitation au viol.Mais le cheikh est dj bien loin.Sentant le vent tourner en sa d-

    faveur, il a pris les devants, se ren-dant en Arabie Saoudite, o il ases habitudes : cest l-bas quil adcroch sa tazkia, sorte de certi-ficat daptitude lenseignement

    islamique. Entre-temps, la justicemarocaine se saisit de laffaire enouvrant une enqute approfondieau sujet de la qualit du dnom-m Mohamed Ben AbderrahmanMaghrawi lhabilitant prononcersa fatwa. Le site Internet oMaghrawi met fatwa sur fatwaest alors ferm, de mme que lesige de son Association. Seulmessage laiss ladresse des fi-dles du cheikh : LAssociationferme ses portes momentan-ment. Rouverture prochaine.Puis le temps passe. Dix-huit moisplus tard, lAssociation na tou-jours pas rouvert ses portes et

    Maghrawi na jamais remis lespieds au Maroc. Il a pens untemps revenir au pays, pour rcu-prer femmes et enfants et repar-tir en Arabie Saoudite. Mais il avite abandonn cette ide, crai-

    gnant de ne plus pouvoir quitter leterritoire, nous confie un de ses

    proches. Dans le royaume wahha-bite, Maghrawi a rapidement(re)trouv ses marques : il en-seigne le Coran et le hadith LaMecque, avec la bndiction desautorits saoudiennes. Elles ontmme contact des officiels maro-cains pour leur demander demettre fin la cabale contre lecheikh, ajoute notre source. Entout cas, Maghrawi continuedtre trs actif sur son site Inter-net. Il est toujours en contactavec ses sides au Maroc via sonportail Internet, qui a fait peauneuve et affiche plusieurs milliersde visites au compteur. I

    EN FUITE DEPUIS 2008LOCALIS LA MECQUEPOURSUIVI POUR ATTEINTEAU CODE DE LA FAMILLE

    hicham bouchtiLe merda qui en disait trop

    Tout a commenc en 2002quand, employ au servicedinformation des Forcesauxiliaires, le jeune Oujdi

    dnonce la corruption de ses sup-rieurs. La raction ne se fait pas at-tendre : il est condamn pourdivulgation dinformations clas-ses et falsification de documents.Aprs avoir purg une peine de 2ans de prison, il demande (et ob-

    tient) lasile politique en Espagne.Rfugi Madrid, il est contactpar les services secrets espagnolspour fournir des informations surles radicaux islamistes. En fvrier2006, il est cit dans un article deAli Lmrabet dans El Mundo, o ilbalance des informations sur lestechniques de rpression des isla-mistes mais aussiau sujet de lafamille royale. Il dclare, dans la

    foule, avoir t contact par laDST marocaine qui veut le fairevenir Paris. Ils voulaient desinformations charge contre AliLmrabet, affirme Bouchti. Il porteplainte auprs de la police espa-gnole. Mais, en juin, il accepte unrendez-vous Melilia car les ser-vices marocains menaaient desen prendre ma famille. Il auraitt aussitt embarqu pour se re-

    trouver au sige de la DST Tema-ra. Peu aprs, jure-t-il, on lauraitemmen la prfecture de Oujdapour rencontrer le roi en visitedans la rgion. Il ma reprochdavoir voqu la famille royale.Bouchti ment, se contredit, se r-tracte, retourne plusieurs fois saveste. Plus personne ne le prendau srieux. Ce qui ne lempchepas de se retrouver, en juillet 2006,

    dans lun des meilleurs salons duprestigieux Hilton Rabat. Il faitface un parterre de journalistesmarocains, auxquels il explique :

    Ali Lmrabet ma longtempsmanipul, jai trahi mon paysmais aujourdhui je suisgraci. Dans les faits, HichamBouchti ne sera libr q uen2008. Il restera en rsidencesurveille. Jusqu ce quil d-cide de rejoindre nouveaulEspagne. En mai 2009, il sedguise en femme pour se fau-filer Melilia. Dabord rfugi

    dans le Centre de sjour desimmigrants, il est forc de plierbagage en juin. Depuis, le fugi-tif sans-abri craint dtre ex-puls vers le Maroc, voireenlev nouveau par les ser-vices du royaume. Je prfre

    mourir en Espagne que revenir auMaroc, dclare-t-il qui veut bienlentendre. Demain, il est capabledaffirmer lexact contraire. I

    EN FUITE DEPUIS 2009LOCALIS MELILIATRAQU PAR TOUS LESSERVICES MAROCAINS

    Le prdicateur obsd

    E N C O U V E R T U R E

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    TELQUEL 13 AU 19 MARS 2010 TELQUEL 13 AU 19 MARS 201040 41

    LES DERNIERS FUGITIFS

    moulay zine zahidiCelui par qui le scandale arrive

    Ingnieur de formation, plu-sieurs fois ministre sous Has-san II, Moulay Zine Zahidi nepensait pas finir sa carrire de

    haut commis de lEtat en fugitifprofessionnel. Condamn parcontumace 10 ans de prison en2007, lhomme vient de voir sa pei-ne double en appel lissue duretentissant procs du Crdit im-mobilier et htelier (CIH). Les faitsremontent 1994. Moulay Zine Za-hidi, alors ministre du Commerce,est nomm prsident de la banquesemi-publique. Sa mission : net-toyer les comptes de cet tablisse-ment qui croule sous le poids deplus de 14 milliards de dirhams decrances impayes, pour la plupartnes de prts accords des entre-preneurs proches du rgime. Du-rant lt 2000, alors que Zahidi

    avait dj quitt labanque, la situation dsas-treuse du CIH se transfor-me en lun des plus grandsscandales politico-finan-ciers du royaume. Unecommission parlementaireest constitue pour enqu-ter sur la situation de labanque de 1985 2000.Quelques mois plus tard, lacommission rend sa copie :un rapport accablant deplusieurs centaines depages, qui rvle une dila-pidation grande chelle.Zahidi est pingl. Alors que plu-sieurs de ses anciens collabora-teurs sont appels comparatredevant la justice, le patron optepour lexil en Espagne, pays dont ildtient dailleurs la nationalit (via

    son pouse). Pour sa dfense, lan-cien homme du rgime accordeune interview explosive au dfuntLe Journalo il fait des rvlationsfracassantes : npotisme et clien-tlisme pesaient lourd dans la ges-

    tion quotidienne de la banque.Jene faisais quappliquer des

    consignes venues den haut, affir-me Zahidi, qui conserve despreuves matrielles de linterven-tion de personnalits de premierrang dans certains dossiers decrdit. Exil en Espagne, mais serendant rgulirement au Portu-gal, le vieil homme (75 ans) secache car, comme il l'a souventconfi aux mdias, il craint poursa vie. Aux dernires nouvelles, ilprpare un livre explosif sur soncalvaire, mais aussi sur une car-rire brise par le silence cou-pable de ses pairs. I

    EN FUITE DEPUIS 2000LOCALIS MADRIDCONDAMN POUR DILAPIDATION DE DENIERS PUBLICS

    abdelkrim moutii

    Lhomme sest fait connatreds le dbut des annes1960 pour avoir fond, avecquelques disciples, la Chabi-

    ba islamiya, premire organisa-tion politique islamiste. Il estdevenu clbre suite au meurtre,en dcembre 1975, du leader so-cialiste Omar Benjelloun. Dnon-c par les siens, Mouti est alorsdsign comme le commanditaireprincipal de cet assassinat poli-tique. Etrangement, sa condam-nation la peine capitalenintervient quen 1979, au mo-ment o il se trouve dj en exilen Arabie Saoudite. Immdiate-ment aprs le meurtre de Benjel-loun, en effet, le leader islamiste,qui a bnfici de plusieurs com-plicits, sest vapor dans la na-ture. En fait, il avait commenc

    par se rfugier quelque part danslarrire pays avant de svader endirection de Riyad, en ArabieSaoudite. Comment a-t-il pu quit-ter le pays alors quil tait officiel-lement accus dhomicidevolontaire ? Pourquoi le Marocna-t-il pas rclam son extradi-tion, malgr la solidit des rela-tions entre les royaumeswahhabite et chrifien ? Mystre.Toujours est-il que Mouti arrive,quelques annes plus tard, ral-lier la Libye pour sy installer dfi-nitivement. Il a profit destensions qui existaient entre Has-san II et Mouammar Kadhafi poursassurer une sorte de protection.Aujourdhui, il a russi se faireoublier et fait presque partie dudcor, explique un ancien de laChabiba, qui a servi sous les

    ordres de Mouti avant de re-natre aujourdhui comme mili-tant du PJD. Mfiant, Mouti aconsidrablement rduit, depuis,

    ses contacts au Maroc.Son ge avanc et samaladie faciliteraient-ilsun retour au bercail ?Il sait que les socia-

    listes ne lcheront ja-mais laffaire. A moinsdune grce royale, quila dailleurs rgulire-ment demande, il estcondamn rester ter-nellement ltranger.Il y a pourtant cru pen-dant les premires an-nes du rgne deMohammed VI, surtoutau lendemain de lacration de lIER. Mais

    au fil du temps, il sest rsign passer le restant de ses jours Tri-poli et y tre probablement en-terr, nous confie notre source.I

    EN FUITE DEPUIS 1975LOCALIS TRIPOLIRECHERCH POUR LE MEURTREDE OMAR BENJELLOUN

    ahmed ramiPutschiste et antismite

    Il est assurment lun desplus anciens exils poli-tiques marocains. Lun desplus controverss aussi. En-

    fant de Tafraout, Ahmed Ramiest un officier de larme qui acommenc (dans le civil) en en-seignant larabe Casablanca.Affect lcole dAhermoumou,il affirme dans ses mmoiresavoir pris part au coup dEtat de

    Skhirat, en juillet 1971. ProchedOufkir qui lavait initialementpris sous son aile, lancien lieute-nant des blinds va errer au Ma-roc pendant un an, entre 1972 et1973, avant de pouvoir rejoindrela Sude dans des circonstancesquil a toujours passes sous si-lence. Via lAlgrie et la Lybie ?Les versions se contredisent.Dans de nombreux crits, Ahmed

    Rami affirme avoir transitpar Paris. A Stockholm, o ilest install depuis 1973, cecondamn mort par contu-mace ne perd pas son temps.Lasile politique en poche, ilse fait animateur radio etmet en place sa propre sta-tion en 1987. Radio Islam de-vient vite la voix dunecroisade contre le rgime de

    Hassan II, mais surtoutcontre les juifs. Malgr lesprocs et les condamnationsen Sude, Ahmed Rami, au-toproclam dfenseur de lis-lam et de la justice dans lemonde, ne lche pas prise. Lav-nement dInternet lui permetdlargir son audience et de tirersur tout ce qui bouge. Affabula-teur et populiste, notre homme

    continue de revendiquer lti-quette dopposant politique. Ilaffirme mme avoir chapp une tentative de kidnapping parles services marocains, ds 1975.Il dit aussi avoir eu des contacts

    avec le gnral Dlimi, enSude en dcembre 1982,soit un mois avant lacci-dent de Marrakech quicotera la vie cet ancienhomme fort du rgime de

    Hassan II. Entre men-songes honts et vritsinvrifiables, ou par-tielles, Rami, mari unecitoyenne russe depuis

    une dizaine dannes, continuede se livrer son sport favori :enchaner les crits vindicatifssur le Maroc officiel et, affirme-t-il, les complots sionistes en Su-de et dans le monde. I

    EN FUITE DEPUIS 1973LOCALIS STOCKHOLMCONDAMN POUR PARTICIPATION AU PUTSCH DE SKHIRAT

    Le vtran de la Chabiba Islamiya

    LeMagE N C O U V E R T U R E

    mohamed guerbouziUn homme de bien Londres

    Faites attention, plu-sieurs lments desservices secrets sur-veillent lhomme et

    sapprocher de lui pourrait vousattirer des ennuis !. Cest leconseil que lon fournit habituel-lement tout journaliste dsi-rant entrer en contact avec leplus clbre des prdicateursmarocains. Lhomme, jadis pi

    pour ses prches incendiaires,est aujourdhui troitement sur-veill par la police britannique.La raison ? Ce natif de Laracheest condamn au Maroc, parcontumace, 20 ans de prison etRabat ne cesse de demander sonextradition. Citoyen britanniquedepuis 1994, Mohamed Guer-bouzi est prsent comme le pa-tron du Groupe islamique des

    combattants marocains (GICM),premier responsable des atten-tats du 16 mai 2003 Casablan-ca. Son nom est associ plusieurs cellules terroristes in-ternationales. Rabat va jusqulaccuser davoir t en contactdirect avec Oussama Ben Ladenet son bras droit Ayman Al Zawa-hiri. Et davoir sillonn le mon-de, surtout lEurope, pour

    embrigader de futurs terro-ristes. En plus du Maroc, les ser-vices espagnols et franaissintressent toujours son caset ses (prsumes) connec-tions avec des cellules isla-mistes en Europe. MohamedGuerbouzi, lui, a toujours nitoute relation avec Al Qada. Enjuillet 2005, aprs les attentatsde Londres, son nom est le pre-

    mier tre voqu et la pressebritannique le remet au devantde la scne. Nayant pas lalangue dans la poche, connupour son temprament de bagar-reur, il arrache des excuses offi-cielles la BBC, au Mirroretgagne un procs contre The Sun.

    Son entourage parledun homme de bienqui continue hanter lesmosques londonienneset frquenter les mi-lieux des immigrs dori-

    gine maghrbine. Issului-mme dune fratrienombreuse, Mohamed

    Guerbouzi, 44 ans, a six en-fants. Il vit de petits commerceset boucle les fins de mois grceau rgime de solidarit britan-nique et des allocations verses son pouse. Surveill, maislibre, son destin peut basculer tout moment. I

    EN FUITE DEPUIS 2003LOCALIS LONDRESSOUPONN DE TERRORISME

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    LES DERNIERS FUGITIFS

    karim mejjatiLe terroriste bourgeois

    Au dpart, Karim Mejjatiest un pur produit de lajeunesse dore casablan-caise. N en 1969, il est le

    fils dun grand commerant maro-cain et dune mre franaise. Lepetit Mejjati grandit dans lesbeaux quartiers de la mtropole etfait ses tudes au lyce Lyautey.Plus tard, il tombe fou amoureuxde son professeur devenue son

    pouse, Fatiha Mejjati. Noussommes alors au milieu des an-nes 1990. Le couple se radicalisepeu peu et finit par adopter lesthses jihadistes, en vogue lpoque. Karim, qui se fait dsor-mais appeler Abdelkrim, multiplieles voyages initiatiques au Cache-mire, en Iran, au Pakistan etailleurs. Il apprend entre autres lemaniement des armes et des ex-

    plosifs. Mais son nom necommence vritablement circuler quau lendemaindes attentats du 16 mai Casablanca. Il en serait m-me lun des principaux ins-tigateurs. Karim Mejjati,dont le profil ne ressemble aucun autre terroriste,devient clbre du jour aulendemain. Le grand public

    demande de ses nouvelleset les services de police letraquent. Difficile quand onsait que le beau gosse changefrquemment de tte et se dpla-ce assez facilement en Europe etailleurs. En novembre 2003, Mejja-ti refait surface en Arabie saouditeo il commet un attentat la voi-ture pige. Deux ans plus tard, ilfrappe au cur de Madrid en par-

    ticipant la planification des at-tentats dAtocha de mars 2004. Ace stade, il est dj catalogu com-me lun des terroristes les plusdangereux de la plante, recher-ch par au moins quatre pays. Me-jjati est localis quelques moisplus tard en Arabie Saoudite. Il est

    pris au pige dans la loca-lit dAl Qassim (320 kmde Ryad) et refuse de se li-vrer aux autorits saou-diennes. La suite : troisjours daffrontements etdchanges de tirs, avantque Abdelkrim Mejjati, encompagnie de son fils a-n, ne soit finalementabattu. Par la suite, son

    pouse Fatiha rentrera auMaroc en compagnie deleur fils Ilias. La veuve Me-

    jjati, qui na jamais cach sa fasci-nation pour le jihad, a affirmavoir t squestre et torturepar les services marocains. Elle amme intent un procs au gou-vernement, mais la Cour dappelde Rabat la dboute pourmanque de preuves. I

    SORTI DE LANONYMAT EN 2003TU EN ARABIE SAOUDITE EN 2005ACCUS DACTES TERRORISTESEN ESPAGNE ET AU MAROC

    hicham mandariLe faux fils de Hassan II

    Dans la nuit du 4 au 5 aot2004, dans le sombre par-king dune station bal-naire du sud de

    lEspagne, le corps de HichamMandari gt, inanim, dans unemare de sang. Mort dune balledans la nuque, tire bout por-tant. Cette excution digne desfilms de mafia est limage de lavie de lancien ennemi public nu-mro 1 du royaume. Le nom de Hi-cham Mandari est associ denombreuses affaires, aussi rocam-bolesques les unes que les autres.Il y a dabord lhistoire des vrais -faux dinars bahrenis (350 millionsdeuros) qui lui a valu un sjourcarcral en Floride, aux Etats-Unis,avant dtre extrad en France.Mais il y a, surtout, les documentset les chques drobs dans les

    appartements privs deHassan II. Documents dontil sest toujours servi com-me instrument de chantage limage de cette lettre ou-verte menaante ladressede Hassan II, publie enjuin 1999 sous forme den-cart publicitaire dans les co-lonnes du Washington Post.Usurpateur didentit, il asouvent prtendu tre le filsde Hassan II et de sa courti-sane prfre Farida Cher-kaoui. Mandari sestgalement prsent sous lidentitdu prince Moulay Hicham, commelors dun barrage policier o il at interpell. Matre chanteurprofessionnel, Mandari a t parailleurs impliqu dans une affairedextorsion de fonds impliquant le

    banquier Othman Bejelloun. Mal-frat de haut vol, il sest fait unelongue liste dennemis qui onttous, un jour ou lautre, souhaitsa disparition Lexcution du jeu-ne homme, en 2004, na surprispersonne. La police espagnole a

    mme fini, prs de deuxannes plus tard, paridentifier son assassin pr-sum : un certain HamidBouhadi, alias At ManaHacham, dtenu depuisjanvier 2005 dans une pri-son franaise pour unetentative d'homicide. Uncoupable idal pour un cri-me quasi parfait. LaffaireMandari est alors officiel-lement close, sans avoir li-vr tous ses secrets. Quitait lorigine de son

    contrat dassassinat ? Quel a t leniveau dimplication des servicesmarocains ? Quels documents d-tenait-il vraiment au point de don-ner des sueurs froides au rgimependant de longues annes ? Onne le saura peut-tre jamais. I

    SORTI DE LANONYMAT EN 1999ASSASSIN MARBELLA EN 2004ACCUS DAVOIR VOL DES DOCU-MENTS SECRETS AU PALAIS ROYAL

    LeMagE N C O U V E R T U R E